21 Avr

Bernard Farges réclame la compréhension de l’Etat vis-à-vis de la filière vin

 En l’absence du nouveau préfet de région, Bernard Farges le Président du Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux a tenu à « remettre les points sur les i » sur ce que représente la viticulture à Bordeaux: « la première puissance économique de la région et le premier employeur du département de la Gironde ». C’était hier à l’assemblée générale du CIVB, voici en substance les points que le président du CIVB a abordé. Parole d’expert relate ses paroles:

Bernard Farges, le Président du CIVB © Jean-Pierre Stahl

Bernard Farges, le Président du CIVB © Jean-Pierre Stahl

Le président du CIVB, tout en espérant que le nouveau préfet se joigne prochainement aux viticulteurs (celui-ci s’était fait représenté, ayant d’autres obligations par ailleurs), a fait une intervention musclée en s’adressant au représentant de l’Etat:

« Pour vous accueillir, Monsieur Le préfet, je voudrais rappeler devant vous ce que représente la filière des vins de Bordeaux mais aussi rappeler les objectifs de notre interprofession, également mettre en lumière ce qui nous interpelle et nous freine dans l’atteinte de ces objectifs.

La filière des vins de Bordeaux, c’est 4 milliards de chiffre d’affaires, dont la moitié à l’export, 50 000 emplois directs sur notre département, 6 700 viticulteurs, 400 négociants, 45 caves coopératives, une ville et des territoires où la vigne et ses acteurs sont incontournables, une ville connue dans le monde entier donnant à Bordeaux le 2ème rang en termes de notoriété après Paris et cela probablement grâce au vin. Des structures de filière qui fonctionnent, des acteurs qui se parlent et construisent ensemble. Le plan « Bordeaux demain » bâti il y a 5 ans maintenant, est notre feuille de route avec comme fil conducteur de chacune de nos décisions et de nos actions, la valorisation de notre filière des vins de Bordeaux. Nos actions sur la régulation, nos investissements en termes de recherche, nos investissements en marketing, visent tous à cet objectif.

Sur le plan Economique, notre filière a vécu douloureusement en 2014 les conséquences de la récolte 2013, la plus faible depuis 1991.

L’année 2015 sera encore impactée pour la même raison.

Toutefois, plusieurs éléments positionnent notre activité dans des conditions beaucoup plus favorables qu’il y à 6 mois :

* Une récolte 2014 de grande qualité et pour chacun de nos types de vins,

* Des stocks faibles,

* Une monnaie qui a fortement baissé,

* Des frémissements dans l’économie européenne (pas encore en France),

* Un redressement perceptible sur les marchés asiatiques,

* Autant d’indicateurs très positifs qui doivent nous donner beaucoup d’espoirs mais demandent une vraie concrétisation dans nos chiffres lors des prochains mois.

Tous les viticulteurs, tous les négociants, tous les courtiers œuvrent au quotidien à la création de richesse pour eux-mêmes bien sur mais aussi pour le bien collectif qu’est la marque Bordeaux. Chacun d’entre eux lutte sur ses marchés, lutte contre ses concurrents, lutte parfois contre les aléas climatiques mais se trouve à devoir lutter contre des éléments extérieurs qu’il ne peut déjouer seul. C’est pour cela aussi que nos anciens ont bâti des structures comme le CIVB pour lutter collectivement contre des projets destructeurs de valeur. Et nous pouvons dire qu’à côté de dossiers susceptibles de nous faire avancer, nous devons œuvrer chaque jour pour ne pas reculer.

Bernard Farges le président du Civb © JPS

Je voudrais aborder devant vous 4 points qui sont des points d’actualité et sur lesquels nous devons travailler et nous devons sans cesse éviter de reculer.

* 1er point l’enrichissement :

C’est un sujet de fou Monsieur Le préfet ! Le sucre est un élément d’ajustement utilisé partout dans le monde avec deux techniques. L’une est utilisée depuis un siècle. C’est le saccharose. Elle est moins chère, elle rapporte des taxes à l’Etat, elle est tracée et traçable par les services de contrôle et vous allez découvrir dans votre nouveau poste à Bordeaux, que vos services et vous-mêmes allez être mobilisés comme nous pendant des jours pour justifier de ne pas utiliser la méthode plus onéreuse, cela couterait environ 20 millions d’euros à Bordeaux soit l’équivalent de notre budget marketing. En outre cette méthode ne génère pas de recette fiscale pour l’Etat et de récents contentieux en montrent l’origine douteuse. Avouez que marcher sur la tête est sympathique pour des saltimbanques mais ce n’est pas ce qui est attendu ni d’un préfet, ni des responsables professionnels.

Sur les pesticides et plus largement sur notre impact environnemental, nous avons produit le 1er rapport de développement durable de la filière des vins de Bordeaux. Nous montrons à travers ce rapport ce que nous avons fait depuis des années, ce que nous faisons aujourd’hui et quels sont nos engagements.

Nos entreprises agissent sur leur impact environnemental au travers de nombreuses actions collectives, les certifications Agri-confiance, Terravitis, les bio, HVE mais aussi l’outil original porté par l’interprofession, le SME.

Beaucoup d’autres entreprises travaillent à faire évoluer leurs pratiques elles aussi mais sans rien demander à personne et dans leur coin.

Toutefois, la stigmatisation de notre profession à des fins idéologiques, ne peut être acceptée.

Nos pratiques doivent évoluer encore, c’est une évidence, mais elles évolueront plus vite et plus profondément si les réponses apportées ne sont pas simplistes ou idéologiques.

Par exemple, faire croire et défendre que le bio est le seul modèle capable de répondre aux enjeux environnementaux est une réponse simpliste et idéologique, c’est donc une faute !

Ce modèle a toute sa place, il répond à des attentes de consommateurs, de producteurs aussi, mais ce marché n’est pas extensible à l’infini.

Quand l’Etat, les départements, les régions, les chambres parfois mais aussi les média le mettent en avant comme LE modèle à encourager, nous prenons le risque d’affaiblir ce marché.

L’agro-écologie est la version politisée du développement durable et par là même en affaibli le concept. Les enjeux environnementaux seront de plus en plus forts dans notre pays et bien au-delà. L’agriculture raisonnée a fait progresser l’agriculture française et ce concept est mort de son manque de reconnaissance. Le bio peut mourir si nous le diluons.

Alors il est urgent d’encourager et de promouvoir une troisième voie capable d’entrainer de très nombreuses entreprises prêtes à accélérer le changement, pour peu que soient mises en avant des dynamiques de recherche, de partage d’expériences, d’outils mis à disposition, sans charge administrative nouvelle et sans idéologie.

Cette 3ème voie est à bâtir, elle peut avoir un effet de levier considérable si nous l’imaginons non pas de haut en bas, c’est-à-dire d’un ministère vers les territoires ou d’une structure collective vers les territoires mais en facilitant toutes les mesures individuelles, en imaginant et en soutenant des sortes d’incubateurs d’innovation de pratiques positives.

Sur le projet de loi de santé, nous venons de le voir avec la présentation d’Audrey Bourolleau et Joël Forgeau, la bagarre est rude dans notre pays pour lutter contre l’hygiénisme et le poids inacceptable des officines anti-vins. Disons le clairement, il s’agit de l’ANPAA, qui influence la politique de santé publique dans la lutte antialcoolique. Cette politique ne marche pas, l’alcoolisme ne recule pas, le binge drinking progresse et la consommation de vin baisse en France. Voilà un beau bilan !

Il est urgent que nos dirigeants assument de parler et de promouvoir le vin, assument cette culture, assument cette richesse tout en développant une politique de responsabilisation et d’éducation. Nous voyons avec intérêt nos dirigeants assumer pleinement de parler et de promouvoir l’industrie de l’armement, il est urgent qu’ils en fassent de même pour le vin.

Le dernier sujet abordé aujourd’hui est celui des négociations internationales. La France doit porter au niveau européen l’ouverture de négociations bilatérales avec nos grands clients. Quand le Chili obtient l’arrêt des taxes sur leurs vins importés en Chine dès juin 2015 et l’Australie à partir de 2019, ces pays obtiennent immédiatement un gain de compétitivité sur leurs produits. Ce chantier doit être ouvert. Peut être qu’il n’aboutira pas mais nous ne devons pas avoir peur de la victoire.

Bordeaux montre depuis toujours sa capacité à exporter et chacune de nos entreprises comme l’interprofession investissent toujours plus sur ces marchés, c’est pourquoi le soutien des autorités sur ces sujets de commerce extérieur est stratégique pour nous.

Alors Monsieur Le préfet, vous le voyez et vous le découvrirez assez vite, les vins de Bordeaux sont une grande force économique dans la région, nous vous demandons de bien vouloir l’observer comme cela en levant les freins réglementaires injustes, inutiles et couteux. Nous venons de vous décrire 4 points : le projet de loi de santé, l’enrichissement, les pesticides, les accords bilatéraux. Voilà 4 beaux sujets que nous devons traiter ensemble afin de permettre à chacune de nos entreprises de se concentrer sur leur vrai métier : produire et vendre du vin. A leur profit, oui bien sûr, mais aussi au profit de toute notre région. L’Etat a le pouvoir et le devoir d’aider et faciliter la création de richesse par les entreprises. Avec votre aide, vos encouragements, votre soutien pour nous faciliter la création de valeur, les viticulteurs, les négociants, les courtiers et le CIVB pourront se consacrer à leur métier avec beaucoup plus d’efficacité. Nous consommons aujourd’hui beaucoup d’énergie pour ne pas reculer, nous voulons la consacrer enfin pour avancer. »

06 Avr

Patrick Bernard sur le 2014: « j’ai vraiment l’impression d’avoir dans mon verre des vins qui me rappellent 2009, 2010, 2005, un cran en dessous…Ils seront buvables plus tôt. »

Retour sur les primeurs 2014, avec une figure du négoce bordelais: Patrick Bernard, le PDG de Millésima, nous livre son avis sans concession sur le nouveau millésime. Il est l’invité de Parole d’expert dans Côté Châteaux.

Patrick Bernard, le Pdg de Millésima © Jean-Pierre Stahl

Patrick Bernard, le Pdg de Millésima © Jean-Pierre Stahl

Jean-Pierre Stahl: « Patrick Bernard, quelle impressions vous procurent ce nouveau millésime 2014 en rouge ?

Patrick Bernard: « Ca fait déjà pas mal de temps que je le déguste. Tout d’abord nous sommes propriétaires et nous avons déjà fait des assemblages et goûté 50 cuves pour une propriété. Donc en tant que propriétaires, nous avons déjà une idée très précise, mais en tant que négociant, j’ai aussi goûté beaucoup les vins de propriétés pour le 2014, des propriétés qui ont eu la gentillessse de me faire passer des échantillons un peu au préalable, de façon à ce que je puisse me faire une idée.

J’avoue que je suis ravi, parce que j’ai créé l’affaire de négoce de vins en 1983 car j’étais un consommateur passionné de vins:

Je retrouve un millésime comme je les adore: un millésime riche, dense, opulent mais qui est rafraîchissant, désaltérant parce que vous avez des degrés pas très élevés, on a perdu 1,5 degré par rapport aux millésimes extraordinaire de 2009 et 2010, » Patrick Bernard, Pdg de Millésima.

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Aujourd’hui, j’ai vraiment l’impression d’avoir dans mon verre des vins qui me rappellent 2009, 2010, 2005, un cran en dessous…Mais d’un autre côté, il n’y a pas ces critères très gros degré, très grosse puissance tanique ou de fruit qui font que ce sont des vins qui vont avoir besoin de 10, 15 ou 20 ans pour arriver au top niveau.

Là, on a un peu la même chose, mais ça sera buvable plus tôt. Au fond, je me dis en tant que consommateur: on va avoir les 2012 qui vont être agréables assez rapidement, après on va avoir les 2014 qui vont tenir de 10 ans à 25 ans, et puis on va avoir les 2009 et 2010 qui vont tenir 30 ans et plus…Il y a pas longtemps on buvait des 45, 47, des 28, des 29…c’est le même niveau de vin, c’est des vins qui ont une vie de chais, des vins qui ont besoin de temps pour se faire.

Avec les 2014, on a tout ce qu’il faut pour revenir en grâce auprès du consommateur », Patrick Bernard.

C’est vrai qu’avec les millésimes 11,12,13 on avait des qualités moyennes, pas extraordinaires mais pas catastrophiques non plus mais on avait des prix qui étaient ridicules ! Des prix beaucoup trop élevés. Il y avait des raisons, mais il n’empêche pour le consommateur les prix étaient beaucoup trop forts.

Aujourd’hui, on a la chance d’avoir un millésime de très belle qualité, avec des volumes, donc la propriété a toutes les cartes en mains, si elle veut reprendre le marché elle peut le faire.

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Jean-Pierre Stahl: « C’est-à-dire, il va falloir que ce 2014 ne se vende pas trop cher ? »

Patrick Bernard: « Le problème, c’est que chaque château a son marché. Donc pas trop cher ne veut pas dire la même chose pour X ou pour Y. Il y en a certains qui sont allés à des prix à des niveaux tels que la consommation ne peut plus s’y intéresser.

Chez Millésima, nous avons 90 000 clients dans 120 pays, donc on a vraiment une vision mondiale, on a une filiale aux Etats-Unis qui représente 10% de notre chiffre d’affaire, on a des sites à Hong-Kong et Singapour donc on a des pieds non seulement en Europe mais aussi dans tous les marchés. Et on voit très bien qu’il y a certains niveaux de prix qui font que certains vins ont des marchés de plus en plus restreints, et ceux-là il va vraiment falloir qu’ils fassent un effort, qu’ils réfléchissent, qu’ils regardent…le prix des millésimes anciens pour faire leurs nouveaux prix. Parcontre des vins qui sont retés à des niveaux de consommation, on ne peut pas leur demander de baisser très fortement.

C’est un marché où il va falloir refermer l’accordéon ! L’accordéon s’était beaucoup ouvert avec les grands millésimes, là il va falloir recentrer les choses. »

03 Avr

Pour Jacques Dupont, le 2014: « un millésime qui me fait penser à 2012, avec un petit peu plus de matière. »

Le célèbre journaliste critique Jacques Dupont termine sa troisième semaine de dégustation de primeurs 2014. Il donnera ses notes, coups de coeurs et appréciations dans le Guide de Jacques Dupont qui sortira, avec le numéro du Point spécial primeurs sur Bordeaux, le 21 mai prochain. Il livre à Côté Châteaux ses premières impressions. 5 semaines intenses où il analyse entre 2 et 3000 vins. Nous l’avons rencontré chez les Crus artisans à Saint-Estèphe, au château la Peyre.

Jacques Dupont © Jean-Pierre Stahl

Pour Jacques Dupont, c’était une année où les cabernets ont donné tous leurs arômes © Jean-Pierre Stahl

Jean-Pierre Stahl: « Jacques, dites-nous, ce 2014, quelle note vous lui attribueriez? »

Jacques Dupont: « Oh, une note globale ? Ce serait nettement plus que la moyenne ! C’est ni excellent, ni mauvais, c’est nettement au-dessus de 2013 qui n’était pas facile. C’est un millésime qui me fait penser à 2012 avec nettement plus de matière.

Je le mettrais dans les bons millésimes, voire même très bons sur les cabernets sauvignons dans les Médoc, mais pas excellent, ça n’est pas 2005 » Jacques Dupont journaliste au Point.

Absence de Parker pour primeurs 009

Jean-Pierre Stahl: « Certains ont dit que ça serait un millésime de garde, cela le sera ? »

Jacques Dupont: « Oui bien sûr, ça sera un millésime de garde notamment dans le Médoc. Partout où il y a du cabernet, ça peut être un millésime de garde. Mais ce qui est sympa aussi c’est qu’on va pouvoir les boire jeune. Sur les Bordeaux Sup, les Côtes de Bordeaux, les satellites de Saint-Emilion, ce sont des vins que l’on pourra boire assez jeunes. Parce qu’ils ne sont pas agressifs, les tanins sont mûrs, ça ne demande pas de vieillissement particulier mais ça sera de garde quand même.

Jacques Dupont avec le propriétaire du château la Gleyze © JPS

Jacques Dupont avec le propriétaire du château la Peyre © JPS

Jean-Pierre Stahl: « Est-ce qu’il va sauver la place de Bordeaux et le système des primeurs ? Car on a vu que le millésime 2013 avait quasiment mis en péril ce système… »

Jacques Dupont: « Ca on le saura fin juin. Tout le monde est dans l’expectative: on est au poker, là ! Grosso modo, est-ce que la vingtaine de crus qui fait l’image des primeurs et qui se sont vendus très chers ces dernières années, est-ce que ces vins-là vont donner envie aux acheteurs de participer ou pas ? Est-ce qu’ils vont baisser leur prix ?

Le problème aujourd’hui sur le marché, c’est que les grands acheteurs n’ont pas gagné d’argent ! Autrefois, même si l’on prend un consommateur moyen, qu’est-ce qu’il faisait ? Il achetait une caisse d’un grand vin et en revandant quelques années plus tard 2 ou 3 bouteilles de cette caisse de 12, il pouvait racheter une autre caisse de 12 et gagner de l’argent !

Côté Châteaux et le grand Jacques emprûnt d'humilité, de sagesse et de justesse dans ses analyses © Didier Bonnet

Côté Châteaux et le grand Jacques emprûnt d’humilité, de sagesse et de justesse dans ses analyses © Didier Bonnet

Les gens qui ont acheté 2010, je ne suis pas sûr qu’ils aient gagné beaucoup d’argent aujourd’hui parce que les vins se sont vendus très très chers, je parle toujours de ceux qui pratiquent des prix assez élevés. 2011, ils n’ont rien gagné du tout et ils vont peut-être même en perdre. 2012, ils ont gagné…rien du tout et 2013, je ne sais même pas s’ils ont acheté !

Donc, grosso modo, ça fait 4 ans où les gens qui achètent des primeurs n’ont pas rentabilisé leurs investissements. Est-ce que cela veut dire que c’est la fin des ventes primeurs, je ne sais pas. On va voir, rendez-vous au mois de juin, voir si par des baisses intéressantes on va relancer ou pas.

Et puis on fait autre chose, depuis les années 2000 on s’est intéressé aux autres vins, on a demandé aux autres syndicats viticoles…là je suis dans les crus artisans, c’est la face cacé du Médoc et c’est pas les plus mauvais loin de là; on leur a demandé s’ils voulaient vendre en primeurs en direct aux particuliers. Ils ont répondu oui, donc on se retrouver à goûter beaucoup de vins. Les premières années, j’étais là 15 jours, puis 3 semaines et là je me retrouver avec 5 semaines pour goûter…ça fait énormémen de vins l’arrivée, mais ça a permis de maienir un intérêt pour Bordeaux. Parce que nos lecteurs peuvent acheter des vins pas trop chers, ils ne font pas de la spéculation dessus. Simplement une bouteille qui est à 12 euros, ils peuvent l’acheter à 10 ou 9 euros, e puis ils l’auront dans 2 ans, ils sont contents car ils ont fait une petite affaire.

Et c’est pas pour les revendre, c’est pour les boire eux ! Ce qui est quand même la finalité du vin: ce n’est pas la spéculation, c’est se faire plaisir ! »

A retrouver ses notes et coups de coeur le 21 mai prochain dans le Point.

27 Mar

Michel Rolland sur le 2014 à Bordeaux: « je pense que c’est le millésime qui viendra immédiatement derrière les grands 2009 et 2010. Ce sera un excellent millésime ! »

A l’aube de la grande semaine des primeurs, les grands oenologues consultants y vont de leur analyse. Côté Châteaux reprend ici la primeur du commentaire que Michel Rolland, le plus connu mondialement des consultants bordelais, a laissé sur le site « les Clés de Châteaux ». Une parole d’expert.

michelrolland

« Le Millésime 2014…

Le 2014, c’est un millésime qui était un petit peu difficile au départ, dans sa gestation on va dire, parce que le temps ne lui a pas été favorable. On est arrivé fin août avec beaucoup d’inquiétudes.

Et comme toujours quand Dame Nature décide que cela se passerait bien, on a eu un très beau mois de septembre, un été indien quasi parfait et moralité on fait un très bon millésime !

2014, c’était le millésime parfait pour les oenologues, parce que c’est un millésime de difficulté », Michel Rolland.

Rien n’est écrit d’avance, il faut savoir quel raisin on a entre les mains, ce que l’on peut en faire, comment on va les vinifier pour les optimiser.

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Ce sera un millésime un petit peu hétérogène. Mais c’est un millésime de qualité. Ca ressemble à 2008, parce que c’est un millésime qui s’est fait tardivement », Michel Rolland

La maturité s’est plutôt faite sur octobre que sur septembre comme se font les millésimes précoces.

En fait le temps, c’est notre allié ou notre ennemi. C’est vrai que l’été a été plutôt froid, on a eu des périodes pluvieuses.

Malgré tout, c’est un millésime de fruit, un millésime de fraîcheur et un millésime d’acidité. Il y a une tension, il y a de vrais tanins. Par rapport à 2008, il y a un petit peu plus de précision, parce que les propriétés travaillent de mieux en mieux.

Donc on a de jolis arômes, des jolis tanins, on a une jolie définition de vin avec beaucoup de fraîcheur et beaucoup de plaisir, ça sera ça 2014. Il faudra goûter parce que tout n’est pas comme cela. Mais c’est un millésime que l’on peut placer avec 2008, voire supérieur.

Et- je pense que c’est le millésime qui viendra immédiatement derrière les grands 2009 et 2010. Ce sera un excellent millésime ! »

Retrouvez l’interview de Michel Rolland sur le site des Clés de Châteaux

16 Fév

Yann Schÿler, le consul du Danemark à Bordeaux réagit suite à l’élan de solidarité après les attentats: « les autorités françaises ont été au top ! »

Après les attentats de samedi au Danemark, Côté Châteaux a proposé à Yann Schÿler, Consul du Danemark à Bordeaux, mais également figure bien connue du monde du vin, de réagir face à l’élan de solidarité et de sympathie des Français et des Girondins à l’égard du Royaume du Danemark. Il est l’invité de Parole d’Expert.

Yann Schÿler, consul du Danemark © Agence Fleurie

Yann Schÿler, consul du Danemark à Bordeaux © Agence Fleurie

Yann Schÿler, on le rencontre souvent lors de Vinexpo ou des manifestations viti-vinicoles à Bordeaux car il dirige la grande maison de négoce en vins « Schröder & Schÿler depuis 1739 », mais il est aussi propriétaire avec sa soeur Nathalie de château Kirwan 3e cru classé de Margaux. Ce que l’on sait moins c’est qu’il est aussi Consul du Danemark à Bordeaux…Côté Châteaux l’a contacté dès hier matin pour réagir après ces odieux attentats à Copenhague et après cet élan de générosité des autorités et du peuple français. Il a accepté de répondre à mes questions ce lundi matin.

Jean-Pierre Stahl: « Yann Schÿler, en tant que Consul du Danemark à Bordeaux, qu’avez vous ressenti en apprenant samedi que le Danemark était à son tour touché par des attentats, un mois après ceux de Charlie Hebdo et Montrouge ? »

Yann Schÿler: « C’est toujours une grande tristesse d’être touché comme la France. J’ai ressenti la même chose que les autorités danoises et les Français. On est sur le même type d’attaques. Maintenant, que fait-on, comment réagit-on ? La vie continue…On va se serrer les coudes ! »

Le centre culturel criblé de balles à Copenhague © Reuters

JPS: « Y-a-t-il une prise de conscience au Danemark désormais de la menace terroriste ? Et comment est ressentie la solidarité des Français vis-à-vis des Danois ?

YS: « C’est quelque chose de très important et de très fort, cette visite du Ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, aux Danois qui s’est précipité dimanche à Copenhague où il est allé se recueillir devant la Synagogue. Cela a été ressenti comme un geste fort de sympathie et de solidarité. »

« La visite ce matin d’Anne Hidalgo, le Maire de Paris (accompagnée de Patrick Pelloux de Charlie Hebdo), (Anne Hidalgo a déclaré « nous n’avons pas peur, ensemble nous sommes plus forts ») est fort sympathique. C’est agréable, ça part d’un bon sentiment. »

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« C’est une chose assez rare qu’un Président vienne manifester son soutien directement à l’Ambassade » © Photo Sébastien Calvet pour Libération

« Les autorités françaises ont été au top. Hier, la visite du Président de la République François Hollande à l’ambassade où il a rencontré Madame l’Ambassadrice Anne Dorte Riggelsen durant un quart d’heure, c’est une chose assez rare. Tout cela, ce sont des gestes très bien perçus par les Danois. Eux-mêmes, quand Charlie a été attaqué, ont été les premiers à réagir. Ces gestes sont très importants pour permettre aux Danois de se relever, de faire face au terrorisme. »

Rassemblement de Parisiens devant l’©Ambassade du Danemark

« Moi-même en tant que Consul, j’ai reçu des bouquets de fleurs devant mon bureau (certes pas comme à l’Ambassade à Paris). Mais je n’avais jamais vu cela devant le Consulat. J’ai été très touché. J’ai eu également des messages sur internet. C’est très touchant que des Bordelais et des Girondins transmettent ces messages de sympathie. Ca fait chaud au coeur. » 

JPS: « On a vu hier en France qu’un cimetière juif avait aussi été dévasté… »

YS: « La je ne réagis pas en tant que Consul mais citoyen français: je suis choqué, outré. Encore une fois, qu’est-ce que cela veut dire ?!? Je suis sur la même longueur d’ondes que le Premier Ministre. Qu’on laisse les morts tranquilles ! C’est vraiment choquant. Quel est l’intérêt ? De quoi ces gens-là se nourrissent-ils ? Aujourd’hui en 2015, les gens sont sensés avoir un minimum de culture !

La Reine Margrethe II et le Prince Consort Henri, originaire du Sud-Ouest de la France

JPS : »Va-t-il y avoir davantage de sécurité autour du Prince Henri du Danemark (cf le mari de la Reine Margrethe II est né à Talence près de Bordeaux) et bien évidemment de l’ensemble de la famille royale du Danemark ?

YS: « Ca je ne peux pas vous le dire. Toutes les dispositions sont renforcées. Ils vont mettre en place leur vigipirate à eux pour les officiels mais aussi pour les populations car n’importe qui peut être visé. Beaucoup de mesures sont prises sans qu’on le sache, c’est géré au plus haut niveau. »

Le Prince Henri, dans son château de Caïx à Cahors © blog.soirmag.lesoir.be

JPS: « Le Prince revient souvent à Cahors où il dirige le château de Caïx. Est-il toujours aussi grand amateur de ces vins typés avec le cépage Malbec que l’on retrouve aussi dans les vins argentins ?

YS: « Tout-à-fait. Le Prince est Cadurcien. Sa famille est originaire du Lot même s’il est né à Bordeaux. Le Prince Henri est un viticulteur-né, il a été élevé dans les vins de Cahors. C’est un lien affectif et culturel important pour lui. Il considère qu’il a ses racines là-bas. C’est pour cela qu’il aime se retrouver dans sa propriété car il est très fier de ses vins de Cahors. »

JPS: « Est-ce que le Prince Henri a préparé une relève pour sa propriété ? »

YS: « Oui, il y a une relève familiale. Son fils le prince héritier ne peut pas être viticulteur, même s’il a un intérêt patrimonial et affectif, car tous les étés, les enfants et petits-enfants passent un séjour sur les rives du Lot. Son fils Joachim, je ne pense pas, même s’il est agriculteur. Il y a la famille du Prince, du côté de ses frères, qui l’aident à la commercialisation. »

Interview réalisée ce lundi matin par Jean-Pierre Stahl.

 

21 Jan

L’hommage de Gabriel de Vaucelles à Henri son père: « il a permis à château Filhot de rester parmi le cercle restreint des derniers grands crus bordelais gérés familialement »

Décédé dans la nuit du 31 décembre au 1er janvier, Henri de Vaucelles, le propriétaire de château Filhot, a laissé une trace dans le Sauternais. Côté Châteaux lui rend aujourd’hui un dernier hommage en laissant à son fils Gabriel le soin de nous parler de son père. Il est l’invité de parole d’expert.

Henri de Vaucelles © château Filhot

Henri de Vaucelles © château Filhot

Jean-Pierre Stahl : »Gabriel, Henri de Vaucelles, votre père, vous a quitté dans la nuit du Nouvel An, nous vous présentons nos plus sincères condoléances. Pouvez-vous revenir sur son parcours et nous dire ce qu’il représentait pour le château Filhot ?
Gabriel de Vaucelles: « Je vous remercie pour les marques de sympathie que vous nous témoignez. Fils d’ambassadeur, ingénieur de l’école des Mines, ayant occupé différents postes dans la filière nucléaire française, rien ne prédestinait mon père, en dehors du devoir et du sens de la famille, à reprendre la gestion de la propriété familiale à partir de 1972. Il prenait alors la succession de mon oncle Louis de Lacarelle qui était appelé alors à d’autres responsabilités. »

« Mon père s’est pourtant peu à peu imposé et a trouvé une voie propre au château Filhot, qui a permis à cette propriété de rester parmi le cercle restreint des derniers grands crus bordelais gérés familialement. »
« Tout en préservant le style et les caractéristiques des vins du Château Filhot, il avait su lui donner le virage de la modernité avec notamment la rénovation complète du chai en 1997. En 2002, il m’avait transmis la gérance du Château Filhot mais suivait toujours attentivement l’évolution du vignoble et aimait accueillir les journalistes ou les visiteurs. »

Vue aérienne du © château Filhot et de son parc

Vue aérienne du © château Filhot et de son parc

JPS: « Quelle image garderez-vous de lui et quels traits de caractère souligneriez-vous chez lui ? »

Gabriel de Vaucelles: « Homme de culture, mon père l’était assurément. Passionné par toutes les évolutions de ce monde, il était capable de citer des références historiques, religieuses et culturelles, du monde gréco-romain, en passant par la période médiéval jusqu’à notre époque. Ses interlocuteurs étaient souvent désarçonnés par cette approche à long terme fondée sur des exemples culturels foisonnants.
Libre penseur, mon père cherchait toujours à éviter toute les visions simplistes ou ethno-centrées de ce monde, qu’elles soient politiques, religieuses ou culturelles.
D’ailleurs, en toute humilité et discrétion, mon père aimait appuyer une multitude d’associations ou les recevoir dans le grand parc de Filhot.
D’une grande simplicité avec son éternelle cravate d’un autre âge, il avait toujours su éviter les signes d’ostentation ou de prétention et se faire apprécier de chacun par un mot délicat ou une attention.
Il avait enfin du respect et de l’amitié pour les salariés ayant travaillé et travaillant à Filhot en les considérant comme des membres de la famille et gardait une véritable tendresse pour les hommes et les femmes de cette région de Sauternes et plus globalement du bordelais, avec leur gouailles, leurs amours de la vie et leurs bagarres, dignes d’un bon village gaulois. »

Gabriel de Vaucelles gère le domaine depuis 2007 © château Filhot

Gabriel de Vaucelles gère le domaine depuis 2002 © château Filhot

JPS: « Quelle oeuvre, quelle trace a t-il laissé à Sauternes ? »

Gabriel de Vaucelles: « Hormis sa forte implication dans la promotion des vins de Sauternes, la Maison du Sauternes, l’Ambassade de Sauternes & Barsac ou la Commanderie du Bontemps de Sauternes et Barsac, son « oeuvre » principale reste, bien sûr, la modernisation du domaine et de ses équipements qui permettent aujourd’hui de bien valoriser notre exceptionnel terroir. A coté de l’évolution technique, il se préoccupait de la préservation de l’équilibre traditionnel des vins du Château Filhot fixé dès le 19ème siècle. Le Sauvignon blanc constitue toujours au moins un tiers de la composition du premier vin. Mon père, toujours inflexible, considérait d’ailleurs le délicat Sauvignon source de fraicheur comme le secret des plus grands Sauternes. »

Le © Château Filhot

Le © Château Filhot, Grand Cru Classé de Sauternes en 1855

JPS: « D’après vous a-il connu les meilleures heures de Sauternes ou peut-on espérer pour Château Filhot que vous incarnez aujourd’hui comme pour le Sauternais de grandes heures encore, voire un nouvel élan ? »

Gabriel de Vaucelles: « Mon père me disait souvent qu’arriver à Sauternes en 1972 lui avait permis de connaître plusieurs cycles climatiques en même temps que plusieurs cycles économiques. Ayant vécu la grande crise des vins de Bordeaux dans les années 1970, il relativisait la crise actuelle.
Les conditions climatiques exceptionnels rencontrées en 1975, 1979, 1988, 1989, 1990 et 2001 contrebalancaient, selon lui, les conditions climatiques difficiles de 1973, 1974, 1984, 1992, 1993 et 1994. Le vin de glace vinifié en 1985 s’opposait radicalement à l’opulent crème de tête de 1990. Son expérience du passé, sa connaissance des terroirs et sa passion pour les vins de Sauternes qui m’ont progressivement été transmises me permettent d’envisager sereinement l’avenir. »

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« Enfin, permettez moi de terminer par un poème chinois que mon père aimait citer et associer au vin de grande garde qu’est le Sauternes. Lors de la rénovation du chai, nous avions découvert ce poème peint sur un panneau en bois caché derrière de vieux outils servant à entretenir les barriques. Ce panneau n’a jamais quitté son emplacement d’origine dans le chai »: http://filhot.net/doc/Chai-Barriques-2009.JPG

Le vin est un noble maître, pour qui le ciel et la terre ne sont qu’un matin, pour lequel l’éternité n’est qu’un instant. (Liou-Ling – 265 av. JC)

08 Jan

Patrick Pelloux, un Charlie témoigne: « on tient pour qu’ils ne soient pas morts pour rien »

« On tient pour qu’ils ne soient pas morts pour rien ». Ce sont les premiers mots poignants de Patrick Pelloux invité du journal de David Pujadas ce soir sur France 2. Patrick Pelloux très marqué a été l’un des premiers sur les lieux du drame hier, voyant et portant secours aux Charlies, ses amis, à terre. Il était en retard à la conf de rédac chez Charlie.

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« Je ne sais même plus si je vais. Moi ça n’a pas vraiment d’importance, il y a toutes les familles des victimes, que ce soit de Charlie ou les familles des policiers ou du technicien qui ont été abattus. 

On vit un drame national qui dépasse Charlie. On tient parce ce que ceux qui sont morts ne doivent pas être morts pour rien. Ils ont été attaqués alors que la conférence de rédaction, le thème du journal, c’était la lutte contre le racisme. On continuera à en faire car ils ne sont représentatifs de rien ceux qui ont tué mes amis.

Je pense sans arrêt à mes amis, a eux, et comme on a décidé de faire le journal, j’ai l’impression que Charb va m’appeler tout à l’heure, pour me donner des éléments….

Quand vous voyez l’élan au niveau national et au niveau mondial, vous vous dites vraiment que ce journal a apporté quelque chose a la liberté. Ce n’est pas un journal qu’on a frappé, mais on a frappé l’ensemble des journaux. On a un besoin d’intellectualiser le monde moderne pour ne pas repartir dans des idées moyenâgeuses.

Quand vous voyez les gens qui ont fait cette minute de silence, c’est merveilleux. Et j’espère qu’on sera le plus nombreux possible dans les villes pour les manifestations dimanche.

Il n’y a aucune dictature, aucun intégrisme qui manie l’humour, l’humour c’est fait par des gens qui savent ce qu’est la culture, le goût des autres, c’est ça qu’on va continuer à porter.

CaptureLes policiers ont été exemplaires… On s’ en moquait avec Charb , on disait on va dire aux policiers de ne plus venir…Et puis on n’était pas rassuré, il avait peur souvent…Ils ont tué des pacifistes, des gens extrêmement tolérants qui caricaturaient toutes les religions de la même manière, sans haine.

Au Samu, on s’était dit il faut se préparer à une fusillade, comme à Toulouse ou en Belgique. Mais je ne pensais pas que ça nous toucherait comme ça. On était optimiste avec certains élans démocratiques et plutôt laïcs dans des élections récentes dans des pays. On avait reçu des caricaturistes algériens, tunisiens, il y avait beaucoup d’échanges avec ces artistes, car le caricaturiste est à la fois journaliste, dessinateur, artiste. Ce sont des artistes. On ne s’attendait pas à ça. Personne ne peut s’attendre à ça. On ne peut même pas dire que ce sont des fous car c’est insulter les fous en fait.

 Ce matin, on s’est réunit. Ca a été douloureux car il en manquait. On a décidé de sortir le journal. Charb, il m’aurait engueulé, il voulait jamais qu’on s’arrête de travailler.Wolinski c’est pareil. C’est important de sortir un journal. C’est la démocratie, c’est la vie. Ca va continuer !

Vraiment une société humaniste elle rit et elle sourit, les dictatures ne savent jamais rire ni sourire. »

21 Déc

Guy Hiblot, plus de 20 années d’effervescence: « Vous arrivez bien, c’est champagne ! »

Comment bien choisir son champagne pour ces soirées de fêtes ? Côté Chateaux a interviewé pour ces belles occasions qui s’annoncent Guy Hiblot, de Prestige des Bulles, plus de 20 ans d’expérience dans le champagne.

Guy Hiblot, une histoire de bulles... © Jean-Pierre Stahl

Guy Hiblot, une histoire de bulles… © Jean-Pierre Stahl

Jean-Pierre Stahl : « Quelle bouteille les amateurs de Champagne devraient-ils ou vont-ils s’offrir pour Noël ? »

Guy Hiblot : « Ce qui plaît, c’est la bouteille d’exception. On va acheter la bouteille qu’on n’a pas l’habitude d’acheter tous les jours et notamment la belle cuvée: pourquoi pas un Dom Pérignon ou un Cristal de Roederer. Bien qu’on soit en période de crise, on fait malgré tout attention, il y a aussi d’autres belles bouteilles. On se fera tout de même plaisir ! »

Plus les bulles sont fines, meilleur est le champagne © JPS

Plus les bulles sont fines, meilleur est le champagne © JPS

JPS : « Les champagnes sont des vins (effervescents) que l’on peut assortir avec les mets de ces soirs de fêtes, non ? »

GH : « Absolument, ce sont des plats avec lesquels on pourra servir du champagne, comme les Saint-Jacques, le caviar, le foie gras, les langoustines, le homard, bref des produits nobles… »

Cyrille, Guy, Laurence et Jérémie : un instant convivial de dégustation avant les fêtes © JPS

Cyrille, Guy, Laurence et Jérémie : un instant convivial de dégustation avant les fêtes © JPS

Petite pause durant l’interview où des clients arrivent : « vous arrivez bien, c’est champagne ! L’ouvrir, c’est convivial… » Guy Hiblot. Ce caviste, d’origine meurthe-et-mosellane a cette pétillance et ce professionnalisme qui lui viennent de « la place Stan »: une efficacité dans l’orientation, le conseil, et un brin d’élégance digne des grilles dorées signées Jean Lamour sur cette place Stanislas unique au monde.

JPS : « Les bulles, elles ont leur importance ? »

Plus elles sont fines, meilleures elles sont. c’est la délicatesse, la légèreté, la finesse et la subtilité », Guy Hiblot Prestige des Bulles.

GH : « Le Champagne, c’est le seul vin où on fait travailler les 4 sens: l’ouï, les côtés olfactif, visuel et gustatif…Ce qui est intéressant, c’est écouter chanter la bulle. On peut partir dans des délires ! »

JPS : Parmi les champagnes, l’offre est assez riche ?

GH : « Pour l’apéritif, on va opter pour un blanc de blanc,ça va être le champagne idéal, qu’on pourra aussi associer avec des Saint-Jacques ou des fruits de mer. Il y a cette tension, cette vivacité dans ces champagnes. On a aussi le brut sans année qui est le champagne le plus consommé au monde. Et puis le pinot noir, on va davantage l’apprécier avec du veau. C’est le cépage le plus riche, le plus ample, le plus gras aussi, il apporte les épaules au champagne, la structure, la matière; il rentre dans l’assemblage. »

« Après il y a le dosage : le brut nature 0 gramme aucune injonction de sucre, l’extra brut entre 0 et 6 grammes et le brut sans année (le plus festif retrouvé partout). »

JPS : « Quant aux budgets, y en a t-il pour toutes les bourses ? »

GH : « On commence à 20 € pour un bon petit champagne, à 30 € on peut se faire plaisir, et puis on en a de 30 à 40, puis de 40 à 100 de grandes bouteilles; les bouteilles d’exceptions se situent entre 100 et 200…Ca monte jusqu’à 340 avec le S de Salon. »

JPS : Dans cette dernière ligne droite, les gens vont donc se faire plaisir ?

GH : « Pour se faire plaisir, pour faire aussi plaisir par des cadeaux, ils vont rechercher la bouteille qui va leur faire oublier la dureté de l’année et ils vont rechercher, découvrir des choses un peu nouvelles. »

Prestige des bulles, à Pessac en Gironde.

(L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération.)

06 Déc

Xavier Planty face à la menace que fait peser la LGV sur Sauternes et le Ciron: « on va saisir l’Europe ! »

Alors que le Sauternais tout entier est menacé par la future LGV, Côté Châteaux a voulu recueillir l’avis d’un spécialiste des liquoreux, un expert du botrytis désormais remis en question avec ce projet. Xavier Planty, gérant du château Guiraud et président de l’organisme de défense et de gestion de Sauternes est l’invité de Parole d’Expert.

Xavier Planty, gérant de château Guiraud, 1er cru classé de Sauternes. © Jean-Pierre Stahl

Xavier Planty, gérant du château Guiraud, 1er cru classé de Sauternes et président de l’organisme de défense et de gestion de Sauternes © Jean-Pierre Stahl

Jean-Pierre Stahl: « Xavier Planty, quelle est l’ambiance aujourd’hui dans le Sauternais, comment en est-on arrivé là ? »

Xavier Planty: « En fait, on s’est rendu compte trop tard de la situation. Ce qui m’a halluciné, c’est la carte du réseau SAGE, où l’alimentation du Ciron allait être perturbée. »

« Le Ciron a une alimentation particulière due à un suintement du plateau landais. C’est une eau qui arrive à une température froide à 14°C. Elle est gardée au frais tout au long de son cour et quand elle arrive dans la Garonne, elle crée du brouillard. C’est ce fonctionnement qui définie notre AOC , notre AOP. »

JPS: « Il y a donc une consécration ? »

XP: « Une AOP (appellation d’origine protégée)  ne peut être considérée comme telle que si elle est capable de démontrer qu’elle a une particularité due à une typicité du terroir. »

« Dans notre cas, c’est ce phénomène du au Ciron qui va créer cette pourriture noble, le botrytis. C’est l’écologie de ce champignon qui est remise en cause. »

JPS: « Qu’allez vous faire pour préserver votre terroir et votre identité ? »

On saisira l’Europe, car le lien au terroir est protégé par l’Europe. On est capable de démontrer que notre système est original. Si on casse ça, notre fondement d’AOC n’existe plus. Moi, je n’y crois pas », Xavier Planty, président du syndicat de Sauternes et Barsac.

et de renchérir: « la vallée du Ciron, c’est notre colonne vertébrale au niveau touristique aussi. »

En somme un véritable patrimoine à défendre…

XP: « Imaginez comment les gars se sont rendus compte qu’en laissant pourrir, on allait avoir des grands vins ! » Cet empirisme est respectable. Des générations et des générations de viticulteurs ont observé des choses, comment elles pouvaient évoluer. C’est magique ! La plus ancienne trace à Sauternes, c’est au milieu du XVe siècle. c’est fou ! »

 

24 Oct

Pontet-Canet: son second vin perd l’AOC Pauillac…Alfred Tesseron s’exprime: « je suis très fier de ce vin et absolument sûr de sa qualité. »

C’est assez exceptionnel pour le souligner chez les grands crus classés du Médoc : le second vin du château Pontet-Canet, les « Hauts de Pontet-Canet » (millésime 2012), n’a pas obtenu l’agrément pour rester sous l’AOC Pauillac. Il sera vendu en appellation « Vin de France ». Alfred Tesseron s’exprime dans Côté Châteaux.

Les Hauts de Pontet-Canet 2012 2

C’est le journal Sud-Ouest (lire ici l’article de César Compadre dans son intégralité) qui a rapporté la nouvelle. Nouvelle qui a fait grand bruit parmi les crus classés du Médoc. Le château Pontet-Canet, 5ème Grand Cru Classé 1855, s’est vu refuser l’appellation d’origine contrôlée (AOC) Pauillac pour le millésime 2012 de son second vin, Les Hauts de Pontet-Canet.

Alfred Tesseron, propriétaire du château Pontet-Canet, actuellement en déplacement à l’étranger, s’exprime interrogé par Côté Châteaux, il est l’invité de parole d’expert.

Jean-Pierre Stahl : « Comment avez-vous appris la nouvelle concernant votre second vin (millésime 2012) et quelle a été votre réaction ? Est-ce une première ou y a t-il eu d’autre cas à votre connaissance ?

Alfred Tesseron: « Afin de pouvoir utiliser l’Appellation d’Origine Contrôlée Pauillac, les vins doivent répondre à certains critères définis par l’appellation.

Pour cela, le cahier des charges de l’Appellation Pauillac prévoit une dégustation obligatoire par l’ODG (Organisme de Gestion) avant la mise en bouteille. »

« Comme chaque année, nous y avons présenté nos vins et à notre très grand étonnnement, Hauts de Pontet-Canet 2012 n’a pas obtenu l’agrément et portera donc la dénomination « Vin de France ».

Alfred Tesseron,le propriétaire du château Pontet Canet © blog millesima

JPS: « Comment ressentez-vous cela, comme une injustice ? »

AT: « De mon côté, je suis très fier de ce vin et absolument sûr de sa qualité, comme l’ont été 99,9% des négociants qui ont confirmé leurs achats primeurs en Vin de France.

« C’est en train de devenir un vrai collector…! »