07 Oct

Vendanges à Sigalas Rabaud: une minutie au rythme des tries successives

C’était ce matin les 2e tries au château Sigalas Rabaud à Bommes dans le Sauternais. Des vendanges très délicates car il faut ne récolter que la pourriture noble, le botrytis cinerea, et veiller à faire un grand liquoreux bien équilibré. C’est ce à quoi veille Laure de Lambert Compeyrot avec son équipe au château Sigalas Rabaud.

Laure de Lambert Compeyrot ce matin face à des grappes botrytisées qui vont arriver la semaine prochaine à la bonne maturité © JPS

8h30, à Bommes, juste à côté de Sauternes... Laure de Lambert Compeyrot, propriétaire du château Sigalas Rabaud, donne ses dernières consignes: « Vous avez tous trié là ou pas ? Pour ceux qui n’ont jamais trié, on va vous accompagner tranquillement, ne vous inquiétez pas… Nadège est une pro, Marion est sensationnelle et moi, je peux être là aussi… » Les directives sont plus pointues que pour des vendanges traditionnelles car c’est un ramassage par tries successives de ces sémillons et sauvignons touchés par le champignon botrytis cinerea, autrement dit la pourriture noble.

La 2e trie avec une troupe d’une dizaine de vendangeurs et au fond Nadège Sangla leur chef d’équipe © JPS

« Là, vous n’allez pas chipoter, c’est vraiment très très aigre; là où c’est c’est bien orange, vilain, on jette, » leur montre Nadège Sangla chef d’équipe du GEA Sauternes. « Et là vous récupérez vraiment le grain qui vient…. »  » Le but recherché, c’est vraiment le sucre, les arômes de botrytis, donc là il faut un nettoyage (de la grappe).

Au château Sigalas Rabaud, la première trie a débuté il y a 3 semaines, c’est aujourd’hui la seconde, et i l faut attendre encore la semaine prochaine pour avoir les meilleurs grappes, les plus confites…avec la magie des brouillards dus au cour d’eau le Ciron et à l’humidité des pluies et de la rosée du matin.

« Il y a des choses qui se préparent et ce n’est pas complètement prêt… », comment Laure de Lambert Compeyrot. « On est encore là sur ce qu’on appelle les tries de nettoyage, c’est la 2e et on continue tranquillement et on sait que derrière ce sera super. »

C’est toute la magie de notre botrytis, note champignon; comme tout champignon, il arrive avec chaleur et humidité, donc là c’est absolument parfait », Laure de Lambert Compeyrot de Sigalas Rabaud.

Marion Clauzel, directrice technique, et Laure de Lambert Compeyrot dégustant le millésime 2015 du château © JPS

Cette récolte est l’une des plus délicates, car il s’agit d’une récolte de nettoyage, en attendant les autres car au total on compte 3 à 5 tries selon les millésimes et fonction de la météo et de l’évolution du raisin. Il y a bien sûr une recherche de sucrosité, mais pas trop, entre 115 et 120 gr de sucre résiduel ici alors que beaucoup approchent les 140 à Sauternes.

On cherche des choses plus aériennes, plus délicates, plus fraîches. On va attendre que la complexité soit là, avec une multiplicité d’arômes, mais par contre, on ne va pas laisser monter les sucres. » Laure de Lambert Compeyrot

Quand le botrytis cinerea s’installe sur la rappe de sémillon © JPS

Les vendanges en Sauternais vont se poursuivre jusqu’à fin octobre, voire début novembre. Des vendanges très techniques.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Jean-Michel Litvine et Charles Rabréaud : 

Vendanges: le ministère revoit à la baisse un millésime 2019 déjà en berne

Le niveau de la production de vin en France cette année devrait être inférieur de 14% à celui de 2018.

Photo d’illustration de vendanges en blancs dans le Bordelais © JPS

Le ministère de l’Agriculture a revu à la baisse la production de vin en 2019 à 42,2 millions d’hectolitres, «soit un niveau inférieur de 14% à celui de 2018», indiquait lundi son service de statistiques, Agreste.

La tendance était connue depuis fin août et un premier bilan d’Agreste, tout comme les causes de cette contre-performance : le gel, puis la canicule et la sécheresse estivale.

Les vignes françaises ne reproduiront pas, cependant, l’année 2017 cataclysmique, lors de laquelle la production avait connu sa plus petite récolte depuis 1945, autour des 37 millions d’hectolitres, déjà en raison du gel et de la canicule.

En 2019, « après un gel printanier dans certains vignobles, la floraison de nombreux vignobles s’est déroulée dans des conditions climatiques défavorables (humidité et basses températures), conduisant à de la coulure (chute des fleurs ou des jeunes baies) et parfois du millerandage (baies de petite taille ou de taille inégale) », indique Agreste dans sa note. 

«Les bassins de la façade Ouest du pays ont été les plus touchés», explique le ministère.

En revanche, les épisodes caniculaires de juin et juillet «ont affecté de manière plus prononcée certains départements du Midi, comme le Gard, l’Hérault ou le Var, occasionnant des brûlures de grappe et des pertes de production», indique-t-on de même source.

Autre conséquence de la sécheresse, «la réserve en eau des sols, déjà déficitaire au 1er juillet par rapport à la moyenne sur 30 ans, s’est amenuisée tout au long de l’été», ajoute Agreste.

L’aggravation de cette sécheresse jusqu’aux vendanges, associée à des températures élevées, «accentue la baisse de production, notamment dans les bassins viticoles méditerranéens», selon cette note.

Seul avantage de la canicule, «la pression des maladies a été modérée dans la plupart des vignobles, comparée à 2018», selon ce bilan dressé au 1er octobre, date à laquelle les vendanges étaient déjà bien entamées, voire presque terminées dans les vignobles méditerranéens.

AFP