14 Nov

Les réactions des vignerons bordelais face à la menace de Donald Trump de taxer davantage les vins français

En réponse aux prises de position du président Macron, le président américain Donald Trump a accusé mardi la France de freiner les importations de vins américains en imposant des tarifs douaniers plus lourds que ceux que pratiquent les Etats-Unis. Une nouvelle guerre de position, en terme de tarifs douaniers, qui pourrait quelque peu destabiliser les exportations de vins de Bordeaux, si ces taxes venaient à se concrétiser.

 Au châteaux Carbonnieux, la famille Perrin espère ne pas trop subir les foudres des USA et de Donald Trump, car elle a encore en tête le mauvais souvenir de 1996 où après les essais nucléaires français leurs exportations avaient baissé.

Aujourd’hui, sur leurs 180000 bouteilles de vin blanc produites, les 2/3 partent à l’export et notamment sur les Etats-Unis parmi les premiers marchés étrangers pour ce château.

Eric, Marc et Philibert Perrin, en train de déguster une barrique de sauvignon 2018 en plein élevage © JPS

Le marché américain est un marché qui pèse lourd, et qui va peser presque 20% de mes volumes de production (en blanc). Forcément des vins taxés, ce sont des vins qui vont être moins compétitifs sur le marché, vins plus chers donc qui vont avoir moins d’attrait auprès du consommateur », Eric Perrin château Carbonnieux.

Aux USA, les exportations de vins de Bordeaux représentent ,sur les 12 derniers mois, 27 millions de bouteilles pour 276 millions d’euros, selon le CIVB. C’est le 2e marché à l’export après la Chine (25% des volumes exportés), avec 10% en volume et 13% en valeur. De quoi inquiéter également la Maison de Négoce Millésima, très présente aux USA (3e pays à l’export pour elle).

« Il y a plus d’un an déjà, le président américain avait dit qu’il voulait taxer de 10% l’importation de vins français, ça existe déjà depuis un petit moment, heureusement que cela ne s’est pas concrétisé et qui j’espère ne se concrétisera pas » m’explique Fabrice Bernard le PDG de Millésima.

Fabrice Bernard, le PDG de Millésima © JPS

C’est dommage parce que, pour Bordeaux le marché US est en train de repartir…le marché US, comme le marché belge ou les marchés européens ce sont des marchés importants, ce sont des marchés de consommateurs avertis, et éclairés, ce serait dommage de les perdre », Fabrice Bernard PDG de Millésima.

En effet, les consommateurs américains achètent et importent plutôt des vins supérieurs ou des crus classés.Le prix moyen d’une bouteille de Bordeaux est ainsi vendue aux USA 22€.

En fonction de la nature du vin et du degré d’alcool, la taxe à l’importation aux Etats-Unis varie entre 5,3 cents et 12,7 cents par bouteille de 75 cl, selon la Commission américaine du commerce international. Les vins pétillants sont soumis à une taxe plus élevée de 14,9 cents.

Hugo Bernard en pleine dégustation ce matin des vins des propriétés de la famille Bernard © JPS

A l’inverse, les vins importés en Europe sont eux soumis à une taxe de 11 à 29 cents par bouteille en fonction de leurs taux d’alcool, selon le Wine Institute, qui représente les intérêts du secteur vinicole aux Etats-Unis.

Olivier Bernard, le président de l’Union des Grands Crus de Bordeaux © JPS

« La France fait partie de l’Europe, et donc si l’on taxe les produits français, il faudra taxer tous les produits européeens, les vins français, mais aussi les vins italiens ou les vins espagnols. Maintenant j’ai envie de dire que si les vins américains sont plus taxés en Europe qu’aux Etats-Unis eh bien il faut remettre les choses à plat… » commente Olivier Bernard le Président de l’Union des Grands Crus de Bordeaux.

Le marché américain est à prendre en considération, car c’est aujourd’hui le 1er marché consommateur de vin au monde. Pour Philippe Castéjà, Président des Crus Classés 1855, il faut relativiser également car la part des vins américains exportée est infime : les consommateurs américains engloutissent quasiment 95% de leurs vins produits en Californie.

Le CIVB n’a pas souhaité s’exprimer sur ce sujet, préférant se retrancher et attendre, de peur d’un nouveau tweet ? Ou peut-être pour ne pas ajouter de l’huile sur le feu.