15 Juin

Pesticides : Valérie Murat face à la commission d’indemnisation des victimes d’infractions

Valérie Murat se bat depuis des années pour faire reconnaître le danger de l’utilisation des pesticides et faire cesser leur utilisation. Cet après-midi, elle va être entendue devant le Tribunal de Grande Instance de Bordeaux  concernant le recours déposé devant la CIVI pour que son père victime d’un cancer pulmonaire lié a l’exposition prolongée à l’arsénite de sodium soit reconnu victime de l’industrie.   

Valérie Murat, tenant les pancartes, et Dominique Techer de la confédération Paysane © JPS

Valérie Murat (au centre), lors de la marche blanche contre les pesticides en février dernier à Bordeaux © JPS

Atteint d’un cancer en 2010, dont le caractère professionnel lié à l’utilisation de l’arsénite de sodium a été reconnu en février 2011, M. James Bernard Murat, vigneron du Bordelais, a succombé des suites de cette maladie le 8 décembre 2012.  M. Murat a utilisé durant 42 ans des produits à base d’arsénite de sodium pour traiter ses vignes contre l’esca, dans le cadre de ses activités professionnelles. Il a fait ces traitements sans jamais être alerté de la toxicité de ces produits pour sa santé.

Lorsque le lien entre sa pathologie et l’utilisation professionnelle ce pesticide a été établi, la famille Murat a été brutalement confrontée à un lien qu’aucun d’eux n’avait dès lors pu faire. Pourtant, la dangerosité de l’arsénite est reconnue depuis au moins 1955, date de création du  tableau des maladies professionnelles des pathologies liées à l’arsenic et à ses composés minéraux. Il est remarquable de noter que l’Etat n’a définitivement interdit et retiré du marché ces produits à base d’arsenic qu’en novembre 2001 !

Alors que, certains professionnels de la viticulture et leur syndicat (FDSEA et Coordination rurale) s’entêtent à minorer – voire ignorer- le rôle joué par les pesticides dans la survenue de certaines pathologies, malgré le nombre croissant de reconnaissance en maladie professionnelle, la famille Murat a déposé un recours devant la CIVI à Bordeaux en août 2013 pour que James-Bernard soit reconnu victime de l’industrie.

« L’omerta qui règne dans le Bordelais ne fait que décupler mon envie de faire entendre notre voix pour faire reconnaître mon père victime de l’industrie chimique. Alors, que les institutions viticoles tentent de remettre en place l’omerta par des effets d’annonce et l’édification de monument coûteux à la gloire de la viticulture locale dans un déni outrageant des victimes et de leurs familles, nous cherchons aussi par cette procédure à faire cesser ce déni et pousser à un bilan urgent et indispensable de ce modèle agricole à bout de souffle qui repose sur la chimie, tue les professionnels, les sols et exposent les riverains à des substances toxiques. Quand nous aurons tué tous les professionnels et nos sols, que ferons-nous ? »  selon Valérie Murat, fille de James.

La première audience pour cette procédure devait avoir lieu cet après-midi à 14h au TGI de Bordeaux mais finalement l’audience a été reportée : « ce n’est pas grave, on reste confiant. De toute façon, on a accumulé largement de preuves à charge contre l’industrie chimique. Après la famille Murat ne fera pas l’économie des lenteurs de la justice française. Moi je reste très confiante, il faudra bien que cette audience, elle soit un jour entendue à Bordeaux. Il faudra qu’un jour qu’ici à Bordeaux on reconnaisse mon père victime de l’industrie chimique et de toute manière je ne lâcherai rien. »

 Ecoutez Valérie Murat suite au report de l’audience par Michel Vouzelaud: 

25 Mai

L’action des Amis de la Terre : « stop pesticides » projeté sur sur la Cité du Vin

A une semaine de l’inauguration, les militants anti-pesticides et l’association « les Amis de la Terre » ont organisé hier soir une action : une projection sur la Cité du Vin illuminée d’un autre message choc « stop pesticides »…

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« A une semaine de l’inauguration, les Amis de la Terre Gironde, accompagnés de militant-e-s déterminé-e-s, ont mené une action en prélude du « die-in » qui aura lieu lors de l’inauguration de la Cité du vin » commentent-ils.

On peut dire qu’ils mettent la pression. Ce sont les Amis de la Terre Gironde, les Jeunes Ecologistes, Générations Futures, le Collectif Info Pesticides, Vigilence OGM 33 et Marie-Lys Bibeyran- Valérie Murat qui toutes deux comptent un frère ou un père décédé à cause des pesticides qui signenet cette action de militants déterminés.  

Depuis ce lundi, ils communiquent « façon teaser » avant l’inauguration: ce jeudi 26 mai aura lieu à 10h30, à la librairie La Zone du Dehors, une conférence de presse pour interpeller le chef d’État, François Hollande, afin qu’il se positionne clairement sur l’interdiction de l’usage des pesticides lors de sa venue, à Bordeaux le 31 mai 2016; ils comptent par ailleurs organiser un « die-in » ce jour-là proche de la Cité du Vin. Ils dénoncent par ailleurs le fait que cette  problématique de l’usage des pesticides en viticulture soit passée sous silence dans cette même Cité du Vin

24 Mai

Les militants anti-pesticides veulent manifester lors de l’inauguration de la Cité du Vin

L’inauguration mardi de la Cité du Vin pourrait être perturbée par les militants anti-pesticides qui multiplient les actions depuis Cash Investigation. Ce jeudi, ils vont tenir un point presse pour expliquer leur action symbolique et non violente. Ils souhaitent profiter de l’événement pour peser dans le débat…en réalisant un « die-in géant ».

Un die-in géant lors de la Cité du Vin ?

Un die-in géant lors de la Cité du Vin ?

Les visites présidentielles s’enchaînent à Bordeaux mais n’ont pas la même saveur. En juin 2015, François Hollande avait promis de venir pour inaugurer Vinexpo, le salon des vins et spiritueux. Il était attendu de pied ferme par les professionnels du monde du vin, dans un contexte de projet de loi Santé de Marie-Sol Touraine qui pouvait laisser présager des mesures plus drastiques que la loi Evin. Il avait alors pris l’engagement de conserver la loi Evin mais aussi de prendre en compte le fait de pouvoir communiquer sur la production des vignerons pour favoriser l’oenotourisme. Tout s’est bien passé, au final ,et ce fut même la cohue dans les allées de Vinexpo.

Cette fois, accompagné de la ministre de la Culture Audrey Azoulay, le Président de la République vient inaugurer la Cité du vin. A cetteo ccasion, « les Amis de la Terre Gironde, Générations Futures, le Collectif Info Médoc Pesticides, les Jeunes écologistes Bordeaux-Aquitaine et Vigilance OGM33 ainsi que Valérie Murat et Marie Lys Bibeyran, ont décidé d’interpeller François Hollande autour de l’usage des pesticides et de pousser l’État à prendre des mesures fortes pour leur interdiction ». Une manifestation qui s’inscrit à la suite  de l’émission Cash Investigation sur les pesticides, après avoir organisé une marche blanche à Bordeaux en février, interpellé le préfet de la Gironde en mars en lui remettant une pétition et en appelant à une autre manifestation contre Monsanto le week-end dernier.

Les organisateurs annoncent qu’ils vont d’ailleurs « symboliser toutes les victimes des pesticides par un die-in géant (une simulation de mort soudaine où les manifestants restent ensuite couchés à terre) et appeler toutes les personnes qui souhaitent réaliser cette scène de crime aux pesticides, à se rassembler devant la Cité du Vin dans un esprit totalement non violent ».

Reste à savoir si la préfecture autorisera cette manifestation et si les manifestants pourront approcher comme ils le souhaitent au plus près de l’édifice, où si les forces de l’ordre vont les tenir à l’écart. Plusieurs centaines de personnes du monde du vin devraient participer à cet événement : la livraison de la Cité du Vin après avoir posé la 1ère pierre il y a presque 3 ans le 19 juin 2013, lors de Vinexpo.

Les organisateurs ont prévu une conférence de presse en amont ce jeudi pour expliquer leur démarche et rappeler que « les pesticides ont tué, tuent et continueront de tuer, et ce, tant que l’État ne prendra pas des mesures fortes pour leur interdiction ».

Affaire à suivre…

17 Mai

Les Vignerons de Buzet sont « bee friendly »

CaptureIls l’avaient confié à Côté Châteaux. Mais oui les vignerons de Buzet sont des amis des abeilles… Déjà engagés dans une démarche de développement durable depuis plus de 10 ans, ils innovent encore et vont installer leurs quatre premières ruches au domaine de Gueyze, avec l’aide de l’association Bee Friendly et de l’Abeille Gasconne.

C’est l’événement ce mercredi à Buzet dans le Lot-et-Garonne. Les Vignerons de Buzet vont installer leurs quatre premières ruches au domaine de Gueyze à 10h30, avec l’aide de l’association Bee Friendly et de l’Abeille Gasconne.

D'irréductibles vignerons à Buzet: ils sont devenus bee friendly ! © JPS

D’irréductibles vignerons à Buzet: ils sont devenus bee friendly ! © JPS

Cette action s’inscrit dans la démarche développement durable de la cave. Le label Bee Friendly représente aussi l’occasion de développer les échanges entre apiculteurs et viticulteurs, et d’inciter ces derniers à modifier leurs pratiques vers un plus grand respect des pollinisateurs.

CaptureCes ruches seront dotées d’un système innovant de pesée qui permettra à la cave coopérative de mesurer le fruit de ses actions sur les pollinisateurs. Ce système sera installé pour la première fois par Bee Friendly sur le domaine de Gueyze. Les Vignerons de Buzet spnt la première entreprise viticole à collaborer avec Bee Friendly afin d’adapter le cahier des charges à la viticulture.

Vincent Leyre, Serge Lhérisson et David Bidegaray des Vignerons de Buzet © Jean-Pierre Stahl

Vincent Leyre, Serge Lhérisson et David Bidegaray des Vignerons de Buzet © Jean-Pierre Stahl

Ce label a été créé en 2011 et regroupe des organisations européennes d’apiculteurs. Il vise à identifier et promouvoir les produits et systèmes de production respectueux des pollinisateurs.

Relire : « C’est à Buzet ! Ils s’engagent autrement…Les Vignerons de Buzet concilient depuis 10 ans viticulture et environnement »

15 Mai

Viticulture : petit ou grand, voici deux châteaux qui sont passés en bio et biodynamie…

C’est une tendance qui semble s’accentuer. Depuis 2007 en France, les superficies viticoles en bio ont triplé. En Gironde, les châteaux Bichon Cassignols et Palmer expliquent leur évolution. En Aquitaine, 8 % du vignoble est passé au bio.

du château Bichon-Cassignols à la Brède en Gironde © Jean-Pierre Stahl

Jean-François Lespinasse, du château Bichon-Cassignols à la Brède en Gironde © Jean-Pierre Stahl

L’un est un petit vignoble des Graves à la Brède, l’autre est un 3e cru classé de Margaux dans le Médoc. Tous deux ont franchi le cap. Pourquoi ? C’est ce que Côté Châteaux a essayé de découvrir.

On ne peut pas dire que Jean-François Lespinasse (château Bichon Cassignols) est né de la dernière pluie. Ce vigneron exerce depuis 1981 à la Brède et avec l’aide de son épouse Marie depuis 1982; un vigneron qui pendant des années a mené son exploitation de 12,5 ha de manière conventionnelle, avant de voir de plus en plus d’habitations se construire autour de sa propriété. Une densification due à la proximité de Bordeaux:

Jean-François Lespinasse avec son oienologue Christian

Jean-François Lespinasse, avec son oenologue Christine Chaminade, explique que son vignoble est entouré par 40 maisons © JPS

« Ici on est sur un vignoble qui est sub-urbain, on a plus de 40 maisons qui font le tour…Quand je traitais, il y a quelque temps il y a des enfants qui aimaient bien regarder parce qu’ils aiment beaucoup le tracteur, de même dans les chemins vicinaux sur lesquels parfois des mamans se promènent avec leurs poussettes, et donc c’est un peu le principe de précaution qui s’est imposé », explique-t-il.

Chateaux en bio 028

En 1995, il est d’abord passé en agriculture raisonnée, puis s’est occupé du groupe Terra Vitis à partir de 2002, et il est passé en bio en 2008 : « on s’est aperçu de la spécificité de ces produits au niveau de la santé, c’est un principe de précaution qui nous a poussé à ce passage, en plus du fait que le bio intéressait mon épouse. »  « Au début des années 2000, sont apparues les phrases de risques sur les produits de traitement: notamment les notions de CMR, cancérogène, mutagène et pouvant poser des problèmes à la reproduction ».

« Dans l’environnement, je constate une différence, j’ai conscience d’avoir changé de métier par rapport au conventionnel ou à l’agriculture raisonnée, on s’intéresse à la plante par son rapport au sol. En bio, on est dans une démarche où on vit du sol, cette plante va se nourrir de ce que le sol va pouvoir lui donner. Le sol doit être le plus accueillant possible. Dans les années 90, on a pratiqué l’enherbement naturel et puis on est passé dans les engrais verts avec des céréales et du pois fourrager »; « des engrais qui une fois fauchés forment un tapis, se dégradent lentement et rentrent dans la vie du sol »

Chateaux en bio 032Passer en bio demande toutefois un peu plus de travail comme nous l’explique l’oenologue-conseil du château, Christine Chaminade, présente ce jour-là : « on intervient plus souvent de façon pertinente par rapport au conventionnel et avec des produits tout au plus irritants (bouillie bordelaise), de façon à éviter tous les produits cancérigènes et mutagènes. »

Accompagné par la chambre d’Agriculture et le syndicat des vignerons bio d’Aquitaine, il a donc été certifié au bout de 3 ans, son 2011 est donc son premier millésime entièrement bio. Et il ne le regrette pas car il y a de la demande comme il nous l’explique : « je vends 70% en France (40% aux particuliers et 30% aux cavistes) et 30% à l’export. Mes marchés sont la Suède, les Etats-Unis et la Belgique. Mais le marché qu’on a eu en Suède, c’est justement parce qu’on est en bio. » Un marché en plein essor notamment sur le salon Millésime Bio auquel il participe régulièrement.

Château Palmer à Margaux est passé en biodynamie © Jean-Pierre Stahl

Château Palmer à Margaux est passé en biodynamie © Jean-Pierre Stahl

A Margaux, château Palmer, 3e cru classé, a eu une démarche tout d’abord expérimentale. Son directeur, Thomas Duroux, en poste depuis 12 ans, nous explique qu’en 2008 château Palmer a d’abord expérimenté la biodynamie sur 1 hectare « à l’origine c’est tout simplement de la curiosité et après les vendanges 2008, nous avons eu la volonté de comprendre un peu mieux ce que biodynamie voulait dire et nous avons expérimenté sur 1 ha cette conception un peu différente de l’agriculture telle qu’elle avait été exposée dans les années 20 par Rudolf Steiner. »

Progressivement, château Palmer a augmenté la superficie en biodynamie:« on s’est rendu compte que c’était jouable » et le déclic s’est fait avec le millésime 2013 où 66 % du vignoble était conduit en biodynamie: « la partie bio s’en est aussi bien tirée que la partie conventionnelle » précise Thomas Duroux. La décision a alors été prise de tout passer en biodynamie.

 

L'un des chais à barriques de Château Palmer © JPS

L’un des chais à barriques de Château Palmer © JPS

« Dans biodynamie, il y a deux concepts, il y a bio d’abord c’est-à-dire qu’on utilise que des produits naturels pour s’occuper du vignoble, on arrête tout ce qui est issu de l’agro-chimie et on revient quelque part à une technique un peu plus ancienne, et cela ça nous semble être très important pour la pérennité des sols, pour la santé des opérateurs -les vignerons et vigneronnes qui sont dans la vigne- et puis aussi pour les consommateurs ». 

Thomas Duroux, directeur général du château Palmer explique comment son château est passé en biodynamie © JPS

Thomas Duroux, directeur général du château Palmer explique comment son château est passé en biodynamie © JPS

« Et puis dans biodynamie, il y a aussi l’idée de dynamie, c’est l’idée d’organisme agricole, d’une entité, d’une ferme qui fonctionne en harmonie, où tous les éléments se complètent les uns les autres et où on fait appel le moins possible à ce qui vient de l’extérieur. » Thomas Duroux est convaincu que ce mouvement est désormais lancé et conclue « je peux prendre le pari que dans 5 ans ou peut-être un peu plus l’ensemble des crus classés de Bordeaux sera en bio, parceque c’est faisable, c’est pérein, et puis parce que c’est ce que veulent les consommateurs. »

Mais chacun à son rythme, certains ont besoin de mieux sentire les choses, ce qui compte c’est d’arriver au même résultat. »

L’Aquitaine comptait en 2014: 735 producteurs en bio sur 9752 ha de vignes dont 1668 ha en conversion. Cela représente 8 % du vignoble aquitain.

27 Avr

Le CIVB évoque pour la première fois « une sortie de l’usage des pesticides »

Lors de son assemblée générale lundi, le Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux a affirmé souhaiter une sortie de l’usage des pesticides et aider les viticulteur en ce sens.

Bernard Farges le président du Civb © Jean-Pierre Stahl

Bernard Farges le président du Civb © Jean-Pierre Stahl

Le Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux (CIVB), représentant de la filière viticole bordelaise, s’est positionné pour la première fois lundi pour « une sortie de l’usage des pesticides » dans le vignoble girondin, sans toutefois avancer d’échéance.

La filière viticole bordelaise est sous la pression grandissante d’associations et de riverains, qui dénoncent les effets toxiques d’herbicides et fongicides de synthèse sur la santé et l’environnement.

Assurant que le CIVB est engagé depuis plusieurs années sur une réflexion pour diminuer les traitements phytosanitaires, son président Bernard Farges a estimé que « notre filière des vins de Bordeaux dans son intégralité a les mêmes attentes que les associations qui nous interpellent ».

« Oui, la filière des vins de Bordeaux a pour objectif la diminution forte, voire la sortie de l’usage de pesticides », Bernard Farges, président du CIVB

« Nous avons donc un objectif commun avec nombre d’associations nous interpellant sur le sujet. Notre chemin pour y arriver peut être différent de celui réclamé par ces associations, toutefois l’objectif est commun« , a-t-il assuré lors de l’assemblée générale du CIVB lundi à Bordeaux.

« Cet objectif, partagé par tous, ne sera pas atteint en opposant les modèles, qu’ils soient conventionnels, certifiés, bio, biodynamie. Les solutions seront diverses et complémentaires », a-t-il ajouté, citant notamment l’engagement de la filière en faveur de la recherche sur les « cépages résistants ou tolérants », permettant de limiter l’usage des produits phytosanitaires.

Le président du CIVB n’a toutefois pas mentionner d’échéance: « Cet objectif, le diminution forte voire la sortie des pesticides, ne sera pas atteint en quelques semaines, ni avec des mesures simplistes, mais bien avec des choix, des engagements, des investissements à court terme, à moyen terme, à long terme, de l’ensemble de la filière ».

Il a notamment appelé les membres de la filière à être, « à court terme, exemplaires sur nos comportements près des lieux de vie ».

La préfecture de Gironde avait pris le 22 avril un arrêté qui renforce les mesures applicables aux abords des établissements scolaires prises en juin 2014, après que des enfants d’une école à Villeneuve-de-Blaye eurent été incommodés par des traitements de viticulteurs jouxtant leur établissement.

Associations et riverains réclamaient que les vignes à proximité de lieux sensibles ne soient plus élevées qu’en agriculture biologique.

La France est le second plus gros consommateur européen de pesticides derrière l’Espagne, le 9e à l’hectare. La Gironde est elle le plus grand département viticole de France et, si la viticulture ne représente que 3% de la surface agricole en France, elle consomme 20% des pesticides.

AFP.

26 Avr

Quand les vignobles Ducourt expérimentent les cépages résistants, comme alternative à l’usage des pesticides…

Bernard Farges a affirmé hier lors de l’assemblée générale du CIVB que « sortir des pesticides était l’objectif des vins de Bordeaux ». En Gironde, la famille Ducourt est un exemple en ce domaine, s’étant engagée dans l’agriculture raisonnée depuis 2004 et ayant planté des cépages résistants en 2014.

Jeremy Ducourt devant un pied de Réselle, un cépage résistant en blanc © Jean-Pierre Stahl

Jeremy Ducourt devant un pied de Réselle, un cépage résistant en blanc © Jean-Pierre Stahl

Dans l’Entre-Deux-Mers, Jérémy et Jonathan Ducourt, les deux frères des vignobles Ducourt à Ladaux (Gironde) ont planté 3 ha de cépages résistants en 2014. Ce sont les pionniers en Gironde mais pas en France car depuis 10 ans la famille Pugibet a lancé des cépages naturellement résistants aux maladies (40 ha), telles que le mildiou,l’oïdium ou le botrytis, sur le Domaine de la Colombette dans l’Hérault.

Jonathan Ducourt y est allé d’ailleurs en explorateur en novembre 2013. Il en est revenu extrêmement enthousiaste avec « cette conviction qu’il y a une piste à explorer dans le bordelais pour améliorer considérablement nos pratiques, afin d’élaborer des vins encore plus respectueux de l’environnement ».

Le nouveau cépage ses futures grappes © JPSRéselle planté fait apparaître

Le nouveau cépage Réselle planté à Ladaux © JPS

Début juin 2014, ils ont donc planté 1,3 ha de Réselle (cal 6-04), un cépage blanc venu d’Allemagne, issu d’un croisement de sauvignon, de riesling et d’une variété résistante et 1,7 ha de cabernet juval (cabernet jura), un cépage rouge venu de Suisse, issu d’un croisement de cabernet sauvignon et d’une variété résistante. Ces deux cépages ayant un intérêt important car proche des deux variétés connues à Bordeaux le sauvignon blanc et le cabernet sauvignon.

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Jérémy Ducourt, le vigneron en charge de la partie production, est ainsi fier de nous montrer sa parcelle de cépage blanc :« En face de vous un pied de Réselle, un cépage blanc, un hybride produit à partir de sauvignon, de riesling et d’un parent résistant qui a donné des gênes qui lui confèrent la capacité de résister naturellement aux principales maladies cryptogamiques de la vigne. »

L’histoire semble être un éternel recommencement. Au début du XXe siècle après l’épisode du phylloxéra, les premiers cépages résistants ont été planté puis progressivement abandonnés sous cette forme, comme le précise Jérémy Ducourt:

La production de cépages résistants un jour, bientôt dans ces chais © JPS

La production de cépages résistants un jour, bientôt dans ces chais © JPS

« Les variétés hybrides ont été abandonnées dans les années 50 car elles avaient le défaut de donner des arômes particuliers, des goûts foxés, et de produire aussi un sous produit de la fermentation, le méthanol, qui est nocif pour la santé s’il est absorbé à très forte dose. »

Ces nouveaux cépages nouvellement croisés, plus robustes, ont déjà prouvé en deux ans, leur intérêt dans la réduction des pesticides par rapport aux cépages traditionnels de Bordeaux, soumis à l’influence océanique:

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« ces variétés vont permettre une réduction importante des volumes de produits employés car dans une campagne classique on va traiter 10 à 12 fois par an, sur les variétés résistantes on se limitera à 1 ou 2 traitements à l’année, d’où une réduction de 90% des produits phytosanitaires », selon Jérémy Ducourt.

Une autre expérimentation

Une autre expérimentation au château des Demoiselles postée sur Tweter par © Jonathan Ducourt

Déjà on distingue les futures grappes de raisins sur ces jeunes vignes dont la maturité optimale est prévue pour 2017 pour commencer réellement à produire environ 10-14000 bouteilles de vins blancs et 13-18000 bouteilles de vins rouges, des vins sans IG (indication géographique).

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Ce projet est aussi porté par le Fédération des Grands Vins de Bordeaux, comme me l’a confirmé Laurent Gapenne son président, qui tend à faire reconnaître 25 nouveaux cépages… qui pourraient écrire une nouvelle page de l’histoire de Bordeaux.

Si l’expérience se montre concluante, comme ils l’entrevoient, les Ducourt espèrent planter prochainement 4 hectares supplémentaires de cépages résistants. Une goutte d’eau pour l’heure par rapport à leur 450 ha de vignes qu’ils exploitent en AOC Entre-Deux-Mers, en AOC Bordeaux, Castillon -Côtes de Bordeaux; toutefois ils réalisent de gros efforts en investissant dans des appareils de traitement confinés, effectuant des desherbages mécaniques, recensant les habitations alentours et plantant des haies.

L’objectif est pour eux de limiter autant que possible les doses de traitements, tout en assurant une protection optimale des salariés et des voisins des vignobles Ducourt.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl et Pascal Lecuyer :

22 Avr

Épandage de produits phytopharmaceutiques : le Préfet de la Gironde prend un nouvel arrêté pour mieux préserver enfants et personnes vulnérables

Pierre Dartout, le préfet de la Gironde, a pris un arrêté prescrivant de nouvelles mesures destinées à mieux préserver du risque d’exposition aux produits phytopharmaceutiques, les établissements du département qui accueillent des enfants ou des personnes vulnérables, et qui sont implantés à proximité immédiate de parcelles viticoles et arboricoles.

Le Préfet de la Gironde Pierre Dartout © Jean-Pierre Stahl

Le Préfet de la Gironde Pierre Dartout (archives) © Jean-Pierre Stahl

Voici en substance le communiqué de la Préfecture:

« Cet arrêté a fait l’objet d’une consultation préalable du public qui s’est déroulée du 17 mars au 8 avril 2016. Près de 150 contributions, émanant de particuliers, de parents d’élèves, d’associations, d’élus, de viticulteurs ou d’organisations professionnelles agricoles ont ainsi été analysées, conduisant à enrichir ou préciser le projet d’arrêté sur plusieurs points : exclusion du champ de l’arrêté des produits phytopharmaceutiques à faible risque, clarification de la définition

Il renforce les mesures applicables aux abords des établissements scolaires depuis juin 2014 :

UNE LISTE ELARGIE

  • il élargit la liste des établissements concernés : crèches, haltes garderies, aires de jeux centres de loisirs, établissements de santé, etc ;

DES DISPOSITIFS DE PROTECTION

  • il encourage la mise en place de dispositifs de protection physique adaptés tels que des haies et, pour la viticulture, le recours à des matériels de pulvérisation limitant la dérive lors du traitement ;

INTERDICTION DE TRAITER PENDANT CERTAINES PLAGES HORAIRES

  • en l’absence de ces mesures de prévention, il interdit l’application de produits phytopharmaceutiques pendant certaines plages horaires: concernant les établissements scolaires, il est par exemple interdit de traiter les cultures pendant les 20 minutes qui précédent et qui suivent le début et la fin des activités scolaires et périscolaires, ou encore pendant les récréations. Pour les crèches, les haltes-garderies et les maisons d’assistance maternelle, il est interdit de traiter de 7h à 9h et de 16h à 19h et même au-delà si aucune mesure n’a été mise en place pour éviter la présence des enfants dans les espaces de plein air de ces établissements lors du traitement. Des mesures similaires sont également prises pour les centres de loisirs, les établissements de santé et les établissements accueillant des personnes âgées ou handicapées ;

DES DISTANCES A RESPECTER

  • il fixe des distances à respecter en cas d’application de produits phytopharmaceutiques à proximité de ces établissements: 50 mètres pour les parcelles d’arbres fruitiers et 50 mètres pour les parcelles viticoles avec la possibilité de réduire la distance de traitement à 20 mètres, voire à 5 mètres en fonction du type de pulvérisateur utilisé dans les vignes.

En parallèle, le préfet a amendé l’arrêté relatif aux bruits de voisinage pour permettre les adaptations des dates ou des horaires des traitements rendues nécessaires par ces nouvelles dispositions. Les maires des communes concernées sont chargés de rendre publique la liste des établissements concernés, ainsi que leurs périodes, horaires et modalités de fonctionnement.

Les deux arrêtés sont consultables sur le site des services de l’Etat en Gironde : www.gironde.gouv.fr« 

21 Avr

Générations Futures dévoile la carte de France de 400 « victimes des pesticides »

Une carte et des témoignages qui vont raviver le débat. Générations Futures a établi une carte de France où cette association recence les points noirs des traitements qui auraient eu des incidences sur la santé des riverains ou de professionnels exposés. Cette association a d’ailleurs réalisé un film de ces témoignages anonymes.

La carte des victimes des pesticides en France établie par © Généarations Futures

La carte des victimes des pesticides en France établie par © Générations Futures

Sur son site l’association Générations Futures explique « Nous avons recueilli près de 200 témoignages validés (par leurs auteurs ) de professionnels (épingles bleues sur la carte) et de riverains (épingles orange sur la carte) victimes des pesticides. Nous avons aussi indiqué sur la carte près de 200 signalements (points noirs sur la carte) dont les témoignages sont en cours de validation, soit pour le moment près de 400 personnes recensées sur la carte en ligne ! En outre, d’autres témoignages (au moins 150) attendent d’être traités et saisis, sans compter les appels journaliers en cette période de reprise des épandages.

Nous travaillons aussi de concert avec les organisations locales, des avocats, des associations nationales spécialisées. Les témoignages – écrits ou vidéos –  sont tous validés par les personnes qui nous ont contactés. La plupart sont anonymes pour préserver leur volonté ».

LES TEMOIGNAGES :

« Je suis passé de l’inconscience à la conscience, je dirais. J’ai pris conscience des risques liés à l’épandage des pesticides et essayé de mettre en place des démarches avec mes voisins  viticulteurs », précise un habitant proche d’une exploitation agricole.

Cette autre femme ajoute : »Nous subissons des pulvérisations, plusieurs fois par an sur ces champs. On n’est pas là pour montrer du doigt mais essayer d’instaurer un dialogue et aussi proposer des choses. »

Et de continuer:  « c’est très difficile de parler à des agriculteurs qui se sentent chez eux, qui se sentent aussi le droit de poluer comme ils l’entendent. Ils ont toujours travaillé comme cela. Notre volonté est d’informer mais aussi  de faire en sorte que les pratiques culturales bougent« 

Un autre habitant : « Cela traduit la mobilisation citoyenne qu’il peut y avoir autour de ces questions de pesticides et surtout une question de santé publique. »

LA CARTE : http://victimes-pesticides.fr/

LE DEBAT :

L’heure est au dialogue mais il faut faire attention aux excès : Lionel Lateyron viticulteur à Montagne commente sur Facebook  » Il y a une telle psychose qu’hier c’est un voisin qui est venu se plaindre de la poussière soulevée par le gyrobroyeur dans notre exploitation pourtant en bio !!! Un peu de sérénité serait bienvenue… »

Marie-Lys Bibeyran, Valérie Murat et Dominique Techer parmi les organisateurs tenant la banderolle © Jean-Pierre Stahl

Marie-Lys Bibeyran, Valérie Murat et Dominique Techer lors de la marche blanche contre les pesticides en février dernier à Bordeaux © Jean-Pierre Stahl

QUESTIONS A VALERIE MURAT DE GENERATIONS FUTURES:

Jean-Pierre Stahl : Pourquoi avoir réalisé une telle carte des victimes des pesticides ?

Valérie Murat (Générations Futures Gironde): « Personne, au niveau des institutions, n’avait fait ce travail-là. C’est une question de santé publique. C’est une question qui concerne l’ensemble du territoire, au niveau national.

JPS : Cela concerne la viticulture mais pas seulement ?

Valérie Murat : « Effectivement, il n’y a pas uniquement que la viticulture, il y a aussi l’arboriculture, toutes les cultures sont concernées. Cela montre bien qu’il y avait un vide jusqu’ici, la MSA ne publie pas ses chiffres, il y a 400 témoignages de riverains ou de professionnels, c’est quand même conséquent. C’est vraiment une question de santé publique. »

JPS: « N’avez vous pas peur avec cette carte d’une opposition frontale avec les viticulteurs alors qu’il faudrait davantage de concertation ? »

Valérie Murat : « Il n’y a pas d’opposition, moi je suis une fille de paysan. Néanmoins il y a un clivage entretenu dans le bordelais entre les conventionnels et les bio et ceux en biodynamie. Il n’y a pas d’espace de parole, on continue de nier le problème. Or parfois quand un vigneron rentre chez lui le soir et qu’il a pulvérisé à côté d’une école, il y a une espèce de malaise.

« On ne prend pas le problème à bras le corps. J’aimerais que la viticulture bordelaise soit une sorte de porte parole et montre l’exemple. Car il y a eu aussi la carte de Cash Investigation et aussi UFC Que Choisir qui ont montré du doigt la région. J’aimerais qu’on se mette tous autour d’une table pour donner la marche à suivre. C’est une question de santé publique pour les écoles et pour les riverains. Aujourd’hui, avec tout ce que l’on sait, ça serait bien que les institutions se mettent autour d’une table avec nous. »

Laurent Gapenne, le président de la Fédération des Grands Vins de Bordeaux © JPS

QUESTIONS A LAURENT GAPENNE (PRESIDENT DE LA FEDERATION DES GRANDS VINS DE BORDEAUX)

JPS : « Comment réagissez vous par rapport à cette nouvelle carte et cette nouvelle publication ? »

Laurent Gapenne : « Si c’est une démarche positive et un vrai échange, pourquoi pas. Si c’est pour stigmatiser les viticulteurs comme quoi ce sont des pollueurs, ce n’est pas une bonne démarche. Si c’est une démarche responsable pour aller dans l’information, c’est ce que l’on fait depuis plusieurs mois à travers des opérations de sensibilisation. »

JPS : « Que pensez vous de cette proposition de table ronde ? »

Laurent Gapenne : « On n’a jamais fermé la porte à des réunions comme des tables rondes. On en a créé ou faites dans le Médoc, j(ai demandé aux ODG de Gironde d’y participer et d’en faire (dernièrement à Listrac). Il faut s’y rendre et expliquer ce qu’il se passe.

On participe et on participera à des tables rondes du moment où elles sont constructives. On fait un maximum pour expliquer aux gens. Ca se passe un peu pertout en Gironde. »

JPS : « Qu’en est-t-il de l’alerte des riverains le jour où les viticulteurs traitent ? »

Laurent Gapenne : « C’est déjà le cas dans pas mal d’endroits. Ca semble positif. Toutefois il arrive que certains reverains demandent à ne plus être prévenus. Ca se passe déjà comme cela chez certains châteaux depuis l’an dernier.

« Mais tout cela c’est du bon sens, de la courtoisie, des rapports humains entre individus. Quand ça se passe bien, il n’ya pas de problème. »

Quand il y a conflit entre un viticulteur et un riverain et quand on intervient, au bout d’un certain temps, on se rend compte que c’est plus du domaine du conflit de voisinage et cela ressort quand il y a un traitement.

Mais il faut reconnaître qu’on a aussi des viticulteurs jusqu’auboutistes qui ne font pas attention à leurs voisins, c’est comme pour le bruit ou la musique trop forte en ville, il y a des gens responsables et d’autres qui le sont moins. »

Générations Futures a en outre réalisé un petit film de sensibilisation avec ces témoignages anonymes :

 

01 Mar

Les militants anti-pesticides se font entendre : la préfecture de Gironde annonce renforcer l’encadrement de l’épandage de produits phytosanitaires

Cet après-midi, Marie-Lys Bibeyran a remis au Préfet de Gironde sa pétition avec 84600 signatures. Alors que les militants tenaient une tribune médiatique devant la Préfecture, cette dernière a annoncé prendre un nouvel arrêté préfectoral pour la campagne de traitement 2016. Côté châteaux a aussi mené l’enquête sur les mesures prises depuis plusieurs mois en côtes de Bourg.

Valérie Murat, de Génération Futures, devant la Préfecture © Jean-Pierre Stahl

Valérie Murat, de Génération Futures, devant la Préfecture © Jean-Pierre Stahl

Les lanceurs d’alerte, Marie-Lys Bibeyran et Valérie Murat, qui ont perdu un membre de leur famille à cause de cancers liés au pesticides, avaient appelé à un nouveau rassemblement devant la préfecture de Gironde ce mardi à 15h.

Marie-Lys Bibeyran à l'origine de la pétition © JPS

Marie-Lys Bibeyran à l’origine de la pétition © JPS

Ce sont un peu plus de trente militants et riverains de parcelles viticoles qui sont venus soutenir Marie-Lys Bibeyran avant son rendez-vous avec la préfecture. Celle-ci venait remettre la pétition qu’elle a lancé en septembre 2015 après l’affaire de Preignac, où l’INVS révélait un taux de cancers plus importants chez les enfants de l’école de Preignac qui jouxte des parcelles de vignes. Une pétition qui a recueilli 84600 signatures.

manif pesticides et bourg 049

Marie-Lys Bibeyran : « Je suis venu lui faire prendre conscience de la réalité du terrain en ce qui concerne l’exposition des enfants aux pesticides et de l’inefficacité des mesures pour l’instant appliquées comme l’adaptation des horaires, l’installation de haies ou de filets anti-pesticides. Elles ne sont pas suffisamment protectrices, c’est pourquoi je demande via la pétition que ces surfaces fassent l’object d’application de produits homologués par l’agriculture biologique. »

De son côté Dominique Techer, de la Confédération paysane explique : »il faut discuter raisonnablement maintenant et il ne faut pas dire on attend, on verra bien car au niveau de la santé des riverains et de l’image de nos appellations, pour moi, c’est juste une catastrophe aujourd’hui. »

manif pesticides et bourg 050

Alors que la préfecture recevait Marie-Lys Bibeyran, elle envoyait dans le même temps ce communiqué aux rédactions :

« L’Etat va renforcer l’encadrement de l’épandage de produits phytosanitaires dans les vignes

« L’épandage de produits phytosanitaires dans les vignes est autorisé. Les produits phytosanitaires utilisés sont soumis à des règles strictes d’autorisation à l’échelle nationale et européenne. La protection de la vigne constitue un enjeu majeur pour les viticulteurs dans le contexte climatique océanique de la Gironde propice au développement des maladies de la vigne.

« L’exposition à ces produits est un sujet de santé publique qui préoccupe les citoyens s’agissant des risques d’exposition pour les personnes sensibles comme les jeunes enfants.

« Dès 2014, le préfet de la Gironde avait pris des mesures par arrêté du 23 juin pour encadrer le traitement des vignes aux abords des écoles. Une distance minimale de 50 mètres avait été introduite par précaution. Le législateur a depuis introduit de nouvelles dispositions dans la loi d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forêt pour compléter ces mesures et favoriser la mise en place de dispositifs de prévention et de protection.

« Un nouvel arrêté préfectoral sera prochainement soumis à la consultation du public, permettant de traduire concrètement les dispositions de la loi en Gironde, conformément aux orientations fixées par la ministre de l’environnement, de l’énergie et de la mer chargée des relations internationales sur le climat.

Des haies plantées à St Ciers de Cadenesse © JPS

Des haies plantées à St Ciers de Cadenesse © JPS

« Cet arrêté :

  • permettra d’étendre les mesures de précaution, au-delà des écoles, à d’autres établissements accueillant des enfants (crèches, haltes-garderies,…) ainsi que tout autre établissement pouvant accueillir des personnes vulnérables ;
  • favorisera l’implantation de dispositifs de protection notamment la plantation de haies ;
  • et encouragera le recours par les viticulteurs à des matériels limitant la dispersion des produits.

« Les maires auront un rôle à jouer pour la bonne mise en œuvre de ces mesures et leur adaptation au contexte local.

« Cet arrêté entrera en application pour la campagne de traitement de 2016″.

Les vignerons des Côtes de Bourg avec le maire de St Ciers de Cadenesse et la vice-président de la communauté de communes de Bourg

Les vignerons des Côtes de Bourg avec le maire de St Ciers de Cadenesse et la vice-président de la communauté de communes de Bourg

DES SITES SENSIBLES REPERTORIES, DES HAIES PLANTEES

Dans les Côtes de Bourg, des mesures ont déjà été prises suite à l’affaire d’intoxication des enfants et de l’enseignante à Villeneuve en mai 2014. Dès le 23 juin 2014, un premier arrêté préfectoral a été pris fixant des mesures à préserver les établissements scolaires du risque d’exposition aux produits phyro sanitaires;

Ici on a planté des haies à Saint-Ciers-de-Canesse, comme le montre le maire et la vice-présidente de la Communauté de Communes de Bourg Valérie Guinaudie : « un diagnostic a été réalisé par rapport à l’implantation des vignes et 1200 m de haies ont été implantées au mois de décembre autour de ces sites dits sensibles. »

35 sites ont été analysés pour l’ensemble des 15 communes de la CDC située en Côtes de Bourg, 24 présentent un rique car à moins de 50 m d’une parcelle de vigne et 13 communes de la CDC possèdent un site sensible.

Toutefois en attendant que les arbustes plantés poussent à près de 3 m de hauteur, il va falloir attendre au moins 4 ans, d’où la seconde mesure mise en place :

« UNE CHARTE DE BON VOISINAGE ».

Des vignerons comme Xavier Hoclet se sont engagés à adapter leurs horaires de traitements et à limiter la dérive des produits en optimisant le matériel de pulvérisation : »je traite soit très tôt le matin, soit après la sortie ou encore en dehors des heures d’ouverture de l’école. »

DECEPTION DE MARIE-LYS BIBERAN

Mais au sortir de la préfecture, Marie-Lys Bibéran estime ne pas avoir été entendue : elle écrit à Côté Châteaux: « ils restent sur la même ligne de conduite. Haies, filets anti pesticides, horaires adaptés, et application de pesticides conventionnels y compris CMR, le préfet ne s’estime pas compétent pour interdire l’application de pesticides conventionnels ou rendre obligatoire l’application de produits homologués bio et considère même que le lien entre pesticides et maladies n’est pas « scientifiquement avéré: autrement dit on ne change rien ».

Dans un communiqué envoyé le 3 mars, le Collectif Info Medoc Pesticides estime que « Le fossé se creuse entre les institutions viticoles et leurs concitoyens ». Le Collectif Info Médoc Pesticides considère ne pas avoir été écouté. Un communiqué ayant été envoyé à la presse alors même que l’entretien se terminait à peine. Mr le Préfet et les institutions viticoles balaient d’un revers d’indifférence et de déni les études scientifiques attestant des effets des pesticides sur la santé et plus particulièrement sur nos enfants (Mr le Préfet considère que le lien n’est pas scientifiquement avéré). Et le collectif d’inviter ses militants et sympathisants  à maintenir la pression sur le terrain.

Une nouvelle soirée-débat est déjà annoncée pour le 22 mars à 20h à Listrac Médoc (salle socio-culturelle).

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl et Didier Bonnet