19 Août

L’Apocalypse de Saint-Jean dans le cloître de la Collégiale de Saint-Emilion : la « révélation » de l’Abbé Emeric de Rozières et de François Peltier

« Apocalypse signifie révélation » nous confie l’Abbé Emeric de Rozières. On peut dire aussi en jouant sur les mots que l’Abbé, curé de la paroisse de Saint-Emilion, a eu cette vision de laisser une trace sur ces murs nus du cloître. C’est alors qu’est né ce projet de peindre une fresque de 40 mètres de long sur le mur qui mène de l’église collégiale à l’office du tourisme de Saint-Emilion, la cité millénaire. 

François Peltier, l'artiste peintre, et l'abbé Emeric de Rozières devant la frsque de l'Apocalypse © Jean-Pierre Stahl

François Peltier, l’artiste peintre, et l’abbé Emeric de Rozières devant la fresque de l’Apocalypse © Jean-Pierre Stahl

« Oui, j’ai eu une vision, lorsque je me suis rendu à Bias (dans le Lot-et-Garonne) pour aller visiter le travail de François Peltier (artiste peintre)…En entrant dans cette église , j’ai vraiment été subjugué. En arrivant à Bias, j’ai découvert un artiste, ce qui m’intéressait aussi un artiste inconnu et un artiste qui exprime par son travail la foi de manière lisible. Un artiste qui a du génie, il faut le faire travailler. Avec un travail lié à la parole de Dieu, une parole qui n’est pas suffisamment lue, l’apolcalypse. L’Eglise a souvent été mécène et j’ai été passionné par ola vie de Michel Ange… »

L'Apocalypse de Saint-Jean interprétée en images par François Peltier © JPS

L’Apocalypse de Saint-Jean interprétée en images par François Peltier © JPS

Et le curé de la paroisse de préciser : »l’apocalypse, c’est un texte qui donne beaucoup d’espérance. La lecture de l’Apocalyse a été dure pour bon nombre de générations mais de la mettre en images, ça rend un texte ardu accessible. »

L'Abbé Emeric de Rozières relisant le texte de l'Apocalypse selon Saint-Jean © JPS

L’Abbé Emeric de Rozières relisant le texte de l’Apocalypse selon Saint-Jean © JPS

François Peltier abonde dans le même sens, cet artiste peintre a d’ailleurs laissé une oeuvre très colorée dans l’Eglise de Bias, comme au temps des cathédrales où les entrées des églises et les statues étaient en polychromies:  « il faut que j’apprivoise le texte et que je le transforme en images…et c’est aussi l’intéret de ce travail, ce travail que je fais avec Mr l’Abbé de Rozières: nous nous apportons mutuellement des choses, moi je vois des choses je les dessine et il me dit oui mais faites attention et s’élabore à deux ce travail. »

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Les touristes qui passent nombreux en ce moment dans le cloître sont interpellés par cette exposition voire subjugués: « je trouve ça magnifique, l’interprétation des textes ça donne une autre dimension, ça illustre ce qui est dit dans les chapitres ».

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Ce travail de l »Apocalypse » temporaire sur panneaux de bois le long du mur du cloître a été évalué à 150 000 €. Suivra la deuxième étape de réalisation en création murale et pérenne pour 300 000 €; au total 450 000 € dont 40 000 € en communication et 70 000 € en recherche de fonds, ce qui fait tiquer certains Saint-Emilionnais catholiques et amateurs d’art contemporain également comme François de Ligneris, par ailleurs voisin du Cloître de la Collégiale avec son bar à vins-restaurant l’Envers du Décor:

Francois des Ligneris, grand amateur d'art contemporaine, et voisin du Cloître puisque son restaurant donne juste derrière © JPS

Francois des Ligneris, grand amateur d’art contemporain, et voisin du Cloître puisque son restaurant donne juste derrière © JPS

« J’ai une passion très forte pour les artistes contemporains dans les lieux religieux … J’ai découvert des choses sidérentes en termes de budget, je suis très perplexe: pourquoi dans ces conditions, on ne choisit pas autour d’une table et pour des budgets pareils les artistes les plus grands de notre époque. Je vois ce qui se pratique dans les plus grands salons, à la Fiac, vraiment dans ces conditions financières qui nous sont proposées, on aurait pu contacter des artistes de renommée mondiale, français mais d’autres pays aussi, c’est tout à fait possible d’aller au-delà que ses propres connaisances sur le plan local. »

Bernard Lauret, le maire de Saint-Emilion n'est pas contre cette oeuvre...mais sur des panneaux © JPS

Bernard Lauret, le maire de Saint-Emilion n’est pas contre cette oeuvre…mais sur des panneaux © JPS

Quant au financement et aux autorisations, pas question pour la municipalité de mettre la main à la poche, le maire Bernard Lauret précise : « tout d’abord pas par la collectivité, puisque c’est un projet qui est porté par l’association paroissiale et son curé donc par conséquent, la collectivité n’est pas et ne sera pas sollicitée. C’est vrai que c’est la collectivité qui en est propriétaire, ce cloître est classé au niveau des monuments historiques … même si la collectivité donne son feu vert, il faut l’accord de la conservation régionale des monuments historiques; pour l’instant, une lettre a été envoyée à l’abbé et au maire pour dire que la conservation n’était pas d’accord à ce que cette fresque soit intégrée dans la paroi du cloître. Le conseil municipal ne s’est pas prononcé, on doit réfléchir sur ce sujet, l’ancrer définitivement non, mais sur des panneaux qui pourront être démontés pourquoi pas. »

La fresque temporaire a pris place dans le cloître de la collégiale au pied de la célèbre flèche de Saint-Emilion © JPS

La fresque temporaire a pris place dans le cloître de la collégiale au pied de la célèbre flèche de Saint-Emilion © JPS

Et l’Abbé de Rozières de commenter le budget global qui va s’élever à 450 000 € : »Il est faramineux oui, en soit, mais vu le travail demandé à l’artiste, la pérennité qui est appelée à porter l’oeuvre dans les siècles, je crois que c’est tout-à-fait justifié ».

Des plumes en bois peintes par l'artiste pour financer la fresque, exposées sur les différents hôtels de l'église © JPS

Des plumes en bois peintes par l’artiste pour financer la fresque, exposées sur les différents hôtels de l’église © JPS

Pour financer cette oeuvre, l’abbé compte sur les dons de particuliers et sur des châteaux viticoles. Les mécènes peuvent verser des dons auprès des amis de la collégiale. Pour 100€, le nom du mécène sera mentionné lors de l’exposition, pour 500€ il recevra un duvet d’ange (une petite plume de l’artiste peinte sur bois et numérotée) et il y a ces plumes d’archange (1000€ et plus), plumes de chérubin (5000€) et plumes de séraphin (au delà de 10000€) peintes sur des douelles de barriques de différentes tailles pour les plus gros mécènes. Des plumes que l’abbé a choisi d’exposer au coeur de l’église, ce qui lui fait dire: « le projet se fera si Dieu le veut, s’il ne le veut pas il ne se fera pas… »

Pour en savoir plus sur le credofunding concernant l’Apolcalypse

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Jean-Michel Litvine et Eric Delwarde