01 Fév

Le syndicat viticole de Pessac-Léognan s’insurge contre le projet de parc photovoltaïque Horizeo à Saucats

 Le syndicat viticole de Pessac-Léognan vient de prendre une position ferme : il dit « non au projet de parc photovoltaïque Horizeo ! » qui devrait voir le jour à Saucats. Par un communiqué envoyé le 26 janvier il invoque une possible altération notable du climat. « On n’est pas contre le photovoltaïque », commente Olivier Bernard en charge du dossier au syndicat, mais « c’est en deux mots trop grand et trop près des vignes de Pessac-Léognan, car c’est venir empiéter sur le terroir de Pessac-Léognan. » Réponse d’Horizeo : « aucun phénomène microclimatique n’a pu être constaté à proximité immédiate de nos parcs solaires ». Une étude devrait être menée par l’INRAE.

Olivier Bernard et son fils Adrien du Domaine de Chevalier © JPS

Dans un communiqué non équivoque, le syndicat viticole de l’appellation Pessac-Léognan (créée en 1987) « s’insurge contre le projet Horizeo », contre l’implantation prochaine d’un parc photovoltaïque qu’il considère « trop près du vignoble et trop étendu… »

Olivier Bernard (propriétaire du Domaine de Chevalier) a été chargé par le syndicat et notamment Philibert Perrin de ce dossier. Un dossier qui sera sans nul doute évoqué à nouveau ce soir devant l’assemblée générale du syndicat. « En deux mots, c’est trop grand, trop près. Le parc s’installe à Saucats, à 5 ou 6 kilomètres de l’appellation Pessac-Léognan, certaines propriétés sont à moins que cela. Nous au Domaine de Chevalier, on se trouve à moins de 5 kilomètres de ce gros projet de 1000 hectares de panneaux photovoltaïques, de data-center, avec aussi production d’hydrogène…. Le photovoltaïque, on n’a rien contre, mais ces 1000 hectares d’un seul tenant c’est venir empiéter sur le terroir de Pessac-Léognan. Car il s’agit de 1000 hectares de forêt qui génèrent des conditions climatiques particulières, en forêt il fait plus froid en fait et pour nous les vins blancs ont énormément besoin de fraîcheur et c’est un sujet majeur. Alors que le réchauffement est un vrai sujet, là on enlève 1000 ha de bois…. » »

Dans son communiqué, le syndicat explique : « le projet, qui nécessite la suppression de pas moins de 1000 hectares de forêt, inclut en outre l’installation d’un certain nombre d’installations à risque… Bien qu’adhérant sans réserve au principe de l’énergie photovoltaïque, il relève que c’est sa dimension hors norme (le plus important d’Europe, prévoyant une amputation massive du massif forestier qui génère un risque grave pour l’environnement dont le vignoble fait partie intégrante.

« La conclusion, c’est trop grand, trop près car quand on installe un projet comme cela on part peut-être avec 200 hectares, mais on ne part pas avec  1000 hectares à 5 km de l’appellation Pessac-Léognan », commente Olivier Bernard.

1000 ha ça représente combien, c’est quoi l’élévation de température ? Notre micro-climat est lié intimement à cette forêt…Nos vins blancs ont besoin de fraîcheur, d’acidité, il ne faut pas que le réchauffement climatique soit accéléré par des mouvements comme celà. Que l’homme n’en rajoute pas. » Olivier Bernard syndicat de Pessac-Léognan.

Interrogé via Skype, Mathieu Le Grelle directeur du développement chez Engie et porte-parole d’Horizeo explique que le débat public est clos depuis le 9 janvier, il a duré 4 mois où chacun a pu donner son avis, s’exprimer au travers de questions de cahiers d’acteurs, d’initiatives partenariales…« Nous regrettons que des positions aussi tranchées soient prises avant la réalisation de l’étude scientifique qui aurait pu nous éclairer, le projet Horizeo est situé à 5 km du vignoble de Pessac-Léognan, des inquiétudes ont été formulées lors du débat public, nous avons rencontré l’AOC Pessac-Léognan et eu écho de ces inquiétudes… Mais on doit vous avouer qu’elles nous surprennent un petit peu eu égard au constat qu’on peut faire sur des parcs solaires existants, dans le Médoc ou à Cestas (300 hectares avec une technologie de panneaux solaires beaucoup plus dense qu’Horizeo)…

Aucun phénomène microclimatique n’a pu être constaté ni ne nous a été remonté des riverains à proximité immédiate de nos parcs solaires…Et par analogie sur l’aire urbaine de Bordeaux (25 fois plus grande qu’Horizeo), beaucoup de vignobles sont à proximité et on ne constate pas de perturbation du régime microclimatique, et il y a de très très grands châteaux » Mathieu Le Grelle d’Horizeo

Et Olivier Bernard de rappeler ses retours d’expérience de l’autre implantation à Cestas : «A Cestas, il y a déjà 300 hectares de panneaux et il y a des couloirs d’air chaud qui montent de cet endroit l’été…Je peux vous dire, parce que nous avons un aérodrôme, les planeurs jouent souvent des courants ascendant d’air chaud au dessus de Cestas… La forêt a été installée aussi pour des raisons hydrauliques, chaque pin pompe plusieurs m3 d’eau, on nous demande aussi de faire des bassins de rétention d’eau chez nous et là je n’ai pas vu de dossier de gestion de l’eau dans le projet. Les forêts par ailleurs nous épargnent lors des épisodes de grêle et ont aussi cette utilité ».

Quant au dialogue avec le syndicat, Mathieu Le Grelle : « On s’est engagé avec la profession viticole au cours du débat de mener à bien cette étude sur le micro-climat, qui devrait être porté par l’INRAE… On a proposé que la profession viticole participe à l’élaboration du cahier des charges. Ces études devraient pouvoir rassurer…  Nous avons convenu qu’il fallait plus de rigueur scientifique pour analyser les éventuels impacts d’un parc solaire sur le régime microclimatique et donc nous sommes en lien avec Météo France et l’Inrae pour envisager des études sur des parcs solaires existants et projeter sur Horizeo… »

 

Le siège de l’INRAE à Villenave d’Ornon en Gironde © JPS

De son côté l’INRAE a été saisie d’une étude sur le bilan carbone de ce projet, et a « participé à pas mal de réunion de débat public, aux cours desquels les impacts possibles sur le climat, l’hydrologie et l’ennuagement on été levé », commente Denis Loustau directeur de recherches à L’INRAE de Villenave d’Ornon. « On a fait une étude bibliographique sur le impact que pouvaient avoir de grands parcs solaires de ce type là sur ces facteurs de l’environnement, mais on n’a pas trouvé suffisamment de références dans ce contexte forestier et de climat tempéré pour pouvoir donner des réponses catégoriques sur les impacts que cela peut avoir… »

Donc à ce stade, « on se pose les questions sur ce que vont être les interactions climatiques entre ce parc photovoltaïque, la forêt qui est autour et à distance à 5 kilomètre le vignoble.

Denis Loustau directeur de recherches à l’INRAE © JPS

Ce qu’on voit dans la littérature scientifique il semble assez improbable qu’il y ait des aspects significatifs, de l’implantation de ce parc, à la fois en terme de températures, de vent, de précipitations, néanmoins sachant qu’il ya une incertitude à ce niveau là on a proposé à la région Nouvelle-Aquitaine de mettre en place un projet de recherche sur 3 ans, pour mesurer, vérifier ces impacts là… » Denis Loustau INRAE

Prochaine étape le 9 mars où la commission particulière du débat public « va rendre son rapport, après synthèse de toutes les questions, réponses et sollicitations exprimée dans le cadre du débat, ce n’est qu’ensuite que nous pourrons mener à bien notre travail pour envisager les suites à donner sur le projet Horizeo,  qui devrait arriver d’ici juin », conclue Mathieu le Grelle. Le planning théorique de construction évoqué lors du débat est prévu pour 2025 et 2026.

30 Jan

Carte blanche à David Popa pour une fresque gigantesque en terre crue au château Cantenac Brown

C’est une oeuvre monumentale qui devrait voir le jour en mai prochain sur les terres du château Cantenac Brown. L’artiste David Popa mondialement connu pour ses énormes fresques réalisées à partir de terre crue et de pigments naturels devrait dévoiler une oeuvre originale au printemps prochain.

Les châteaux ne manquent pas d’idées pour faire preuve d’originalité. Ce coup-ci c’est Cantenac Brown (3e cru classé de Margaux) et Tristan Le Lous propriétaire qui ont souhaité donner carte blanche à l’artiste finlandais David Popa pour réaliser une fresque monumentale en terre crue sur les vignes du plateau de Cantenac.

Cet artiste s’est déjà illustré par ces énormes fresques réalisées grâce à un mélange de terre crue et de pigments naturels (entre charbons de bois et coquillages moulus), dans la tradition des peintures rupestres datant de plusieurs millions d’années. Cette oeuvre biodégradable sera réalisée pour le printemps sur le plateau de Cantenac, devant le château, à l’arrivée des premières feuilles sur la vigne.

L’oeuvre éphémère de David Popa intitulée « Le Pouvoir de la Terre », sera conservée au travers d’un NFT, oeuvre numérique unique, qui sera vendue en cryptomonnaie Le produit de la vente revenant au château Cantenac Brown sera reversé au Conservatoire du Littoral, afin que ce dernier puisse acquérir de nouvelles terres vierges et les épargner de toute urbanisation.

Le château © Cantenac-Brown accueille David Popa pour une réaliser prochainement une oeuvre remarquable

Ce projet fait écho au chai zéro carbone réalisé en terre crue depuis l’an dernier et qui devrait être dévoilé pour les vendanges 2023, un chai offrant une atmosphère parfaite pour la stabilité et le vieillissement des vins, sans climatisation, donc sans consommation d’énergie….

Regardez la vidéo réalisée par le château Cantenac Brown :

29 Jan

Voeux 2022 : et la palme de l’originalité revient … à château Paloumey

Une fois n’est pas coutume, ce sont des voeux sur la toile qui ont fait hurler de rire Côté Châteaux… C’est la famille Cazeneuve qui vous les souhaite en se mettant en scène de façon originale, en mode écolo et retraçant les travaux qui sont en cours suite à la mésaventure qu’a connue le château avec l’incendie de celui-ci, il y a 2 ans le 10 janvier 2020. C’est bien senti et c’est signé Pierre et Martine Cazeneuve ainsi que toute l’équipe du château. Je vous laisse regarder…

Martine et Pierre Cazeneuve en selle et en scène pour des voeux originaux signés © château Paloumey

Et voici la vidéo disponible sur les réseaux sociaux et notamment sur You Tube : 

 

26 Jan

La filière viticole veut « relancer la machine »

« Relancer la machine » après deux années difficiles: la filière viticole française se réjouit de se retrouver en février au grand salon professionnel Wine Paris & Vinexpo, ont indiqué mardi plusieurs de ses représentants à Montpellier. L’édition 2022 de ce salon réservé à un secteur clé du commerce extérieur français doit réunir 2.800 exposants du 14 au 16 février à Paris Expo (Porte de Versailles), représentant l’ensemble des régions viticoles françaises, mais aussi certains vignobles étrangers.

Trente-deux pays producteurs de vins et spiritueux sont attendus, selon les organisateurs de ce premier grand rendez-vous du secteur organisé depuis le début de la pandémie de coronavirus début 2020. « C’est vrai qu’on s’est posé la question d’un report. Mais la pandémie est mondiale et nous avons tous intégré ses contraintes », a expliqué lors d’une conférence de presse le directeur général de Wine Paris & Vinexpo Paris, Rodolphe Lameyse.

« On s’attend à 20.000 visiteurs (contre 25.000 en 2020), dont quelques grands acheteurs allemands comme Metro ou Aldi », s’est-il réjoui. « Chose remarquable », a ajouté M. Lameyse, les Américains figurent dans le peloton de tête des acheteurs étrangers, avec les Néerlandais, les Belges, les Britanniques et les Canadiens.

En revanche, les acheteurs asiatiques seront absents, tout comme, du côté des exposants, les producteurs argentins, australiens et sud-africains, les conditions
de voyage restant trop contraignantes, voire impossibles.

Parmi les mesures sanitaires prévues, la présentation d’un pass vaccinal sera « obligatoire pour tout le monde ».

Dans le bordelais, certains ont suggéré un report, mais dans l’ensemble, tous les vignobles français devraient être bien représentés, y compris Bordeaux, ont souligné les intervenants, qui veulent « sacraliser » ce rendez-vous en début d’année, après une année 2021 plombée par une météo très difficile.

Il y a un « besoin d’échanger à nouveau entre vignerons », a relevé Jacques Gravegeal, vice-président du syndicat des producteurs de vin du Pays d’Oc.

« Février, c’est la période idéale de présentation du nouveau millésime, un moment très important pour les acheteurs. Nous nous déplaçons à Paris pour faciliter la venue des acheteurs internationaux », a également expliqué Fabrice Rieu, président du salon Vinisud, fondé à Montpellier et désormais intégré au salon parisien.

« On sort de deux ans de disette », a souligné Stéphane Zanella, le président du Conseil Interprofessionnel des Vins du Roussillon (CIVR).

AFP

25 Jan

Face au réchauffement climatique, les vignerons envisagent une taille de la vigne plus tardive…

Avec des bourgeons de plus en plus précoces, les vignerons tendent à retarder de plus en plus la taille de la vigne, car le gel de printemps d’avant les Saints de glace est de plus en plus menaçant pour la récolte. Reportage aux châteaux Grand Corbin Despagne à Saint-Emilion et la Fleur Terrien à Lussac en Gironde.

A Saint-Emilion, on tend à retarder la taille de la vigne © JPS

L’image est féérique… La vigne gelée, avec un petit -4°C ce matin à Saint-Emilion… En cette fin janvier, c’est traditionnellement la période propice pour tailler le végétal endormi.

Au château Grand Corbin Despagne, François Despagne, (20e génération de vigneron et propriétaire) et son équipe sont à pied d’oeuvre pour s’occuper des 28 hectares du château.

D’habitude ils commencent en décembre, là ils retardent de plus en plus ces gestes ancestraux. « Là on réalise une taille en guyot simple, sur un bois fructifère, toujours au niveau du fil…C’est une période qui a été un petit peu retardée à cause des événements climatiques », commente Christophe Combalié, chef de culture.

Avec le réchauffement climatique, la vigne à tendance à débourrer plus tôt. Mais les bourgeons très sensibles risquent de geler comme lors de cet épisode dans la nuit du 6-7 avril 2021 où il a fallu lutter pour sauver la récolte. François Despagne essaie de combattre ce phénomène par anticipation avec justement une taille plus tardive.

François Despagne, 20e génération de vigneron, propriétaire de Grand Corbin Despagne © JPS

J’ai 168 000 pieds de vigne et j’ai des parcelles plus ou moins sensibles, avec des sondes qui ont été mises pendant les épisodes de gel précédent, on connaît les endroits très sensibles de la propriété donc ces parties là vont être taillées beaucoup plus tard, c’est-à-dire au mois de mars voire limite mois d’avril… », François Despagne.

« Le végétal étant déjà avancé, si on a des températures à -1, -2 ou -3°C l’eau qui est dans ce végétal va donc geler et va griller le végétal qui va tomber… »

Olivier Chaignaud, propriétaire la Fleur Terrien et co-responsable de la commission technique et environnement au conseil des vins de Saint-Emilion © JPS

Au château la Fleur Terrien à Lussac, Olivier Chaignaud taille 17 de ses 25 hectares de façon classique. Mais dans les endroits les plus gélifs, il ne va tailler qu’en mars, ou réaliser une taille et un nettoyage de bois en deux temps.

« Ce sont toujours les bourgeons du haut qui poussent en premier, donc on va laisser pousser lka baguette et courant avril on va la nettoyer comme là par exemple on va laisser 7, 8 boutons et la tailler à cette longueur-là, » commente Olivier Chaignaud.

Ce vigneron privilégie également des couverts végétaux au milieu des rangs de vigne pour se protéger contre le gel…

Olivier Chaignaud au château la Fleur Terrien à Lussac © JPS

En hiver, l’idée c’est de semer les couverts assez tôt dans la saison pour qu’au mois d’avril, ils soient le plus haut possible et que par leur hauteur, ils protègent le vignoble en fait… », Olivier Chaignaud château la Fleur Terrien.

La mise en place d’une haie bien positionnée sur une parcelle peut aider la parcelle à être moins froide aussi, en bloquant un courant d’air… »

Tous ont encore en tête le cauchemar de 2017 où 40% de la récolte avait été perdue à Bordeaux.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl et Pascal Lécuyer : 

24 Jan

Disparition de Jean-Jacques Savin : « c’est une triste nouvelle, c’était un aventurier dans l’âme »

On a appris ce week-end la disparition de Jean-Jacques Savin, ce bel aventurier du Bassin d’Arcachon, qui tentait de traverser l’Atlantique à la rame. Il avait pourtant réalisé l’exploit de faire la traversée de l’Atlantique en tonneau en 2018 -2019; la tonnellerie Boutes et Julien Segura, qui l’avaient sponsorisés pour sa première aventure, lui rendent hommage ce matin.

© Jean-Jacques Savin à bord de son tonneau fin décembre 2018

Joint ce matin par téléphone par Côté Châteaux, Julien Ségura de la tonnellerie Boutes commente « c’est une triste nouvelle qu’on a apprise samedi… « C était un aventurier dans l’âme, cette 2e opération de traverser l’Atlantique à la rame, il avait très envie de la faire, malgré son âge (75 ans), malgré les conditions.

C’est évidemment très très triste, il a réalisé son rêve et est allé au bout du chemin.C’est très triste, c’était une belle personne, emprunt de beaucoup de liberté, d’action et avec un goût immodéré pour l’eau », Julien Ségura de la tonnellerie Boutes.

Jean-Jacques Savin, habitant d’Arès sur le Bassin d’Arcacon en Gironde, était parti le 1er janvier dernier avec son embarcation pour traverser l’Atlantique à la rame, il avait reporté son départ environ une semaine auparavant car les conditions n’étaient pas optimales. Ce vendredi, il avait déclenché ses balises de détresse au large des Açores…Le 19 janvier, avait posté qu’il était face à une forte houle et de vent… « Je rencontre quelques problèmes depuis une dizaine de jour : le capteur solaire (qui doit recharger la batterie de mon désalinisateur d’eau) ne fonctionne plus. Je suis obligé d’utiliser mon désalinisateur manuel mais cela me coûte de l’énergie physique. Tout en ajoutant  : « Rassurez-vous, je ne suis pas en danger ! »

Samedi après-midi sur sa page Facebook, sa fille Manon commentait : « Vous recevez très régulièrement des nouvelles de mon père et votre ami Jean Jacques Savin dans sa traversée de l’Atlantique à la rame.

Vendredi dans la nuit à 00h34 Jean Jacques a déclenché ses 2 balises de détresse exprimant une situation de très <grande difficulté> Nous sommes bien sûr très inquiets.
Tout a été mis immédiatement en œuvre en coordination avec les services de secours en mer Français, Portugais et Américains. Nous reviendrons vers vous à mesure des informations reçues »
Les opérations de secours et notamment de la marine portugaise ont été lancées, dimanche l’embarcation a été retrouvée, avec pensait-on dans un premier temps le corps de l’aventurier, mais une confusion a été à l’origine de cette communication, il n’en est rien. Seul le bateau a été retrouvé.

 » Nous venons d’apprendre que le corps de mon père ne serait pas dans son canot et n’a pas été récupéré. Nous n’avons à ce jour aucune confirmation officielle de la part des autorités maritimes portugaise », commentait sa fille sur la page Facebook hier soir.
Jean-Jacques Savin reste pour tous ce héros, cet exemple pour les jeunes générations qui l’ont souvent rencontrés sur le bassin avec son tonneau. Car il s’était lancé en 2019 dans une aventurier toute aussi incroyable de traverser l’Atlantique en tonneau; un exploit dont se souvient Julien Segura dont la tonnellerie était l’un de ses sponsors :
« On a vécu une très belle aventure à tous les niveaux aussi bien humaine que d’autre, on était devenu très proche avec tout le staff de la tonnellerie et Jean-Jacques. On est fier qu’il ait pu la mener à bien, même si c’était hasardeux. Cela nous a permis de nous rapprocher en tant qu’hommes. Il parlait toujours avec conviction, c’était son charme. Et même si on n’a pas souhaité être mécène sur cette deuxième opération, on continuais à le suivre. En tout cas c’est une perte, c’est très triste. » 

20 Jan

Disparition d’Anthony Barton, « le plus Irlandais des Médocains » ou « le plus Médocain des Irlandais »

C’est une figure du monde du vin qui est décédée mardi à l’âge de 91 ans : Anthony Barton, considéré comme « le gentleman du Médoc ». Anthony était la 6e génération à la tête de Léoville-Barton (2e grand cru classé 1855) et Langoa-Barton (3e gcc). Cet Irlandais très amoureux du Médoc était connu pour sa « gentillesse et sa sympathie ».

Anthony Barton © château Léoville-Barton

C’est l’un des derniers des Mohicans du Médoc qui s’est éteint cette semaine… Anthony Barton le plus irish des Médocains ou peut-être l’inverse le plus Médocain des Irishs puis qu’il a choisi de reposer à Saint-Julien, sa deuxième terre de coeur.

C’était l’une des plus grandes figures de la viticulture bordelaise, qui a tout connu depuis l’après-guerre et jusqu’à nous jours, avec toute la révolution culturelle des vignobles bordelais », commente pour Côté Châteaux Emmanuel Cruse, Grand Maître de la Commanderie du Bontemps.

Anthony Barton était la 6e génération des Barton, à la tête des fameux châteaux Léoville-Barton, 2e grand cru classé 1855, et Langoa-Barton, 3e cru classé. Anthony Barton qui toujours resta irlandais de coeur et de passeport avait fait des études à  Eton et à Cambridge… Arrivé à Bordeaux en janvier 1951 à l’âge de 21 ans, il commença à   travailler dans la maison de négoce familiale et s’occupa surtout des marchés anglo-saxons. Il fut d’ailleurs l’un des précurseurs des voyages à travers le monde pour promouvoir les vins de ses propriétés et de Bordeaux en général.

De son union avec Eva Sarauw, danoise, naquirent deux enfants, Thomas, décédé malheureusement en 1990 dans un tragique accident de voiture, Lilian, aujourd’hui à la tête des propriétés.

De son parcours, on retiendra qu’en 1954 Seagram acheta 50% du capital de Barton & Guestier, avant de devenir un peu plus tard propriétaire à 100 % de la maison de négoce fondée par la famille en 1802. Toutefois,  Anthony Barton fonda sa propre affaire de négoce « Les Vins Fins Anthony Barton » en 1968, une affaire familiale qui perdure aujourd’hui, avec à sa tête sa fille Lilian et le mari de celle-ci, Michel Sartorius.

C’était un homme formidable, un ami, qui connaissait les marchés et le vin, qui aimait son métier. Un homme extraordinaire, c’est une grande perte pour Bordeaux, un vrai gentleman », Philippe Casteja président du Conseil des Grands Crus Classés en 1855.

Anthony Barton devint propriétaire de Léoville-Barton et Langoa-Barton en 1983, lorsque son oncle Ronald lui fit donation (3 ans avant son décès) et quand Anthony a tenu à le remercier, l’oncle Ronald lui rétorqua « Ce n’est pas moi qu’il faut remercier mais ton ancêtre Hugh, c’est lui qui l’a achetée. »

Emmanuel Cruse tient à rappeler qu’Anthony Barton a toujours fait preuve d’énormément de « gentillesse et de sympathie, notamment avec les jeunes, j’ai le souvenir d’un vol Bordeaux-Londres, où j’avais voyagé à ses côtés, il a fait preuve d’empathie, de gentillesse, de bonté, des gens comme cela on n’en refera plus… »

Anthony Barton n’a jamais cessé de rénover et d’améliorer la propriété, il adorait ses vignes, le jardin et le château, il a progressivement passé le flambeau à sa fille Lilian surtout depuis 2010 et était heureux de voir ses petit-enfants Mélanie et Damien prendre aussi la même voie. « Il était souvent dans la mesure aussi, jamais un éclat de voix, il n’a jamais été dans le show, toujours dans la dignité. Il fait partie des grandes figures de l’histoire de Bordeaux qui disparaissent, des gens comme il n’y en aura plus, «  poursuit Emmanuel Cruse.

Anthony avait été couronné  par Decanter « Man of the Year » : il a marqué tous ceux qui l’ont croisé. Aujourd’hui Léoville-Barton (50 hectares) produit en moyenne 200 000 bouteilles à l’année et Langoa-Barton (20 hectares) 80000 bouteilles.

Emmanuel Cruse regrette que cette disparition survienne en cette période de covid car « on aurait été nombreux à l’accompagner si on avait pu ». Ses obsèques seront célébrées demain dans le Médoc, dans l’intimité familiale. Condoléances à sa famille.

 

 

18 Jan

Le retour de Blaye au Comptoir, dans les restos et chez les cavistes de Bordeaux les 3 et 4 février

Après l’absence remarquée de l’an dernier du fait de la fermeture des restaurants, l’opération Blaye au Comptoir fait son grand retour les jeudis 3 et vendredi 4 février prochains à Bordeaux. L’occasion de retrouver les bonnes adresses avec leur binômes vignerons…

Blaye au comptoir à Bordeaux en février 2019 © JPS

A croire qu’on leur avait caché les petits cailloux qui mènent aux sympathiques enseignes bordelaises,  mais non pas de syndrome petit poucet, les vignerons de Blaye vont bien retrouver le chemin des brasseries, cavistes et autres restaurants qui participent depuis 15 ans à l’opération Blaye au Comptoir. Une formule lancée un peu plus tôt à Paris.

Jeudi 3 et vendredi 4 février, ce sont une vingtaine de châteaux de Blaye qui vont se retrousser leurs manches et venir à la « capitale » faire déguster leurs vins à tous ces amateurs.

« Certains vignerons se sont liés d’amitié avec leurs clients restaurateurs; quand ils arrivent dans l’établissement qui les accueille pour Blaye au Comptoir, ils se sentent un peu comme chez eux. Ils invitent d’ailleurs leur clientèle particulière à venir passer un moment autour d’un bon plat et d’un verre de vin. C’est toujours très convivial. » Emilie Paulhiac, Responsable Communication de l’appellation.

Des bistrots « tradi » comme l’Annexe (avec le château Tour Saint-Germain) ou encore le Bistromatic (avec le Taillou) aux restos étoilés comme le Prince Noir de Vivien Durand à Lormont (avec le Domaine du Cassard), il y en aura pour tous les goûts. Chez les cavistes comme Le Sobre aux Chartrons on pourra déguster les vins du château la Gamaye ou à l’Epicerie Brutes le vin en amphore d’Isabelle Chety… Alors à vos tablettes…

Classement 2022 de Saint-Emilion: les mises au point de Croix de Labrie et Tour Saint-Christophe

Récemment, nous vous parlions du retrait de château Angélus du futur classement de Saint-Emilion. Celui-ci était survenu après une action récente de deux châteaux devant le tribunal administratif de Bordeaux. Ces deux châteaux tiennent à faire une précision par rapport à leur action.

Axelle et Pierre Courdurié en février 2021 © JPS

LA POSITION DE CROIX DE LABRIE (Axelle et Pierre Courdurié):

« Ces derniers jours, la presse s’est fait l’écho d’une actualité autour du Classement de Saint-Emilion 2022 dans laquelle Château Croix de Labrie est plusieurs fois cité.

Nous souhaitons apporter des précisions à ces articles et déclarations, afin d’éviter toute inexactitude ou ambiguïté sur nos intentions vis à vis de ce classement.

Château Croix de Labrie n’a jamais attaqué le classement en cours ni eu l’intention de le faire mais a simplement souhaité obtenir des réponses à des questions et des incompréhensions résultant d’un courrier adressé par l’INAO dans lequel il lui était indiqué qu’il ne pouvait candidater au classement pur non-respect d’un critère d’ordre technique. Comme l’INAO et le règlement le permettent, le tribunal administratif de Bordeaux a été donc saisi de cette question dans le cadre d’une procédure au cours de laquelle l’INAO et Château Croix de Labrie ont pu exposer leurs arguments de manière constructive et apaisée.

Le juge des référés a tranché en notre faveur dans une ordonnance en date du 24 décembre dernier demandant à l’INAO de nous permettre de candidater au classement.

Cette démarche n’était donc bien évidemment pas une attaque contre le classement ni contre l’INAO, qui a fait son travail et avec qui la communication n’a jamais été rompue, mais bien l’unique solution pour Château Croix de Labrie de préserver ses droits et de démontrer, s’il en était besoin, l’importance qu’il porte au classement de Saint Emilion et son souhait de participer à cette formidable aventure collective.
C’est pour cette raison que Château Croix de Labrie tient à réaffirmer son soutien et son engagement total dans ce formidable outil d’émulation collective qu’est le classement des vins de Saint-Emilion. »

Jean-Christophe Meyrou au château Bellefont-Bercier © JPS

LE COMMUNIQUE DU CHATEAU TOUR SAINT-CHRISTOPHE (Jean-Christophe Meyrou directeur général des Vignobles K) :

« La presse s’est fait l’écho depuis quelques jours d’une prétendue attaque contre le classement 2022 de Saint‐Emilion par le Château Tour Saint Christophe. Ce malentendu rendait nécessaire que nous y apportions un rectificatif dépourvu de toute ambiguïté.

Qu’il soit bien clair que le Château Tour Saint Christophe n’a jamais eu l’intention d’attaquer le classement en cours.

Sans qu’il soit besoin de rentrer dans les détails de notre dossier, un courrier de l’INAO nous informait en septembre dernier que le château Tour Saint Christophe ne pouvait candidater au classement pour non‐respect d’un point technique précis : la production de premier vin sur dix années était jugée inférieure à 50% de notre production totale (article 4 du règlement). Or les chiffres du domaine basés sur les déclarations annuelles montraient bien une production en
moyenne largement supérieure à 50% sur cette période de dix ans.

Nous n’avons fait que suivre la procédure administrative indiquée par l’INAO, à savoir la contestation de la décision devant le tribunal administratif de Bordeaux.

Le château Tour Saint-Christophe à Saint-Christophe-des-Bardes © JPS

Compte tenu de l’urgence, une audience s’est donc tenue devant le tribunal administratif de Bordeaux au cours de laquelle l’INAO et Château Tour Saint Christophe ont pu exposer leurs arguments devant le juge. Il est remarquable de constater que ces échanges, loin d’être une guerre de tranchée, furent constructifs et apaisés.

Le juge des référés a tranché en notre faveur dans une ordonnance en date du 24 décembre dernier demandant à l’INAO de nous permettre de candidater. Contrairement à ce qui a pu être laissé entendre, cette démarche n’était pas non plus une attaque contre l’INAO, qui a fait son travail et qui a toujours été disponible pour répondre à nos questions, mais bien l’unique solution pour Château Tour Saint Christophe de faire valoir son bon droit.

Enfin nous tenons à apporter une dernière précision. En tant que propriétaire du Château Bellefont‐ Belcier, nous sommes totalement engagés dans ce formidable outil d’émulation collective qu’est le classement. Il eut été complètement incongru de scier la branche sur laquelle nous sommes assis ».
 

 

17 Jan

Ventes record de Cognac avec 223 millions de bouteilles : + 30,9% en valeur et +16,2% en volume sur un an, un gros rebond plus fort qu’avant la pandémie

Les ventes de Cognac ont bondi sur un an de 30,9% en valeur et de 16,2% en volume en 2021, dépassant même leur niveau d’avant pandémie, a indiqué lundi l’interprofession.

Image d’illustration de barriques chez Hennessy © JPS

Sur l’année 2021, 223,2 millions de bouteilles ont été expédiées pour un chiffre d’affaires de 3,6 milliards d’euros, en hausse de 1,6% par rapport à 2019, dernière année avant la crise sanitaire, a précisé le Bureau national interprofessionnel du Cognac (Bnic) dans un communiqué.

« Le Cognac reste marqué par une très forte dynamique. (…) La demande n’a jamais été aussi importante sur nos marchés que cette année », Christophe Veral président
du BNIC.

Premier marché d’exportation, les Etats-Unis ont acheté 115 millions de bouteilles l’an passé, soit 11,1% de plus qu’en 2020, tandis que les ventes en Chine, second marché du Cognac, ont bondi de 55,8%, pour 34 millions de bouteilles expédiées.

Ailleurs, les ventes de Cognac sont en croissance sur les « nouveaux marchés », en Afrique du Sud et Nigeria notamment, comme sur les traditionnels, avec +8,1% en volume en Europe, a ajouté le Bnic.

En France, le Cognac enregistre également une forte progression (+23,4% en volume), porté par « le développement de la mixologie », qui attire « une nouvelle clientèle en quête de produits authentiques ».

Côté production, l’interprofession prévoit une récolte 2021 « dans la moyenne décennale », avec 867.000 hectolitres d’alcool pur (hl AP) produits, pour un rendement de 10,77 hp AP/hectare, qui permettra « de soutenir la poursuite de (la) croissance » de la filière.

Tournées vers l’exportation à 97%, les ventes de Cognac avaient reculé de 22,3% en valeur en 2020, la pandémie ayant favorisé les ventes sur internet, un marché où les bouteilles moins onéreuses dominent.

Avec AFP

Regardez le numéro spécial Côté Châteaux de janvier 2019 sur Cognac :