C’est un nouveau coup dur pour les vignerons. Ce week-end de gel s’annonce terrible, partout en Gironde. Les températures sont passées négatives tôt dans la nuit et jusqu’au petit matin. Avec pas mal de secteurs entre -3 et -5°. Fort heureusement la vigne est moins avancée que l’an dernier et la taille tardive a ralenti le cycle végétatif de la plante. Réactions sur Côté Châteaux.
« La nuit a été acharnée… » Cette phrase de Franck Binard résume à elle seule le combat qu’on mené des centaines de vignerons depuis 22h30 et jusqu’à 8h ce matin. « Comme partout c’es descendu entre -3 et -5°C, même sur le plateau de Saint-Emilion, partout et un petit peu plus à certains endroits. Et les deux nuits qui arrivent promettent aussi… », poursuit le directeur du Conseil des Vins de Saint-Emilion.
Pour Sophie Aribaud, conseillère viticole : « cela a commencé très tôt, les éoliennes ont commencé à tourner très tôt, dès 22h30 les vignerons ont commencé à chauffer, c’était négatif dès 1h du matin sur Saint-Emilion et Pomerol. On a eu des -2, -3 et -4 à Saint-Emilion, même là où ça ne gèle pas d’habitude….Il y a eu pas mal de gelée blanche. »
Valérie Arnateau a donné un coup de main à son cousin au château le Loup à Saint-Christophe-des-Bardes : « mon cousin m’a appelé à 22h30, il a fait jusqu’à -4°, il y avait des éoliennes , du foin ou des chaufferettes, chacun fait avec ses moyens… »
« C’est vrai que cela a bien gelé, j’ai entendu les éoliennes et hélicoptères, même si moi je suis plutôt en ville à Saint-Emilion », commente Jean-François Galhaud, le président du Conseil des Vins de Saint-Emilion qui s’apprête à faire un petit tour ce matin pour voir l’étendu des dégâts qui pourraient se dévoiler plus vers midi…
Pour François Despagne du château Grand Corbin-Despagne que nous avions suivi lors de la taille de la vigne en janvier : « cette nuit il a fait de -4 à -6°, il a fait plus froid que prévu ! On n’a pas bien dormi. Dans les endroits les plus précoces, ça a du morfler… Fort heureusement la vigne n’a pas trop poussé, dans des endroits comme les miens on est peut-être passé à côté, c’est difficile à voir, on verra si les bourgeons ont grillé… »
Laurent Clauzel du château la Grave Figeac à Saint-Emilion : « c’est descendu entre -3 et -5°, mais le stade n’était pas trop avancé et les contre-bourgeons n’étaient pas sortis, cela t’assure quand même 80% de la récolte. Je préfère prendre ces températures maintenant que dans 3 semaines. Bon cette année je n’avais pas acheté de bougies car je me disais que ça ne gèlerait pas cette année… »
Dans le Blayais, comme partout en Gironde, « il a gelé entre -3 et -4°, mais par chance cela n’a pas trop débourré par rapport à l’année dernière…Je sens les vignerons moins perturbés que l’année dernière, cela n’a rien a voir… » commente Thibaut Layrisse directeur du syndicat de Blaye Côtes de Bordeaux.
Stéphane Gabart, le président des Bordeaux et Bordeaux Supérieur commente pour Côté Châteaux : « on a connu des jours meilleurs, même si c’était annoncé, c’est toujours problématique. Dans mon secteur à Galgon, on a eu entre -3,8 et -4°C. Quant aux dégâts, c’est très compliqué, par rapport à l’an passé le stade de la végétation est moins avancé. Il y avait quelques secteurs plus avancé que d’autres, cela va être disparate. Mais c’est beaucoup trop tôt pour le dire. »
Un combat difficile à mener, Sophie Capdevielle était avec son mari sur le front à Saint-Sulpice de Faleyrens au château l’Evêché : « on était sur le pont vers 3h30 en famille, on avait sorti des sacs de bois recyclé… On les a disposé entre les rangs de vigne sur un hectare, surtout près des jeunes plants, des vignes franc de pied…On a allumé à 4heures. On a prévu de sortir cette nuit encore… »
Pareil en Pessac-Léognan, « on a eu froid comme tout le monde, -3 globalement et -5 au plus froid… « , commente Arnaud Thomassin du château de France; « mais on avait acheté pas mal de tours à vent (7), et des bougies, on s’en est pas trop mal tiré. Mais on n’a pas bien dormi, enfin pas du tout , c’est u peu fatiguant et cela recommence cette nuit… »
Bon courage à tous ces vignerons sur le front du gel. L’an dernier, les nuits des 6 au 8 avril avaient été désastreuses, sans doute plus que cette année, le mildiou s’était ajouté en juin, juillet et du coup la production a Bordeaux a été très faible, avec 3,7 millions d’hectolitres.