20 Déc

Pesticides : voici les distances minimales à respecter à partir du 1er janvier 2020

Le gouvernement a tranché. Les distances minimales pour les épandages de traitements phytosanitaires vont varier de 3 à 20 mètres de distance par rapport aux habitations. Cela reste des distances relativement réduites, mais qui pourraient déjà poser quelques soucis à certains. 

Utilisation de pesticides dans les vignes du Médoc © JPS

Dès le 1er janvier, agriculteurs ou viticulteurs ne pourront plus utiliser de pesticides à un minimum de 3, 5, 10 mètres ou de manière exceptionnelle 20 mètres pour les pesticides les plus dangereux. Il y aura des zones de non traitement.

Pour les cultures dites basses, ce sera 5 mètres, hautes style vignes ou arbres fruitiers 10 mètres, zones qui pourraient être ramenées à 3 mètres avec un matériel performant (notamment des buses directionnelles), sauf pour les établissements accueillants des personnes vulnérables (écoles, hôpitaux, maisons de retraite…).

Le gouvernement avait jusqu’au 31 décembre pour prendre un nouveau décret, car le Conseil d’Etat lui avait intimé l’ordre de prendre ce nouvel arrêté, suite à l’annulation du précédent texte pas suffisamment protecteur à ses yeux.

Pour « les produits les plus dangereux », ceux dont la toxicité est avérée pour l’homme, notamment les CMR (cancérigènes, mutagènes et reprotoxiques), il y aura « une zone incompressible » de 20 mètres. Le glyphosate n’a pas été retenu parmi ces produits…

Des positions qui vont dans le sens de ce que le gouvernement avait envisagé préalablement…Pas évident que ces distances et mesures soient bien acceptées par les associations de riverains et de lutte anti-pesticides qui réclamaient des distances plus importantes. Pas évident non plus pour certains exploitants de se conformer rapidement à ce décret. Affaire à suivre.

26 Nov

20 ans des Sources de Caudalie : un modèle de réussite dans l’oenotourisme

C’est une réussite en laquelle peu de monde croyait il y a 20 ans. Aujourd’hui, le monde entier en parle. Un modèle qui mêle hôtellerie de luxe, gastronomie et spa-relaxation avec des soins à base de vinothérapie. Un modèle qui va être dupliqué avec les Sources de Cheverny, ouverture en juin 2020. Immersion aux Sources de Caudalie avec Alice Tourbier, la propriétaire à qui Côté Châteaux consacre sa rubrique « vigneron du mois ».

Alice Tourbier fête les 20 ans des Sources de Caudalie © Jean-Pierre Stahl

Les Sources de Caudalie sont une réussite familiale, une idée d’Alice Tourbier (la fille cadette de Florence et Daniel Cathiard) et de son mari Jérôme Tourbier, « L’idée au départ était de mettre en valeur les vins du château Smith Haut Lafitte, d’accueillir les visiteurs au moment des repas et d’offrir aussi  la possibilité pour les touristes de dormir… »

« On s’est rendu compte que c’était un vrai métier qui nous plaisait, et les gens ne venaient pas que pour Smitth, ils avaient envie de séjourner dans les vignes et de passer un bon moment ».

Les Sources un concept créé juste en face du château Smith Haut Lafitte © JPS

Voilà en quelques mots la genèse de ce projet qui a vu le jour en 1999, juste avant le salon mondial du vin Vinexpo à Bordeaux. De fil en aiguille, ce sont ainsi 2 restaurants qui ont ouvert -la Grand’Vigne et la Table du Lavoir- et 29 chambres, puis au final 61 chambres et un troisième établissement un bar à vin (Rouge) pour vivre un moment épicurien gourmand. Les Sources emploient 180 personnes en haute saison…

Alice Tourbier, avec John A. Skelton d’Andavo Travel au bar des Sources des Caudalie © JPS

« Il y a 20 ans quand on a ouvert, les gens nous prenaient un peu pour des fous car faire séjourner dans le vignoble des clients ce n’était pas évident, mais nous on pensait au contraire qu’il y avait des atouts formidables aux sources de Caudalie car on est proche de la gare de Bordeaux et de l’aéroport, et les gens venaient pour le vin mais avant tout pour une expérience hôtelière, et depuis ces 20 dernières années on fait tout pour qu’elle soit plus peaufinée, aboutie, pour que nos clients repartent avec le sourire » Alice Tourbier des Sources de Caudalie.

Et de préciser que cette expérience hôtelière est plutôt importante avec un taux de remplissage des chambres de 70% à l’année, ce qui est pas mal : « on a un séjour moyen qui est assez long, qui est de 4 jours, car les gens vont profiter du SPA, de la Forêt des 5 sens, faire des câlins aux arbres, on propose aussi des dégustations de vin et des cours de cuisine… »

En ce début de semaine, nous rencontrons d’ailleurs un Californien, venu explorer et expérimenter cette adresse, John Skelton, d’Andavo Travel, qui représente plusieurs agences chargées de dénicher de belles adresses pour leur clientèle : « j’ai beaucoup entendu parlé des Sources de Caudalie à travers les réseaux sociaux, c’est un site parfait à la fois proche de Bordeaux et très intime, qui s’adresse par exemple à la clientèle des croisières touristiques sur le fleuve, mais aussi à des gens qui cherchent à se relaxer, qui recherchent une ambiance zen… Je suis arrivé de Nice hier et aussitôt j’ai ressenti ici paix et sérénité. Le dîner et l’hôtel sont parfaits, vous êtes vite relaxés, vous vous sentez ici comme à la maison. »

Dégustation des vins de Smith Haut Lafitte blanc 2016 et rouge 2012 avec Florence Cathiard et Alice Tourbier © JPS

Et John de continuer sa visite oenotouristique au château Smith Haut Lafitte, découvrant la tonnellerie du château, profitant d’une vue magnifique sur le vignoble avant d’avoir le privilège de rencontrer Florence Cathiard la propriétaire et winemaker qui confie que les Sources de Caudalie sont vraiment une offre complémentaire au château.

Dans la cave aux vieux millésimes, dont la plus vieille bouteille remonte à 1878 © JPS

« Cela nous aide beaucoup, on a été pionnier certes, mais on pense que l’excellence en bouteille ne suffit plus, il faut aussi ce qui va avec, les gens veulent aussi une expérience interactive,  je crois qu’on est le mieux à même de leur offrir »,commente Florence Cathiard qui a acheté avec son mari Daniel il y a 29 ans le château Smith Haut Lafitte, cru classé de Graves, en l’embellissant et en en faisant une référence, aujourd’hui un cru en bio. « On ne ménage pas notre peine, ce sont des passions partagées mais complémentaires. ».

Cette expérience qui se décline selon le budget de chacun : pour ceux qui souhaite juste y passer un petit moment, il y a par exemple le brunch-piscine ou pour d’autres des soins et formules plus élaborées avec notamment les bienfaits des peaux et pépins de raisins.

Voici par exemple le gommage « crush-cabernet: » « c’est un mélange de sucre brun, de pépins de raisin, de miel, d’huile de pépin de raisin, et de concentré minceur drainant. Cela permet d’exfolier le corps pour avoir une peu toute douce, éliminer les peaux mortes et booster la circulation sanguine, pour un meilleur échange cellulaire et une hydratation ».

Un gommage crush-cabernet ou quand la magie du raisin opère © JPS

Chaque instant se laisse savourer et notamment au moment du déjeuner ou du dîner à la Table du Lavoir avec cette vieille grange démontée et remontée ici avec ces fabuleuses charpentes dont le charme du passé vous transporte dans un autre temps. En cuisine, c’est l’équipe du chef Nicolas Masse qui officie, un chef en poste depuis 2009, qui a réussi à décrocher une première étoile l’année suivante en 2010 au Michelin, puis une deuxième étoile en 2015 pour le restaurant gastronomique la Grand’Vigne.

Aurélien Fannouil, le chef sommelier avec Alice Tourbier à la Table du Lavoir © JPS

Le chef sommelier des Sources de Caudalie, Aurélien Farrouil, présent depuis 15 ans, traduit l’attrait des Sources de Caudalie et l’expérience recherchée : « c’est surtout l’art de la table, le bien être, le côté oenotouristique que viennent rechercher nos clients ». Et de détailler le type de clientèle qui fréquente cet havre de paix en pays de Martillac : « on est très fier d’avoir nos clients locaux qui sont habitués et qui nous sont fidèles, on a également nos chers parisiens, on va retrouver nos amis suisses, belges, beaucoup de clientèle européenne, et après l’Asie est bien représentée, des Russes,  Brésiliens, Londoniens qui viennent régulièrement les week-end et une belle clientèle américaine, bien présente, de retour depuis 2 ans. »

Cette belle histoire va aussi s’écrire prochainement dans une autre région de châteaux, ceux des Rois de France qui aimaient la douceur de la Sologne, de la Loire et du Cher. C’est à Cheverny que va se poursuivre prochainement l’aventure pour Alice Tourbier et son époux puisqu’ils ont choisi de reproduire ce concept avec les Sources de Cheverny, des Sources qui devraient ouvrir en juin 2020.

« Nous on parle d’art de vivre au coeur des vignes, d’art de vigne, et dans la Loire on a retrouver toutes ces caractéristiques pour dupliquer le modèle des Sources de Caudalie. Il y a un côté culturel avec les châteaux historiques, donc vraiment du tourisme d’histoire, et puis il y a de très belles vignes, des vins de Loire formidables, beaucoup de vignes ne sont pas traitées, sont en bio, et ce côté écologique était important pour nous, » m’explique Alice Tourbier.

Et si tout fonctionne bien, il se peut que chaque grande région viticole en France voit l’ouverture des Sources, preuve que le succès tient sa source non seulement dans l’oenotourisme mais aussi dans un goût prononcé pour un dépaysement en pleine nature.

Les Sources de Caudalie une expérience à découvrir à Martillac en Gironde.

22 Nov

Tous aux Barriquades, à Darwin ce week-end !

C’est ce samedi 23 et dimanche 24 novembre la 4e édition des Barriquades, le festival des vignerons bio, à Darwin Bordeaux. C’est depuis 4 ans le plus grand salon des vignerons bio de Nouvelle-Aquitaine.

Tout ce week-end, ce sont 70 vignerons bio de la région Nouvelle-Aquitaine qui vous proposent de venir déguster, échanger et parler de viticulture biologique. Les visiteurs pourront aussi faire leur réserve, à l’aube des fêtes de fin d’année.

LES BARRIQUADES : DESORMAIS UN FESTIVAL !

Les vignerons bio faisaient déjà leur show, ils ont décidé de transformer leur concept de gigantesque cave bio en véritable festival, avec au programme des concerts, conférences, un marché de producteurs, des ateliers de dégustation et parcours pédagogiques…

« DARWIN est un lieu unique. C’est l’endroit aujourd’hui où l’on vient pour s’interroger sur le monde de demain, sur les grandes questions qui nous agitent tous : réchauffement climatique, disparition de la biodiversité, enseignement des peuples premiers, etc. Les Barriquades, notre grande action spécialisée Vin, méritait d’entrer pleinement dans cette démarche. A partir du salon de vente directe, nous avons souhaité créer un grand moment, festif, de réflexion. Quelle sera la viticulture de demain ? Pourquoi la Bio est-elle une réponse aux défis d’aujourd’hui ? Pendant deux jours, le grand public va aller à la rencontre des vignerons, apprendre en s’amusant, et, je l’espère, repartir avec la certitude que la viticulture biologique est une chance unique de se faire plaisir, en respectant l’homme et la planète. », explique Philippe Barre, co-fondateur de DARWIN.

10% DE PROGRESSION DE LA CONSOMMATION BIO EN UN AN

C’est avant tôt un salon conçu et tenu par des vignerons « tatoués » bio: un salon 100% bio et écologiquement responsable, à vivre en famille ou entre amis.

Aujourd’hui 12% du vignoble en France est en bio sur un peu plus de 94000 hectares, tenus par 6726 vignerons. Entre 2017 et 2018, la consommation de vins bio a augmenté de 10% et représente aujourd’hui un marché de plus d’un milliard d’euros.

UN MARCHE DE PRODUCTEURS 100 % BIO

Ne poussez pas, il y en aura pour tout le monde. Du vin, mais aussi des fruits et légumes, du miel, des fromages qui puent, des charcuteries, le tout estampillé bio. Par ailleurs, des food trucks pourront aussi restaurer le public durant tout le week-end, les enfants ne seront pas oubliés non plus.

Alors, tous aux barriquades !

12 Oct

Des vignerons bordelais demandent un délai pour sortir du glyphosate

Des viticulteurs girondins ont exprimé vendredi leur inquiétude pour sortir du glyphosate en 2022 et ont demandé un délai, lors d’une rencontre dans les vignes avec Pierre-Etienne Bisch, coordinateur interministériel du plan de sortie du glyphosate.

Photo d’illustration © JPS

Chargé de coordonner au sein d’une « task force » tous les acteurs publics et privés afin de réduire l’usage des pesticides, il a écouté des représentants de la filière et notamment des viticulteurs de l’Entre-deux mers à Ladaux (Gironde), nouvelle étape de son tour de France des régions qui se termine fin octobre.

A l’issue de cette tournée, « on va voir émerger des choses communes et en particulier jusqu’où et dans quelles conditions la réduction des phytosanitaires est possible ou pas techniquement », a-t-il déclaré à l’AFP, soulignant que ces « impasses » pouvaient également être économiques.

« Il y a les surcoûts de l’emploi de main d’oeuvre, un manque de main d’oeuvre formée, des vignes en pente où on ne peut pas intervenir avec un tracteur… », a précisé le préfet honoraire, venu « stimuler la mise en route » du plan Ecophyto, surtout que les ventes de glyphosate ont augmenté de 19% entre 2008 et 2017.

Sur une parcelle des Vignobles Ducourt, des cépages résistants ont été plantés, réduisant le nombre de traitements phytosanitaires d’environ 80%. Le travail mécanique y a remplacé depuis cinq ans l’utilisation d’herbicide à base de glyphosate, le plus utilisé, sous le rang de vignes, laissant l’herbe pousser entre les rangs.

Philippe Ducourt avec son fils Jérémy, qui exploitent 450 hectares dont 25 ha sans glyphosate, estiment cependant impossible de se passer complètement de cet herbicide en raison « d’impasses techniques pour les grandes surfaces » agricoles. Il doit embaucher un tractoriste supplémentaire et utiliser un autre tracteur tous les 20 ha environ.  « Il manque 4 à 5000 emplois en tractoristes en Gironde, on est déjà en pénurie. Il faut sept à huit passages en plus, ce qui implique une plus grande consommation de gasoil, un tassement des sols et une perturbation de la biodiversité avec tous ces passages de tracteur », a expliqué Philippe Ducourt. « Il y a un mixte à trouver entre le désherbage du sol et le traitement du sol », a-t-il conclu.

Selon la chambre d’agriculture de la Gironde, le passage du désherbage chimique au mécanique sous le rang engendre en moyenne un surcoût de 500 euros par hectare (six à sept heures de travail supplémentaires, achat de matériel, consommation de gasoil) et représente plus de 17% du coût de revient des vins en vrac.

Des solutions ont été évoquées par les différents acteurs de la filière comme des aides à la formation, un enherbement total sous le rang, la robotisation ou
encore s’inspirer des innovations dans la viticulture bio. Les Etats membres de l’Union européenne (UE) ont autorisé le glyphosate en novembre 2017 pour seulement cinq ans.

AFP

30 Août

Les Caves de Rauzan mènent une expérimentation de culture « zéro chimie »

Vont-ils faire encore bouger les lignes ou ce voeu va-t-il rester pieux, en tout cas les Caves de Rauzan annoncent mener une expérimentation zéro produit chimique. Après avoir annoncé l’abandon de produits CMR, ils vantent ce nouveau modèle qui pourrait être reproduit par les 330 viticulteurs adhérents de la cave de Rauzan.

Philippe Hébrard marchant dans cette partie de vignoble expérimentale au château Canet © Quentin Monaton

L’IDEE, C’EST… FINIS LES PRODUITS DE SYNTHESE, LE CUIVRE ET LE SOUFFRE

La vigne, bien que liane, rustique, est aussi une plante fragile, en particulier sous un climat océanique. Depuis des décennies, les viticulteurs ont usé et abusé de produits chimiques pour la traiter, juste après guerre il fallait produire énormément de vin et donc les firmes ont ainsi planché sur des traitements pour éviter toutes sortes de maladies et champignons, et sur des désherbants pour éviter que les mauvaises herbes ne fassent trop de concurrence à la vigne. Des produits plus ou moins dangereux pour la santé, notamment avec les traitements les plus nocifs appelés CMR (cancérogène, mutagènes et reprotoxiques).

Entrés dans les moeurs, difficile d’en sortir, et pourtant de nombreux efforts sont faits avec déjà l’abandon des produits CMR par les caves coopératives de Rauzan, Tutiac ou Buzet, des traitements raisonnés de plus en plus dans le bordelais et de nombreuses conversions en bio et biodynamie. Toutefois, la question est posée sérieusement par les caves de Rauzan qui ont décidé de mener une expérimentation au château Canet (depuis de nombreuses années en bio) sur 1,5 hectare (0.765ha de Sémillon et 0.765ha de Merlot), en s’interdisant les produits de synthèse, mais aussi le cuivre et le soufre. Il utilise uniquement des extraits de plantes et des sels minéraux.

« Cette année cela se passe plutôt bien, l’année dernière c’était beaucoup plus compliquée à cause des pressions maladies de champignons, le mildiou en l’occurrence », explique Philippe Hébrard directeur des caves de Rauzan.

Cette année, il y a eu moins de pression, grâce à notre mode de conduite en biodynamie, la vigne a su réagir et finalement a contenu ces attaques de champignons, » Philippe Hébrard directeur des caves de Rauzan.

« Il va y avoir des apports au niveau du sol pour favoriser la vie du sol, la flore, la matière organique va se dégradée naturellement et du coup le sol va être très vivant. Il va y avoir des apports au niveau du feuillage de la vigne,  qui va avoir pour rôle de faire réagir la vigne sainement par rapport  à des attaques, tout cela à base d’extraits de plantes, de sels minéraux, dynamisé pour favoriser leur action et appliqué à des moments propices en travaillant sur le calendrier lunaire. »

« Oui c’est un long combat, aux caves de Rauzan on prend le taureau par les cornes et on se dit il faut y aller car effectivement, car on a besoin de démontrer au consommateur que Bordeaux et les caves de Rauzan en particuliers, se comporte(nt) de manière responsable vis-à-vis de enjeux environnementaux. Il faut qu’on progresse la-dessus et moi en tant que directeur des caves de Rauzan, je souhaite qu’elles soient en avance sur ces thèmes là., » précise Philippe Hérard.

LES PRINCIPES

L’expérimentation « zéro chimie » engagée par les Caves de Rauzan est une démarche globale qui privilégie deux axes :
– En premier lieu, l’amélioration de la qualité du sol par une augmentation et une diversification de l’activité biologique souterraine. Un support plus riche engendra-t-il un meilleur équilibre pour la plante et induira-t-il une plus grande résistance ?

– Le second principe de cette expérimentation consiste à rechercher les causes des désordres au lieu de lutter contre les symptômes. On modifie le milieu pour obtenir de la vigne la réaction espérée sans détruire l’équilibre de l’environnement.

Pour ce millésime 2019, cela va être la première récolte de la parcelle zéro chimie, une année à marquer d’une pierre blanche qui si elle est concluante, pourrait être dupliquée dans d’autres vignobles.

30 Juil

La chambre d’agriculture de la Gironde fixe « le rendez-vous pulvé : mieux et moins traiter »

La chambre d’Agriculture de la Gironde propose de mettre à disposition des viticulteurs des techniques économes en produits phytosanitaires et respectueuses de l’environnement, testées sur des exploitations. Rendez-vous notamment le jeudi 29 août à Caplong.

Pulvérisation de produits phytosanitaires dans les vignes © JPS

Le dilemme qui se pose depuis des années déjà et va devenir encore plus sensible dans les années à venir, c’est pour le viticulteur de traiter ses vignes face aux maladies et aux ravageurs, mais aussi de prendre en compte l’environnement, les salariés viticoles et le voisinage… Vaste problème.

Aussi, la chambre d’agriculture organise une session de démonstration pour mieux orienter les vignerons sur le choix et le réglage du matériel de pulvérisation : le 29 août à Caplong à 16h (lieu-dit Les Marias – EARL Magali Vérité).

Au programme :

  •   Comparaison de différents modèles de pulvérisateurs commentée par les conseillers viticoles et agro-équipement de la Chambre d’Agriculture de la Gironde et de l’ASAR
  •   Un atelier consacré au réglage d’un pulvérisateur : points clés à maîtriser pour assurer une répartition homogène tout en limitant les pertes aériennes.
  •   Zoom sur la pulvérisation à jet porté. Cette technologie, délaissée par les viticulteursavec l’apparition des pulvérisateurs pneumatiques, revient sur le devant de la scène. Eneffet, elle permet d’obtenir une bonne qualité de pulvérisation tout en limitant les pertesaériennes. A condition de bien choisir ses buses, de moduler la vitesse de rotation de laturbine, de bien orienter les diffuseurs….

En accès libre, ce rendez-vous est ouvert à tous les utilisateurs de produits phytosanitaires (exploitants agricoles, salariés, techniciens de caves….)

Le but final pour la Chambre d’Agriculture de la Gironde est d’améliorer les pratiques des viticulteurs: journées de démonstrations, programme Zéro herbicide développé avec le Conseil Départemental, conseil viticole personnalisé axé sur des actions de prophylaxie, de programme de traitements sans produits CMR, le recours aux produits de biocontrôle, des alternatives au désherbage chimique, l’utilisationd’engrais verts et de couverts végétaux…

Pour en savoir plus avec la Chambre d’Agriculture de la Gironde : inscription gratuite au 05 56 46 00 74 ou m.bernede@gironde.chambagri.fr

17 Juin

Cussac-Fort-Médoc : 50 volontaires ont participé à la « campagne glyphosate » avec des prélèvements d’urine

Entre 6h et 8h ce matin, ce sont 50 volontaires qui sont venus, avant leur travail, à la salle polyvalente de Cussac-Fort-Médoc, pour ce prélèvement d’urine. Tous veulent savoir s’il y a des traces de glyphosate dans leur corps, pour intenter des action en justice, en fonction bien sûr des résultats.

Ils sont salariés agricoles, riverains des vignes, militants anti-pesticides ou tout simplement des habitants du Médoc…Même s’ils n’ont pas forcément peur, ils sont préoccupés et veulent savoir s’ils ont du glyphosate dans leur organisme:  « c’est quand même pas un produit cool, donc c’est bien de savoir si on a été exposé et si on stocke… » « C’est cancérigène, mutagène et neurotoxique, donc c’est quand même bien de savoir si moi j’ai été impacté… » commentent deux des participants.

Tout se fait sous le contrôle des deux huissiers de justice dont Christophe Peychez, huissier à Castelnau et Mérignac :« je suis là pour certifier le bon déroulement des opérations et pour expédier après, les prélèvements sous scellés à un laboratoire indépendant. »

A droite, le maire Dominique Fedieu, lui même viticulteur, en bio © JPS

Parmi eux, le maire Dominique Fedieu, également viticulteur en bio, qui a prêté pour l’occasion la salle polyvalente: « Très longtemps, il y a eu un discours positif par les vendeurs, et puis on s’est rendu compte que cette molécule pouvait poser des problèmes, et notamment par rapport à l’apparition de maladies et de certains cancers… Donc, ça me touche de voir à quel point on peut être contaminé et les uns et les autres et c’est une question de santé publique. »

Les participants paient une légère contribution (pour payer les analyses et après le dépôt de plainte (un avocat et les frais de justice) et remplissent un questionnaire sur leur lieu d’habitation et leur mode de vie, à rapprocher des résultats des analyses qui seront connus d’ici un mois.

Certes le glyphosate n’est pas d’utilisation exclusivement viticole, mais il est aussi utilisé dans la viticulture, il est encore utilisé, et donc c’est très intéressant de pouvoir avoir un aperçu de l’exposition de la contamination de ces gens qui habitent le Médoc et qui pour certains sont travailleurs des vignes » Marie-Lys Bibeyran Info Médoc Pesticides

En fonction des résultats, des plaintes seront déposées devant le Tribunal de Grande Instance de Bordeaux. Arrivée vers 7h, Marion Ricaud nous confie « en fait je m’implique déjà dans le Mouvement des Coquelicots, et j’ai trouvé très concret le fait de porter plainte en fait. Dès fois on perd un peu de courage, dans la mobilisation, parce que notre action était simplement symbolique, mais là elle est concrête parce qu’on va porter plainte. »

Jacky Berrahil de la Campagne Glyphosate 33 © JPS

Ce sont des plaintes qui visent tous les responsables en poste, des fabricants jusqu’à ceux qui l’ont autorisé, de la commission européenne et tous les organismes, pour atteinte à l’environnement, tromperie aggravée et mise en danger de la vie d’autrui », Jacky Berrahil trésorier de Campagne Glyphosate 33.

Cinq opérations de ce type sont menées en Gironde à Cussac ce jour, mais aussi à Libourne, La Teste, Langon et le 28 juin au Haillan. Les dépôts de plainte ne devraient intervenir qu’en septembre ou octobre.

Invité ce soir du 19 /20 sur France 3 Aquitaine, le médecin Franck Dubourdieu, auteur de plusieurs ouvrages sur le vin, et membre de l’association Alerte Médecins sur les Pesticides, a réagi sur cette démarche et prise de conscience : « oui, c’est important, cela démontre la pollution générale qu’il y a dans l’air et dans les aliments. Et de souligner « la dangerosité du glyphosate connue depuis longtemps » avec « des additifs tenus secrets par les firmes, il y a un effet génotoxique sur plusieurs générations ». Quant aux solutions abordées, il y a par exemple la conversion en agriculture bio « il faudrait que les institutions aident à passer le pas. »

Affaire à suivre…

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Pascal Lécuyer, et Olivier Pallas :

14 Juin

Salon ViniBio : une première édition au Hangar 14 à Bordeaux, du 14 au 16 juin

ViniBio se veut le rendez-vous des oenophiles et amateurs de vins bio. 50 exposants participent à partir d’aujourd’hui au salon bio, en parallèle de Zen&Bio, le salon bio, bien-être et habitat sain. C’est tout ce week-end, du vendredi 14 au dimanche 16 juin.

 Il y a un réel engouement et une demande sur les produits bio, il n’y a qu’à voir le virage opéré par la grande distribution et le nombre de petits commerces de quartier, « biocoop » ou autres, s’ouvrir chaque année. A Vinexpo Bordeaux, les WoW World Organic Wines ont aussi connu un succès certain.

Fort de ce constat, le nombre de rendez-vous bio augmente aussi à Bordeaux… Le Salon ViniBio Bordeaux, 1er du nom, se tient aujourd’hui au Hangar 14 sur les quais à Bordeaux. Av

50 exposants y sont présents avec leur certification AB (agriculture biologique) et label Demeter ou Biodyvin, pour les vins biodynamiques ; des vignerons, qui travaillent dans le respect de l’environnement, de la biodiversité et la recherche d’authenticité du goût et du terroir. Un salon organisé avec le soutien du Syndicat des Vignerons Bio de la Nouvelle Aquitaine.

AU PROGRAMME

  • Une quinzaine d’animations
  • Des conférences sur les thématiques du vin animées par des experts, sommeliers et journalistes, des 4 coins de France et d’Europe.
  • Des dégustations commentées, l’occasion d’échanger avec les producteurs

Pour en savoir plus :    

 

08 Juin

Le Jardin Millésimé : un jardin paysagé inspiré par les millésimes du château Larrivet Haut-Brion

C’est un doux rêve imaginé par Emilie Gervoson et Soline Portmann, qui aujourd’hui est réalité. Un jardin dédié au monde du vin. Un jardin qui évoque la vigne, déjà à travers ses piquets que l’on retrouve dans les rangs de vigne, mais aussi à travers ses senteurs végétales. Initialement baptisé le Jardin d’Ivresse, il porte désormais le nom de Jardin Millésimé… Une création végétale dédiée aux vins qui a conquis de nombreux visiteurs ce samedi à l’occasion des « rendez-vous aux jardins »

Emilie Gervoson, propriétaire du château Larrivet Haut-Brion et Soline Portmann scénographe-paysagiste dans le Jardin Millésimé © Jean-Pierre Stahl

Tout est parti d’une petite création paysagère pour arriver à un plus grand jardin, le Jardin d’Ivresse… Au départ, il y a cette volonté de créer un espace avec cette rose unique créée en hommage aux 3 filles des propriétaires Christine et Philippe Gervoson : Emilie, Charlotte et Valentine. Une rose créée en 2013 par la maison Meilland Richardier et baptisée « les Demoiselles de Larrivet Haut-Brion », du même nom que le second vin de la propriété achetée en 1987 par la famille en Pessac-Léognan (même année que la création de l’appellation).

Et puis, après le vin, la rose, vint le jardin : un jardin lancé en juin 2015 sous le joli nom de Jardin d’Ivresse, mais pour lequel il était difficile de communiquer et d’inciter les gens à venir boire, un verre, car la loi Evin se serait rappelé aux initiateurs, d’où ce nouveau nom original de Jardin Millésimé:  « ce changement de nom me va très bien, car on parle beaucoup de millésimes dans le jardin… », me confie Emilie Gervoson.

On déguste un jardin, comme on déguste un vin, on joue sur la vue, le nez, et on a planté ces arbustes à cassis et framboises que l’on retrouve dans les vins rouges » Soline Portmann scénographe-paysagiste.

Et c’est ainsi qu’a émergé en face du château et des chais ce merveilleux Jardin Millésimé sur 4000 m2, avec ses piquets en bois rouge, de 20 centimètres à 4 mètres de hauteur; un jardin savamment étudié pour évoquer dans sa première partie les vins blancs, avec 7500 végétaux dont ces « cheveux d’ange qui apportent un aspect très aérien » mais aussi une palette de végétaux aux robes anis, vert amande, jaune paille, aux senteurs d’agrumes. Dans la seconde partie, l’évocation des vins rouges avec 15000 végétaux, avec des teintes rubis des persicaires « blackfield », des pétales bordeaux des échinées « vintage Wine » et des iris merlot. Au total 150 espèces différentes. « Ce jardin, c’est vraiment par passion », commente Emilie Gervoson, devant un parterre de passionnés de jardins et amateurs de vins aussi.

L’originalité de ces deux espaces (occupés à 20% par les blancs et 80% par les rouges, en respect de la proportion des vignes de la propriété et de ses cépages en blancs et en rouge) tient également dans la floraison: « une floraison précoce, printanière et en début d’été en avril-mai et en juillet pour la 1ère partie du jardin qui incarne les vins blancs, avec un mélange de graminées, de plantes vivaces et de plantes aromatiques ; une floraison plus tardive en août-septembre-octobre pour la 2e partie rouge avec des graminées et vivaces et ces massifs de cassis et framboisiers. Au coeur de la déambulation, j’avais vraiment envie qu’on ait toutes ces touches de surprises. »

Et des surprises, il n’en manque pas dans ce vaste parc de 13 hectares, avec aussi ce deck créé juste en face du Jardin Millésimé, un lieu de fête, d’événements avec une double vue sur le château et ses chais, sans oublier le plan d’eau où les poules d’eau se font entendre, comme pour dire, ce jardin d’ivresse, il est à nous aussi…ne seraient-elles pas enivrées par toutes ces senteurs ?

Une visite de plus d’une heure qui s’est conclue par une dégustation toute aussi originale des vins de la propriété : avec des magnums en blanc des Demoiselles de Larrivet Haut-Brion (95% de sauvignon et 5% de sémillon, élevage 30% en oeufs béton et 70% en barriques « on cherche un vin de partage, entre copains, on recherche de la fraîcheur » selon Emilie Gervoson) et des Demoiselles en rouge (70% merlot, 30% cabernet sauvignon, élevé 1/3 de barriques neuves, 1/3 en foudres et 1/3 en cuves) :

« là on est sur des vins gourmands alors que sur les 1ers vins on est sur des vins plus structurés ». Une dégustation agrémentée par les senteurs de plantes aromatiques disposées sur la table. Une invitation à l’évasion sensorielle dans un cadre idyllique.

Si vous aussi, vous voulez vivre cette expérience unique dans cette propriété viticole: le Jardin Millésimé se visite de mai à octobre : visite du jardin avec carnet de route 6€, visite du jardin et dégustation de 2 vins 15€. Le château Larrivet Haut-Brion se situe à Léognan, 84 avenue de Cadaujac, tél 05 56 64 99 87.

15 Mai

A #Vinexpo, « l’effet waouh » des WOW ou comment les « bio » font le buzz sur le salon

WOW, les World Organic Wines ou vins bio ou en biodynamie ont le vent en poupe. Près de 2000 visiteurs chaque jour sur leurs stands. Une augmentation de 22% du nombre d’exposants en 2019 qui passent à 140.

Adeline Barnay, courtier en vins, avec la famille Sercey du château du Rocher … JPS

2000 visiteurs chaque jour, c’est pas mal,  avec chose nouvelle des importateurs chinois intéressés comme Chen Chao Mei de l’association Euro-Asie pour l’Export de Vins : « le vin bio, c’est bon pour la santé » (attention à ne pas en abuser…comme dirait la loi Evin, pas connue en Chine).

Après le vin rouge, les liquoreux, les Chinois commencent à s’intéresser aux vins bio © JPS

En augmentation de 22% par rapport à Vinexpo 2017, le nombre d’exposants est passé à 140 venus de toute la France , d’Italie et d’Espagne. Agencé en cercle en 2017, avec des palettes, le stand WOW a gonflé et est devenu un ovale…

La demande est internationale, il y a une vraie prise de conscience des consommateurs finaux et des viticulteurs concernés, ce qui explique que la demande soit forte aujourd’hui » confie Adeline Barnay, courtier en vins. »

« Le format en arc de cercle a été renouvelé, il est sympathique et favorise une meilleur visibilité du visitorat », explique Bertrand de Sercey du château du Rocher,16 hectares à Saint-Emilion. « Ce sont des professionnels, des courtiers, des négociants et des importateurs étrangers qui sont à chaque fois plus nombreux ».

Aujourd’hui le vignoble estampillé bio représente plus de 400 000 hectares dans le monde et 78665 hectares en France (3e pays après l’Italie et l’Espagne). En Nouvelle-Aquitaine, ce sont 12912 ha dont 2842 en conversion, soit une augmentation des conversions de 54% entre 2016 et 2017.

On a une biodiversité sur toute la propriété, on a la maison qui est au milieu de toutes les vignes et il était important que quand on traite les vignes on ne s’intoxique pas nous-même , on a ainsi la maison au milieu d’un bel endroit », explique Benoît Soulies du château La Brande à Saillans à Gironde.

Soline de la Route des Vins Bio (blog) avec Pauline Broutet du Domaine de Beyssa © JPS

« Chez les femmes et chez tout le monde, c’est quelque chose qui prend de plus en plus de place. C’est un mouvement hyper logique d’aller vers ce qui est plus naturel, nous on fait des bio depuis 2009 en Côtes du Marmandais, en fait on a créé le domaine et on a tout de suite été vers le bio », m’explique Pauline Broutet du Domaine de Beyssac (14ha en Côtes du Marmandais) en biodynamie également depuis 2017.

L’évolution est positive, puisqu’on est à 8 à 9% de vignoble bio en Gironde et on vise 25% en 2025. Il y a une belle dynamique. » Laurent Cassy, président des vignerons bio de Nouvelle-Aquitaine.

Et ce rassemblement des vignerons bio WOW va être dupliqué sur d’autres salons Vinexpo dans le monde comme à Hong-Kong, Shangaï et New-York.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Pascal Lécuyer et Robin Nouvelle