C’est un cri du coeur qu’ils ont exprimé toute la journée à Bordeaux. Désespérés de ne plus vendre leur vin, ils réclament un plan d’urgence en 2023 maximum pour les aider à arracher au moins 10% du vignoble de Bordeaux en surproduction. Plus d’un millier de vignerons ont défilé et manifesté devant le CIVB, la Région Nouvelle-Aquitaine et la Préfecture de Gironde.
Des vignerons au bord du gouffre… Ils ont choisi de hisser ce pendu devant l’interprofession, le Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux, en guise de symbole, pour dire leur désarroi de ne plus vendre de vin et notamment en vrac (40% de la production est ainsi écoulée à Bordeaux via le négoce bordelais).
La baisse des sorties de chais ces 3 derniers mois est vertigineuse -32% pour le vrac…!
On ne vend plus rien, l’avenir est complétement bouché, les structures elles sont dans dans système où on va exploser ! », Jean-François Pellet vigneron à Daignac
« Les chais sont pleins, c’est pour cela qu’on est là, c’est pour cela aussi que le prix baisse, » commente Danièle Moncla exploitante d’un domaine familial de 30 hectares à Capian.
J’avais un fermage en bonne et due forme, avec un fermier qui avait un contrat de 9 ans… Et la personne a abandonné mes vignes, du jour au lendemain sans aucun préavis, selon Franck Baratin 68 ans, accompagné de son frère Patrice 75 ans. »
Venus de toute la Gironde, des dizaine de tracteurs et plus d’un millier de vignerons. Tous réclament l’arrachage de 15 % de vigne à Bordeaux, avec une aide de 10 000 euros à l’hectare arraché.
« Quand vous êtes acculé et que vous n’avez plus la possibilité de payer vos fournisseurs, votre banque pour les emprunts, de payer vos charges sociales et que tout le monde vous tombe dessus, qu’est-ce qu’il vous reste, il y arrive un moment où tout le monde ne résiste pas à la pression, » commente Bastien Mercier vigneron et maire de Camiran.
On réclame un plan social, pour nous sortir de l’ornière…Cela fait plusieurs mois qu’on le dit, ca fait 18 ans qu’on vend notre vin à moitié prix, à 50% de son coup de revient, on a plié le dos, courbé l’échine et raclé les fonds de tiroir et aujourd’hui on est au bout on ne peut plus… », Didier Cousiney porte-parole du collectif des vignerons.
Il y a 10 ans, la consommation de vin rouge était nettement plus importante, elle a baissé de 30%. Bordeaux produisait plus aussi et a perdu 1 million d’hectolitre de vente en 10 ans aussi.(Moins de 4 millions vendus aujourd’hui). Aussi les aides d’arrachage de la vigne seraient bienvenues, mais pour cela il faut revoir les textes européens…
« Il y avait un outil qui existait au nouveau européen avant 2008, qui n’est plus en place aujourd’hui. On souhaiterait nous Bordelais le voir renégocier… Pour autant ce sujet n’est pas encore ouvert pour l’instant… », commente Bernard Farges vice-président du CIVB.
« Les autres pays peuvent nous accuser de concurrence déloyale donc il faut qu’on trouve cet espace de dialogue ce qui peut prendre beaucoup de temps, » selon Nathalie Delattre Sénatrice du Mouvement Radical.
Mais du temps, ils n’en n’ont pas beaucoup… En 2023, certains risquent de mettre la clé sous la porte. Le collectif a eu comme remontée d’information que 500 exploitations seraient en difficulté aujourd’hui. (Bordeaux compte 5300 exploitants viticoles). Aussi ils interpellent l’Etat et la Région…
« Nous on interviendra sur la partie installation, reconversion et accompagnements, parce que là on a le droit d’intervenir… », selon Alain Rousset venu à la rencontre des vignerons après l’entrevue avec Didier Cousiney et la délégation. Pour ces viticulteurs, le gouvernement doit faire pression sur Bruxelles, à moins d’aider directement la filière « Il va falloir qu’on soit sur des fonds d’Etat donc à un moment donné il faut qu’on ait des mesures d’urgence… » selon Dominique Techer porte-parole de al Confédération Paysanne.
Et comme un avant-goût de ces 10000 à 15 000 hectares à arracher, de nombreux ceps de vigne ont été déposé devant ces institutions…
Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Thibaut Grouhel, Charles Rabréaud suivi de l’entretien de Didier Cousiney porte-parole du coillectif des vignerons avec Sandrine Papin dans le 19/20 de France 3 Aquitaine: