28 Mar

Beychevelle inaugure samedi son nouveau chai signé Arnaud Boulain

C’est avant tout un chai à la pointe de la technologie. Un chai aux formes cubiques et aux grands vitrages bercés de vagues pour rappeler la tradition historique où les bateaux affalaient leurs voiles en signe d’allégeance au Duc d’Epernon, premier propriétaire du domaine.

Le nouveau chai, non loin des grilles d'entrée de château Beychevelle © JPS

Le nouveau chai, non loin des grilles d’entrée de château Beychevelle © JPS

Impossible de le louper. Il a accosté sur la route des châteaux juste à côté de la propriété historique de Beychevelle en AOC Saint-Julien.

Ce chai se veut « une invitation au voyage » car ici tout rappelle l’univers des voiles et des flots de l’estuaire de la Gironde au bout de la propriété. Ce chai est opérationnel depuis les vendanges du millésime 2016, et c’est tout naturellement pour lui rendre grâce qu’il va être inauguré ce samedi, pour la grande semaine des primeurs qui va s’ouvrir en suivant.

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18 MOIS DE TRAVAUX

« Les travaux ont été lancés en janvier 2015, afin que le chai soit opérationnel pour la vendange 2016 » explique Philippe Blanc, directeur du château Beychevelle, oenologue et ingénieur agronome. La décision de lancer un tel projet fut prise peu de temps après que le groupe Castel ait rejoint le groupe Suntury pour l’acquisitrion de Grands Millésimes de France, propriétaire de Beychevelle. L’objectif était de donner à cette figure de proue des châteaux de Saint-Julien un outil technique digne d’une volonté de faire un très grand vin.

« L’objectif était de faire un outil d’aujourd’hui mais aussi pour les 30 ans à venir. Donc forcément avec une touche très moderne, utile et agréable à travailler mais en même temps en faisant un bel objet en relation avec le château, un très beau château XVIIIe », selon Philippe Blanc.

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L’univers marin, l’univers de Beychevelle, qui va avec la mer, les voiles, les bateaux, on les retrouve sur les façades suite au travail réalisé par Arnaud Boulain, on retrouve ces pare-soleils qui rythment les façades en faisant une ondulation » Philippe Blanc directeur de Beychevelle.

UN CUVIER PARCELLAIRE

Ce sont 55 cuves tronconiques auxquelles 4 vont bientôt s’ajouter qui garnissent l’immense cuvier à la vue imprenable sur ses remarquables voisins, dont Branaire-Ducru. Des cuves de 73 à 105 et de 120 à 160 hectolitres, tout en inox, avec double épaisseur pour accueillir la production des 90 hectares de vignes. Ce nouveau cuvier permet une réduction des manipulations du vin et un traitement plus délicat. Des cuves correspondant aux parcelles, dégustées et vinifiées différemment, dans un souci de plus en plus prégnant de faire du sur mesure. Le chai à barriques qui peut contenir jusqu’à 1300 bordelaises, enterré permet d’ avoir une température naturelle pour la conservation du vin. A Beychevelle, ce sont 400000 à 430000 bouteilles qui sont produites sur les 3 vins rouges.

Philippe Blanc, directeur du chateau Beychevelle, et le maître de chai du château © JPS

Philippe Blanc, directeur du chateau Beychevelle, et Benoît Milhé, le maître de chai du château © JPS

ARNAUD BOULAIN ARCHITECTE

Comment permettre de fondre une telle masse avec le paysage environnant, un défi de taille pour un archi. Arnaud Boulain, de l’agence BPM Archiectes, a opté pour un vitrage clair qui laisse la lumière traverser l’espace, tout en ajoutant en façade ces vagues pour casser ces lignes droites, mais aussi rappeler l’histoire du domaine ancré depuis 5 siècles sur cette tradition d’affaler les voiles devant Beychevelle, en signe d’allégeance au premier Duc d’Epernon. Le “bateau du dragon” qui orne son étiquette est ainsi représenté en façade du nouveau chai et continue de provoquer un signe de ralliement auquel le marché chinois n’est pas indifférent et ferait même flamber les prix. Arnaud Boulain a également été à l’origine de projets pour les châteaux Bouscaut, Angélus, Pédesclaux et Ronan by Clinet.

27 Mar

Millésime 2016 : Sauternes dévoile un « millésime gourmand, riche et frais » au Chapon Fin

C’était ce soir un grand moment à Bordeaux avant la folle semaine des primeurs. Une vingtaine de propriétés de Sauternes offraient leur 2016 à la dégustation. Un millésime très agréable qui va faire parler de lui, comme Sauternes en pleine effervescence.

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Vincent Labergère (Rayne-Vigneau), Didier Fréchinet (La Tour Blanche), Pierre Montégut (Suduiraut), Hugo Bernard et Thomas Meilhan (Suau), Laure de Lambert-Compeyrot (Sigalas-Rabaud) © Jean-Pierre Stahl

Il est des moments dans la vie où le temps semble suspendu, où la grandeur du millésime tutoie la beauté de l’endroit. C’est en effet au Chapon Fin, qu’était organisée la première dégustation de liquoreux de Sauternes, à J-7 de la grande semaine des primeurs, dans ce restaurant mythique de Bordeaux où Sarah Bernhardt fait face à Edouard VII, où Jack Lang se retrouve aux côtés de Jacques Chirac, à tout jamais figés.

Guillaume Cottin de la Vinothèque de Bordeaux et de la maison Dubos avec Xavier Planty, de château Guiraud et Président de l"'ODG Barsac-Sauternes © JPS

Guillaume Cottin de la Vinothèque de Bordeaux et de la maison Dubos avec Xavier Planty, de château Guiraud et Président de l »‘ODG Barsac-Sauternes © JPS

Un grand moment dont Xavier Planty a su profiter pour lancer aujourd’hui le prix de vente de son château Guiraud 2016 : « 35,5 € pour le particulier, c’est le même prix que l’année dernière, c’est la première fois de ma vie que je vends à l’export avant la fin mars… On connaissait la bière de mars, on a maintenant le Bordeaux de mars », plaisante Xavier Planty qui a réussi son coup puisque dès aujourd’hui les premières commandes étaient passées.

La grande nouveauté : la demi-bouteille avec la de Reneé Lalique de 1928

La grande nouveauté : la demi-bouteille de Lafaurie-Peyraguey avec la gravure « femme et raisins » de René Lalique de 1928 incorporée dans le verre © JPS

Une belle soirée comme seule Bordeaux sait les organiser, avec une brochette de 1ers crus classés côte à côte : pour Didier Fréchinet du château La Tour Blanche « c’est un millésime gourmand, riche et frais en même temps. »

« Je suis raide dingue de ce terroir depuis que je suis gamine », me confie Laure de Lambert-Compeyrot  du château Sigalas-Rabaud, 14 hectares à Sauternes, « une croupe plein sud » et d’ajouter « j’avais un prof d’oeno à la fac qui disait « Sigalas ça me fait rêver » ».

« Nous avons récolté 22 hectolitres à l’hectare à Suduiraut, c’est une belle année », explique Pierre Montégut, « au niveau production, ce fut une belle récolte et de plus de qualité. C’est frais, gourmand, les fruits, arômes ressortent bien. On est à Sauternes, on a la complexité recherchée avec le botrytis. »

Jean-Sébastien Charles (château de Malle), Philippe Guignard (Lamothe-Guignard), David Bolzan et Eric Larramona (Lafaurie-Peyraguey), Gabriel de Vauzelles (château Filhot) © JPS

Jean-Sébastien Charles (château de Malle), Philippe Guignard (Lamothe-Guignard), David Bolzan et Eric Larramona (Lafaurie-Peyraguey), Gabriel de Vaucelles (château Filhot) © JPS

Gabriel de Vaucelles du château Filhot : « nous avons de la fraîcheur et de la structure ». Depuis 2012 Sauternes a plutôt bien réussi ses millésimes avec un grand 2013, mais aussi un 2015 très intéressant. Sauternes a toujours su trouver des ressources dans son terroir, dans ses hommes qui ne manquent pas d’idées.

David Bolzan, directeur général de Lafaurie-Peyraguey (propriété de Sylvio Denz président de Lalique), est fier de dévoiler ce soir la sortie de sa demi-bouteille avec la gravure réalisée par René Lalique en 1928. Et ce n’est pas tout, il annonce le lancement de travaux le mois prochain à Lafaurie-Peyraguey où un hôtel-restaurant va s’ouvrir au printemps 2018, juste avant Bordeaux Fête le Vin. Sauternes forever !

21 Mar

A l’aube des primeurs de Bordeaux, Calon Ségur ouvre le bal des nouveaux chais remarquables

C’était hier une visite de propriété en bonne et du forme, sous la houlette de Laurent Dufau le gérant du domaine. Depuis son rachat en 2012, Calon Ségur, 3e grand cru classé 1855, s’est offert une cure de jouvence. Des travaux titanesques engagés tant au château que pour la partie technique. Calon Ségur a levé le voile hier sur ces transformations remarquables.

Laurent Dufau, dans ce nouveau cuvier aux 70 cuves © Jean-Pierre Stahl

Laurent Dufau, dans ce nouveau cuvier aux 70 cuves © Jean-Pierre Stahl

Le nouveau cuvier est déjà opérationnel depuis les vendanges 2016. Ce sont 2 ans de travaux qui ont été nécessaires pour en faire un formidable outil technique avec un nombre de cuves inox qui a doublé pour répondre à la sélection parcellaire.

Même si le volume total n’a pas augmenté, ce nouvel espace sur deux niveaux selon le principe du gravitaire offre un superbe outil de production à l’emplacement même de l’ancien chai « nous sommes aujourd’hui sur le site de l’ancien cuvier de vinification, nous savions que nous avions à disposition un espace carré, d’environ 1000 m2″explique Laurent Dufau

Cette cuverie répond aujourd’hui au besoin technique important qui est celui de la sélection parcellaire, pour cela il fallait de nombreuses cuves, 70 en agencement de demi-cercle concentrique » Laurent Dufau gérant de Calon Ségur

Chais du Médoc 043« On a une dizaine de tailles de cuves différentes qui permettent cette sélection parcellaire et même intra-parcellaire, de 25 à 120 hectolitres, en passant par du 35, 45, 55…. Nous sommes sur un terrain qui naturellement est en pente douce jusqu’au marais de Calon situé derrière la propriété , donc finalement on s’est installé en lieu et place de l’ancien cuvier, qui lui bénéficiait déjà d’un décaissement donc on a assez peu modifié la structure du sol à Calon. »

Les vieux millésimes seront conservés dans ces cellules tel un trésor © JPS

Les vieux millésimes seront conservés dans ces cellules tel un trésor © JPS

Mais il n’y a pas que cette cuverie qui est remarquable, un long tunnel de 35 mètres, véritable sanctuaire aux multiples cellules (non ce n’est pas Guantanamo !) s’apprête à recevoir les plus vieux flacons de la propriété. Le plafond ce cet endroit a été réalisé en vieux bois qui ont vécu et contenu du vin, une déambulation qui mène dans une autre grande salle et un escalier contenu dans un vieux foudre pour arriver au gigantesque chai à barriques.

Près de 1100 barriques peuvent être accueillies ici © Jean-Pierre stahl

Près de 1100 barriques peuvent être accueillies ici © Jean-Pierre stahl

Mille cent, c’est le nombre de barriques que peut accueillir le nouveau chai de première année, deux fois et demi plus grand que le précédent ! Un chai remarquable par l’alignement de ces bordelaises de 225 litres (300 bouteilles), par la précision et la justesse du choix des matériaux, reflétant l’élégance et la simplicité dans l’efficacité.

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Et d’offrir à la dégustation en primeur le millésime 2016 des châteaux Capbern, Marquis de Calon Ségur et Calon Ségur. Après un hiver et un printemps plutôt humides, les conditions ont été optimales durant tout l’été pour le mûrissement des baies, avec des matinées fraîches et clémentes, sans parler des 30 mm de pluies bien venues en septembre… Les merlots ont pu être ramassés du 29 septembre au 4 octobre, les cabernets sauvignon et cabernet franc du 5 au 15 octobre, quant au petit verdot ce fut le 15 octobre. Pour Laurent Dufau et Vincent Millet, c’est véritablement l’un des grands millésimes de garde de ces dernières années.

La Chartreuse de Calon Ségur en plein travaux © JPS

La Chartreuse de Calon Ségur en plein travaux © JPS

Calon Ségur s’est engagé dans une restructuration globale de la propriété depuis son rachat 170 millions d’euros en 2012 à la famille Gasqueton (durant 120 ans dans la même famille)  par la Société Suravenir, filiale de Crédit Mutul Arkéa, associée au groupe Videlot présidé par Jean-François Moueix (5% des parts).

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Après ces transformations dans les chais, c’est au tour de la chartreuse du XVIIIe de subir une cure de jouvence, avec Alain de La Ville, architecte de Calon Ségur depuis 32 ans : son objectif est de « coller au lieu, sans faire d’esbroufe ni de clinquant. L’objet, c’est de comprendre l’esprit du lieu pour s’inscrire dans cette logique, s’inscrire dans cette trajectoire et permettre une évolution qui se fasse dans la continuité, non pas dans la rupture ». Pour l’heure, l’édifice a été entièrement déshabillé, les charpentes en partie refaites, des oeils de boeuf ont été restitués, tout devrait être terminé pour l’automne ou l’hiver prochain.

11 Avr

Stéphane Derenoncourt à propos du millésime 2015 : « d’abord il est magnifique, mûr et frais, très identitaire en fait »

Stéphane Derenoncourt, consultant, a confié à Côté Châteaux ses impressions sur le millésime 2015 à Bordeaux. Il est l’invité de Parole d’Expert depuis « La Grappe », sa dégustation qu’il organise chaque année au château la Gaffelière à Saint-Emilion.

Stéphane Derenoncourt, son histoire et son Wine On Tour, se poursuit © Jean-Pierre Stahl

Stéphane Derenoncourt, son histoire et son Wine On Tour, se poursuit © Jean-Pierre Stahl

Jean-Pierre Stahl : « Stéphane Derenoncourt, vous qui donnez vos conseils à plus d’une centaine de domaines dont pas mal de châteaux bordelais, comment trouvez vous le millésime 2015, d’une manière générale ? »

Stéphane Derenoncourt : « D’abord il est magnifique, aujourd’hui c’est sans contestation. Il est magnifique dans un sens un peu classique, c’est-à-dire qu’on n’est pas dans le millésime exceptionnel, exotique ou solaire,

On est dans un millésime qui est mûr et frais, et surtout qui est très identitaire en fait », Stéphane Derenoncourt.

« C’est une dégustation très harmonieuse car on peut reconnaître facilement ce qu’on attend d’une appellation à travers la dégustation des vins, et ça c’est quelque chose d’assez rare. Donc très très beau millésime ».

JPS : « C’est un millésime qui visiblement a fait venir pas mal de monde à Bordeaux, n’est-ce pas ? »

Stéphane Derenoncourt : « Il y a beaucoup plus de monde, donc ça c’est déjà un signe. Il y a eu une communication sur le millésime qui a un peu redonné l’envie aux gens de venir.

Déjà, les Américains sont là. Ils adorent les grands millésimes. On a, nous, quasiment doublé la fréquentation par rapport à l’an dernier (pour le 2014) qui était un millésime plutôt sympa, » Stéphane Derenoncourt.

« C’est vrai qu’on était tombé bien bas avec le millésime 2013 qui n’avait pas attiré grand monde. Et on le voit, c’est un réel succès.Il ne faut pas oublier que la résonance d’un grand millésime à Bordeaux, elle est bonne pour toute la France, parce que l’Américain chez lui, il ne fait pas trop la différence entre la Loire et Bordeaux en termes géographiques. Donc en parlant de grand millésime à Bordeaux, comme c’est médiatisé très tôt, il va garder une image très positive en France voire en Europe. » 

Regardez l’interview réalisée par Jean-Pierre Stahl, Guillaume Decaix et Eric Delwarde :

10 Avr

Pour Michel Rolland : « beaucoup de plaisir, beaucoup de concentration, beaucoup de richesse » avec le millésime 2015

Voici l’avis de Michel Rolland, l’un des plus grands oenologue-consultants au monde sur le millésime 2015 à Bordeaux : « assez exceptionnel ».

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« Nous l’attendions, ce millésime 2015 ! On avait passé quelques années un petit peu plus compliquées, je sais que les Bordelais disent toujours que c’est le millésime du siècle… »

Je ne vais pas dire que c’est le millésime du siècle, mais quand même c’est un grand millésime », Michel Rolland.

« C’est un millésime où l’on a à peu près tout eu avec des périodes en début de campagne sans pluie, plutôt sèches. On était tellement sec même que fin juillet on était prêt de s’inquiéter avec des moments de stress un petit peu au niveau de la vigne et puis on a eu de la pluie au mois d’août qui est venue tout arranger au moment où il le fallait et on a eu aussi des épisodes pluvieux en septembre avec des différences en fonction des zones, il y en a qui en ont reçu un petit plus plus que d’autres, les esprits chagrins vont dire que ça a dilué ».

« Alors moi qui ai la chance de goûter du nord au sud et de l’est à l’ouest, dans cette grande région de Bordeaux, je dirais que le 2015 me donne entièrement satisfaction : ce sont des vins où on a beaucoup de plaisir, beaucoup de concentration,beaucoup de richesse, ce sont des vins que l’on aime »

Que l’on prenne les merlots, les cabernets francs ou les cabernets sauvignons, je crois que c’est l’expression d’un excellent millésime à Bordeaux », Michel Rolland

« Ce qui est assez drôle, c’est que tout le monde me demande, c’est 2005 ? Oui, c’est peut-être 2005. C’est 2010 ? Oui, c’est peut-être 2010. Mais en fait, ça sera bien évidemment surtout 2015″.

« Il y a une chose de plus en plus importante, on est de plus en plus précis ; en 2005, si on avait travaillé comme en 2015, certainement on aurait pu faire un tout petit peu mieux. En 2015, on a tiré la quintessence de la matière première que la nature a bien voulu nous donner, et ce qui donne un millésime assez exceptionnel. »

Retrouvez l’analyse video de Michel Rolland sur les Clés de Châteaux

07 Avr

Ban du Millésime : « le 2015 est d’une grande pureté et d’une parfaite élégance », selon Emmanuel Cruse

C’était ce mercredi soir une nouvelle grande réception comme Bordeaux et la Commanderie du Bontemps savent les organiser. Le Ban du Millésime est la soirée en l’honneur des importateurs étrangers venus déguster le millésime 2015. « La perception du 2015 est cette année très bonne, » confirme le Grand Maître Emmanuel Cruse.

6 Chinois enchantés par leur semaine des primeurs © JPS

6 Chinois enchantés par leur semaine des primeurs © JPS

« Fantastique, c’est le meilleur millésime depuis longtemps. Vous savez, la Chine est un grand marché pour les vins de Bordeaux »,  voici l’impression  laissée par ce millésime 2015 sur Dai Sheng de Yong Li Hang venu de Wuhan, avec 5 autres collègues de Shangaï.

Un accueil en grande tenue pour les importateurs étrangers © JPS

Un accueil en grande tenue pour les importateurs étrangers © JPS

Ce soir-là, ce sont près de 600 personnes qui sont invitées au Ban du Millésime. Une soirée que la Commanderie du Bontemps organise avec le concours des propriétés et le négoce de Bordeaux. « Chaque château peut inviter deux clients étrangers mais le négoce un peu plus. C’est vraiment stratégique pour eux, » me confie Emmanuel Cruse, le Grand Maître de la Commanderie.

La perception du 2015 est très bonne, plus personne n’a de doute sur la qualité du millésime », Emmanuel Cruse

Emmanuel Cruse et Virginie Calmels, adjointe au maire de Bordeaux © JPS

Emmanuel Cruse et Virginie Calmels, adjointe au maire de Bordeaux © JPS

Et Emmanuel Cruse de poursuivre : « on voit des acheteurs qui n’étaient pas venu depuis 2009-2010; le carnet de bal est plus que rempli pour ce millésime 2015. Ca me fait doucement rire d’entendre que le système des primeurs est en péril, on est tellement en péril que tous les grands vins italiens, américains, australiens veulent tous être distribués par la place de Bordeaux, ce qui prouve le contexte. Il va peut-être falloir adapter nos mises en marchés primeurs. Les importateurs étrangers sont souvent gérés par des financiers, aujourd’hui les châteaux doivent aussi garder du vin pour alimenter le marché des livrables, même si cela chagrine le négoce. En tout cas les primeurs vont perdurer sans problème, je le pense », a t-il confié à Côté Châteaux. »

Une soirée au rythme des cors de chasse

Une soirée au rythme des cors de chasse

Et lors de son discours devant un parterre conquis : « 2015 est un grand millésime d’une grande pureté et d’une parfaite élégance. Même si la conjoncture économique est difficile, restons optimistes. Nos avons une position de leader. Bordeaux est souvent critiquée lors de ses ventes en primeurs,  mais Bordeaux est aussi enviée par tous ses concurrents étrangers qui veulent être commercialisés sur la place de Bordeaux. Stop au dénigrement, au Bordeaux bashing. »

Roland Quancard et Francis Boutemy © JPS

Roland Quancard et Francis Boutemy © JPS

Francis Boutemy, président du Grand Cercle Rive Gauche, dresse aussi un bilan positif : « nous avons eu 750 personnes à la dégustation des Pessac-Léognan et 900 aux 2 sites du Grand Cercle (Rive Droite et Rive Gauche) ». Roland Quancard, négociant (Maison Cheval Quancard)à ses cotés, relate la bonne expérience des dégustations au Grand Stade : « globalement les personnes sont assez satisfaites, les asiatiques sont présents et les américains sont là. On a un bon intérêt sur le millésime. »

Romain Trémolot de Cordier Mestrézat Grands Crus © JPS

Ronan Trémelot de Cordier Mestrézat Grands Crus © JPS

Ronan Tremelot de Mestrézat Grands Crus résume: « il y avait un a priori positif, maintenant les clients aiment se forger une opinion par eux-même, discuter avex les négociants et propriétaires de châteaux. On est dans la période post-Parket et ça a redonné un pouvoir de prescription aux opérateurs. Il y a beaucoup d’échanges et de discussions sur la qualité. En tout cas, la qualité du millésime est confirmée par les dégustations. Si toutes les planètes sont bien alignées, et on pourra aller très loin… »

Si les prix sont acceptables, on pourra faire une bonne campagne de primeurs » Ronan Trémelot de Mestrézat Grands Crus.

Dany Pochon, l'importateur Suisse toujours en quête de bons Bordeaux © JPS

Dany Pochon, l’importateur Suisse toujours en quête de bons Bordeaux © JPS

Enfin, Dany Pochon , le voisin suisse de la Vinotheque de la Charrière SA à La Chaux-de-Fonds, a lui aussi son opinion sur le millésime: « ce n’est pas si extraordinaire partout, mais il y a des chefs d’oeuvres exceptionnels. C’est un millésime avec une richesse naturelle…il fallait être un sacré bon viticulteur pour rendre le millésime harmonieux et équilibré. Ce n’est pas le cas de tout le monde et là était la clé ».

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Emmanuel Cruse a tenu à dédier cette soirée du Ban du Millésime à Paul Pontallier, le directeur de château Margaux, disparu fin mars, un oenologue qui justement savait faire de grands vins.

Le millésime 2015 pourrait bien relancer le système des primeurs à Bordeaux

Le 2015 est sur toutes les lèvres…La planète entière est venue le déguster, déjà de nombreux importateurs et négociants sont sur les rangs…reste à connaître le prix. Celui-ci devra être raisonnable pour relancer l’attrait de l’achat en primeurs, sinon le système pourrait s’essouffler… voire disparaître.

Saint-Emilion et ses nombreuses dégustations en primeurs © JPS

Saint-Emilion et ses nombreuses dégustations en primeurs © JPS

A Saint-Emilion, comme dans toutes les appellations du bordelais, on ne parle que de lui.  A la Grappe, le rendez-vous très prisé depuis 16 ans des vins des propriétés que conseille Stéphane Derenoncourt, nous avons croisé l’un des champions de l’achat en primeurs : Michel-Jack Chasseuil, le plus grand collectionneur de vins au monde. Celui-ci nous confie qu’elle est loin l’époque où il achetait en francs et parfois 3 à 4 fois moins cher par rapport au prix en livrable: « je pense que cela ne va pas s’éterniser d’autant plus avec la disparition de Robert Parker qui était là pour mettre des notes, des points et faire en sorte qu’il y ait une marge bénéficiaire. » 

Michel Chasseuil, le plus grand collectionneur de vins au monde © JPS

Michel Chasseuil, le plus grand collectionneur de vins au monde © JPS

Lui a pu bénéficier de ces envolées des prix pour vendre quelques bouteilles pour pouvoir s’en acheter d’autres et constituer ce qu’il appelle mle « Louvre du Vin » dans les Deux-Sèvres, une cave magistrale unique au monde.

Mais l’effet spéculatif de ces dernières années avec notamment l’envolée des 2009 et surtout des 2010 a fait du mal à Bordeaux. Bordeaux qui a descendu le prix de ses millésimes moins intenses sur les 2011, 2012 et surtout le 2013 (certains considèrent pas suffisamment). Aussi le système des primeurs s’est alors grippé, des négociants ne réalisant correctement leur campagne notamment sur le 2013.

Emilie Gervoson, de Larrivet Haut-Brion © JPS

Emilie Gervoson, de Larrivet Haut-Brion © JPS

La spéculation avait surtout touché une infime partie des vins de Bordeaux, quelque 50 marques connues: « la hausse des prix, elle n’est finalement que par rapport à un tout petit pourcentage de châteaux de Bordeaux, 5 % pour lesquels il y a un prix très élevé et où l’on dit que c’est devenu un produit de luxe. Mais il en reste encore 95% où les prix sont raisonnables. De 2011 à 2013, on est revenu à une gamme de prix qui correspond aux prix du marché. Je pense que c’est intéressant de perpétuer ces primeurs et de faire déguster à partir du moment où ce sont des personnes qui s’y connaissent et qui viennent déguster les vins, »explique Emilie Gervoson propriétaire du château Larrivet Haut-Brion.

Les vins vendus en primeurs s’étaient généralisés au fil du temps à Bordeaux. Mais avec les millésimes quelque peu en retrait, l’effet primeurs s’était essoufflé, il fallait dès lors une nouvelle dynamique que le 2015 semble apporter:

Stéphane Derenoncourt, organisateur de la dégustation La Grappe à Saint-Emilion © JPS

Stéphane Derenoncourt, organisateur de la dégustation La Grappe à Saint-Emilion © JPS

« C’est un système qui s’était ouvert à des crus un peu moins connus, je dirais. Aujourd’hui, cela se resserre un peu car les budgets demandés pour acheter les 50 étiquettes dont on parle en primeurs sont colossaux puisque les prix se sont vraiment envolés », commente Stéphane Derenoncourt consultant en vins. « Il n’en demeure pas moins que l’événement de la présnentation du millésime, c’est devenu un petit festival à Bordeaux et notamment à Saint-Emilion. »

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Une analyse juste puisque ces 74 vins présentés à la Grappe à La Gaffelière ont attiré le double de visiteurs qu’il y a deux ans. On sent bien que cette année les étrangers sont prêts à acheter…(ou pas fonction du prix) : « la plupart des étrangers sont partants, ça dépendra des problèmes économiques, des prix qu’on va faire, que Bordeaux va faire, mais pour l’instant la plupart des clients que l’on a rencontrés sont très optimistes, »selon Guillaume Cottin de la Vinothèque de Bordeaux et négociant de Dubos Frères.

Les primeurs ne sont donc pas enterrés à Bordeaux. Pas encore. Une place d’autant plus convoitée par la planète vin que de nombreux opérateurs ou wineries américaines, australiennes ou italiennes cherchent de plus en plus à être commercialisées par le négoce et la place de Bordeaux.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Guillaume Decaix, Eric Delwarde et Corine Berge

05 Avr

Primeurs à Bordeaux : le « whaou effect » ou quand les importateurs étrangers s’enthousiasment pour le millésime 2015

Cela faisait 5 ans que les acheteurs et critiques n’avaient pas eu les yeux qui pétillent autant. Ce millésime 2015 se profile déjà comme le nouveau millésime de légende, plébiscité par les critiques et acheteurs du monde entier.

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Les Anglais Charles Taylor, Poppy de Courcy-Wheeler et Katie Withers Green de la maison Charles Taylor Wines à Westminster Londres © Jean-Pierre Stahl

Au château Malartic-Lagravière, ce sont 700 personnes qui sont venues déguster, en ce lundi, le nouveau millésime en blanc et en rouge des vins de Pessac-Léognan et Crus Classés de Graves. Déjà, il suscite de belles réactions, notamment de Alain Ségelle sommelier-conseil et EcriVin (meilleur jeune sommelier du Trophée Bacchus 1978 et aussi Meilleur Nez d’Europe en 1988):

Alain Ségelle grand sommelier et José Rodrigues-Lalande nouveau propriétaire et oenologue de Château Pont-Saint-Martin © JPS

Alain Ségelle grand sommelier et José Rodrigues-Lalande nouveau propriétaire et oenologue de Château Pont-Saint-Martin © JPS

On vient de faire Haut-Brion qui est magnifique ! En 2015, si tous les grands sont comme cela, on ne va pas s’ennuyer cette semaine », Alain Ségelle sommelier.

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Les anglo-saxons, qui certaines années ont boudé Bordeaux à cause d’une parité dollar-euro défavorable ou de certains millésimes en-dessous, sont de retour en masse.

C’est le meilleur millésime depuis 2009, 2010. Les vins se dégustent bien. On verra… mais c’est toujours une question de prix, »Poppy de Courcy-Wheeler importatrice londonienne chez Charles Taylor Wines.

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Les Américains sont également venus déguster ce millésime avec une parité euro-dollar désormais favorable aux vins de Bordeaux :

Il y a une belle densité dans ce vin, le 2015 est nettement meilleur que le 2013, il y a beaucoup d’enthousiasme aux Etats-Unis pour ce vin »,Robert Landsness distributeur de Signature Seclections à San Francisco

Les distributeurs étrangers de maisons de négoce comme Signature Selections sont bien présents à l’image de Robert Landsness, agent de la Côte Ouest et de Rebecca Graham, en charge du marketing. Tous deux accompagnent Jeffrey Davies, à la tête de cette maison de négoce à Bordeaux. Le marché américain à l’heure actuelle est l’un des plus porteurs avec de nouveaux consommateurs et de plus en plus de connaisseurs.

Laurent Cogombles, président des Pessac-Léognan, et Christophe Mau de château Brown © JPS

Laurent Cogombles, président des Pessac-Léognan, et Jean-Christophe Mau de château Brown © JPS

Pour Laurent Cogombles Président du Syndicat des Pessac-Léognan (et à la tête de château Bouscaut avec son épouse Sophie Lurton), « c’est l’effet « whaou » : un millésime suave, croquant, charmeur. L’imprénation du bois n’est pas toujours parfaite encore. Il y a une certaine tension mélangée à ce côté charmeur, il y a un réel intérêt ». Jean-Christophe Mau, son voisin de table de dégustation, du château Brown, confirme : « c’est exceptionnel, le meilleur depuis 2010, on a eu des maturités superbes, c’est très équilibré et sur le fruit. »

Olivier Bernard et Nicolas Capeyron au Domaine de Chevalier © JPS

Olivier Bernard et Nicolas Capeyron au Domaine de Chevalier © JPS

« Depuis 2009, on n’avait pas connu un millésime grand public comme cela » commente Olivier Bernard, le Président de l’Union des Grands Crus de Bordeaux : « le bouche à oreille s’est fait très vite sur ce millésime 2015, c’est le signe des grands millésimes. »

Alfred-Alexandre Bonnie, propriétaire de château Malartic-Lagravière © JPS

Alfred-Alexandre Bonnie, propriétaire de château Malartic-Lagravière © JPS

« Même si le temps pour déguster ces primeurs ne va pas rester au beau, pour les vins en revanche c’est beau tout le temps » s’amuse Alfred-Alexandre Bonnie le propriétaire de Malartic-Lagravière, qui cette année reçoit pour les dégustations.

Certains, comme Michaël Sturm distributeur à Munich en Allemagne, osent déjà le situer « entre le 2005 et le 2009 peut-être, pour sûr un grand millésime »

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl et Pascal Lécuyer :

04 Avr

Olivier Bernard sur le 2015 : « un millésime dans la ligne des 2000, 2005, 2009 et 2010 »

Le Président de l’Union des Grands Crus de Bordeaux donne son avis sur le millésime 2015. « Un millésime dans la ligne des 2000, 2005, 2009 et 2010 ». Il est l’invité de Parole d’Expert dans Côté Châteaux.

Olivier Bernard en famille avec sa femme et ses deux fils au Domaine de Chevalier © Jean-Pierre Sathl

Olivier Bernard en famille avec sa femme et ses deux fils au Domaine de Chevalier © Jean-Pierre Sathl

Jean-Pierre Stahl : « Quel jugement portez-vous sur le nouveau millésime 2015 à Bordeaux ? »

Olivier Bernard : « Depuis le début, je dis qu’il est dans la ligne de ce qu’on a fait en 2000, 2005, 2009 et 2010, donc il fait partie des grands, dans la famille de ces belles réussites de ces dernières années, il est là !

Comme des enfants d’une même famille peuvent être différents entre eux, il est très différent du 2010, mais ça dépend des propriétés : il y a une grande diversité d’expression sur ce millésime de vin assez classique jusqu’à assez exotique ; et on a une palette qui est très très ouverte cette année avec des vins assez tanniques, finalement assez rigoureux et puis des vins qui nous font penser plus à des vins du sud de la France, avec toujours cette grande élégance, cette grande fraîcheur. Beaucoup de gens se rappellent un millésime chaud, or on a vendangé relativement tard, donc 2015 n’est pas un millésime chaud, on est plutôt sur la fraîcheur.

JPS : « On voit la planète entière revenir à Bordeaux, il y a un réel enthousiaste des étrangers pour ce 2015 ? »

Olivier Bernard : « Depuis 2009, on n’avait pas connu un millésime grand public comme cela. Tous les amateurs de vins Français, Européens ou Américains savent que 2015 est grand.

Le bouche à oreille s’est fait très vite sur ce millésime 2015, c’est le signe des grands millésimes. » Olivier Bernard

« C’est un millésime grand public connu, reconnu. Moi mon dentiste qui n’est pas forcément un passionné de vins m’a dit « bon cette année on achète des primeurs ! » Donc, il y a plein de gens qui sont sur des millésimes comme celui-là très attachés. On l’avait vu sur le millésime 2009, un peu moins sur le 2010 moins grand public. Et on le revoit sur le millésime 2015. »

Jean-Pierre Stahl : « Faut-il avoir peur du coup d’une nouvelle envolée des prix sur le 2015 ? »

Olivier Bernard : « J’ai envie de dire qu’en 2009 et 2010, il n’a pas eu des prix qui ont été très élevés, hormis en fin de campagne un certain nombre de crus se sont envolés parce que le marché les a fait s’envoler. Mais globalement tous ceux sortis en début de campagne 2009 et 2010 sont sortis à des prix raisonnables, et les Français ne se sont pas trompés, ils ont acheté du 2009 massivement. 2015, ça sera la même chose. Alors parler des quelques exceptions des vins à plus de 1000 €, ça représente un très faible pourcentage. Il y a peut-être 30 marques maximum qui, parce que la demande est extrêmement forte, sont capables de s’envoler. Ceux-là, on en reparlera dans un mois. »

« Mais globalement, Bordeaux c’est 6000 châteaux, sur ces 6000, il y en a 5970 pas chers… »

Regardez l’interview réalisée par Jean-Pierre Stahl et Pascal Lécuyer

Le millésime 2015 très attendu, dévoilé lors de la grande semaine des primeurs

Entre 5000 et 6000 négociants, importateurs, cavistes et oenologues de France et du monde entier investissent dès ce lundi matin les différentes dégustations dans le vignoble de Bordeaux. Un millésime qui va à nouveau attirer du monde et faire parler de lui après les millésimes quelque peu en retrait de ces dernières années, excepté le 2014.

Les 12 châteaux de l'Expression Fronsac © Jean-Pierre Stahl

Les 12 châteaux de l’Expression Fronsac présentés avant tous les autres primeurs… en primeur le 13 mars © Jean-Pierre Stahl

Ce millésime 2015 est attendu comme le messie ! Celui qui va apporter la bonne parole après quelques années de turbulences à Bordeaux. On va très vite oublier ce 2013 que les propriétés et la grande distribution essaient d’écouler, ces derniers temps. Les 2011 et 2012 n’avaient pas vraiment emballé les critiques, même si certains avaient très bien réussi leurs millésimes. Seul le 2014 avait contribué à commencer à redorer le blason de Bordeaux.

Avec ce 2015, on efface toute critique et on y va avec la banane…Pas ce goût servi dans le beaujolais nouveau, mais simplement avec le sourire car le 2015 aura bien profité de l’été indien, après une sécheresse de juillet mémorable (qui a failli coûté la vie de certains pieds) et ce qu’il fallait de pluie en août, avant d’attendre, d’attendre…pour ramasser avec la meilleure maturité.

Depuis 2010 et son millésime classé « exceptionnel », on attendait un nouveau messie… La décennie précédente avait été généreuse avec un 2009 tout aussi historique et remarquable qui peut déjà s’apprécier fort sympathiquement (alors qu’il faut encore attendre ces 2010), il y avait eu aussi ce fabuleux 2005, et dans une certaine mesure un 2001 pas trop mal. Bordeaux a toujours connu des millésimes d’anthologie comme 1990, 1982, 1961, 1959, 1953, 1947 ou 1945. 2015 risque de marquer une fois de plus les esprits des négociants, importateurs et journalistes du monde entier dans ce petit microcosme qui va retenir son souffle et faire de Bordeaux « la planète vin ». Demain matin dès 9h30, les « Pessac-Léognan » vont ouvrir cette valse à mille temps comme aurait dit le grand Brel au château Malartic-Lagravière :

On pressent que ce millésime va attirer du monde, on attend nos clients pour le déguster et le comprendre avec nous », Séverine Bonnie, co-gérante des vignobles Malartic-Lagravière, grand cru classé de Pessac-Léognan

Pour Séverine Bonnie, le 2015 « est un très beau millésime, au-dessus des 2011, 2012, 2013, 2014, il n’y a pas photo et il fera partie des très, très beaux à Bordeaux ». « Après, c’est difficile de le comparer avec les deux derniers grands, les 2005 et 2010. 2010 était très concentré, le 2015 apparaît plus souple, plus féminin, il a une approche plus raffinée et gourmande avec tout autant de matière », a-t-elle confié à l’AFP cette semaine.

Ce sont plusieurs dizaines de petits lieux et autres grandes places des dégustations qui vont s’animer du 4 au 7 avril. On va tout découvrir : des blancs aux liquoreux, en passant par les rouges et autres bio en vogue. Des gentlemen de la dégustation sont déjà entré dans la danse à commencer par les célèbres critique Jacques Dupont du Point ou Neal Martin du Wine Advocate. La danse va se faire plus intense, quitte à rentrer en transe jusqu’aux fameuses notes de dégustation qu’attribueront les dégustateurs les plus influents. Elles donneront ainsi le « la » aux propriétés pour fixer le prix des bouteilles, avec cette particularité où le premier à sortir son prix sera observé avec de gros yeux ronds… Une chose est sûre, le négoce et la place de Bordeaux verraient d’un mauvais oeil une inflation trop importante qui risquerait d’handicaper encore les ventes de Bordeaux malmenées sur quelques marchés traditionnels européens.

Ce 2015 qui s’annonce déjà comme un très très grand millésime de garde va bien sûr enthousiasmer les américains avec une parité euro/dollar favorable, les anglais aussi avec leur livre très forte, la Chine et Hong-Kong, sans oublier le marché hexagonal.

Un millésime qui pourra être acheté durant ce printemps mais dont la livraison n’interviendra qu’en 2017 peut-être à un prix supérieur si le système des primeurs reste attractif…ou pas. Cela fait des années que l’on annonce sa disparition. Ce matin le grand manège des dégustations d’un millésime qui n’a pas fini son élevage redémarre pour le plus grand plaisir de la « planète vin ». Allez, c’est parti, on y va…

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Pascal Lecuyer et Corinne Berge :