24 Fév

Ruinart goûte chez Bocuse une bouteille oubliée presque centenaire

L’étiquette est vieillie mais intacte, et le liquide ambré vient embrasser le verre : Ruinart a débouché jeudi « le plus ancien millésime connu » de sa maison, en date de 1926, retrouvé dans une cave du chef Paul Bocuse.

© Frédéric Lot

En novembre 2021, Maxime Valery, nouveau chef sommelier du restaurant Paul Bocuse à Collonges-au-Mont-d’Or (Rhône), réalise un inventaire complet des stocks de vin, quand il tombe sur ces bouteilles éparpillées dans des caisses vermoulues. « Au début je me dis : ce ne sont pas des vraies, je vois 1926, je me dis que ce n’est pas possible », se remémore le jeune sommelier. Il nettoie avec précaution la couche de poussière noire et humide qui les recouvre.

Les bouteilles, longtemps conservées dans la cave de la maison du chef, à côté du restaurant, ont dû subir une crue de la Saône voisine. Il contacte immédiatement Ruinart, qui vient authentifier les bouteilles. Un véritable trésor pour la maison de champagne, certes la plus ancienne (1729), mais dont les caves ont été vidées sous l’occupation nazie pendant la Deuxième Guerre Mondiale, perdant ainsi son héritage.

« C’est le premier millésime de la maison », souligne Frédéric Panaïotis, le chef des caves de Ruinart venu jeudi ouvrir une des précieuses 18 bouteilles retrouvées. 1926, c’est aussi l’année de naissance du mythique chef lyonnais, qui aimait à collectionner les bonnes bouteilles portant ce millésime.

L’effervescence du champagne a quasi disparu. Mais Frédéric Panaïotis ne cache pas son excitation : « C’est une belle bouteille », peut-il enfin déclarer après la première gorgée.

De cette année 1926, les carnets de caves de la maison Ruinart disent que la vendange fut belle. Les vins « ont assez d’élégance » ne sont « pas très corsés. On pourra peut être parler de 1926 comme étant de bons vins mais pas de grands vins : ce n’est pas 1911 ni 1921 mais c’est au moins des 1923 ».

Un petit goût d’abricot, une « tension en bouche avec un côté citron confit », un « petit moment sucré » au milieu puis en fin de bouche « un peu de gratte et d’amertume ».

La bouteille libère progressivement son arôme vieilli par le siècle. Trois d’entre elles seront conservées par le restaurant Bocuse, les 14 autres vont retrouver les caves de Ruinart.

AFP

21 Fév

La Tournée des Vins de Bordeaux, les 9, 10 et 11 mars

Ils ont enfourché leur tandem pour partir à la rencontre des consommateurs. Les 9, 10 et 11 mars attendez-vous à croiser des vignerons et des négociants qui vont vous proposer leur production à déguster. Une opération menée dans toute la France en grande distribution, chez les cavistes, dans les bars à vins et dans les restaurants.

Pendant 3 jours, les vignerons et négociants de Bordeaux partent en tournée dans toute la France pour aller à la rencontre des consommateurs.

Le vignoble se mobilise pour donner rendez-vous chez des cavistes de quartier, dans des brasseries, aux comptoirs de bars à vins, dans les rayons vin des supermarchés, à Bordeaux, en Île de France, en Bretagne, etc.

Lors de la première édition en 2020, plus de 1 000 acteurs s’étaient mobilisés dans près de 700 villes de France. Cet événement collectif unique reflète l’envie des femmes et des hommes de Bordeaux d’échanger avec les consommateurs et de raconter Bordeaux autrement, notamment à travers l’histoire qui se cache derrière leurs bouteilles

14 Fév

Wine Paris-Vinexpo Paris : le salon vu par Amélie Osmond, une vigneronne des Côtes de Bourg

Elle ne manque pas d’imagination et de caractère. Amélie Osmond, 39 ans, vigneronne du Clos du Notaire à Bourg en Gironde est en mode passion de son job et conquête des marchés. Durant ces 3 jours, elle s’implique en groupe avec ses amis et collègues des Côtes de Bourg venus faire déguster leurs vins à la Porte de Versailles…

Amélie Osmond à l’assaut de Wine Paris © JPS

Amélie Osmond, c’est la jeune génération des Côtes de Bourg. Cette vigneronne de 39 ans est présente sur tous les salons de vin de ce début d’année et enchaîne Wine Paris, juste après Millésime Bio…

C’est mon plus gros salon annuel, un salon qui me permet de rencontrer et retrouver tous mes partenaires cavistes, restaurateurs, sommeliers, pour moi c’est un événement incontournable de l’année » Amélie Osmond du Clos du Notaire

« On a récolté pour avoir un fruit qui soit assez éclatant, assez juteux en bouche… » Sur le stand commun des Côtes de Bourg où une dizaine de vignerons a fait le déplacement, c’est alors l’échange avec des acheteurs français et étrangers… Ici de futurs clients danois… « Sur les anciennes carrières calcaires de Bourg, on va avoir un malbec avec une expression sur la fraîcheur » « C’est surtout le style moderne qui nous a plu, c’est plein de fruit et quelque chose qu’on aime et qu’on recherche dans le vin » commente Victor Monchamp importateur distributeur au Danemark.

« On doit être 3000 ou 3500 exposants, l’aspect visuel est vraiment très important et les étiquettes vont vraiment participer à ça, les gens passent et le premier coup d’oeil donne déjà une indication sur l’intérêt qu’ils peuvent avoir »

Sur ses terres au Clos du Notaire à Bourg en Gironde, c’est un travail tout au long de l’année… Un travail intense de taille de la vigne, 18 hectares, réalisé avec bien sûr son compagnon Victor Mischler. Une taille plus tardive pour éviter le gel de bourgeons au printemps…

« On taille déjà une fois que les feuilles sont tombées, ça c’est certain, quand la sève est redescendue, et après fonction des terroirs on va peut-être tailler les vignes les plus tardives en premier et les plus précoces plus tardivement… »

Dans le chai, elle élabore avec Victor 7 cuvées, en barrique de chêne, en cuve inox et même en amphore… « là on a notre malbec qu’on a décidé d’élever en amphore pour respecter vraiment la typicité et l’identité très forte du malbec… » commente Victor Mischler son compagnon vigneron.

Une production de 80 000 bouteilles à l’année, 60% vendue à l’export (Belgique, Grande-Bretagne, Italie et Canada) et 40% en France surtout auprès de cavistes qu’elle démarche elle-même. « Dès les 30 premières secondes avec une personne, on sent par le regard, par l’attitude, si on sera à même de travailler ensemble et avec plaisir tout simplement… »

Le contact, l’argumentaire, et les dégustations s’enchaînent ainsi sur le salon… « Clairement, c’est l’humain au coeur du système, au coeur du terroir, qui vient apporter de nouvelles signatures et de nouveaux profils vin dans le renouveau de Bordeaux », commente Didier Gontier directeur du syndicat des Côtes de Bourg.

3 jours intenses pour Amélie Osmond à partager une passion et à décrocher des marchés…

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Nicolas Pressigout et Christophe Varone :

13 Fév

Wine Paris-Vinexpo Paris : sur le front de la reconquête des marchés pour Bordeaux

Le salon Wine Paris-Vinexpo Paris s’est ouvert ce lundi sur une note plutôt optimiste. Les Bordeaux et notamment les Côtes de Bordeaux sont venus faire déguster leurs vins et essayer de signer de nouveaux contrats avec les cavistes, restaurateurs et distributeurs français et étrangers. 30 000 visiteurs attendus de 52 pays pour 3387 exposants…

Pour les vignerons des Côtes de Bordeaux, ce salon Wine Paris-Vinexpo Paris du 13 au 15 février à la Porte de Versailles, c’est l’opportunité de nouveaux débouchés après de cavistes, restaurateurs, distributeurs…Eric Bantegnies, vigneron du château Bertinerie, fait déguster ses blancs secs et rouges produits en Blaye-Côtes de Bordeaux : « des lyres en blanc, c’est un 100% sauvignon, on vendange à la main, on trie à la main… »

Paris est un lieu facile d’accès pour tout le monde, pour tous nos clients étrangers et nos clients français, et c’est un endroit où il faut être présent pour les rencontrer au moins une fois dans l’année », Eric Bantegnies du château Bertinerie

« On travaille ensemble depuis 2001 donc on se connaît un petit peu déjà, donc là c’est vraiment pour découvrir les vins… », commente Fabrice Picaud acheteur de « Vins, champagne, spiritueux et caviar »

A l’heure où Bordeaux commercialise moins de 4 millions d’hectolitres de vin à l’année, les vignerons se retroussent davantage les manches pour faire déguster et relancer par exemple le marché chinois en sommeil...

« Malgré le fait qu’on ait eu une crise covid, mais d’ici 3 ans je pense qu’on est en train de bien passer la crise », commente Xue Gao, négociante bordelaise de FiWine Bordeaux et FinestWine.com

Aujourd’hui Bordeaux innove davantage, fait des vins sur le fruit et imagine de nouveaux packagings…

« On est sur la région Normandie et on recherche des petites pépites, de nos régions, et là on est sur un profil de choses qu’on recherche, qui change, et qu’on n’a pas l’habitude de déguster… » Solenne Coiffard grossiste distributeur « Les Vins de Paul »

« Ce qu’il faut pour vendre aujourd’hui, c’est y croire, on a de très jolis vins, on a de très jolis produits, moi je vois des marketings, des images, des étiquettes qui évoluent, on a un goût un peu plus sexy, on a repensé tous nos produits, Bordeaux a une nouvelle image », Jean-Vincent Bideau château Petit-Boyer

Wine Paris-Vinexpo Paris, ce sont près de 3400 exposants présents qui vont rafler de nouveaux marchés auprès de 30 000 visiteurs attendus.

 

 

12 Fév

Et le meilleur sommelier du monde 2023 est le letton Raimonds Tomsons

Un concours de haute volée, 17 demi-finalistes, 3 finalistes et un seul vainqueur: le Letton Raimonds Tomsons. Pascaline Lepeltier échoue de peu, aux portes de la finale…

Le 3e candidat à passer, fut le meilleur de cette finale : Raimonds Tomsons © Michel Trama

C’est un peu comme dans Highlander, il ne peut en rester qu’un… C’est donc Raimonds Tomsons le nouveau Highlander de la sommellerie qui s’est imposé ce soir au coucours organisé en France et la finale à l’Arena à Paris.Il s’impose face à la danoise Nina Jensen et face au chinois Reeze Chai au terme de 4 heures de compétition. La française Pascaline Lepeltier qui est sommelière à New-York chez Chambers à Manhattan termine 4e de la compétition. Bravo à tous.

07 Fév

Crise viticole : les pistes de l’Etat pour venir en aide aux vignerons

Lundi, le Ministre de l’Agriculture Marc Fesneau recevait une vingtaine de responsables de la filière à Paris. L’Etat prévoit de dégager 160 millions pour soutenir ce pan de la viticulture en proie à des difficultés du fait d’une déconsommation de vin, un plan pour financer notamment la distillation de crise. Réactions de Bernard Farges, vice-président du CIVB, et de Bastien Mercier, du collectif des vignerons.

Marc Fesneau a annoncé hier une campagne de distillation de vin, dotée de 160 millions d’euros, pour soutenir les viticulteurs en difficulté, d’autres pistes ont été avancées également pour de l’arrachage sanitaire de vignes en friches…

 La filière vitivinicole traverse actuellement une crise conjoncturelle dans le contexte d’inflation lié à la guerre en Ukraine qui exacerbe des difficultés structurelles dans certains bassins viticoles et couleurs de vins » Marc Fesneau.

A Bordeaux, la crise s’est traduite déjà par une manifestation de plus de 1200 viticulteurs et de toute la filière le 6 décembre dernier. Ceux-ci réclament un vaste plan d’arrachage primé d’au moins 10% (CIVB) à 15% (selon le collectif des viticulteurs de Gironde) du vignoble bordelais de 108000 hectares.

Pour Bernard Farges, du CIVB, présent hier à la réunion : « il y a cette annonce de distillation mais pas que cela , il y a des débuts de réponse pour réduire les surfaces avec des réponses concrètes d’ici 15 jours au salon de l’agriculture, c’est conforme avec ce que nous travaillons avec ses services. Le Ministre a pris acte et conscience des difficulté de toutes les régions viticoles en France et particulièrement des régions de rouge. Ce sont des mesures conjoncturelles qui doivent faire évoluer le vignoble, après il doit y avoir des mesures structurelles comme dans le bordelais. Mais c’est clair que ce sont des sujets qu’on n’aborde pas de gaïté de coeur… »

La distillation, c’est une mesure classique mais les fonds de 160 millions ne suffiront pas pour toute la France. Il travaille dessus pour compléter ces 160 millions », tant il est clair que pas mal d’entreprises ont besoin de renforcer leur trésorerie. », Bernard Farges

Une première campagne de distillation devrait se faire d’ici l’été avec « 40 millions d’euros de crédits nationaux complétés de 40 millions de l’enveloppe de financements européens (FEAGA) », selon Marc Fesneau. La seconde campagne pourrait être organisée d’ici octobre selon le Ministre pour atteindre ces 160 millions d’euros.

Du côté du collectif, Bastien Mercier réagit ce matin : « cela devrait concerner 500 000 hectolitres sur la Gironde, cela pourrait faire 702€ du tonneau, autant dire pas grand chose, pour écouler du stock ; on sait très bien que cela va arranger les caves coopératives qui ont déjà distillé en 2020, moi je ne vais pas distiller un vin médaillé d’or, 4 médailles d’or en 2021, je ne vais pas envoyer ça au bouillon, comme le 2022 très prometteur je n’envoie pas ça au bouillon… On s’attendait à la distillation car c’est le Languedoc Roussillon qui pousse… On a cherché à ce que la distillation dans le cadre de la production soit rémunérateur comme pour faire du vinaigre de vin, mais là ce sont les distillateurs qui vont se faire de l’argent et c’est l’Etat qui paie… Bon en 2020, on a distillé pour 40 millions d’euros, ce qui représente près de 5700 tonneaux, c’est ce qui fallait… » Mais moi, la distillation de masse pour les petits, je n’y crois pas, nous on réclame l’arrachage… Travailler pour balancer, non, c’est trop d’effort, trop d’énergie, pour après balayer d’un revers de main.

Il faut absolument pour le Ministre annoncer des choses sur l’arrachage au salon, mais malgré tout c’est dans longtemps, 3 semaines, il faut savoir qu’au mois de mars les bourgeons sortent et c’est reparti, c’est trop tard, tout cela arrive trop tard. Nous on demande un effort pour les retraités…Pour ceux qui veulent arrêter, qui n’en peuvent plus, ok ils vont vider leur chai avec la distillation, mais à quand l’arrachage ? » Bastien Mercier

Parmi les autres pistes, le gouvernement a étendu et prolongé le dispositif de prêt garanti par l’État (PGE) jusqu’à la fin 2023. Concernant l’allongement de la durée du PGE : « 75% des PGE en agriculture sont des PGE avec tout ou partie de viticole, ce n’est pas rien, nous on demande un allongement de la durée du PGE de 6 à 10 ans. On souhaite trouver des moyens avec Bercy, ou au cas par cas, ou trouver des prêts relais… On demande des intérêts plus faible que le prix du marché… », commente Bernard Farges

« Quand à l’arrachage, pour l’heure, il n’y a pas de dispositif, les textes européens ne le permettent pas; nous Bordeaux nous le demandons, mais pas toute la filière en France, néanmoins le secteur se dégrade et donc je pense que cela bougera.

« Nous essayons de créer des outils, on travail sur le fond de mutualisation sanitaire, avec les services régionaux et le département.  C’est un élément très important que la profession mette des fonds sur la table pour agir aux côtés de l’Etat, de l’Europe et de la région. Il n’y a pas d’autre exemple qui essaie de le faire, c’est un engagement fort de la profession. » Les outils du Faeder (fonds européen agricole pour le développement rural) pour la diversification et l’arrachage sanitaire pour éviter la propagation de maladies comme la flavescence dorée pourraient être mis en oeuvre dès cette année.

Le Ministre a clairement dit la nécessité d’agir sur le structurel, avec la filière, d’ici le début de l’été », selon Bernard Farges. Bastien Mercier et le collectif attendent de rencontrer le préfet ce jeudi matin dans le cadre de la cellule de crise mise en place par la préfecture.

 

06 Fév

Coupe des Crus de Saint-Emilion : voici les 24 coups de coeur 2023

La Coupe des Crus de Saint-Emilion s’est disputée la semaine dernière au Palais de la Bourse, parrainée par Jonathan Choukroun Chicheportiche du Magazine Vert de Vin. 24 nouveaux coups de coeur ont ainsi été désignés et porteront haut les couleurs de Saint-Emilion tout au long de l’année.

La Coupe des Crus de Saint-Emilion © Guillaume Bonnaud  

80 personnes, parmi lesquels des négociants, courtiers, cavistes, sommeliers et journalistes spécialisés, et des amateurs éclairés ont eu la lourde tâche de déguster à l’aveugle 159 vins sur 3 millésimes 2018, 2019  et 2020…

Les crus s’affrontaient par catégorie, à l’aveugle, deux par deux, sur trois millésimes (2018, 2019 et 2020) lors de matchs éliminatoires. A chaque match, trois jurés rassemblés à une table communiquaient leur préférence parmi les deux vins en compétition: c’est le cru le plus régulier sur l’ensemble des millésimes qui l’emportait et passait à l’étape suivante.

Les matchs se sont enchaînés au sein de cinq catégories: Puisseguin SaintEmilion, Lusssac Saint-Emilion, Saint-Emilion, Saint-Emilion Grand Cru et Saint-Emilion Grand Cru Classé. Et voici le résultat : 

LES COUPS DE CŒUR 2023

LUSSAC SAINT-EMILION

Château Bel Air Jean & Gabriel

Château La Rose Perrière

Château de la Grenière Cuvée de la Chartreuse

Altéa

PUISSEGUIN SAINT-EMILION

Château Soleil

Château Pontet Bayard

Château Clarisse«Vieilles Vignes»

Château Coudroy Borie de l’Anglais

SAINT-EMILION

LArchange

Clos le Brégnet

Clos Antico

Château RollandMaillet

SAINT-EMILION GRAND CRU

Château Trimoulet

Château Rol Valentin

Château CroqueMichotte

Château Vieux Larmande

Château La Croizille

Château Tour SaintChristophe

Château Carteau Côtes Daugay

Château des Laudes

SAINT-EMILION GRAND CRU CLASSE

Château Soutard

Château de Pressac

Château Dassault

Château Destieu

03 Fév

La Cité du Vin vous dévoile son nouveau parcours permanent

Ouverte le 1er juin 2016, la Cité du Vin à Bordeaux s’est faite une nouvelle beauté ou une deuxième jeunesse. Après quelques travaux, elle dévoile demain samedi au public un nouveau parcours permanent. Certes ce n’est pas une transformation totale de l’existant pas un joli rafraichissement avec de nouvelles scénographies, d’équipements numériques et de productions multimédia. Vivez une nouvelle grande aventure du vin à travers l’histoire, les civilisations, la culture de la vigne, l’art de vivre et les différents continents producteurs de vin. Profitez des vacances, allez-y.

L’EXPOSITION PERMANENTE : UNE INVITATION A VOYAGER A LA DECOUVERTE DU MONDE DU VIN 

Grâce à des technologies numériques et interactives, l’Exposition permanente fait vivre sur 3 000 m² la grande aventure du vin, qui a inspiré les Hommes et façonné leur vie et leurs territoires depuis des millénaires. Histoire, géographie, arts, culture de la vigne, œnologie, art de vivre… le vin se découvre sous ses multiples facettes sur 18 espaces thématiques différents, à parcourir librement (au 2ème étage du bâtiment). Le visiteur, tour à tour actif ou spectateur, assis ou debout, multiplie les expériences individuelles et collectives, pédagogiques, ludiques, immersives, multisensorielles… toutes plus surprenantes les unes que les autres à l’aide de l’indispensable « compagnon de visite », dispositif qui permet le déclenchement des animations et l’écoute des commentaires dans une des huit langues proposées (français, anglais, allemand, espagnol, italien, néerlandais, chinois et nouveauté 2023, le portugais).

18 ESPACES THEMATIQUES A PARCOURIR

A partir d’un nouveau projet scientifique et culturel offrant une large place au Vivant et à l’Homme, la Fondation pour la culture et les civilisations du vin (qui gère et développe la Cité du Vin) entourée d’une équipe créative pluridisciplinaire venant d’horizons divers, a imaginé une Exposition permanente version 2023 composée de 18 espaces thématiques et d’une œuvre d’art monumentale, répartis en 6 Univers.  L’Agence Clémence Farrell (scénographie et design d’espace) et Muséomaniac (conception des installations numériques et direction des productions) accompagnées par le studio Ich&Kar, The Mill (écriture, storyboard, audiovisuel) et Ilusio (animations, multimédia) ont œuvré sur les nouveaux modules thématiques nécessitant un changement de scénographie et un renouvellement des contenus. Pour concevoir et réaliser des dispositifs audiovisuels sur mesure et innovants sans changement de scénographie, la Fondation pour la culture et les civilisations du vin a fait appel à Sim&Sam, Les Films d’ici, Clap 35, Blue Yeti et The Mill.

  • Survol des vignobles: Un voyage époustouflant à la découverte de l’incroyable diversité des paysages viticoles à travers le monde et de leur beauté, grâce à une projection sur 3 écrans géants et qui se prolonge au sol.
  • Planète vins: Un grand planisphère pour comprendre la répartition des vignobles à travers la planète, un abécédaire des pays producteurs avec les chiffres clés de leur activité viticole et deux globes pour présenter la grande diversité des cépages du monde et comment le climat constitue un facteur essentiel pour la culture de la vigne.
  • Terroirs du monde: 10 vignerons de 10 régions du monde présentent les spécificités de leur terroir et leurs impacts sur les vins.
  • La vigne: Un cep spectaculaire et animé montre les interactions entre le sol, la plante et les grappes. 4 écrans dédiés au travail de la vigne complètent le dispositif tandis que sur le mur opposé, les différents cépages du monde s’affichent dans toute leur diversité !
  • L’élaboration du vin: Tous les secrets de fabrication du vin expliqués grâce à un mur interactif où l’on suit le chemin du raisin au vin, de la réception des vendanges à la cave. Une projection au sol d’une cuve avec des grappes permet également, de manière virtuelle et interactive, de fouler le raisin comme à l’ancienne.
  • Six familles de vin: 6 bouteilles géantes, chacune dédiée à une grande famille de vin, explorent trois thématiques : élaboration, dégustation et service, associés à chaque type de vin.
  • L’année vigneronne: De la vigne à la bouteille, une année retracée en images pour suivre la création d’un millésime, aussi bien dans la vigne que dans le chai. Un film musical avec une mise en scène au plafond et des projections à 360° que l’on regarde confortablement installé !
  • La galerie des civilisations: Des tombeaux égyptiens aux soupers du XVIIIe siècle en passant par les banquets grecs jusqu’à nos jours, un dédale pour remonter le temps à la rencontre des plus grandes civilisations du vin.
  • L’allée des tendances: Plongée dans le XXIe siècle pour suivre les dernières innovations et tendances récentes du monde du vin, miroir des évolutions de nos sociétés.
  • Le buffet des 5 sens: Une découverte des clés de la dégustation grâce à un parcours ludique et olfactif autour des arômes et des couleurs du vin.
  • Ça tourne! : Quand des films cultes nous rappellent que le vin est au cœur de nos échanges sociaux et de nos moments de convivialité.
  • Ça peut servir! : Préparation, service et dégustation suivent des étapes, mettent en jeu des outils et des gestes particuliers. Sur un ton humoristique et décalé et grâce à un dispositif multi-écrans, un film donne aux spectateurs les clés d’un service réussi !
  • Modulor: Ce tire-bouchon géant, œuvre de Lilian Bourgeat, interpelle et amuse les visiteurs pendant leur visite. Le lieu idéal pour immortaliser sa découverte de l’Exposition permanente.
  • A table! : Un show immersif autour de la cuisine, du repas et du service du vin amène le visiteur dans des mondes merveilleux ! Assis autour d’une table de banquet, les convives assistent à un spectacle onirique et magique, faits de mappings et de projections.
  • Le vin et moi: Des bornes interactives, des interviews d’experts, des jeux et des quiz pour comprendre de façon ludique sa relation avec le vin.
  • Au fil des fleuves: 5 tableaux animés présentent les grandes routes fluviales et maritimes empruntées depuis des siècles pour transporter le vin.
  • Le vin à la conquête du monde: Embarquement sur un bateau de 50 places, au cœur d’un espace sensoriel avec odeurs, sons, images et animations pour découvrir le transport du vin à travers les époques : des navires antiques aux porte-conteneurs…jusqu’au cargo spatial !
  • Le vignoble de Bordeaux: Une carte en relief s’anime avec facétie pour faire découvrir les différentes régions, appellations et spécificités du vignoble bordelais.
  • La grande saga de Bordeaux: Un film spectaculaire dévoile comment d’un grand port de commerce est née une terre de vins mythiques.

Néo-expérience 2023, le renouvellement de l’Exposition permanente

Le renouvellement d’une partie de la scénographie, des équipements numériques et des productions multimédia de l’Exposition permanente résulte d’un programme appelé Néo-Expérience 2023, mis en œuvre grâce au soutien financier de l’Europe et de la Région Nouvelle-Aquitaine dans le cadre de la réponse de l’Union à la pandémie de COVID-19, ainsi qu’aux financements de Bordeaux Métropole, de la Ville de Bordeaux, des mécènes et des ressources propres de la Fondation pour la culture et les civilisations du vin. Son objectif : permettre à la Cité du Vin de renouveler une grande partie de son offre culturelle et de ses équipements afin de maintenir son attractivité, d’améliorer l’expérience et la satisfaction de ses publics et répondre aux enjeux environnementaux et sociétaux actuels.

Avec la Cité du Vin

Revoir le dernier Côté Châteaux consacré à la Cité du Vin cet automne réalisé par Jean-Pierre Stahl et Alexandre Berne :

 

 

01 Fév

Des vignerons de Pessac-Léognan et des Graves se mobilisent contre la LGV

En Pessac-Léognan et davantage encore dans les Graves, quelques châteaux seront touchés par le tracé de la LGV Bordeaux-Toulouse. Ils ne l’acceptent pas et souhaite voir ce projet abandonné. Rencontre de ces opposants au château d’Eyran et au château du Grand Bos.

Vieille propriété familiale depuis le XVIIIe siècle, le château d’Eyran a reconstruit son vignoble de 25 hectares en 1984. Jamais Charles Savigneux n’avait imaginé voir s’ériger une LGV à quelques centaines de mètres… Celle-ci devrait écraser 2 à 3 hectares de vigne et être construite au dessus de la voie ferrée existante.

« Au dessus de ces lignes, une hauteur de 6 mètres par dessus…Ce qui fait qu’on va avoir un mur ici avec une largeur de voie qui est encore inconnue… », nous montre Charles Savigneux gérant de la SCEA du château d’Eyran.

On est très en colère, puisque c’est un projet très très ancien et diverses enquêtes d’utilité publique notamment en 2015 ont donné des avis défavorables, des enquêtes monumentales et derrière l’Etat passe par dessus pour forcer ce projet de LGV » Charles Savigneux du château d’Eyran

« On va aussi avoir des nuisances sonores monstrueuses et en plus ces voies qui vont être ajoutées vont passer en plein milieu ici de ces marécages en changeant les trajets de circulation hydraulique et donc en modifiant tout cet écosystème…. »

Pour Michel Lopez de l’association LGVEA qui est venu le voir et le soutient : « c’est lamentable, on s’attaque à la biodiversité, on s’attaque au milieu agricole, viticole, forestier, à la faune, à la flore, l’écosystème va être complétement modifié et également sur la commune de Saint-Médard-d’Eyrans, il va y avoir un impact très important sur la circulation et le cadre de vie des habitants »

Dans les Graves, le château du Grand Bos 12 hectares de vigne et 15 de forêt va voir sa propriété coupée en 2…« Qu’est ce qu’il restera de la vigne après les travaux, à mon avis il ne restera rien » soupire Serge Rochet du château du Grand Bos.

Du portail du château à la bâtisse du XVIIIe siècle, le tracé les touche de plein fouet… «  Théoriquement la ligne rouge va représenter 100 mètres d’emprise » commente Dominique Larrue voisin du château du Grand Bos en montrant le tracé sur son téléphone portable…

Lou Rochet est d’autant plus inquiète qu’elle a repris la propriété familiale depuis 2017 et y a engagé de nombreux projets…

On a ouvert des chambres d’hôtes , mis la propriété en agriculture biologique, on avait l’impression qu’on avait une propriété qui était très belle et qui avait un potentiel assez magnifique et finalement cette LGV va peut-être tout remettre tout en question… » Lou Rochet du château du Grand Bos

Propriétaires, riverains et associations espèrent bien que le projet de LGV soit reporté (ce que préconise le conseil d’orientation des infrastructures)voire enterré au profit de la rénovation des voies existantes, sinon ils n’hésiteront pas à continuer à engager des recours devant le tribunal administratif.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Ludovic Cagnato et Boris Chague :

Côté châteaux consacre son numéro 38 à la crise viticole à Bordeaux

La crise de consommation de vin touche depuis plusieurs années de nombreux vignobles et notamment le plus important en France: Bordeaux. Côté Châteaux est allé sur le terrain à la rencontre de ces petits vignerons qui produisent en Bordeaux et en Entre-deux-Mers pour se rendre compte de leurs difficultés au quotidien. Ceux-ci réclament un plan d’arrachage primé de 15 000 hectares à Bordeaux pour s’en sortir et réguler la surproduction. Un magazine de plus de 27 minutes à voir ce 1er février sur France 3 NOA, réalisé par Alexandre Berne et Jean-Pierre Stahl.

Le 6 décembre dernier, ils étaient 1200 vignerons représentants de toutes les appellations à manifester dans les rues de Bordeaux pour réclamer un arrachage primé de la vigne d’environ 15% du vignoble de Bordeaux.

Le premier reportage revient sur le cas de Fabien Ribeireau qui a fait le choix d’arracher une partie de sa vigne, sans aide, pour maîtriser ses coûts et sa surproduction au château Bellevue à Cadarsac : « c’est triste car c’est de la vigne que j’ai plantée avec mon papa quand il était encore de ce monde… »

Fabien Ribeireau, vigneron du château Bellevue à Cadarsac © JPS

C’est toujours un crève-coeur, réduire la production pour rééquilibrer les marchés, l’offre et la demande, je pense que c’est du bon sens, cependant c’est quand même un aveu d’échec… » Fabien Ribéreau vigneron château Bellevue à Cadarsac

Il lui reste 50 hectares qu’il cultive fièrement, à l’heure de la vendange, il vend à 1€ du litre mais certains ont vendu à 70 centimes: « c’est ridicule, c’est pas possible qu’on accepte que Bordeaux implose, c’est un fleuron national… »

Manifestation du 6 décembre dernier à Bordeaux © JPS

De retour au Pian-sur-Garonne, chez Didier Cousiney, le porte parole des viticulteurs de Gironde : « la chambre d’agriculture va sortir les chiffres bientôt du questionnaire envoyé aux viticulteurs, 1500 ont répondu  (1320 ont reconnu être en difficulté pour être exact). Il y a plein de mesures menées par la chambre d’agriculture, le CIVB, les organisations professionnelles de la filière, mais nous

Nous prônons toujours l’arrachage primé car s’il n’y a pas un arrachage primé, définitif, rapidement dans les 2 mois qui viennent jusqu’à fin mars, cela va être une catastrophe, car déjà il y a des ruptures de contrats chez des viticulteurs qui comptaient dessus, et qui se retrouvent du jour au lendemain dans une catastrophe financière qu’ils n’ont jamais vue… » Didier Cousiney porte parole des viticulteurs 33.

Le problème de l’arrachage primé était autorisé par l’Europe jusqu’à 2008 et puis cela a été abandonné, alors comment retrouver cette négociation avec l’Europe ? « Ça va être très long, durer peut-être des années, car changer des textes européens ça ne se fait pas du jour au lendemain…Mais il faut absolument cet arrachage, il faut qu’il y ait quelque chose qui se passe pour sauver la viticulture bordelaise, alors même si parfois le collectif s’y prend mal, il faut que tous ensemble, toute la filière trouve rapidement des solutions parce que c’est tout un pan qui va s’écrouler… »

Didier Cousiney, l’organisateur de la manifestation de décembre et porte-parole du collectif des vignerons © JPS

L’autre jour en conseil d’administration, nous avons proposé à ce que tout le monde mette la main à la poche, entre la filière viticole , la Région et l’Etat pour arriver à ces 150 millions d’euros, » Didier Cousiney porte parole des viticulteurs 33.

Frédéric Arino vigneron coopérateur à Pujols © JPS

A Pujols, le collectif nous a emmené chez Frédéric Arino qui a 65 ans et voudrait bien prendre sa retraite, il ne vit qu’avec 10 000 euros de revenu annuel et du coup souhaite arracher ses 19 hectares de vigne avec la prime souhaitée de 10 000e à l’hectare. « Je ne peux pas prendre la retraite car je n’ai pas de repreneur et trop de surface en vigne qui me reste pour demander mes droits à la retraite, je suis dans un statu quo, je ne peux plus avancer, reculer, je ne peux que subir… » Et de nous montrer le terrain d’un papy « il a proposé des fermages et personne n’en voulait », il a bien été obligé d’arracher à ses frais…

Sébastien Léglise, vignobles Falgueret-Léglise © JPS

A Castelviel, nous voici chez un vigneron qui n’a pas encore la cinquantaine et qui travaille bien ses vins, comme bon nombre. Sébastien Léglise, 48 ans, 4e génération de vignerons, est à la tête de 60 hectares en Bordeaux et en Entre-deux-Mers avec ses vignobles Falgueret-Léglise: « oui, c’est de plus en plus dur de vendre notre vin effectivement… J’ai encore la fougue de ma jeunesse même si elle s’éloigne un peu et en même temps je me dis que l’avenir s’assombrit de jour en jour… »

Pour s’en sortir, il a choisi la voie de la diversification : « depuis quelques années on voyait bien que les ventes commençaient à stagner ou se réduire, donc on s’est tourné un petit peu vers l’oenotourisme avec mon épouse on a monté un 1er gîte et on aimerait bien en monter un second voire un troisième, on voit qu’il y a vraiment un attrait pour cela, et en parallèle j’ai arraché quelques vignes pour planter une culture céréalière… »

Quant à se reconvertir, il n’en est pas encore à ce stade fort heureusement, mais il y pense : « on l’a dans le coin de la tête, on se dit si on n’arrive pas à vendre notre production, il faudra peut-être arrêter et vendre, et pourquoi pas trouver un emploi fixe, un CDI chez quelqu’un… Mais je garde espoir, espoir que mes enfants reprendront cette propriété mais pour l’instant je n’en suis pas sûr… »

« Ça eu marché, mais ça marche plus » complète sur un trait d’humour Didier Cousiney, « aujourd’hui c’est la réalité on a des jeunes qui sont au bord du gouffre, même si les banques disent non non c’est pas vrai, la réalité c’est du jour au lendemain débrouillez-vous on ne peut plus rien pour vous…Donc on est dans une situation alarmante… et des vignobles de 4 ou 5 générations comme cela peuvent ou vont s’éteindre. C’est dommageable et ce qui est dommageable, c’est que personne ne fait rien pour les sauver… »

La solution serait-elle de faire davantage de vins blancs secs quand on voit la baisse de consommation surtout sur les rouges ? « Vous savez dans l’Entre-Deux-Mers, on faisait beaucoup beaucoup de blancs, là c’est vrai il y a un effet conjoncturel où les blancs ont le vent en poupe, mais si on revient à un niveau de production correct les prix es blancs vont redescendre, il ne faut pas se leurrer il y a une méconsommation du vin, à nous de réadapter notre produit à ce que demandent les futurs consommateurs, il faut que la profession se remette en question, sauver ce qui est sauvable et il va falloir un plan Marshall »

 

Chaîne d’embouteillage de la Maison Bouey © JPS

Petit focus sur les courtiers et le négoce bordelais qui essaient de commercialiser au jour le jour et sur le moyen et long terme ces vins: « chaque fois qu’une génération ancienne disparaît, la nouvelle génération qui arrive consomme moins », explique Stéphane Lefebvre directeur général de la maison de négoce Bouey, une maison de négoce familiale. « En France, la consommation de vin va continuer à baisser et devrait se stabiliser à 25 litres par tête d’habitant d’ici une dizaine d’années » 

Aujourd’hui on veut des vins qui sont sur le fruit, sur le gourmand, on ne veut plus des vins trop sophistiqués avec beaucoup de tannins qu’on doit garder dans sa cave 10 ans, parce plus personne n’a de cave, ou très peu, et surtout pas à Paris », Stéphane Lefebvre directeur Maison Bouey.

Un négoce qui a vu les ventes en Chine, 1er marché à l’export, chuter sur les 3 dernières années à cause du covid, du repli sur soi, et de la concurrence, encore -27% sur les 12 derniers mois. Même si la baisse moyenne à l’export est de 9%, bon nombre de négociants essaient de travailler de nouveaux débouchés comme Jean-Pierre Durand de la Maison Antoine Moueix-Jules Lebègue : « vous verrez autour de vous certaines palettes qui sont à destination de l’Afrique, du Moyen Orient et de l’sérique du Sud, ce sont de nouveaux marchés sur lesquels on se déploient pour conquérir des parts de marché…. »

Yves D’Amécourt du château Bellevue à Sauveterre-de-Guyenne © JPS

La suite de notre vadrouille nous emmène chez Yves D’Amécourt au château Bellevue à Sauveterre-de-Guyenne : « oui, c’est la crise dans toute notre région de l’Entre-Deux-Mers en fait; les aléas climatiques se succèdent et notre production diminue et il y a une mévente de vin au niveau national ce qui fait que les prix du vin diminuent, donc on a une perte de production et une baisse des prix donc on boit le bouillon. »

« En France, les anciens qui buvaient du vin tous les jours, disparaissent tous les jours, ils sont remplacés par la jeune génération qui boit beaucoup de bière, ou d’autres choses mais peu de vin… »

A l’étranger, on souffre d’un manque d’ambition de la France pour aider la filière viticole à exporter et aussi le contexte international, avec les années Trump on a perdu beaucoup de ventes à cause des taxes sur le vin » Yves D’Amécourt château Bellevue

« Et on n’a pas retrouvé les parts de marchés qu’on avait perdues quand Joe Biden a été élu, et puis il y a des pays qui sont très agressifs pour vendre leurs vins comme le Chili, l’Argentine, l’Australie… »

La crise sanitaire n’a pas aidé non plus : « le covid ça a été compliqué car en France 1 bouteille sur 3 est consommée en restauration, les restaurateurs étaient fermés, les restaurants ont été aidés par le gouvernement mais leurs fournisseurs n’ont pas été aidés, comme les producteurs de viande, de légumes, etc…Et à l’étranger ce sont 2 bouteilles sur 3 qui sont consommées dans les pubs et les restaurants….Et les restaurants ont aussi vidé leurs stocks, il y a eu une compensation car les gens étaient chez eux et ils ont eu tendance à acheter plus et consommer plus…mais ça n’a pas compensé les pertes en restauration. » Tout ça sans parler de la hausse des prix de l’énergie (« on est entre +200 et +400% d’augmentation en fonction des heures ») et des matières premières (« +45% sur le verre »)… Des charges difficiles à supporter : « on exploite 111 hectares et il faut qu’on sorte 100 000€ par mois pour payer nos factures….Aujourd’hui, c’est compliqué, très compliqué, « on a fait 30 hectos à l’hectare cette année, notre point d’équilibre c’est 50 hectos à l’hectare, c’est très tendu…C’est dommage parce que c’est un beau métier, le plus beau métier du monde, on a fait énormément de choses pour améliorer la qualité de nos produits et respecter davantage l’environnement, on a eu aussi des meilleures qualités, et cela ne se retrouve pas du tout dans notre bilan… »

Vous ferez aussi connaissance avec Bastien Mercier, jeune vigneron à Camiran, qui reprend la propriété de son père Daniel mais dans un contexte des plus difficiles…Le domaine a été placé en redressement judiciaire en décembre dernier, ce qui n’obère en rien l’idée pour lui de rebondir. Juste à redéfinir le périmètre de son vignoble de 65 hectares.

Sur 65 hectares de vigne, il y a une partie en fermage que nous allons devoir abandonner… Sur les 2 autres tiers, une partie sera vouée à l’arrachage…Et le dernier, on le garde car nous sommes en capacité de vendre à la clientèle particulière cette production… », Bastien Mercier vigneron à Camiran.

En redressement judiciaire depuis 2 mois, il prévoit d’implanter des panneaux photovoltaïques pour payer les dettes, car pas question pour lui d’y laisser la bâtisse.

Daniel et Bastien Mercier, fiers de leur vin © JPS

Les Mercier produisent en moyenne 3000 hectolitres de vin à l’année, une production, une passion qu’ils voudraient bien vendre et partager avec une gamme de vins bien faits, représentant toutes les couleurs de Bordeaux et avec des étiquettes originales.

Et de nous faire déguster leur crémant de Bordeaux, la Marquise de Lavardac : « on a sorti cette méthode traditionnelle qui est réalisée avec du sauvignon blanc, et qui est passée en étage entre 9 et 18 mois, quand on en a besoin… », selon Daniel Mercier le papa.

La diversification, nous l’avons commencé en 2016 avec un nouveau rosé et d’un blanc qui ne fait pas partie du cahier des charges de l’appellation,  qui est un vin de table mais qui fait partie du goût du client aujourd’hui », Bastien Mercier.

Outre leur rosé aussi le Tête à Tête, chez les Mercier on en a dans la tête car il vont se tourner ver les panneaux photovoltaïques : « c’est de l’agrivoltaïsme, c’est de pouvoir continuer à travailler une culture et compléter par une production énergétique, pouvoir cultiver de nouvelles variétés de plantes, se dégager un salaire et de compléter par de l’agrivoltaïsme pour faire en sorte que notre structure reste pérenne et sereine, et de faire en sorte que nous puissions passer au remboursement de nos dettes… »

Voilà de beaux projets de la part de vignerons qui sont fiers de leur métier : vigneron, une passion qu’ils veulent partager, tout en souhaitant simplement s’en sortir dignement dans cette crise viticole à Bordeaux.

Côté Châteaux n°38 Spécial Crise Viticole à Bordeaux, à voir ce mercredi 1er Février 2023 à 20h30 sur France 3 NOA ( sur les box Orange 339, Free 326, SFR 455, Bouygues 337) ou encore dimanche 5 février à 13h45 et 20H20 sur France 3 NOA