Le gel était attendu, il est bien arrivé mais pas trop intense. Avec cette nuit claire et la pleine lune, les vignerons ont redouté le gel au petit matin mais celui-ci s’est montré courtois et n’a pas trop touché le vignoble bordelais. Quelques dégâts du côté de Saint-Emilion et dans les Graves.
Plus de peur que de mal. A priori. Les vignerons, conseillers viticoles et responsables de domaines font l’état des lieux avec Côté Châteaux…
« Sincèrement il n’y a rien de grave. Au pire cela a gelé à -2° à Saint-Sulpice mais pas très longtemps. Nous on n’a pas de tour anti-gel, mais on est passé sans trop de problèmes. Je n’ai pas trop de dégâts sur les bourgeons bien sortis », commente Xavier Leclerc directeur du château Leroy-Beauval. « On s’était dit il va faire froid, surtout à partir de 4 heures où la température approchait le 0, mais au final c’est vite remonté, le danger c’était au moment du réchauffement par rapport aux cellules de la plante et là ça claque. Je pense qu’on a frisé un peu mais pas de dégâts dans les vignes. On va regarder encore cet après-midi… »
« On a là une station météo à 300 mètres, c’est descendu à -1,3°C », commente Antoine d’Arfeuille du château Chante Alouette à Saint-Emilion. Ce vigneron a installé des bougies pour réchauffer l’atmosphère au petit matin dans les parcelles les plus développées… « Là c’est encore un peu tôt, c’est encore froid. On va attendre la fin de la journée et c’est dans quelques jours où on saura si le bourgeon a été touché ou pas. » Sa lutte, il la fait avec les moyens du bord : « chaque année il y a ce stress du mois d’avril donc il va falloir trouver le meilleur moyen pour lutter contre cela, moi personnellement j’attends qu’ils avancent un peu dans la recherche…
Sur d’autres secteurs du bordelais, quelques dégâts ont pu être repérés ici ou là sur des zones déjà bien poussées comme certains pieds de merlot.
En Pessac-Léognan, Fabien Teitgen directeur génréral du château Smith Haut-Lafitte se veut aussi rassurant : « on a mal dormi, mais on se réveille pas mal. On a eu les premières alertes à 2h15 et on a allumé les bougies vers 4h. On est passé à côté, on a protégé ce qu’il fallait. C’est descendu à -1 , -1,5° on était certes en situation de danger, mais on a aujourd’hui 5 éoliennes, on s’est pas mal équipé pour peser sur ces passages assez frais. Je préfère être pro-actif plutôt que d’être à quatre pattes dans ma vigne en se disant ça av passer, ça av passer… J’espère que ça va aller jusqu’aux saints de glace, pour qu’on fasse du vin… »
A Saint-Emilion, François Despagne du château Grand Corbin-Despagne relate sa nuit passé à combattre le gel : « c’était moins froid que prévu. On a eu 0 à -1° à certains endroits. La vigne n’avait pas tellement avancé, c’est encore dans le cocon, donc ça va, c’est quand il y a des feuilles étalées que la vigne support moins bien les -1 à -2°. Donc ce n’est pas pour cette fois-ci. Mais jusqu’au mois de mai on peut encore avoir des journées froides. En 2017, c’est arrivé le 27 avril… »