05 Juin

Signature du plan d’arrachage sanitaire de la vigne : Marc Fesneau, le Ministre de l’Agriculture au chevet des vignerons de Bordeaux…

C’était un déplacement très attendu ce matin. 2 heures de visite chez Falxa, au château Lalande-Labatut, à la rencontre des tous les acteurs de la filière et des petits vignerons en difficulté représentés par de nombreuses organisations Bordeaux, Bordeaux Sup, la FDSEA, les Jeunes Agriculteurs et le Collectif des Viticulteurs de Gironde

Accueil du Ministre de l’Agriculture par Régis Falxa © JPS

8 heures, à Salleboeuf au château Lalande-Labatut, Marc Fesneau arrive au chevet des vignerons au lendemain d’un nouveau coup dur : 2 épisodes de grêle consécutifs vendredi et samedi soirs qui ont touché l’Entre-Deux-Mers et Sainte-Foy-la-Grande (plus de 300 hectares touchés). Laurence Impériale, déjà visitée l’an dernier par le Ministre pour le même aléa, répond au Ministre : « sur le secteur du pays foyen, pour ce qui nous concerne il y a eu une centaine d’hectares de touchés à peu près à 50%… »

Ces vignerons comme Régis Falxa qui l’accueille ce matin sur sa propriété avec sa soeur Isabelle, son père et son fils, ne cessent d’être confrontés aux aléas climatiques depuis 2017, à cause du réchauffement. « En 2021, on a gelé à 85% », explique Régis Falxa au Ministre dans son chai…

Mais aujourd’hui, il est aussi question de surproduction à l’heure où Bordeaux ne commercialise que 3,8 millions d’hectolitres…Et Régis Falxa de faire déguster au Ministre de bonne heure un petit verre de blanc sec de sa production en Entre-deux-Mers : « c’est important d’être soutenu, c’est une façon d’être soutenu et sa venue est une immense fierté… »

Toute la filière est venue témoigner de l’état de fragilité de la viticulture française et des petits producteurs du bordelais… « -13% de ventes en 2022 sur les rouges, -7% sur les rosés et -2% sur les blancs (en France), donc la situation se dégrade encore », commente Bernard Farges vice-président du CIVB.

« Monsieur le Ministre, depuis notre dernière rencontre, la situation de la viticulture bordelaise n’a pas cessé de se dégrader: caves coopératives ayant stoppé le paiement de la répartition à ses adhérents depuis plusieurs mois, union de caves coopératives au bord du précipice, des vignerons indépendants qui déposent le bilan, suicide(s)… », commente Jean-Samuel Eynard président de la DFSEA de Gironde.

Marc Fesneau, interpelé par Didier Cousiney à l’issue de la table ronde © JPS

« On n’est pas en crise, on est en guerre ! On a des cris de détresse de viticulteurs, qui ne peuvent plus, qui sont au bout, avec les banques, avec le PGE… » selon Didier Cousiney porte-parole du collectif des viticulteurs de Gironde.

Signature de la convention d’aide à l’arrachage sanitaire par l’Etat, le CIVB et la Région © JPS

Et Laurence Impériale d’analyser sur les « entreprises viticoles qui ont pu bénéficier du PGE à hauteur de 160 millions d’euros, 13 millions se retrouvent en grand difficulté, 16 millions très sensibles… » et Régis Falxa président des vignerons indépendants d’abonder dans le sens de l’intérêt général: « l’Etat a tout intérêt à répondre aux sollicitations de la filière dans le cadre du PGE, il y a urgence, 86% ont des difficultés à rembourser… » Le Ministre a promis d’étudier avec le gouvernement des solutions avec des prêts bonifiés qui pourrait donner de l’air à la trésorerie de ces entreprises.

Concernant la distillation annoncée par le Ministre lors du salon de l’agriculture, « on attend toujours la mise en place de la distillation, il faut déclencher les choses dès aujourd’hui , car il y a une grosse inquiétude dans la campagne… », selon Stéphane Héraud de la cave de Tutiac. « Je suis sûr que vous allez taper du point sur la table, mais il y a une inquiétude technique et fonctionnelle, car les vendanges se rapprochent et cela ne va pas arranger la situation. » Pour Marc Fesneau : « la distillation , oui ça m’agace, car c’est presque abouti ( avec l’Europe), dans la semaine on devrait y arriver… »

Le symbole de cette mobilisation, c’est surtout ce matin la signature inédite et tripartite de la convention  qui doit permettre aux vignerons d’engager enfin cette stratégie de dé-densifier le vignoble de Bordeaux. En clair ce fameux plan d’aides dédiées à l’arrachage sanitaire de la vigne pour éviter la propagation de maladies comme la flavescence dorée et permettre aux vignerons de retrouver de la trésorerie ou d’arrêter tout ou partie de leur activité : « l’Etat met 30 millions qu’il pourra pousser à 38, la région elle-même met 10 millions d’euros, l’interprofession met 19 millions d’euros… »

Un plan attendu qui devrait permettre de financer et aider à l’arrachage de 9500 hectares de vignes, avec des conditions (vignes cultivées durant 5 ans et jusqu’à 2022, arrachage à partir d’octobre), des conditions aussi sur la renaturation, qui selon Stéphane Gabard président des Bordeaux et  Bordeaux Supérieur « choque mes viticulteurs avec un engagement de 20 ans…Imaginez par rapport à l’espérance de vie de certains. »

Pour Allan Sichel, président du CIVB : « sur la forêt c’est un engagement sur 30 ans, sur la jachère effectivement c’est un engagement de 20 ans, malheureusement ce sont des réglementations au niveau de l’Europe… » « Certains vont aller vers ce dispositif, d’autres le trouvent trop contraignant et n’iront pas, mais nous savons qu’il faut faire fonctionner ce dispositif maintenant », ajoute Bernard Farges du CIVB.

Reste encore le problème de 2000 hectares de vignes à l’abandon depuis longtemps souligné par Jean-Marie Garde de la Fédération des Grands Vins de Bordeaux, pour lesquels  « une contravention ou amende pourrait inciter à arracher. »

Après une photo du Ministre avec la famille Falxa, Marc Fesneau était de nouveau interpelé par Didier Cousiney : « c’est une détresse, je vous jure… » « Je sais, je sais », répond Marc Fesneau... »Il faut que vous voyez les banques pour que ces viticulteurs puissent continuer… », demande Didier Cousiney.

Petite lueur d’espoir, tout de même, cette annonce faite par Jean-Pierre Durant, du négoce bordelais qui prévoit une augmentation des ventes à l’international de 5 à 7 % d’ici 2027.

Reportage de Jp Stahl et Laure Bignalet dans le 12 13 de FRance 3 Aquitaine :

03 Juin

Orage de grêle dans l’Entre-deux-Mers: « un épisode soudain et hyper violent »

Hier en fin d’après-midi, un nouvel événement climatique est venu gâcher la belle récolte à venir sur le millésime 2023 sur le secteur de Grézillac, Moulon et Guillac. En quelques minutes, un orage violent de grêle et un amas d’eau considérable jusqu’à 50 millimètres par endroits. Témoignage pour Côté châteaux de viticulteurs du secteur.

Grêle chez © Hugues Laborde à Grézillac

« Ca a peté juste au dessus de Branne, Grézillac, Moulon et Guillac ont été bien touchés, le point central c’est Grézillac ». Au lendemain de ce violent orage, Hugues Laborde du château Haut-Meyraut à Grézillac, témoigne pour Côté Châteaux : « il était 17h quand cela a commencé. On nous avait annoncé des risques d’orages. On a assisté à une formation au dessus de Saint-Emilion, mais cela a survolé Saint-Emilion. C’est surtout sur Grézillac. Fort heureusement notre château est situé sur plusieurs communes, on a la chance d’avoir des parcelles à Faleyras, Naujan et Grézillac, mais ça a chargé à Grézillac.

C’était de la taille de billes, mais l’orage a été très violent. Entre 5 et 10 minutes, on prend 35 millimètres d’eau avec de la grêle. C’est un événement hyper violent et soudain. » Hugues Laborde du château Haut-Meyraut

« On sait que c’est un secteur à risques. A Grézillac, je pense qu’il y a au moins 80 à 100% de pertes sur les parcelles très touchées. On a des feuilles hâchées, des grappes par terre, il ne reste que des tiges vertes et quelques bouts de feuilles et quelques petites grappes… »

« Mais, nous on n’est pas les plus à plaindre, on est bien assuré et on est dynamique, mais il a a des propriétés familiales qui ont des parcelles touchées à 100%, ça va être difficile de se relever. J’avais ce matin des voisins en pleurs…. »

« On est soumis à des phénomènes météo extrêmes qui nous font du mal. Honnêtement, cela ne peut pas se gérer… Il va falloir qu’on se mette autour d’une table pour qu’on trouve une solution, comme à Saint-Emilion, où ils ont mis en place un système, hier soir on a envoyé 30 ballons, à St Emilion, où on a aussi 12 hectares, on a eu de l’eau mais pas de grêle… »

Jacques Lurton, propriétaire du château Bonnet confirme l’intensité : « il est arrivé un truc très soudain, on n’avait pas eu d’alerte. En quelques minutes, est monté un orage de grêle et de pluie intense depuis la Dordogne et Moulon. Il est tombé 50 millimètres en quelques minutes et on a eu des grêlons de la taille de graviers. Cela a surpris tout le monde, comme un événement tropical. Grézillac est très touché, Moulon, Guillac et château Bonnet. »

Je pense qu’il doit y avoir 200 à 300 hectares de vigne touchés de 20 à 50% par endroit et d’autres de 50 à 80% plus proche de l’épicentre. C’est du même niveau que ce qu’il y avait eu en 2013. »Jacques Lurton de château Bonnet

« Cela revient souvent ! On est dans une climatologie incontrôlable. Dès qu’il y a de l’humidité et qu’il fait chaud, il se crée des orages… Du temps de mon père André Lurton, on n’avait jamais vraiment connu de grêle sur Grézillac, mais depuis 20 ans, cela ne cesse de s’accroître en intensité. »

« En 7 ans à Moulon, j’ai perdu 3 fois ma récolte par la grêle…On va se faire prendre maintenant de plus en plus…Même si cette année, ce n’est pas la fin du monde, c’est en tout cas l’intensité de la tornade qui a été surprenante… On a des amis à Grézillac qui ont été inondés en quelques minutes… Là on était au stade de la fleur qui venait juste de passer, mais c’est surtout que cette année la récolte s’annonçait exceptionnelle, et on a besoin de cette récolte avec les pertes qu’on a eu avant… »

Côté Châteaux souhaite bon courage à tous ces vignerons victimes de ce nouvel épisode climatique, en espérant que les plus fragiles pourront passer cette nouvelle épreuve, dans un contexte déjà difficile de commercialisation actuellement.

02 Juin

Marc Fesneau, le Ministre de l’Agriculture, attendu dans le vignoble bordelais ce lundi

Premier déplacement du Ministre de l’Agriculture dans le vignoble bordelais depuis l’annonce du plan d’aide et d’arrachage dévoilé lors du salon de l’Agriculture.

Allan Sichel, Alain Rousset, Marc Fesneau au centre, Bernard Farges et Stéphane Héraud au salon de l’agriculture le 1er mars © Samuel Chassaigne – France 3

C’était le 1er mars dernier, au salon de l’Agriculture… Marc Fesneau, le Ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire annonçait un plan d’aide de 30 millions d’euros pour l’arrachage sanitaire, qui pourrait même être porté à 38 millions. Le CIVB de son côté co-porte et co-finance à hauteur de 19 millions d’euros, une décision adopté lors de l’assemblée générale du 17 avril dernier pour l’arrachage sanitaire face à la menace de flavescence dorée du fait de vignes laissées à l’abandon. De son côté, la Région Nouvelle-Aquitaine devrait financer des reconversions à hauteur de 10 millions d’euros.

C’est cette convention tri-partite que vient signer Marc Fesneau avec CIVB et Région, l’objectif annoncé est de dédensifier le vignoble afin de mieux gérer la sur production, car sur un an la commercialisation des vins de Bordeaux se situe en dessous de 4 millions d’hectolitres. Même si les aléas climatiques ont pu réguler en partie l’offre à la demande avec une production moindre en 2022, en 2023 les vignes semblent bien chargées en grappes et la production pourrait repartir à la hausse… Autre objectif affiché par ces acteurs préparer aussi la transition agro-écologique….

Le Ministre pourra sans doute préciser ces mesures destinées à l’arrachage qui jusqu’ici ne concerne que des vignes en production sur les 5 dernières années et qui ont produit en 2022, 6000€ d’aides annoncées, alors que le collectif des vignerons demande toujours 10 000 €. Des précisions seront aussi apportées par rapport au plan de distillation de crise. De nombreux viticulteurs en, difficultés sont en attente de ces aides.

Le Ministre continuera son périple à Cognac pour poser la première pierre du Bureau National Interprofessionnel du Cognac et rencontrer aussi les acteurs de la filière.

L’Entre-deux-Mers fête ses vins le samedi 10 juin

Un moment fort sympathique s’annonce le week-end de la semaine prochaine. Ce rendez-vous festif et de dégustation fixé par le syndicat et la Maison des Vins de l’Entre-deux-Mers, samedi 10 juin, dans les jardins de l’Abbaye de la Sauve Majeure.

Organisé par le Syndicat Viticole de l’Entre-deux-Mers et sa maison des vins le samedi 10 juin de 10h à 22h dans les jardins de l’Abbaye de la Sauve Majeure.

Venez rencontrer les vignerons de l’Entre-deux-Mers et déguster leurs vins dans un cadre enchanteur et dans une ambiance conviviale !

Tarif « pass » à 8€ comprenant un verre recyclable, la visite libre de l’Abbaye et la dégustation d’un verre de vin à l’un des stands tenus par les vignerons de l’Entre-deux-Mers : 37 vignerons sur place ! Toute consommation supplémentaire à 2€ le verre.
:
Différents stands proposant des
produits locaux, du côté restauration, comme les huîtres du Bassin d’Arcachon, des fromages, cerises et glaces….

Des animations auront lieu tout au long de la journée : – Initiations à la dégustation par l’Ecole du Vin du CIVB « Quizz en Entre-deux-Mers » et jeu « Casino du Vin »
– Stand de l’Office de Tourisme de l’Entre-deux-Mers
– Découverte du jardin médiéval par le « Amis de l’Abbaye »
Et dans une ambiance musicale :
– Une animation musicale « live » en journée
– A partir de 18h, ambiance festive autour de DJ MRLO