30 Sep

Ile de France: de premières vendanges prometteuses depuis l’obtention de l’IGP

Encouragés par le dérèglement climatique, des vignerons ressuscitent la filière viticole en Ile-de-France, grâce notamment au label « Indication géographique protégée » (IGP), obtenu en mai, qui leur permet de vendre une production locale encore embryonnaire sur un marché très concurrentiel.

Image d’illustration © JPS

Un samedi de septembre, Jean-Michel Bourgoin vendange avec famille et amis le fruit de « trois ans de labeur », de la plantation des vignes sur ce terrain de Blunay (Seine-et-Marne) jusqu’à la récolte des premières grappes. Cet hectare et demi de ceps avoisine les coteaux que possédait sa grand-mère, dont les dernières vignes ont disparu en 1992. Le paysagiste de 52 ans évoque avec nostalgie « la petite vigne familiale », les paysages de son enfance et ces « vins que s’échangeaient les anciens ».
Un peu plus loin, Patrice Bersac, président du syndicat des vignerons d’Ile-de-France, goûte consciencieusement le jus violacé d’un Merlot à venir et s’enthousiasme de ces « siècles d’Histoire qui sont en train de renaître ». Car l’Ile-de-France viticole historique, « territoire plus grand que l’Ile-de-France administrative », a longtemps été le plus vaste vignoble de France, narre le responsable.
Né à l’époque romaine, il a commencé à décliner au XIXe siècle; l’oïdium, le mildiou, le phylloxéra, la guerre de 70, l’urbanisation des terres et la concurrence des vins du Sud ont eu raison des quelque 40.000 hectares de vignes franciliennes. Les viticulteurs ont donc vendu leurs parcelles et le paysage rural en a été transformé.
 
PRECIEUSE IGP
Depuis vingt ans, quelques passionnés, dont Patrice Bersac, tentent de restaurer ce vignoble, parcelle par parcelle. Objectif « modeste » du syndicat qui fédère actuellement une soixantaine de vignerons: reconquérir 1.000 hectares à l’horizon 2030.
Ainsi, en mai 2020, les vins d’Ile-de-France obtiennent l’indication géographique protégée (IGP) – anciennement « vins de pays » auprès de l’institut national des appellations d’origine (INAO). Cette reconnaissance garantit « la qualité », « l’origine », « les pratiques » mais aussi « une présence et une notoriété fortes » à l’échelle européenne, se réjouit Louis-Victor Charvet, expert du guide des vins Bettane+Desseauve.
Elle permet également aux vignerons de vendre leur production à un meilleur prix, note Antoine De Clermont-Tonnerre. Une stratégie judicieuse alors que les coûts de production augmentent, constate ce conseiller viticole. Sur un marché fortement concurrentiel, « la France doit faire le choix de la production qualitative », argue-t-il. Les vignerons espèrent que l’attrait des consommateurs franciliens pour une IGP locale leur permettra de juguler le recul global de la consommation de vin, divisée par deux en 50 ans à l’échelle nationale, explique M. Charvet qui souligne le « très bon rapport qualité-prix de l’IGP ».
Encore discret, le vignoble francilien « a vocation à doubler ou tripler rapidement », estime l’expert. Encadré par des labels, il peut même « redevenir un vignoble de premier plan ». Car si les terres franciliennes ne produisent pas des vins « d’une grande complexité », elles donnent naissance à des « vins de qualité et supérieurs », rassure Louis-Victor Charvet. 
Un ensoleillement plus important et des températures plus élevées: le réchauffement climatique profite aux vignerons franciliens qui parviennent à une meilleure maturité du raisin et des vins plus sucrés, explique l’expert. Les aléas (gel, précipitations, etc.) qui en découlent sont rapidement évacués par Antoine De Clermont-Tonnerre: « C’est le métier du vigneron de s’adapter ». Grâce à ce climat « exceptionnel », Jean-Michel Bourgoin n’a fait subir aucun traitement chimique à ses six cépages, mais « ce ne sera pas toujours le cas », prévient Patrice Bersac.
Au pressoir, entourés de cuves sur lesquelles sont inscrits « Gamay », « Pinot noir », « Chardo », Patrice, Antoine et Jean-Michel dégustent le jus un peu laiteux des grappes fraîchement pressées. Après « 750 heures par an passées dans la vigne », les trois hommes ressentent « de la joie, de la fierté », avant la première bouteille de vin nouveau en octobre.
AFP

29 Sep

Californie: les célèbres vignobles de la Napa Valley en proie aux flammes

Attisés par des vents violents, des incendies dévastaient mardi les célèbres vignobles de la Napa Valley dans le nord-ouest de la Californie, où des dizaines de milliers de personnes ont dû évacuer leurs logements, tandis que trois personnes sont mortes plus au nord.
Ciel incandescent, arbres et vignes calcinés, maisons ravagées par les flammes: le brasier nommé « Glass Fire » a brûlé près de 14.000 hectares dans le comté de Napa, l’une des zones de production de vin les plus prestigieuses des Etats-Unis.
Certains domaines viticoles sont partis en fumée, comme le Chateau Boswell dans la ville de St. Helena. Le domaine de Newton Vineyard, qui appartient au groupe LVMH, a lui aussi été touché. « Alors que le Glass Fire continue de se propager, c’est avec tristesse que nous vous informons que le domaine et les vignes de Newton Estate ont été touchées de manière significative », a annoncé le domaine sur son compte Instagram, soulignant que tous les employés avaient pu être mis à l’abri à temps.
Plus au nord, dans une zone boisée et escarpée du comté de Shasta, le « Zogg Fire », qui s’est lui aussi déclaré dimanche, a fait trois morts.
Plus de 35.000 personnes ont reçu l’ordre d’évacuer en raison de ces feux, et des milliers d’autres devaient se tenir prêtes.
Dans la nuit de dimanche à lundi, 4.500 habitants d’une zone résidentielle pour personnes âgées du comté viticole de Sonoma, voisin de celui de Napa et menacé par un autre feu baptisé « Shady Fire », avaient ainsi dû embarquer dans des cars municipaux afin d’être transportés en lieu sûr.

Résidente de St. Helena, Susan Fielder a eu les larmes aux yeux lorsqu’elle a roulé pour rejoindre un refuge de Napa, laissant derrière elle sa maison en emportant seulement un petit sac et une photo de ses grands-parents. « Ce matin, je me disais: « qu’est-ce que tu vas faire si tu perds tout? », confiait-elle à l’AFP. Elle a pu retrouver sa maison, intacte mais recouverte d’une couche de cendres, à la mi-journée.

De nombreux habitants de la zone, traumatisés par les incendies qui ont déjà ravagé la région ces dernières années, sont eux aussi partis en catastrophe dans l’obscurité.  « On pouvait voir les flammes monter dans le ciel toute la nuit », a expliqué à l’AFP CeeBee Thompson, une habitante de Calistoga.

Les comtés de Napa et Sonoma avaient déjà été frappés par des feux dévastateurs en 2017, faisant au total 44 morts et détruisant plusieurs milliers de bâtiments. Les services météo avaient hissé le « drapeau rouge » pour les risques d’incendie sur cette partie de la Californie en raison d’une vague de chaleur et de vents secs créant les conditions idéales pour des départs de feux.
Le gouverneur Gavin Newsom a expliqué que ces vents devaient « se stabiliser, ce qui devrait nous aider dans nos efforts », appelant la population à la prudence et à suivre scrupuleusement les consignes des secours.
Plus de 2.000 pompiers ont combattu lundi pour maîtriser le feu, dans une région qui  » a été frappée encore et encore », a-t-il dit.
Dans le nord-est de la Californie, le comté de Butte déjà fortement touché par des incendies multiples depuis la mi-août a été contraint de mettre en oeuvre de nouvelles évacuations dimanche soir près de la petite ville de Paradise.
La région avait été ravagée par l’un des incendies les plus meurtriers de l’histoire de l’Etat, le Camp Fire, qui avait fait 86 morts en novembre 2018.
Plus de 8.100 feux se sont déclarés depuis le début de la saison, parcourant 1,5 million d’hectares au total, ont indiqué les pompiers de Californie.
Selon le consensus scientifique, l’ampleur exceptionnelle de ces feux est liée au changement climatique, qui aggrave une sécheresse chronique et provoque des conditions météorologiques extrêmes.
Dans la Napa Valley, Susan Fielder n’a d’ailleurs aucune intention de déballer son sac d’urgence avant le mois de novembre et le retour des pluies. « Je resterai jusqu’à ce que quelqu’un frappe à ma porte et me dise que je dois partir », dit-elle.
AFP

27 Sep

Taxes Trump sur le vin français: près de 500 millions d’euros de préjudice, selon la profession

Les producteurs et négociants de vins français ont « subi un préjudice de près de 500 millions d’euros » depuis l’imposition par les États-Unis d’une taxe de 25% comme mesure de rétorsion à un conflit aéronautique, selon la profession.
« La situation a assez duré, nous ne désarmons pas et demandons la création d’un fonds de compensation pour dédommager les viticulteurs qui ne sont pour rien dans ce conflit commercial » a déclaré Jérôme Despey, président du conseil spécialisé viticulture de France AgriMer, organisme semi-public chargé des marchés agricoles.
Il doit rencontrer « début octobre » le ministre de l’agriculture Julien Denormandie sur le sujet. « Nous avons demandé la création d’un fonds en janvier 2020 pour compenser un préjudice alors estimé à 300 millions d’euros » (…) qui est désormais estimé par la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux (FEVS) « à 500 millions d’euros », a indiqué M. Despey.
Le 18 octobre 2019, les États-Unis ont imposé une taxe de 25% sur les vins français non effervescents en bouteille de moins de 14 degrés, en représailles d’un conflit commercial transatlantique portant sur Airbus et Boeing.
D’autres produits agricoles européens ont été taxés en même temps par l’administration Trump comme les olives espagnoles, les whiskies écossais ou les fromages italiens.
« Le président américain a bien joué » avec des sanctions différentes selon les États-membres, qui freinent toute réaction rapide et collective de l’UE, a reconnu M. Despey.
Côté viticole, les taxes américaines ont provoqué une chute de 40% des exportations de vins français aux États-Unis au premier semestre 2020, selon M. Despey.
Au total, les exportations de vins et spiritueux français ont chuté de 25% au cours des six premiers mois, également tirées vers le bas par l’impact de la crise sanitaire et de la fermeture pendant plusieurs semaines des restaurants et bars dans le monde entier.

Sur ce sujet, les viticulteurs attendent toujours la distribution des 35 millions d’euros promis pour financer une « aide au stockage » des crus invendus pendant cette période. Elle pourrait être débloquée le 1er novembre, selon M. Despey.
Les sur-stocks de vins entre le 31 janvier 2019 et le 31 juillet 2020 sont estimés à quelque 6 millions d’hectolitres, dont 2,6 M hl ont été distillés (transformés en alcool industriel pour gel hydroalcoolique ou autres utilisations). « Il reste un peu plus de 3 millions d’hectolitres de vin en sur-stock », dont le stockage doit être financé pour éviter une chute des cours, a indiqué M. Despey.
AFP

26 Sep

Jacques Lurton: « c’est demain le grand jour, la vente de la collection de papa », André Lurton

Cela risque d’être un moment historique et poignant demain à château Bonnet. La vente de la collection de véhicules anciens et de véhicules militaires qui appartenait à André Lurton, disparu l’an dernier à l’âge de 94 ans. André Lurton avait rassemblé des véhicules qui avaient appartenu à la famille et des engins de la seconde guerre mondiale à laquelle il a participé sur la fin de la guerre. Une vente réalisée par la Maison Artcurial. Interview pour Côté Châteaux de son fils Jacques Lurton.

Jacques Lurton devant un camion GMC © Sylvie Tuscq-Mounet

Jean-Pierre Stahl : « Bonjour Jacques, alors c’est demain le grand jour ? »

Jacques Lurton : « Oui, demain c’est le grand jour, le jour de la vente de 15 heures à 18 heures, sous le marteau de l’équipe d’Artcurial. Depuis 3 jours, ils sont là pour faire une présentation des véhicules dans 3 hangars différents, il y en a beaucoup et c’est la collection de papa…

Tout a été remis au goût du jour, nettoyé, installé. C’est une collection dont on ne savait pas trop quoi faire, on a alors décidé de s’en séparer, on l’a mise en vente et on se rend compte  qu’il y a beaucoup d’engouement.C’est une belle collection, mais pas forcément trop chère, il y a certes quelques gros lots comme les tanks. C’est assez populaire, abordable, vraiment assez sympa… »

Une collection de véhicules militaire et chars impressionnante © Sylvie-Tuscq Mounet

JPS: « Et il avait rassemblé par mal d’engins militaires de la seconde guerre mondiale ? »

Jacques Lurton : « Oui, c’est une collection en 3 parties: il y a d’bord les véhicules anciens qui ont appartenu à la famille, notamment à Léonce Récapet (le grand-père d’André Lurton dont il était très proche et qui avait acheté notamment château Bonnet à Grézillac (cf lire histoire)), à sa femme aussi, à notre grand-père et grand-mère mais aussi à papa. Et puis il y a eu aussi d’autres coups de cour de papa… »

© Artcurial 1898 Fisson 8 HP 3 Litres « Tonneau » estimé entre 120 000 et 200 000 euros

« Il y a aussi la collection militaire. Il s’est fait plaisir en achetant des trucs auxquels il a été confronté à la fin de la guerre, car il s’est engagé comme bon nombre de français dans l’armée pour combattre, il a fait notamment les Ardennes. Il avait quelques Jeep car il était conducteur d’un commandant, mais aussi des chars d’assaut dans lesquels il avait pris place à un moment, un véhicule amphibie et même un véhicule Volkswagen de transport d’officiers allemands. »

Une collection importante de véhicules anciens © Sylvie Tuscq-Mounet

Et puis il y a aussi une autre collection agricole: il avait racheté tous les tracteurs qu’il a eu dans sa vie et parfois des véhicules d’origine, une machine à vapeur, la 1ère moissonneuse-batteuse et puis il y a toute la partie machines à vendanger qu’il a eues dont la première de la région du Sud-Ouest en 1972 une « Chisholm Ryder », qu’il avait faite venir des USA.  Je la garde pour exposer à château Bonnet, c’est une pièce de musée, que l’on va repeindre mais qui n’est pas dans la vente, elle restera à Bonnet.

JPS : « J’imagine que c’est une belle vente ? Combien est estimé l’ensemble ? »

Jacques Lurton : « Oui c’est une belle vente qui devrait être au-dessus de 1,5 millions d’euros… »

JPS : Et ce n’est pas un crève-coeur de s’en séparer ? »

De véritables pièces de collection, très bien conservées © Syvie Tuscq-Mounet

Jacques Lurton : « Papa ne nous a jamais préparé ou intéressé à cette collection, de temps en temps il sortait de veilles et belles voitures pour des occasions, notamment pour des mariages, mais il ne nous a jamais impliqué.

« C’était parfois dans un état assez vieux, poussiéreux, dans des hangars… Pour nous, c’était une évidence de la vendre. Et depuis que le catalogue a été constitué, on s’est attaché à ces véhicules, on a fini par s’imprégner de cette histoire, par la force des choses. Il y a 2 ou 3 petites choses qu’on va essayer de racheter. Artcurial est très confiant, il y a un très très gros intérêt. Cela promet d’être une belle vente, bien sûr il restera des choses non vendues que l’on gardera et fera revivre…La voiture de notre arrière-grand-père Léonce Récapet, on a décidé de la perdre. »

« Il a passé 2 à 3 décennies à rechercher ces véhicules, avec une historienne Hélène Brun-Puginier. »C’est impressionnant l’engouement des acheteurs potentiels, c’est dommage que notre papa ne nous ait pas intéressé à cela. »

CONSULTER ICI LE CATALOGUE DE LA VENTE PAR ARTCURIAL

Lire ou relire l’histoire d’André Lurton, créateur de l’appellation Pessac-Léognan en 1987.

Voir ou revoir le reportage Jean-Pierre Stahl, Didier Bonnet, Eric Dewarde, Xavier Granger.

24 Sep

Michel Guérard rend hommage à Pierre Troisgros disparu

C’était « une bande de copains façon Georges Brassens » commente ce matin Michel Guérard qui en faisait partie avec Jean et Pierre Troisgros (chef 3 étoiles de Roanne), mais aussi Paul Bocuse, Raymond Oliver. Des cuisiniers qui incarnaient dans les années 60-70 le renouveau de la gastronomie française, tranchant avec l’ancienne école d’Auguste Escoffier. Il revient avec Ludivine Tachon, et Thierry Guardet sur cette amitié qui le liait à Pierre Troisgros et cette disparition.

« Pierre avait une bonhommie, paysanne au sens noble du terme, il avait en boutonnière un éternel sourire qui n’était pas sans malice… », commente ce matin le chef triplement étoilé Michel Guérard, célèbre chef des Prés d’Eugénie à Eugénie-les-Bains. « Et puis il avait ce don de décrire les personnages et les situations, on n’avait pas besoin d’avoir fait l’Ena pour le comprendre…C’était net, précis, cela tombait juste. »

« On était une bande de hussards, qui étaient regardés d’un drôle d’œil par les autres cuisiniers de l’époque… C’était une bande de cuisiniers mais aussi une bande de copains aussi, des copains heureux de vivre avec les autres, voilà… On a vécu une période joyeuse, on se téléphonait, on se racontait ce que l’on avait fait en cuisine, c’était incroyable, il y avait une camaraderie très forte. »

Ils incarnaient la nouvelle génération qui allait bousculer la gastronomie française et la faire entrer dans une nouvelle ère : « nous étions un petit peu las d’avoir subi la cuisine d’Auguste Escoffier qui se répétait de décennies en décennies, et qui ne changeait jamais…Donc, à quelques-uns mais sans nous connaître, on avait décidé de rompre avec cela, et on s’est retrouvé tout naturellement mais peut-être aussi grâce à Paul Bocuse, qui lui le premier a été le grand rassembleur. Une bande de copains façon Georges Brassens, c’était merveilleux »

Michel Guérard © Thierry Guardet-France 3 Aquitaine

Parmi les plats emblématiques qu’a initié le chef Pierre Troisgros, il y avait son fameux saumon à l’oseille : « c’est très caractéristique de ce que fut cette nouvelle cuisine française, les poissons étaient surcuits à l’époque… Il avait imaginé faire une grosse tranche de poisson, une espèce d’escalope comme il l’appelait, qu’il faisait cuire en aller-retour dans une poële, c’était rosé à l’intérieur, le poisson n’avait rien perdu de son parfum, c’était moelleux. Et puis, il l’arrosait d’une sauce crème toute bête, et l’acidité, il avait remplacé le citron par l’oseille…C’était simple, c’était génial, il fallait y avoir pensé tout simplement. »

Faire plaisir aux autres, ce n’est pas employer les mêmes recettes à perpet…, c’est justement tenter de les renouveler et de surprendre. »

Quant à la transmission, « Pierre Troisgros était heureux que Michel son fils, accompagné de sa femme Marie-Pierre, et de ses enfants César et Théo, aient construit et perpétué l’univers Troisgros dans un autre décor, c’est formidable. »

Quant à la nouvelle apprise hier, « j’ai été très très triste, vous pensez-bien, mais quand on a un certain âge, on sait qu’on ne va pas durer, on va partir et moi je pars dans l’esprit de retrouver bientôt tous ceux qui m’ont précédé. »

Propos recueillis ce matin par Ludivine Tachon et Thierry Guardet.

Coronavirus : bars et restaurants menacés à nouveau de fermer après 22 heures à Bordeaux

Bordeaux reste dans l’expectative avec les déclarations hier du Ministre de la Santé. Olivier Véran a placé Bordeaux en zone d’alerte renforcée, comme d’autres villes en France. Dans ces villes, les bars devraient fermer pour 22 heures, quid des restaurants ? D’ici demain, la préfète de Gironde devraient prendre des mesures et éclaircir la position du Gouvernement. Réactions de restaurateurs et patron de l’UMIH Gironde et de Philippe Etchebest.

Hervé Valverde,  au Bistro du Sommelier en septembre 2019- JPS

« Il faut qu’il arrête ! », Hervé Valverde, le patron du Bistro du Sommelier ressent très mal ces nouvelles déclarations d’Olivier Véran qui jettent le trouble auprès du grand public et de ses clients. « Il a 10 jours, il a parlé et on n’a rien foutu, hier pareil, il y a un climat de psychose et de ce fait on ne travaille pas… »

On comprend l’exaspération de ce restaurateur-sommelier, un pilier des bonnes tables de Bordeaux, qui a ouvert son établissement depuis plus de 30 ans maintenant, on comprend également qu’il faille prendre des mesures…. « Les gens ne sortent plus, ils viennent manger en mettant leur masques, ils mangent parfois pour certains rapidement et remettent vite leur masque, certains veulent une distance entre chaque convive, il y a des gens carrément traumatisés, je pourrais en écrire un livre… » Evidemment, il y a aussi des clients qui prennent le temps de vivre et d’apprécier la cuisine et la bonne humeur de cette brasserie.

Pourtant Hervé Valverde a mis en place le protocole nécessaire avec gel hydroalcoolique, avec des cartes nettoyées constamment, ses serveurs qui portent le masque et les clients également avant d’être placés à table. « Le mois de septembre, j’enregistre une chute de 20 à 30%, je faisais avant 140 couverts par jour, là c’est entre 80 et 100. Là, l’économie est vraiment à plat, je le vois bien aussi avec mes fournisseurs, les petits châteaux, avant ils me vendaient 11 bouteilles et il y en avait une gratuite, là on est à 9+3″.

C’est dur, le flou dans lequel on est, on ne sait pas quoi faire. J’ai des confrères à moi qui sont à la rue. C’est triste sincèrement, Hervé Valverde.

Pour le Président de l’UMIH, Laurent Fournier : « on est désabusé, en colère également, le Premier Ministre nous avait expliqué la semaine dernière qu’on décidait des choses ici en région, le Ministre de la Santé en a décidé autrement sans concertation, nous avons appris  cette nouvelle mesure très coercitive qui va punir l’ensemble d’un secteur d’activité, l’ensemble d’une profession, alors que nous sommes un maillon nécessaire à la lutte contre le Covid , car nos lieux sont protégés, les gens masqués, les mesures sanitaires y sont appliquées strictement…Alors oui comme dans l’ensemble des professions, il y a des gens qui ne se comportent pas suffisamment bien, mais c’est ceux-là qu’il fallait cibler. »

« Nous avons été fermés durant 3 mois pour le confinement en 24 heures, là nous allons être fermés pour je ne sais combien de mois en 48 heures… En même temps, c’est une ineptie, soit les gens vont se réunir dans la commune d’a côté, soit ils vont se réunir en ayant acheté de l’alcool dans une épicerie à côté et se mettre sur une place avec une enceinte portable….et on aura juste déplacé le problème mais là sans les mesures sanitaires, sans aucun contrôle et à mon avis à l’inverse de ce qu’il faut faire. »

Dans un communiqué envoyé cet après-midi, le maire de Bordeaux a tenu à renouveler son soutien aux acteurs économiques impactés : « je suis très conscient et inquiet des difficultés que traverse une trop large part du tissu économique local en ce moment. Je pense aux acteurs du tourisme, de la culture, du sport aux cafés, bars, restaurants et aux gestionnaires de lieux de sortie ». Tout en précisant : « la situation sanitaire reste préoccupante. Je vous appelle toutes et tous à la plus grande vigilance car il nous faut éviter à tout prix un nouveau confinement ».

Invité ce soir du 19/20 sur France 3 Aquitaine, Philippe Etchebest a voulu rassurer sur cette fermeture à 22H: « de ce que je sais, non, nos établissements ne seraient pas concernés, et grand Dieu, merci heureusement. Je pense à mes collègues Marseillais que l’on a obligé de fermer, et ça c’est un coup terrible qui leur arrive… En plus on n’a pas d’explication, pourquoi fermer un restaurant, on n’est pas plus dangereux qu’une école, un supermarché ou une cantine, au contraire on cadre les gens justement. C’était déjà difficile, les 30% de faillite on va pas être loin et cela va arriver plus vite qu’on ne le pense. Et de critiquer ce qui s’est passer cet été lors de rassemblent: « on a fait tout et n’importe quoi, et aujourd’hui on en paie les conséquences, il y a eu un manque de discipline et on le paie aujourd’hui. »

En espérant que la Préfète entende Philippe Etchebest et l’ensemble des restaurateurs en les laissant demain à 14h une marge de manœuvre aux restaurateurs, déjà éprouvés par la période du confinement et par la reprise qui, parfois, ne s’est pas faite à 100%;  e

23 Sep

WineDex : iDealWine enregistre 2500 bouteilles rentrées dans son application d’authentification et de traçabilité des vins

Lancée à l’été 2019, l’appli mobile d’iDealWine a été précurseur en matière d’authentification et de traçabilité des grands vins, en intégrant les bouteilles à plus forte valeur dans son application WineDex, basée sur la blockchain et la technologie RFID. Aujourd’hui elle enregistre sa 2500e bouteille sur cette application WineDex.

L’appli WineDex par iDealWine

Ce sont plus de 2 500 bouteilles qui ont été rentrées sur la blockchain par iDealwine. Un projet mené en partenariat avec la société Synvance, acteur de référence du conseil en technologies.

« Ce service n’en est encore qu’à ses débuts, mais ce sont déjà plusieurs centaines de personnes à travers le monde qui en bénéficient en ayant téléchargé l’application et qui peuvent ainsi tracer leurs précieux flacons, accéder à leur certificat d’authenticité. », commente Benoît Gancel, Responsable des Projets Techniques chez iDealwine.

Très récemment, l’équipe expertise d’iDealwine a apposé la 2 500e pastille WineDex (tag RFID inviolable) sur une bouteille de petrus 1993, l’intégrant ainsi dans l’application d’authentification et traçabilité des grands vins. Une belle réussite dans un procédé appelé à se développer. Désormais, toutes les bouteilles proposées à la vente sur iDealwine et dont la valeur estimée est supérieure ou égale à 600€ bénéficient de cette garantie supplémentaire. Ces bouteilles sur lesquelles on appose la puce WineDex font l’objet d’un soin particulier, certains points de contrôle supplémentaires sont faits pour rentrer dans la blockchain un descriptif encore plus détaillé (repérage des marqueurs anti-fraude sur les étiquettes, photos complémentaires sur tous les points de détail y compris des éventuels défauts de la verrerie…) ; au total, ce sont plus de 90 champs qui viennent détailler le flacon.

WINEDEX.IO : LA TECHNOLOGIE MODERNE POUR LUTTER CONTRE LA CONTREFACON

L’objectif est de garantir l’authenticité des bouteilles, pour se faire la sécurité et la traçabilité de grands vins est ainsi assurée.

Concrètement, « les bouteilles sont équipées d’un TAG RFID inviolable qui permet de garantir de manière permanente le lien entre la bouteille de vin et les informations contenues dans la blockchain«    Cyrille Jomand, Président Directeur Général d’iDealwine.

Lors de l’expertise des bouteilles, chaque détail de l’analyse, toutes les photos du flacon, mais aussi les informations sur la provenance du vin (hors informations confidentielles sur le nom du vendeur) sont renseignées en base et liées à la puce RFID de la bouteille via un code barre unique. Les pastilles s’autodétruisent si elles sont enlevées et ne peuvent être positionnées sur un autre flacon. En voilà un concept qui est fort judicieux.

iDealwine entend généraliser son système unique dans le monde du vin; à terme, ce système pourrait favoriser une véritable dématérialisation des échanges de vin et la « tokenisation » des actifs financiers du vin, WineDex ayant vocation à devenir le DEX (Decentralised Exchange) de référence pour le vin », annonce iDealWine.

Avec iDealWine.

22 Sep

Italie: face à l’impact du virus sur les ventes, le Chianti contre-attaque

Les longues semaines de confinement en Italie pour affronter le virus ont fait chuter exportations et ventes de vin. Six mois plus tard, le propriétaire d’un des plus anciens vignobles de la péninsule se démène pour reconquérir les tables de restaurants.

 « Il s’agit probablement d’une des périodes les plus agitées en Italie », estime Francesco Ricasoli, propriétaire d’un des vignobles les plus anciens de la péninsule, situé dans la fameuse zone du Chianti Classico en Toscane. « Nous avons assisté à une forte baisse des ventes de vin, notamment dans les restaurants et bars spécialisés dans le haut de gamme », explique à l’AFP cet homme de 64 ans, 32ème baron de Brolio, dont l’arbre généalogique remonte à 1141.

Affectées de plein fouet par la première vague du virus, qui a fait plus de 35.500 morts en Italie, les ventes et la consommation de vin sont descendues à un niveau record, selon la Coldiretti, principal syndicat agricole italien.

Les exportations ont aussi baissé de 4% dans un contexte de fermeture généralisée des restaurants et bars, selon la même source, alors que l’Italie représente à elle seule un cinquième de la production mondiale de vin. Mais « au lieu de pleurer sur notre sort comme d’autres producteurs, nous avons vu cela comme une opportunité », s’enorgueillit le baron en contemplant ses vignes, rendues célèbres par le Castello di Brolio, un imposant château en briques rouges appartenant à sa famille depuis plus de 800 ans.  « Nous nous sommes développés dans d’autres secteurs », notamment en développant la visibilité en ligne. Les comptes du domaine sur les réseaux sociaux ont ainsi été entièrement revus et alimentés en courtes vidéos.

 On y voit le baron de Brolio expliquer la création de la « recette » du Chianti Classico en 1872 par l’un de ses aïeux, ou encore une jeune Sophia Loren dans un film noir et blanc au milieu des vignes en train d’aider à la vendange des précieuses grappes de Sangiovese, le principal cépage utilisé.

Des drones ont aussi été utilisés pour filmer les paysages à couper le souffle entourant le château, qui trône au milieu des collines dans la campagne près de Sienne.  « Notre idée était d’aller à la rencontre des visiteurs, au lieu que ce soient eux qui viennent vers nous », explique le baron en souriant.

GRAND MILLESIME
Les derniers chiffres des ventes ne sont pas encore disponibles, mais le directeur technique du domaine, Massimiliano Biagi, espère bien que la plus grande partie de sa production annuelle (environ deux millions de bouteilles) sera écoulée cette année.

La fin du confinement au printemps a été suivie d’un retour des visiteurs au château, parmi lesquels de nombreux habitants de la région.
« D’une certaine façon, le confinement dû au coronavirus a été une sorte de bénédiction déguisée », juge Giovanni Manetti, président de l’Association des producteurs de Chianti Classico, au domaine voisin de Fontodi.

« Nos viticulteurs n’avaient nulle part où aller, aussi dès le premier jour (du confinement) ils ont concentré tous leurs efforts sur leurs vignobles », dit-il à l’AFP. « Et les vignes ont réagi. Elles n’ont sans doute jamais été aussi belles que cette année », s’enthousiasme-t-il.

Alors que les vendanges ont commencé une semaine plus tôt en raison de la météo, « nous nous attendons à un grand millésime », se réjouit-il.

Fondé en 1924, l’Association du Chianti Classico, à ne pas confondre avec le Chianti, est la plus ancienne d’Italie et compte pas moins de 515 membres, soit 97% des producteurs.

A l’origine symbole de la Ligue militaire du Chianti, une institution politico-militaire du XIIIème siècle mise en place pour gouverner des municipalités autour de Florence, le coq noir représente encore aujourd’hui l’esprit combatif et la solidarité des viticulteurs de la région. L’Association a mis en place une série de mesures pour soutenir les producteurs, notamment des accords de financement avec les banques.

Un autre projet, baptisé « Faites de la place à votre table pour un producteur », a permis d’organiser une trentaine de soirées autour de Florence et Sienne pour mettre en valeur divers vignobles à travers des séances de dégustation dans les meilleurs restaurants de la région. Un concept que l’Association espère étendre à toute la péninsule.

Au domaine Ricasoli, les vendanges battent leur plein pour la récolte des grappes de Merlot, le premier vin entrant la composition du Chianti Classico qui doit contenir au moins 80% de Sangiovese« Bien sûr que le Covid-19 nous inquiète, nous devrons probablement vivre avec encore un moment », admet le baron de Brolio en regardant passer de petits tracteurs transportant la récolte. « Mais ce qui me préoccupe en ce moment, c’est comment empêcher les sangliers de manger mon raisin! » lance-t-il en montrant les dégâts causés par ces animaux dans une de ses vignes.

AFP

21 Sep

Tour de France : Libourne, Saint-Emilion et Bordeaux tiennent la corde pour recevoir la Grande Boucle

Le Tour de France à peine arrivé sur les Champs-Elysées, on vient à parler de la prochaine édition qui pourrait faire étape en Gironde. Cela fait 10 ans que le Tour ne s’est pas arrêté ici, la dernière foi c’était à Bordeaux et Pauillac. On parle de Sain-Emilion-Libourne forment un ticket gagnant et Bordeaux de l’autre aussi candidate mais avec quelques discussions encore en cours… A vos marques, prêts, partez…

Un contre-la-montre Libourne-Saint-Emilion ou une étape du Tour dans le Libournais, cela fait plus de 25 ans que les habitants en rêvent et ne l’ont pas vécu. Interrogés ce matin sur la grande place de Libourne, les habitants se réjouissent de voir passer le Tour en 2021, si la nouvelle se confirme bien sûr ! « Pour une fois que cela passerait à côté de chez nous, oui ça serait pas ma ». « Ca peut faire une sortie en famille originale… » « Le Tour de France, à Libourne, oui je suis pour, c’est une grande course cycliste, une grande fête avec la caravane, pour moi c’est très bien », témoignent et les habitants interrogés ce matin.

Philippe Buisson, a affirmé il y a 18 mois à Christian Prud’Homme sa volonté de faire un ticket gagnant avec Saint-Emilion, le maire de Libourne a d’ailleurs pu le revoir récemment invité sur une étape en Charente. « C’est une vraie fête populaire, il y a une vraie adhésion des villes et villages traversés par le Tour de France et c’est l’assurance d’acheter une carte postale qui va voyager dans le monde entier » commente Philippe Buisson.

Certes le passage du tour pour une ville étape et un départ a un coût 200 000 euros selon Philippe Buisson, mais les retombées sont importantes et mondiales…surtout après cette période de crise sanitaire d’un côté qui a vu le nombre de touristes chuter cette année et de crise économique pour les châteaux et vins de St-Emilion et Bordeaux…

« Le Tour de France, c’est une épreuve mondialement connue; regardée aussi par tous les médias du monde entier et nous avons besoin sur ce territoire pour mettre en valeur le patrimoine, les châteaux, les viticulteurs de cette épreuve de notoriété internationale », explique Bernard Lauret maire de Saint-Emilion.

A Bordeaux, on se réjouit aussi de la candidature de la ville, 81 participation de la Belle Endormie comme étape du Tour, mais tient à rediscuter avec les organisateurs :

« Quand on regarde une étape, il y a une longue file de voitures qui sont des accompagnateurs des équipes cyclistes; l’idée c’est de regarder en matière d’émissions de carbone si ces véhicules là ne pourraient pas être un peu plus des véhicules hybrides ou totalement électriques. Il faut aussi regarder l’impact  la caravane du Tour de France qui est une formidable fête familiale mais qui rejete de manière caricaturale de nombreux gadgets sous forme de monceaux de plastiques »commente cet après-midi Mathieu Hazouard, adjoint au maire de Bordeaux chargé des sports.

Les organisateurs rendront leur copie dans un mois concernant le tracé du Tour, fin octobre on saura si Bordeaux est en selle ou pas…

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Guillaume Decaix et Charles Rabréaud

20 Sep

Côté châteaux n°16 sur NOA : un spécial « vendanges précoces et réchauffement climatique »

C’est un numéro tout chaud. Forcément avec la chaleur de ce printemps et de cet été, la vigne a eu une croissance assez exceptionnelle et les vendanges se sont annoncées plus tôt dans la saison. Eh oui, on peut se demander si le réchauffement climatique est bien là, Côté Châteaux a essayé d’y répondre et d’envisager les solutions à travers ses 3 reportages et ses 3 invités dans ce numéro spécial Vendanges Précoces en Bordelais. Un magazine réalisé par Jean-Pierre Stahl avec Charles Rabréaud. A voir dès demain soir à 20h15 sur France 3 NOA.

Les deux symboles de ce millésime 2020, une belle grappe de sauvignon, tenue par Eric Perrin, dans le contexte de crise sanitaire © JPS

A bien y réfléchir, une seule idée s’est imposée à moi en ce mois d’août. Bon sang, mais c’est bien sûr, ce sont déjà les vendanges à la mi-août ! Ni une, ni deux, je me suis dit qu’il fallait vivre ce moment et consacrer le prochain numéro 16 de Côté Châteaux (qui fait sa rentrée) à un magazine spécial « Vendanges Précoces et Réchauffement Climatique » de 20 minutes qui va être diffusé demain soir à 20h15 sur France 3 NOA.

Le coup d’envoi des vendanges en blancs a été donné le 17 août en Pessac-Léognan et le 18 à Léognan… Mon premier reportage a été réalisé à la fraîche dès 7 heures au château Carbonnieux qui a lancé sa troupe de vendangeurs à l’heure du laitier où le ciel se pare de rouge-orangé. Le tournage a lieu le 24 août (eh oui, jour de mon retour de vacances) avec les frères Perrin, Eric et Philibert, très heureux de démarrer cette belle semaine de vendanges de sauvignon. Des vendanges qui cette année ont une saveur particulière, marquées par la crise sanitaire et les mesures qu’il a bien fallu prendre pour la sécurité de tous. Ainsi des masques ont été distribués aux vendangeurs et des casques avec visière protectrice pour les porteurs, un camion plate-forme a été aménagé avec une énorme citerne d’eau et des distributeurs de savon et de gel hydro-alcoolique pour permettre au bout des rangs de se laver régulièrement les mains. Les distances sont aussi respectées dans les rangs de vigne avec des coupeurs qui ne se font pas face.

Ce sont les 4e vendanges les plus précoces qu’a connues Eric Perrin depuis ces 25 dernières années : il y a eu 1997, 2003, 2011 et aujourd’hui 2020. L’état sanitaire de la vigne et les sauvignons affichent une maturité optimale, avec de belles acidités et de bons arômes, préservés avec une récolte réalisée de bonne heure, ici à partir de 7 heures, certains ont même déclenché des vendanges bien plus tôt à 5 heures du matin, car les après-midi sont trop chaudes encore dépassant les 30°C.

Eric, Andrea, Philibert et Marc Perrin, dégustant ce fameux 2003© JPS

Au chai, son fils Andrea oenologue et maître de chai surveille l’arrivée des bennes, une belle récolte qui rentre, avec aussi un travail important à la table de tri. Après une séquence dégustation aux différentes cuves des premiers jus en fermentation avec Andrea at son frère Marc, voici une autre séquence chargée en émotion dans le chai de blancs avec la dégustation d’un millésime solaire avec Eric, Philibert, Andrea et Marc Perrin…

Les vendanges des merlots ont débuté le 9 septembre au château Haut-Bailly © JPS

La suite de ce Côté Châteaux réalisé par votre serviteur avec Charles Rabréaud nous transporte au château Haut-Bailly le 9 septembre, où nous couvrons les premiers coups de sécateurs dans ce châteaux prestigieux de Pessac-Léognan, propriété qu’avait acquise l’américain Bob Wilmers, banquier amoureux de la France et de ses vins (aujourd’hui tenue par son fils).

Jean-Pierre Stahl, véronique Sanders du château Haut-Bailly et Charles Rabréaud © JPS

Nous allons interroger Véronique Sanders la directrice générale du Domaine sur la précocité de ces vendanges. Certes ce sont des vendanges en rouge très précoces, mais elle-même en a connu plusieurs depuis son arrivée en 1993 à la tête du domaine, et elle s’est plongée dans un ouvrage et l’histoire des vendanges dans le Bordelais, où l’on voit qu’il y avait déjà eu par le passé des vendanges précoces comme en 1822 ou 1865,… et bien d’autres.

C’est l’occasion d’évoquer avec elle la problématique du cépage merlot qui va avoir du mal dans les années qui viennent à supporter ce réchauffement climatique, la solution sera sans doute de privilégier les cabernets, mais aussi le rôle du terroir qui finalement peut arriver à garder de la fraîcheur, la question de l’irrigation comme en Napa Valley n’est pas encore d’actualité, même si certains réfléchissent à cette solution.

L’objectif étant bien sûr de continuer à réaliser ici comme partout dans le bordelais des vins fins, et de maîtriser les degrés d’alcool.

Le salon des vignerons bio de Nouvelle-Aquitaine ce 31 août à la faïencerie de Bordeaux © JPS

Cette question de l’adaptation des vignerons à ce climat changeant est bien sûr de plus en plus d’actualité mais en prime elle touche tout le monde.

Aussi j’ai trouvé intéressant de donner la parole aux vignerons Bio de Nouvelle-Aquitaine qui tenaient leur salon de dégustation en ce 31 août à la Faïencerie de Bordeaux pour faire déguster leur millésime 2019 qui avait aussi connu deux épisodes caniculaires en juin et juillet l’an dernier.

Laurent Cassy, le président des vignerons bio de Nouvelle Aquitaine © JPS

Bérangère Quellien du château Luseau, Pierre-Henri Cosyns du château Grand Launay, Pascal Boueix du château Lescaneault, ou encore  Laurent Cassy président des Vignerons Bio de Nouvelle-Aquitaine, répondent sans détour à ces adaptations et à l’effeuillage qui ces dernières années est beaucoup moins intéressant.

Jean-Jacques Dubourdieu, devant le château Reynon pour le coup d’envoi des vendanges 2020 © JPS

Autre grand invité de ce numéro tout en saveurs, Jean-Jacques Dubourdieu qui a aussi lancé ses vendanges le 9 septembre au château Reynon à Beguey en Gironde.

Le fils du grand professeur d’oenologie Denis Dubourideu, disparu en 2016, va évoquer également ces changements climatiques et ce virage dans l’encépagement qu’il va falloir opérer dans les années qui viennent.

Dégustation par Jean-Jacques Dubourdieu du 100% petit Verdot 2019 dans les chais de Reynon © JPS

Ici la propriété a déjà anticipé avec davantage de cabernets mais aussi 15% de petit Verdot… Jean-Jacques a même réalisé une cuvée 100% petit Verdot,  « Hommage à Denis Dubourdieu »  qui avait souhaité réintroduire ce cépage bordelais plus tardif pour répondre aux changements qui allaient se dessiner et à la complexité des vins de Bordeaux.

 

Loic Pasquet devant ses cépages oubliés à Landiras © JPS

Ce qui m’a amené tout naturellement à rencontrer Loïc Pasquet qui remet en avant les cépages oubliés de Bordeaux, des cépages d’avant phylloxéra en franc de pied à Landiras.

Loic Pasquet dégustant sur une jarre de castets. © JPS

Il mène son vignoble à la manière d’un OVNI pour certains à Bordeaux mais apparaît pour d’autres comme un génie, un ingénieur qui a mené une réflexion avec le castets, le saint-macaire, mais aussi le tarnay, des cépages historiques de Bordeaux plus tardifs que le merlot, très intéressants avec des goûts de fruits incroyables (surtout le tarnay) qui pourraient être une réponse au réchauffement climatique dans les prochaines années.

Une réflexion et une vision à méditer qui s’appuient sur les cépages plantés autrefois à Bordeaux avant que le merlot ne devienne le cépage roi plus productif aussi mais en passe de poser problème aujourd’hui.

L’autre expertise intéressante pour conclure ce magazine est celle du professeur Cornelis van Leeuwen, professeur de viticulture à l’Institut des Sciences de la Vigne et du Vin et à Bordeaux Scinces Agro. Il mène avec les équipes de l’ISVV et de l’INRAE des expérimentations sur 50 cépages à Bordeaux pour voir leur adaptation avec les hausses de température et par rapport à la sécheresse.

On le retrouve en pleins prélèvements, 200 opérés chaque semaine en ce mois de septembre pour voir les bonnes maturités et quand il faudrait donner le coup d’envoi par la récolte de chaque type de cépage. Il nous confirme également que les cabernets sauvignon et franc vont pouvoir être une réponse dans les années à venir mais aussi pourquoi pas des cépages méditerranéens, comme le Touriga Nacional, produit dans la Vallée du Douro au Portugal, qui déjà est autorisé à hauteur de 5% maximum en appellation Bordeaux et Bordeaux Supérieur. Ce qui peut aussi faire bondir certains puristes.

En tout cas le réchauffement climatique est bien là, les observateurs et scientifiques envisagent une augmentation de 2° à l’avenir, avec des changements qui vont s’imposer à nous tous et aux vignerons. Certaines zones de production plus au nord pourraient se développer énormément, notamment les vins dans le Val de Loire. On a vu de plus en plus de vignerons se lancer dans la production de vins effervescents en Grande-Bretagne et pourquoi pas de vins rouges… L’été sera chaud, l’été sera chaud…une chanson qui pourrait revenir en boucle…

Côté Châteaux n°16 spécial « vendanges précoces et réchauffement climatique », réalisé par Jean-Pierre Stahl avec Charles Rabréaud. A voir à partir de lundi 21 septembre à 20h15 sur France 3 Noa et à voir ici: