En Pessac-Léognan et davantage encore dans les Graves, quelques châteaux seront touchés par le tracé de la LGV Bordeaux-Toulouse. Ils ne l’acceptent pas et souhaite voir ce projet abandonné. Rencontre de ces opposants au château d’Eyran et au château du Grand Bos.
Vieille propriété familiale depuis le XVIIIe siècle, le château d’Eyran a reconstruit son vignoble de 25 hectares en 1984. Jamais Charles Savigneux n’avait imaginé voir s’ériger une LGV à quelques centaines de mètres… Celle-ci devrait écraser 2 à 3 hectares de vigne et être construite au dessus de la voie ferrée existante.
« Au dessus de ces lignes, une hauteur de 6 mètres par dessus…Ce qui fait qu’on va avoir un mur ici avec une largeur de voie qui est encore inconnue… »,nous montre Charles Savigneux gérant de la SCEA du château d’Eyran.
On est très en colère, puisque c’est un projet très très ancien et diverses enquêtes d’utilité publique notamment en 2015 ont donné des avis défavorables, des enquêtes monumentales et derrière l’Etat passe par dessus pour forcer ce projet de LGV » Charles Savigneux du château d’Eyran
« On va aussi avoir des nuisances sonores monstrueuses et en plus ces voies qui vont être ajoutées vont passer en plein milieu ici de ces marécages en changeant les trajets de circulation hydraulique et donc en modifiant tout cet écosystème…. »
Pour Michel Lopez de l’association LGVEA qui est venu le voir et le soutient : « c’est lamentable, on s’attaque à la biodiversité, on s’attaque au milieu agricole, viticole, forestier, à la faune, à la flore, l’écosystème va être complétement modifié et également sur la commune de Saint-Médard-d’Eyrans, il va y avoir un impact très important sur la circulation et le cadre de vie des habitants »
Dans les Graves, le château du Grand Bos 12 hectares de vigne et 15 de forêt va voir sa propriété coupée en 2…« Qu’est ce qu’il restera de la vigne après les travaux, à mon avis il ne restera rien » soupire Serge Rochet du château du Grand Bos.
Du portail du château à la bâtisse du XVIIIe siècle, le tracé les touche de plein fouet… « Théoriquement la ligne rouge va représenter 100 mètres d’emprise » commente Dominique Larrue voisin du château du Grand Bos en montrant le tracé sur son téléphone portable…
Lou Rochet est d’autant plus inquiète qu’elle a repris la propriété familiale depuis 2017 et y a engagé de nombreux projets…
On a ouvert des chambres d’hôtes , mis la propriété en agriculture biologique, on avait l’impression qu’on avait une propriété qui était très belle et qui avait un potentiel assez magnifique et finalement cette LGV va peut-être tout remettre tout en question… » Lou Rochet du château du Grand Bos
Propriétaires, riverains et associations espèrent bien que le projet de LGV soit reporté (ce que préconise le conseil d’orientation des infrastructures)voire enterré au profit de la rénovation des voies existantes, sinon ils n’hésiteront pas à continuer à engager des recours devant le tribunal administratif.
Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Ludovic Cagnato et Boris Chague :
La crise de consommation de vin touche depuis plusieurs années de nombreux vignobles et notamment le plus important en France: Bordeaux. Côté Châteaux est allé sur le terrain à la rencontre de ces petits vignerons qui produisent en Bordeaux et en Entre-deux-Mers pour se rendre compte de leurs difficultés au quotidien. Ceux-ci réclament un plan d’arrachage primé de 15 000 hectares à Bordeaux pour s’en sortir et réguler la surproduction. Un magazine de plus de 27 minutes à voir ce 1er février sur France 3 NOA, réalisé par Alexandre Berne et Jean-Pierre Stahl.
Le 6 décembre dernier, ils étaient 1200 vignerons représentants de toutes les appellations à manifester dans les rues de Bordeaux pour réclamer un arrachage primé de la vigne d’environ 15% du vignoble de Bordeaux.
C’est toujours un crève-coeur, réduire la production pour rééquilibrer les marchés, l’offre et la demande, je pense que c’est du bon sens, cependant c’est quand même un aveu d’échec… » Fabien Ribéreau vigneron château Bellevue à Cadarsac
Il lui reste 50 hectares qu’il cultive fièrement, à l’heure de la vendange, il vend à 1€ du litre mais certains ont vendu à 70 centimes: « c’est ridicule, c’est pas possible qu’on accepte que Bordeaux implose, c’est un fleuron national… »
De retour au Pian-sur-Garonne, chez Didier Cousiney, le porte parole des viticulteurs de Gironde : « la chambre d’agriculture va sortir les chiffres bientôt du questionnaire envoyé aux viticulteurs, 1500 ont répondu (1320 ont reconnu être en difficulté pour être exact). Il y a plein de mesures menées par la chambre d’agriculture, le CIVB, les organisations professionnelles de la filière, mais nous
Nous prônons toujours l’arrachage primé car s’il n’y a pas un arrachage primé, définitif, rapidement dans les 2 mois qui viennent jusqu’à fin mars, cela va être une catastrophe, car déjà il y a des ruptures de contrats chez des viticulteurs qui comptaient dessus, et qui se retrouvent du jour au lendemain dans une catastrophe financière qu’ils n’ont jamais vue… » Didier Cousiney porte parole des viticulteurs 33.
Le problème de l’arrachage primé était autorisé par l’Europe jusqu’à 2008 et puis cela a été abandonné, alors comment retrouver cette négociation avec l’Europe ? « Ça va être très long, durer peut-être des années, car changer des textes européens ça ne se fait pas du jour au lendemain…Mais il faut absolument cet arrachage, il faut qu’il y ait quelque chose qui se passe pour sauver la viticulture bordelaise, alors même si parfois le collectif s’y prend mal, il faut que tous ensemble, toute la filière trouve rapidement des solutions parce que c’est tout un pan qui va s’écrouler… »
L’autre jour en conseil d’administration, nous avons proposé à ce que tout le monde mette la main à la poche, entre la filière viticole , la Région et l’Etat pour arriver à ces 150 millions d’euros, » Didier Cousiney porte parole des viticulteurs 33.
A Castelviel, nous voici chez un vigneron qui n’a pas encore la cinquantaine et qui travaille bien ses vins, comme bon nombre.Sébastien Léglise, 48 ans, 4e génération de vignerons, est à la tête de 60 hectares en Bordeaux et en Entre-deux-Mers avec ses vignobles Falgueret-Léglise:« oui, c’est de plus en plus dur de vendre notre vin effectivement… J’ai encore la fougue de ma jeunesse même si elle s’éloigne un peu et en même temps je me dis que l’avenir s’assombrit de jour en jour… »
Pour s’en sortir, il a choisi la voie de la diversification :« depuis quelques années on voyait bien que les ventes commençaient à stagner ou se réduire, donc on s’est tourné un petit peu vers l’oenotourisme avec mon épouse on a monté un 1er gîte et on aimerait bien en monter un second voire un troisième, on voit qu’il y a vraiment un attrait pour cela, et en parallèle j’ai arraché quelques vignes pour planter une culture céréalière… »
Quant à se reconvertir, il n’en est pas encore à ce stade fort heureusement, mais il y pense : « on l’a dans le coin de la tête, on se dit si on n’arrive pas à vendre notre production, il faudra peut-être arrêter et vendre, et pourquoi pas trouver un emploi fixe, un CDI chez quelqu’un… Mais je garde espoir, espoir que mes enfants reprendront cette propriété mais pour l’instant je n’en suis pas sûr… »
« Ça eu marché, mais ça marche plus »complète sur un trait d’humour Didier Cousiney, « aujourd’hui c’est la réalité on a des jeunes qui sont au bord du gouffre, même si les banques disent non non c’est pas vrai, la réalité c’est du jour au lendemain débrouillez-vous on ne peut plus rien pour vous…Donc on est dans une situation alarmante… et des vignobles de 4 ou 5 générations comme cela peuvent ou vont s’éteindre. C’est dommageable et ce qui est dommageable, c’est que personne ne fait rien pour les sauver… »
La solution serait-elle de faire davantage de vins blancs secs quand on voit la baisse de consommation surtout sur les rouges ?« Vous savez dans l’Entre-Deux-Mers, on faisait beaucoup beaucoup de blancs, là c’est vrai il y a un effet conjoncturel où les blancs ont le vent en poupe, mais si on revient à un niveau de production correct les prix es blancs vont redescendre, il ne faut pas se leurrer il y a une méconsommation du vin, à nous de réadapter notre produit à ce que demandent les futurs consommateurs, il faut que la profession se remette en question, sauver ce qui est sauvable et il va falloir un plan Marshall »
Aujourd’hui on veut des vins qui sont sur le fruit, sur le gourmand, on ne veut plus des vins trop sophistiqués avec beaucoup de tannins qu’on doit garder dans sa cave 10 ans, parce plus personne n’a de cave, ou très peu, et surtout pas à Paris », Stéphane Lefebvre directeur Maison Bouey.
Un négoce qui a vu les ventes en Chine, 1er marché à l’export, chuter sur les 3 dernières années à cause du covid, du repli sur soi, et de la concurrence, encore -27% sur les 12 derniers mois. Même si la baisse moyenne à l’export est de 9%, bon nombre de négociants essaient de travailler de nouveaux débouchés comme Jean-Pierre Durand de la Maison Antoine Moueix-Jules Lebègue : « vous verrez autour de vous certaines palettes qui sont à destination de l’Afrique, du Moyen Orient et de l’sérique du Sud, ce sont de nouveaux marchés sur lesquels on se déploient pour conquérir des parts de marché…. »
La suite de notre vadrouille nous emmène chez Yves D’Amécourt au château Bellevue à Sauveterre-de-Guyenne : « oui, c’est la crise dans toute notre région de l’Entre-Deux-Mers en fait; les aléas climatiques se succèdent et notre production diminue et il y a une mévente de vin au niveau national ce qui fait que les prix du vin diminuent, donc on a une perte de production et une baisse des prix donc on boit le bouillon. »
« En France, les anciens qui buvaient du vin tous les jours, disparaissent tous les jours, ils sont remplacés par la jeune génération qui boit beaucoup de bière, ou d’autres choses mais peu de vin… »
A l’étranger, on souffre d’un manque d’ambition de la France pour aider la filière viticole à exporter et aussi le contexte international, avec les années Trump on a perdu beaucoup de ventes à cause des taxes sur le vin » Yves D’Amécourt château Bellevue
« Et on n’a pas retrouvé les parts de marchés qu’on avait perdues quand Joe Biden a été élu, et puis il y a des pays qui sont très agressifs pour vendre leurs vins comme le Chili, l’Argentine, l’Australie… »
La crise sanitaire n’a pas aidé non plus : « le covid ça a été compliqué car en France 1 bouteille sur 3 est consommée en restauration,les restaurateurs étaient fermés, les restaurants ont été aidés par le gouvernement mais leurs fournisseurs n’ont pas été aidés, comme les producteurs de viande, de légumes, etc…Et à l’étranger ce sont 2 bouteilles sur 3 qui sont consommées dans les pubs et les restaurants….Et les restaurants ont aussi vidé leurs stocks, il y a eu une compensation car les gens étaient chez eux et ils ont eu tendance à acheter plus et consommer plus…mais ça n’a pas compensé les pertes en restauration. »Tout ça sans parler de la hausse des prix de l’énergie (« on est entre +200 et +400% d’augmentation en fonction des heures ») et des matières premières (« +45% sur le verre »)… Des charges difficiles à supporter : « on exploite 111 hectares et il faut qu’on sorte 100 000€ par mois pour payer nos factures….Aujourd’hui, c’est compliqué, très compliqué, « on a fait 30 hectos à l’hectare cette année, notre point d’équilibre c’est 50 hectos à l’hectare, c’est très tendu…C’est dommage parce que c’est un beau métier, le plus beau métier du monde, on a fait énormément de choses pour améliorer la qualité de nos produits et respecter davantage l’environnement, on a eu aussi des meilleures qualités, et cela ne se retrouve pas du tout dans notre bilan… »
Vous ferez aussi connaissance avec Bastien Mercier, jeune vigneron à Camiran, qui reprend la propriété de son père Daniel mais dans un contexte des plus difficiles…Le domaine a été placé en redressement judiciaire en décembre dernier, ce qui n’obère en rien l’idée pour lui de rebondir. Juste à redéfinir le périmètre de son vignoble de 65 hectares.
Sur 65 hectares de vigne, il y a une partie en fermage que nous allons devoir abandonner… Sur les 2 autres tiers, une partie sera vouée à l’arrachage…Et le dernier, on le garde car nous sommes en capacité de vendre à la clientèle particulière cette production… », Bastien Mercier vigneron à Camiran.
En redressement judiciaire depuis 2 mois, il prévoit d’implanter des panneaux photovoltaïques pour payer les dettes, car pas question pour lui d’y laisser la bâtisse.
Les Mercier produisent en moyenne 3000 hectolitres de vin à l’année, une production, une passion qu’ils voudraient bien vendre et partager avec une gamme de vins bien faits, représentant toutes les couleurs de Bordeaux et avec des étiquettes originales.
Et de nous faire déguster leur crémant de Bordeaux, la Marquise de Lavardac : « on a sorti cette méthode traditionnelle qui est réalisée avec du sauvignon blanc, et qui est passée en étage entre 9 et 18 mois, quand on en a besoin… », selon Daniel Mercier le papa.
La diversification, nous l’avons commencé en 2016 avec un nouveau rosé et d’un blanc qui ne fait pas partie du cahier des charges de l’appellation, qui est un vin de table mais qui fait partie du goût du client aujourd’hui », Bastien Mercier.
Outre leur rosé aussi le Tête à Tête, chez les Mercier on en a dans la tête car il vont se tourner ver les panneaux photovoltaïques : « c’est de l’agrivoltaïsme, c’est de pouvoir continuer à travailler une culture et compléter par une production énergétique, pouvoir cultiver de nouvelles variétés de plantes, se dégager un salaire et de compléter par de l’agrivoltaïsme pour faire en sorte que notre structure reste pérenne et sereine, et de faire en sorte que nous puissions passer au remboursement de nos dettes… »
Voilà de beaux projets de la part de vignerons qui sont fiers de leur métier : vigneron, une passion qu’ils veulent partager, tout en souhaitant simplement s’en sortir dignement dans cette crise viticole à Bordeaux.
Côté Châteaux n°38 Spécial Crise Viticole à Bordeaux, à voir ce mercredi 1er Février 2023 à 20h30 sur France 3 NOA ( sur les box Orange 339, Free 326, SFR 455, Bouygues 337) ou encore dimanche 5 février à 13h45 et 20H20 sur France 3 NOA
Pour la deuxième fois de son histoire, Couchey va accueillir la fête de la Saint-Vincent tournante, célèbre fête vigneronne en Bourgogne. 90 sociétés vont défiler dans les rues de ce village de Bourgogne qui compte 90 hectares en AOC Marsannay, une manifestation de convivialité et de partage remise au goût du jour par la confrérie des Chevaliers du Tastevin
Prochaine Saint-Vincent à Couchey
Chaque année, c’est à la fin du mois de janvier que la Bourgogne célèbre Saint Vincent, le patron des vignerons. Les premières manifestations de la Saint Vincent apparaissent au Moyen Âge avec les Sociétés de Secours Mutuels des viticulteurs, créées dans le but d’aider les vignerons malades, dans l’incapacité de s’occuper seuls de leur vigne.
En 1938, la Confrérie des Chevaliers du Tastevin remet au goût du jour cette manifestation sous forme de fête: procession des confréries de Saint Vincent dans le village, Office religieux, intronisation des «vieux» vignerons et dégustations. La fête devient rapidement le temps fort des manifestations viticoles de la région et garde aujourd’hui encore ses principales valeurs basées sur la convivialité et le partage.
Les festivités débuteront le samedi matin avec le traditionnel défilé rassemblant plus de 90 sociétés de secours mutuels dans les rues du village, le tout, ponctué par une cérémonie solennelle au Monument aux mort rendant hommage aux défunts de Couchey avant la célébration de la messe en l’église de Saint-Germain d’Auxerre.
À l’issue de la matinée, les membres du Grand Conseil de la Confrérie des Chevaliers du Tastevin procéderont à l’intronisation des anciens vignerons du village et le nouveau Grand Maître, Jean-François Curie annoncera le nom du prochain village qui accueillera la 80e édition de la manifestation en 2024.
Au cours du week-end, trois blancs, trois rouges et un rosé issus de l’appellation Marsannay seront mis à l’honneur auprès des dizaines de milliers de participants attendus.
À la fin de ce week-end de festivités, le Saint de Couchey sera accueilli pendant toute l’année au Château du Clos de Vougeot tandis que le Saint de la Confrérie sera reçu à Couchey jusqu’à l’année prochaine.
Voici le résultat publié ce jour de l’enquête réalisée durant un mois auprès des viticulteurs de Gironde, suite à la manifestation du 6 décembre dernier et dans le cadre de la cellule de crise viticole mise en place par la Préfète. Il s’agissait d’évaluer le nombre de viticulteurs en difficulté et distinguer ceux qui souhaitent arrêter totalement leur activité, ceux à la recherche d’une reconversion partielle ou totale et les propriétaires bailleurs sans fermier. Voici le communiqué de la Chambre d’Agriculture.
« 1 320 : c’est le nombre de viticulteurs qui se sont déclarés en difficulté. Ce nombre élevé reflète l’ampleur de la crise qui touche le vignoble bordelais.
Si plus d’un quart d’entre eux veulent arrêter leurs activités et procéder à l’arrachage total de leurs vignes, la très grande majorité des exploitants souhaite, malgré les diificultés actuelles, poursuivre la viticulture, en procédant pour certains à des arrachages partiels, dans l’objectif de diversifier leurs productions. Beaucoup envisagent de s’engager vers d’autres productions végétales (oliviers et noisetiers étant les plus citées). Ils sont également nombreux à souhaiter développer des démarches d’oeonotourisme et d’agritourisme.
Les résultats détaillés de cette enquête seront présentés lors de la prochaine cellule de crise qui réunira l’Etat, la Région, le Département, les représentants et les organisations professionnelles.
Dès à présent la Chambre d’Agriculture va contacter les viticulteurs intéressés par une diversification de leur activité pour leur proposer un accompagnement à la fois technique, économique et financier. Ses conseillers vont également se rapprocher de ceux qui envisagent une cessation complète et ceux qui ont exprimé des demandes spécifiques. »
La crise de mévente des vins de Bordeaux est structurelle et dure depuis un certain temps… Les vignerons sont les premiers touchés et l’ont fait savoir lors de la manifestation du 6 décembre et en remplissant l’enquête de la chambre d’agriculture. En parallèle, le négoce bordelais ressent cette baisse depuis des années, ce qui explique des achats qui ne se font pas. Les courtiers essaient de jouer leur rôle dans un contexte très difficile. Regardez l’analyse et l’adaptation du négoce de Bordeaux et de courtiers.
Parallèlement les négociants font aussi face à la crise. A Bordeaux, les ventes ne cessent de baisser, certains négociants me parlaient des années fastes où il y a 15-20 ans « on vendait 6 millions d’hectolitres,là Bordeaux vend 3,8″… (3,83 source CIVB sur 12 mois à fin octobre 2022) (4,22 l’an dernier à la même époque (fin octobre 2021)). Le vrac paie le plus lourd tribu : -23% sur 12 mois contre -9% sorties tous vins.
Le constat est sévère, le Français ne boivent plus comme avant, « comme un trou » j’allais dire, 120 litres par an et par habitant en 1960 contre un peu plus de 40 litres de vin aujourd’hui… Divisé par 3 !
En cause, la disparition progressive d’anciennes générations fidèles au goût de ces petits vins de Bordeaux (tanniques, boisés, etc) remplacées par des jeunes qui boivent davantage de bière que de vin déjà et quand ils boivent du vin, les voilà plus exigeants (avec un goût plus sur le fruit, des vins plus légers, des vins en agriculture bio, des vins naturels, ou des vins de « vignerons » où on leur raconte une histoire) et changeants (partant pour goûter des vins de Loire, du Languedoc Roussillon, de Bourgogne, etc…et même d’autres pays du monde (au moins 90 pays producteurs de vin)
« Chaque fois qu’une génération ancienne disparaît, la nouvelle génération qui arrive consomme moins »,explique Stéphane Lefebvre directeur général de la maison de négoce Bouey, une maison familiale. « En France, la consommation de vin va continuer à baisser et devrait se stabiliser à 25 litres par tête d’habitant d’ici une dizaine d’années », poursuit-il.
Aujourd’hui on veut des vins qui sont sur le fruit, sur le gourmand, on ne veut plus des vins trop sophistiqués avec beaucoup de tannins qu’on doit garder dans sa cave 10 ans, parce plus personne n’a de cave, ou très peu, et surtout pas à Paris », Stéphane Lefebvre directeur Maison Bouey.
Parmi les 300 maisons de négoce, Diva, sous pavillon chinois, explique aussi cette baisse par une chute des ventes en Chine…Ce 1er marché à l’export a sauvé Bordeaux durant 15 ans, mais depuis 3 ans l' »Empire du milieu » est la plus forte baisse des marchés des vins de Bordeaux exportés….
Sur les 12 derniers mois, -27% en Chine, -9% en général pour tout l’export… Avec comme autres baisses : -7% en Allemagne, -4% en Belgique, -9% en Grande-Bretagne, -4% au Japon et -4% aux USA.
On a connu des années très fastes, 2012, 2013, à 2015, il y avait une demande énorme, et puis ça s’est tassé, évidemment le covid est passé par là et puis aussi la concurrence des vins étrangers qui ne font pas de cadeaux », Jean-Pierre Rousseau Président de Diva
Pourtant les courtiers aussi se retroussent les manches… « Ça c’est notre suivi où on a essayé de casé ce 2020…Au moins là on a un vin qui tient la route et on doit pouvoir le travailler par ailleurs », commente Charles Ripert en dégustation avec Thimothée Bouffard.
Ces intermédiaires entre les petits vignerons (qui travaillent aussi avec les moyens et grands crus classés), et le négoce cherchent en permanence des débouchés pour ces petits vins bien faits.
« On n’a pas arrêté de vendre du vin à Bordeaux. Il y a un marché, sauf que ce marché se réduit… », commente Charles Ripert secrétaire général du Syndicat des Courtiers de Bordeaux. « Cela fait peut être 20 ans qu’un vin est dans une enseigne, on faisait 100 000 bouteilles, après on n’en faisait plus que 80 000 et maintenant on n’en fait plus que 60 000 par an et le problème c’est les 40 000 restantes ! A Bordeaux, il y a des créneaux de distribution à retrouver, mais cela prendra du temps… »
A Bordeaux, Libourne ou Saint-Emilion, le négoce est mobilisé. Chez Antoine Moueix-Jules Lebegue par exemple on commercialise 15 millions de bouteilles à l’année, pas question de dormir…Du coup, on cherche aussi des acheteurs en dehors des marchés traditionnels de Bordeaux comme l’Europe ou les USA :
« Nous sommes en permanence en train d’essayer d’ouvrir de nouveaux marchés, puisque Bordeaux a été essentiellement commercialisé en France et en particulier en grande distribution, et vous pouvez voir autour de vous certaines palettes à destination de l’Afrique, du Moyen Orient ou encore de l’Amérique du Sud… «
L’Afrique, le Moyen Orient ou encore l’Amérique du Sud… Ce sont de nouveaux marchés pour nous sur lesquels on se déploie le plus fréquemment possible pour aller conquérir de nouveaux marchés… »Jean-Pierre Durand, président de la Maison de Négoce Antoine Moueix-Jules Lebegue.
Et pour séduire ces nouveaux consommateurs, on n’hésite plus à imaginer des étiquettes plus jeunes avec des têtes d’animaux, plus flashies couleur orange, ou originales avec des noms « rock » qui sont plus accrocheurs envers les jeunes, chez les cavistes, dans les bars à vins ou en grande distribution.
Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Laure Bignalet et Rémi Grillot :
Une bonne année à vous tous et aux amateurs de pépites… Côté Châteaux a choisi de mettre en avant ce grand rendez-vous de la dégustation de vins de Bordeaux, de Champagnes, Cognac et autres spiritueux. Un bel engouement qui a réunit quelques 6500 personnes du côté de la place de la Bourse les 11 et 12 décembre dernier.
Le Côté Châteaux n°37 est consacré à Bordeaux Tasting, le grand rendez-vous de la dégustation des pépites de Bordeaux, de Champagne et d’ailleurs, place de la Bourse qui a rassemblé 6500 amateurs le week-end des 10 et 11 décembre dernier.
Un vaste succès populaire organisé par le magazine Terre de Vins pour cette 11e édition qui a retrouvé sa vitesse de croisière. Les amateurs en témoignent : « on vient déguster tout plein de bonnes choses… Et là on va aller voir les vins rouges, passer un bon moment avec des amis… » Oui c’est un rendez-vous dont on parle depuis un moment… Effectivement on l’a calé depuis plusieurs mois… »
Pour moi Bordeaux Tasting, c’est un rendez-vous entre amis où on déguste du vin, on découvre des vins qu’on n’aurait pas bu au quotidien…« , un habitué
« Cela fait 8 ans qu’on vient, entre copains, c’est une bonne journée qu’on partage… » Et Anne Melchior de faire déguster ses 2012 et 2018 du château Lamothe-Bergeron en Haut-Médoc :« ils sont curieux de découvrir, de déguster de nouveaux vins, voir ce qui se fait dans la région et connaître l’histoire des propriétés, c’est un beau week-end et de belles rencontres. »
C’est aussi l’occasion de revenir sur la crise viticole qui secoue actuellement Bordeaux avec plus de 1200 vignerons qui ont manifesté le 6 décembre et réclament un plan d’arrachage primé.L’occasion d’en parler avec Xavier Leclerc directeur commercial du château Leroy-Beauval en Bordeaux Supérieur, lui-même était responsable du sourcing chez Auchan avant de devenir directeur commercial de Leroy-Beauval : « nous on est sur un terroir magique, en prix de sortie en rouge comme en blanc on est dans les 14€, prix public, et le rosé sort à 9€, et on s’aperçoit qu’il y a une demande dans cette catégorie de vin par le grand public qui est hyper importante à partir du moment où la qualité s’y retrouve… C’est vrai que j’arrive dans un secteur qui est en difficulté, voire très en difficulté, mais je suis là pour voir plutôt le côté positif, on ne veut pas se taire, la preuve c’est qu’on sait faire de très grands vins et même si le secteur est en difficulté, on doit pouvoir faire de très grands vins et pouvoir le dire…J’ai envie de fédérer un certain nombre de propriétés pour pouvoir se dire allez Bordeaux, c’est autre chose que le Bordeaux bashing et je pense qu’il va falloir vraiment se battre… »
Christophe Chateau directeur de la communication est également l’invité de ce numéro pour évoquer largement cette crise : « Bordeaux souffre aujourd’hui… Il y a deux phénomènes : déjà, la baisse de consommation en France : depuis une cinquantaine d’années la consommation de vin et notamment de vin rouge est en perpétuelle baisse, et forcément cela impacte les grandes régions de production de vin rouge dont Bordeaux. Et puis Bordeaux exportait énormément en Chine et la Chine est quasiment à l’arrêt ou au ralenti depuis 3 ans, donc nos deux premiers marchés sont en baisse et on a aujourd’hui un phénomène de déséquilibre entre l’offre et la demande… »
Quant à savoir s’il y a un million d’hectolitres en trop ? « Non ce n’est pas tout-à-fait cela, la production moyenne sur les 4 dernières années c’est 4,3 millions d’hectolitres, et la commercialisation l’année dernière c’est 4 millions d’hectolitresdonc on serait en sur production d’environ 300 000 hectolitres », poursuit Christophe Chateau. « On estime qu’il faut arracher environ 10% de notre vignoble. On est en train de mettre en place des plans stratégiques pour retrouver des équilibres offre et demande, notamment en réduisant l’offre avec de l’arrachage pour aider des gens qui sont en grande difficulté notamment des vignerons qui ont travaillé toute leur vie, qui veulent partir à la retraite et qui ont besoin d’être aidés pour partir décemment à la retraite…Donc on travaille là-dessus avec les pouvoirs publics, avec la région, avec l’Etat et avec l’Europe… » Oui mais pour l’heure en Europe les textes n’autorisent plus l’arrachage... « Oui, ils autorisent l’arrachage mais plus l’arrachage primé depuis 2008 donc il faut trouver de nouvelles solutions réglementaires pour aider ces gens à partir à la retraite… Malgré cela il ne faut pas oublier l’avenir, il y a 90% du vignoble dynamique, qui avance et on le voit à Bordeaux Tasting, les allées sont pleines avec plein de jeunes qui sont passionnés qui viennent déguster du vin… Donc il faut aussi travailler pour l’avenir, continuer à commercialiser et travailler sur des marchés prometteurs USA, Asie du sud-est ou encore l’Afrique marché assez dynamique aujourd’hui. »
Peut-être explorer aussi des marchés plus porteurs ceux des vins d’apéro blancs, rosés ou crémants ? « C’est déjà le cas, puisque la consommation de vin rouge est en baisse, les blancs les rosés, les crémants progressent, la production de crémants a été multiplié par 4 en 10 ans ».
Mais Bordeaux, c’est aussi un joli millésime 2022 qui va sortir des chais et peut-être permettre de relancer aussi les ventes de vin de Bordeaux comme vous le découvrirez aussi dans un reportage.
« Le millésime est très beau, cela redonne le moral aux vitis, en terme d’équilibre d’acidité, d’alcool, de buvabilité, de fraîcheur et de couleur tous les oenologues nous annoncent un millésime magnifique ! » Christophe Chateau du CIVB
La suite de ce Côté Châteaux nous emmène à l’Ecole du Vin de Bordeaux qui a proposé durant ces 2 journées une petite vingtaine d’ateliers, permettant une meilleure approche des goûts du vin et des associations mets et vins. « Là durant ces ateliers on a souhaité présenté le crémant de Bordeaux, car il y a un engouement sur ce produit qui est plébiscité, il y a aussi un effet de mode, il représente aujourd’hui 1% du volume mais avec une réelle augmentation…Blanc ou rosé, à l’occasion des fêtes il peut aussi remplacer le champagne ». Et pour les professionnels, on vous propose de découvrir ce focus sur une formation très pointue sur la dégustation avec le DUAD, le diplôme d’aptitude à la dégustation…
Bordeaux Tasting c’était aussi la possibilité pour certains privilégiés de déguster des Bordeaux de Légende comme les châteaux Trolong Mondot, Pichon Baron et les Carmes Haut-Brion avec leurs directeurs lors d’une master class de haut vol. « Trolong-Mondot fait partie des vins assez mythiques à Saint-Emilion et on a surtout un terroir et un vin très très différent des autres et on est là aujourd’hui pour pouvoir le montrer… », affirme Aymeric de Gironde son directeur. Pour Pierre Montégut dir technique de Pichon Baron dans le Médoc à Pauillac : « c’est un grand terroir, avec un autre cépage, différent de mes 2 collègues, une autre expression des grands Bordeaux » Il y a aussi Guillaume Pouthier pour les Carmes Haut-Brion « On a la chance d’être intra-muros dans un clos avec une dimension atypique , singulière où se fait le grand vin… » Un focus fera également découvrir château Lascombes racheté par un milliardaire américain.
Enfin ce numéro se terminera à l’espace des champagnes avec 20 maisons de champagne réunies pour fêter cette nouvelle année. A consommer avec modération.
Regardez le Côté Châteaux n°37 Spécial Bordeaux Tasting :
Bastien Mercier est en phase de reprise de l’exploitation familiale. Un challenge double car il reprend le vignoble de son père qui vient d’être placé en redressement judiciaire. Néanmoins le combat continue avec son projet de panneaux photovoltaïques et avec le collectif des vignerons. Témoignages poignants de Bastien et Daniel Mercier.
Des vignerons dont l’horizon est en plein brouillard… A 34 ans, Bastien Mercier reprend l’exploitation de son père mais dans un terrible contexte de baisse de la consommation. D’habitude en janvier, il commence à tailler sa vigne, là il attend…
Sur 65 hectares de vigne, il y a une partie en fermage que nous allons devoir abandonner… Sur les 2 autres tiers, une partie sera vouée à l’arrachage…Et le dernier, on le garde car nous sommes en capacité de vendre à la clientèle particulière cette production… », Bastien Mercier vigneron à Camiran.
En redressement judiciaire depuis un mois, il prévoit d’implanter des panneaux photovoltaïques pour payer les dettes, car pas question pour lui d’y laisser la bâtisse.
« Ce chai date de 1837, plusieurs générations se sont succédées et ce que l’on redoute comme beaucoup d’agriculteurs c’est de perdre ce bien familial et historique… »
Chez les Mercier, depuis 5 génération non n’a pas peur d’affronter les crises et les aléas climatiques, mais celle-là est sévère.
J’ai foncé, j’ai bossé avec mon père et on a créé cela. Malheureusement aujourd’hui je vais souvent me recueillir sur la tombe de mon père, et quand je lui dis ce qui se passe cela me fout les glandes », Daniel Mercier vigneron.
Avant toute chose, ils paient leurs dettes, leurs créances, Bastien lui se paie un smic, pour son père Daniel c’est aléatoire… « Forcément c’est difficile de se dire comment on peut vivre quand on se verse un salaire sur deux…On en est là… »
« Il va falloir qu’on aille sur un arrachage parce que la consommation de vin baisse de plus en plus…. », renchérit Daniel…
Mais comme une lueur d’espoir des clients viennent à frapper à la porte pour acheter ces bons petits vins de Bordeaux à moins de 6 €…« On est venu passer les fêtes ici à Bordeaux… C’est très bien de venir voir notre région et puis surtout relancez Bordeaux parce que c’est très très dur… »
« Je ne savais pas qu’ils étaient en telle difficulté, c’est triste parce que c’est des vies entières, non ça me touche ça me fait mal au coeur… »
« Ca c’est la crème de la crème… » Dans les chais, encore trop de cuves pleines, la restauration, la grande distribution et les Chinois ont fait trop défaut ces derniers temps » « C’est fondu, c’est rond…ah ouais, ça sent bon… »
Il y a 3 ans, ils ont encore investi…« Regardez ça… On a avait l’intention de bien travailler de faire les choses bien comme il faut… » 10 cuves inox achetées d’occasion à une coopérative, une nouvelle station d’épuration, une station de lavage et des équipements plus modernes…
L’année 2022 fut difficile, 2023 ne sera pas facile. La crise viticole est structurellement installée, malgré tout il faut en ce jour positiver. A vos côtés, Côté Châteaux vous souhaite un bon réveillon et ses meilleurs voeux pour 2023. Carpe Diem
Alexandre Berne et Jean-Pierre Stahl avec au centre Jean-Jacques Dubourdieu, lors du tournage Côté Châteaux spécial Sauternes
Passez de bonnes fêtes à déguster de bonnes choses. Avec l’ami et confrère Alexandre Berne, nous vous souhaitons une bonne année 2023 depuis ce chai à barriques du château Doisy-Daëne chez Jean-Jacques Dubourdieu à Barsac.
2022 aura été marquée par un gel au printemps, la grêle du 20 juin et une jolie fête du vin en suivant à Bordeaux, après 2 années d’annulation pour cause de covid. La sécheresse aurait pu hypothéquer la qualité du millésime 2022, mais il n’en a rien été, au contraire la vigne a su puiser très profondément les réserves nécessaires et a donné un millésime exceptionnel, peut-être sur la même lignée que le 1982… Et puis là où le botrytis s’est laissé désirer, il est aussi arrivé comme par enchantement pour tous ceux comme ici à Barsac et Sauternes produisent ces fameux liquoreux.
Décembre aura refroidi tout le monde avec la manifestation des vignerons qui réclament l’arrachage primé de 15 000 hectares de vignes à Bordeaux du fait d’une surproduction… L’année 2023 va être difficile ou décisive pour certains, aussi restons solidaires avec cette 1ère économie qui fait vivre la Gironde et induit quelques 60 000 emplois.
Bonne année à tous et à bientôt avec Côté Châteaux. Carpe Diem.
Après la manifestation du 6 décembre qui a réuni 1200 vignerons à Bordeaux, une cellule de crise a été mise en place par la préfecture et depuis la chambre d’agriculture recense les viticulteurs en difficulté et leurs attentes jusqu’au 15 janvier. Sur le terrain la situation est toujours tendue, reportage avec le collectif des vignerons à Pujols.
Des centaines d’hectares à l’abandon… L’image de vignes en friches est saisissante. C’est un peu le symbole de cette crise viticole qui frappe durement les vignerons de Bordeaux… Car les fermages ne sont plus loués, car abandonnés et plus rentables, les cours du tonneau de 900 litres se sont effondrés (de l’ordre de 650 € actuellement), et même il n’y a plus de cotation. Bref le collectif des vignerons réclame plus que jamais l’arrachage primé de 15 000 hectares de vignes à Bordeaux...
J’ai des jeunes de 35-38 ans qui sont au bord du gouffre, les banques leur disent on ne peut plus rien pour vous, et « démerdez-vous… » Ils n’ont plus rien, ils sont au fond du sac, c’est un cri de détresse, la seule solution ce sera l’arrachage… » Didier Cousiney porte-parole collectif des vignerons
A Pujols, ils sont plusieurs vignerons à continuer tant bien que mal d’exploiter…A quasiment 65 ans, Frédéric Arino vit seulement avec un peu plus de 10000€ de revenu fiscal à l’année… Il voudrait arrêter, mais ne voit pas de repreneur et ne voit que l’arrachage de ses 19 hectares primés pour s’en sortir. Il vient de remplir le document sur internet envoyé par la chambre d’agriculture recensant les viticulteurs en difficulté et leur volonté, mais sans trop y croire…
« Je ne peux pas prendre la retraite dans la mesure où je n’ai pas de repreneur et trop de surface en vigne qui me reste pour pouvoir demander mes droits à la retraite », commente Frédéric Arino vigneron coopérateur à Pujols. « A partir de là, je suis devant un statu quo, je ne peux plus ni avancer, ni reculer, je ne peux que subir… »
La présidente de la cave coopérative de Sainte-Radegonde, Martine Vacher, est aussi dans la même situation où à 61 ans et à la tête de 12 hectares de vigne elle cherche un repreneur ou à louer ses vignes en fermage… Mais c’est difficile… Pas le choix, il faut continuer…
« C’est quand même un dilemne, ou alors il faut qu’on continue, mais si les cours du vin continuent à baisser, on ne va pas couvrir les frais… »
L’arrachage est déjà pratiqué à Bordeaux…Des retraités comme un voisin de Frédéric Arino, âgé de 75 ans, l’a fait juste avant les vendanges cette année mais à ses frais pour continuer à toucher sa retraite… Son fermier a abandonné les vignes… « il avait même proposé un fermage à zéro mais personne n’en voulait… »
« De voir cela, c’est horrible, c’est détruire son capital qui avait de la valeur et qui ne vaut plus rien maintenant… », selon Frédéric Arino
Le collectif espère une aide de l’Europe ou du gouvernement pour un arrachage primé… L’estimation est d’environ 150 millions d’euros pour Bordeaux… Il y a urgence… L’année 2023 s’annonce déjà très dure…
C’est un moment de partage, de retrouvailles en famille ou entre amis, aussi Côté Châteaux vous souhaite de passer un sympathique réveillon avec des mets et vins joliment associés. C’est aussi le 9e anniversaire du blog qui continue malgré les années à vous informer sur l’actualité de la vigne et du vin. Passez de bonnes fêtes.
Lumières de Sauternes, lumières de Noël, je vous souhaite un bon réveillon… Entre ces couleurs or, jaune, orangée, ambrée, et marron, j’ai trouvé original de vous régaler les yeux avec cette photo prise à la Maison du Sauternes; la boutique rénovée est à parcourir, ainsi que les jolis flacons de vins liquoreux des 5 villages de l’appellation Barsac Sauternes, qui sauront égayer vos tables de fêtes sur des millésimes assez remarquables, jeunes et plus anciens…
Nous aurons une pensée bien sûr pour le peuple en Ukraine, qui souffre, et n’aura pas la chance de réveillonner comme nous, nous penserons aussi aux vignerons bordelais en pleine crise pour qui l’année 2023 sera peut-être décisive, nous leur envoyons notre soutien. Et à tous ceux qui passerons ce Noël avec simplicité, nous leur souhaitons de bonnes choses pour eux et à l’avenir.
Le blog a fêté le 23 décembre 9 ans d’existence. Plus de 3660 articles ont été publiés. Avec toujours le souci d’accompagner l’actualité viti-vinicole, et notamment ces derniers temps la manifestation des vignerons de Bordeaux qui réclament l’arrachage primé de 15% des vignes pour mieux valoriser leur production, partir décemment… Ce mois-ci le magazine Côté Châteaux réalisé avec Alexandre Berne vous fait découvrir Sauternes, la meilleure façon de mieux apprendre sur ces vins liquoreux qui se dégustent aux fêtes mais pas seulement… Vous pourrez le revoir sur France 3 Noa ce jour le 24/12 à 12h30 et 20h00, ça c’est Noël… l Le prochain diffusé en janvier sera consacré à Bordeaux Tasting, encore un joli numéro…
En attendant passez de joyeuses fêtes de fin d’année. Embrassez votre famille et vos proches. Carpe diem.