28 Sep

Dans le Bordelais, « on va faire un super millésime »…

Au château Grand Launay et Haut Lorettes, dans le nord de la Gironde, sécateurs et machines à vendanger tournent à plein régime pour les vendanges des rouges. Pierre Henri Cosyns a le sourire : « on va faire un super millésime, grâce à un été très chaud ».

Les premiers merlots ramassés dans le bordelais – photo d’illustration © JPS

Ce viticulteur bordelais produit à Teuillac un Bordeaux « moderne », fruité plus que boisé, soyeux, frais, prêt à boire en toute circonstance, loin des « vins bodybuildés »
qu’a connus Bordeaux sous l’ère du critique américain Robert Parker et dont le goût se perd. « Aujourd’hui, la plupart de mes marchés, en France, au Canada, en Finlande et jusqu’au Liban, veulent des degrés bas. Ils ne veulent pas de vins hyper alcoolisés », ajoute M. Cosyns qui assemble plusieurs cépages pour fabriquer ce vin « funky ».
« Aujourd’hui, on a une image d’un vin de Bordeaux inabordable, de grands investisseurs. Oui, il y en a mais pas seulement », renchérit son oenologue, Thomas Duclos. « On est en France une des régions qui a le plus évolué en terme technique et environnemental ces dix dernières années, et sur la gamme des 5-15 euros, Bordeaux est imbattable en qualité ». « Mais on n’a aucun message clair! » vis-à-vis du consommateur, dit-il, déplorant l’image « hypertraditionnelle » du Bordeaux.

C’EST TRES PROMETTEUR

Au chais, M. Duclos goûte rapidement les premiers raisins pressés : « C’est très prometteur, avec des similarités assez importantes avec 2018. Dans l’ensemble, on va vers des vins plutôt chaleureux avec de la fraîcheur aromatique, plutôt denses, tanniques », développe-t-il. « On a une belle maturité. Les pluies de ces derniers jours sont très intéressantes pour les cabernet sauvignon qui vont finir leur maturation », ajoute l’oenologue. « Le tort de Bordeaux en ce moment est d’enchaîner les bons millésimes! », s’amuse-t-il.

Dans le Bordelais, épargnés cet été par les maladies, les viticulteurs prennent le temps de vendanger pour obtenir une maturité parfaite.

UNE PRODUCTION ESTIMEE A 5,1 MILLIONS D’HECTOLITRES

Les pluies récentes ont permis de développer la pourriture noble, indispensable pour les liquoreux dont les vendanges devraient débuter la semaine prochaine à Sauternes.  Elles pourraient également permettre d’augmenter les rendements. Sur l’ensemble du bordelais, l’interprofession s’attend à un rendement dans la moyenne décennale de 5,1 millions d’hectolitres.

La pluie permettrait aussi de diluer sucres et acides, très concentrés dans les baies cette année et source de degrés alcooliques élevés, comme pour les blancs dont les vendanges s’achèvent avec des rendements moyens voire faibles.

Pierre Henri Cosyns, un ancien ingénieur, s’est lancé dans le bio en 2012, le sans soufre l’année suivante. Cette approche lui permet de vendre son vin, trop bien même puisque ces stocks sont bas après la grêle l’année dernière et le gel en 2017 qui a fait chuter la production de 40% dans la plus grande région viticole française.

UN ETAT DES LIEUX HETEROGENE

A l’opposé, d’autres viticulteurs ne savent pas où mettre la nouvelle récolte, leurs chais sont encore pleins tant les ventes de Bordeaux sont en berne avec des cours extrêmement bas pour le vrac. L’image d’un vin « bourgeois », qui décourage certains consommateurs, mais aussi la désaffection de la Chine qui se tourne vers l’Australie et le Chili, des pays avec qui elle a passé des accords douaniers : le vigneron dresse un « état des lieux gravissime ».  « Ceux qui s’en sortent, ce sont les grands crus et les petits propriétaires innovants », résume le vigneron.

AFP

Vendanges au château Réaut: 600 propriétaires et amis dans les rangs de vigne aujourd’hui pour la récolte du 2019

Chaque année, ce sont des vendanges particulières qui se déroulent au château Réaut en Côtes de Bordeaux. 600 vendangeurs y sont attendus, les copropriétaires, dont de nouveaux et des amis de ceux-ci, sont sur le pont pour cueillir les grappes de leur domaine.

Les vendanges ont débuté ce matin à © château Réaut

Pour cette 8e édition des vendanges de château Réaut, ce sont quelques 600 copropriétaires et amis de ce château des Côtes de Bordeaux qui participent à cette récolte festive et musicale du millésime 2019.

L’histoire a débuté en juin 2012, 427 amateurs et passionnés de vin sont ainsi devenus propriétaires de quelques rangs de vigne, en se réunissant  sous un Groupement Foncier Viticole. Celui-ci leur a permis d’acquérir quelques pieds, de pouvoir se vanter d’être châtelain ou propriétaire viticole à moindre coût et aussi de remplir chaque année leur cave avec cette cuvée château Réaut. Vu le succès, château Réaut a décidé d’ouvrir un nouveau GFV afin d’accueillir une centaine de nouveaux actionnaires français et étrangers.

La terrasse, attenante au chai, qui domine la vallée de la Garonne © château Réaut

Depuis, château Réaut a pas mal évolué, en se dotant il y a un an tout juste d’un tout nouveau chai signé Baggio-Piéchaud, avec un système unique  de cuves bétons dites « en arc inversé », avec également les conseils du célèbre oenologue Michel Rolland.

Un chai à découvrir également car dédié à la visite avec sa vaste terrasse, qui domine la vallée de la Garonne, et depuis cet été une table d’hôte (sur réservation).