Rauzan tient bon, malgré deux crises successives de déconsommation et d’inflation dues au covid et à la guerre Russie-Ukraine. Certains coopérateurs ont du mal à s’en sortir à l’image de petits vignerons du bordelais, quant à la cave elle essaie de gérer au mieux et de rester à l’équilibre.
Vignerons coopérateurs de la cave de Rauzan, Séverine et Marc Ladurelle exploitent 22 hectares de vigne à Mérignas dans l’Entre-deux-Mers. Ils subissent la crise de plein fouet du fait de la baisse de consommation de vin et des aléas climatiques ces dernières années. Depuis 4 mois, ils ne se versent plus de salaire.
« Nous ici sur le terrain, c’est clairement un enfer, et ce depuis des années. Au quotidien, ce sont des relances permanentes de fournisseurs qu’on n’arrive plus à payer, assez vite en tout cas… Ce que j’attends aujourd’hui clairement, c’est la prime à l’arrachage. On ne peut plus attendre, il y a urgence, clairement il y a urgence. »
A la cave de Rauzan-Grangeneuve, en 2020 la première crise sanitaire due au covid a été durement ressentie avec une baisse des ventes de 15% notamment en restauration mais aussi avec des difficultés à l’export. Après une légère reprise de 6% en 2021, la guerre en Ukraine et l’inflation ont impacté à nouveau les 315 adhérents de la cave dès le mois de mars 2022.
Nous subissons la crise par rapport à une baisse du prix du vrac et par rapport à la trésorerie qui rentre moins vite car le négociant retire les vins de manière plus allongée que d’habitude » Denis Baro président de la cave de Rauzan
« C’est sûr que les adhérents ont souffert, les intrants et le gazole ont nettement augmenté et l’effet ciseau est nettement là. »
D’habitude Rauzan commercialise 200 000 hectolitre, l’équivalent de 27 millions de bouteilles ; depuis 2019, la cave coopérative avait encore acquis 500 hectares de vigne supplémentaire (3950 hectares au total) mais le conflit Russie-Ukraine a ralenti les ventes en 2022.
« On a eu un gros coup d’arrêt des exportations vers la Russie; nous à la cave de Rauzan, c’est notre 3e marché à l’export et quand on perd son 3e marché, ce n’est pas neutre, ensuite est arrivée la perte du pouvoir d’achat », commente Philippe Hébrard directeur de la cave de Rauzan.
« Les performances de la grande distribution sont plutôt en berne et le vin en particulier car ce n’est pas un produit de première nécessité. Mais le conflit poutinien a eu également une grosse conséquence sur l’inflation. Par exemple, si je prends une bouteille de vin, le verre a pris 50% de hausse entre janvier 2021 et janvier 2023 ».
Rauzan est l’une des coopératives qui s’en sort le mieux; faisant preuve d’imagination avec des étiquettes de mascottes (Gigi une grue cendrée en sauvignon blanc par exemple) qui rappellent des animaux avec le reversement aussi d’1% à la Ligue de Protection des Oiseaux. Rauzan a renoué avec une hausse de ses ventes + 6%, ce depuis septembre 2022, sur les 6 derniers mois donc, ce qui augure un meilleur horizon.
Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Ludovic Cagnato et J Ohndoe :
Pour la 3e réunion de la cellule de crise ou opérationnelle, le Préfet Etienne Guyot a confirmé les annonces faites par le Ministre de l’Agriculture, la Région et le CIVB. Les premiers arrachages auront lieu en 2023 et les premiers versements aux viticulteurs concernés en 2024.
Voici le communiqué reçu de la Préfecture de la Gironde :
« Troisième réunion de la cellule opérationnelle viticulture en Gironde:Mise en œuvre des mesures nouvelles.
« Étienne GUYOT, préfet de la région Nouvelle-Aquitaine, préfet de la Gironde, a réuni ce mercredi 15 mars, la cellule opérationnelle viticulture installée en décembre 2022 visant à accompagner les opérateurs de la filière vers une sortie de crise. Participaient à cette rencontre, la chambre régionale d’agriculture, les organisations syndicales et les organismes représentant la filière (CIVB, FGVB, FDSEA33, ODG de Bordeaux, Collectif viti 33, Vignerons indépendants) ainsi que les services de l’État, la MSA, le Conseil régional et le Conseil départemental de Gironde. Les récentes annonces du ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire, lors du salon del’agriculture, concernant le vignoble de Bordeaux ont été rappelés par le préfet. Ainsi, l’accord pour le plan d’arrachage sanitaire sur le vignoble de Gironde avec une stratégie de dé-densification du vignoble bordelais portée par des financements publics et interprofessionnels a-t-il été détaillé.
L’État mobilise dans l’immédiat à hauteur de 30 M€. La Région Nouvelle-Aquitaine, elle, prévoit 10 M€ sur 2 ou 3 ans sur le volet «diversification». Le Conseil Interprofessionnel des Vins de Bordeaux (CIVB) prévoit une enveloppe de 19 M€.Chaque hectare arraché pourra bénéficier de 6 000€.
La cellule d’accompagnement des agriculteurs en difficulté a été présentée. Créée par les services de l’État, la chambre d’agriculture de Gironde en assure le secrétariat et l’animation. L’objectif de cette cellule est d’orienter les viticulteurs vers les meilleurs dispositifs d’accompagnement en fonction des situations de chacun.
Le numéro dédié à l’accompagnement des agriculteurs en difficulté : 0 800 620 069
Le calendrier prévisionnel du plan d’arrachage sanitaire a ensuite été présenté avec un objectif des premiers arrachages en octobre 2023 et des premiers versements aux viticulteurs pour le début d’année 2024.
Une task force se réunira dès mardi prochain au niveau régional. Elle pourra étudier notamment les aménagements possibles de ce calendrier. Enfin, la Région Nouvelle-Aquitaine a rappelé la récente mise en place du dispositif d’aide régionale à la réorientation des exploitations viticoles, qui vient compléter l’intervention de l’État et du CIVB.
Étienne GUYOT, a salué les avancées et a insisté sur l’importance de s’engager collectivement dans cette campagne dont l’enjeu est de restructurer le vignoble et de redynamiser l’image des vins de Bordeaux. Les services de l’État sont et resteront pleinement mobilisés aux côtés des opérateurs de la filière, pour la bonne mise en œuvre de l’ensemble des outils évoqués. «Il est indispensable que chaque viticulteur concerné soit contacté et bénéficie du dispositif» conclue Étienne GUYOT »
La réaction de Didier Cousiney, porte-parole du collectif viti 33 :
« On remercie le Préfet de continuer à mobiliser la cellule de crise, dans la droite ligne de la Préfète Buccio.
Pour nous le collectif, nous ne sommes pas satisfaits des mesures annoncées par le Ministre de l’Agriculture, prônées par Bernard Farges, vice-président du CIVB, qui défendait un arrachage de 10 000 hectares à 6000 euros l’hectare, alors que nous avons toujours demandé 15000 hectares minimum à 10000 euros l’hectare arraché, primé.
Au lieu que ce soit fait dans l’urgence, rien ne sera fait avant octobre 2023 pour les premiers arrachages et 2024 pour les versements.
Pour nous la crise s’amplifie de jour en jour, tous les jours, et même pour de grosses exploitations qui ont plusieurs centaines d’hectares, un viticulteur m’a dit qu’il voulait arracher 100 hectares de vigne.
On fait une réunion le 3 avril où on invite la filière pour venir discuter et expliquer ces mesures. »
Retour en 10 images sur le salon de Bordeaux qui a retrouvé sa vitesse de croisière digne des années d’avant la crise sanitaire avec 27000 personnes attendues sur ces 3 jours (20% de mieux que l’an dernier), pour déguster la diversité des terroirs français avec 300 vignerons présents, selon le président des Vignerons Indépendants de Gironde Régis Falxa.
Ce vendredi 10 et jusqu’à dimanche 12 mars se déroule à Bordeaux Lac, le salon printanier des vins des Vignerons Indépendants. Depuis près de 25 ans, les Vignerons Indépendants donnent rendez-vous aux bordelais. Avec plus de 300 vignerons présents – dont plus de 50 issus de la région bordelaise – le salon amène ici l’ensemble des régions à ses visiteurs.
Cette année, plus de 60% des vignerons présents sont engagés dans une démarche environnementale.
Alors que le vignoble français n’affiche encore que 12% de bio au national, cette démarche s’élève à près de 50% chez les Vignerons Indépendants en faisant les champions du bio !
Un salon pensé pour les consommateurs
Ce salon est aussi l’occasion pour les amateurs de découvrir les vignerons dans des conditions optimales : légèrement excentré du centre-ville, il offre un accès plus facile pour le visiteur en voiture ou en tram, des parkings gratuits, de larges espaces de chargement dédiés.
L’initiation à la dégustation gratuite, le service livraison, tout est ainsi pensé pour le confort des amateurs.
Les vins proposés sont abordables pour chacun avec des cuvées démarrant dès 7€ !
Alors que la consommation du vin a chuté de 70% en 60 ans, la fréquentation des salons Vignerons Indépendants explose avec une hausse de fréquentation de 20% sur l’année 2022.
Si les Français boivent moins, ils boivent mieux.
Ils recherchent l’éthique et veulent aller à la rencontre de ceux qui font le vin et comprendre les enjeux de la vigne.
Salon des Vins des Vignerons Indépendants au Centre des Expositions de Bordeaux Lac
10 mars : 10h à 20h 11 mars : 10h à 19h 12 mars : 10h à 18h
Un événement exceptionnel à Bommes ce dimanche : venez partager un moment unique et privilégié avec l’un des plus grands artistes contemporains en orfèvrerie : Goudji dont les oeuvres seront présentées dans le chai à barrique avec une dégustation des vins du Château de Rayne Vigneau.
Les grands Sauternes du Château de Rayne Vigneau trouvent leurs origines dans une alchimie parfaite entre savoir-faire des hommes et terroir exceptionnel. Derrière chaque bouteille de notre 1er Grand cru classé en 1855 se cache une terre magique, parsemée de pierres fines.
Ce fut une évidence d’organiser cette rencontre entre Rayne Vigneau et Goudji ! Rayne Vigneau et Goudji symbolisent 2 univers différents mais
présentent de nombreuses similitudes dans leur démarche : la recherche de l’unique, de l’intemporel, du partage …
« Goudji est à mes yeux le plus grand orfèvre français de notre époque. Thomas Germain fut celui du XVIIIe siècle, Froment-Meurice celui du XIXe siècle, Puiforcat celui du XXe siècle et Goudji celui du XXIe siècle ». Daniel Alcouffe conservateur honoraire au Musée du Louvre
L’histoire de Goudji c’est l’Histoire de l’Europe dans la 2ème moitié du XXe siècle.
Né en Géorgie, province de l’URSS, en 1941, il apprend le travail des métaux et du bois, avant d’entrer aux Beaux-Arts de Tbilissi et de travailler à Moscou comme Designer. Marié à une Française, Katherine Barsacq, en 1974, il quitte l’URSS et « naît en France à l’âge de 33 ans ». Il peut enfin se consacrer au travail des métaux précieux, alors interdit en URSS. Son art est novateur sur tous les plans : sculpteur de formation, Goudji ne veut créer que des pièces uniques, sorties de ses propres mains, sans jamais utiliser de procédés permettant l’édition ou la reproduction de l’œuvre à l’identique. Orfèvre, il conjugue la technique de la dinanderie avec l’incrustation de pierres dures dans le métal, une innovation qu’il a élaborée seul.
C’est la Tournée des Vins de Bordeaux. Une opération menée durant 3 jours par des vignerons et négociants de Bordeaux, chapotée par le CIVB, pour reconquérir le consommateur et les parts de marchés avec à la clé des bons de réduction : 1,5 € pour l’achat de deux bouteilles de Bordeaux. Attendez-vous à les croiser dans les supermarchés, chez des cavistes ou dans des restaurants dans 560 villes en France.
« Vous avez de la chance car aujourd’hui c’est la tournée des vins de Bordeaux »…Durant 3 jours, vignerons et négociants de Bordeaux sont en tournée avec leurs vins, à la rencontre du consommateur avec des bons de réduction.
« Vous avez 1,5€ de remise pour l’achat de 2 bouteilles… » « Il faut des vins pour tous les jours, des vins pour recevoir, des vins quand on est seul, donc il y en a pour tous les prix et je pense que l’opération est intéressante… », commente Pascal Lambert client originaire de l’est de la France.
Avec la foire aux vins de printemps, les remises sont cumulables et donc attractives. L’objectif est de relancer la consommation de vins rouges qui a baissé en 10 ans de plus de 30%. « Le client a été convaincu, il a pris 6 cartons donc oui c’est une offre vraiment très intéressante… », commente Frédéric Pineau, conseiller en vin.
En grande distribution, 125 millions de bouteilles sont vendues à l’année. Il faut donc y être bien présent comme ici à Auchan Mériadeck (400 références de Bordeaux, 80% des rayons selon Pierre Deycard responsable) et faire découvrir de nouveaux goûts de Bordeaux.
On a à peu près 1400 points de vente aux quatre coins de la France qui vont accueillir des viticulteurs qui vont présenter leur vins… Le style a évolué, on a des vins de plaisir des vins de tous les jours, des vins de copains et ce sont des vins prêts à boire aujourd’hui, » Frédéric Louis-Maugeais de la Maison Bouey
Chez les cavistes, des dégustations sont assurées par des vignerons qui proposent pour l’apéritif des crémants et blancs secs tendances… « ca plaît beaucoup, voici une contre-étiquette en anamorphose sur un sauvignon blanc », commente Pierre Le Foll distributeur de vins
Il y a des parts de marché à prendre, la consommation des vins à bulles est en forte augmentation en France, donc la il y a des parts de marchés à prendre et Bordeaux peut tirer son épingle du jeu », Hubert Burnereau, vigneron de la cave coopérative Bordeaux Families.
A Bordeaux, les crémants aujourd’hui ont le vent en poupe, il s’en vend 10 millions de bouteilles à l’année.
Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Nicolas Pressigout et Sarah Colpaert :
Alexia Eymas est à l’honneur dans Côté Châteaux, à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes. Une vigneronne qui ne ménage pas sa peine tout au long de l’année pour produire et vendre le vin de son château Maison Neuve. Une propriété qui se transmet de mère en fille depuis son arrière-grand-mère. Nous sommes allés à sa rencontre à Saint-Palais et l’avons suivi aussi à Wine Paris. A voir ce midi et ce soir sur France 3 Aquitaine et sur France 3 NOA dans le magazine sur les femmes du vin et lés Alénor du Vin de Bordeaux.
A même pas 3 mois, ces 4 bébés Kune-Kune sont des travailleurs en herbe… En plus de devenir les mascottes du domaine, ils se montrent déjà très professionnels en matière de désherbage, une aide précieuse de la part de ces petits cochons herbivores.
« La on a Tire-Lire qui est au travail, et Ortie, Ginger et Presle. Cela fait 15 jours qu’on les a, et ils sont hyper attachants,très dociles et faciles à éduquer en plus, super intelligents. Avec son petit groin, on le voit, il aère super bien le sol, il mange les mauvaises herbes jusqu’à la racine, il fertilise la vigne, ça n’a que des avantages… », commente Astrid de Pourtalès.
Originaires de Nouvelle-Zélande, ces petits cochons herbivores sont champions pour désherber la vigne et décompacter en profondeur le sol avec leur groin, une solution écologique sur un vignoble certifié Demeter depuis 2019 en biodynamie…
Le travail du sol nous prend beaucoup de temps, buter, débuter, on consomme du gasoil, si on on a des petits Kune-Kune qui peuvent faire le job à notre place c’est gagnant gagnant. Avec 4 petits cochons, ils ne vont pas nous faire les 30 hectares du vignoble, mais avec les portées successives…On a l’espace pour avoir 20 cochons très facilement. », commente Max de Pourtalès du château Doyac.
A la taille adulte, ces cochons ne pèseront que 50 à 80 kilos malgré leur gourmandise et ne devraient pas occasionner de dégâts dans la vigne…
Il leur faut des céréales en plus, là c’est de l’orge, de l’avoine et du blé…Et il leur faut aussi des légumes, des fruits pour des vitamines et qu’ils grandissent…Vous voyez ils sont très goinfres, ils se jettent sur nous quand on arrive… »
En attendant de voir leur effet bénéfique, le millésime 2022 s’annonce déjà grandiose grâce au terroir…
« Au final, on a un millésime très concentré, et qui grâce au sol calcaire est resté très frais… »
Le château Doyac compte agrandir son cheptel de Kune-Kune à terme pour en faire travailler une vingtaine dans sa vigne.
Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Nicolas Pressigout et Rémi Grillot :
A l’occasion de la journée des droits des femmes instituée le 8 mars, Côté Châteaux vous propose un focus sur les femmes du vin et notamment chez les Aliénor du Vin de Bordeaux. Des femmes vigneronnes qui travaillent aujourd’hui comme des hommes tout au long de l’année pour produire et vendre leurs vins. Un magazine réalisé par Jean-Pierre Stahl et Alexandre Berne à voir ce mercredi 8 mars à 20h20 sur France 3 NOA.
En ce mois de mars, Côté châteaux met à l’honneur les femmes du vin, toujours aussi nombreuses à produire et à commercialiser le vin de Bordeaux.
Nous avons suivi notamment Amélie Osmond, jeune vigneronne des Côtes de Bourg en bio, au salon Wine Paris et Vinexpo Paris du 13 au 15 février dernier… Elle est présente sur tous les salons de vin de ce début d’année et enchaîne Wine Paris, juste après Millésime Bio…
C’est mon plus gros salon annuel, un salon qui me permet de rencontrer et retrouver tous mes partenaires cavistes, restaurateurs, sommeliers, pour moi c’est un événement incontournable de l’année »Amélie Osmond du Clos du Notaire
Nous sommes allés à la rencontre de Véronique Barthe à Daignac pour montrer tout le travail opéré par cette vigneronne, 7e génération et première femme à la tête de ce domaine château la Freynelle, dont l’histoire remonte au temps de Napoléon: « si aujourd’hui on est vigneron, cela remonte à mon arrière-arrière-arrière grand-père qui était grognard et a eu la bonne idée de se marier le même jour que Napoléon et pour le féliciter, Napoléon lui a donné quelques pièces d’or avec lesquelles il a acheté la première parcelle des vignobles Barthe ».
C’est un vrai métier, un métier très complet, passionnant, un métier qui vous prend aux tripes, je ne saurais pas faire autre chose que d’être vigneronne aujourd’hui », Véronique Barthe du château la Freynelle
Un métier pas de tout repos, « c’est vrai on vit dehors et on subit les aléas climatiques, ça peut être la grêle, le gel, les 2 et maintenant la sécheresse… »
Avec sa fille Célia, ingénieure agronome, et 2 frère et soeur en prime, la relève est assurée sur ce type de propriété en Bordeaux où il faut se battre :« on a connu des périodes plus simples, on est en, train de vivre des moments un peu compliqués, mais on sait qu’on va rebondir car on a tout pour: les vins et la motivation.Effectivement, il y a une déconsommation mais pas que de vins de Bordeaux, il va falloir adapter notre offre à la demande, mais on a tout pour proposer au consommateur et aux jeunes des vins croquants, gourmands, avec lesquels ils vont se faire plaisir… Avec des Bordeaux blancs, Entre-deux-Mers, des Bordeaux rosés, clairets, des rouges en barriques, en cuve ou en amphore… Des vins avec bulles ou sans bulles, on à tout pour se faire plaisir à Bordeaux. » (à consommer avec modération)
Petite séquence sur sa chaîne de mise en bouteille et évoquer avec elle ses marchés français et à l’export et notamment ses Bordeaux blancs qui là partaient pour les USA…
Néanmoins « il y en a qui sont dans la panade et c’est compliqué pour tout le monde »… Vous allez aussi rencontrer grâce à Vivien Roussel et Laure Bignalet : Aurore Castagnet, vigneronne à Saint-André-du-Bois, plongée dans la crise viticole bordelaise, qui ne se verse plus de salaire… Avec l’arrachage d’une petite partie de sa vigne, elle espère pouvoir s’en sortir: « si on arrive à avoir l’arrachage primé, cette parcelle je l’arracherai pour avoir une petite rentrée d’argent et pouvoir épurer certaines choses au niveau bancaire… »
A Montagne, nous allons faire connaissance avec Séverine Erésué qui manage avec son mari Stéphane le château La Fleur Plaisance, car comme très souvent les domaines viticoles sont tenus à 2 : « complétement, nous on travaille à 4 mains, depuis toujours, nous sommes très très contents de travailler en binôme. » Séverine fait partie des Aliénor du Vin de Bordeaux, elle nous explique produire avec Stéphane que des vins rouge sur différentes cuvées : « nous faisons des vins d’assemblage, avec du merlot plutôt à 80% car nous sommes sur la rive droite de Bordeaux, et après on va avoir du cabernet sauvignon pour compléter. » Cette appellation fait partie comme l’explique Stéphane des satellites de Saint-Emilion : « ce sont les appellations qui gravitent autour de Saint-Emilion, Montagne, Puisseguin, Lussac… ce sont des appellations intéressantes qui ont les mêmes terroirs que Saint-Emilion, avec des prix plus abordables… »
La touche féminine se retrouve ici aussi sur une étiquette et une cuvée en hommage à leur fille dont le profil est sur l’étiquette :« il s’agit de Cassandre de Plaisance, une très belle cuvée en barriques neuves, c’est une bouteille qui a beaucoup plu à Wine Paris, qui interpelle car on sort de nos standards de nos étiquettes bordelaises, on sort des étiquettes un peu vieillottes avec les châteaux, nous n’avons pas le château dessus nous sommes parti dans quelque chose de très artistique… »
Sur le salon de Wine Paris, nous pouvons mesurer l’intérêt pour ces femmes de s’être associées dans les « Aliénor » du vin de Bordeaux : « on est un collectif de femmes du vin, nous sommes 12, et la première association féminine depuis 1994, et le principe c’est de mutualiser comme celà sur un stand les coûts… »commente Malika Faytout-Boueix du château Lescaneaut en bio. « Pour l’acheteur, c’est mutualiser le groupage, la logistique et le transport, et nous ce qu’on aime c’est travailler avec de l’amitié, du dynamisme, et c’est super sympa d’être toutes ensemble sur un même stand pour cela. »
« C’est quand même un monde un peu macho, et c’est bien de discuter entre femmes aussi sans vouloir être sectaires », commente Christine Nadalié du château Beau Rivage. « On mutualise beaucoup de choses, nos propriétés sont petites, et prendre un stand toute seule, ici ou à ProWein cela nous coûte très cher, et là on partage, on partage nos fichiers, il y a une émulsion qui est fantastique. »
Pour Alexia Eymas du château Maison Neuve :« en fait c’est un peu comme en cuisine, on ressent plus les choses en les observant, en prenant le temps et en se laissant guider par ce que nous offre la nature…Et cette alchimie fait que c’est un terroir, un climat et là une touche féminine en l’occurrence… »
La suite de ce côté château se poursuit une semaine après le salon Wine Paris où nous retrouvons toutes ces vigneronnes dynamiques au château Lescaneaut à Saint-Magne-de-Castillon : ces Aliénor fêtent quasiment leur 30ans cette année. Karine Bernaleau du château Mongravey à Margaux fait presque partie des pionnières : « Cela a été assez novateur pour Bordeaux, c’est la 1ère association de femmes de vin de France qui a été créée en 1994,on va rendre d’ailleurs hommage à Françoise de Wilde du château Ripeau (qui gérait le château depuis 1976 avant de le revendre) qui a créé cette association, il y a presque 30 ans aujourd’hui.’
Parmi les nouvelles arrivées, on compte une nouvelle génération avec Aurélie Anney du château Tour des Termes à Saint-Estèphe « moi je suis arrivée l’année dernière effectivement en 2022 » ou encore Alexia Eymas du château Maison Neuve en Blaye Côtes de Bordeaux …« La première chose c’est l’amitié, la sympathie, on déguste aussi des vins et le fil directeur est de pouvoir vivre ensemble », poursuit Christine Nadalié.
« On a une forte identité, on est toutes des femmes et filles vigneronnes, on défend les couleurs de Bordeaux, de toutes appellations confondues, et une association de femmes qui perdure autant de temps, c’est déjà un exploit… » , selon Monique Bonnet du château Suau.
« Oui on est super contentes d’être toutes ensemble, d’arriver sur des salons ensemble et d’incarner le renouveau de Bordeaux », conclut Véronique Barthe.
Côté Châteaux n°39 spécial Femmes du Vin et Aliénor le 8 mars à 20h20 sur France 3 NOA et le dimanche 12 mars à 13h45 et 20H30, ici sur la plateforme Francetv :
Ce midi, sur le stand de la Région Nouvelle-Aquitaine, le Ministre de l’Agriculture et le président de Région ont détaillé, avec les représentants du CIVB, les aides tant de la distillation de crise (160 millions) que pour l’arrachage des vignes du bordelais. 30 millions de l’Etat et 10 millions de la Région, auxquels le CIVB devrait faire voter 19 millions en assemblée générale le 11 avril prochain. Au total 57 millions pour l’arrachage. Pour le collectif des vignerons, « on prend ce qu’on nous donne mais on est loin du compte… »
Ce midi, au salon de l’Agriculture, Alain Rousset et Marc Fesneau ont détaillé ce plan d’aides d’urgence, d’abord une aide à la distillation de crise: « immédiatement et dès cette année 2 fois 80 millions d’euros, avec l’objectif d’atteindre les 200 millions d’euros en mobilisant les fonds de réserve de crise, la distillation principalement dans le bordelais, avec vocation à écouler ce qui faut écouler tout de suite pour essayer de détendre le marché, » selon Marc Fesneau Ministre de l’Agriculture
Concernant l’arrachage, l’Etat va débloquer 30 millions d’euros pour financer l’arrachage sanitaire et la Région devrait compléter à hauteur de 10 millions d’euros, pour des projets de reconversion.
« C’est une forme de plan social sanitaire…Car une vigne en dépérissement peut mettre des maladies aux autres vignes...La Région met 10 millions d’euros et on verra s’il faut peut continuer, le Ministre a dit qu’il mettra 30 millions et a dit je verrai si je peux pas monter à 38 ou 40 millions », commente Alain Rousset président de la Région Nouvelle-Aquitaine
A ces aides, le Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux va faire voter lors de son assemblée générale le 11 avril prochain une aide complémentaire de 19 millions d’euros pour de l’arrachage sanitaire. Au total, cela concernera 9500 hectares selon le CIVB.
Pour le porte parole des viticulteurs de Gironde, Didier Cousiney : « on prend tout ce qu’on nous donne, mais on est encore loin du compte, tant financièrement (cela fait à peine 6000 e à l’hectare), qu’au niveau de la surface (15 000 hectares minimum. On se demande comment vont être attribué ces primes, on compte déjà 2000 hectares de friches. On ne lâche pas. Nos dirigeants de la filière n’ont pas encore mesuré assez l’ampleur de la crise. »
Selon Bastien Mercier du collectif : « il en manque, on se retrouve demain soir pour reprendre tout cela. Pour moi, cela ne va pas, on va expliquer que le problème va perdurer si on ne fait pas un audit avec les Etats Généraux de la viticulture. »
Affaire à suivre.
Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Antoine Jegat, Samuel Chassaigne, Robin Nouvelle :