C’était leur 3e opération à Bordeaux, et quelle nouvelle édition. Les Castillon-Côtes de Bordeaux sont victimes de leur succès. Les réservations ont été prises d’assaut. Sollicité depuis le début, je me suis laissé attendrir et j’ai testé « j’irai déguster chez vous…chez moi » ! Encore bravo à Yann Todeschini et Florence Lavau pour leur enthousiasme et cette façon de faire partager leur métier de vigneron et leur savoir-faire.
Le principe est des plus originaux. Et ce sont les seuls à Bordeaux à le proposer pour le moment. Un binôme de vignerons de Castillon vient à domicile faire découvrir leur appellation. Il suffit d’organiser un petit dîner ou un apéro dînatoire, d’inviter des amis (entre 8 et 12) et les vignerons amènent le reste : vins rouges, verres, explications et surtout leur bonne humeur.
Hier soir, Florence Lavau et Yann Todeschini sont venus présenter cette appellation souvent méconnue et pourtant petite soeur de Saint-Emilion, avec qui elle partage les mêmes terroirs.
« Castillon ce sont 2300 hectares, 230 familles de vignerons, avec des propriétés de 10 hectares en moyenne. Nous sommes trente, trente-cinq de l’appellation à faire j’irai déguster chez vous ».
Florence Lavau est avec son mari Pierre (qui était sur une autre dégustation et nous a rejoint) vigneronne au Domaine la Tuque Bel-Air à Gardegan-et-Tourtirac. C’est une propriété familiale et c’est la 4e génération qui la tient sur des sols argilo-calcaires. Leur vin, comme ils aiment à le définir, est « séducteur (0 35 %), Gourmand (50%) et élégant (15%). »
Yann Todeschini est à la tête de La Brande, depuis 2008 avec son frère Karl. Ils sont la 3e génération de vignerons et ont « un pied sur chaque appellation Castillon et Saint-Emilion » (comme Florence et Pierre d’ailleurs). Ils exploitent 16 hectares de vignes à Belvès et produisent un vin qui à leur goût est gourmand (25%), généreux (60%) et naturel (15%), sur des sols argilo-calcaire sur molasse du fronsadais.
Ces deux propriétés sont engagées dans des démarches environnementales avec le système SME (système de management environnemental) comme 680 exploitations aujourd’hui à Bordeaux dont 145 certifiées et HVE (Haute Valeur Environnementale). La Tuque Bel-Air est en culture raisonnée, et sème entre ses rangs de vigne des céréales comme l’avoine et la vesce pour apporter des nutriments naturels au sol, un travail du sol qui vise à bannir totalement les désherbants. La Brande de son côté n’utilise aucun herbicide, fongicide ni pesticide. A ce jour 25% des vignerons sont passés en agriculture biologique en Castillon Côtes de Bordeaux.
Des vignerons qui ont la passion ancrée en eux et qui parlent encore de terroir : ces fameux côteaux de Castillon, « sur des sols argilo-calcaires la plupart mais aussi sablo-limoneux et de graves un peu plus bas. Nous sommes plus à l’est de Saint-Emilion et cela se ressent, nous avons un climat plus continental », commente Yann Todeschini ; « l’an dernier moi j’ai perdu 90% de ma récole et toi Florence ? 100%, à cause du gel. Des pertes plus importantes que Saint-Emilion déjà fortement touché. Ce sont des terroirs plus frais, c’est plus une qualité qu’un défaut, ce qui veut dire aussi que ce sont des terroirs d’avenir avec le réchauffement climatique. »
Bref, ces vins de Castillon méritent vraiment que l’on s’y intéresse, certains parfois devancent certains vins de Saint-Emilion, et le rapport qualité prix est tout-à-fait intéressant et abordable. Un vignoble qui est planté à 70% merlot, 20% cabernet franc et 10% cabernet sauvignon, et qui commence à apprécier aussi le petit verdot et le carménère. Alors si vous ne savez pas quoi achetez pour les fêtes de fin d’année, les vins de Castillon vous tendent les bras, chez tout bon caviste, à découvrir en tout cas.