27 Mar

Des chauves-souris dans les vignes pour tenter d’éviter les pesticides

Côté châteaux vous en avait déjà parlé avec le Domaine Emile Grelier, précurseur sur la conduite de la vigne en biodiversité dans le Nord Gironde. Confirmation avec cette semaine la LPO qui a annoncé que les chauves-souris contribuent à lutter contre le ver de la grappe et pourraient ainsi devenir une alternative à certains pesticides.

Test pour nourrir une chauve-souris © LPO Aquitaine

Sur 23 parcelles de vignes étudiées en Gironde, une étude menée par la LPO Aquitaine, Eliomys et l’Institut national de la recherche agronomique (Inra), montre que « les chauves-souris augmentent leur activité de chasse en présence des ravageurs ». Cette observation a été confirmée par des analyses génétiques de leur guano (excréments).

« Ces résultats attestent donc de façon formelle, et pour la première fois, la capacité des chauves-souris à se nourrir d’eudémis et de cochylis », des papillons ravageurs de la vigne qui, en cas d’infestation, « contraignent les viticulteurs à l’emploi d’insecticides », ont indiqué dans un communiqué les trois organismes et le Comité interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB) qui a financé cette étude, réalisée de mai à octobre 2017.
« Ca a été un peu une surprise. Nous avons trouvé 19 des 22 espèces connues en Gironde. On ne s’attendait pas à ce qu’autant d’espèces de chauves-souris fréquentent la vigne, qui n’était pas jusque-là connue pour sa biodiversité. On n’imaginait pas la vigne comme un milieu attractif pour les chauves-souris. Par contre, l’activité dans le vignoble est inférieure à d’autres habitats plus naturels comme les haies », a expliqué  Yohann Charbonnier, chargé de mission scientifique à la LPO Aquitaine.
Maintenant qu’il a été prouvé que les chauves-souris contribuent à lutter contre le ver de la grappe, reste à savoir lors d’une prochaine étude s’il est financièrement avantageux pour les viticulteurs de favoriser l’activité de ces chiroptères. « Est-ce que les chauves-souris mangent assez de ravageurs pour limiter l’utilisation de pesticides? », s’interroge M. Charbonnier.
Le ver de la grappe provoque des blessures et des pertes de grains de raisin, les chenilles de la deuxième génération perforant ces grains.
AFP

15 Mar

Gironde: les pesticides classés dangereux ont été réduits de moitié en trois ans (CIVB)

Le département de Gironde, l’un des premiers consommateurs de pesticides en France destinés à la viticulture, a réduit de moitié son utilisation de produits classés CMR (cancérogènes, mutagènes et repro-toxiques) en trois ans, selon des données fournies mardi par le Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux (CIVB).

Epandage de produits phytosanitaires dans les vignes © archives – JPS

Les ventes de produits phytosanitaires de synthèse CMR, destinés à lutter contre les deux principaux ennemis de la vigne, l’oïdium et le mildiou, sont tombées « aux alentours de 850 tonnes » en Gironde en 2016 alors qu’elles se situaient « à quelque 1.800 tonnes en 2014 », soit « un recul de 55% en trois ans », a indiqué le président du CIVB, Allan Sichel, à l’AFP en marge d’une conférence de presse à Paris.

Notre ambition est de les éliminer totalement, ainsi que tout ce qui peut constituer une prise de risque pour la santé » des 6.100 viticulteurs que compte Bordeaux, Allan Sichel.
Au cours de la conférence de presse, M. Sichel a aussi précisé que les ventes d’herbicides avaient reculé de 35% sur les mêmes trois années en Gironde. A deux reprises et à deux ans d’intervalle, en 2016 et 2018, le vignoble français, en particulier celui de Bordeaux, a été mis en cause pour son recours massif aux pesticides, dans deux enquêtes successives réalisées par les émissions Cash Investigation et Cash Impact sur France 2.
Selon Cash Investigation, les quatre départements où les ventes de pesticides classés dangereux ou potentiellement dangereux étaient les plus importantes (+3.000 tonnes vendues par an depuis 2008) étaient la Gironde, l’Aube, la Marne, et la Loire Atlantique, toutes des régions viticoles.
Et selon des données du ministère de l’Agriculture obtenus par l’émission Cash Impact, diffusée le 27 février, 68.000 tonnes de pesticides ont été vendus en 2016 en France au total. Et entre 2009 et 2016, les ventes ont augmenté de 6% en France, selon la même source.
Avec AFP

14 Mar

Le château Angélus passe en conversion bio…

A son tour, le château Angélus, 1er Cru Classé A de Saint-Emilion, a annoncé en ce début de semaine sa décision de passer au bio, actuellement en conversion. Une démarche que de nombreux grands châteaux entament désormais dans le Bordelais.

L’équipe d’Angélus avec au centre Stéphanie de Boüard-Rivoal, Thierry Genié et Hubert de Boüard © Angtélus

Stéphanie de Boüard-Rivoal et Thierry Grenié de Boüard ont annoncé en ce lundi soir leur décision de « faire entrer, à son tour, Château Angélus en conversion bio ».

 « Ma famille a toujours veillé à respecter l’éco-système dans lequel nous vivons » déclare Stéphanie de Boüard-Rivoal à Côté Châteaux.

Il y a 3 ans, le château Bellevue, grand cru classé de Saint-Emilion, situé juste en face d’Angélus et co-propriété de la famille de Boüard de Laforest était déjà entré en conversion bio.

13 Mar

Quand la biodiversité a droit de cité au Domaine Emile Grelier

Replacer la vigne au coeur d’un éco-système, c’est l’idée forte qu’ont eu Delphine et Benoît Vinet. Il y a 15 ans, ils ont créé de toute pièce à Lapouyade en Gironde un vignoble de 8 hectare en bio tout en imaginant un domaine totalement naturel.

Delphine et Benoît Vinet ont créé de toute pièce ce vignoble il y a 15 ans © JPS

Delphine et Benoît Vinet ont créé de toute pièce ce vignoble il y a 15 ans © JPS

Ici ils ont planté 360 arbres au beau milieu des vignes pour y inviter insectes, oiseaux et chauve-souris qui auto-régulent les ravageurs et créent ainsi un micro-climat.

IMG_5527« En plantant des arbres, on permet à la chauve-souris d’occuper tout le domaine, sur le vignoble. » Delphine Vinet.

IMG_5554Il faut savoir que les vignerons sont embêtés par des petites chenilles qui sont pondues dans les baies de raisins par des papillons nocturnes, et puis de l’autre côté on a des chauve-souris qui sont des petits mammifères noctures capables d’ingurgiter jusqu’à 3000 insectes par nuit et par individu… », complète Delphine Vinet.

IMG_5646Ce domaine aujourd’hui a valeur d’exemple et est visité par de nombreuses classes comme ce lycée agricole de l’Oisellerie à la Couronne en Charente.

IMG_5622Mené en agriculture biologique, le vignoble des époux Vinet a repensé tout le travail de la vigne. Son sol regorge de vers de terre très utiles.

IMG_5643C’est intéressant de voir un sol qui vit quand même, dans cette parcelle de vigne, donc c’est bien on voit différents types de vers de terre. C’est un sol qui a de la vie, qui est travaillé, aéré par les vers de terre.

IMG_5593Au niveau du sol, on passe juste des lames sous le rang de vigne pour contrôler la végétation, on se limite à ça, nous ne tondons plus, nous ne labourons plus et ce sont les animaux, les vers de terre, les insectes qui font le travail », Benoît Vinet.

IMG_5655Il est ainsi possible de conjuguer équilibres environnementaux et production de vin. Un vignoble qui a été couronné  Refuge LPO par la Ligue de Protection des Oiseaux.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl et Jean-Pierre Magnaudet :

28 Fév

Bordeaux : les réactions au lendemain de l’émission « Cash Impact » sur les pesticides

Au lendemain de Cash, la température est plutôt froide à Bordeaux. Alors que les anti-pesticides nous montrent les analyses réalisées dans des habitations et des écoles du Médoc, les pouvoirs publics et le CIVB reconnaissent que des efforts ont été faits mais que « Cash Impact ne tient pas sa promesse : où est le bilan objectif 2 ans après Cash Investigation ? »

Corinne Despréaux habite juste en face d'une immense parcelle de vignes régulièrement traitées au printemps et en été © JPS

Corinne Despréaux habite juste en face d’une immense parcelle de vignes régulièrement traitées au printemps et en été © JPS

A Listac-Médoc, par -2°C, Corine Despréaux nous monte sa maison qui jouxte des vignes. Dès qu’elle ouvre sa baie vitrée, elle a une vue imprenable sur une immense parcelle de vignes, et lors des traitements, c’est la même chose, à ceci près c’est qu’elle est avertie désormais des jours de traitements…ou parfois le lendemain.

Le résultat est très mauvais, ça je m’y attendais, il y a énormément de pesticides dans ma maison même certains pesticides interdites depuis 2015″ Corinne Despréaux

IMG_4998Pour être tout à fait juste, elle fait partie de l’association Info Médoc Pesticides. Quand Marie-Lys Bibeyran lui a proposé de mesurer chez elle la présence ou non de pesticides dans son habitation, cela a été sans aucun problème.

IMG_5000C’est ainsi qu’en septembre, Corinne Despréaux a accepté de mettre dans le tuyau de son aspirateur un flacon permettant de recueillir les poussières de son logement. Une maison très bien tenue car elle est assistante maternelle et s’occupe d’enfants en bas âge.

Les résultats retrouvés chez Corinne Despréaux © JPS

Les résultats retrouvés chez Corinne Despréaux © JPS

Les résultats dont elle se doutait ont été à la hauteur de ses craintes : 18 pesticides retrouvés dont certains très dangereux …16 reprotoxiques, 8 mutagènes et 6 perturbateurs endocriniens. Dont du diuron interdit depuis 2008.

Stéphane Védrenne a perdu sa fille Eva d'un cancer. Depuis avec sa femme il a créé Eva pour la Vie et lutte contre ce qui pourrait provoquer des cancers chez les enfants © JPS

Stéphane Védrenne a perdu sa fille Eva d’un cancer. Depuis avec sa femme il a créé Eva pour la Vie et lutte contre ce qui pourrait provoquer des cancers chez les enfants © JPS

C’est ‘association « Eva pour la Vie » (association crée par les époux Védrenne suite au cancer et au décès de leur petite fille Eva) qui a financé ces analyses réalisées par le laboratoire Kudzu Science qui a recherché ces pesticides (insecticides, herbicides et fongicides) couramment utilisés en viticulture. Ces analyses confirment la présence importante de pesticides dans 8 habitations à Listrac, Cussac et Macau et dans une école primaire, celle de Listrac, pourtant éloignée de plus de 50 mètres des vignes.

Marie-Lys Bibeyran et Stéphane Védrenne à Listrac © JPS

Marie-Lys Bibeyran et Stéphane Védrenne à Listrac © JPS

Pour Marie-Lys Bibeyran présidente d’Info-Médoc Pesticides : « Il est non seulement intolérable d’utiliser encore ce genre de molécules, CMR cancérigènes mutagènes reprotoxiques, et encore plus intolérable, inaccepable, anormal de les retrouver dans une salle de classe où des enfants vont passer 7 heures par jour, 4 jours par semaine et encore une fois ça c’est au mois de septembre, qu’en est-il en mai ou juin en plein coeur de la saison ? »

Les chiffres parlent d’eux mêmes, on retrouve dans ces échantillons, dans ces prélèvements entre 11 et 21 pesticides dans des quantités qui sont 60 fois supérieures à la limite de quantification » Stéphane Védrenne co-fondateur d’Eva Pour la Vie

Le maire de Listrac et son 1er adjoint tous deux viticulteurs © JPS

Le maire de Listrac et son 1er adjoint tous deux viticulteurs © JPS

Pour le maire de Listrac, Alain Capdevielle, viticulteur lui-même, on ne va pas pouvoir changer de suite toutes ces pratiques, cela risquerait de mettre en péril certaines exploitations, mais on est en bonne voie.

Pour nous je pense qu’il y a des efforts qui sont faits, au niveau communal on en fait énormément on entraîne dans une démarche de biodiversité pas mal de châteaux.Il y en a une bonne dizaine qui nous suivent pour revenir à des travaux de vignes à l’ancienne » Alain Capdeville maire de Listrac

Allan Sichel et Christophe Chateau du CIVB ont participé à Cash Impact, ils regrettent quelques nuances ou oublis dans le reportage © JPS

Allan Sichel et Christophe Chateau du CIVB ont participé à Cash Impact, ils regrettent quelques nuances ou oublis dans le reportage © JPS

Le Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux dénonce des conclusions un peu rapides… en faisant ce matin un communiqué de presse reprenant de nombreux oublis dans l’émission « Cash ne tient pas sa promesse : où est le bilan objectif 2 ans après Cash Investigation ? »

Pour lui, Cash Impact « laisse croire, sans peuves, que les viticulteurs fraudent en achetant à l’étranger des produits interdits en France », par ailleurs « Cash impact aurait pu dire que des molécules de produits interdits peuvent encore laisser des traces dans l’environnement aujourd’hui, que le diuron interdit depuis 10 ans en agriculure est autorisé pour d’autres usages notamment le bâtiment… » Toutefois des mesures devraient être prises très prochainement pour continuer à diminuer l’usage des pesticides, une réunion est prévue le 9 mars prochain.

Les actions à court terme, c’est très rapidement sortir des produits les plus toxiques, les plus dangereux qui sont les CMR, après on veut aller vers les produits les moins toxiques les produits bio, mais aussi diminuer et sortir complètement des pesticides », Allan Sichel président du CIVB.

Allan Sichel interviewé par Elise Lucet dans Cash Impact © JPS

Allan Sichel interviewé par Elise Lucet dans Cash Impact © JPS

Pour le CIVB enfin, Cash Impact aurait pu souligner la « diminution par deux les ventes des pesticides classées CMR en Gironde entre 2014 et 2016 passant de 1800 tonnes à 850 en 2016 soit 55% de moins en trois ans ». Sans oublier « une baisse de 35% des ventes d’herbicides en Gironde entre 2014 et 2016 ».

Si vous voulez revoir Cash Impact c’est par ici

24 Jan

Concours de la carte de voeux…la plus bobo écolo

Suite du concours de la carte de voeux la plus intelligente ou vin…solite. Elle est envoyée par les vignerons de Buzet et a été oubliée du concours lancé par Côté Châteaux car en retard, mais toujours dans les clous car on peut souhaiter les voeux jusqu’au 31 janvier. Une carte très écolo qui cadre avec leur démarche depuis 2005 de « s’engager autrement ! »

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Pour être honnête, je l’ai reçue en début de semaine. Mais après mon premier billet sur le concours de la carte de voeux la plus intelligente.

Je ne peux que décerner un autre prix spécial du jury, celui de la carte la plus écolo, et puis bobo, car il y a un B…dans Buzet. Ce sont les vignerons de Buzet, « inspirés par la nature », qui n’arrêtent pas de trouver des idées géniales pour faire vivre la bio-diversité sur leur terroir avec la chouette Athéna, la tulipe d’Agen, le label « bee friendly » et aussi les vins « vegan. »

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Là ils envoient leurs voeux d’une « viticulture respectueuse de l’Homme »sur une carte qui contient des graines de fleurs. Une carte bio dégradable à arracher en petits morceaux et à planter dans un pot, c’est rigolo et en plus ça va bientôt fleurir. Pas bête la guêpe !

Lire ou relire :

C’est à Buzet ! Ils s’engagent autrement…Les Vignerons de Buzet concilient depuis 10 ans viticulture et environnement

20 Jan

Pesticides : lorsque les associations s’en prennent à Bernard Farges, celui-ci se défend

On a assisté hier à une passe d’armes entre d’un côté Valérie Murat et Marie-Lys Bibeyran et de l’autre Bernard Farges, avec en toile de fond les traitements phytosanitaires que celui-ci effectue sur sa propriété. Les deux responsables d’associations Alerte aux Toxiques et Info Médoc Pesticides ont fait analyser une cuvée 2014 de la production du viticulteur et vice-président du CIVB, et ont trouvé 16 molécules de pesticides. Bernard Farges de son côté a écrit une lettre ouverte à ces deux militantes où il regrette cette attaque mais confirme que le monde viticole et sa propriété sont en train de changer. Voici leurs échanges musclés.

Bernard Farges au bar à vins du CIVB à Bordeaux © JPS

Bernard Farges au bar à vins du CIVB à Bordeaux © JPS

En début d’après-midi, ce vendredi Bernard Farges, figure de Bordeaux, puisqu’ancien président du CIVB, et vice-président actuel, envoie une lettre ouverte à Valérie MURAT et Marie-Lys BIBEYRAN : « Vous avez diffusé ce matin un communiqué de presse me mettant en cause personnellement. Cette attitude est regrettable sur la forme, mais plus encore sur le fond, puisque vous faites état de résultats d’analyses mettant en évidence des traces de 16 pesticides dont 4 CMR retrouvés dans mon domaine le Château de l’Enclos 2014. »

Le matin même, ces responsables d’associations qui luttent contre les pesticides, dont un père et un frère sont décédés des suites de traitements qu’ils effectuaient dans les vignes, n’y étaient pas allées avec le dos de la cuillère et faisaient une attaque plutôt virulente : « Stupéfaites d’entendre M. Farges assumer encore, à l’été 2017, l’utilisation de produits phytosanitaires classés CMR sur son propre domaine,* nous avons donc fait analyser les résidus de pesticides du Château de l’Enclos 2014, cuvée phare de la cave de Sauveterre et propriété de « Mrs. Farges ».Après lecture des résultats d’analyse, nous nous frottons les yeux. On en a pour son argent ! 16 molécules de pesticides retrouvées dont 4 cancérigènes, mutagènes, reprotoxiques ».

Valérie Murat m’explique aujourd’hui :« on n’a pas choisit Bernard Farges comme un vigneron comme les autres, mais à 3 titres en tant que vice-président du CIVB, représentant des Grands Vins de Bordeaux et Président de la Fédération Européenne des vins sous Appellation. Il a un devoir d’exemple ».

Bernard Farges leur rétorque que « vous souhaitez disqualifier mon engagement réel et sincère de réduction et de sortie à terme de l’usage des pesticides, engagement que j’ai pris publiquement en avril 2016 lorsque j’étais Président du CIVB. Je voudrais vous rappeler avec force que le monde viticole est en train de changer répondant ainsi aux attentes de la société dont il fait naturellement partie. Oui, je ne suis ni meilleur ni plus mauvais que la plupart des vignerons de notre région. Je suis même tout à fait représentatif des profonds changements en cours. J’ai fortement diminué l’utilisation de pesticides depuis 2016 et j’ai également limité le recours aux CMR à chaque fois que c’était possible. J’espère bien réussir, en 2018, à n’en utiliser aucun. »

Et de confirmer « ce sujet est aujourd’hui dans la tête de tous les viticulteurs, on sait que l’utilisation globale va beaucoup baisser en Gironde et globalement que la transition est en cours. Le mouvement aujourd’hui est plus rapide. La communication de Valérie Murat et Marie-Lys Bibeyran leur appartient ».

Et les militantes de dire : « Quelle crédibilité reste-t-il à des responsables qui tiennent un discours et agissent autrement ? »  Bernard Farges de leur rétorquer : « Votre attitude Mesdames est d’une rare mauvaise foi. Délibérément vous choisissez un vin de 2014 alors que vous savez pertinemment que mon engagement au nom de la filière viticole bordelaise date d’avril 2016. Pourquoi me déniez-vous le droit de changer ? Le droit de faire mieux ? Pourquoi ne regardez-vous pas la réalité telle qu’elle est ? Pourquoi ne m’accordez-vous aucun crédit alors que précisément je mets en accord mes actes avec mes discours ? »

Bernard Farges confirme aujourd’hui que « le mouvement est enclenché, massif et puissant. »

Valérie Murat et Marie-Lys Bibeyran terminent en disant « Nous attendons, que derrière l’enfumage du double discours, apparaisse enfin une vraie stratégie offensive de sortie des CMR à Bordeaux. Les riverains, les salariés et les vignerons méritent bien cela. Leur santé ne peut se contenter d’un simple « principe » d’évitement ».

Enfin la parole à la défense :  « Je sais Mesdames que vous avez eu à souffrir à titre personnel de ces pratiques anciennes, nous avons d’ailleurs eu l’occasion d’en parler à Bordeaux à maintes reprises. Plutôt que d’alimenter une polémique vaine et injuste par médias interposés, et de choisir la voie de l’attaque personnelle, je trouverais plus constructif de mettre nos énergies et nos compétences en commun pour accompagner la dynamique engagée à Bordeaux. Je vous le propose à nouveau ».

Ce vif échange intervient près d’un mois après l’enquête de Que Choisir qui avait analysé 40 châteaux à Bordeaux et montré qu’en 4 ans, il y avait eu une diminution par 3 des résidus, molécules et traces de pesticides. (« Enquête bidon » selon Valérie Murat, le protocole d’analyses est insuffisant; il n’y a pas de législation pour établir une LMR limitation maximale de résidus, il y a un vide juridique ».) L’émission Cash Investigation sur France 2 remonte à 2 ans, pour ces militantes la vitesse à laquelle les changements interviennent n’est pas suffisante, elles réclament l’abandon des produits avec CMR les plus dangereux.

Une chose est sûre le dialogue serein est à privilégier, alors de part et d’autre, laissez retomber la pression et parlez-vous, dans un respect mutuel.

03 Jan

Les réactions du monde du vin de Bordeaux, suite à l’enquête de Que Choisir

Le monde du vin commente l’analyse faite par Que Choisir à propos des traces, molécules et résidus de pesticides dans les vins de Bordeaux, où il est fait état d’une diminution par trois en 4 ans. Une enquête plutôt bien accueillie mais à nuancer aussi.

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Léopold Valentin, le directeur technique du château Durfort-Vivens (2e cru classé de Margaux) © JPS

Margaux fait figure de bon élève, car 12 châteaux figurent dans cette l’appellation sur les 40 analysés par le magazine « Que Choisir » et obtiennent plutôt de bons résultats. Il faut dire que certains sont passé en bio ou biodynamie à 100% comme Pontet Canet ou Durfort Vivens. Tous deux figurent en tête du classement d’ailleurs, comme nous l’explique Léopold Valentin, le directeur technique du château Durfort-Vivens (2e cru classé de Margaux) :

C’est plutôt une bonne nouvelle, c’est l’aboutissement d’un travail commencé en 2010, suite à notre conversion en bio et en biodynamie », Léopold Valentin directeur technique de Durfort Vivens

« Aujourd’hui nous n’utilisons plus de molécules chimiques, uniquement du cuivre et du soufre ».

IMG_3297Dans ce millésime 2014 analysé, zéro trace de pesticides, zéro molécule et zéro résidu, comme d’ailleurs Pontet-Canet, autre château du Médoc à Pauillac, en biodynamie. Plusieurs châteaux sur ces 40 affichent des résultats corrects, d’autres un peu plus contrastés. Durfort Vivens s’est par ailleurs engagé dans une démarche de diminution des sulfites (autre débat). « L’idée est de faire des vins de plus en plus propres et qu’ils soient le plus naturels et le plus expressifs possibles, » ajoute Léopold Valentin.

Christophe Chateau, relisant l'article de Que Choisir © JPS

Christophe Chateau, relisant l’article de Que Choisir © JPS

Le Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux se réjouit des efforts réalisés par les propriétés tant conventionnelles qu’en agriculture biologique, avec des traitements raisonnés ou des pulvérisations plus ciblées, ou par le biais du sulfate de cuivre en bio. Certaines propriétés se sont engagées dans le Système de Management Environnemental; 170 revendiquent aujourd’hui un SME de niveau 3.

Les vignerons travaillent dans le bon sens mais il ne faut toutefois pas crier victoire car c’est une démarche sur le long terme », Christophe Chateau directeur de la communication du CIVB.

« Cette démarche là est entamée avec la nouvelle génération qui est prête à prendre le risque, et à utiliser des produits plus coûteux et à mettre en oeuvre des pratiques plus respectueuses de l’environnement parce que c’est la demande du consommateur aujourd’hui, c’est une demande sociétale, on va vers cette issue, c’est aujourd’hui une certitude », termine Christophe Chateau »

Marie-Lys Bibeyran invité du JT du 27 décembre dernier

Marie-Lys Bibeyran invité du JT du 27 décembre dernier

« L’analyse de cette enquête est toute relative, pour ma part j’y vois beaucoup de désinformation », commentait dès la sortie de Que Choisir Marie-Lys Bibeyran invitée du 19/20 sur France 3 Aquitaine. La porte parole du Collectif Info Médoc Pesticides. « Il est fait référence à des limites maximales de résidus qui en matière de vin n’existent pas, tout simplement. les seules limites maximales qui existent dans la viticulture ce sont celles de raisins de cuve. Quand dans l’enquête, il est dit que les taux détectés sont inférieurs, heureusement, parce que alors là ce serait encore plus inquiétant. Mais l’enquête se focalise sur des grands crus de Bordeaux avec un prix moyen de 40€ par bouteille, j’estime qu’à ce prix là on est en droit d’attendre une exemplarité et qu’on ne retrouve pas dans la totalité des vins analysés. »

Il faut aussi souligner que l’analyse des 40 châteaux sur plus de 9000 marques à Bordeaux est axée presque exclusivement sur le Médoc, elle ne cible pas tout le vignoble de Bordeaux qui compte 65 appellations. Néanmoins, elle a le mérite d’avoir été réalisée et de relancer le débat, ce d’autant qu’il n’existe aucune règle ou limite imposée jusqu’ici. Pour Stéphane Toutoundji du Laboratoire Oenoteam à Libourne : « ces traces de pesticides ou de résidus supposés dangereux pour la santé, n’ont aucune norme, aucune valeur minimale. C’est vrai qu’il y a des questions. Le chemin est intéressant parce que on voit que les gens font des efforts : les traitements phytosanitaires dans les vignes, il y en a moins, les gens raisonnent mieux, il y a vraiment une prise de conscience au niveau des viticulteurs et des propriétés. » Thomas Duclos regrette que la marge d’erreur n’ait pas été indiquée, car elle pourrait être de 15 à 20 %. 

Stéphane Toutoundji, Thomas Duclos et Julien Belle d'Oenoteam © JPS

Stéphane Toutoundji, Thomas Duclos et Julien Belle d’Oenoteam © JPS

Pour ces mesures de traces,molécules et autres résidus, le laboratoire avait connu de fortes demandes de la part des propriétés en bio ou non, mais depuis quelque temps il y en a beaucoup moins : « on s’aperçoit qu’il n’y a plus de demande car les gens ont voulu se caler sur un millésime pour voir où ils en étaient, les gens ont prix conscience de leur niveau et des taux qu’ils avaient et puis voilà, la raison c’est que c’est très cher c’est une analyse qui vaut à peu près 400 euros et plus on recherche de molécules, plus c’est cher et donc on peut en chercher des dizaines, voir une centaine; aujourd’hui on se retrouve avec des gens qui ont depuis une situation , un état de fait, décidé de travailler en amont dans leur vignoble (pour diminuer les pesticides), mais c’est tout il n’y a plus d’analyse systématique sur tous les millésimes.

Quant à connaître de la dangerosité de ces traces, molécules et résidus (en microgramme/l), « finalement, ce qu’il y a de plus dangereux dans le vin, c’est l’alcool, vues les doses dans cette étude et dans ce que l’on trouve nous, il faudrait boire des centaines de litres par jour pour être contaminé, donc vous serez mort d’une cirrhose ou d’un problème lié à un cancer de l’oesophage, ou de l’estomac lié à l’alcool plutôt qu’à ces résidus de pesticides, donc il faut vraiment tempérer les propos », conclue Stéphane Toutoundji. « Le plus dangereux dans le vin c’est l’alcool, mais en même temps l’alcool et la fermentation alcoolique permet d’avoir un effet bénéfique avec tout ce qui est polyphénols pour les maladies cardiovasculaires. Donc comme tout le monde dit le vin c’est bon pour la santé, mais à des doses modérées. »

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Sébastien Delalot, Françoise Dupuis et Thierry Culnaert :

28 Déc

L’enquête de Que Choisir révèle qu’il y a 3 fois moins de pesticides dans les Vins de Bordeaux qu’il y a 4 ans

En voilà, une bonne nouvelle en cette fin d’année qui démontre les efforts faits par les Viticulteurs du bordelais. Selon Que Choisir, il y aurait « trois fois moins de pesticides dans les vins de Bordeaux qu’il y a quatre ans » de quoi rassurer le consommateur. Mais des efforts restent à se poursuivre.

Le numéro de janvier de Que Choisir © JPS

Le numéro de janvier de Que Choisir © JPS

Si l’enquête paraît sympa, la couverture a de quoi encore faire peur : « Vins de Bordeaux – 38 crus analysés – Accros aux pesticides ? » Evidemment, il faut aussi accrocher le lecteur potentiel. C’est donc en page 44 qu’est dévoilée cette enquête qui révèle que « les pesticides sont toujours là, mais… » les vins de Bordeaux contiennent toujours des résidus de pesticides mais trois fois moins que lors de tests menés en 2013.

Dans ce numéro de janvier à vous procurer chez votre libraire habituel, l’organisation de consommateurs a fait rechercher 177 molécules dans 38 grands crus de Bordeaux (des millésimes 2014) et deux vins non classés (un 2014 et un 2015).

« Après des décennies d’utilisation intensive dans les vignes, les produits chimiques reculent en viticulture. « La plupart des bouteilles que nous avons analysées sont contaminées et contiennent de une à six molécules », précise Que Choisir. « Au total, 11 composés chimiques de synthèse différents ont été détectés ». Selon l’association, « seulement trois bouteilles sont épargnées (Château Durfort-Vivens, Château Pontet-Canet, Château Clerc Milon) et d’autres ne contiennent que des traces trop faibles pour être quantifiées (Château Beychevelle, Alter Ego de Palmer, Château Malescot Saint-Exupéry) ». « Trois bouteilles sans résidus sur quarante testées: ces résultats peuvent sembler inquiétants. Ils sont plutôt révélateurs d’efforts accomplis dans ce domaine », relève-t-elle.

Pour Allan Sichel, le président du CIVB interrogé par Que Choisir : « en médecine, on dit que les antibiotiques ne sont pas automatiques ; c’est pareil dans la vigne : les produits phytosanitaires ne sont plus systèmatiques »

En 2013, un test portant sur 92 bouteilles en provenance de toute la France avait démontré « une contamination générale des vins. Ceux issus du Sud-Ouest n’étaient pas en reste: 33 molécules différentes avaient été détectées, dont deux interdites en France. Trois fois plus qu’aujourd’hui », souligne l’association.
En outre, il y a quatre ans, les bouteilles contenaient « en moyenne 268 ug/l de résidus. Même si ce calcul a peu de signification toxicologique, on ne peut que se féliciter de voir cette moyenne descendre à 91 ug/l », souligne-t-elle.

Les molécules détectées ne sont ni cancérogènes, mutagènes ou reprotoxiques, ni considérées comme des perturbateurs endocriniens, à l’exception de l’iprodione, un fongicide présent « en très faible quantité » dans trois vins. Pour l’ensemble des vins analysés, « aucun dépassement des limites maximales de résidus autorisées » n’a été détecté.

Avec UFC Que Choisir et AFP.

05 Déc

Mieux que 007, c’est cinq 0 pour château Ripeau

En 2017, l’itinéraire technique mis en place à Château Ripeau pour les traitements et la conduite sur 100% du vignoble, a été réalisé sans herbicide, sans insecticide, sans fongicide et sans cuivre métal pour lutter contre les maladies de la vigne. Pour ces initiatives, les frères Grégoire sont pour Côté Châteaux les vignerons du mois.

Cyrille et Nicolas Grégoire, propriétaires de © château Ripeau

Cyrille et Nicolas Grégoire, propriétaires de © château Ripeau

C’est comme au tennis mais ce n’est pas 6-0 mais cinq 0 en l’espèce chez Ripeau : 0 Herbicide, 0 Insecticide, 0 Fongicide et 0 Cuivre métal  et enfin 0 Résidu. A première vue, cela paraît sain et alléchant.

C’est en janvier 2015 que la famille Grégoire a acquis Château Ripeau, un Saint-Emilion Grand Cru Classé depuis 1955.

La révolution va être enclenchée avec Julien Salles, qui rejoint Cyrille et Nicolas Grégoire comme directeur d’exploitation de Château Ripeau. « Julien Salles travaillait depuis quelques années avec Guillaume Grocq, concepteur de produits de biocontrôle, de biostimulants et de physiofortifiants, à mettre en œuvre des programmes de protection de la vigne visant à réduire voir supprimer l’emploi de produits phytosanitaires pour les remplacer par des alternatives sans aucun impact sur l’environnement et la santé ».

Faire de Château Ripeau un grand vin, ce n’est finalement que rendre justice à ce terroir exceptionnel digne des plus grands. Nous avons hâte de bâtir un nouvel écrin à Ripeau, hâte de lui faire vivre sa métamorphose, hâte d’extraire de son sol sa magnifique promesse ». Cyrille & Nicolas Grégoire

Au Château Ripeau, on a opté pour de  bonnes pratiques. Celles-ci se sont traduites par une conduite rigoureuse du vignoble et un retour du cheval pour un travail du sol plus sain pour supprimer l’emploi du glyphosate et de tous autres herbicides.

Une question d’autant plus d’actualité que l’autorisation d’utiliser en Europe du glyphosate a été reconduite pour 5 ans le lundi 27 novembre, alors même que la France et Emmanuel Macron se sont montrés opposés : « J’ai demandé au gouvernement de prendre es dispositions nécessaires pour que l’utilisation du glyphosate soit interdite en France dès que des alternatives auront été trouvées, et au plus tard dans trois ans », a affirmé sur Twitter le Préident de la République.

Les autres bonnes pratiques mises en place ont été :

  • Des méthodes alternatives comme la confusion sexuelle pour supprimer l’emploi d’insecticides.
  • Travaux prophylactiques soignés tout au long de la croissance de la vigne et ce jusqu’aux vendanges pour obtenir des raisins sains et murs.
  • Apports maîtrisés d’amendement strictement organique d’origine végétale et/ou animale pour la nature et la structure du sol.
  • Installation d’une station météo sur la propriété pour aider à définir avec précision les dates d’application des produits pour lutter contre les maladies et ravageurs de la vigne, optimisation du matériel de pulvérisation…

24068278_739410606264875_4976866896726643874_nMalgré cette mutation des pratiques, le Château Ripeau a pu démontrer qu’il est possible de :

  • maintenir une production de quantité et de qualité.
  • veiller à la santé et à la sécurité des populations (hommes vivant ou travaillant sur l’exploitation, riverains, écoles, enfants et personnes sensibles…)
  •  respecter et de protéger au maximum les milieux (air, sols, eaux) mais aussi la faune et la flore.
  • être en adéquation avec les attentes des consommateurs, sans résidus de pesticides et sur le respect de l’homme et de son environnement.