Après la crise sanitaire, la guerre en Ukraine a des répercussions sur le prix des matières sèches, qui servent à conditionner le vin. Entre les bouteilles, les capsules, les cartons ou encore les palettes, tout flambe et parfois certains produits viennent à manquer. Un casse-tête pour les vignerons et maisons de négoce très attentifs à leurs coûts de production, qui pourraient en partie être répercutés sur le consommateur.
Pour Jérémy Ducourt, vigneron à Ladaux en Gironde, la guerre en Ukraine se traduit par des tensions d’approvisionnement et hausse de prix, notamment sur les bouteilles en verre blanc, produites à partir de four à gaz, et sur des capsules en aluminium venant de l’est. Une tension déjà amorcée avec la crise sanitaire en 2021 qui l’avait amené à prendre quelques précautions et faire quelques stocks, notamment de cartons…
Car le prix des matières sèches, qui servent à conditionner le vin, augmente partout, sur tous les postes, de 20 à 30 % en moyenne comme le confirment de nombreux viticulteurs…
« La tension sur les approvisionnements de matières sèches en ce moment nous conduit parfois à faire des arbitrages, cela se traduit par des décalages de conditionnement, qu’on ne peut pas réaliser car il va nous manquer des capsules au moment où on veut faire le conditionnement, où les bouteilles sont retardées on doit attendre la fabrication du verrier pour les bouteilles, notamment en ce moment pas mal de soucis sur les bouteilles blanches… , précise Jérémy Ducourt co-propriétaire des vignobles Ducourt.
« On a des collègues qui ont été obligés de conditionner du rosé en bouteilles vertes ce qui n’est pas habituel et très joli en terme d’esthétique… Nous pour l’instant, on arrive à faire attendre nos clients, et on décale nos conditionnement, cela arrive qu’on soit obligé de décaler d’un mois ou de deux mois les mises en bouteilles habituellement qui se font en ce moment des blancs et des rosés… »
Dans cette maison de négoce, la Maison Bouey à Ambarès-et-Lagrave, il s’agit de continuer à sortir 250 000 bouteilles par semaine avec les mêmes difficultés et une hausse de prix de 10 à 50 % sur le verre, les capsules, le carton et les palettes en bois….
« Certains fournisseurs, je parle notamment sur les capsules, auparavant nous demandaient 4 semaines pour produire une capsule, ils vont jusqu’à nous demander 4 mois pour produire ces capsules, donc on est sur des délais de livraison qui pourraient nous mettre vraiment éventuellement en rupture à certains moments… », commente Stéphane Lefebvre directeur de la Maison Bouey.
Si la hausse des prix peut être supportée par des acheteurs de grands crus classés, quelques dizaines de centimes d’euros en plus pourraient réfreiner l’achat sur de plus petits Bordeaux, notamment en grande distribution.
Il faut dire que les consommateurs sont déjà confrontés à l’inflation de l’énergie et des produits de première nécessité…
« Le vin n’est peut-être pas le produit prioritaire du moment, en tout cas pour une certaine catégorie de gens, qui achètent des Bordeaux entre 3 et 5 €… Une augmentation de l’inflation, une augmentation des coûts fait que on voit les ventes qui baissent… »
Cette crise d’approvisionnement et la hausse des prix n’ont jamais été aussi durement vécus par la filière. Elles risquent de durer encore plusieurs mois.
Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Olivier Prax, Christophe Varone :