13 Juin

Un violent orage de grêle s’est abattu sur le vignoble de Buzet

C’est un épisode dramatique de plus qui vient frapper cette fois le vignoble de Buzet, cette AOC du Lot-et-Garonne, créée en 1973. Un orage de grêle très violent puisqu’il aurait endommagé plus d’un tiers du vignoble de Buzet.

Les dégâts constatés aujourd’hui par ©Vincent Leyre à Mongaillard

2020, une année terrible. Les orages de grêle n’en finissent plus. Après avoir touché de nombreux vignobles le 17 avril en Gironde et en Dordogne, après 3 épisodes survenus depuis début juin, les 1er, 4 et 9 juin sur des endroits localisés de Gironde, voici hier un orage de grêle très violent qui s’est abattu sur le vignoble de Buzet. Vincent Leyre, président du Conseil de Surveillance des Vignerons de Buzet témoigne pour Côté Châteaux.

Jean-Pierre Stahl : « Salut Vincent, comment ça va, j’imagine…comment s’est passé cet orage de grêle d’hier ? »

Vincent Leyre : « De la grêle, un orage de grêle qui n’était pas prévu, cela s’est passé hier soir vers 20h30 – 20h45, il y a eu 10 minutes de grêle intense, de la grêle pas énorme, entre 0,5 et 1 centimètre de diamètre. A priori, le dispositif de lutte contre la grêle n’a pas été mis en route. »

Il y a eu beaucoup de grêle, comme s’il avait neigé, rendant les champs tout blancs, avec beaucoup beaucoup de vent et un effet mécanique très fort », Vincent Leyre

C’était un orage violent, localisé avec des vents tempétueux, mais ce n’était pas une tornade dans le sens où il n’y a pas eu de dégâts sur les toitures qui se seraient envolées.

JPS : « Quels sont les dégâts, Vincent ? »

Vincent Leyre : « Cela a pris la zone où il y a le plus de vigne. L’appellation est vaste, 2000 hectares, mais l’épicentre a pris là où il y avait le plus de vigne : sur Mongaillard, Vianne, Buzet, Xaintrailles…Là où la densité de vigne est la plus forte ».

On a 300 hectares touchés sérieusement à plus de 70% et après de 500 à 700 hectares touchés entre 20 et 50%. C’est pénalisant pour l’appellation. 

A titre personnel, j’ai des parcelles, 15 hectares, touchées entre 70 et 100%. Il n’ y a plus de feuilles, il n’y a plus que les fils de fer, il n’y a plus rien. C’est le métier, il faut se raccrocher à cela. C’est déjà arrivé et cela arrivera encore.

C’est rageant, c’est une super récolte qui s’annonçait, précoce, on n’avait pas de maladie, pas de mildiou, cela a un côté très frustrant.

Sur de nombreux bois, il ne reste ni feuille, ni grappe ici à Mongaillard © Vincent Leyre

« En tout le vignoble fait 2000 hectares, je pense que 1000 hectares n’ont pas été touchés, après 300 l’ont été fortement et entre 500 et 700 plus ou moins. On va voir comment cela évolue. Si le temps est pourri, ce sera difficile, s’il refait beau on fera quand même quelque chose. C’est dur à dire pour le moment. Il y aura un impact quantitatif, ça c’est sûr, qualitatif c’est trop tôt. »

JPS : « Est-ce que votre vignoble de Gueyze emblématique et le vignoble expérimental ont été touchés ? »

Vincent Leyre : « Le vignoble de Gueyze a été impacté à 30%, celui qui produit le château de Gueyze et le vignoble expérimental aussi touché, ce sont des vignes en formation, plus tendres. Il fait sec les blessures vont noircir, cicatriser, cela va être très moche. Dès lundi avec les techniciens, on fera le tour pour expertise de manière plus précise. »

« Quand ça t’arrives, tu te dis : « je suis raclé », mais tout compte fait cela fera peut-être une demi-récolte…En tout cas, cela ne fait pas plaisir. »

Regardez le reportage de mes confères J.Sousa BP Morin et C.Rabréaud  

JPS : « Vincent, avec la crise du coronavirus, est-ce que Buzet avait  fortement été touché par les problèmes de commercialisation ? »

Vincent Leyre : « Avec le covid-19, on a été impacté surtout au mois de mars, au début du confinement. En avril, on était en retrait, mais cela n’a été que passager, car en mai on a fait comme l’année dernière. On n’a pas été dans la mouise comme certains…Au niveau de la cave, on commercialise, on a du stock et on va quand même faire une récolte, il faut être non pas optimiste mais réaliste. Il n’y aura pas zéro récolte de Buzet cette année, il ne faut pas tomber dans la psychose. C’est vrai qu’on s’en était bien sorti par rapport au covid et aux maladies de la vigne, cela se présentait trop bien… »

Bon courage à tous les vignerons de Buzet face à ce nouvel épisode climatique.

Pour mieux faire connaissance avec les vignerons de Buzet, regardez ce numéro spécial Côté Châteaux Buzet tourné en mai 2019 par Jean-Pierre Stahl et Sébastien Delalot pour France 3 NOA :