09 Oct

Un Guide du Routard Spécial Oenotourisme en Gironde

Il vient de paraître chez Hachette, le nouveau Guide du Routard est une invitation à la découverte du vignoble bordelais. Il met en lumière toute la filière oenotouristique de Gironde.

Ce guide du routard est le fruit d’un travail conjoint entre Gironde Tourisme et les Routes du Vin de Bordeaux, un boulot de 14 mois démarré avant la crise sanitaire du coronavirus.

Ce guide de 176 pages est une invitation au voyage, à la découverte de Bordeaux, mais aussi de ses territoires viticoles environnants, une région mythique où l’oenotourisme aujourd’hui est véritablement abouti avec de très nombreuses offres.

Ce guide vous propose ses coups de coeur, à commencer par la futuriste Cité du Vin, mais aussi le Musée du Vin et du Négoce au Chartrons à Bordeaux, le bar à vins du CIVB, une dégustation perché au château Rayne-Vigneau, etc…

Vous allez apprendre plein de choses avec une partie consacrée à l’histoire du vignoble, depuis la période romaine du Burdigala, jusqu’à nos jours, en passant par le XVIIe avec l’histoire insolite de la famille Pontac du château Haut-Brion qui ouvrit une taverne bar à vins à Londres, favorisant ainsi l’image des vins de Bordeaux auprès des anglais, on y évoque aussi la grandeur et décadence du vignoble au XIXe avec le classement des vins de 1855 et les maladies qui ont sévi mildiou et phylloxéra…Les nouveaux enjeux sont aussi passés en revue avec les premières caves ccopératives, les AOC, un renouveau du vignoble et un élan en faveur du bio avec les pionniers par les crus prestigieux Guiraud, Fonroque, Pontet-Canet. Le Guide évoque aussi la géographie et la géologie, les appellations et classements, les associations mets-vins et les personnages hommes illustres du Bordelais à l’instar de Montesquieu, qui fut l’un des plus grands propriétaires viticoles au XVIIIe et fut le père des Lumières et de la Révolution avec l’Esprit des Lois.

Le Routard vous emmène à travers Bordeaux, avec ses bonnes adresses de brasseries ou restos, de bars à vins, d’idée de sorties, mais aussi sur la route des Graves et Sauternes, en passant bien sur par les châteaux de Pessac-Léognan, et autres châteaux des Graves, les sites incontournables du Sauternais avec ses nombreux châteaux heureux de vous recevoir pour des visites suaves, et des déjeuners ou diners pour ceux qui ont ouvert un restaurant,…

C’est un Gironde Tour qui se poursuit avec l’Entre-Deux-Mers, les environs de Cadillac, Sainte-Croix-du-Mont, Créon, la Sauve… L’incontournable Cité Médiévale de Saint-Emilion  vous fera plonger dans un passé millénaire, avec de très nombreux châteaux à visiter, ainsi que dans les appellations satellites de Saint-Emilion.

Il y a aussi Blaye et Bourg qui au nord Gironde ne manquent pas de charme, des châteaux qui méritent aussi que l’on pousse leurs portes, et puis il y a le fameux Médoc, connu du monde entier pour ses châteaux et son traditionnel marathon très festif.De Margaux à Saint-Estèphe, en passant par Moulis, Saint-Julien, de nombreuses idées avec des châteaux qui ont de fabuleuses histoires à vous raconter comme Castera plus de 400 ans qui se sont écoulés depuis ses premières ventes de vin avec traces et preuve à l’appui.

Le Routard « Oenotourisme en Gironde » aux éditions Hachette (14€) Inclus dans ce guide une application gratuite Scan Hachette et une carte du vignoble bordelais et une autre de Bordeaux.

07 Oct

8e championnat du monde de dégustation à l’aveugle au château Smith Haut-Lafitte

Samedi, les meilleurs dégustateurs au monde ont rendez-vous à Martillac en Gironde. En jeu le titre mondial de meilleur dégustateur à l’aveugle, avec 12 vins du monde à découvrir. Les compétiteurs retiennent leur souffle.

SMITH HAUT LAFITTE APRES LARRIVET HAUT-BRION

La terre de Pessac-Léognan est un champ de bataille, une bataille de dégustateurs. Il y a 7 ans la Revue du Vin de France avait déjà organisé non loin de SHL le 1er championnat du monde au château Larrivet Haut-Brion, propriété de la famille Gervoson (il avait vu la victoire de l’équipe belge).

Cette année, c’est le magnifique domaine de Smith Haut-Lafitte, 78 hectares, propriété de la famille Cathiard, grand cru classé de Pessac-Léognan, qui accueille cette 8e édition. Un écrin qui compte 6 siècles et demi d’histoire, avec sa célèbre tour du XVIe siècle, ses magnifiques chais digne d’un temple du vin, sa tonnellerie et ses salles de réception.

Pour ce rendez-vous, les équipes se retrouveront déjà la veille pour faire connaissance, l’ambiance de partage et d’humilité et de convivialité sera de mise, dans le respect strict des règles sanitaires du moment.

UNE EPREUVE EN DEUX TEMPS

Dans un premier temps, la vingtaine d’équipes, composées chacune de 4 dégustateurs et d’un coach,  devra identifier à l’aveugle 8 vins du monde…Elle devront deviner pour chaque vin le cépage principal, l’assemblage, le millésime, le pays de production, l’AOC, le nom du producteur et la cuvée, rien que cela !

La deuxième partie de l’épreuve n’accueillera que les 10 équipes ayant obtenu les meilleurs scores. Dans cette dégustation finale, elles se départageront sur 4 vins supplémentaires, pour décrocher le titre de Champion du Monde !

Le château Smith Haut Lafitte en septembre dernier © JPS

QUI POUR SUCCÉDER A L’EQUIPE DE FRANCE CHAMPIONNE DU MONDE ?

Dans cette compétition, la concurrence est rude, les Français se sont déjà plusieurs fois illustrés, mais ils ne sont pas seuls. L’an dernier, la France a été sacrée championne du monde, un deuxième titre comme en 2014  depuis la création de ce championnat, et peut-être un troisième ?

L’équipe de France n’est pas une équipe de novices, certains participent pour la 5e fois, ils ont déjà décroché le titre de champion de France et même le sésame ultime ils sont devenus champions du monde l’an dernier en 2019: Christophe Boyet (club culture et vins de France (Corbeil Essonnes)), Emmanuel Olive (même club de Corbeil Essonnes), François Breteau (club tire-bouchon attitude-Gironde) et Chistian Collin (club les Vins du Vingt à Morlet en Bourgogne. Tous les 4 se complètent bien, certains étant spécialistes et amateurs de rieslings alsaciens et alllemends, d’autres de vins espagnols et italiens, d’autres encore de vins bourguignons et de la vallée du Rhône, d’autres enfin de la Vallée de la Loire ou bien encore de Bordeaux.

Dans cette épreuve, ils seront coachés par Jacky Camus des Ardennes et du club vins découvertes, fin connaisseur de champagnes et de vins d’Alsace, amateur de Chablis et de Bordeaux, lui aussi champion du monde 2019.

Que le meilleur gagne !

05 Oct

Couleur Vigne : quand le poète du vignoble, Nicolas Lesaint, humanise en BD le labeur de vigneron

C’est un grand technicien de la vigne, ingénieur agronome, qui dirige le château de Reignac, qui s’est lancé un pari: écrire une BD inspirée de son travail au quotidien et sur une année à la vigne. Ce grand gaillard, père de Reignyx qui cache en lui un poète, un dessinateur, ancien blogueur, mais aussi animateur des réseaux sociaux, vient d’accoucher d’un nouveau personnage Martin qui découvre à travers une histoire originale le travail d’une année pour réaliser un millésime…Couleur Vigne, Couleur Vécu…

Nicolas Lesaint est un garçon attachant, au propre comme au figuré: attachant les astes, mais aussi rêveur et la tête dans les astres. Non seulement, il a fait des études pointues en tant qu’ingénieur agronome à l’Ensat Toulouse, non seulement il manage de main de maître depuis 2009 le château de Reignac à Saint-Loubès, propriété d’Yves Vatelot, mais aussi il réalise constamment de superbes photos pour les réseaux sociaux dans ses vignes, des photos avec des baies à qui il ajoute des yeux, il a créé il y a quelques années un petit personnage lui aussi attachant, Reygnyx à qui il a donné une sacré identité, lui faisant commenter l’actualité du monde du vin, mais voilà Nicolas nous sort aujourd’hui une BD de plus de 200 pages aux éditions Feret…A croire qu’il a du temps ce garçon… Non, je rigole, il est presque superactif, ça bouillonne constamment dans sa tête, il a du génie, des idées à revendre, à un moment il avait créé son propre blog qui était très suivi, puis s’est recentré sur des vidéos très simples et explicites sur le travail à la vigne et son actualité….

Là, depuis 2 ans, il planche sur des dessins et un personnage qui l’a fortement inspiré qu’il a baptisé Martin. C’est à la fois très intéressant sur le job au quotidien de vigneron et avec un véritable scénario. « J’ai lu les 1ères BD sur la viticulture avec « les Ignorants » d’Etienne Davodo et « Come Prima » d’Alfred, mais je voulais vraiment donner mon idée de la viticulture qui me correspond et donner une histoire dans l’histoire avec un petit gars Martin ».

« Martin est inspiré d’un saisonnier Angel qu’on a bien connu, un papy super de 70 balais, qui avait perdu son commerce et on s’est dit on va le faire travailler. Il a du arriver en janvier 2013 ou 2014, il faisait plutôt froid -5 à -6°, et mon chef d’équipe de l’époque m’a dit qu’il dormait dans sa voiture, et bien sûr par ces températures cela n’était pas concevable, on lui a demandé et finalement il a fini par lâcher le truc: il n’avait plus de logement. A l’époque cela m’a inspiré un billet sur mon blog qui a eu beaucoup d’impact auprès des vignerons de France, certains voulaient lui offrir un poste de tractoriste…J’ai appelé mon boss et lui ai expliqué sa situation, il m’a dit on va le loger tranquillement pendant 6 mois le temps qu’il se refasse… »

« C’est un peu l’histoire de Martin aussi, on part de là et on va le faire travailler et découvrir la viticulture, on le ramène à la vie, par et à travers la viticulture », grâce à son ami Pierre, le tout en coloration manuelle, à l’aquarelle. A travers ces deux personnages, le lecteur va se prendre à l’histoire et comprendre et apprendre les étapes du travail à la vigne fonction des saisons, depuis la taille de la vigne et les bois à tirer, en passant par la pousse, avec des cauchemars par rapport à la grêle de 2013, jusqu’à la vendange et la vinification au chai… En passant par de vraies scènes de vie, avec des canons, des soirées de vignerons et les primeurs aussi au passage…

Au démarrage de cette BD, « on part de son traumatisme avec des planches en noir et blanc et puis petit à petit il va y avoir des touches de couleur, avec notamment la rencontre d’un rouge-gorge, et puis à la fin tout est en couleur… »

Reygnix, la mascotte fétiche dessinée par Nicolas Lesaint (au centre) © JPS

« Cela a été un peu un hasard que cela aboutisse, au début je l’ai fait pour moi tout seul et puis une amie m’a convaincu de faire partager ce travail en projetant ces planches lors d’un concert de rock à Cabara, et puis j’ai mis des planches sur Facebook, et un copain m’a dit c’est trop top.Il faut que tu avances et quand j’ai eu une centaine de planches, il m’a fait rencontrer un responsable de BD qui trouvé cela génial, comme BD à l’ancienne, du dessin, au coloriage et passant par le texte, je faisais tout. »

« J’ai par la suite rencontré Stéphane Zittoun qui venait de reprendre le Féret et il a trouvé cela sympa d’éditer pour la 1ère fois en 200 ans d’existence la 1ère BD du Féret. J’ai avancé à un rythme tranquille, cela m’a pris 2 ans, j’ai eu une totale liberté et un vrai respect de mon travail. J’ai dessiné au total 217 planches, plus la couverture et d’autres essais de couverture, en prévente déjà 900 BD se sont vendues sur 3000 tirées. »

Nicolas Lesaint ne va pas s’arrêter en si bon chemin, bien sûr il va assurer la promotion de sa BD qui sort officiellement le 9 octobre, avec des séquences de dédicaces à droite et à gauche, mais déjà il a un autre projet en tête : «  »je suis en train d’en faire une autre avec un oenologue de la région qui navigue dans le Libournais; il va croiser Pierre, le personnage va découvrir qu’il a été adopté, et cela va l’emmener vers Ouessant », car Nicolas a son jardin caché, il est tombé amoureux des paysages bretons et prend plaisir à s’y rendre assez souvent.

Un grand bravo à Nicolas Lesaint pour cette nouvelle aventure, Reygnyx n’a qu’a bien se tenir…il a maintenant de la concurrence et en interne. « Reygnyx est en sourdine pour l’instant, c’est Martin qui prend toute la place… »

04 Oct

Côté Châteaux n°17 : Saussignac la petite appellation du Bergeracois, petite par la taille mais grande par ses vignerons

C’est un nouveau Côté Châteaux tout en saveur que je vous propose le 19 octobre à 20h15 sur NOA. Vous allez partir à la rencontre de ces vignerons du Bergeracois de la petite appellation de Saussignac, 35 hectares, qui produit du liquoreux mais aussi des vins de toutes les couleurs en Bergerac. Ce magazine de 16 minutes vont emmène de Monestier à Razac et Saussignac à la découverte de ce terroir magique, de ses hommes et d’un grand chef cuisinier. Réalisé par Jean-Pierre Stahl et Sébastien Delalot.

Pascal Cuisset, un vigneron dont la passion est tatouée au coeur © JPS

Allez je vais vous mettre l’eau ou plutôt le vin doux à la bouche. En cette période d’automne, à mi-chemin entre les rouges qui viennent d’être récoltés et des liquoreux qui commencent à l’être par tries successives, je vous emmène en Dordogne…

Bienvenue à Saussignac, cette petite appellation intimiste mais oh combien réputée. Petite par la taille avec seulement 35 hectares de vigne, elle ne compte aussi que  23 vignerons qui occupent pas mal le devant de la scène de ce Côté Châteaux n°17.

S’il est bien un personnage truculent, attachant, charismatique et surtout vigneron, c’est Pascal Cuisset avec qui Côté Châteaux a décidé de débuter ce numéro. J’ai rencontré sous la flotte ce grand gaillard, « vigneron du Sud-Ouest » comme il aime se définir, d’abord dans sa cuisine, pour prendre un café, se réchauffer (9° ce matin-là), faire connaissance avec ses chiennes dont Yquem, cela ne s’invente pas, sa passion pour la tauromachie et l’entrecôte…« T’aurais pu venir un autre jour », me dit-il, lui qui nettoie sa machine à vendanger qui ronge son frein et attend de continuer sa tache dans ses 55 hectares de vigne à vendanger ce qu’il reste de merlots et de cabernets sauvignons…

Le 2020 ? Ce millésime est dans la continuité des précédents, à savoir des hivers très doux, des risques de gel au printemps, été très sec, fortes chaleurs et précocité puisqu’on a commencé le 25 août à vendanger, cela ne nous était jamais arrivé » Pascal Cuisset Domaine des Eyssards.

« On a eu la chance d’avoir un peu de pluie au mois d’août, ce qui a permis de rentrer des sauvignons de très belle qualité, cela fait des secs de très belle facture, les moelleux idem et pour les rouges, les quelques pluies qui sont arrivées au bon moment nous permettent d’avoir des rendements corrects et de très jolie qualité dans des états sanitaires parfaits. »

Pour s’occuper durant cette pluie diluvienne, Pascal Cuisset et son équipe mettent en bouteille la cuvée prestige du château en 2018, une équipe un peu particulière puisque tous font partie de la banda In Vino Veritas, banda officielle des vins de Bergerac, qui envoie du bois…Instant privilégié où il m’explique que son vin est essentiellement destiné à la restauration, cette dernière « a été bien l’été, mais là avec les nouvelles mesures c’est un peu plus inquiétant pour nos clients et pour les ventes aussi. »

Et puis vient la séquence dégustation, oh non pas de toute la gamme, mais un bel échantillon avec déjà son Bergerac 2019, un blanc sec assemblage de sauvignon blanc, dont il produit 180 000 bouteilles, qu’il commercialise un peu partout, pas mal à l’export avec notamment le Japon, « où on s »‘éclate car on y juge les vins sur le rapport qualité-prix et pas sur leur origine, le seul pays où j’ai ma tête en 4 par 3 dans une cave… » Puis viennent ses cuvées de mono-cépâges « les Francs » 100% cabernet franc, ou Sementhal 100% cabernet sauvignon (« sur les fruits mûrs, un cabernet sauvignon qui sent la piperade ça m’inspire pas trop » me dit-il avec humour): « avec 55 hectares on est obligé de multiplier les offres et le marché est toujours demandeur de nouveautés. L’idée est de faire une carrière en ne faisant pas tout le temps la même chose »;

Flavie Cuisset est d’ailleurs dans les traces de son père car elle a voulu planter 2 hectares de pinot noir pour faire un effervescent et un autre mono-cépage…Ils sont comme cela les Cuisset, ils s’amusent.

Faire du vin, c’est d’abord faire du raisin, et là on cooconne le vignoble de A jusqu’à Z » Pascal Cuisset

Des vins d’une majesté, d’un goût royal, à tel point qu’il est référencé et fournit régulièrement les dîners de charité à la cour royale d’Angleterre, avec un joli portrait du Prince Charles qui trône dans sa salle de dégustation. God Save the Cuisset.

Au château le Payral à Razac-de-Saussignac © JPS

Et puis c’est presque une dynastie cette famille Cuisset car il sont 5 à exploiter des vignes à Saussignac. Le magazine se poursuit avec un bel entretien avec Thierry Daulhiac, qui a épousé une Cuisset, il est vigneron bio à Razac-de-Saussignac depuis 2003, certifié depuis 2008 et même en biodynamie depuis 2010. Pour lui ces vendanges sont déjà terminées : « on a eu une précocité phénoménale, 15 jours à 3 semaines d’avance, à partir du moment où on a du beau temps on a des états sanitaires exceptionnels, derrière de belles vinifications, même si l’été les vignes ont quand même un peu souffert, quelques après-midi où cela pouvait monter à 35 à 38°, c’est vrai il y a quand même eu des effets de grillures (surtout sur les jeunes plants), mais c’est un très très beau millésime », mais avec une quantité moins importante.

Avec lui nous allons goûter ses Saussignac, jeunes et vieux millésimes, une appellation qui se défend face à Sauternes ou Monbazillac :

Thierry Daulhiac du château le Payral © JPS

Saussignac, c’est une appellation de liquoreux qui fait partie de ces grands noms d’appellations de liquoreux dans le monde, il n’y en a pas tant que cela, qui ont les cépages, qui ont  le terroir et le savoir-faire pour faire des liquoreux » Thierry Daulhiac du château le Payral.

« A Saussignac, sur nos calcaires, on a toujours de belles acidité, de belles fraîcheurs, qui font que nos vins tiennent très très bien dans le temps. »Quant à la sucrosité de ces vins, Thierry Daulhiac s’est adapté aux consommateurs qui recherchent toujours « du light », « le consommateur ne veut plus dans l’alimentation ces produits avec trop de sucre, à la propriété par exemple je suis revenu à des concentrations moindres…pour avoir des choses beaucoup plus fines, légères avec plus de fraîcheur, et à boire beaucoup plus rapidement pour profiter de ces fruits frais »

Thierry Daulhiac va nous expliquer également son parcours dans le bio initié il y a presque 20 ans, une transformation de son vignoble qui vise un respect de la nature et des sols avec la biodynamie, un parcours suivi également par un autre jeune vigenron dont j’ai tiré le portrait à Saussignac.

Dans le chai à barriques du château les Miaudoux, en bio et biodynamie, à Saussignac © JPS

Samuel Cuisset (encore un…), est âgé de 34 ans, il est à la tête du châteaux les Miaudoux, 35 hectares de vigne et prune en bio et biodyynamie. Il vient à me montrer ce qu’il donne à manger à ses sols : « ça ce sont des graines d’avoine, que je vais mélanger avec tout un tas d’espèces, féveroles, pois, vesse, etc...pour semer dans les vignes et faire un couvert végétal, de l’engrais vert qui va fertiliser le sol… »

Séquence où il déguste aussi avec son oncle le millésime 2019 à la barrique, « on a déjà une belle expression de fruits rouges, de cassis de mûres »….une cuvée en bio : « le bio est porteur, le conventionnel n’est pas porteur du tout », selon lui, il vend ses vins 1500 hectolitres (600 en rouge, 500 en blanc sec, 200 de liquoreux et 150 de rosé) sur « le marché français, en Dordogne et départements autour, avec aussi pas mal de marché historiques à l’export…Le gros de notre clientèle, ce sont des cavistes ou des magasins spécialisés en bio. »

Olivier Roche du château le Tap © JPS

Au beau milieu des vignes, Olivier Roches du château Le Tap nous montre ses raisins qui ne sont pas encore botrytisés mais vont commencer à l’être : « le cahier des charges de notre appellation (depuis 2005) est très restrictif, puisqu’on ramasse minimum à 17°, aucune technique de soustraction, de concentration, ce n’est que sur pied, il faut vraiment attendre l’installation du botrytis ou du passeriage pour pouvoir concentrer les graines.

Quant à la commercialisation, « à la mi-mars jusqu’à fin avril, cela a été compliqué, on s’est posé beaucoup de questions, mais juin juillet et août ont été de très très bons mois, depuis mon installation depuis 19 ans, ce sont mes 3 meilleurs mois. Preuve que les touristes et notamment les touristes français étaient bien présents en Dordogne et ont consommé…

La fin de ce Côté Châteaux nous amène au château des Vigiers où le chef étoilé Didier Casaguana du restaurant les Fresques nous propose une jolie association met-vin de Saussignac:

Le chef du restaurant les Fresques du château des Vigiers, Didier Casaguana © JPS

Un ris-de-veau braisé au vinaigre de figues, accompagné d’un foie gras poelé, avec mousseline de topinambour mi-fumées, pour essayer d’amener un peu d’acidité au vin de Saussignac, un peu de gras avec ces produits de saison, et le côté fumé se marie très bien avec le vin de Saussignac, » commente Didier Casaguana.

« Des ris-de-veau avec du liquoreux, c’est quelque chose qu’on ne connaît pas, puisque les liquoreux on les met souvent en entrée sur du foie gras ou en dessert, là il y a avec ce ris-de-veau qu’il a proposé et nos vins, il y a une belle fraîcheur, une belle acidité, avec le côté sucré cela relève bien… » commente pour sa par Olivier Roches.

Bref un numéro 17 de Côté Châteaux, très dense avec de l’authenticité, du goût et des saveurs, comme j’aime vous les proposer.

Côté Châteaux n°17 spécial Saussignac, à voir à partir du lundi 19 octobre sur France 3 NOA.

Regardez ce magazine spécial Saussignac ici sur You Tube réalisé par Jean-Pierre Stahl et Sébastien Delalot:

02 Oct

Coronavirus : un concert de casseroles, sous la baguette du Chef Etchebest, pour ne pas mourir

Chaque vendredi désormais aura lieu un rassemblement à 11h45 devant les restaurants de France pour que les restaurateurs fassent entendre leur voix et leur mécontentement face à cette crise qui les touche de plein fouet depuis le confinement. Avec comme porte-parole Philippe Etchebest qui se trouvait avec son équipe sur les marches du Grand Théâtre de Bordeaux, juste devant le 4e Mur.

 

Philippe Etchebest et les restaurateurs de Bordeaux protestaient ce midi avec brassards noirs et casseroles © Serge Guynier France 3

Masques et brassards noirs de rigueur, ressortant sur leur veste et tablier blancs, assortis d’un joli bruit de casseroles. Vous l’aurez compris les restaurateurs se sont fait entendre ce vendredi à 11h45, à l’heure où ils se tiennent prêts pour le service en salle.

A l’appel de Philippe Etchebest et de l’Union des Métiers de l’Industrie Hôtelière, les professionnels des cuisines et de la restauration ont manifesté ce jour un peu partout pour protester contre les mesures de fermetures imposées dans pas mal d’endroits.

A 11h45, à l’heure où le service s’active en salle juste avant l’ouverture des portes, ils veulent montrer chaque vendredi que les mesures qui visent la fermeture des restaurants ne sera pas sans conséquences. C’est ainsi un « appel à ne pas mourir en silence », Philippe Etchebest et l’Umih dénoncent ces fermetures qui risquent de se traduire par des clés sous la porte, notamment pour ses confrères de Marseille ou Aix, contraints de fermer leurs établissements, ou les bars comme à Bordeaux obligés de fermer à 22H.  « Les restaurateurs sont en train de crever », « c’est juste pour montrer qu’on est là et qu’on est en train de mourir et qu’il faut absolument faire quelque chose ». Aussi ce concert de casseroles se veut un concert d’une minute pour réclamer des baisses de charges, c’est avant tout » une action pacifiste, sans violence, pas de désobéissance car je n’encourage pas cela », poursuit le chef Philippe Etchebest.

A ses côtés, le patron de l’UMIH de Gironde Laurent Tournier :  » il faut que les politiques comprennent qu’il n’y a pas que l’industrie et les grandes sociétés. L’emploi est aussi disséminé dans les petits commerces et aujourd’hui le plan de relance est fléché à 99% vers l’industrie. Il n’y a rien pour les petites et moyennes entreprises ! »

De leur côté, les organisations syndicales ont présenté ce jour des propositions de nouvelles mesures sanitaires destinées à rassurer le gouvernement qui pourrait permettre la réouverture de ces établissements, comme la mise en place d’un cahier de rappel, avec des coordonnées de clients volontaires à disposition des autorités sanitaires durant un mois pour remonter éventuellement les cas contacts, ou des prises de températures des clients et salariés avant l’entrée dans l’établissement, des tests de dépistage massifs pour tous les professionnels du secteur, le paiement pourrait se faire à table pour limiter les déplacements…

Cet automne s’apprête à être compliqué pour ses professionnels, selon L’UMIH et Laurent Tournier 15% pourraient fermer leur porte, avec un risque de mettre plus de 200000 personnes de plus au chômage.

01 Oct

Tonnellerie française : des résultats stables en 2019

2019, un millésime encore pas mal, en attendant les répercussions probable de la pandémie sur 2020 ou plutôt 2021, les résultats affichés de la tonnellerie française sont stables. Les 58 adhérents à la Fédération des Tonneliers de France ont ainsi vendu 658 000 unités pour un chiffre d’affaires de 494,4 millions d’euros.

Le marché de Cognac a été encore porteur en 2019 et donc les ventes de fûts neufs en France ont augmenté de 4,9%, alors que les marchés à l’export, qui représentent 65% en volume, affichent une légère baisse de 2,2%. La nouveauté pour ce millésime 2019, c’est l’engouement pour les barriques de gros volumes, ce qui  explique une hausse de 4,5% en valeur. Le marché domestique augmente de 8,6% et les ventes export de 2,7%.

LE TOP 5 DES MARCHES:

  • La France en tête (35% en volume, 32% en valeur),
  •  les Etats-Unis (28% en volume, 30% en valeur), 
  • l’Espagne (8% en volume, 7% en valeur),
  • l’Australie et l’Italie (6% en volume, 6% en valeur, dans ces deux pays).

Nous avions redouté que 2019 soit une année difficile, notamment en raison des incendies en Californie puis en Australie, mais les résultats en Europe sont venus compenser les baisses sur ces marchés, Jean-Luc Sylvain, Président de la Fédération des Tonneliers de France.

PROGRESSION EN EUROPE ET SEVERE CHUTE EN CHINE

Les marchés européens confondus montrent une progression de 3% en volume et 8% en valeur, tandis qu’à l’exception de la Nouvelle-Zélande, ceux de l’hémisphère Sud connaissent tous un repli sur cet exercice. Quant au marché chinois, il est en net recul (- 27% en volume).

Quant aux grands contenants, cuves et foudres de plus de 700 litres, ce sont 1 810 unités qui ont été vendues (- 3%), alors qu’en 2018 il y avait eu une hausse conséquente de 21%

La Tonnellerie Demptos à Saint-Caprais-de-Bordeaux © JPS

QUID DE LA CRISE SANITAIRE STABLE EN 2020, CHUTE EN 2021

 
« Malgré la crise sanitaire, nous nous attendons à ce qu’il en soit de même en 2020, nos clients ayant toujours à coeur d’offrir à leurs vins les meilleures conditions d’élevage. En revanche nous sommes beaucoup plus inquiets concernant 2021. Nombre d’entre eux vont être confrontés à des difficultés de trésorerie dues à la chute de leurs ventes. Il est peu probable qu’ils soient en mesure de nous passer les mêmes commandes, » a précisé Jean-Luc Sylvain, le Président de la Fédération des Tonneliers de France.

Avec Fédération des Tonneliers de France

30 Sep

Ile de France: de premières vendanges prometteuses depuis l’obtention de l’IGP

Encouragés par le dérèglement climatique, des vignerons ressuscitent la filière viticole en Ile-de-France, grâce notamment au label « Indication géographique protégée » (IGP), obtenu en mai, qui leur permet de vendre une production locale encore embryonnaire sur un marché très concurrentiel.

Image d’illustration © JPS

Un samedi de septembre, Jean-Michel Bourgoin vendange avec famille et amis le fruit de « trois ans de labeur », de la plantation des vignes sur ce terrain de Blunay (Seine-et-Marne) jusqu’à la récolte des premières grappes. Cet hectare et demi de ceps avoisine les coteaux que possédait sa grand-mère, dont les dernières vignes ont disparu en 1992. Le paysagiste de 52 ans évoque avec nostalgie « la petite vigne familiale », les paysages de son enfance et ces « vins que s’échangeaient les anciens ».
Un peu plus loin, Patrice Bersac, président du syndicat des vignerons d’Ile-de-France, goûte consciencieusement le jus violacé d’un Merlot à venir et s’enthousiasme de ces « siècles d’Histoire qui sont en train de renaître ». Car l’Ile-de-France viticole historique, « territoire plus grand que l’Ile-de-France administrative », a longtemps été le plus vaste vignoble de France, narre le responsable.
Né à l’époque romaine, il a commencé à décliner au XIXe siècle; l’oïdium, le mildiou, le phylloxéra, la guerre de 70, l’urbanisation des terres et la concurrence des vins du Sud ont eu raison des quelque 40.000 hectares de vignes franciliennes. Les viticulteurs ont donc vendu leurs parcelles et le paysage rural en a été transformé.
 
PRECIEUSE IGP
Depuis vingt ans, quelques passionnés, dont Patrice Bersac, tentent de restaurer ce vignoble, parcelle par parcelle. Objectif « modeste » du syndicat qui fédère actuellement une soixantaine de vignerons: reconquérir 1.000 hectares à l’horizon 2030.
Ainsi, en mai 2020, les vins d’Ile-de-France obtiennent l’indication géographique protégée (IGP) – anciennement « vins de pays » auprès de l’institut national des appellations d’origine (INAO). Cette reconnaissance garantit « la qualité », « l’origine », « les pratiques » mais aussi « une présence et une notoriété fortes » à l’échelle européenne, se réjouit Louis-Victor Charvet, expert du guide des vins Bettane+Desseauve.
Elle permet également aux vignerons de vendre leur production à un meilleur prix, note Antoine De Clermont-Tonnerre. Une stratégie judicieuse alors que les coûts de production augmentent, constate ce conseiller viticole. Sur un marché fortement concurrentiel, « la France doit faire le choix de la production qualitative », argue-t-il. Les vignerons espèrent que l’attrait des consommateurs franciliens pour une IGP locale leur permettra de juguler le recul global de la consommation de vin, divisée par deux en 50 ans à l’échelle nationale, explique M. Charvet qui souligne le « très bon rapport qualité-prix de l’IGP ».
Encore discret, le vignoble francilien « a vocation à doubler ou tripler rapidement », estime l’expert. Encadré par des labels, il peut même « redevenir un vignoble de premier plan ». Car si les terres franciliennes ne produisent pas des vins « d’une grande complexité », elles donnent naissance à des « vins de qualité et supérieurs », rassure Louis-Victor Charvet. 
Un ensoleillement plus important et des températures plus élevées: le réchauffement climatique profite aux vignerons franciliens qui parviennent à une meilleure maturité du raisin et des vins plus sucrés, explique l’expert. Les aléas (gel, précipitations, etc.) qui en découlent sont rapidement évacués par Antoine De Clermont-Tonnerre: « C’est le métier du vigneron de s’adapter ». Grâce à ce climat « exceptionnel », Jean-Michel Bourgoin n’a fait subir aucun traitement chimique à ses six cépages, mais « ce ne sera pas toujours le cas », prévient Patrice Bersac.
Au pressoir, entourés de cuves sur lesquelles sont inscrits « Gamay », « Pinot noir », « Chardo », Patrice, Antoine et Jean-Michel dégustent le jus un peu laiteux des grappes fraîchement pressées. Après « 750 heures par an passées dans la vigne », les trois hommes ressentent « de la joie, de la fierté », avant la première bouteille de vin nouveau en octobre.
AFP

29 Sep

Californie: les célèbres vignobles de la Napa Valley en proie aux flammes

Attisés par des vents violents, des incendies dévastaient mardi les célèbres vignobles de la Napa Valley dans le nord-ouest de la Californie, où des dizaines de milliers de personnes ont dû évacuer leurs logements, tandis que trois personnes sont mortes plus au nord.
Ciel incandescent, arbres et vignes calcinés, maisons ravagées par les flammes: le brasier nommé « Glass Fire » a brûlé près de 14.000 hectares dans le comté de Napa, l’une des zones de production de vin les plus prestigieuses des Etats-Unis.
Certains domaines viticoles sont partis en fumée, comme le Chateau Boswell dans la ville de St. Helena. Le domaine de Newton Vineyard, qui appartient au groupe LVMH, a lui aussi été touché. « Alors que le Glass Fire continue de se propager, c’est avec tristesse que nous vous informons que le domaine et les vignes de Newton Estate ont été touchées de manière significative », a annoncé le domaine sur son compte Instagram, soulignant que tous les employés avaient pu être mis à l’abri à temps.
Plus au nord, dans une zone boisée et escarpée du comté de Shasta, le « Zogg Fire », qui s’est lui aussi déclaré dimanche, a fait trois morts.
Plus de 35.000 personnes ont reçu l’ordre d’évacuer en raison de ces feux, et des milliers d’autres devaient se tenir prêtes.
Dans la nuit de dimanche à lundi, 4.500 habitants d’une zone résidentielle pour personnes âgées du comté viticole de Sonoma, voisin de celui de Napa et menacé par un autre feu baptisé « Shady Fire », avaient ainsi dû embarquer dans des cars municipaux afin d’être transportés en lieu sûr.

Résidente de St. Helena, Susan Fielder a eu les larmes aux yeux lorsqu’elle a roulé pour rejoindre un refuge de Napa, laissant derrière elle sa maison en emportant seulement un petit sac et une photo de ses grands-parents. « Ce matin, je me disais: « qu’est-ce que tu vas faire si tu perds tout? », confiait-elle à l’AFP. Elle a pu retrouver sa maison, intacte mais recouverte d’une couche de cendres, à la mi-journée.

De nombreux habitants de la zone, traumatisés par les incendies qui ont déjà ravagé la région ces dernières années, sont eux aussi partis en catastrophe dans l’obscurité.  « On pouvait voir les flammes monter dans le ciel toute la nuit », a expliqué à l’AFP CeeBee Thompson, une habitante de Calistoga.

Les comtés de Napa et Sonoma avaient déjà été frappés par des feux dévastateurs en 2017, faisant au total 44 morts et détruisant plusieurs milliers de bâtiments. Les services météo avaient hissé le « drapeau rouge » pour les risques d’incendie sur cette partie de la Californie en raison d’une vague de chaleur et de vents secs créant les conditions idéales pour des départs de feux.
Le gouverneur Gavin Newsom a expliqué que ces vents devaient « se stabiliser, ce qui devrait nous aider dans nos efforts », appelant la population à la prudence et à suivre scrupuleusement les consignes des secours.
Plus de 2.000 pompiers ont combattu lundi pour maîtriser le feu, dans une région qui  » a été frappée encore et encore », a-t-il dit.
Dans le nord-est de la Californie, le comté de Butte déjà fortement touché par des incendies multiples depuis la mi-août a été contraint de mettre en oeuvre de nouvelles évacuations dimanche soir près de la petite ville de Paradise.
La région avait été ravagée par l’un des incendies les plus meurtriers de l’histoire de l’Etat, le Camp Fire, qui avait fait 86 morts en novembre 2018.
Plus de 8.100 feux se sont déclarés depuis le début de la saison, parcourant 1,5 million d’hectares au total, ont indiqué les pompiers de Californie.
Selon le consensus scientifique, l’ampleur exceptionnelle de ces feux est liée au changement climatique, qui aggrave une sécheresse chronique et provoque des conditions météorologiques extrêmes.
Dans la Napa Valley, Susan Fielder n’a d’ailleurs aucune intention de déballer son sac d’urgence avant le mois de novembre et le retour des pluies. « Je resterai jusqu’à ce que quelqu’un frappe à ma porte et me dise que je dois partir », dit-elle.
AFP

27 Sep

Taxes Trump sur le vin français: près de 500 millions d’euros de préjudice, selon la profession

Les producteurs et négociants de vins français ont « subi un préjudice de près de 500 millions d’euros » depuis l’imposition par les États-Unis d’une taxe de 25% comme mesure de rétorsion à un conflit aéronautique, selon la profession.
« La situation a assez duré, nous ne désarmons pas et demandons la création d’un fonds de compensation pour dédommager les viticulteurs qui ne sont pour rien dans ce conflit commercial » a déclaré Jérôme Despey, président du conseil spécialisé viticulture de France AgriMer, organisme semi-public chargé des marchés agricoles.
Il doit rencontrer « début octobre » le ministre de l’agriculture Julien Denormandie sur le sujet. « Nous avons demandé la création d’un fonds en janvier 2020 pour compenser un préjudice alors estimé à 300 millions d’euros » (…) qui est désormais estimé par la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux (FEVS) « à 500 millions d’euros », a indiqué M. Despey.
Le 18 octobre 2019, les États-Unis ont imposé une taxe de 25% sur les vins français non effervescents en bouteille de moins de 14 degrés, en représailles d’un conflit commercial transatlantique portant sur Airbus et Boeing.
D’autres produits agricoles européens ont été taxés en même temps par l’administration Trump comme les olives espagnoles, les whiskies écossais ou les fromages italiens.
« Le président américain a bien joué » avec des sanctions différentes selon les États-membres, qui freinent toute réaction rapide et collective de l’UE, a reconnu M. Despey.
Côté viticole, les taxes américaines ont provoqué une chute de 40% des exportations de vins français aux États-Unis au premier semestre 2020, selon M. Despey.
Au total, les exportations de vins et spiritueux français ont chuté de 25% au cours des six premiers mois, également tirées vers le bas par l’impact de la crise sanitaire et de la fermeture pendant plusieurs semaines des restaurants et bars dans le monde entier.

Sur ce sujet, les viticulteurs attendent toujours la distribution des 35 millions d’euros promis pour financer une « aide au stockage » des crus invendus pendant cette période. Elle pourrait être débloquée le 1er novembre, selon M. Despey.
Les sur-stocks de vins entre le 31 janvier 2019 et le 31 juillet 2020 sont estimés à quelque 6 millions d’hectolitres, dont 2,6 M hl ont été distillés (transformés en alcool industriel pour gel hydroalcoolique ou autres utilisations). « Il reste un peu plus de 3 millions d’hectolitres de vin en sur-stock », dont le stockage doit être financé pour éviter une chute des cours, a indiqué M. Despey.
AFP

26 Sep

Jacques Lurton: « c’est demain le grand jour, la vente de la collection de papa », André Lurton

Cela risque d’être un moment historique et poignant demain à château Bonnet. La vente de la collection de véhicules anciens et de véhicules militaires qui appartenait à André Lurton, disparu l’an dernier à l’âge de 94 ans. André Lurton avait rassemblé des véhicules qui avaient appartenu à la famille et des engins de la seconde guerre mondiale à laquelle il a participé sur la fin de la guerre. Une vente réalisée par la Maison Artcurial. Interview pour Côté Châteaux de son fils Jacques Lurton.

Jacques Lurton devant un camion GMC © Sylvie Tuscq-Mounet

Jean-Pierre Stahl : « Bonjour Jacques, alors c’est demain le grand jour ? »

Jacques Lurton : « Oui, demain c’est le grand jour, le jour de la vente de 15 heures à 18 heures, sous le marteau de l’équipe d’Artcurial. Depuis 3 jours, ils sont là pour faire une présentation des véhicules dans 3 hangars différents, il y en a beaucoup et c’est la collection de papa…

Tout a été remis au goût du jour, nettoyé, installé. C’est une collection dont on ne savait pas trop quoi faire, on a alors décidé de s’en séparer, on l’a mise en vente et on se rend compte  qu’il y a beaucoup d’engouement.C’est une belle collection, mais pas forcément trop chère, il y a certes quelques gros lots comme les tanks. C’est assez populaire, abordable, vraiment assez sympa… »

Une collection de véhicules militaire et chars impressionnante © Sylvie-Tuscq Mounet

JPS: « Et il avait rassemblé par mal d’engins militaires de la seconde guerre mondiale ? »

Jacques Lurton : « Oui, c’est une collection en 3 parties: il y a d’bord les véhicules anciens qui ont appartenu à la famille, notamment à Léonce Récapet (le grand-père d’André Lurton dont il était très proche et qui avait acheté notamment château Bonnet à Grézillac (cf lire histoire)), à sa femme aussi, à notre grand-père et grand-mère mais aussi à papa. Et puis il y a eu aussi d’autres coups de cour de papa… »

© Artcurial 1898 Fisson 8 HP 3 Litres « Tonneau » estimé entre 120 000 et 200 000 euros

« Il y a aussi la collection militaire. Il s’est fait plaisir en achetant des trucs auxquels il a été confronté à la fin de la guerre, car il s’est engagé comme bon nombre de français dans l’armée pour combattre, il a fait notamment les Ardennes. Il avait quelques Jeep car il était conducteur d’un commandant, mais aussi des chars d’assaut dans lesquels il avait pris place à un moment, un véhicule amphibie et même un véhicule Volkswagen de transport d’officiers allemands. »

Une collection importante de véhicules anciens © Sylvie Tuscq-Mounet

Et puis il y a aussi une autre collection agricole: il avait racheté tous les tracteurs qu’il a eu dans sa vie et parfois des véhicules d’origine, une machine à vapeur, la 1ère moissonneuse-batteuse et puis il y a toute la partie machines à vendanger qu’il a eues dont la première de la région du Sud-Ouest en 1972 une « Chisholm Ryder », qu’il avait faite venir des USA.  Je la garde pour exposer à château Bonnet, c’est une pièce de musée, que l’on va repeindre mais qui n’est pas dans la vente, elle restera à Bonnet.

JPS : « J’imagine que c’est une belle vente ? Combien est estimé l’ensemble ? »

Jacques Lurton : « Oui c’est une belle vente qui devrait être au-dessus de 1,5 millions d’euros… »

JPS : Et ce n’est pas un crève-coeur de s’en séparer ? »

De véritables pièces de collection, très bien conservées © Syvie Tuscq-Mounet

Jacques Lurton : « Papa ne nous a jamais préparé ou intéressé à cette collection, de temps en temps il sortait de veilles et belles voitures pour des occasions, notamment pour des mariages, mais il ne nous a jamais impliqué.

« C’était parfois dans un état assez vieux, poussiéreux, dans des hangars… Pour nous, c’était une évidence de la vendre. Et depuis que le catalogue a été constitué, on s’est attaché à ces véhicules, on a fini par s’imprégner de cette histoire, par la force des choses. Il y a 2 ou 3 petites choses qu’on va essayer de racheter. Artcurial est très confiant, il y a un très très gros intérêt. Cela promet d’être une belle vente, bien sûr il restera des choses non vendues que l’on gardera et fera revivre…La voiture de notre arrière-grand-père Léonce Récapet, on a décidé de la perdre. »

« Il a passé 2 à 3 décennies à rechercher ces véhicules, avec une historienne Hélène Brun-Puginier. »C’est impressionnant l’engouement des acheteurs potentiels, c’est dommage que notre papa ne nous ait pas intéressé à cela. »

CONSULTER ICI LE CATALOGUE DE LA VENTE PAR ARTCURIAL

Lire ou relire l’histoire d’André Lurton, créateur de l’appellation Pessac-Léognan en 1987.

Voir ou revoir le reportage Jean-Pierre Stahl, Didier Bonnet, Eric Dewarde, Xavier Granger.

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