Si la semaine des primeurs n’a pas pu se tenir fin mars, début avril, l’Union des Grands Crus de Bordeaux a réussi a monter un format plus intimiste, sur invitation, pour permettre aux prescripteurs, courtiers et négociants, mais aussi aux journalistes et critiques français, de venir déguster sans la présence du vigneron, le nouveau millésime 2019. Un millésime de bonne facture dont les premières sorties montrent une baisse de prix de l’ordre de 25 à 30%.
C’est une dégustation particulière, un format adapté, contexte oblige. L’Union des Grands Crus de Bordeaux a choisi le Grand Hôtel Intercontinental comme écrin de cette dégustation les jeudi 4 et vendredi 5 juin, traditionnellement celle-ci se déroulait au Hangar 14 et dans les châteaux du bordelais fin mars-début avril lors de la traditionnelle semaine des primeurs où 5000 personnes participaient.
Avec la crise du coronavirus, l’Union a su s’adapter et prendre d’énormes précautions: une dégustation sur invitation uniquement, un parcours très encadré avec du gel hydro alcoolique à l’entrée de chaque salle, pas plus de 8 personnes dans chaque salon avec 2 ou 3 serveurs de chez Monblanc, enfin des verres et gobelets individuel pour recracher…
« Tout est bien géré, on est très peu nombreux, ce sont des conditions quand même agréables : d’habitude on est 350 ou 400 dans la même pièce, on perd un peu de temps à attendre, à se croiser, à discuter entre nous, là au moins on est très concentré sur la dégustation, cela va être bien, » commente Hugo Boivin responsable export chez « les Vins Fins Anthony Barton »;
On a 7 sessions qui se déroulent en même temps, dans 7 salles différentes, ce qui fait qu’on reçoit en 2 jours 450 personnes sélectionnées, issues du courtage et du négoce de la place de Bordeaux », Ronan Laborde président de l’UGCB.
Seuls courtiers, négociants, journalistes et critiques sont présents pour apprécier le millésime 2019. Il y avait tout de même une grosse attente… Dans l’ensemble tout le monde le trouve de bonne facture, parfois hétérogène, parmi les 140 crus dégustés.
« C’est hétérogène, c’est à dire qu’il y a des belles choses et des moins belles choses… », selon Jean-Marc Quarin, critique en vins, et qui organise chaque année à Paris le Salon des Outsiders. « Ce qui est intéressant c’est qu’il y a un style dans les vins cette année qui est un peu du jamais vu, un style très avenant, presque bourguignon, tout en arômes, on ne force pas sur le corps, il n’y a pas beaucoup de tanins, c’est peut-être parce qu’il y a eu beaucoup de raisins sur les pieds de vignes, mais c’est assez original pour Bordeaux. »
La crise économique déjà présente avant la crise sanitaire avec les taxes Trump sur les vins aux Etats-Unis et la mévente en Chine fait que les premiers prix sortis cette semaine sont en baisse de 25 à 30% en moyenne.
Aujourd’hui il n’y a pas eu beaucoup, beaucoup de sorties, malheureusement même si le prix semble à peu près correct, le marché n’est pas au rendez-vous et je pense que la campagne va se faire sur un nombre très restreint de crus, avec un nombre très restreint de clients, donc un nombre très restreint d’acteurs » Sarah Vital responsables achats grands crus Maison Ginestet.
Aussi pour redonner envie d’acheter, l’Union des Grands Crus va organiser 7 dégustations dans 7 grandes places mondiales habituées à acheter du vin, pour relancer les marchés, à commencer par Paris les 23 et 24 juin au salon Hoche.
Regardez ce reportage réalisé par Jean-Pierre Stahl, Guillaume Decaix et Christophe Varone :