Lundi dernier, le Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux tenait son assemblée générale pour reparler notamment de la crise viticole qui touche Bordeaux. Une enveloppe de 19 millions d’euros a été votée à l’unanimité pour financer l’arrachage sanitaire et compléter les 38 millions annoncés par l’Etat et 10 de la Région.
Voici le communiqué du CIVB :
« Face à la crise économique profonde, un grand nombre d’exploitations du vignoble de Bordeaux se retrouve plongé dans des situations très difficiles et dans l’incapacité matérielle et financière de poursuivre l’entretien de leur vignoble. Le risque est ainsi que de nombreuses surfaces soient abandonnées. Ces vignes deviendraient ainsi des foyers de maladies, comme la flavescence dorée*, et rendraient la situation phytosanitaire incontrôlable, mettant en péril la santé de tout le vignoble.
C’est dans ce contexte, que la filière des vins de Bordeaux, par le biais de son interprofession, a décidé de mettre en oeuvre un dispositif d’intérêt collectif d’arrachage sanitaire des vignesdans une logique d’enrayement de la maladie. Compte tenu de l’ampleur des surfaces concernées, l’Etat et les collectivités territoriales ont décidé d’appuyer l’engagement de la profession dans cette stratégie impliquant des actions de dé-densification du vignoble visant à préserver la viticulture girondine de la survenue d’une crise sanitaire majeure.
La nécessité d’un arrachage sanitaire face à des vignes qui risquent d’être abandonnées
Aujourd’hui, environ 10 000 hectares de vignes, soit 10% des surfaces du vignoble, sont en souffrance.
Derrières ces chiffres, ce sont de multiples visages d’entreprises en péril. L’enquête menée par la Chambre d’Agriculture de la Gironde en décembre dernier en témoigne :
• 1372 exploitants se sont déclarés en difficultés économiques (environ 35 000 hectares de vignes principalement situées dans les régions de l’Entre-deux-Mers, des Côtes et du Médoc).
• Plus de 900 viticulteurs répondants souhaitent poursuivre une activité agricole et/ou viticole (soit 25000 hectares) en la diversifiant – et en diminuant leurs surfaces en vigne.
• 333 viticulteurs (= 6 400 hectares), âgés en moyenne de 60 ans, souhaitent arrêter totalement la
viticulture dont 66% pour prendre leur retraite.
Parce que la situation est grave pour ces vignerons et que le risque sanitaire avéré est imminent, un travail sans relâche a été mené en quelques mois auprès des instances européennes, gouvernementales ou régionales pour trouver des solutions.
Un dispositif tripartite Etat, CIVB et collectivités territoriales
Le 1er mars 2023 au Salon de l’Agriculture, aux côtés d’Alain Rousset, président de la Région Nouvelle Aquitaine, des représentants de la filière des vins de Bordeaux, le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau a annoncé que des outils allaient être mis en place pour compenser les coûts et les pertes liés à cet arrachage sanitaire sur une enveloppe globale de 57 millions d’euros, soit :
‐ 38 millions d’euros, dont 30 déjà confirmés financés par l’Etat
‐ 19 millions d’euros financés par l’interprofession (CIVB) dont 14 millions d’euros via un emprunt dont le Conseil a demandé qu’il soit garanti par l’Etat
Le dispositif interprofessionnel d’arrachage sanitaire de vignes, soumis au vote des membres du Conseil réunis en Assemblée Générale, a été voté à l’unanimité le 17 avril 2023.
En parallèle, la Région a annoncé pouvoir contribuer au dispositif, avec une enveloppe de 10 millions d’euros consacrés à la reconversion des terres après arrachage. Les fonds FEADER seront utilisés à cet effet.
Ces dispositifs permettent ainsi d’arracher jusqu’à 9 500 hectares, aidés à hauteur de 6000 € par hectare, quel que soit la source de financement, Etat comme Interprofession, auxquels pourraient s’ajouter 2 000€ par hectare générés par la Région si les parcelles font l’objet d’une reconversion agricole.
A noter que ces aides ne portent que sur les vignes actuellement cultivées (dernière récolte en 2022, sauf cas de force majeur lié à un accident climatique par exemple ayant empêché de récolter en 2022).
Reste un important travail à mener pour préciser les modalités et les critères d’attribution de ces aides. Mais ce plan d’arrachage sanitaire devrait être mis en place après la récolte 2023, pour s’échelonner sur les hivers 2023-24, et 2024-25. »
Source CIVB