Après l’invalidation par le Conseil d’Etat des premières chartes de riverains, la chambre d’agriculture de la Gironde vient de rendre une nouvelle copie, tenant compte des décrêt et arrêté des 26 janvier 2022, avec élargissement des publics touchés et rendant l’information obligatoire. Réaction des signataires et associations environnementales ou anti-pesticides.
Cette charte du bien vivre ensemble a été signée cet après-midi par 28 acteurs du monde agricole et viticole au château Ségur à Parempuyre en Gironde. Ceux-ci s’engagent à afficher déjà en mairie un calendrier des traitements de la vigne. Et désormais, ils prévoient une obligation de prévenir les riverains et salariés autour des exploitations 8 heures avant traitement.
« Autour de Bordeaux, on sait que la pression urbaine augmente, plus on s’éloigne de Bordeaux moins c’est compliqué, et donc cette charte sera un bon lien entre la population et nous-mêmes pour que nous puissions continuer notre activité », Régis Falxa président de la Fédération des Vignerons Indépendants.
« Nous utilisons tous des produits phytosanitaires, on est sous un climat océanique, soumis aux aléas de pluie, d’orage, de beau temps, ce qui nous contraint à utiliser ces produits, evidemment de nombreuses démarches environnementales sont mises en place, notamment chez les vignerons indépendants (70% engagés dans une démarche environnementale…et en terme de dosage on est loin d’utiliser les doses homologuées… »
La chambre d’agriculture et le CIVB ont créé cette application BVE33 du bien vivre ensemble pour être alerté rapidement des traitements (en plus des traditionnels mails, sms, etc…) « Le but c’est de faciliter l’information. C’est une application qui permet aux agriculteurs d’informer les riverains, avec une géolocalisation des parcelles des traitements et du délai de ré-entrée à partir du moment où l’agriculteur valide son traitement, » commente jean-Louis Dubourg président de la Chambre d’Agriculture de la Gironde.
« Les agriculteurs s’engagent avec cette charte à traiter correctement, quand il faut au bon moment, à la bonne dose, avec le bon produit, et à prévenir les voisins qui le souhaitent, et on a aussi un accompagnement technique fait par la chambre, où sur des parcelles à proximité de sites sensibles, on va venir conseiller les agriculteurs à utiliser des produits moins impactants pour l’environnement et le voisinage… »
Pour les associations environnementales comme Alerte Pesticides Haute Gironde, un regret déjà d’ « avoir oublier de consulter les associations anti-pesticides comme la nôtre », mais aussi « une charte écrite sans les riverains » et « ne prenant aucune mesure spécifique » vis à vis des produits les plus dangereux « cancérigènes, mutagènes et reprotoxiques », toutefois de moins en moins utilisés (6% selon la chambre d’agriculture en 2020, avec un objectif de 1% en 2030).
Pour Cyril Giraud de Générations Futures: « l’objectif premier de cette charte là, l’objectif premier ce n’est pas de protéger la population, mais de pouvoir déroger aux distances de traitement pour pouvoir traiter plus près des habitations que le respect strict de la réglementation… » Et de reconnaître: « il y a une obligation d’informer la population donc ça c’est une bonne chose, c’est quelque chose qu’on réclamait depuis longtemps, maintenant il va falloir être pointilleux, car toutes les personnes qui demandaient à avoir accès à la nature des produits qui sont épandus, se sont vues refuser cette information-là…Or nous on considère que c’est une information d’intérêt public…et que chacun a le droit de savoir à quoi il est exposé quand il y a des épandages près de chez lui. »
Pour la représente des salariés agricoles et viticoles, Corinne Lantheaume, secrétaire générale SGA33/CFDT, cette charte qu’elle a co-signée est nécessaire pour renouer un dialogue entre riverains et exploitants.
« Aujourd’hui rien que le fait de voir un tracteur provoque déjà de l’agressivité, j’ai un collègue qui pulvérisait une tisane d’ortie il s’est fait agressé par un voisin, …il faut arriver à se comprendre, remettre les choses à plat, dépassionner les débats, si on veut aller les uns vers les autres, il faut qu’on vive ensemble on n’a pas le choix, autant le faire dans de bonnes conditions… »
Cette charte sera soumise à la préfecture d’ici 2 mois et à une consultation publique en suivant.
Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Dominique Mazeres et Corinne Berge :