29 Sep

Faire du vin dans les pays nordiques, une gageure qui profite de la hausse des températures

Faire du vin dans les pays nordiques, c’est pas la vie de château, le soleil y est avare, la belle saison courte et les passionnés qui s’y aventurent versent beaucoup de sueur. Et pourtant, la production grandit, y compris grâce au changement climatique.

© Situé juste au sud de Malmö, le domaine viticole de Murre Sofrakis et Lena Jörgensen 

Loin des vignobles millénaires d’Europe continentale, Murre Sofrakis arpente les vignes. Dans la province de Scanie en Suède méridionale, ce gaillard à la barbe noire et au visage buriné possède un vignoble de quelque deux hectares. Il est l’un des plus grands producteurs de vin du pays.

Quand il se lance, en 2001, il presse 100 litres issus de 17 différents cépages. « Ca prend un peu de temps au début de trouver le bon cépage. Il faut apprendre à cultiver et ici on n’a pas les traditions », dit-il. Il règne aujourd’hui sur la propriété de Klagshamn dont il est propriétaire (aidé sa compagne et de deux employés) et sur celle de Flädie en tant que vigneron.

Le quinquagénaire produit 20.000 bouteilles par an, près d’un tiers de la production nationale mais une goutte de nectar à l’échelle mondiale: en Suède, seulement 100
hectares sont consacrés à la culture de la vigne, contre 750.000 en France.

Et l’économie du vin local n’a rien à voir avec celle du Bordelais, de la Napa Valley ou du piémont andin. Selon la Fédération suédoise des exploitants agricoles LRF, le chiffre d’affaires moyen d’une exploitation en 2016 était de 600.000 couronnes (56.000 euros).

A Flädie, Murre peut compter sur une centaine d' »amis du vin », des bénévoles qui viennent lui prêter main-forte pendant leur temps libre. En cette fin d’été, deux retraités taillent la vigne au sécateur pour permettre une meilleure exposition des grappes avant les vendanges.

HAUSSE DU MERCURE ET DES RENDEMENTS

Principalement des amateurs éclairés, les vignerons nordiques commencent à recruter des spécialistes, souvent à l’étranger. Auprès de Murre, Jixing Ding, un oenologue
chinois de 31 ans, fait ainsi office de maître de chai. Les vignes nordiques donnent majoritairement un vin blanc produit à partir de la Solaris, un cépage hybride allemand dur au froid et adapté au climat scandinave où la période de maturation des raisins est courte.

« C’est très facile à cultiver en terme de résistance aux maladies et c’est relativement vigoureux », énumère pour l’AFP Torben Andersen, professeur à l’Université de Copenhague et expert en viticulture des pays froids.

Malgré les rudes conditions de l’activité, la viticulture se développe dans la région. Pour Sveneric Svensson, président de l’Association viticole suédoise, cette tendance ne s’explique « pas par le changement climatique, mais par le développement de nouveaux cépages qui ont besoin de moins de chaleur ».

Le thermomètre qui grimpe présente pourtant des avantages, permettant d’augmenter les rendements. Une hausse d' »un degré en un siècle, ça aide (…), on voit des changements qui facilitent (le travail du vigneron) et le rendent plus sympa », ajoute M. Andersen. Particulièrement chaud, l’été 2018 a donné un un cru exceptionnellement important.

En Suède, une trentaine de vignerons commercialisent leur production. Chez le voisin danois, ils sont une petite centaine.

VIN BIO

Si les vignerons se piquent, ici, de faire un vin bio, rares sont ceux qui disposent d’un label certifié car les procédures sont jugées trop onéreuses et chronophages.
« Tout est fait à la main, on n’utilise pas de produits chimiques, seulement des préparations bio. Et puis, en Suède (comme au Danemark), il est interdit d’utiliser
du cuivre », utilisé dans la lutte contre le mildiou, la maladie des plantes, mais de plus en plus contesté à cause de sa nocivité pour les sols, souligne Murre.

Un seul vignoble nordique, à Dons au Danemark, satisfait aux critères du label européen d' »appellation d’origine protégée » (AOP). Le marché du vin est principalement local et si au Danemark la vente à la propriété est autorisée, elle est interdite en Suède et en Finlande, où l’alcool est distribué par les magasins du monopole d’Etat.

Mais à propos, que vaut ce vin du Grand nord conçu sur des terres de bière et d’eau-de-vie ? « 95% des personnes qui goûtent à l’aveugle (un vin suédois) trouvent qu’il a un bon bouquet et qu’il est très bon en bouche », affirme le sommelier Mattias Säfvenberg.

Pour Andrew Reynolds, professeur de viticulture à l’Université Brock (Canada), « la qualité (des vins nordiques) est plus qu’acceptable et va s’améliorer avec le temps et l’introduction d’autres variétés ».

Pour autant, ils devraient tarder à conquérir le monde, contrairement aux sommeliers, omniprésents dans les compétitions internationales, à l’instar du Suédois Jon Arvid Rosengren, sacré en 2016 meilleur sommelier du monde.

Avec AFP

28 Sep

Dans le Bordelais, « on va faire un super millésime »…

Au château Grand Launay et Haut Lorettes, dans le nord de la Gironde, sécateurs et machines à vendanger tournent à plein régime pour les vendanges des rouges. Pierre Henri Cosyns a le sourire : « on va faire un super millésime, grâce à un été très chaud ».

Les premiers merlots ramassés dans le bordelais – photo d’illustration © JPS

Ce viticulteur bordelais produit à Teuillac un Bordeaux « moderne », fruité plus que boisé, soyeux, frais, prêt à boire en toute circonstance, loin des « vins bodybuildés »
qu’a connus Bordeaux sous l’ère du critique américain Robert Parker et dont le goût se perd. « Aujourd’hui, la plupart de mes marchés, en France, au Canada, en Finlande et jusqu’au Liban, veulent des degrés bas. Ils ne veulent pas de vins hyper alcoolisés », ajoute M. Cosyns qui assemble plusieurs cépages pour fabriquer ce vin « funky ».
« Aujourd’hui, on a une image d’un vin de Bordeaux inabordable, de grands investisseurs. Oui, il y en a mais pas seulement », renchérit son oenologue, Thomas Duclos. « On est en France une des régions qui a le plus évolué en terme technique et environnemental ces dix dernières années, et sur la gamme des 5-15 euros, Bordeaux est imbattable en qualité ». « Mais on n’a aucun message clair! » vis-à-vis du consommateur, dit-il, déplorant l’image « hypertraditionnelle » du Bordeaux.

C’EST TRES PROMETTEUR

Au chais, M. Duclos goûte rapidement les premiers raisins pressés : « C’est très prometteur, avec des similarités assez importantes avec 2018. Dans l’ensemble, on va vers des vins plutôt chaleureux avec de la fraîcheur aromatique, plutôt denses, tanniques », développe-t-il. « On a une belle maturité. Les pluies de ces derniers jours sont très intéressantes pour les cabernet sauvignon qui vont finir leur maturation », ajoute l’oenologue. « Le tort de Bordeaux en ce moment est d’enchaîner les bons millésimes! », s’amuse-t-il.

Dans le Bordelais, épargnés cet été par les maladies, les viticulteurs prennent le temps de vendanger pour obtenir une maturité parfaite.

UNE PRODUCTION ESTIMEE A 5,1 MILLIONS D’HECTOLITRES

Les pluies récentes ont permis de développer la pourriture noble, indispensable pour les liquoreux dont les vendanges devraient débuter la semaine prochaine à Sauternes.  Elles pourraient également permettre d’augmenter les rendements. Sur l’ensemble du bordelais, l’interprofession s’attend à un rendement dans la moyenne décennale de 5,1 millions d’hectolitres.

La pluie permettrait aussi de diluer sucres et acides, très concentrés dans les baies cette année et source de degrés alcooliques élevés, comme pour les blancs dont les vendanges s’achèvent avec des rendements moyens voire faibles.

Pierre Henri Cosyns, un ancien ingénieur, s’est lancé dans le bio en 2012, le sans soufre l’année suivante. Cette approche lui permet de vendre son vin, trop bien même puisque ces stocks sont bas après la grêle l’année dernière et le gel en 2017 qui a fait chuter la production de 40% dans la plus grande région viticole française.

UN ETAT DES LIEUX HETEROGENE

A l’opposé, d’autres viticulteurs ne savent pas où mettre la nouvelle récolte, leurs chais sont encore pleins tant les ventes de Bordeaux sont en berne avec des cours extrêmement bas pour le vrac. L’image d’un vin « bourgeois », qui décourage certains consommateurs, mais aussi la désaffection de la Chine qui se tourne vers l’Australie et le Chili, des pays avec qui elle a passé des accords douaniers : le vigneron dresse un « état des lieux gravissime ».  « Ceux qui s’en sortent, ce sont les grands crus et les petits propriétaires innovants », résume le vigneron.

AFP

Vendanges au château Réaut: 600 propriétaires et amis dans les rangs de vigne aujourd’hui pour la récolte du 2019

Chaque année, ce sont des vendanges particulières qui se déroulent au château Réaut en Côtes de Bordeaux. 600 vendangeurs y sont attendus, les copropriétaires, dont de nouveaux et des amis de ceux-ci, sont sur le pont pour cueillir les grappes de leur domaine.

Les vendanges ont débuté ce matin à © château Réaut

Pour cette 8e édition des vendanges de château Réaut, ce sont quelques 600 copropriétaires et amis de ce château des Côtes de Bordeaux qui participent à cette récolte festive et musicale du millésime 2019.

L’histoire a débuté en juin 2012, 427 amateurs et passionnés de vin sont ainsi devenus propriétaires de quelques rangs de vigne, en se réunissant  sous un Groupement Foncier Viticole. Celui-ci leur a permis d’acquérir quelques pieds, de pouvoir se vanter d’être châtelain ou propriétaire viticole à moindre coût et aussi de remplir chaque année leur cave avec cette cuvée château Réaut. Vu le succès, château Réaut a décidé d’ouvrir un nouveau GFV afin d’accueillir une centaine de nouveaux actionnaires français et étrangers.

La terrasse, attenante au chai, qui domine la vallée de la Garonne © château Réaut

Depuis, château Réaut a pas mal évolué, en se dotant il y a un an tout juste d’un tout nouveau chai signé Baggio-Piéchaud, avec un système unique  de cuves bétons dites « en arc inversé », avec également les conseils du célèbre oenologue Michel Rolland.

Un chai à découvrir également car dédié à la visite avec sa vaste terrasse, qui domine la vallée de la Garonne, et depuis cet été une table d’hôte (sur réservation).

27 Sep

« En voiture Simone », le Cadillac Tour redémarre le 17 octobre à Bordeaux !

Cela sera le 4e Cadillac Tour et 2e à Bordeaux. 20 vignerons de Cadillac Côtes de Bordeaux seront dans une vingtaine de bars à vins de la gare à la Cité du Vin en passant par Saint-Michel et les Chartrons pour faire découvrir les vins de Cadillac blancs liquoreux ou rouges. Avec une belle Cadillac qui fera le show tout au long du trajet de 18 h à 21h30.

Lucille Auger des Côtes de Bordeaux, Hugues Hardy du Château Faugas et Emma Baudry © JPS

C’était jeudi dernier une rencontre avec les Cadillac Côtes de Bordeaux chez Jean, place du Parlement. L’occasion pour cette appellation qui se bouge, et pas seulement en Cadillac (mais qui en joue énormément), de faire parler de cette appellation qui produit de bons moelleux, liquoreux aussi mais aussi de grands vins rouges à des prix attractifs.

« LA TOURNEE DES GRANDS DUCS » EN CADILLAC

Sur le pont Emma Baudry, responsable de l’Union des vins doux de Bordeaux, et Hugues Hardy, vigneron du château Faugas, et Lucille Auger des Côtes de Bordeaux, nous dévoilent le prochain Cadillac Tour qui aura lieu à Bordeaux le 17 octobre prochain.

L’an dernier, le 1er Cadillac Tour Bordeaux avait connu un joli démarrage avec 15 vignerons présents sur 14 lieux, qui ont permis de faire 1000 dégustations et de toucher 30000 personnes sur les réseaux sociaux. « L’an dernier, il a fallu convaincre les cavistes et les bars pour nous recevoir, cette année il y a beaucoup de demandes spontanées, ils se sont tous portés volontaires.

C’est une appellation fière de ses traditions, mais qui s’inscrit dans le modernisme », Hugues Hardy du château Faugas.

Notre cible ce sont des hommes et des femmes, dans les grandes villes, de 25 ans et plus. Avant le public ne savait pas où nous situer, maintenant on commence à avoir des rayonnages dédiés à notre appellation… Nos vins sont uniquement mis en bouteilles au château et vendus à la propriété, on n’a pas de marché en vrac, ou pour le négoce », explique ce jeune vigneron du château Faugas, exploitant 13 hectares de vignes en rouge et blanc moelleux à Gabarnac. Un château où a été tourné en 1977 une scène du film « Vous n’aurez pas l’Alsace et la Lorraine » de Coluche avec Gérard Lanvin…mémorable.

Un château Reynon, en souvenir de Denis Dubourdieu © JPS

Pour cette 2e édition le 17 octobre, 18 vignerons seront mobilisés en 18 lieux de Bordeaux, avec une Cadillac rutilante qui fera escale de bar en cave et de cave en bar, de la gare Saint-Jean à la Cité du Vin en passant par Saint-Michel et les Chartrons. « La voiture, c'(est bien sûr l’élément de curiosité, qui va attirer le regard » et permettre aux amateurs de se faire prendre en selfies devant, voire dedans.

Ce concept plait beaucoup, notamment dans ces quartiers vivants, auprès des jeunes actifs » Hugues Hardy du château Faugas.

Ainsi après Bordeaux, Paris, Nantes, et de nouveau Bordeaux, « un prochain Cadillac Tour aura lieu à Lille l’année prochaine le 9 avril ».

Une Cadillac se rendra de cave en bar à vins et vice versa sur une vingtaine de lieux avec Benjamin Bardel © Cadillac Tour

DES VINS QUI MERITENT DE SE FAIRE CONNAITRE

Le vignoble de Cadillac Côtes de Bordeaux est réparti sur 22 communes et compte 250 vignerons qui produisent des rouges et des blancs  moelleux et liquoreux.Plus de 60% du vignoble est en agriculture biologique ou certifié HVE (haute valeur environnementale), « l’objectif est de passer à 90% en 2020, à ce jour 155 vignerons sont certifiés. » Hugues Hardy ajoute aussi la démarche engagée sur « le classement Unesco de l’ensemble des Côtes de Bordeaux, il faut le souhaiter pour bloquer ces PLU qui construisent n’importe où, au mépris de la vie agricole, la pression urbaine est claire et nette. Nous en sommes à une étude de faisabilité, l’objectif est de mobiliser les élus autour d’un projet structurant et des territoires. »

L’augmentation de vente auprès des étrangers est de 4%, 11% auprès des Girondins, de l’Ile de France, du Royaume Uni et de la Belgique. La Maison des Vins de Cadillac a connu une affluence de 18250 personnes l’an dernier, avec une moyenne de 2,3 à 2,5 bouteilles achetées, des bouteilles dont les prix varient entre 8 et 16€.

26 Sep

Disparition de Jacques Chirac, le compagnon de route des agriculteurs et amateur de bonne chère

De nombreux Français ont le coeur serré en cet instant où le Grand Jacques tire sa révérence. Le Président Chirac s’est éteint ce jour à l’aube de ses 87 ans. L’humain était au centre de ses préoccupations et il s’était attiré la sympathie de tous pour son soutien au monde rural, son amour du Salon de l’Agriculture, de la Corona, un peu de vin et de la tête de veau.

Jacques Chirac et Alain Juppé à la foire de Bordeaux en 2001 © France 3 Aquitaine

Président de 1995 à 2007, Jacques Chirac est aujourd’hui l’un des plus aimés présidents de la Ve République, après le Général de Gaulle et peut-être à égalité avec François Mitterrand. Evidemment, son bilan est bien sûr discutable, qualifié par son ancien disciple Nicolas Sarkozy de « roi fainéant », il n’en demeure pas moins qu’il a tenu les rennes, marquant la France et le monde de son empreinte à travers plusieurs prises de positions:  il fut l’homme qui a reconnu la responsabilité de l’état dans la déportation des Juifs et notamment du Vel d’Hiv, l’homme qui a dit non à la guerre en Irak, l’homme des derniers essais nucléaires français, l’homme de l’arrêt du service militaire, de la réforme des retraites, des baisses d’impôts…. Et de la dissolution…oups. Et de cette fameuse phrase au sommet de Johannesburg  qui résonne aujourd’hui comme d’une actualité des plus justes :  « notre planète brûle et nous regardons ailleurs… » 

Homme de droite, il avait sans doute le coeur à gauche, car il aimait à se dépeindre lui-même en tant qu’amateur de bière et de choucroute. C’était avant tout un bon vivant, qui comme le président Hollande après lui et Macron dernièrement avait à coeur de soutenir le monde agricole (qu’il avait appris à connaître en Corrèze et en tant que ministre de l’agriculture). Il fut le premier à battre le record dans les allées du salon à tâter le culs des vaches, plaisanter avec les agriculteurs, soutenir ce monde paysan, manger de la charcuterie ici, du boeuf braisé là, sans oublier sa fameuse tête de veau...le tout arrosé de bons vins français et au passage de quelques bières….

Ce n’était pas le président des sodas, sauf à employer une expression « pschitt… » qui a presque réussi à endormir son interlocutrice, c’était le président du terroir, de la bonne chère, des spécialités bien de chez nous qui font le charme de la France.

Alain Juppé invité ce jeudi soir du journal de France 2 pour parler de son mentor

Alors au-delà de l’homme politique que l’on aime ou pas, de son histoire sans douté décriée (avec l’affaire des emplois fictifs), il y a  l’homme tout court attachant par son écoute de l’autre, avec toujours un petit mot à ses « chers compatriotes » comme il les appelait qu’il aimait profondément, avec son allure de grand énervé, un peu stressé, toujours pressé, qui aimait la France rurale qu’il sillonnait avec sa Citroën: « c’est beau, mais c’est loin » était son refrain préféré. Un Jacques Chirac que j’ai pu rencontrer plusieurs fois, en tant que journaliste, le suivre en 95 en Lorraine ou encore en 2001 à Bordeaux, où il était venu voir son ami de toujours, son poulain, Alain Juppé qui à l’époque transformait la ville…et avait été réélu dès le premier tour des municipales de 2001. Sur le salon de la foire de Bordeaux « et un petit coup à gauche Mr le Président », lui avait dit malicieusement AJ et que j’avais pu saisir…un bon souvenir.

Chacun a ses propres souvenirs avec cet Homme qui parle à tout le monde en somme.

Regardez la rétrospective de Jacques Chirac à Bordeaux, réalisée par Jean-Pierre Stahl, et sur les liens étroits entre Jacques Chirac et Alain Juppé :

24 Sep

Le N°5 Wine Bar sacré pour la 3e fois meilleur bar à vins au Monde

Cocorico, le N°5 Wine Bar de Toulouse vient  de gagner le plus titre de meilleur bar à vin du monde… pour la 3e fois. Après ses titres de 2018 et 2017, il a reçu ce nouveau prix à Londres le 11 septembre dernier.

© Le N°5 Wine Bar à Toulouse: deux étoiles bientôt rejointes par la 3e

Les propriétaires du N°5 Wine Bar ont de quoi être fiers, Anne et Thomas Cabrol ont remporté de nouveau ce titre en 2019, qui traduit de nombreux efforts.

Cette adresse hors du commun avait déjà été élu Meilleur Bar à vins du Monde en 2017 et 2018, et d’Europe, en 2016,2017et 2018.

© Thomas Cabrol qui a décroché sa 3e étoile le 11 septembre

Ce sont pas moins de 4000 références de vins qui y sont proposées, avec 500 vins au verre, ce qui lui a d’ailleurs valu aussi la récompense de « meilleur établissement pour le vin au verre. » Cette adresse est bien connue pour ses fabuleux accords mets et vins.

Le Wine Bar est ouvert du mardi au samedi de de 18h à minuit.

Regardez le reportage de mes confrères d’Occitanie : 

23 Sep

Saint-Julien : les 100e vendanges de la famille Cordier au château Talbot

 Alors que c’est aujourd’hui un coup d’envoi des vendanges en rouges un peu partout dans le bordelais, Nancy Bignon-Cordier et son époux Jean-Paul Bignon célèbrent les 100 ans des vendanges à château Talbot. C’est l’arrière grand-père, Désiré Cordier, viticulteur originaire de Toul en Lorraine, qui avait acheté le domaine en 1918, après avoir acquis 3 autres châteaux du bordelais. 

Une troupe de 55 vendangeurs fidèles depuis des années qui viennent du Portugal © JPS

C’est un moment historique et d’émotion pour Nancy Bignon-Cordier car c’est aujourd’hui le coup d’envoi des 100e vendanges de sa famille au château Talbot, 4e cru classé 1855, à Saint-Julien-Beychevelle.

Son arrière-grand-père Désiré-Nicolas Cordier, que la famille appelait « papa Dé », était venu de Lorraine, de Toul très exactement où il était viticulteur et producteur de gris de Toul, juste avant la 1ère guerre mondiale. Il avait installé sa famille en Gironde, sans doute par crainte d’une nouvelle guerre, après la triste guerre de 1870-71 qui avait marqué de nombreux Lorrains.

Nabcy Bignon Cordier, arrière-petite-fille de Désiré Cordier et son époux Jean-Paul Bignon, ancien avocat qui travaille à ses côtés © JPS

Un centenaire qui procure « beaucoup de fierté, et une grand joie et on espère continuer encore et encore », me précise Nancy Bignon-Cordier, la propriétaire de château Talbot, château qui doit son nom au célèbre Anglais John Talbot, qui malheureusement pour lui a été vaincu lors de la bataille de Castillon en 1453.

« En arrivant, je pense qu’il connaissait cette région, car en tant que viticulteur en Lorraine, il avait du se promener un peu partout en France, il est devenu amoureux de la région et c’est comme cela qu’il acquis plusieurs propriétés », continue Nancy Bignon-Cordier.

Château Talbot, un 4e cru classé à Sain-Julien © JPS

Avant château Talbot, Désiré Cordier avait acheté 3 châteaux dont Lafaurie-Peyraguey (1er cru classé de Sauternes), Fanning Lafontaine dans les Graves et Gruaud-Larose (2e cru classé). Il avait un savoir faire qu’il a su transmettre.

« On recherche un certain équilibre, avec certes des tanins, mais beaucoup d’acidité », m’explique Jean-Michel Laporte directeur à la table de tri. « On recherche l’équilibre et la longueur en bouche, plutôt que la puissance. C’est un vin un peu d’esthète, un peu d’amateur éclairé, et Talbot traverse les siècles, c’est vraiment cela, cette idée de la famille, d’un terroir que je veux aujourd’hui préserver avec Mr et Mme Bignon »

Désiré Cordier s’était aussi aperçu d’une longévité exceptionnelle des habitants du Médoc qui dépassaient allègrement les 80 ans, à tel point qu’il avait fait venir ici Albert Lebrun en 1934…

Jean-Paul Bignon et son épouse Nancy Bignon-Cordier dans le grand chai de château Talbot  © JPS

« C’est pour cela qu’il avait fait venir le président de la République de l’époque, pour justement fêter la longévité des gens du Médoc », commente Nancy. Et Jean Paul Bignon de compléter : « il avait, avant tout le monde, inventé le « french paradox », c’est à dire : boire du vin avec modération avait plutôt tendance à faire que les gens vieillissaient mieux et plus longtemps et il l’avait constaté dans le Médoc. »

Cordier, un grand nom qu’il a laissé aussi à une célèbre maison de négoce bordelaise. Une histoire qui se perpétue aujourd’hui.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Pascal Lécuyer et Charles Rabréaud

20 Sep

Journées du Patrimoine : découvrez le monde viticole au CAPC de Bordeaux avec Bordeaux Vineam

En voilà une idée originale. Faire découvrir au plus grand nombre, petits et grands, le monde viticole, version Bordeaux Vineam. Cet acteur du bio et du sans sulfites à Bordeaux propose cette sortie au Musée d’Art Contemporain de Bordeaux (CAPC) rue Ferrère, à  l’occasion des Journées Européennes du Patrimoine 

© Bordeaux Vineam

Le groupe Bordeaux Vineam privilégie depuis plusieurs années la pédagogie auprès du jeune public : chaque année des collégiens bordelais viennent vendanger sur l’une des propriétés du groupe et reçoivent une formation complète sur le métier de vendangeur et une sensibilisation à la consommation d’alcool.

En mars dernier, des élèves de Grande section et CP de l’école Le Pian sur Garonne avaient également participé à un ambitieux projet d’agroforesterie en plantant près de 200 m2 de haies autour d’une parcelle de vigne destinée à produire la « Cuvée des mille arbres aux 50 cépages ».

DEMANDEZ LE PROGRAMME:

Samedi 21 septembre à partir de 14h30 :

Atelier du Regard du CAPC en compagnie de Jean-Baptiste Soula, Directeur Général de Bordeaux Vineam

  • Ecrasé de raisins pour les plus petits : en cette période de vendanges, voici l’occasion pour les plus jeunes de s’initier à la technique ancestrale du foulage du raisin pieds nus !
  • Dégustation pour les plus grands 

– Dégustation des premiers jus de la vendange 2019 du Château Grand Ferrand, l’une des 6 propriétés du groupe Bordeaux Vineam

– Dégustation de deux cuvées bio et sans sulfites : Bio Full Bordeaux 2017 et Bio Full Malbec 2017

Dimanche 22 septembre à partir de 14h30 :

Atelier du Regard du CAPC en compagnie de Stanislas Delattre, Commercial de Bordeaux Vineam (programme identique)

Avec Bordeaux Vineam.

19 Sep

10 000 vignerons et négociants de Bordeaux attendus au match Bordeaux-Monaco

Cette année encore, l’opération grappe et ballon rond est une affaire qui roule. A l’occasion de la 14e journée de ligue 1, 10 000 vignerons et négociants seront invités au grand stade le 23 novembre prochain au match Bordeaux-Monaco. Cette opération est née en 2017 après le terrible gel qui avait fait perdre 40% de récolte à Bordeaux, histoire de montrer la solidarité des Girondins avec leurs partenaires et le vignoble de Bordeaux.

10 000 places vont être mises à disposition exclusive des vignerons, négociants, de leur famille et des équipes des châteaux, via une plateforme dédiée.

Cette 2e opération, reconduite le 16 septembre, a été décidée à l’origine à redonner du baume au coeur de l’équipe gagnante de la viticulture bordelaise, qui avait un genou à terre, taclée par un gel quasi meurtrier. En effet fin avril 2017, pratiquement tout le vignoble avait été plus ou moins touché par le gel, un gel qui a fait perdre exactement 39% de la récolte à Bordeaux. Bordeaux en paie toujours les stigmates car de nombreux marchés ont été perdus, la concurrence notamment étrangère a réussi à les récupérer et le tableau (de match) n’est toujours pas rose.

La couleur Bordeaux sera en tout cas sur les maillots ou dans les coeurs de tous pour ce match du 23 novembre. Comme à l’automne 2018 où 7000 vignerons et négociants, et toute leur famille, étaient venu applaudir les Girondins à l’occasion du match Bordeaux-Saint-Etienne, les tribunes seront envahies de la même manière par une horde de vignerons aux mains violacées, à peine remis de la vendange 2019, qui pour l’heure s’annonce pas mal.

Comme le veulent le Civb et les Girondins, cette démarche se résume ainsi : « les vignerons et négociants de Bordeaux sont les premiers supporters des Girondins ; et les Girondins les premiers supporters des vignerons et négociants de Bordeaux ».

 

18 Sep

Dossier vendanges à Bordeaux : quand doit-on débuter la récolte ? « C’est principalement la dégustation des baies qui fait qu’on déclenche une vendange »

C’est reparti pour les dossiers « vigne & vin » une fois par mois le jeudi dans le 12/13 sur France 3 Aquitaine. Ce jeudi, nous vous proposons de vous éclairer sur cette question presque existentielle pour le vigneron: savoir quand faut-il donner le feu vert pour vendanger. Eléments de réponse au château Gazin qui a débuté jeudi ses vendanges de merlots, puis au Clos Saint-Julien qui a attendu ce jour pour vendanger et enfin au laboratoire Oenoteam à Libourne qui sur la base d’analyses donne des renseignements et des conseils aux propriétés. A voir dès midi avec l’analyse en plateau de Frédéric Lot.

Christophe de Bailliencourt et Michaël Obert du château Gazin à Pomerol © JPS

8 heures au château Gazin, un terroir magnifique sur le plateau de Pomerol… Nicolas et Christophe de Bailliencourt les co-propriétaires se rendent dans leurs parcelles de vignes prêtes à être vendangées. C’est Michaël Obert, le directeur du château, ingénieur agronome et oenologue, qui a donné le coup d’envoi des équipes de vendangeurs dès jeudi dernier, dès le 12 septembre:

C’est un moment où il ne faut pas se louper, Michaël fait le tour du vignoble tous les matins, et petit à petit, il sent les choses venir. Ce n’est pas un déclenchement pour toute la vendange, on ajuste en fonction du temps et de la maturité. Là, c’est parti pour 2 ou 3 jours et on prendra le temps de réfléchir ensuite… », Christophe de Bailliencourt château Gazin.

Les premiers merlots ramassés a château Gazin © JPS

Ce château de Pomerol est parmi les plus précoces, mais en ce 17 septembre, son illustre voisin Pétrus a aussi fait sortir ses vendangeurs, tout comme la Conseillante, non loin. « Ici à Pomerol on vendange toujours 8 jours avant Saint-Emilion, et Saint-Emilion 8 jours avant les Côtes de Castillon… », me confie-t-il.

La date de vendanges a tout de même ici été avancée : « on a vendangé une semaine avant par rapport à nos prévisions du fait des températures qui ont remonté. Ca se ramasse bien, après nous avons de petites baies très concentrées, par manque d’eau. On devrait obtenir un rendement dans la moyenne décennale de 40 hectolitres à l’hectare », explique Michaël Obert.

Si ce château appartient à la famille depuis plus d’un siècle, depuis 1918 avec Louis Soualle, le lancement des vendanges à la bonne date est toujours une question cruciale à laquelle on n’y répond que chaque année, qu’à chaque millésime et selon les conditions climatiques différentes.

Pour lancer une vendange, il y a plusieurs paramètres, il y a bien évidemment les équilibres entre les taux de sucre et l’acidité, mais actuellement on est plus dans une philosophie du goût du raisin, du goût du vin et surtout de la qualité des tanins, mais c’est principalement la dégustation des baies qui fait qu’on déclenche une vendange, » Michaël Obert directeur de château Gazin.

Michaël Obert et Christophe de Bailliencourt goûtant les premiers jus de 2019 © JPS

Arrivé au chai, Christophe de Bailliencourt est fier de montrer ce bel outil technique pour la réception de vendanges avec sa table de tri et sa dizaine de personnes qui sont chargées d’éliminer tout élément végétal de ce tapis de caviar noir… « On ne recherche pas la surconcentration, la surmaturité, on cherche à préserver le fruit et la fraîcheur, on est dans le grand Pomerol classique », me confie-t-il.

Sophie Aribaud et Catherine Papon, goûtant les baies du Clos Saint-Julien © JPS

Au Clos Saint-Julien, vignoble en bio, juste à côté des Grandes Murailles des Saint-Emilion, chez Catherine Papon, on est encore en train de goûter les baies. Elle est accompagnée de sa conseillère viticole, Sophie Aribaud, qui lui apporte son aide précieuse pour déterminer la bonne maturité de ses merlots: cet été, ils ont un peu souffert du manque d’eau, comme partout à Bordeaux:

On observe en ouvrant la baie les pépins (2 à 3), la chair qui se détache et les anthocyanes, la couleur qui vient de la pellicule © JPS

« Il faut bien goûter car c’est une année assez hétérogène qui a démarré dans la difficulté, » explique Sophie Aribaud.« On a une année plein de contrastes le gel, et puis cette fin de saison qui est chaude et sèche, ce qui fait qu’on peut avoir un raisin qui se flétrit vite, chargé en sucre et avec des acidités pour lesquelles il faut aussi faire attention, » continue Sophie Aribaud conseillère viticole.

Tout est une question de choix et de philosophie dans la manière de conduire son vignoble, de l’amener de la floraison à la maturité souhaité et jusque dans la cuve : 

Il faut savoir si on veut faire des vins très riches, très tanniques, avec beaucoup d’alcool et peu d’acidité ou si au contraire on veut faire des vins un peu plus sur le fruit, nous on est en bio depuis 10 ans et on considère que le fruit c’est important…Que les équilibres tanins, anthocyanes et acidités sont très importants » Catherine Papon du Clos Saint-Julien

La décision a donc été prise de démarrer le ramassage des merlots dès ce mercredi 18 septembre au Clos Saint-Julien, 1 hectare et demi en Saint-Emilion.

A quelques kilomètres de là, au laboratoire Oenoteam, cela bouillonne, cette effervescence est due aux analyses qui se succèdent sur les baies prélevées dans les parcelles de châteaux et dans les préparations, ces baies broyées et laissées macérées,des jus mixés aux odeurs de fruits prononcés, certains sentant même la fraise…

« Toutes les analyses que l’on fait sont indispensables à la prise de décision mais elles ne se suffisent pas à elle-mêmes car cela ne remplace absolument pas le travail de terrain…qui consiste à aller déguster des baies mais aussi observer l’état général du vignoble », commente Marie-Laure Badet-Murat, oenologue associée à Stéphane Toutounji, Thomas Duclos et Julien Belle chez Oenoteam.

Stéphane Toutoundji et Marie-Laure, du laboratoire Oenoteam à Libourne et bientôt à Pauillac… © JPS

« On va contrôler d’abord la maturité technique: l’équilibre entre le sucre et l’acidité, éventuellement s’il y a des carences pour certains nutriments au niveau de la fermentation alcoolique, c’est vraiment la base, ensuite on a des analyses plus spécifiques pour caractériser la maturité phénollique, des composés qui vont donner la couleur et la structure donc la capacité de vieillissement du vin. »

Comme quoi ce déclenchement de vendanges correspond en partie à une science mais pas tout-à-fait exacte, l’humain joue beaucoup, à travers l’observation à la vigne et dans cette capacité gustative à déceler, en goûtant la baie, l’instant T, celui de la jusTe MATURITE.

Un dossier réalisé par Jean-Pierre Stahl, Pascal Lécuyer et Boris Chague, à voir ce jeudi dans le 12/13 de France 3 Aquitaine avec l’éclairage de Frédéric Lot, expert en vins :