Le projet de « Mois sans alcool », prévu en janvier dont des associations et des addictologues dénoncent l’abandon sous la pression du lobby du vin, n’avait « pas été validé par le ministère de la Santé », a affirmé jeudi la ministre Agnès Buzyn. Ou alors la nouvelle qui a fuité avait commencé à faire pas mal de vagues. Comment dit-on déjà : « tempête dans un verre d’eau… ou de vin » ?
« La campagne est en train d’être travaillée. Cette mesure n’a pas encore été validée par le ministère de la Santé, elle ne m’avait pas été proposée », a affirmé Mme
Buzyn sur Franceinfo.
L’agence sanitaire Santé publique France n’a jamais annoncé officiellement le lancement de cette opération de sensibilisation aux risques de l’alcool. Mais une source interne a indiqué mercredi à l’AFP que le projet avait effectivement été préparé et aurait dû être officiellement dévoilé très prochainement, pour un lancement en janvier.
« Il y a eu des arbitrages sur un coin de table qui interrogent, alors que des budgets étaient fléchés et des gens au travail », a déclaré mercredi à l’AFP Nathalie Latour, déléguée générale de la Fédération addiction, qui s’est élevée contre une « dérobade de l’Etat ».
« Nous avons un comité interministériel dédié à la prévention en santé en février et c’est à ce moment-là que les programmes de prévention sont validés par le gouvernement », a poursuivi Mme Buzyn, confirmant donc implicitement que le Mois sans alcool n’aurait pas lieu en janvier.
« Les équipes de Santé publique France ont travaillé sur des campagnes qui ne sont pas encore abouties et sur lesquelles je dois prendre position mais ça n’est pas forcément ce format-là qui sera retenu », a-t-elle poursuivi.
Ce format est calqué sur un défi lancé en 2013 en Angleterre par l’association Alcohol Change. De plus en plus populaire outre-Manche, le « Dry January » (janvier sobre) consiste à cesser, ou au moins diminuer, sa consommation d’alcool pendant le premier mois de l’année. Or, la perspective de son adaptation en France sous l’égide des pouvoirs publics suscitait depuis plusieurs semaines l’opposition du lobby de l’alcool.
Interrogé par Sud-Ouest mi-novembre, Christophe Chateau du CIVB avait commenté : « C’est une fausse bonne idée. Notre filière doit déjà gérer la sortie du phytopharmaceutique et les nouvelles taxes imposée par les Etats-Unis. On est une fois de plus stigmatisés par les lobbies anti-alcool »
Le 14 novembre, lors de son déplacement en Champagne, le président de la République Emmanuel Macron a rencontré des représentants de la filière. « Vous pouvez faire savoir qu’il n’y aura pas de Janvier Sec », nous a-t-il dit », a alors assuré le coprésident du Comité Champagne, Maxime Toubart, au site spécialisé Vitisphère.
Interrogés mercredi par l’AFP, les services de l’Elysée n’ont ni confirmé ni infirmé les propos prêtés au président de la République. En France, un Mois sans tabac a lieu tous les ans en novembre depuis 2016, sous l’égide du ministère.
Avec AFP