16 Fév

« SOS vignerons sinistrés » : « ça fait 10 ans que la grande majorité des vignerons travaille… à perte ! »

Parole d’expert a interviewé Dominique Techer, secrétaire de « SOS vignerons sinistrés » à propos du malaise des petits viticulteurs, des difficultés de survie pour certains et de la restructuration du vignoble qui s’est opéré depuis 10 ans.

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Dominique Techer, secrétaire de « SOS vignerons sinistrés » © Jean-Pierre Stahl

Dominique Techer : « ça fait 10 ans que la grande majorité des vignerons de Bordeaux travaille à perte ! Les cours depuis au moins 2003 ne rémunèrent plus le travail, donc les gens ont décapitalisé, ils ont vendu des petites propriétés, des bouts de terrains à bâtir pour continuer à s’en sortir. Mais, en fait, c’était toujours du travail à perte. On ne peut pas continuer indéfiniment sur cette lancée…Les enfants n’ont plus envi de reprendre, parce que quand on voit l’esclavage que c’était pour leurs parents, ce n’est pas non plus attractif ! Il y a de moins en moins de gens dans les promotions viticoles, dans les lycées. Donc c’est logique, on a dégoûté les gens d’exercer cette profession ! »

« Les épisodes climatiques qui arrivent maintenant (cf orages de grêle lors des nuits du 26-27 juillet et du 2 août 2013) viennent achever plein d’exploitations si on ne fait rien. Si on ne prend pas de mesures, ça va finir de les achever. Maintenant, c’est peut-être l’occasion de rebondir pour enfin comprendre ce qu’il faut faire pour que tout fonctionne… »

JPS : « Ces épisodes climatiques sont-ils vraiment un couperet pour certaines petites propriétés ? »

DT : « Oui, c’est un couperet car, avant la grêle, les chiffres officiels plutôt sous-estimés donnaient 2 000 exploitations dans le rouge. Quand les exploitations perdent 50 % d’une récolte ou quelques fois tout, c’est immédiatement le trou. Donc elles ne peuvent pas s’en sortir s’il n’y a pas des mesures substantielles qui sont prises, pas des mesures cosmétiques. Aujourd’hui, c’est bien plus de 2 000 exploitations qui sont dans le rouge ! »

JPS : « Des mesures substantielles, ça représente quoi d’après vous ? »

DT : « Aujourd’hui les 1000 mesures annoncées, ça représente peanuts ! Ca représente 5 millions d’euros au mieux sur au moins 150 à 200 millions de pertes. Il faut aligner en face des chiffres qui soient à la mesure et surtout qu’on se pose la question comment toutes ces exploitations vont pouvoir tourner avec des marges normales ! On parle toujours de commerce équitable pour le cacao et le café mais ici aussi il faudrait peut-être à faire un commerce équitable des produits agricoles et du vin en particulier. »

 « C’est ce sur quoi il faut se pencher : d’une part des aides directes, l’accès au crédit pour ces vignerons-là que les banquiers vont lâcher gentiment et puis des prix de marché sur lesquels il va falloir travailler. Aujourd’hui, ils montent un peu car il va y avoir une pénurie. Mais on arrive à peine au prix de revient aujourd’hui. Alors qu’on a perdu 40 % de la récolte. C’est la dessus que « SOS vignerons sinistrés » veut travailler. Pas seulement pour ceux qui ont eu la grêle mais pour tous ceux qui ont été victimes des aléas climatiques de cette année. »

Interview par Jean-Pierre Stahl et Pascal Lécuyer de Dominique Techer

 

11 Fév

Olivier Bernard : « Les grands vins, c’est des grands fruits ! Tout le reste, c’est du blabla… »

Tout le monde était suspendu à ses lèvres…Son jugement sur le 2013 est tombé: « un millésime inégal ». « Exceptionnel en Sauternes, bon en blanc et inégal en rouge. » Parole d’expert a interviewé Olivier Bernard, Président de l’Union des Crus Classés de Bordeaux.

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Olivier Bernard, propriétaire du Domaine de Chevalier et Président de l’Union des Grands Crus de Bordeaux © Jean-Pierre Stahl

Jean-Pierre Stahl : « Quelle est votre réaction sur le coup de filet des gendarmes suite à l’opération « cassevin » de cambrioleurs qui écumaient les châteaux du Bordelais ? »

Olivier Bernard : « Il était temps que ça s’arrête ! J’ai entendu qu’il y avait 15 propriétés ou négociants qui ont été dévalisés…Quand il y a un gang organisé, c’est bien que ça s’arrête. C’est vrai que la tentation est grande, parce que ces vins sont liquides, ils sont vendables assez facilement. Dans la profession, on doit mieux regarder nos systèmes de défense, mais après on a du mal à contrer des gens qui veulent voler à tout prix. La gendarmerie peut nous informer, nous dire comment ils sont rentrés, il y a peut-être une information à faire passer au niveau de la Fédération des grands vins pour des mesures de protection. »

JPS : « Ce qui explique ces cambriolages, c’est que ces vins sont devenus excessivement chers, est-ce qu’ils ne sont pas devenus trop chers ? »

OB : « Bordeaux, c’est 10 000 châteaux, parmi ces châteaux, il y en a 50 qui ont connu ces dernières années une certaine flambée par le marché. Mais attention, ce n’est pas la faute des châteaux s’ils sont sortis chers, c’est le marché qui a fait qu’ils sont devenus chers ! C’est pas le propriétaire qui a décidé de les vendre chers, c’est le marché qui a décidé qu’une bouteille qui au départ était à 300 euros, très chère, allait être vendue 1 000 euros. Donc le marché a été très fort, très spéculatif, trop spéculatif sur un certain nombre de vins car ils sont produits en petite quantité. Et il y a un certain nombre de pays qui sont capables d’avaler ces grands crus. Moi, je n’aime pas la spéculation dans le vin. J’aime les vins de consommation. Alors voilà on parle de ces 50 crus de façon permanente, j’aimerais aussi qu’on parle des 9 950 Bordeaux qui eux sont à un prix raisonnable et dans leur prix de consommation. Sur ces 50 crus il y a eu des périodes très chaudes, à cause de la Chine notamment, à cause de la spéculation, j’espère qu’on va revenir à des valeurs normales ! »

Le Domaine de Chevalier © interestinwine.co.uk

JPS : « ça va peut-être être le cas pour le 2013, car le 2013 est pas mal décrié et notamment pour les grands crus classés, ça risque de les faire baisser, non ? »

OB : « Oui, 2013 se présente d’une façon assez compliquée parce que sa réputation n’a pas été portée parmi les grands millésimes et ce n’est pas un grand millésime. Il est dans la lignée de 2011 et 2012. Mais, ce qui se passe aujourd’hui, c’est qu’il n’y a plus de spéculation et que les Chinois sont à l’arrêt donc on va revenir aux vrais prix ! Et moi les vrais prix qui donnent des Bordeaux de consommation, ça me va bien, ça va bien aux Français et aux Européens de façon générale. Donc peut-être que pour ce millésime 2013, on va retrouver des acheteurs avec le sourire. »

JPS : « On a parlé de « Bordeaux bashing » pour ce 2013…Est-ce qu’il faut l’enterrer ou pas ? »

OB : « Non, non, faut pas l’enterrer ! Moi, je suis un amateur de vin, et dans ma cave, il y a de grands millésimes et des millésimes à boire. Moi, quand j’ai commencé en 83, j’ai bu pendant des mois et des années du millésime 80 et on s’est régalé ! Et puis plus tard on a bu du 87; et puis du 2002, les 2002, ils sont délicieux ! Ouvrez une bouteille de 2007, il y a 90 % des Bordeaux qui sont juste délicieux. Et 2013 est un peu dans cette série là. Un millésime à boire certes, pas compliqué certes. Ce n’est pas un grand millésime de garde, il va pas rester dans la légende de Bordeaux, ça je peux vous l’assurer. Mais s’il avait ce côté un peu sexy d’un millésime généreux, bon à boire dans 5 ans, ça m’irait très bien »

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Olivier Bernard dans le chai à barriques du Domaine de Chevalier © Domaine de Chevalier

Et de préciser un peu plus tard lors de sa conférence de presse au Club de la Presse de Bordeaux:

« A Sauternes, c’est une année d’exception, je donne 5 étoiles ! En blanc, c’est pas mal, 4 étoiles. En rouge, il y aura de très grands mais aussi d’autres moins grands. Le mot que je retiens pour le 2013: c’est inégal. C’est un millésime jaloux. Il y a des gens qui ont pris plus d’eau que d’autres, donc c’est inégal. Imaginez, en 15 mois à Bordeaux, on a pris 1,6 mètres d’eau alors qu’on pend en un an 800 mm. »

« D’habitude, les propriétés de grands crus classés sortent 60 % de 1ers vins et 40 % de seconds vins, là il y en aura qui sortiront 25 % de 1ers et 75 % en seconds vins…Si Bordeaux veut vendre ses vins, il va falloir les vendre au bon prix du marché. »

Et d’estimer une baisse d’environ 20 à 30 % pour les plus grands crus classés lors de la prochaine campagne des primeurs.

Interview d’Olivier Bernard par Jean-Pierre Stahl et Jean-Michel Litvine au Club de la Presse de Bordeaux

Et pour aller plus loin : Domaine de Chevalier

 

 

23 Jan

On vend beaucoup moins de 1ers crus et de grands crus classés…on a réduit la voilure.

Parole d’expert a interrogé Olivier Cornuaille, le directeur d’une grande surface à Bordeaux-Caudéran, sacré meilleur hypermarché de l’année par la Revue du Vin de France. Il revient sur les grands crus classés qui se vendent nettement moins bien qu’il y a 6 ans. En cause leur prix ! Le ticket moyen par bouteille est tombé à 16-17 euros au lieu de 20-21 lors des foires aux vins, un marqueur et un révélateur…

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Olivier Cornuaille, directeur de Carrefour Market à Bordeaux, primé par La Revue du Vin de France©Jean-Pierre Stahl

Jean-Pierre Stahl: « Les grands crus se vendent-ils encore ou plus du tout, en France en tout cas ? »

Olivier Cornuaille: « Les grands crus se vendent toujours, bien évidemment. C’est moins facile qu’à une époque, pour deux raisons principales: les prix ont eu une certaine évolution depuis le fameux millésime 2005, la conjoncture 2008 est passé par là. Les grands crus se vendent toujours, on a toujours des amateurs, des collectionneurs, mais pour nous, vendeurs de vins, c’est plus compliqué à vendre ! Il y a une barrière psychologique au prix qui fait qu’actuellement il faut faire preuve de beaucoup plus de relationnel, de dégustation aussi parfois pour que le client se laisse tenter. »

JPS: « Vous avez dû vous réadapter au niveau du stock, donnez nous des exemples. »

OC: « Il y a quelques années sur les 1ers crus classés, les seconds ou les troisièmes (crus classés), nous pouvions avoir 2, 3 ou 4 millésimes différents à proposer au client. Aujourd’hui, on a réduit la voilure. On propose toujours ces 1ers, seconds ou troisièmes crus classés mais avec 1 ou 2 millésimes de disponibles. C’est une adaptation au marché, à la loi de l’offre et de la demande. »

JPS « Si les grands crus se vendent moins bien, est-ce parce que les consommateurs ont changé leur fusil d’épaule ? »

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Les 1ers et grands crus classés millésimés sous vitrine réfrigérée, en fond les gammes moyennes entre 6 et 15 euros augmentent leurs parts de marchés©JPS

OC: « Le consommateur, d’une manière générale garde un budget pour le vin, et ça  c’est très bien, c’est quand même l’essentiel pour nous distributeurs d’avoir cette relation avec le client qui garde un certain budget. Mais le budget est différent: quand je pouvais me permettre à une époque d’acheter un 1er cru classé, aujourd’hui je vais acheter un vin qui n’est plus un 1er cru classé mais un vin qui est de très grande qualité avec la même enveloppe, le même budget au cours de l’année ou durant les périodes très actives de foires aux vins. »

JPS: « Alors justement, le prix moyen d’une bouteille au moment des foires aux vins a-t-il baissé ? »

OC: « Aujourd’hui, le prix moyen d’une bouteille lors des foires aux vins est de 16-17 euros alors qu’il y a quelques années on dépassait les 20-21 euros ! Le changement principal, c’est qu’on vend beaucoup moins de 1ers crus et de grands crus classés. Les volumes évoluent, mais au détriment de la valeur… »

JPS: « Pourquoi ça ne se vend plus ces grands crus classés ? »

OC: « Il y a un effet conjoncturel qui fait que le client, à un moment donné, est obligé de faire des arbitrages. Les arbitrages se font sur ces vins-là et notamment sur l’exponentiel de prix qui fait qu’on hésite et puis on n’y va pas. Soit on réduit le budget, soit on le supprime complètement. Et puis, il y a un autre phénomène: les gens ont aussi des vins dans leur cave et ils se disent « bon, je vais attendre et puis je vais consommer peut-être un peu plus mes vins qui sont en cave ! » »

Retrouvez l’interview d’Olivier Cornuaille par Jean-Pierre Stahl et Olivier Prax

11 Jan

Yquem ou le retour à la pureté originelle

Sauternes a disparu ! Ouf, uniquement sur l’étiquette principale du château d’Yquem. Un signal donné au monde entier. Une marque qui se vend sans l’AOC (qui toutefois demeure sur la contre-étiquette car obligatoire). Pierre Lurton, le PDG d’YQUEM, est l’invité ce mois-ci de parole d’expert…

 

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La nouvelle étiquette pour le millésime 2011 de château d’Yquem

Jean-Pierre Stahl : «Yquem est à nouveau sous les projecteurs, avec une nouvelle étiquette pour le 2011 où l’appellation Sauternes a été retirée sur la première étiquette mais figure bien sûr sur la contre-étiquette comme mention obligatoire, pourquoi cette disparition ?»

Pierre Lurton : « Originellement, il n’y avait pas Sauternes sur l’étiquette.Il y avait marqué « Lur Saluces ». C’est vrai qu’on nous a demandé de retirer ce nom en 2001. Il y avait un grand vide et on a  ajouté Sauternes. Donc si vous voulez, on est revenu à l’origine, ce qui ne veut pas dire qu’on n’adhère pas mais on retrouve Sauternes sur la contre-étiquette comme mention obligatoire. »

JPS : « Aujourd’hui va –t-on vers une plus grande lisibilité sur l’étiquette ou est-ce les grandes marques qui se permettent le luxe de retirer le nom de l’appellation ? »

PL : « Tout le monde aime cette pureté originelle d’Yquem, et puis c’est la grande marque connue dans le monde entier. Quand il y a des vins à 50 euros et qu’on est vendu 450, on se demande ce qu’on fait là. Les acheteurs à l’étranger ne comprennent pas. On ne peut pas être dans le même panier mais au niveau des Romanée-Conti, château Latour et autres Margaux…On ne veut pas être présomptueux, on partage le même écosystème avec des illustres voisins. Tout ce qui tirera Sauternes vers le haut nous ira tout-à-fait. »

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Pierre Lurton (© Gerard Uferas Ch‰âteau d’Yquem)

 JPS :  « Si Yquem a fait l’impasse sur le 2012, (l’annonce avait été faite à l’occasion du premier Bordeaux Tasting), faut-il s’attendre au contraire à un millésime 2013 exceptionnel ? »

PL : « 2012, on ne l’a pas fait car d’une part, on n’avait qu’une trop faible quantité, et d’autre part on n’ a pas eu de ramassages satisfaisants au niveau des concentrations. L’assemblage à Yquem ne se fait pas que sur la sucrosité mais surtout sur la fraîcheur, c’est ce qui fait les grands vins. Régulièrement, on a fait l’impasse: en 1964, 1974 et 1992. Cela rassure la marque et les fidèles d’Yquem. »

« 2013 montre que la nature peut être généreuse. Dans un millésime qui n’est pas le plus recherché en rouge, le botritis a fait au contraire le plaisir de Sauternes et d’Yquem, ce sur un temps relativement long. On a fait un choix, une selection. Yquem sera, je le pense, comme le 2011 avec cette fraîcheur et d’une grande complexité qui fait les grands Sauternes. »

JPS : « Cheval Blanc, que vous dirigez également, vient de battre un nouveau record chez Christie’s avec 12 bouteilles du prestigieux millésime 1947 vendues plus de 130 000 euros, est-ce à dire que ces flacons doivent être considérés comme quasiment des œuvres d’art ? Est-ce bien raisonnable ? »

 PL : « L’oeuvre d’art, je n’ai rien contre, mais ça peut se démoder ! 47 de Cheval Blanc, c’est un vin d’exception ! Chaque fois qu’on ouvre une bouteille, on est subjugué, c’est vraiment génial ! On est rarement déçu d’un 47…C’est vraiment une des deux ou trois bouteilles à retenir sur le siècle (XXème) à Bordeaux ! Cela ne m’étonne pas qu’on puisse mettre des sommes pareilles, la rareté fait le prix. »

PL : « A Yquem, on a révélé l’histoire. On est resté dans l’esprit de Françoise Joséphine de Sauvage d’Yquem (qui avait épousé Amédée de Lur Saluces) qui l’avait dessiné. On n’a fait que révéler et redonner le lustre à ce qui existait. A Cheval, il fallait se lancer dans le contemporain et dans une grande histoire architecturale. Le nouveau chai a été primé. Christian de Portzamparc a recu « l’award du grand dessin d’architecture ». Le chai est superbe, élégant et s’inscrit comme aux XVIIIème et XIXème dans ces œuvres intemporelles musicales qu’on écoute et réécoute. Deux démarches certes différentes mais toujours pour magnifier ! »

http://www.yquem.fr/

JPS « Comment vous organisez-vous entre Yquem, Cheval Blanc, Quinault l’Enclos, Cheval des Andes, votre propre château, Marjosse dans l’Entre-Deux-Mers, et toutes ces sollicitations à Paris et partout dans le monde ? »

PL : « J´ai une énergie naturelle ! Mais je me suis entouré également de collaborateurs de qualité. Je sais que derrière le travail est bien fait et en plus je suis aidé par les terroirs ! A Quinault, c’est surtout Pierre-Olivier Clouet qui est a la barre. Pour Cheval des Andes, j’ai toujours un regard au moment stratégique des assemblages au mois de mars. »

JPS :  » Vous qui bouillonnez d’idées, quelle nouvelle trouvaille allez-vous nous faire partager prochainement ? « 

PL : « Est-ce que j’ai toujours le feu sacré ? Qu’est ce que je mijote? On a encore des pages a écrire ! Terminer la restauration d’Yquem: si tel chateau est fini, il y a encore le jardin et des petites cours a revoir. On va continuer a aller de l’avant sur les grandes marques, on peut les moderniser encore plus. Yquem un peu plus frais en vin jeune est un apéritif merveilleux! Au niveau du Fooding avec de nouveaux chefs, on va essayer d’être avant gardistes.

Acquerir de nouveaux terrains ? Non, on va continuer de magnifier tout cela.

Je reste enthousiaste… Il faudrait que Bernard Arnault s’achète « un bout de terre en Bourgogne », et nos équipes iraient alors apporter notre savoir faire… »

20 Déc

BordeauxTasting: un avant-goût des réveillons de fin d’année

Un entretien début décembre avec Rodolphe Wartel, le directeur de « Terre de Vins », le magazine organisateur de Bordeaux Tasting, qui a réuni 5200 personnes au Palais de la Bourse à Bordeaux les 14 et 15 décembre 2013.

 

 Jean-Pierre Stahl: Rodolphe Wartel, qu’est-ce qui vous a poussé à lancer en décembre 2012 le 1er « Bordeaux Tasting », dans cet écrin magnifique qu’est le Palais de la Bourse ?

RW : « Les grands vins de Bordeaux ont paradoxalement quitté Bordeaux et le grand sud ouest. Ils marquent le terrain à Hong Kong, Shangaï, Pékin ou Londres mais pas Bordeaux. Or s’il faut être fort à l’extérieur, il faut aussi gagner à domicile, préserver ses parts de marché et ne pas engendrer de désamour avec ses plus fidèles ambassadeurs : les Bordelais, les Girondins, les Aquitains. »

JP.S : Pourquoi n’y avait-il pas eu jusqu’alors un tel rendez-vous, qui d’ores et déjà devient incontournable,  la « Belle Endormie » continuait-t-elle son somme ?
RW : « Réunir autant de grands crus classés et de pépites dans cet écrin qu’est le Palais de la Bourse demande un budget considérable, une connaissance parfaite du sujet, une organisation sans faille et une puissance media. Le magazine Terre de vins, qui est aussi concepteur d’événements, possède tous ces atouts. Le rendez-vous a bien coïncidé entre un besoin – celui des châteaux de renouer avec Bordeaux – et la montée en puissance très forte de Terre de vins. »

JP.S : Dans cette sélection des 120 plus grands Bordeaux, doit-on s’attendre à trouver les « Rolls » du Bordelais ou va-t-on découvrir des pépites encore jamais découvertes ?
RW : « Les deux. Sur les 120 grands bordeaux, un très grand nombre de châteaux sont classés 1855, classés à saint-émilion, sauternes ou dans les graves. Mais bon nombre de châteaux  sont moins connus et bénéficient d’un rapport qualité-prix magnifique : château Thieuley, Hostens-Picant, Château Maison Noble, Château Fonchereau, Clos du Jaugueyron, château Maison Blanche, château la Perrière… et tant d’autres ! »

JP.S : Les champagnes seront aussi à l’honneur. Qu’est ce qui fait la qualité et la renommée d’un grand champagne aujourd’hui ?
RW : « Les champagnes seront présents au rez-de-chaussée dans l’amphithéâtre du Palais de la Bourse. Sur les 16 champagnes, 8 représentent des grandes maisons, et 8 des vignerons. La qualité d’un champagne réside aujourd’hui dans sa capacité, comme partout en France, à cueillir des raisins sur les meilleurs terroirs, c’est-à-dire les meilleurs crus et à s’approvisionner en raisin afin de répondre à la demande mondiale. Les champagnes de vignerons répondent à la première condition, pas toujours à la deuxième. Les maisons de champagne qui seront présentes font partie des très  grandes maisons de champagne (Taittinger, Thiénot, De Venoge, Drappier…) et sont capables de produire d’importants volumes. »

JP.S : Pourra-t-on un jour déguster du Crémant de Bordeaux à Bordeaux Tasting ? Les Bordelais et Aquitains seraient-ils moins « chauvins » que les Alsaciens avec leur Crémant ?
RW : « Oui. Deux propriétés représenteront cette appellation : Crémants Jean-Louis Ballarin et les Cordeliers »

JP.S : Des amateurs profitent de Bordeaux Tasting pour sélectionner des vins et champagnes qu’ils vont déboucher sur les tables de réveillons, peuvent-ils se faire plaisir dans des gammes de prix raisonnables en cette période de crise
RW : « Bien sûr. Il y aura des vins rares dont les prix seront parfois supérieurs à 100 ou 150 euros la bouteille voire davantage mais aussi des vins à partir de 7 ou 8€. Dans tous les cas, il sera possible de tout déguster, toujours avec modération car savoir boire c’est aussi savoir vivre. »

JP. S : Outre les dégustations sur les différents stands, quelles seront les animations annexes ?
RW : « Ces vins là constituent une galaxie bien particulière qui les rapproche du monde de l’art. L’art sera donc très présent durant ces deux jours avec de nombreuses surprises toujours marquées par l’élégance, le chant, ou encore la danse… »

http://www.terredevins.com/