04 Nov

Wine Paris-Vinexpo Paris reporté en juin 2021 ou quand le coronavirus donne le tempo pour la tenue des salons des vins et spiritueux

Rodolphe Lameyse l’a confirmé aujourd’hui à Côté Châteaux, les bouleversements concernant les salons Vinexpo continuent, avec des annulations, des reports, « c’est la voix de la sagesse qui prévaut ». Wine Paris-Vinexpo qui devait se tenir en février est ainsi reporté du 14 au 16 juin 2021, la nouvelle formule de Vinexpo Bordeaux en 2022.

Rodolphe Lameyse, le directeur de Vinexposium, lors de la conférence de presse de septembre © JPS

Il y a des années fastes et des années sans, marquées par la pandémie de covid-19. « Le salon de Shangaï n’a pas eu lieu physiquement, on l’a remplacé par du digital… », commente d’emblée Rodolphe Lameyse, le directeur général de Vinexposium. Mais les grands et nouveaux bouleversements sont attendus pour le grand salon des vins et spiritueux de Paris, qui avait énormément marché en février 2020, juste avant que la pandémie de coronavirus ne prenne l’ampleur que l’on connait.

L’actu en 2021 ? Dans un moment aussi indécis, on a préféré donner à tous nos clients et partenaires du temps, pour savoir où l’on va. On a annulé New-York qui devait se tenir en février. Wine Paris-Vinexpo Paris qui devait aussi se tenir en février, on va le reporter au mois de juin, du 14 au 16″, Rodolphe Lameyse directeur général Vinexposium

« On est à l’opposé de notre concurrent allemand ProWein qui, contre vents et marées, maintient son salon au mois de mars. Nous, comme pour le Vendée Globe, on a fait le choix de prendre une autre route, la route du sud… », complète Rodolphe Lameyse.

Le vrai impact pour notre communauté locale, c’est le décalage de l’autre salon Vinexpo Bordeaux, en conflit de date avec Paris. On va décaler le lancement de la nouvelle formule de Bordeaux en 2022; on n’aura donc pas de Vinexpo Bordeaux en 2021, on a fait le choix de la raison, ces gros changements sont dictés par la situation sanitaire et économique qu’on connait en France et dans le monde ».

22 vignerons des Côtes de Bordeaux sur le salon Wine Paris-Vinexpo en février 2020 © JPS

« Quant au salon de Hong-Kong, il devait se tenir en mai 2020, il avait été reporté jusqu’en février 2021, il bascule en mai 2022, il reprend donc le calendrier originel.On a validé cela avec toutes les instances Vinovision, Vinisud et en conseil d’administration ce soir de la société Vinexposium », précise encore Rodolphe Lameyse. « On a par ailleurs mis en place des réunions régulières avec une trentaine d’acteurs du monde du vin bordelais, il n’y aura pas de surprise, tout le monde s’y attend. C’est la sagesse qui prévaut. Pour la première fois depuis 40 ans, on aura un Vinexpo Bordeaux une année paire… »

Que de changements et « d’adaptions », Rodolphe Lameyse reconnait que c’est une « période dingue…Je n’ai jamais vécu quelque chose comme cela. On ne peut pas faire notre métier depuis le mois de mars.On ne peut pas tenir un seul salon dans le monde. » Pour l’heure, les organisateurs font le dos rond et pensent déjà aux prochains salons: « j’espère que nos choix seront payants et qu’on saura marquer des points pour le futur, on sera là quand les gens pourront de nouveau voyager. »

Tous nos voeux d’encouragement pour la filière des vins et spiritueux qui traverse là d’énormes trous d’airs, en espérant que l’économie continue de fonctionner, par les commandes, le e-commerce, et redémarre prochainement. Sinon la casse risque d’être encore plus terrible… Bon courage à tous.

Côté Châteaux n°18 : un spécial Sainte-Croix-du-Mont avant les fêtes de fin d’année

Côté Châteaux aime vous faire plaisir et vous offre une douceur, un mois avant Noël, avec ce focus sur la belle appellation de Sainte-Croix-du-Mont en Gironde. Une petite appellation qui produit des vins liquoreux, petite par la taille mais grande par sa renommée séculaire. 311 hectares pour 35 vignerons tous autant passionnés, les uns que les autres, par la magie du botrytis cinerea.

Michel de Vathaire co-propriétaire du château Jean Lamat © JPS

Ce mois-ci Côté Châteaux est parti à la rencontre des vignerons qui sans aucun doute réalisent l’un des vins les plus difficiles à produire : le vin liquoreux de Sainte-Croix-du Mont. Difficile car il faut que s’opère la magie du botrytis, cette pourriture noble qui s’installe sur les baies de cépages blancs, en général sémillon et sauvignon, parfois avec un peu de muscadelle.

Ce Côté Châteaux n° 18 démarre en pleine trie, en pleine récolte de raisins botrytisés début octobre au château Jean Lamat à Sainte-Croix-du-Mont. Un château familial tenu depuis plus de 200 ans par la famille de Vathaire. Michel nous présente l’équipe de vendangeurs basés sur « la famille et les amis de la famille. »

Alors que Nicolas Obin nous explique la difficulté de vendanger « heureusement qu’on est aidé par les aînés pour nous montrer le bon du moins bon », Marie de Vathaire explique « j’enlève les petits grains qui sont trop secs qui ne donneront pas de jus, et j’enlève surtout la mauvaise pourriture, car souvent elle se met bien dans le milieu de la grappe. » Michel de Vathaire dépeint ce « terroir argilo-calcaire où parfois la roche est affleurante, et il existe un fameux banc d’huîtres qui donne parfois un caractère particulier à cette appellation. »

Si le château Jean Lamat ne représente que 2,5 hectares de vigne et a une production intimiste de 5000 bouteilles de vin liquoreux, peu importe toute la famille et toute l’équipe mettent du coeur à l’ouvrage pour ne récolter que les bons grains botrytisés ou passerillés, un travail de « chirurgie très fine pour obtenir la bonne qualité du vin ensuite » selon Michel de Vathaire à la réception des paniers qui opère encore quelques petites sélections.

La famille de Vathaire avec ses amis vendangeurs et Philippe Maurange © JPS

S’en suit une séquence repas de vendangeurs au château dans son jus, avec dégustation de Jean Lamat 2014 à l’apéritif et sur le repas : « les habitudes évoluent et on peut le déguster sur d’autres mets, finalement cela s’accorde bien sur de la volaille blanche, même avec du fromage ». Philippe Maurange, son neveu et aussi co-propriétaire du château complète  : « à la différence des liquoreux qu’on buvait au XIXe ou au milieu du XXe siècle, où c’était des liquoreux très riches, puissants, avec une richesse en sucre très importante, on a évolué vers de vins plus légers, plus désaltérants, des vins d’apéritifs, plus faciles à boire notamment pour conquérir une nouvelle clientèle, qui s’attache à des vins moins sucrés. Donc on travaille davantage sur des équilibres aujourd’hui qui vont plus vers l’acidité, le côté un peu plus vif des liquoreux… »

Angélique Armand du château La Rame © JPS

La suite de ce magazine nous emmène à la rencontre d’Angélique Armand au château la Rame qui nous explique comment s’opère la magie du botrytis :

La magie du botrytis se réalise avec du brouillard le matin, comme actuellement, c’est un très bon cas de figure, beaucoup d’humidité et l’après-midi un ensoleillement qui permet le développement du botrytis. Une fois qu’il est installé, cela se développe tout naturellement », Angélique Armand au château la Rame

2020, c’est quand même un millésime particulier car on a eu énormément de pluies et le botrytis a non seulement tardé à s’installer mais aussi les tries ont été moins nombreuses 2 à 3 contre 3 à 5 habituellement : « oui, c’est l’année atypique : un printemps extrêmement pluvieux, ensuite de fortes chaleurs en juillet, août et même mi-septembre, ce qui fait qu’il manquait ce côté humidité pour que cela puisse s’installer et il a fallu attendre les premières pluies de septembre pour qu’il commence à s’installer. Ce sont des raisins qui sont rabougris et qui permettent les grands liquoreux, tant qu’on n’a pas cette concentration on ne pourra pas faire de grands liquoreux »

Quant à savoir si la consommation de ces vins repart, Angélique explique l’évolution : « on a fait des vins qui étaient extrêmement riches, extrêmement concentrés, c’est ce que demandait la clientèle et ce que demande toujours une catégorie de clients un peu plus âgés… La nouvelle génération aime les liquoreux, pour peu que vous ayez un peu plus d’acidité et ce côté fruité. Donc il nous faut jongler sur différents styles de vins pour pouvoir satisfaire différents types de clientèle. »

Nicolas Solane, le président du syndicat viticole de Sainte-Croix-du-Mont devant le banc d’huîtres fossilisées © JPS

Ce qui fait l’originalité de Sainte-Croix-du-Mont, c’est son terroir unique au monde que nous présente Nicolas Solane, le président du syndicat viticole et propriétaire du château Crabitan-Bellevue, au pied du château-mairie et de l’église du village :

Des huîtres fossilisées qui remontent à 20 millions d’années © JPS

« oui cette colline d’huîtres fossilisées date d’une vingtaine de millions d’années, à l’époque où l’Aquitaine était sous les eaux, et au retrait des eaux on a pu apercevoir des amas d’huîtres fossiles…C’est assez unique de les voir surtout à cette altitude ». La balade vaut vraiment le détour et de plus en plus de Bordelais ou Girondins viennent passer un bon moment les soir l’été ou en arrière saison aux beaux jours pour se balader ici, admirer ce cadeau de la nature et déguster les vins de Sainte-Croix-du-Mont à l’heure de l’apéro.

Les Sainte-Croix-du-Mont profitent de ce terroir avec des sous-sols calcaires et surtout de multiples petits coteaux assez venteux en général, tout cela fait que les vins de Sainte-Croix-du-Mont sont spécifiques avec une bonne richesse et gardent de la fraîcheur avec le sol argileux et le sous-sol calcaire… »Nicolas Solane, le président du syndicat viticole

Hervé Chouvac du château du Mont © JPS

Parmi les 35 vignerons de Sainte-Croix, 311 hectares en Gironde, il y a aussi Hervé Chouvac vigneron du château du Mont, un château qu’il tient de son arrière-arrière-grand-mère. Il nous présente son millésime 2019 toujours en barrique, avec « un élevage de 15 mois, fermentation et élevage compris, qui sera mis en bouteille en février, mars ». « c’est un millésime très généreux où on a pu faire de vins de longue garde. On est sur l’abricot, l’ananas, la figue. 2020 sera un millésime plus sur la fraîcheur, de l’élégance, de la finesse. »

Et de montrer dans sa salle de dégustation l’évolution de couleurs de ses vins fonction du millésime d’une belle robe dorée pouvant tirer sur l’orangé, voir le marron : « il peut y avoir deux types de Sainte-Croix-du-Mont, des vins plus sur la fraîcheur, sur la jeunesse, sur un équilibre avec peu de liqueur…et des vins pour une longue garde avec plus de richesse en sucre, un élevage souvent en barriques, des vins qui ont des potentiels de plus de 50 ans de garde… »

Ce magazine se termine au château du Pavillon, un magnifique château du XVIIIe siècle, propriété d’Olivier Fleury, par ailleurs négociant aussi à Langon, qui va nous proposer des association de mets et de vins de son château, en compagnie aussi de Yu-Yung Lin, assistante marketing du château Laurette, une propriété acquise par un groupe chinois.

On peut faire tout un repas aux liquoreux, c’est ce qu’il se faisait il y a quelques décennies, chez nos grand-parents…On va ainsi déguster des huîtres du Bassin d’Arcachon, c’est justement la spécificité de notre terroir. Juste derrière mon château vous avez des grottes d’huîtres fossiles, et le château est installé sur des éboulis d’huîtres fossiles, qui donnent de la minéralité à tous les vins de Sainte-Croix-du-Mont… » Olivier Fleury château du Pavillon.

« Le Sainte-Croix est aérien, il a ce côté minéral comme peuvent l’avoir certains vins du chablisien, de Sancerre, puisqu’on a ce terroir issu de fossiles, et comme ce sont des vins liquoreux, légers, ils passent aussi bien à l’apéro, qu’ensuite sur des huîtres, sur du foie gras, de la charcuterie, de la volaille, on peut faire tout un repas avec des liquoreux, c’est ce que je fais beaucoup ici et qui surprend les dégustateurs, en fait c’est revenir aux sources de ce que l’on faisait il y a plus de 50 ou 60 ans et qui a fait la réputation de nos vins. »

Des vins qui sont de plus en plus appréciés en Chine, comme en témoigne Yu-Yung Lin assistante marketing du château Laurette : « en effet, pour notre palais et nos plats qui sont souvent sucrés-salés, épicés aussi, le vin liquoreux s’apprécie beaucoup en Chine. »

Olivier Fleury, propriétaire du château du Pavillon © Jean-Pierre Stahl

Un magazine tout en saveurs, avec « ces vins issus du botrytris mais avec cette pointe d’acidité, et fruités mangue-coing-ananas, qui permettent l’association avec de nombreux plats sans que ce soit lourd, contrairement à d’autres liquoreux où là on va chercher la structure, la puissance et où on ne pourra pas les servir tout au long d’un repas… »

Vive la tradition, la gastronomie et les vins de Sainte-Croix-du-Mont à découvrir dans ce numéro 18 de Côté Châteaux dès le 16 novembre sur France 3 Noa à 20h15, réalisé par Jean-Pierre Stahl avec Sébastien Delalot et à voir ici sur YouTube :

01 Nov

Vente caritative d’Artcurial : 276 562 € en faveur de la fondation One Drop, pour l’accès à l’eau potable et à l’hygiène dans le monde

Mercredi 28 et jeudi 29 octobre, Artcurial a organisé une vente de vins et spiritueux avec son département spécialisé. La vacation a collecté 680 473 € (796 152 $ frais inclus). 120 lots étaient réservés pour être reversés à la Fondation One Drop, qui vise à assurer un accès durable à l’eau potable et à l’hygiène à travers le monde.

La bouteille la plus chère lors de la vente caritative un magnum de Chambertin d’Armand Rousseau de 2009 © Artcurial

126 lots pour être exacts, 99% de vendus, la vacation a permis de récolter 276 562 € (323 577 $ frais inclus) au profit de la Fondation One Drop. Cette vente aux enchères caritative visait à  à assurer un accès durable à l’eau potable, à l’assainissement et à l’hygiène à travers le monde.

Parmi les flacons remarquables lors de cette vente : 4 bouteilles de la Romanée Conti adjugées 10 296 € (12 046 $ frais inclus), chacune. Par ailleurs 3 bouteilles en 2002 ont aussi changé de mains pour 10 296 € (10 046 $ frais inclus).

L’enchère la plus haute de l’adjudication revient à un magnum de Chambertin en 2009 issu du Domaine Armand Rousseau pour 10 639 € (12 447 frais inclus).

L’autre partie de la vente a permis de récolter 403 911 € (472 575 $) avec notamment une bouteille mythique de Cognac Louis XIII de la Maison Rémy Martin Rare Cask 43,8° adjugée 17 112 € (20 021$ frais inclus).

Les grandes bouteilles de Bordeaux qui se sont illustrées sont château Le Pin 2015 adjugées 7 812 € (9 140 $ frais inclus) et douze bouteilles de Château Latour 199 pour 4 650 € (5 440 $ frais inclus).

31 Oct

Happy HalloWine : c’est pas sorcier d’être original, non ?

Voici un florilège de tableaux, photos et autres vidéos psychédéliques, croisés et postés sur les réseaux sociaux par nos amis vignerons qui savent toujours faire preuve d’originalité et d’inventivité dès qu’on leur parle d’Halloween ou Hallowine plutôt. Attention, il y a de gros malades…

Toute l’équipe du © château Climens à Barsac entourant Bérénice Lurton, vous souhaite un happy Halloween -photo F. Nivelle, maquillages Linda L. décoration Fabienne S.

« Au Château L’Haur du Chay,  les vignes ont tremblé… Attention, créatures mystiques et effrayantes se baladent dans le vignoble !  » © Blaye Côtes de Bordeaux – Photo Corinne Couette

« Il y a trois ans le vin de Reignac a réveillé les morts.  Depuis ils se donnent rendez-vous une fois par an pour boire l’élixir rouge de © Reignac. C’est aujourd’hui … »

« C’est au Chateau TAYAT que sorcières et vampires ont déversé leur colère ! » © Blaye Côtes de Bordeaux – photo Corinne Couette

Esprit, es-tu là ?
Incantations, bougies et ancêtres… Jessica est loin d’être seule au Château Nodot © Blaye Côtes de Bordeaux Corinne Couette.

Le Dom du Vin, © Dominique Noël sommelier girondin à Hong-Kong, flippant…

Regardez la vidéo de malades réalisée par le château de Reignac et la team de Nicolas Lesaint :

29 Oct

Pensées émues pour Bernard Lartigue du château Mayne-Lalande

Disparition à 71 ans  de Bernard Lartigue, une figure emblématique de Listrac, propriétaire du château Mayne-Lalande et ancien président de l’appellation. Certains qui l’ont bien connu témoignent et évoquent un vigneron humaniste. Dernièrement, il avait montré toute sa générosité en accueillant des personnels soignants dans ses chambres d’hôtes, personnels engagés sur le front du coronavirus lors du démarrage de l’épidémie.

Bernard Lartigue avec son chien

Hier Frédéric Lot, mon ami, président de la SAS E-Studioz-groupe Ozco et ancien de Millésima, a posté sur Facebook ce bel hommage que je me permets de relayer, tellement il est poignant :

« Il est parti en automne, lui qui aimait particulièrement, avec le printemps, ces deux saisons pour les belles lumières médocaines et listracaises en particulier.
Bernard Lartigue, homme affable comme ses vins, viscéralement attaché à ses vignes de Listrac, figure médocaine attachante du vin, fervent ambassadeur et donc défenseur de l’appellation Listrac – que sa famille et lui honoraient depuis plus de 6 générations – a tiré prématurément sa révérence.
Château Mayne Lalande, c’est lui. Remodelé de toute pièce par ses soins, démarrant en 1975 et signant son premier millésime en 82 (y’a pire!) , la propriété de 20 hectares était sa fierté. Il y puisait non seulement l’énergie, le sens terrien médocain qui ne l’a jamais quitté (lui qui se définissait comme un agriculteur heureux), le sens de l’hospitalité (incarné dans ses chambres d’hôtes « Les Cinq Sens »), le goût et la passion des gens, l’amour du terroir, la passion du « Sang de la vigne » tirée des ceps de Cabernet (son cépage préféré). Un chic type, passionnant, passionné, un vrai gentil sans manquer de caractère.


« Je garderai de très bons souvenirs, ceux nourris lorsque nos routes se sont croisées maintes et maintes fois sur le théâtre des dégustations primeurs ou lors de quelques déjeuners presse ou plus informels. Avoir du Mayne Lalande en cave, c’est avoir Bernard Lartigue chez soi! (ce qui marche aussi avec de nombreux autres vins indissociables de leur propriétaire). Là, je pense aux inoubliables 88, 90, 96, 2001, 2004, 2005, 2010, 2012 que j’ai eu le plaisir d’avoir en cave. Chaque bouteille de Mayne Lalande est indissociable du personnage, exprimant la faconde, l’authenticité, le franc-parler, l’amabilité, l’amitié, la simplicité sinon l’humilité, la droiture (le cabernet sauvignon jouant pleinement son rôle ici). Bernard Lartigue était – et j’en suis sûr, pas seulement à mes yeux – tout ça à la fois ».


« Il disparaît à l’âge de 71 ans.
Mes pensées, en cet instant, vont à ses proches et ses collaborateurs ».
Frédéric Lot.

Pour Loïc Siri, proche du vigneron de Listrac, voici un autre message touchant qu’il a publié aussi hier :

 « ADIEU L’AMI
Quelle vie tu as eu, quelle fougue, quel enthousiasme.
Derrière mon objectif j’ai été le premier spectateur de ta vie de vigneron, aussi un des derniers.
Il y a peu encore, je te chahutais pour que tu prennes la pause.
Je quitte l’ombre de mon métier pour te témoigner avec toute mon affection, tout ce que tu m’auras apporté.
J’ai saisi tes émotions, mesuré tes regards, pas que dans l’objectif, une complicité joueuse et affectueuse s’était installée.
J’ai commencé une vie de vigneron, tu m’as paternellement écouté, conseillé.
J’ai eu un véritable bonheur à mettre en lumière par la photo et l’écriture, cette nature exigeante et généreuse qu’était la tienne
Je sais exactement ce que tu aurais dit en lisant ce texte.
J’ai le timbre de ta voix gasconne, tes traits d’humour goguenards qui raisonneront longtemps.
J’ai perdu mon papa vigneron il y a trois ans, je n’ai jamais reçu la même écoute, la chaleur, l’attention sincère que tu m’as accordées.
Il n’y a pas pas une fois, pas une seule où je n’ai pas eu de la joie à venir au Mayne.
Tu auras rendu ma vie plus riche et heureuse, Bernard, je pense ne pas être le seul.
Oui bien sûr je retiendrai ton talent indefectible de vigneron, mais surtout cette humanité rare qui se voyait en tout chez toi: une chaleur rayonnante qui m’accompagnera toujours.
Je suis bien triste ce soir, mais même si cette étape avec toi se termine, elle a été fantastique.
Merci l’ami
Adieu
MAIS À PLUS TARD. … » Loïc SIRI

28 Oct

Covid-19 : les restaurateurs bordelais redoutent un nouveau confinement…

Ce soir à 20h, le Président Macron va annoncer des mesures plus restrictives, pour éviter que l’épidémie ne continue sa progression fulgurante. Un possible reconfinement de 4 semaines a été évoqué ces dernières heures, ou un confinement partiel. Les restaurateurs bordelais interrogés aujourd’hui redoutent de devoir à nouveau fermer leur établissement. Tour d’horizon.

Attablés en terrasses de bars ou de  brasseries bordelaises, les clients profitent en ce mercredi des derniers instants avant l’annonce d’un possible reconfinement (4 semaines) ou d’un confinement partiel (week-end avec couvre-feu les soirs en semaine). La fatalité et la résignation sont bien là comme en témoigne cette cliente :

Il va falloir s’adapter à nouveau, on n’a pas le choix, c’est difficile oui, c’est difficile, c’est vraiment une privation de nos libertés, évidemment », une cliente bordelaise.

Pour le café du Port, un établissement réputé de Bordeaux qui existe depuis 30 ans au pied du Pont de Pierre, c’est un nouveau coup de massue

Jean-Marie Geilh, propriétaire du Café du Port © JPS

On va repartir comme au mois de mars avec une fermeture précipitée et de la marchandise et des stocks qu’on va être obligé de jeter ou de distribuer à tout le monde, avec de la perte financière qui va nous tomber dessus pour la deuxième fois dans l’année, et qui va mettre à mal nos sociétés », Jean-Marie Geilh propriétaire du Café du Port

Au Bistro du Sommelier, on espère encore que les mesures annoncées permettent un service le midi au moins : « on ne sait pas encore trop ce qu’il va se passer, si on va être confiné ou à moitié confiné…donc c’est très compliqué pour nos entreprises à stocker; on travaille à flux tendu depuis plusieurs jours…

Hervé Valverde, patron du Bistro du Sommelier © JPS

Si c’est une fermeture partielle, on s’est préparé, on fera (pour le soir) des plats à emporter depuis ici, les gens pourront commander depuis notre site internet ou sur Facebook, et si c’est une fermeture totale, on fermera on va s’adapter, on ne va pas être hors la lori on va accepter » Hervé Valverde du Bistro du Sommelier.

Là aujourd’hui je suis mieux préparé qu’il y a 6 mois, j’ai un peu moins de stocks, je vais au marché tous les matins, je peux y aller aussi l’après-midi, et j’attends, je suis comme tout le monde… », complète-t-il.

Bastien Demary et Christophe Lagarde en cuisine du Bistro du Sommelier © JPS

En cuisine, ça chauffe, l’ambiance est toujours celle de fourneaux qui bruissent de jolis petits plats et de viandes qui mijotent ou qui grillent, le chef Christophe Lagarde dépeint l’ambiance « un petit peu anxiogène, comme depuis le début du déconfinement »

On ne sait pas ce que l’on va devenir, c’est un peu pénible. S’il ne nous annonce pas un confinement on va essayer de proposer de la vente à emporter, et prolonger le service du midi pour essayer de glaner quelques couverts à droite et à gauche », Christophe Lagarde chef du Bistro du Sommelier

Porte-parole des restaurateurs, Marc Vanhove qui a lancé son concept de Bistro Régent (3 restaurants historiques à Bordeaux ilm y a 10 ans) et des restos franchisés(146 en France aujourd’hui) s’en fait pour ses 1800 salariés avec ces mesures très restrictives et brutales:

Marc Vanhove, créateur des Bistro Régent © JPS

La casse avait été annoncée, on avait dit entre 30 et 40%, là je pense on va approcher les 40-50% et surtout si cela se renouvelle après le mois de décembre » Marc Vanhove.

Et de poursuivre : « car en décembre on va relâcher tout le monde, mais au mois de janvier ou février, comme cela va remonter, on pourra pas stopper, ils seront obligés de reconfiner un mois pour recalmer l’épidémie…Et là cela va être un coup de bâton sur la tête des plus faibles qui seront affaiblis et malheureusement il y aura de plus en plus de fermetures et de  chômeurs sur le tapis… »

Viticulture: une vendange mondiale stable en 2020, mais « sous la moyenne » (OIV)

La production mondiale de vin devrait être globalement stable en 2020, selon l’Organisation internationale de la vigne et du vin (OIV) qui s’inquiète de l’impact du changement climatique sur la vigne, les vendanges 2020 s’inscrivant « sous la moyenne » des cinq dernières années. Pour l’année 2020, l’OIV, basée à Paris, estime la production mondiale de vin à 258 millions d’hectolitres, après 256 Mhl en 2019.

Image d’illustration © JPS

« Pour la deuxième année consécutive, le volume de production peut être défini comme « sous la moyenne », ce qui n’est pas nécessairement une mauvaise nouvelle pour le secteur viticole étant donné le contexte actuel où les tensions géopolitiques, l’épidémie de Covid-19 et le changement climatique ont généré un très haut niveau de volatilité et d’incertitude sur le marché mondial du vin » a déclaré l’Espagnol Pau Roca, directeur général de l’OIV, lors d’une présentation des chiffres annuels.

L’OIV anticipe en effet une baisse des ventes de vin de quelque 10% sur la planète cette année, marquée par les circonstances exceptionnelles de la pandémie et du confinement qui ont fermé tous les restaurants du monde quasiment en même temps, et des taxes américaines sur plusieurs vins européens.

Dans l’Union européenne, la récolte est estimée à 159 Mhl, soit 5% de plus qu’en 2019, avec un recul de 1% du premier producteur mondial, l’Italie, à 47,2 Mhl, une très légère progression de 4% en France (43,9 Mhl), le deuxième mondial, et un bond de 11% en Espagne (37,5 Mhl), le troisième.

La production de chacun de ces pays -qui représentent à eux trois 49% de la production mondiale de vin- est en dessous de leur moyenne quinquennale respective 2015-2020, souligne l’OIV.
Ceci résulte aussi bien de conditions météorologiques favorables au printemps et en été pour la vigne, que de mesures de régulation du marché en amont, certains vignobles ayant volontairement réduit leurs volumes pour ne pas trop affecter les prix déjà tirés vers le bas par la crise du Covid-19.

OURAGANS, SECHERESSE ET FEUX DE FORETS 

L’OIV souligne aussi l’impact des ouragans, sécheresses et feux de forêts dans plusieurs régions du monde, qui ont affecté beaucoup de domaines viticoles. Principale victime des aléas climatiques cette année, l’Argentine qui a vu sa production baisser de 17% par rapport à 2019 et de 13% par rapport à la moyenne quinquennale, à 10,8 M hl, en raison du phénomène El Nino.

En Amérique du Sud, le Chili qui accuse un recul de 13% de sa production 2020,à 10,3 Mhl, a lui aussi souffert de la sécheresse. Quant à l’Australie, elle a subi un fort déclin de sa production viticole, à 10,6 M hl (-11% par rapport à 2019 et -16% par rapport à sa moyenne quinquennale): « Les sécheresses ont réduit les rendements, et durant les incendies qui ont eu lieu à la saison des vendanges, les fumées ont souillé les grappes » explique l’OIV.

Idem aux Etats-Unis: Si les premières estimations de l’OIV, basées sur celles du ministère américain de l’agriculture (USDA) tablent sur une production américaine de vin de 24,7 Mhl en 2020, soit une hausse de 1% par rapport à celle de 2019, l’OIV prévient que ce chiffre pourrait être « revu significativement dans les mois à venir » lorsque « les effets réels des feux dans les vallées viticoles de Napa et Sonoma seront évalués ».

En revanche, l’Afrique du Sud, qui avait beaucoup souffert de la sécheresse et du manque d’eau les deux années passées, a vu sa production « revenir à la normale »,
à 10,4 Mhl, une hausse de 7% par rapport à 2019. M. Roca ne « pense pas » qu’à long terme le changement climatique « affectera » les volumes mondiaux de production de vin, car « une région en compensera une autre », a-t-il dit lors de son intervention.

La hausse de 2% de la production de vin en Russie, a été soulignée par l’OIV, le Russe devenant une de ses langues officielles. « C’est bien qu’ils deviennent producteurs, ils entrent au club des producteurs et consommateurs ! » a lancé M. Roca.

AFP

27 Oct

Michel Pastoureau, lauréat 2020 du Prix Montaigne de Bordeaux

C’était hier soir la cérémonie de remise du prix littéraire Montaigne de Bordeaux par le maire Pierre Hurmic et Jean-Pierre Rousseau Grand Chancelier de l’Académie du Vin. Michel Pastoureau a été consacré lauréat 2020 pour son ouvrage « jaune histoire d’une couleur ».

Jean-Pierre Rousseau, Michel Pastoureau et Pierre Hurmic © Frédérique de Lamothe

Cette année le prix littéraire Montaigne de Bordeaux récompense Michel Pastoureau, professeur à la Sorbonne et à l’école pratique des Hautes Etudes où il est titulaire de la chaire d’Histoire de la symbolique occidentale. Mondialement connu pour ses travaux sur l’histoire des couleurs en Occident et ses ouvrages et travaux sur les significations de l’héraldique, sur les blasons et les armoiries, Michel Pastoureau remporte ce prix littéraire pour « Jaune, histoire d’une couleur. » Un prix qui consacre les valeurs d’humanisme, de tolérance et de liberté, chères au célèbre écrivain bordelais et autre Michel, Michel de Montaigne, maire de Bordeaux de 1581 à 1585. Pierre Hurmic s’en souvient…en tant que juriste bien sûr.

Michel Pastoureau montre dans son ouvrage comment cette couleur « Jaune » était considérée comme quasi sacrée sous l’Antiquité grecque et romaine, étant synonyme de lumière et de prospérité. Dès le Moyen-Age, elle devient une couleur plus ambivalente et commence à s’apparenter à la maladie, à la félonie lorsqu’elle tire vers le vert tandis qu’elle reste un signe de pouvoir lorsqu’elle se rapproche de l’or ou du miel. Le déclin se poursuit à partir du XVI° siècle mais le jaune conserve cette ambivalence jusqu’à aujourd’hui encore. Richement documenté et illustré, le livre de Michel Pastoureau qui complète l’histoire qu’il a consacré au bleu, au noir, au vert et au rouge plonge le lecteur dans l’histoire culturelle de l’Occident.

Cette cérémonie s’est parfaitement déroulée dans le contexte de crise sanitaire avec une jauge maximale de 40 personnes présentes et sous une pluie abondante extérieure qui aurait plu au Président Hollande…Le lauréat s’est vu remettre par l’Académie du vin une vingtaine de caisses de Grands Crus de Bordeaux, tous membres de l’Académie du Vin de Bordeaux, histoire de refaire sa cave non pas de « jaune » maius plutôt de « rouge ». Félicitations.

Les vignerons français ne trinquent pas à la santé de Donald Trump

Un an après les taxes Trump sur les vins français, les viticulteurs n’ont toujours pas encaissé ces pertes liées aux droits de douane. Un coup de massue qui s’est traduit par une perte de 500 millions d’euros. La donne va-t-elle être changée avec les élections américaines qui approchent…

 

Donald Trump et Emmanuel Macron avaient déjeuné ensemble à Biarritz avant le début du G7 à l’été 2019 © F3 Aquitaine

Au domaine Serge Laloue, une propriété viticole de la vallée de la Loire, trois palettes de cartons de vin sont prêtes à partir aux Etats-Unis. Une adresse dans la banlieue de Boston, « Haverhill, MA », barre en grosses lettres une étiquette verte. « Le vin de Sancerre se vend très bien aux Etats-Unis », confie à l’AFP la propriétaire, Christine Laloue. Pourtant, comme la plupart des viticulteurs français, elle n’a pas digéré le coup de massue reçu mi-octobre 2019 lorsque l’administration Trump a appliqué « brutalement » un droit de douane de 25% sur les vins français en bouteille, non effervescents, de moins de 14 degrés, risquant de faire grimper les prix pour les consommateurs. L’épisode a choqué Mme Laloue. Fin septembre, un chargement de son vin avait quitté la France en bateau pour les Etats-Unis à un tarif négocié. A l’arrivée au port, le 18 octobre, premier jour d’application de la nouvelle taxe douanière américaine, son prix avait pris 25% de plus.  Un souvenir « aberrant » pour la viticultrice: « Les relations commerciales, ça ne peut pas être ça », s’insurge-t-elle, « personne ne peut travailler dans ces conditions-là ».

La taxe, combinée à la pandémie de Covid-19, a torpillé les ventes: les importations américaines de vins français ont chuté de 50% sur les dix premiers mois de 2020, selon la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux français (FEVS). Sur l’année, la Fédération estime le manque à gagner à plus de 500 millions de dollars. Un coup dur: les Etats-Unis sont le premier pays de consommation des vins français, hors France.

– « Hérésie » –

Les vignerons hexagonaux estiment être les « victimes collatérales » d’un conflit qui ne les regarde pas, souligne Aurore Dezat, également viticultrice dans le Cher, au Domaine des Chasseignes. La taxe, appliquée en rétorsion à un conflit commercial portant sur le niveau des aides publiques, concernait en effet Airbus et Boeing. En Europe, les vins allemands, espagnols et anglais ont aussi été ciblés par Washington, qui a ainsi « puni » la viticulture des quatre pays fondateurs d’Airbus. De même que les producteurs d’huile d’olive espagnols, de fromage italiens, et de whisky britanniques. Une taxe de 15% frappe aussi avions et pièces aéronautiques européennes. « La taxe crée de l’incertitude, car elle est renégociée tous les six mois, et à chaque fois, on ne sait pas du tout à quelle sauce on va être mangé. Cela crée de l’incertitude sur les embauches, les investissements, la vie du domaine en général. C’est assez compliqué et on tremble chaque fois que la date arrive », ajoute Mme Dezat, qui vend 60% de son vin aux Etats-Unis.

Pour faire face, certains se sont mis à exporter leur vin en vrac, par bateau, car ainsi, il n’est pas soumis aux taxes.  « Laisser partir du vin en vrac pour être mis en bouteille
aux Etats-Unis, franchement c’est une hérésie », s’énerve Christine Laloue. « La mise en bouteille, notamment du Sancerre, est une opération fondamentale pour la qualité du vin ».

– « Perdant-perdant » –

En parvenant à « diviser les pays européens entre eux » Trump, réputé ne pas boire d’alcool lui-même, « a gagné » la partie, se désole un expert viticole français. Néanmoins, après un an de pénitence, le dégel est peut-être amorcé. L’OMC, qui avait autorisé Washington à taxer des produits européens à hauteur de 7 milliards de dollars par an, vient en effet d’autoriser à son tour l’Union européenne à prendre aussi des mesures de rétorsion contre les Etats-Unis pour ses aides publiques à Boeing, à hauteur de 4 milliards de dollars par an.

Dans cette perspective, l’Europe a déjà dressé une liste de produits qui pourraient être taxés: avions de ligne produits aux Etats-Unis, tracteurs, patate douce, arachides, jus d’orange congelé, tabac, ketchup ou encore saumon du Pacifique, selon une liste actualisée obtenue lundi par l’AFP.

Même s’ils ne trinquent pas à la santé de Trump, les viticulteurs français ne souhaitent pas pour autant que l’Europe fasse monter les enchères, et taxe à son tour les vins américains. « Pour nous les taxes, qu’elles soient d’un côté ou l’autre de l’Atlantique, c’est perdant-perdant », explique un responsable des exportateurs viticoles qui requiert l’anonymat. « Nous appelons à ce que UE et USA négocient, et dans l’intervalle,nous demandons une suspension des droits de douane américains en vigueur ».
 
Avec AFP

25 Oct

Covid, taxes et Brexit, le cocktail gueule de bois du vin français

Crise sanitaire, taxes américaines, Brexit: face à une conjoncture historiquement négative, le vin français a la gueule de bois avec un recul historique des ventes depuis les vendanges 2019, aussi bien à l’intérieur du pays qu’à l’exportation.

Particulièrement touché, le vin rouge a vu ses ventes reculer de 5% en volume et en valeur en grande distribution en France sur la « campagne » viticole qui s’étend du 1er août 2019 au 31 juillet 2020, soit d’une vendange à l’autre, selon France AgriMer, l’organisme semi-public qui régit les marchés agricoles. Seuls les blancs et rosés ont résisté au choc, avec des hausses respectives de 0,9% en valeur sur les blancs et de 1,2% pour les rosés en grande surface sur la même période.

De début mars à fin mai, lorsque toute la population était à la maison, les ventes en grande distribution ont légèrement progressé en volume (+1,1%), hors effervescents. Mais les Français confinés ont acheté des vins moins chers qu’au restaurant et le chiffre d’affaire du secteur a reculé de 3,1%. Idem à l’étranger: les exportations ont chuté de 18% en valeur de janvier à août 2020 par rapport aux huit mois comparables de 2019, selon FranceAgriMer.

En ces périodes peu festives, les bulles (champagne et crémant) sont les plus touchées avec des exportations en recul de 22% en volume et de 28% en valeur sur la période. Celles de vins tranquilles se sont affaissées de seulement 6% en volume et 13% en valeur.
Sur la « campagne » viticole août-juillet, la chute des exportations s’élève à 10% au total, tous vins confondus.

C’est la première fois depuis 2008-2009 qu’une baisse « aussi marquée » intervient sur le marché de l’exportation des vins, traditionnellement deuxième contributeur à la balance commerciale française derrière l’aéronautique, selon FranceAgrimer. Un coup dur pour une filière qui, si elle n’utilise que 3% des surfaces cultivées du pays, pèse pour 15% de sa production agricole et génère près de 500.000 emplois, directs et indirects.

En cause: la fermeture des restaurants quasiment simultanément dans de nombreux pays du monde, où les bouteilles françaises représentent une bonne partie de la carte des vins; l’imposition de taxes de 20% aux Etats-Unis depuis octobre 2019 sur les vins tranquilles de moins de 14 degrés; et des incertitudes liées au Brexit, la Grande-Bretagne étant l’un des premiers clients de la France viticole.

– Allègement de charges, aides à la dégustation –

Pour éviter l’effondrement du marché, une série de mesures de soutien a été décidée, à commencer par 246 millions d’euros d’aides à la distillation de crise financées sur fonds européens et français. Le vin en excédent transformé en alcool a notamment servi à fabriquer du gel hydroalcoolique. FranceAgriMer a également confirmé vendredi la mise en place d’une aide au stockage, pour 40 millions d’euros.

Les viticulteurs ont aussi demandé, jusqu’ici sans réponse, la création d’un fonds de compensation pour combler les quelque 500 millions d’euros de préjudice qu’ils estiment avoir subis depuis l’imposition de la « taxe Trump » aux Etats-Unis en rétorsion à un conflit aéronautique.

En revanche, les députés ont adopté mercredi soir, contre l’avis du gouvernement, un amendement prévoyant un allègement de leur charges sociales patronales, lors de l’examen en première lecture du projet de budget de la sécurité sociale.

Le texte prévoit notamment un allègement de 100% pour les entreprises dont le chiffre d’affaires a baissé en 2020 d’au moins 60% par rapport à 2019. Le ministre des Comptes publics Olivier Dussopt a déjà justifié l’opposition du gouvernement en indiquant notamment qu’il y aurait une « occasion d’aller plus loin » avec le prochain projet de loi de finance rectificative pour 2020.

Lot de consolation, le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie a annoncé jeudi une prime de 1.500 euros pour l’organisation de dégustations sur les marchés
export. Et le conseil des ministres de l’Agriculture européen a accepté cette semaine de sauvegarder jusqu’en 2040 (au lieu de 2030) le système des « autorisations de plantation de vigne », dernier système de « quota » de production agricole existant en Europe depuis l’abolition des quotas laitiers et sucriers.
AFP

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