Cette semaine marque le coup d’envoi des premiers coups de sécateurs dans différents domaines de Pessac-Léognan et du Bordelais sur les parcelles les plus précoces et sur de jeunes plants. Le gros des vendanges sera pour la semaine prochaine. Cette année est l’une des 3 plus précoces de mémoire de vigneron bordelais.
Parmi les tout premiers à avoir commencé, le château de Rouillac à Canéjan en Gironde a démarré mardi. Pour Laurent Cisnéros, ancien footballeur et propriétaire du domaine, c’est une mise en jambes : « on fait cette semaine une ou deux matinées de vendanges, on a démarré mardi à 9 avec 2 de mes filles et ce matin également, c’est un rituel familial… On commence toujours par vendanger les sauvignons gris en haut de la propriété, on récolte les jeunes plants de sauvignon gris, qui sont à bonne maturité, il y a une bonne acidité et c’est plutôt bien. On n’a pas pris énormément de choses mais ce qui était mûr à notre sens. A partir de lundi ou en milieu de semaine prochaine, on sera très mobilisé, ce sera le grand rush où on sera à 100% opérationnel… »
Au château Carbonnieux à Léognan, c’est parti depuis hier mercredi. « Aujourd’hui, j’ai 60 personnes recrutées avec le GFA de Léognan, puis 80 à partir de lundi. On a débuté encore ce matin à 7heures et on va tourner jusqu’à 15 heures, car après il fait trop chaud« , précise Eric Perrin co-propriétaire. Eh oui, encore un petit 36° attendu à Bordeaux cet après-midi, la région la plus chaude de France.
Ces vendanges précoces et par ces fortes températures n’effraient pas pour le moment car les domaines s’adaptent en commençant relativement tôt dans la matinée et même pour certains dès 5h du matin comme le château de Sours ce jeudi. Et comme le précise Eric Perrin du château Carbonnieux:
Même si on a vu une évolution du climat, au niveau du travail à la vigne et au chai, on travaille avec beaucoup plus de précision », Eric Perrin du château Carbonnieux:
« Il y a 30 ans, sur une décennie, on avait 2 grands millésimes, 7 moyens et un mauvais, mais là on a quand même plus de régularité. Le dernier en date a été le 2013 où on a eu un début d’été très pluvieux, mais là on est plutôt sécure…On a passé tous les risques gel, grêle (attention ce n’est pas fini), mildiou et on rentre un raisin propre et sain. »
Au château Smith Haut-Lafitte à Martillac, non loin, « c’est parti depuis ce matin pour l’équipe de 30 vendangeurs, 35 avec les chauffeurs, on a commencé par les jeunes sauvignons blancs à 8h », commente Fabien Teitgen le directeur du château.
Mais c’est une année particulière pour tous ces domaines avec le coronavirus qui poursuit son histoire en France et dans le monde, il a fallu s’adapter : « on a commencé par distribuer les masques à tous et on a expliqué les règles de fonctionnement; on a revu tous nos protocoles pour faire en sorte que tout le monde reste en bonne santé avec distanciation et port du masque, car tout le monde revient de vacances et on ne sait pas qui ils ont croisé…donc on sécurise.
Au château Smith Haut-Lafitte, « c’est la 4e vendange la plus précoce après 2003 où on a commencé le 13 août, » poursuit Fabien Teitgen.Il y a eu également « 1997 et 2011 où c’était un 18 août. Et donc 2020, le 20 », année du vin bien sûr.
Elle est précoce mais n’a pas un caractère solaire, les raisins ne sont pas trop mûris ou flapis, ce qu’on ramasse fait 12,4° et 3,05 de PH, c’est tendu, c’est joli, il y a un bel équilibre et une belle vivacité, on n’est pas sur un profil chaud » Fabien Teitgen du château Smith Haut Lafitte
« La on fait un pressoir ce matin, peut-être demain aussi et on réattaque lundi ». Ces vendanges des blancs vont continuer dans la précocité des vendanges pour 2 à 3 semaines, « du 31 au 4 septembre ce sera les sémillions, et le 7 septembre on va commencer les rouges », poursuit Fabien Teitgen. Eric Perrin confirme aussi la précocité de l’ordre de 10 à 15 jours :« on va commencer les merlots vers le 7 ou 10 septembre ». Une précocité qui s’est malgré tout atténué car au printemps la vigne avait bien 3 semaines d’avance, mais les températures relativement fraîches du mois de juin ont fait en sorte de marquer le pas. Bon courage à tous et aux petites mains de la vigne bien sûr.