24 Mar

Après un demi-siècle à la tête de la Romanée-Conti, Aubert de Villaine passe la main

« Nous ne faisions pas un centime de bénéfices »: quand Aubert de Villaine rejoint la Romanée-Conti en 1965, son vin ne se vendait pas encore des milliers d’euros. Un demi-siècle plus tard, à 82 ans, le gardien cède la gérance du temple bourguignon, « confiant » en son avenir.

Discrète voire sécrète: l’entrée d’un des plus prestigieux domaines au monde n’est signalée que par des lettres minuscules sur l’interphone d’une grille anonyme, face à l’église de Vosne-Romanée (Côte d’Or), et à l’intersection de la rue du Temps perdu.

Ce n’est pas un château mais une sobre bâtisse monacale. Ici, rien d’ostentatoire. Car le nom seul de Romanée-Conti suffit à faire saliver les critiques de par le monde, et les spéculateurs qui le vendent jusqu’à 50.000 euros la bouteille.

Pourtant, quand Aubert de Villaine naît en 1939, c’est en héritier d’un domaine qui « ne bouclait pas les fins de mois »: son père, cogérant, vit alors dans l’Allier où ses fermes assuraient la survie de la Romanée-Conti, dit à l’AFP le discret M. de Villaine dans une très rare interview à la presse. En fait, ce n’est qu’en 1972 que la Romanée-Conti est devenue rentable.

Le jeune Aubert ne jure donc pas d’un avenir dans la vigne. « J’aurais pu être professeur », se souvient-il. Mais en 1964, il rencontre en Californie Robert Mondavi, futur pape des viticulteurs américains. « Sa vision des vins m’a boosté », se souvient M. de Villaine.

Un an plus tard, le jeune Aubert rejoint alors la Romanée, à l’âge de 25 ans. « Avec le recul, je me rends compte que j’avais un oeil neuf sans être encombré par un passé ».

Il reprend en 1974 les rênes de la cogérance traditionnelle du domaine, constituée de sa famille de Villaine et des Leroy, et insuffle un air nouveau.

LE RETOUR AUX FONDAMENTAUX

« Nous avons été des pionniers ». Dans les années 1990, il fait adopter le labour à cheval, plus respectueux des sols que les tracteurs. En 1985, la Romanée-Conti est parmi les premiers à se convertir au bio, puis à la biodynamie en 2006″.

« Les produits chimiques tuaient cette vie du sol et il fallait apporter des engrais pour compenser: c’était contraire à l’idée de terroir », explique ce défenseur acharné
des « climats » (parcelles de vignes) de Bourgogne, dont le classement au patrimoine mondial de l’Unesco, en 2015, lui doit beaucoup.

Après avoir échappé à la « parkerisation », cette standardisation du vin visant à plaire au palais du célébrissime critique américain Robert Parker, la Bourgogne « a pris conscience qu’il fallait respecter ses terroirs ».

« C’est sa force », assure ce gentleman-vigneron dont la noble allure – chapeau feutré, veste de laine et pantalons de velours côtelé – ne le prive pas d’avoir les pieds solidement ancrés dans la terre.

C’est aussi grâce à ce retour « à ses fondamentaux » que la Bourgogne relèvera le défi du dérèglement climatique: « Je suis très confiant qu’elle va s’adapter. Elle en a vu d’autres ».

Le cogérant passe donc la main avec le sentiment de laisser le domaine et la région « en bonne forme ». Mais il « ne quitte pas » la Romanée: si son neveu Bertrand de Villaine a repris la cogestion en décembre – gardant à ses côtés la représentante des Leroy Perrine Fenal – Aubert de Villaine rejoint le conseil de surveillance, où deux « sages » (un par famille) défendent le domaine mythique, et en particulier son indépendance.

« Nous n’avons jamais eu la moindre approche d’investisseur: on n’ose pas. Car il y a une vraie conscience des associés qu’ils ont entre les mains quelque chose de précieux, une histoire à protéger ».

On ne pénètre donc pas dans les caves de la Romanée-Conti, le saint des saints, sans avoir poussé deux lourds porches et déverrouiller une alarme. Les grands crus mythiques s’alignent: Echezeaux, Romanée, La Tâche… sans qu’on ose calculer combien de millions d’euros dorment dans ce coffre-fort.

« Nous essayons de contrôler la spéculation grâce à la traçabilité. Nous savons exactement qui a acheté telle bouteille et nous les conservons pour des amateurs qui vont boire le vin et non des spéculateurs. Nous ne sommes pas complètement gagnants mais nous essayons ».

AFP

22 Mar

Le classement de Saint-Emilion est à nouveau confirmé par la Cour Administrative d’Appel

Le Conseil des Vins de Saint-Emilion se réjouit cet après-midi de ce nouvel arrêt qui sonne comme un épilogue dans cet énième épisode sur ce classement de 2012 longtemps attaqué. Voici le communiqué du Conseil des Vins…

Lever de soleil sur Saint-Emilion, en janvier dernier © JPS

« Après 10 années de procédure, la Cour Administrative d’Appel de Bordeaux vient une nouvelle fois confirmer le bien-fondé des règles du classement des Crus de l’AOC Saint-Emilion Grand Cru.

Par un arrêt du 22 mars 2022 la Cour Administrative d’Appel suit les conclusions de sa rapporteure publique qui avait largement détaillé les nombreux motifs pour lesquels elle proposait le rejet des requêtes tendant à l’annulation du Classement des vins de Saint-Emilion.

Le Classement des crus de l’AOC Saint-Emilion Grand Cru fondé en 1955 est le seul classement révisable tous les 10 ans. Lors de sa dernière publication en 2012, trois propriétés non retenues avaient attaqué le classement pour en demander l’annulation.

Le Tribunal Administratif le 17 décembre 2015 puis la Cour Administrative d’Appel de Bordeaux le 12 avril 2019 avaient déjà validé l’ensemble de la procédure et rejeté les requêtes de ces trois châteaux. Le Conseil d’Etat avait pour sa part renvoyé une nouvelle fois le dossier devant la Cour d’Appel de Bordeaux pour un moyen de droit tenant aux délais dans lesquels pouvaient être formulées des requêtes.

La Cour d’Appel rejette donc une nouvelle fois la totalité des moyens soulevés et valide in fine l’ensemble de la procédure conduite en 2012.

Le Conseil des Vins de Saint-Emilion salue le sens de cette décision qui met en lumière le sérieux et la rigueur des travaux menés par l’Inao, la Commission de Classement et les organismes certificateurs indépendants.

Au-delà du classement de 2012, cette décision conforte également la procédure actuellement en cours pour l’élaboration du prochain classement 2022 dont les règles, largement basées sur celles de 2012, ont été renforcées juridiquement tout en tenant compte des éléments soulevés au cours de ces 10 dernières années ».

Conseil des Vins de Saint-Emilion

Et voici la dépèche AFP :

« Le prestigieux classement 2012 des grands crus de Saint-Emilion a été validé par la Cour administrative d’appel de Bordeaux après le rejet
par celle-ci des requêtes de trois châteaux de l’appellation, a-t-on appris mardi auprès des parties.

« Après dix années de procédure, la Cour administrative d’appel de Bordeaux vient une nouvelle fois confirmer le bien-fondé des règles du classement des Crus de l’AOC Saint-Emilion Grand Cru, » s’est félicité le Conseil des Vins de St-Emilion dans un communiqué.

Trois requérants – les châteaux Croque-Michotte, Corbin-Michotte et la Tour du Pin Figeac, déclassés en 2012 – demandaient l’annulation de ce classement, lui reprochant un manque d' »impartialité » et « de rigueur » ainsi qu' »une inégalité de traitement » basée notamment, selon eux, sur des critères de notation accessoires et favorables aux grands châteaux, comme la nécessité d’avoir une salle de réception sur le domaine, au détriment de la note de dégustation des vins.

Le tribunal administratif leur avait donné tort en décembre 2015. Ce jugement avait été confirmé par la cour administrative d’appel en avril 2019 avant d’être renvoyé à nouveau devant cette juridiction par le Conseil d’Etat, saisi par les plaignants.

Dans son arrêt consulté par l’AFP, la Cour a validé le jugement prononcé en première instance, selon lequel le tribunal n’avait pas à se prononcer sur le bien fondé
des critères retenus pour ce classement mais bien sur le respect du principe d’égalité entre tous les châteaux candidats.

En parallèle, les requérants avaient porté l’affaire au pénal, aboutissant fin 2021 à la condamnation d’une figure du Bordelais, Hubert de Boüard, pour prise illégale d’intérêt dans ce classement. Il avait été déclaré coupable d’y avoir été à la fois juge et partie en siégeant à l’INAO (Institut national de l’origine et de la qualité), l’organisme chargé du palmarès, tout en posant la candidature de son domaine, le Château Angélus.

Dans le volet administratif, la Cour d’appel a estimé que M. de Boüard et M. Casteja, autre ponte du Bordelais relaxé au pénal, ne faisant pas partie des « membres de la commission de classement », « il ne ressort pas des pièces du dossier que la décision de classement (…) serait entachée d’une irrégularité au regard du principe d’impartialité ».

« Il fallait manifestement sauver le classement, y compris au prix d’une appréciation partiale des faits pourtant constatés de manière définitive par le juge pénal. (…) Nous irons évidemment devant la Conseil d’Etat. Une fois de plus », a réagi Me Eric Morain, l’avocat du château Croque-Michotte, dénonçant une « motivation totalement incompréhensible et tordant la réalité des rôles de Messieurs de Boüard et Castéja ».

Pour Franck Binard, directeur général du Conseil des Vins Saint-Emilion, « cette décision est un grand soulagement, le classement 2022 s’en retrouve renforcé et consolidé ».

Le classement des grands crus de Saint-Emilion, le seul remis en cause tous les dix dans le Bordelais, constitue une véritable enjeu commercial et financier pour les propriétés. En 2006, pour la première fois, il avait été annulé par la justice, saisie par huit propriétés déclassées.

Un nouveau classement est attendu cette année et quelques châteaux prestigieux ont annoncé ne pas vouloir y figurer ».

AFP

21 Mar

La hausse du prix des matières premières se fait ressentir dans les brasseries bordelaises

Avec la guerre en Ukraine, les répercussions continuent à se faire ressentir un peu partout et désormais dans les restaurants et brasseries. Ces établissements enregistrent une hausse du prix des matières premières du fait de la hausse des prix du transport et de l’énergie, mais aussi de la raréfaction de certains produits comme le blé ou l’huile produits énormément en Ukraine…

Dans les cuisines, les brasseries bordelaises voient les prix de la viande, des produits laitiers et des légumes augmenter petit à petit et même jusqu’à +30% sur les cornichons ! La palme revient à l’huile de tournesol provenant d’Ukraine dont le prix flambe et les quantités sont désormais limitées.

« On constate une hausse de 15 à 20 % sur les matières premières en général, explique Christophe Lagarde le chef du Bistro du Sommelier. « L’huile c’est devenu compliqué parce qu’à priori on va être rationné. »

Face aux factures de ses fournisseurs, le constat du patron Hervé Valverde est sans appel: « Tout a augmenté du fait de l’augmentation du gasoil, du transport… »

Et pourtant l’enjeu est de garder un premier menu attractif pour maintenir ses 110 couverts jour. « Cela devient de la folie parce que moi j’ai une formule un peu fixe entrée plat ou plat dessert à 22e, en sachant que quand vous rentrez chez moi, il y a déjà un prix fixe dû aux charges auxquelles je rajoute les frais de matières premières, c’est compliqué si je veux rester dans des produits de qualité, parce que tous mes fournisseurs ont eu comme moi des coûts d’augmentation… »

Dans cette autre institution allée de Tourny, la clientèle commence à prendre conscience d’une possible hausse des prix… « Leur marge sera trop juste donc je pense qu’il faudra un petit peu augmenter mais dans la limite du raisonnable…« C’est quelque chose qu’on n’aime pas forcément faire car sur le consommateur cela a un impact direct… Pour l’instant on absorbe et on prévoit de faire des petites augmentations sur certains plats en particulier », explique Nicolas Cuny directeur du Noailles.

En Gironde, ce sont 5000 cafés, hôtels et restaurants qui sont directement touchés par la flambée des prix des matières premières et de l’énergie. « Quand on voit le pouvoir d’achat des gens qui baissent, comment voulez-vous que ces établissements augmentent leurs prix, donc cela va être compliqué dans les comptes d’exploitation futurs » selon Franck Chaumes président de l’UMIH 33. « On va augmenter car on n’aura pas le choix, il faut que le consommateur le sache, mais j’ai peur qu’il y ait une déperdition dans la fréquentation de nos établissements. »

Après 2 ans de crise sanitaire, ces établissements espéraient se relancer… Il ne faudrait pas que ces augmentations durent ou s’amplifient. Cela remettrait en cause leur difficile équilibre financier.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Pascal Lécuyer et Xavier Granger :

11 Mar

Côté châteaux n°29 : un spécial 700 ans du Consulat de la Vinée de Bergerac

A voir le 23 mars prochain sur France 3 NOA à 20H20, ce numéro 29 tout en saveurs de Côté Châteaux. Votre magazine sur les terroirs de Nouvelle-Aquitaine s’attarde sur les 700 ans du Consulat de la Vinée. Un sacré anniversaire qui ne nous rajeunit pas et qui sera fêté en juillet prochain à Bergerac. Un numéro réalisé par Jean-Pierre Stahl et Alexandre Berne.

Les consuls de la Vinée de Bergerac en bord de Dordogne d’où partaient les fûts marqués par le patte de Griffon © JPS

16 janvier 1322 – 16 janvier 2022… 700 ans, rien que cela. Bergerac s’apprête à célébrer cet acte par lequel le seigneur de Bergerac Renaud de Pons a octroyer l’apposition de la marque à feu (une patte de griffon) sur les fûts de vins de Bergerac…

Le château Court les Mûts à Razac-de-Saussignac © JPS

Nous commençons ce Côté Châteaux en plein travaux dans la vigne du châteaux Court-les-Mûts à Razac de Saussignac avec Yohan qui réalise pas mal de travaux de remise en état de la vigne à travers « la taille, le tirage des bois, le carrassonnage et le pliage… » Et au beau milieu des vignes, une forêt de fleurs jaunes nous interpelle avec « la ravanelle cousin du navet, « ca peut se manger en soupe, et les feuilles en salade… »

Dans son chai nous attend, Pierre Jean Sadoux, vigneron depuis 1971, issu d’une longue tradition, il nous fait découvrir une photo de 1919 avec son grand-père qui était compagnon tonnelier et une autre « des vendangeurs de 1891 avec une équipe de 70 personnes,… des dames qui coupaient le raisins et aussi 2 gamins qui avient une douzaine d’années et qui pouvaient travailler un petit peu. »

Et de revenir sur la marque à feu : « c’était tout simplement pour contrôler la qualité des vins et être sûr de leur authenticité et leur permettre par la suite de partir par le port de Bergerac, bref cela prouvait que c’était des vins de bonne qualité, qui étaient « loyal » et « marchand »…

Pierre-Jean Sadoux, vigneron depuis 1971, au château Court les Mûts © JPS

Et de découvrir les vins le trésor de Pierre-Jean Sadoux, ses vins élevés en barriques « au dernier salon que nous avons fait, on a eu des gens qui nous ont dit, on a dégusté une bouteille à vous qui avait 12 ans, 15 ans, ils nous font quelques compliments et cela sert à continuer le métier… » Et de déguster un de ses blancs secs fermenté et élevé en barrique durant 9 mois…

Et de rappeler la consécration des vins de Bergerac avec la création des AOC à partir de 1936... » mais on peut remonter aussi aux années 1300 et à 1254 où le roi d’Angleterre avait donné des privilèges aux vignerons de Bergerac, et après avec le Consulat de la Vinée qui était le conseil d’administration de Bergerac et c’est ces gens là qui décidaient de la commercialisation, de l’avenir et du bon cheminement des affaires des vignerons de Bergerac… Bergerac a eu ses heures de gloire et on se sert de son passé pour aller vers l’avenir, Bergerac a des atouts importants avec nos sols, terroirs et vignerons… »

Et même si le terroir peut donner de bons vins, les quantités ne sont pas toujours là comme en 2021 :  » ah oui, ça c’est le métier de vigneron, toujours sur le fil du rasoir, notre propriété est réputée non gélive et là elle a gelé non seulement en 2017 mais elle a regelé en 2021… » En 2021, justement on a produit en Bergerac et Duras seulement 425400 hectolitres, alors qu’habituellement on dépasse les 500 000… »

Francis Borderie, au pied du château de Monbazillac © JPS

L’histoire du Consulat et notre périple se poursuivent à Monbazillac, à la rencontre de Francis Borderie, 3e génération de vigneron au château Poulvère, une dépendance du château de Monbazillac remontant au XVIe siècle… A partir de cette époque là le territoire de la Vinée s’est étendue au sud de la Dordogne…

Il y a eu à cette époque une forte commercialisation des vins de Monbazillac avec la Hollande et notamment de ce château qui a l’époque s’appelait Poulvère Rose Boissière… « A Monbazillac et Bergerac, il y avait beaucoup de protestants à cette époque là, ils sont partis en Hollande  au moment de l’Edit de Nantes et avec eux ils sont partis avec le vin de Monbazillac car ils adoraient les vins blancs doux et il y avait un commerce florissant….Et d’ailleurs il y a eu un bateau l’Amsterdamer  qui avait coulé au sud de l’Angleterre qui avait coulé avec toute sa production de Monbazillac, et cela j’en garde un souvenir incroyable car on est allé à Amsterdam en 1989, et on a découvert ces bouteilles un peu bizarres de 1747 et on l’a dégusté et c’était top… »

Francis consacre la moitié de ses 107 hectares de vignes à produire ces vins liquoreux… « On n’a pas à se plaindre à Monbazillac car tous les clients nous trouvent nos vins très fruités, pas trop sirupeux, avec un bon équilibre… »

Ce Côté Châteaux se poursuit bien sûr en bord de Dordogne à la rencontre de 3 consuls en habits et aussi avec le témoignage au cloître des Récollets de Yan Laborie, historien… « La culture de la vigne à Bergerac comme dans toute la vallée de la Gascogne est quasiment bi-millénaire, mais le vignoble de Bergerac n’a pris sa réalité commerciale, dépassant le stade de l’approvisionnement local pour devenir un vignoble exportateur, à partir du bas moyen-âge et jusqu’en 1320-1330… »

Yan Laborie, historien de Bergerac revient sur l’histoire des Consuls de la Vinée © JPS

« En moins d’un siècle les bourgeois de la ville vont s’emparer de la maitrise de la culture de la vigne et de l’écoulement des fruits qu’elle donnait… Et naturellement l’ouverture vers l’Angleterre a été le premier marché des vins de Bergerac… Dans l’espace gascon, Bergerac se singularise dès cette époque en possédant une capacité d’écouler librement vers la mer sa production, en échappant au protectionnisme qu’essaie de mettre en place Bordeaux très tôt. Et l’outil majeur de cette liberté  bergeracoise a été d’acquérir la libre descente en toute saison des vins par la rivière Dordogne… »

Anthony Castaing, du château Grange Neuve à Pomport © JPS

Et de rencontrer Anthony Castaing à Pomport qui incarne la nouvelle génération, avec son château Grange Neuve, mais qui déjà est membre du Consulat de la Vinée :  « ca en jette, cela fait un grade, même si le titre n’est qu’honorifique, c’est une reconnaissance de la profession, une petite fierté de participer à la promotion des vins de Bergerac à travers cette confrérie… »

L’équipe de tournage JPS avec Alexandre Berne, entourée des Consuls et de Yan Laborie © Marie-Pierre Tamagnon

Comment se projette t on dans l’avenir « d’un côté positif car c’est une passion, mais avec le réchauffement climatique, avec de nombreux défis à faire face à l’avenir, avec le gel, le mildiou… » « La pate de griffon… On va continuer à faire perdurer cette tradition de Bergerac, mais le vin va encore évoluer par rapport aux défis climatiques, on voit bien qu’on a déjà des taux de sucres qui montent dans les vins, il va falloir s’y adapter, on doit faire avec moins de chimie… L’environnement c’est le défi d’aujourd’hui, il y a plein de vignerons qui sont en HVE, d’autres comme moi sont en conversion bio, et d’autres le sont déjà depuis quelques années… » Voilà donc une histoire et une transmission séculaire qui perdure et se transmet en Bergerac, grâce à ces vignerons et au Consulat de la Vinée…

Regardez le n°29 de Côté Châteaux réalisé par Jean-Pierre Stahl et Alexandre Berne :

08 Mar

Journée du 8 mars : portrait croisé de 2 vigneronnes bordelaises Lucie Mançais et Julie Mercier

 Portrait croisé de deux vigneronnes à l’occasion de la journée du 8 mars consacrée aux droits des femmes. Lucie Mançais du château Bois de la Gravette à Moulis et de Julie Mercier de la Grande Clotte à Lussac incarnent ces nouvelles générations de femmes impliquées dans la filière vin à Bordeaux, elles sont sur le pont tout au long de l’année et pas seulement une journée.

Lucie Mançais du château Bois de la Gravette © JPS

A seulement 24 ans, Lucie Mançais est l’une des plus jeunes vigneronnes du Médoc. Elle s’est installée en 2020 au château Bois de la Gravette grâce à un bac pro viticulture-oenologie. « A la base j’étais partie pour faire prof de sports et puis j’ai arrêtée, mes grand-parents avaient des vignes, je voulais travailler dehors, être libre, être mon propre patron, et faire du tracteur j’adore… » commente Lucie Mançais.

Confrontée au gel et au mildiou l’an dernier, Lucie qui travaille seule ses 4 hectares de vigne n’a pas peur de ce dur labeur dont on disait autrefois que c’était un métier d’homme. « Regardez, je suis là moi, j’y arrive… Ce n’est pas que c’est très rude physiquement car déjà on est bien équipé avec les sécateurs électriques, mais heureusement par moment j’ai mon papa qui vient m’aider car faire tout toute seule, c’est chaud, c’est compliqué… »

Un domaine hérité de sa mère, une passion familiale venu de ses grand-parents… Dans ce Médoc, elle a trouvé ses marques en viticulture bio et en réalisant ses propres cuvées originales… « Le fait d’être une fille, cela aide, cela pousse à la curiosité, donc cela je pense que c’est un atout dans une installation… Je sors des sentiers battus, je fais des choses qui m’amusent  avec des noms rigolos, des couleurs vives, il faut que cela pète…Je fais exactement ce que j’ai envie… »

Julie Mercier avec son mari Mathieu au château la Grande Clotte à Lussac © JPS

En Lussac Saint-Emilion, Julie Mercier, 33 ans, est ingénieure oenologue, tout comme son mari. En 2016, ils ont racheté la Grande Clotte (après un projet mené avec la Safer) et restauré le domaine. « Nous en tant qu’ingénieurs oenologues, quand on a vu cela on a dit : c’est bingo, car on a tous les batiments pour trouver une maison pour nous, pour développer l’oenotourisme, et en même temps on a un outil de production de fou qui va nous permettre sur un super terroir de faire des très très bosn vins. »

Julie et Monique sa remplaçante dans les vignes du château la Grande Clotte © JPS

Vigneronne et femme enceinte, elle se fait aider par Monique, durant 16 semaines….« j’ai le droit à une remplaçante, Monique, qui est là pour m’aider pour me remplacer quand je ne peux pas aller dans les vignes, et donc cela aide énormément et soulage énormément la charge mentale… »

Touche féminine supplémentaire, ses 2 chambres d’hôtes qu’elle a voulu créer à son image pour favoriser l’oenotourisme, elle a d’ailleurs reçu un prix à l’automne dernier un Best Of Wine Tourism : « le but c’est de vraiment faire rester les gens sur la propriété, pour vraiment que les gens comprennent notre passion, la partagent avec nous…Et repartent avec une idée de ce qui est le métier de vigneron… »

Mathieu et Julie Mercier dans leur partie dégustation © JPS

Une propriété viticole menée de concert tant au niveau production que commercialisation par le vigneron et la vigneronne : « on est hyper complémentaire, Mathieu est plutôt chai, moi plutôt vigne, mais sinon on est vraiment interchangeables…. »

Julie et Mathieu produisent 50 000 bouteilles à l’année et voient leur développement oenotouristique en plein essor…

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Pascal Lécuyer et Emilie Jeannot :