14 Mai

1er Symposium #Vinexpo : il est temps d’agir pour le climat !

« Act For Change » le mot d’ordre est lancé depuis Vinexpo. Les acteurs de la filière et les politiques de la région Nouvelle-Aquitaine tirent la sonnette d’alarme et dressent un constat édifiant sur l’urgence d’agir, avant tout pour les populations, mais bien sûr aussi pour le vignoble…

ACT FOR CHANGE ! Dès l’entrée de Vinexpo, le ton était donné ce matin avec des hôtesses qui invitaient les professionnels à se joindre aux différentes conférences de la journée. Mais là aussi il y avait des réactions contrastées avec un bon accueil et parfois un je-m’en-foutisme …terrible non seulement pour ces jeunes filles mais aussi pour le bien commun !

C’est pourtant une prise de conscience collective qu’il faut avoir. Il est temps d’agir et il faudrait tant agir aussi pour limiter l’impact du changement climatique qui a déjà eu lieu et qui va encore s’amplifier dans les années qui viennent. De grosses légumes sont venus le dire haut et fort, des écologistes mais pas que des gens en responsabilité, et notamment le président de la Nouvelle-Aquitaine Alain Rousset « l’urgence s’accélère : les rapports des scientifiques sont de plus en plus alarmants sur l’évolution du climat. »   

La célèbre phrase du Président Chirac « la planète brûle et nous regardons ailleurs » est plus que jamais d’actualité. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que ce week-end il a eu droit à une énorme bannière accrochée à l’échafaudage de réfection du Palais de la Bourse : « Chirac reviens »

 Il va faire plus chaud, cela va avoir évidemment une incidence sur la vie de la vigne et sur l’eau : l’eau va devenir un facteur limitant, on va être soit entre l’inondation, soit la sécheresse et cela va devenir un peu imprévisible » Brice Lalonde ancien Ministre de l’Environnement.

Le dérèglement climatique annoncé lors de la COP 21 risque d’être encore plus important, plus violent que prévu d’où l’urgence de la situation. Même Christine Lagarde, la présidente du FMI interviewée pour l’occasion racontait qu’elle était quasiment « tombée du cocotier » ou plutôt de sa chaise quand elle a appris qu’en Angleterre poussait désormais de la vigne. Amazing !

« Un certain nombre de ces gaz à effet de serre, je pense notamment au CO2, s’accumulent et restent très longtemps dans l’atmosphère, donc si on n’agit pas maintenant, les conséquences à long terme seront beaucoup plus catastrophiques que si on agit maintenant », commente Michel Jarraud secrétaire général émérite de l’Organisation météorologique mondiale.

L’objectif de l’accord de Paris est de limiter le réchauffement à 2°, pour le moment on n’est pas du tout sur cette trajectoire là, parce que les engagements qui sont pris ne sont pas du tout suffisant pour rester sous la barre des 2° », Michel Jarraud secrétaire général émérite de l’Organisation météorologique mondiale.

Au niveau du vignoble, on se rend compte depuis plusieurs années le degré de sucre et d’alcool dans le vin ne cesse d’augmenter pour flirter avec les 14 à 15° à Bordeaux désormais (il est où le temps de la chaptalisation ?), les vendanges sont devenues de plus en plus précoces fin juillet dans le Languedoc-Roussillon, vers le 20 août parfois pour les blancs dans le Bordelais et mi -septembre au lieu de début octobre pour les rouges, et des cépages comme le merlot ne sont plus adaptés...

A l’intérieur des cépages traditionnels, on va étudier la diversité des clones, certains individus résistent mieux à des fortes températures, et on va orienter la sélection vers ces clones là. Deuxième axe les pratiques viticoles pour protéger la vigne comme l’effeuillage, l’enherbement pour résister aux fortes températures, » Philippe Mauguin président de l’INRA.

A plus long terme, d’ici 15 ou 20 ans, les chercheurs réfléchissent à de nouveaux cépages résistants aux changements climatiques et aux maladies pour utiliser moins de pesticides. Les vignobles Ducourt en Gironde ont expérimenté depuis plusieurs années ce type de nouveaux cépages résistants, ils pourraient à l’avenir être rejoints par d’autre vignerons. C’est l’un des gros chantiers de l’INAO et des appellations qui vont sans doute aussi revoir leurs cahiers des charges, certaines voix se sont d’ailleurs élevées pour dire attention à ne pas perdre l’identité des vins et la notion de terroir.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Pascal Lécuyer et Nicolas Titonel : 

30 Avr

Affaire d’épandage de produits phytosanitaires de Villeneuve : les deux châteaux sont relaxés

Le tribunal correctionnel de Libourne a prononcé la relaxe des deux châteaux qui avaient procédé le 5 mai 2014 à des épandages de produits phytosanitaires, l’un en conventionnel, l’autre en bio, autour de l’école de Villeneuve. 23 élèves et une enseignantes avaient été pris de picotements dans la gorge et les yeux, ainsi que de maux de tête. Le procureur avait demandé la relaxe faute de preuves.

L’école de Villeneuve-de-Blaye en question © France Aquitaine

C’est un jugement qui réjouit bien évidemment les avocats des deux châteaux ler Gaec de Barbe et le château Castel la Rose en côtes de Bourg : « c’est un jugement conforme au droit et au dossier », commente Michel Gadrat l’avocat du château Castel la Rose.

Ces deux châteaux des Côtes de Bourg, Escalette (Gaec de Barbe) et Castel la Rose, l’un en bio, l’autre en conventionnel, étaient poursuivis pour « utilisation inappropriée de produits phytopharmaceutiques ». L’affaire est survenue le 5 mai 2014. 23 enfants et une institutrice de l’école primaire de Villeneuve ont été pris de maux de tête, d’irritations des yeux et de la gorge et d’envies de vomir. Il était reproché par la Sepanso aux châteaux d’avoir traiter alors que la force du vent était supérieure à 3 Beaufort, force à partir de laquelle il est interdit de traiter. 9 stations météo en Gironde donnaient des mesures de 20 à 32 kilomètres à l’heure, mais à Villeneuve il n’y avait pas d’anémomètre, donc pas de preuve irréfragable…

Il était pour nous assez évident que nos clients devaient être relaxés, tout simplement parce qu’il n’y avait dans le dossier pas d’élément qui permettre de fonder la poursuite et qui puisse dire qu’à un quelconque moment il y ait eu une infraction qui ait été commise sur ces épandages », Michel Gadrat avocat de Castel La Rose.

Me Michel Gadrat et Me Sophie Clavel, les avocats des 2 châteaux cet après-midi pour le délibéré au palais de justice de Libourne © JPS

Pour Sophie Clavel, avocate du château Escalette, « c’est un jugement très satisfaisant qui réjouit nos clients, rien ne pouvait leur être reproché, ils avaient pratiqué les épandages dans les strictes règles de l’art. »

Et de continuer : « Il était difficile d’évaluer la vitesse des vents, c’est d’ailleurs la raison pour laquelle devant le tribunal correctionnel, ils n’ont pas été poursuivis sur ce chef d’infraction-là ».

L’avocat de la Sépanso François Ruffié compte bien faire appel du jugement © JPS

Pour l’avocat de la Sepanso, Francois Ruffié:

Il y a eu d’autres déceptions » au cours de la procédure... »ce n’est pas la première, mais on a connu d’autres victoires aussi. Le Conseil de la Sepanso s’est réuni et a envisagé cette possibilité de faire appel. On va regarder le jugement et on va relever appel, la partie n’est pas finie, il s’agit de la santé de nos enfants, » François Ruffié avocat de la Sepanso.

Et d’ajouter : « le débat juridique est passionnant, c’est la question des moyens appropriés pour éviter que les produits quittent la parcelle…Toute la discussion est sur les moyens appropriés, on va voir comment le TGI de Libourne a motivé sa décision sur ce terrain, comment a-t-il pu relaxé en considérant que des moyens appropriés avaient été utilisés alors qu’absolument aucun moyen n’a été mis en place par les viticulteurs. »

Affaire à suivre…

27 Mar

Bordeaux : bonjour les bourgeons… au revoir le gel !

C’est parti à Bordeaux pour le débourrement général… Les bourgeons dans le vignoble sont sortis précocement avec des journées chaudes de février et de mars. Un joli signe du printemps mais aussi une crainte car la période où le gel peut encore frapper, jusqu’à début mai. Retour dans le blayais et en Côte de Bourg, chez deux vignerons impactés par le gel de 2017.

Jean-Pierre Pauvif du château les Graves en Blaye-Côtes de Bordeaux © JPS

Partout à Bordeaux, les bourgeons sont sortis avec 15 jours à 3 semaines d’avance, comme ici au château les Graves.

A Saint-Vivien de Blaye en Gironde, Jean-Pierre Pauvif, 61 ans, est fier même de nous montrer les petits grappillons, ces jeunes grappes en formation qui vont donner le raisin tant attendu dans 6 mois. C’est donc un bon signe, mais un signe tout autant redouté du vigneron, car si le gel venait à intervenir, ce serait dramatique.

Là, on est à la période du débourrement et on peut craindre des gelées matinales, comme c’est le cas actuellement depuis quelques jours où on frise le 0° le matin, donc voilà on est à une période à risques », Jean-Pierre Pauvif du château les Graves

Guillaume Guérin du Moulin des Blais en Côtes de Bourg et Moulin de Rioucreux en Blaye Côtes de Bordeaux © JPS

Guillaume Guérin, 33 ans, est lui viticulteur sur les 2 appellations en Blaye Côtes de Bordeaux avec Moulin de Rioucreux (propriété familiale depuis le XVIIe siècle) et en Côtes de Bourg avec son Clos des Blais.

Il exploite 28 hectares en bio. Pour lui, la période actuelle est aussi une crainte car il se souvient bien du gel tardif des 27 et 28 avril 2017. Un gel où les températures sont tombées au petit matin entre -3 à -6°C. Un gel qui a fait perdre 39% des volumes de production à Bordeaux, ce qui fut la plus petite récolte depuis le gel de 1991.

On n’a fait qu’une demi-récolte en 2017, on a fait 1/5e de récolte l’an dernier à cause de la grêle. C’est d’autant plus inquiértant pour nous et d’autant plus stressant qu’on n’a plus de stock et on voudrait bien partir du bon pied au mois d’avril. » Guillaume Guérin du Clos des Blais.

Alors qu’il n’était pas assuré (cette année il a pris une assurance), Jean-Pierre Pauvif a pu supporter ces deux aléas climatiques, grâce à ses stocks. « Pour les blancs, cela a été un peu plus compliqué car c’est une vente à l’année, là on ressent tout de suite les difficultés. Pour le rouge, cela s’est lissé sur les stocks. On a beaucoup d’espoir sur 2019, on espère remonter en volumes et reprendre le cours normal des choses », complète Jean-Pierre Pauvif du château les Graves.

Attention, du soleil oui, mais du gel, non ! © JPS

 

Cette année, les vignerons du bordelais croisent les doigts en espérant bien éviter le gel et de surcroît une nouvelle catastrophe économique. On espère pour eux que le redoux revienne les matins ou en tout cas que cela ne tombe pas en dessous de 0°C.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Pascal Lécuyer et Rémi Grillot

19 Mar

Dans l’Aude, des vignerons inventent le « bio » de demain

Dans l’Aude, l’un des terroirs pionniers du vin bio en France, des vignerons passent à la vitesse supérieure et expérimentent des voies encore plus exigeantes, à l’aune des changements climatiques et des défis environnementaux.

Vignoble de l’Aude – photo d’illustration © France 3 Languedoc Roussillon

coeur du Languedoc, dans l’un des plus vastes vignobles de France, des territoires pionniers comme les Corbières, le Minervois, s’étaient convertis au bio dès les années 70/80. Cette région viticole avait alors « basculé de la production de vin de table vers des marchés à l’export » dont celui du bio, explique Matthieu Dubernet, directeur d’un important laboratoire oenologique du Narbonnais. Aujourd’hui, les démarches sont davantage « personnelles », explique cet observateur privilégié de la filière.

ESPRIT COLLECTIF

« Dans le cru Boutenac, on est passé en « confusion sexuelle » (perturber le système hormonal de reproduction de papillons parasites) et tous nos voisins ont adhéré à cette manière efficace de lutter contre les parasites », indique Louis Fabre, issu d’une famille de vignerons des Corbières « depuis 1605 » qui exploite aujourd’hui cinq propriétés dans les Corbières, le Minervois et le Biterrois. Une expérience qui « a permis de créer un esprit collectif » entre 25 producteurs (indépendants et caves coopératives) qui se sont associés à ce dispositif de pièges biologiques, explique ce vigneron passé au bio dès 1991.

Au domaine de La Baronne, dans les Corbières, Jean Lignères, est vigneron et médecin. C’est tout naturellement la santé « des gens qui vivent et travaillent sur le domaine » qui a décidé de sa conversion en bio. « Dans les années 90, on commencé à voir des articles dans la presse médicale sur les maladies environnementales », justifie le médecin.

Mais c’est un voyage en Autriche, il y a une dizaine d’année sur le domaine Meinklang au sud de Vienne, un « modèle en biodynamie », qui le convainc d’évoluer vers ce courant. « Depuis on plante des arbres au milieu des vignes, on a fait des zones humides, on a installé des nichoirs à oiseaux, des ruches, et surtout on travaille avec les astres », l’un des grands principes de la biodynamie, explique Jean Lignères qui a obtenu cette nouvelle certification en 2012.

« LE BIO N’EST PAS PARFAIT »

« Si depuis 40 ans les évolutions qualitatives de la viticulture se sont faites par les appellations, les IGP, le label Bio, certains signaux montrent que l’on est en train de passer à autre chose », signale Matthieu Dubernet. Frantz Vènes, propriétaire de Château Massamier La Mignarde, au pied de la Montagne noire, explique qu’il n’apposera désormais plus que « Languedoc » sur son étiquette.

Le vigneron, dont une cuvée a été élue en 2005 meilleur vin du monde à l’International Wine Challenge de Londres, vient de décider de se passer de l’AOP Minervois-La Livinière. Et alors qu’il était engagé depuis deux ans dans la certification bio, il renonce également à ce label. « Le label bio n’est pas parfait. Par exemple, pouvoir multiplier les traitements à base de cuivre, ce qui est permis, ce n’est pas une démarche écologique », argumente Frantz Vènes.
Il a décidé de se tourner vers l’agriculture « synthropique ». Il plante des amandiers et des chênes truffiers, cultive du blé et des pois chiches, et fait pâturer des moutons qui amendent le sol. L’objectif est de renforcer les écosystèmes par l’action humaine et « de supprimer les procédés anthropiques, comme les brulis, l’usage d’engin trop lourd ou trop puissants ». Comme « les changements climatiques sont là », Frantz procède à des essais de cépages locaux anciens. « Aubun noir, Trépat, Grand Noir de la Calmette, Rivairenc, Picpoul Noir, Alicante » pourraient assurer l’avenir de cette région, pense-t-il. « Il faut enrichir le bio pour qu’il réponde à nos enjeux d’aujourd’hui et de demain, résume Matthieu Dubernet, ajoutant: « les problèmes environnementaux sont globaux mais les solutions ne peuvent être que locales ». 

AFP

13 Mar

Cépages résistants à Bordeaux : l’expérimentation est déjà menée chez les Vignobles Ducourt

On vous en parlait lundi. Xavier Planty, le Président de l’ODG Sauternes tire la sonnette d’alarme sur les cépages résistants qui pourraient voir le jour dans les appellations françaises, en argumentant qu’il faut sauvegarder les AOC. Nous avons voulu aller au delà et donner aussi la parole aux Vignobles Ducourt qui expérimentent ces cépages hybrides, résistants depuis 2014. 

Xavier Planty mène son action dans le but de préserver les AOC © jps

C’est un signal d’alarme que lance Xavier Planty, le président de l’ODG Sauternes et co-propriétaire de château Guitaud (1er cru classé). Aller vers des cépages hybrides, résistants, c’est pour lui une perte d’identité des vins français, en général, et des Bordeaux. Cela va à l’encontre des AOC, créées par les vignerons et les instances il y a plus de 80 ans à partir de 1936. Il a invité lundi les responsables des AOC à une réunion d’information et d’échanges (parfois un peu vifs).

Quand les gens ouvrent une bouteille d’un vin de Bordeaux, ils ont derrière toute l’histoire. Nos AOC, c’est la sélection des cépages à travers les âges, par les vignerons, de cépages autochtones. Et l’introduction de génétique américaine ou d’ailleurs, cela ne peut entraîner qu’un affaiblissement de cette filiation, et donc un affaiblissement de la promesse de la marque » Xavier Planty.

Le château Guiraud, 1er cru classé de Sauternes © JPS

Quant à la perte du goût Bordeaux ? « Le goût, vous savez a énormément varié, on ne peut pas dire que les vins de Bordeaux en rouge soient les mêmes qu’il y a 30 ans ou 40 ans, mais il reste quand même une identité Bordeaux qui risque d’être perdue. Mais quand nos clients goûtent les vins de Bordeaux, ce n’est aps que le goût…Le goût est excessivement important, la typicité est très importante, mais quand ils ouvrent un vin de Bordeaux, ils ont derrière toute l’histoire…Ils ont la ville, ils ont le port, ils ont la filiation du vigneron, ils ont tout le « story telling » des marques ! », complète Xavier Planty.

A Baigneaux, les cépages résistants plantés en rouge par la famille Ducourt © JPS

Dans l’Entre-Deux-Mers, les Vignobles Ducourt expérimentent 10 hectares de cépages résistants, depuis 2014, sur les 450 hectares de vignes qu’ils ont en production. Jéremie et Jonathan Ducourt ont souhaité planter 3 hectares de cépages résistants dans un premier temps, après avoir visité un confrère vigneron en Provence, pour qui les traitements phyto-sanitaires avaient largement diminué. Depuis ils en ont planté 6 de mieux et « l’idée c’est d’ avoir 12 à 15 hectares. » Que ce soit avec le Cabernet Jura comme cépage hybride en rouge ou le Cal 604 (pas encore baptisé) en blanc, « on n’a fait cette année que 3 passages de traitements, avec 1,2 kilo de cuivre. » Alors que les autres viticulteurs ont effectué entre 14 et 20 traitements.

On est sur la 5e année et on constate entre 80 et 90% de passages, de traitements en moins sur une saison. Et aujourd’hui on n’utilise uniquement que des produits cuivre et soufre pour les traitements. » Jonathan Ducourt.

Lorsque l’on goûte son blanc 2018 baptisé « Métissage », le résultat est assez bluffant, et « à l’aveugle, on l’a fait goûté à d’autres vignerons ils y trouvent un Bordeaux ». Bien sûr, il ne porte pas le nom de Bordeaux car ces cépages ne sont pas reconnus dans le cahier des charges des AOC, c’est une production en vin de France : « vin issu de vigne planté à titre expérimental. » « C’est un cépage assez précoce (le cal 604) qui est un croisement de sauvignon blanc, riesling et de vignes sauvages, on retrouve bien un style assez variétal, c’est assez vif, citronné, on est assez proche de ce que l’on recherche sur les sauvignons blancs, sur les blancs secs, sur la fraîcheur, donc on est très content du résultat. »

Jonathan Ducourt, dégustant son blanc Métissage © JPS

A ce jour, les Vignobles Ducourt produisent 12000 bouteilles de ce Métissage blanc et près de 25000 en rouge. Un vin qui est apprécié des Japonais, très friands de ce style d’initiative, mais aussi sur les tables de restaurants à New-York, on le trouve aussi à la cave de la Cité du Vin à Bordeaux. « Globalement, on a de bons retours de cavistes, des HCR, le but est de voir si c’est rentable avec ces variétés-là. » Une chose est sûre le débat est relancé, si ces cépages résistants voient le jour dans d’autres propriétés, ils devraient rester au choix final de chaque AOC ou ODG et ne représenter pas plus de 5% du vignoble et 10% dans l’assemblage final sans perdre l’appellation.  Affaire à suire…

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl et Sébastien Delalot : 

27 Fév

Salon de l’Agriculture 2019 : « la révolution verte » est en marche…

Ce mercredi, c’était la journée spéciale Nouvelle-Aquitaine au Salon de l’Agriculture, à laquelle participait le Président de Région Alain Rousset. L’occasion de prendre un engagement fort envers une « révolution verte » et de souligner avec la FRAB Nouvelle-Aquitaine l’importance de l’agriculture biologique, levier essentiel de la transition agricole et écologique des territoires.

: 1ère région à signer un programme d’expérimentations agroécologiques « Sortir des pesticides » sur des territoires entre la Région et l’agence de l’eau Adour-Garonne

Aujourd’hui la région Nouvelle-Aquitaine représente la 3ème région Bio de France : le nombre de fermes bio est en constante progression, il souligne l’engagement d’agriculteurs convaincus par le bio, avec dans leur démarche le soutien du Conseil Régional.

A l’occasion du salon de l’agriculture 2019,  « la FRAB Nouvelle-Aquitaine se réjouit que la profession agricole, dans son ensemble, prenne pleine conscience de la nécessité d’un changement de pratique.

Toutefois, elle rappelle que l’agriculture biologique, dans sa démarche de progrès permanente, est à ce jour, le seul label de qualité qui garantit, par son cahier des charges, la non utilisation de pesticides chimiques de synthèse, de glyphosate, d’engrais chimiques, et d’OGM. D’ailleurs, les consommateurs conscients de l’impact sur la santé et l’environnement des produits agro-alimentaires plébiscitent et reconnaissent largement le logo AB, qui par ses pratiques vertueuses limite les effets négatifs sur le climat ».

La Nouvelle-Aquitaine, très sensibilisée sur ces questions d’environnement, a été hier la 1ère région à signer un programme d’expérimentations agroécologiques « Sortir des pesticides » sur des territoires entre la Région et l’agence de l’eau Adour-Garonne.

05 Fév

La Cave de Rauzan demande à ses adhérents d’abandonner les CMR

C’est un signal fort donné à la viticulture girondine. La Cave de Rauzan a pris une décison en conseil d’administration : l’arrêt de l’utilisation des pesticides les plus dangereux pour la santé, ceux qualifié de CMR (cancérogène, mutagène et reprotoxique). Les vignerons seront accompagnés par des techniciens durant cette transition.

Denis Baro et Philippe Hébrard, le président et le directeur des Caves de Rauzan Grangeneuve © Jean-Pierre Stahl

Denis Baro, le président de la Cave de Rauzan, nous montre son local de produits phyto-pharmaceutiques. Un local où il ne reste que quelques cartons et bidons de produits de traitements pour éviter les malaldies de la vigne comme le mildiou.

« La mesure que l’on a prise c’est inciter les adhérents à ne plus utiliser les CMR produits, qui sont très décriés », commente Denis Baro président des Caves de Rauzan et Grangeneuve « On va bien évidemment continuer à traiter nos vignes car c’est la base de notre revenu, donc traitons mais de manière plus naturelle, même si entre le bio et le tout conventionnel, il y a un juste milieu que nous essayons de mettre en place (en diminuant aussi les intrants) sur notre coopérative ».

Aussitôt le courrier envoyé le 22 janvier aux 340 adhérents de Rauzan-Grangeneuve, la Confédération Paysane a réagi : « un grand bravo à la cave de Rauzan ». Elle salue ainsi cette demande de la cave « d’arrêter les CMR » tout en invitant « ceux à qui cela poserait un problème à se rapprocher des techniciens vigne de la cave. »

Dominique Techer, secrétaire de la Confédération Paysanne de Gironde © JPS

La Confédération rappelle que depuis Cash Investigation en mars 2016, « nous avions invité publiquement tous les acteurs à prendre en compte les évolutions de notre société et arrêter les CMR. » Elle pose aussi un problème et s’interroge par rapport à la baisse des ventes de Bordeaux ces derniers mois : « dans les foires aux vins de fin d’année, pour l’ensemble des appellations on était 2-3% de baisse (en France) et pour Bordeaux on était à -18%, il faut se poser des questions sur son image et voir comment on peut renouer avec la clientèle qu’on avait quoi. Je pense que ce qu’a décidé la cave de Rauzan, cela va  dans le bon sens. »

« Aujourd’hui, on a des clients qui nous demandent d’assurer l’absence de résidus de produits CMR dans les vins et donc après avoir sensibilisé fortement nos adhérents depuis quelques années, on a pris la décision d’arrêter les CMR cette année. »

Cette évolution, la Cave de Rauzan la considère comme naturelle, elle qui s’est engagée depuis plusieurs années dans le développement durable et le sociétal. La cave voit également depuis quelque temps la proportion de vignerons qui choisissent de faire du bio un peu plus importante.

17 Jan

Glyphosate: le Roundup Pro 360 interdit en France par la justice

A la suite d’un jugement du tribunal administratif de Lyon, il est désormais interdit de vendre comme d’utiliser du Roundup Pro 360, un produit désherbant contenant du glyphosate de Monsanto/Bayer utilisé surtout en viticulture.

La justice a en effet annulé mardi l’autorisation de mise sur le marché de ce produit, estimant qu’il devait « être considéré comme une substance dont le potentiel cancérogène pour l’être humain est supposé ». Une décision « à effet immédiat », indique l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) à l’AFP, précisant qu’en conséquence sa vente, sa distribution et son utilisation « sont interdites à compter de ce jour ».

Les juges mettent clairement en cause l’Anses, organisme chargé de distribuer les autorisations des mises sur le marché en France des pesticides, estimant qu’elle a « commis une erreur d’appréciation au regard du principe de précaution » en autorisant ce produit le 6 mars 2017. Sur le fond, l’Anses se borne à dire qu’elle « examinera avec attention » le jugement et ne précise pas si elle fera appel de la décision.

Le géant allemand de la chimie Bayer, qui a racheté en 2018 son concurrent américain Monsanto, se dit lui « surpris ». Il « souhaite rappeler que l’Agence européenne de la sécurité des aliments (EFSA), en 2015, a conclu que la classification comme « cancérogène probable » du glyphosate n’était pas justifiée ». Il étudie désormais « la suite juridique à donner à ce dossier », précise-t-il dans un communiqué. Cette décision intervient alors que le débat fait rage en France et en Europe sur la potentielle dangerosité du glyphosate, principe actif du Roundup.

En novembre 2017, l’Union européenne avait renouvelé son homologation du glyphosate pour cinq ans, mais le président Emmanuel Macron s’est engagé à le bannir en France d’ici à 2021.

Pour autant, le Roundup Pro 360 ne représente que 2% des ventes de glyphosate sous la marque RoundUp en France. Il est utilisé surtout dans les vignes et « dans une moindre mesure en grandes cultures », précise Bayer.

« C’est une décision absolument majeure car elle devrait concerner tous les Roundup, le tribunal considérant que tous les produits contenant du glyphosate sont probablement cancérogènes », s’est félicitée l’avocate du Comité de recherche et d’information indépendantes sur le génie génétique (CRIIGEN), Me Corinne Lepage, qui avait saisi la justice en mai 2017 pour réclamer le retrait de ce désherbant.

L’Anses avait fait valoir devant les juges administratifs que le Roundup Pro 360 avait une composition « strictement identique » au Typhon, herbicide commercialisé par le groupe israélien Adama et autorisé en France depuis 1996. Un argument balayé par le tribunal, jugeant que le caractère cancérogène du Typhon n’avait « pas été étudié » dans l’avis de l’autorité sanitaire.

En revanche, l’Anses avait admis que le Typhon, du fait de sa composition associant glyphosate et ammonium quaternaire, présentait « une toxicité
plus importante que le glyphosate lui-même » et l’avait classé « toxique pour les organismes aquatiques ». Les juges en ont déduit que le Roundup Pro 360 avait les mêmes effets.

Europe-Écologie-Les Verts a également introduit un recours devant le tribunal administratif en 2018 contre les autorisations de mises sur le marché de tous les produits contenant du glyphosate, en réclamant le réexamen en urgence par l’Anses de la dangerosité de cette substance. « Cette décision (du tribunal administratif de Lyon) laisse entrevoir une sortie réelle du glyphosate alors que le gouvernement tergiverse depuis trop longtemps et parle d’une sortie dans 3 ans depuis… bientôt 2 ans », a réagi auprès de l’AFP le porte-parole d’EELV Julien Bayou.

De son côté, l’ONG Générations Futures demande à l’Anses de prendre en compte « le potentiel probablement cancérogène de toutes les formulations à base de glyphosate qu’elle est en train de réévaluer ».

Fin novembre, l’Anses précisait que 69 produits contenant du glyphosate faisaient l’objet d’une demande d’autorisation de mise sur le marché français, dont 58 dossiers de renouvellement.

AFP

16 Jan

Le château Clément-Pichon décide de passer au bio

L’affaire du collège de Parempuyre qui devait se construire en face des vignes du château Clément-Pichon vient de connaître un nouvel épisode. Les vignobles Fayat annoncent la conversion de la propriété au bio, avec 5 hectares cette année et l’ensemble de la propriété ensuite. Cela réjouit le collectif de parents d’élèves mobilisé depuis août dernier. Toutefois le collège ne se fera pas forcément en face du château…

Ludovic Coutant, président du Collectif des Parents d’Elèves de Parempuyre © JPS

L’annonce ce matin de la conversion en bio du vignoble du château Clément-Pichon, propriété de la famille Fayat, sonne comme une « victoire du bon sens », selon le collectif de parents d’élèves de Parempuyre. Ce collectif est mobilisé depuis fin août 2018, depuis que des études ont commencé sur la stabilité des sols du terrain de près de 20000 m2 situé en face du château. Le seul terrain susceptible d’accueillir sur la commune le grand projet de nouveau collège, repéré par Madame le Maire et le Conseil Départemental de la Gironde.

C’est une avancée claire dans ce dossier. Pour nous on est au stade de la promesse, il va falloir surveiller de près cette conversion au bio, mais pour nous c’est une avancée nette dans ce dossier et dans notre combat », Ludovic Coutant président du Collectif Parents de Parempuyre.

« D’abord, il faut saluer cette décision de passage au bio qui est la seule bonne solution, commente également Sylvie Nony de l’association Alerte Pesticides Haute-Gironde :« la seule sortie par le haut dit Mr Fayat dans son interview, nous le pensons et en plus qu’un gros château comme cela le fasse cela va interpeller tout le département. »

Gwendeline Lucas, directrice générale des vignobles Fayat © JPS

Le château était déjà en agriculture raisonnée. Il souhaite cette année décrocher la norme HV3 (Haute Valeur Environnementale) mais surtout commencer cette année la conversion de 5 hectares de vignes en bio (budget 2019), les plus proches des habitations, pour ensuite poursuivre avec les 20 hectares restants (sur le buget 2020).

On va débuter par ces parcelles qui sont les plus proches des riverains et du terrain sur lequel le projet se porte, on commence par ces parcelles-là pour ensuite l’étendre à l’ensemble du vignoble », Gwendeline Lucas dircetrice générale des vignobles Fayat.

Le Conseil Départemental examine désormais plusieurs hypothèses, la reconstruction sur le site même du collège actuel, mais aussi voit son vaste projet de collège en face du château (qui passera en bio) relancé.

Christine Bost, vice-présidente du Conseil Départemental de la Gironde © JPS

Pour Christine Bost, la Vice-Présidente du Conseil Départemental : « C’est une nouvelle extrêmement positive, j’imagine que les revendications légitimes liées à l’utilisation de ces produits-là vont tomber, nous nous revoyons avec le collectif à la fin du mois de janvier, début février lorsque nous aurons terminé l’ensemble des études et à ce moment-là nous serons en mesure de prendre une décision et de confronter cette décision à l’ensemble de la communauté éducative »

Mais le projet de nouveau collège en face du château n’est peut-être pas prêt d’être construit pour 2 raisons. Un périmètre de 500 mètres à respecter en face du château Clément-Pichon classé, et par ailleurs deux actions en justice qui pourraient voir le jour. En effet la famille Fayat avait donné le terrain en face du château à la commune pour en faire des espaces verts : « nous comme le château, nous nous opposons et irons en justice pour tout permis de construire sur ce site, destiné à être un parc », précise Sylvie Pérez présidente de « Préservons notre paysage urbain ». Affaire à suivre.

30 Nov

Un joli geste pour le développement durable : la tonnellerie Baron replante 12000 chênes

La Tonnellerie Baron replante 12 000 chênes par an. Un  beau geste pour continuer à produire des chênes qui serviront plus tard à réaliser des tonneaux et qui préserve la planète.

Une barrique de la © Tonnellerie Baron au savoir-faire bien français

La tonnellerie Baron, entreprise familiale depuis 1875, installée en Charente Maritime (Les Gonds) est engagée au quotidien dans une démarche environnementale mais elle a souhaité replanter à compter de cette année, 12 000 chênes par an, soit l’équivalent de sa production en nombre de barriques, par l’intermédiaire du fond de dotation « Plantons pour l’avenir ».

Devenue mécène en janvier 2018, la Tonnellerie Baron, qui produit 12000 barriques par an, participera ainsi chaque année, au reboisement de 8 hectares de forêt, soit 1 800 m3 de bois produits, l’équivalent de 1 400 tonnes de CO2 valorisées soit 18 emplois ETP dans la filière bois.

Chapeau de côté châteaux.

www.plantonspourlavenir.org