29 Août

Côtes de Bourg : le Ministre de l’Agriculture interpelé par des vignerons victimes de la crise

Julien Denormandie est venu au chevet de la vigne et de ses vignerons. Le ministre de l’Agriculture a été reçu par un petit comité d’accueil qui vit actuellement très difficilement de son travail. Des vignerons exaspérés qui s’estiment au bord du gouffre, « la corde au cou », comme ils disent. Ils ont eu une oreille attentive du ministre qui souhaite des vignerons indépendants qui puissent vivre dignement de leur travail. Il a visité le château Grand Launay en biodynamie, à l’occasion des vendanges.

Un échange sans langue de bois entre Damien Labiche, vigneron, et Julien Denormandie, ministre de l’agriculture © Jean-Pierre Stahl

« On ne fait plus de salons, les marchés et le négoce sont totalement à l’arrêt, on veut interpeller notre ministre pour dire quel futur pour nos enfants…? », explique Damien Labiche, vigneron du château Tour Birol.

D’emblée, la dizaine de vignerons, plus ou moins jeunes, mais tous en grandes difficultés, est venue faire passer un message clair : « no future ». Ils ne peuvent plus ni garantir pour eux ni pour leurs enfants de pouvoir vivre dignement de leur exploitation viticole. Avant la venue du ministre, ils ont posé avec une corde au cou…

Moi, ça va faire deux ans que je ne me verse plus de salaire, j’ai deux enfants en bas âge, si ça continue comme cela, je mets la clé sous la porte… Dans notre entourage , on a tous un copain qui s’est foutu en l’air… » Damien Labiche vigneron.

« Donc moi je vous promets une chose : de faire tout ce que je peux, j’ai la même passion que vous, de faire mon possible, pour que demain vous arrêtiez d’avoir cela sur vos machines », commentait en réponse le ministre Julien Denormandie, ingénieur agronome à la base.

A Bourg, le ministre est arrivé un peu plus tôt, à 13 heures, à l’invitation de la députée Véronique Hammerer, pour échanger librement avec tous les acteurs de la filière viticole de Gironde, 3 semaines après le plan d’aide du gouvernant à hauteur de 250 millions d’euros, finançant en partie la distillation de crise.

Julien Denormandie, accompagné de la Préfète de Nouvelle-Aquitaine, lors du tour de table avec Bernard Farges du CIVB, Nicolas Carreau de Blaye et Stéphane Donze des Côtes de Bourg © JPS

250 millions d’euros pour l’ensemble de la filière française, cela reste faible, d’autant que la moitié étaient des fonds européens déjà prévus. Les conséquences du covid, nous allons les voir durant plusieurs mois, la commercialisation est très ralentie donc nous avons besoin de soutien comme d’autres filières », Bernard Farges président du CIVB.

Concernant ces aides, qui ne sont pas encore toutes débloquées, Julien Denormandie a précisé qu’au cours de cet été:

 J’ai décidé que dans l’aide des 250 millions d’€, on booste le stockage plutôt que la distillation, car ça me fait mal aux tripes comme vous, notre belle production d’en faire de la distillation, je préfère qu’on la stocke, » Julien Denormandie Ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation.

 

Au château Grand Launay à Teuillac, cette période de vendange est propice pour parler transformation du vignoble avec les labels HVE haute valeur environnemental de niveau 3, le bio ou la biodynamie.

Julien Denormandie et Pierre-Henri Cozyns, propriétaire du château Grand Launay © JPS

Le vignoble français, c’est une part de notre identité d’hier, d’aujourd’hui mais aussi de demain grâce justement à cette volonté d’innovation, à cette capacité à déterminer quelles seront les bonnes pratiques de demain, Julien Denormandie, Ministre de l’Agriculture. »

Ici les 30 hectares sont valorisés par la famille Cozyns en agriculture biologique et certifié depuis 2018 en biodynamie. « Oui le bio à Bordeaux, ça peut fonctionner, cela demande beaucoup de technicité de formation et d’investissement, mais ça marche, cette année en 2020, on va faire des rendement supérieurs aux rendements autorisés par l’appellation », Pierre-Henri Cozyns, du château Grand Launay.

D’autres aides pour la filière pourraient être annoncées la semaine prochaine par le président Macron avec le plan de relance de l’économie dans le volet qui touche la viticulture, 2e balance excédentaire commerciale, qui représente 12 milliards d’euros et près de 600  000 emplois.

Reportage de Jean-Pierre Stahl, Dominique Mazères, Xavier Granger (Intervenants : Damien Labiche vigneron, Julien Denormandie Ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, Bernard Farges président du CIVB et Pierre Henri Cozyns propriétaire du château Grand Launay)

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