Rauzan tient bon, malgré deux crises successives de déconsommation et d’inflation dues au covid et à la guerre Russie-Ukraine. Certains coopérateurs ont du mal à s’en sortir à l’image de petits vignerons du bordelais, quant à la cave elle essaie de gérer au mieux et de rester à l’équilibre.
Vignerons coopérateurs de la cave de Rauzan, Séverine et Marc Ladurelle exploitent 22 hectares de vigne à Mérignas dans l’Entre-deux-Mers. Ils subissent la crise de plein fouet du fait de la baisse de consommation de vin et des aléas climatiques ces dernières années. Depuis 4 mois, ils ne se versent plus de salaire.
« Nous ici sur le terrain, c’est clairement un enfer, et ce depuis des années. Au quotidien, ce sont des relances permanentes de fournisseurs qu’on n’arrive plus à payer, assez vite en tout cas… Ce que j’attends aujourd’hui clairement, c’est la prime à l’arrachage. On ne peut plus attendre, il y a urgence, clairement il y a urgence. »
A la cave de Rauzan-Grangeneuve, en 2020 la première crise sanitaire due au covid a été durement ressentie avec une baisse des ventes de 15% notamment en restauration mais aussi avec des difficultés à l’export. Après une légère reprise de 6% en 2021, la guerre en Ukraine et l’inflation ont impacté à nouveau les 315 adhérents de la cave dès le mois de mars 2022.
Nous subissons la crise par rapport à une baisse du prix du vrac et par rapport à la trésorerie qui rentre moins vite car le négociant retire les vins de manière plus allongée que d’habitude » Denis Baro président de la cave de Rauzan
« C’est sûr que les adhérents ont souffert, les intrants et le gazole ont nettement augmenté et l’effet ciseau est nettement là. »
D’habitude Rauzan commercialise 200 000 hectolitre, l’équivalent de 27 millions de bouteilles ; depuis 2019, la cave coopérative avait encore acquis 500 hectares de vigne supplémentaire (3950 hectares au total) mais le conflit Russie-Ukraine a ralenti les ventes en 2022.
« On a eu un gros coup d’arrêt des exportations vers la Russie; nous à la cave de Rauzan, c’est notre 3e marché à l’export et quand on perd son 3e marché, ce n’est pas neutre, ensuite est arrivée la perte du pouvoir d’achat », commente Philippe Hébrard directeur de la cave de Rauzan.
« Les performances de la grande distribution sont plutôt en berne et le vin en particulier car ce n’est pas un produit de première nécessité. Mais le conflit poutinien a eu également une grosse conséquence sur l’inflation. Par exemple, si je prends une bouteille de vin, le verre a pris 50% de hausse entre janvier 2021 et janvier 2023 ».
Rauzan est l’une des coopératives qui s’en sort le mieux; faisant preuve d’imagination avec des étiquettes de mascottes (Gigi une grue cendrée en sauvignon blanc par exemple) qui rappellent des animaux avec le reversement aussi d’1% à la Ligue de Protection des Oiseaux. Rauzan a renoué avec une hausse de ses ventes + 6%, ce depuis septembre 2022, sur les 6 derniers mois donc, ce qui augure un meilleur horizon.
Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Ludovic Cagnato et J Ohndoe :