De nombreux Français ont le coeur serré en cet instant où le Grand Jacques tire sa révérence. Le Président Chirac s’est éteint ce jour à l’aube de ses 87 ans. L’humain était au centre de ses préoccupations et il s’était attiré la sympathie de tous pour son soutien au monde rural, son amour du Salon de l’Agriculture, de la Corona, un peu de vin et de la tête de veau.
Président de 1995 à 2007, Jacques Chirac est aujourd’hui l’un des plus aimés présidents de la Ve République, après le Général de Gaulle et peut-être à égalité avec François Mitterrand. Evidemment, son bilan est bien sûr discutable, qualifié par son ancien disciple Nicolas Sarkozy de « roi fainéant », il n’en demeure pas moins qu’il a tenu les rennes, marquant la France et le monde de son empreinte à travers plusieurs prises de positions: il fut l’homme qui a reconnu la responsabilité de l’état dans la déportation des Juifs et notamment du Vel d’Hiv, l’homme qui a dit non à la guerre en Irak, l’homme des derniers essais nucléaires français, l’homme de l’arrêt du service militaire, de la réforme des retraites, des baisses d’impôts…. Et de la dissolution…oups. Et de cette fameuse phrase au sommet de Johannesburg qui résonne aujourd’hui comme d’une actualité des plus justes : « notre planète brûle et nous regardons ailleurs… »
Homme de droite, il avait sans doute le coeur à gauche, car il aimait à se dépeindre lui-même en tant qu’amateur de bière et de choucroute. C’était avant tout un bon vivant, qui comme le président Hollande après lui et Macron dernièrement avait à coeur de soutenir le monde agricole (qu’il avait appris à connaître en Corrèze et en tant que ministre de l’agriculture). Il fut le premier à battre le record dans les allées du salon à tâter le culs des vaches, plaisanter avec les agriculteurs, soutenir ce monde paysan, manger de la charcuterie ici, du boeuf braisé là, sans oublier sa fameuse tête de veau...le tout arrosé de bons vins français et au passage de quelques bières….
Ce n’était pas le président des sodas, sauf à employer une expression « pschitt… » qui a presque réussi à endormir son interlocutrice, c’était le président du terroir, de la bonne chère, des spécialités bien de chez nous qui font le charme de la France.
Alors au-delà de l’homme politique que l’on aime ou pas, de son histoire sans douté décriée (avec l’affaire des emplois fictifs), il y a l’homme tout court attachant par son écoute de l’autre, avec toujours un petit mot à ses « chers compatriotes » comme il les appelait qu’il aimait profondément, avec son allure de grand énervé, un peu stressé, toujours pressé, qui aimait la France rurale qu’il sillonnait avec sa Citroën: « c’est beau, mais c’est loin » était son refrain préféré. Un Jacques Chirac que j’ai pu rencontrer plusieurs fois, en tant que journaliste, le suivre en 95 en Lorraine ou encore en 2001 à Bordeaux, où il était venu voir son ami de toujours, son poulain, Alain Juppé qui à l’époque transformait la ville…et avait été réélu dès le premier tour des municipales de 2001. Sur le salon de la foire de Bordeaux « et un petit coup à gauche Mr le Président », lui avait dit malicieusement AJ et que j’avais pu saisir…un bon souvenir.
Chacun a ses propres souvenirs avec cet Homme qui parle à tout le monde en somme.
Regardez la rétrospective de Jacques Chirac à Bordeaux, réalisée par Jean-Pierre Stahl, et sur les liens étroits entre Jacques Chirac et Alain Juppé :