17 Nov

Pour le parrain de Bordeaux SO Good, Pierre Gagnaire: « Il n’y a pas de grandes tables, il n’y en a pas de petites, il y a des bonnes tables ! »

Pierre Gagnaire succède à Michel Guérard comme parrain de la 4e édition de Bordeaux SO Good. Il livre ses impressions sur l’importance de cet événement. Il est l’invité de Parole d’Expert dans le blog Côté Châteaux.

IMG_2197Jean-Pierre Stahl : « Pierre Gagnaire, vous succèdez à Michel Guérard en tant que parrain de Bordeaux SO Good, qu’est-ce que cela vous fait ? »

Pierre Gagnaire : « D’abord cette anecdote : Michel Guérard, il y a 35 ans (lui ne se souvient pas, moi très bien), c’était à la grande époque de Gault et Millau au salon Baltard à Paris, il y avait une grande fête un peu comme aujourd’hui et on était une quinzaine de cuisiniers à faire des démonstrations et à faire déguster nos produits. Moi j’étais à côté de Michel et je me souviens il y avait une queue immense devant son stand et moi j’avais deux personnes qui se battaient en duel, il y a 40 ans ».

« Mais Michel c’est pour moi un immense Monsieur, pour nous tous, pour notre profession, et il y a 40 ans il était déjà une star. Il est toujours là et il continue à créer et à donner du bonheur, donc c’est vraiment un grand privilège de succéder à cet homme.« 

JPS : « Bordeaux SO Good, c’est le festival de la gastronomie, c’est important pour tout le monde ? »

Pierre Gagnaire : » Oui, c’est important parce qu’on y parle de gastronomie, de bons produits. Les produits représentent une région, des savoir-faires la preuve evc l’Ecole Ferrandi derrière moi; on parle de bon, de beauté, de douceur, on parle d’artisans et d’agriculteurs et ça ne peut qu’être très positif tout cela. »

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JPS : « On voit que c’est gastronomie, c’est vraiment fédérateur cela touche tous les âges… »

Pierre Gagnaire : « Oui la cuisine est devenue un phénomène social qui me sidère. Et c’est vrai que ce qui semblait normal pour des gens de ma génération comme une bonne tomate, un bon magret de canard ou un bon foie gras, aujourd’hui malheureusement ce n’est plus la normalité. Ce qui était normal il y a 20 ou 30 ans devient exceptionnel donc on en parle, on le défend, on a peur de le perdre d’où l’intérêt d’événements comme celui-là. »

JPS : « Ici, il y a la Grande Halle Goumande, mais on a aussi retrouver la Nuit des Banquets, qu’est-ce que cela représente pour vous cette Nuit des Banquets ? »

Pierre Gagnaire : « C’est un peu comme la Nuit des Musées ou la Nuit du Patrimoine, seulement ça se mange, ça se partage. ce sont des éclats de rire, du bon vin, de la convivialité. La table elle fédère, elle est un formidable lieu de rencontres. C’est la fête ».

JPS : « La table ou la bonne cuisine que vous exercez, elle passe par des bons produits qui peuvent être démocratisés mais les gens peuvent être éduquez, incités à venir à des grandes tables…? »

Pierre Gagnaire : « Il n’y a pas de grande table, il n’y en en a pas de petites, il y a des bonnes tables ! De bonnes tables où l’on a plaisir à s’assoir et en fonction de ce qui est servi, comme la civelle, banal il y a 30 ans c’est un produit de roi aujourd’hui. Ca donne envie aux gens dans tous les cas d’aller dans de bons restaurants, dans des lieux de qualité. Mais un restaurant ça peut être un pot-au-feu, un plat très convivial aussi, pas forcément ce que je défend moi, une forme d’excellence qui est à travers un geste, plus à travers un produit. »

Regardez l’interview de Pierre Gagnaire réalisée par Jean-Pierre Stahl et Christèle Arfel :