A la demande du Club des Trésors de Champagne, le designer d’intérieur Carlos Pujol vient de signer une des plus grandes champagnothèque du monde dans le quartier prisé du Boulingrin à Reims.
Ici, point de marques prestigieuses… que des champagnes de terroir cultivés par des vignerons passionnés et exigents qui ont donc fait appel à Carlos pour concevoir cette jolie bulle !
Le résultat est singulier et, une fois n’est pas coutume, didactique ! À l’aplomb de leur situation géographique en champagne (matérialisée par une carte au sol), des magnums sur poulies montent et descendent au gré des visiteurs pour expliquer la genèse de chaque maison de champagne.
Dans cet écrin orné d’un plafond de bouteilles lumineuses, de panneaux décoratifs, de tapisseries et de mobliers sur-mesure, tout a été conçu pour comprendre la philosophie du Club… avant de déguster ces vins uniques, ou, si vous y êtes conviés, d’accéder à une session de dégustation dans les salons prévus à cet effet.
C’est une singularité du château de Pique-Caillou: un domaine unique à Bordeaux ouvert sur la ville et ses promeneurs. La proximité du bois du Burck invite ainsi à la balade. Entre bois et vigne, certains s’évadent avec ce charme bucolique, d’autres ont les papilles qui s’éveillent avec son nectar.
Marie-Claude habite juste à côté à Mérignac, elle effectue des balades, deux fois par semaine, seule ou avec un groupe de randonneurs: « C’est très agréable parce qu’il n’y pas de circulation de voitures et puis on passe du bois aux vignes, c’est très intéressant ».
D’autres font leur footing plusieurs fois par semaine, comme : « le coin est sympa, c’est très agréable de se balader le long des vignes »
Marc de Mérignac, stoppé net dans son élan: « moi, c’est entre midi et deux heures trois fois par semaine, parce que je bosse. Le bois du burck est très agréable. Avec le château, ça se passe bien, on est pas très loin des vignes, on a de bonnes relations en réalité. »
Isabelle Calvet,propriétaire avec son mari, aime à se balader avec son chien à l’intérieur du domaine:« quand nous sommes arrivés en l’an 2000, c’est vrai que tout le monde s’était approprié Pique-Caillou et tout le monde se promenait partout, maintenant ils ont compris que la propriété était habitée, ils passent pour rejoindre le bois du Burck mais cela ne nous gêne pas. Nous sommes content d’avoir du passage: on voit les joggeurs, on entend les clics clacs de la marche nordique, ça fait de l’animation, l’hiver on voit même des lampes frontales. »
Et tandis que les bruits de joggeurs se fondent dans le bois, le joli bruit de bouchon résonne dans la salle dégustation :« blanc 2013, on va regoûter ce Pique Caillou pour voir comment il évolue… Pas trop boisé, je trouve le sauvignon qui ressort bien là, » commente Paulin Calvet en compagnie d’Amandine Morillon, la maître de chai..
Comme ces promeneurs, on peut jouer de cette métaphore et dire que Paulin Calvet a remis Pique Caillou en ordre de marche: « je pourrais dire que Pique Caillou était une belle endormie et ce que j’ai essayé tout simplement de faire c’est de la réveiller, pour obtenir les meilleurs vins possibles. »
Entre vignes, bois et vin, finalement tout le monde se retrouve dans cette évasion bucolique et gustative.
Interviewé aujourd’hui à Sauternes, le député de Gironde Gilles Savary fait le point sur la LGV au sud de Bordeaux. Il souhaite une amélioration de la ligne actuelle par du cabotage quotidien et souhaite la préservation du micro-climat de Sauternes qui serait impacté par la LGV car « un climat on ne le reconstitue pas »
« Entendons-nous, je pense qu’il faut aller vers l’Espagne le plus rapidement possible et il faut améliorer Toulouse-Paris, c’est absolument essentiel, l’objectif n’est pas contestable. J’observe aussi que depuis 10 ans on travaille sur ces lignes, et depuis 10 ans à force de vouloir toit, on n’a rien ! Donc, ça risque de continuer encore 20 ou 30 ans ».
« Il y a deux problèmes : la priorité dans le sud de l’agglomération bordelaise, c’est la ligne actuelle entre Bordeaux et Toulouse. C’est une ligne de cabotage quotidien, de déplacement domicile-travail absolument vitale pour une population de plus en plus nombreuse, et qui va l’être encore plus de métropolisation de déversement de l’agglomération et ça on n’y échappera pas. On n’y échappera pas. Donc c’est illusoire de dire qu’on va régler ce problème par un TGV car il ne s’arrêtera pas dans toutes les gares à La Réole, à Langon, à Arbanats ».
« Et puis le deuxième sujet, c’est qu’on a mis en place une infrastructure extrêmement agressive qui est un triangle ferroviaire, un carrefour de lignes hautes vitesses avec des remblais considérables dans un endroit qui est probablement l’un des plus fragiles probablement de France parce qu’il produit un climat, et un climat personne ne sait comment on le détruit ou on le reconstitue. Ce n’est pas comme quand vous coupez des arbres, vous coupez 5 ha il faut les reconstituer ailleurs. Un climat on ne le reconstitue pas ».
Il dépend aussi des nappes profondes. On a beau nous dire, on fera cela uniquement en viaduc ce qui suffirait en soi à rendre la ligne grande vitesse totalement déficitaire vers Dax. Il est très clair qu’on touche là un patrimoine extrêmement fragile non reproductible, non substituable, qui fait le Sauternes. On ne peut pas imaginer que la France fasse cet espèce de crime patrimonial »
Est-ce à dire concrêtement que de grands châteaux comme Yquem, Guiraud, Suduiraut pourraient ne plus produire de vins liquoreux ?
« Je ne vais pas rentrer dans le romanesque, je n’en sais rien, ça veut dire simplement qu’il faut revoir la copie sérieusement si on ne veut pas qu’on reparle encore des lignes ferroviaires entre Toulouse et Bordeaux et entre Bordeaux et l’Espagne dans 20 ans. »
Car il se peut fortement qu’une bataille juridique soit engagée avec ces grands châteaux du Sauternais qui ne se laisseront sans doute pas faire. Une affaire qui risque d’aller jusqu’en Conseil d’Etat et de prendre quelques années. Les arguments concernant la formation de botrytis, cette pourriture noble qui donne ces vins de Sauternes, botrytis qui se développe grâce à la formation de nappes de brouillards dus au Ciron, ce cour d’eau étant lui-même rafraîchi par une hêtraie plusieurs fois millénaire, pourraient avoir un écho au Palais-Royal.
Interview réalisée par Jean-Pierre Stahl et Dominique Mazères: