Les producteurs et négociants de vins français ont « subi un préjudice de près de 500 millions d’euros » depuis l’imposition par les États-Unis d’une taxe de 25% comme mesure de rétorsion à un conflit aéronautique, selon la profession.
« La situation a assez duré, nous ne désarmons pas et demandons la création d’un fonds de compensation pour dédommager les viticulteurs qui ne sont pour rien dans ce conflit commercial » a déclaré Jérôme Despey, président du conseil spécialisé viticulture de France AgriMer, organisme semi-public chargé des marchés agricoles.
Il doit rencontrer « début octobre » le ministre de l’agriculture Julien Denormandie sur le sujet. « Nous avons demandé la création d’un fonds en janvier 2020 pour compenser un préjudice alors estimé à 300 millions d’euros » (…) qui est désormais estimé par la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux (FEVS) « à 500 millions d’euros », a indiqué M. Despey.
Le 18 octobre 2019, les États-Unis ont imposé une taxe de 25% sur les vins français non effervescents en bouteille de moins de 14 degrés, en représailles d’un conflit commercial transatlantique portant sur Airbus et Boeing.
D’autres produits agricoles européens ont été taxés en même temps par l’administration Trump comme les olives espagnoles, les whiskies écossais ou les fromages italiens.
D’autres produits agricoles européens ont été taxés en même temps par l’administration Trump comme les olives espagnoles, les whiskies écossais ou les fromages italiens.
« Le président américain a bien joué » avec des sanctions différentes selon les États-membres, qui freinent toute réaction rapide et collective de l’UE, a reconnu M. Despey.
Côté viticole, les taxes américaines ont provoqué une chute de 40% des exportations de vins français aux États-Unis au premier semestre 2020, selon M. Despey.
Au total, les exportations de vins et spiritueux français ont chuté de 25% au cours des six premiers mois, également tirées vers le bas par l’impact de la crise sanitaire et de la fermeture pendant plusieurs semaines des restaurants et bars dans le monde entier.
Sur ce sujet, les viticulteurs attendent toujours la distribution des 35 millions d’euros promis pour financer une « aide au stockage » des crus invendus pendant cette période. Elle pourrait être débloquée le 1er novembre, selon M. Despey.
Les sur-stocks de vins entre le 31 janvier 2019 et le 31 juillet 2020 sont estimés à quelque 6 millions d’hectolitres, dont 2,6 M hl ont été distillés (transformés en alcool industriel pour gel hydroalcoolique ou autres utilisations). « Il reste un peu plus de 3 millions d’hectolitres de vin en sur-stock », dont le stockage doit être financé pour éviter une chute des cours, a indiqué M. Despey.
AFP