02 Avr

Stéphane Derenoncourt sur le 2013: « ça manque de concentration, ce sera un millésime léger, charmant, qui se boira plutôt vite »

Il fait référence dans le monde du vin à Bordeaux et en France, Stéphane Derenoncourt, le self-made-man, à la tête de Derenoncourt Consultants, qualifie le 2013 de millésime moyen, léger, sur le fruit, qu’il faudra boire assez rapidement. Il revient également sur le lynchage qu’il a vécu après son interview dans le Figaro où il annonçait que château Malescasse ne sortait pas de 2013. Ce château n’est pas le seul à ne pas sortir de 1er vin, il a 10 absents à « la Grappe », sa dégustation en primeurs, essentiellement dus aux ravages de la météo et de la grêle. L’histoire lui donne raison et Côté Châteaux soutient les gens qui défendent leurs idées. Et peut importe si le système à du mal à entendre des vérités. Ses paroles se boivent car il est dans le juste !

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Stéphane Derenoncourt © Jean-Pierre Stahl

Jean-Pierre STAHL: « Vous organisez au château la Gaffelière (1er grand cru classé B de Saint-Emilion) la dégustation des vins en primeur, des domaines pour lesquels vous êtes consultant. Est-ce que cette année, pour le millésime 2013, il y a des absents ? »

Stéphane DERENONCOURT: « On conseille à peu près 65 châteaux à Bordeaux, on a 10 absents. Souvent localisés dans les appellations de Côtes de Bordeaux et de l’Entre-deux-Mers parce qu’il y a eu des gros problèmes de grêle. Et aussi, par malchance, des gens ont été pris par le botrytis, souvent par des infections avec les orages du mois d’août. L’orage, c’est très jaloux ! Il y a des gens qui ont pris beaucoup d’eau et ça a été très compliqué de tenir l’état sanitaire, donc ils ont vendangé trop tôt et les vins n’étaient pas au niveau d’honorer leur étiquette, donc ils ne présenteront pas. »

« Mais bon an mal an, les gens qui sont là, il faut les saluer surtout dans les petites appellations, car c’est quand même un millésime qui demandait beaucoup, beaucoup de moyens. Et il fallait un travail dans les vignes impeccable, une prophylaxie impeccable, et tout cela c’est de la main d’oeuvre, quoi ! Donc souvent ces crus qui n’ont pas les moyens, c’est avec leur passion qu’ils ont réussi à aller au bout et à présenter des vins qui sont étonnants de qualité dans ce millésime ! »

JPS : « Certains ont qualifié ce millésime d’inégal (cf OIivier Bernard, Président de l’Union des Grands Crus de Bordeaux), vous vous diriez quoi ? Moyen ? »

SD :  » Moi, j’ai toujours dit que c’était un millésime moyen. C’est un millésime moyen. Il y a des réussites incontestables. Par bonheur, il n’exprime pas des notes végétales. On n’a pas des vins avec des goûts de poivron, de lierre ou de légumes.

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Dégustation à « la Grappe » chez Derenoncourt @ Jean-Pierre Stahl

« On est plutôt sur des vins plutôt fruités, des jolies acidités, parfois un peu marquées. Disons que le problème du millésime, c’est un petit peu la concentration, ça manque de concentration, ce qui fait que ce sera un millésime léger. Mais quand on est parti sur des extractions douces, des recherches d’équilibre, ça donne un millésime qui est charmant, qui se boira plutôt vite. »

« Mais il ne faut pas oublier que ce millésime représente l’identité et la force de Bordeaux: on fait beaucoup de médiatisation sur des millésimes exceptionnels, mais si l’on regarde, il y en a deux à trois par décennie. Ca veut dire que dans 70 à 80 % des cas, quand on ouvre une bouteille de Bordeaux, ce n’est pas un millésime exceptionnel.Si Bordeaux est là où il est est en termes de notoriété et de reconnaissance mondiale de qualité, c’est grâce aux petits millésimes.Donc voilà, il faut le raconter tel qu’il est, l’assumer tel qu’il est. Le fait d’avoir eu une campagne un peu mouvementée fait que les gens ressortent de la dégustation agréablement surpris, parfois même impressionnés par certains produits. Donc je ne pense pas que ce sera un accueil qui sera mauvais au contraire. »

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Château la Gaffelière à Saint-Emilion où est organisée la dégustation « la Grappe » par Stéphane Derenoncourt © Jean-Pierre Stahl

JPS : « La campagne a été justement mouvementée avec Malescasse qui n’est pas sorti, vous qui avez ouvert le bal en vous exprimant là-dessus, ça a été difficile à vivre cela ? »

SD :  » Ca a été difficile à vivre, car en fait c’est une interview dans le Figaro qui a été mal tournée pour moi ! Je devais communiqué sur la décision qui a été prise à Malescasse, qui était une décision complètement isolée dans le contexte. Ensuite on a parlé du millésime et j’ai choisi d’en parler avec une certaine sincérité, j’ai dit ce que j’ai vécu: c’est un millésime moyen. On avait des vins réussis mais la plupart du temps assez légers, et si on n’avait pas mis tout en oeuvre pour réussir ce millésime, et bien on aurait fait des vins parfois médiocres. »

« Dans le Figaro, il ont eu la « bonne idée » de mettre en Une « Bordeaux 2013 un mauvais millésime », donc évidemment les Bordelais, qui ont lu cet article, l’ont lu d’une manière un peu biaisée. Après, ça a été une interprétation sauvage dans tous les sens. Ca s’est enflammé. Car aujourd’hui, il n’y  a pas que la presse, mais aussi les blogs et les réseaux sociaux. C’est parti dans tous les sens et j’ai été un peu l’homme à abattre pendant quelques temps. »

JPS :  » Donc un millésime moyen, petit, mais agréable ? »

SD : « Exactement.Et un millésime hétérogène surtout où chacun doit se remettre à faire son boulot. Les gens qui achètent du vin doivent venir sélectionner, certainement le négoce aussi, ils doivent défendre des produits sur lesquels ils sont attachés. Pour la production, c’est un millésime blanc, pour arriver à présenter ce genre de vin, et même chez les petits, il y a des sélections monumentales ! La floraison était mauvaise, on part sur une petite récolte et en plus il a fallu dans la plupart des cas sélectionner beaucoup. Donc c’est un millésime qui a coûté tellement qu’il ne rapportera pas. Surtout dans un monde à deux vitesses, où quand on demande 30 % de réduction à un cru qui vend ses bouteilles entre 100 et 200 euros, ce n’est pas le même jeu que celui qui vend entre 5 et 10. Ca aussi, c’est souvent un amalgame qui se fait souvent à Bordeaux et qu’il faudrait reconsidérer ! »

01 Avr

Primeurs à Bordeaux: un « millésime assez moyen » qui ne déplace pas les foules

Décrié avant même sa sortie, le millésime 2013 est « inégal » pour les uns, « petit » pour les autres, « moyen » pour la majorité et « classique » comme le disent avec malice les Bordelais. Bref, ce n’est pas un millésime d’anthologie. Il y a de bonnes surprises et des déceptions.

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200 crus bourgeois dégustés au château d’Arsac © JPS

On ne se bouscule pas cette année, comme en 2010 pour la sortie du 2009 ou encore pour le superbe millésime qui a suivi, le 2010. Inutile d’avancer comme les autres années qu’il y a 6 000 professionnels venus de toute la France et de l’étranger, car on ne les a pas vus (aussi nombreux que les années précédentes).

Ce matin pour la dégustation des 200 Crus Bourgeois du Médoc présentés au Château d’Arsac, il n’y avait que 500 pré-inscriptions, contre 650 il y a deux ans au même endroit pour le millésime 2011. Philippe Raoux, le propriétaire du Château d’Arsac, espère malgré tout « 1 500 professionnels » sur ces 3 jours.

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Laurent Gilbert, négociant de « Wine & Trust » Bordeaux © Didier Bonnet

Pour Laurent Gilbert, négociant à Bordeaux, à la tête de « Wine and Trust », ce millésime n’est pourtant pas à enterrer de suite, bien au contraire.  » Les attentes sont tellement basses, la presse a été , je pense, et certains critiques, un peu rapide (s)…et j’ai été personnellement agréablement surpris. » Et de nommer ces pépites qui l’ont enchanté depuis lundi comme Pressac, Bellefont-Belcier ou Arsac…

Il faut dire que ce printemps frais et pluvieux a retardé la floraison, il y a eu pas mal de coulure, sans compter les orages de grêle durant l’été qui ont ravagé certains vignobles et il n’y a pas eu de véritable été indien, mais de la pluie fin septembre qui a précipité les vendanges et la pourriture…

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Les primeurs en crus bourgeois © Didier Bonnet

Il y a 30 ans, il n’ y aurait sans doute pas eu de millésime. Franck Bijon, directeur technique du château Larose-Trintaudon affirme: « très honnêtement les progrès de la viticulture et de l’oenologie font qu’aujourd’hui, même dans des situations compliquées, et il faut dire que 2013 était compliqué, les viticulteurs sérieux font de bons vins. »

A Saint-Emilion, aux primeurs qui portent le joli nom évocateur de « la Grappe », c’était la queue à l’entrée vers 10h. Ici, pas de pré-inscription, c’est un peu plus décontracté. On est au château la Gaffelière, qui accueille Stéphane Derenoncourt, le self made-man consultant, qui conseille des dizaines et des dizaines de châteaux en France et quelques-uns à l’étranger.

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Stéphane Derenoncourt, Derenoncourt Consultants © Jean-Pierre Stahl

Cette année, « on a 80 vins à la dégustation, ce ne sont que nos clients » confie-t-il. Du chablis aux côtes du Rhône, de la Toscane au Marcoc (tiens justement au Maroc c’est un très beau millésime frais, ça a été un avantage pour eux, en Toscane, très bon également…)

Les châteaux de Bordeaux qu’il conseille sont traditionnellement au nombre de 65 présents, mais cette année il en manque 10 qui n’ont pas sorti de 1er vin pour les primeurs. « Pas mal de propriétés n’ont pas eu de chance, pour elles la qualité été trop médiocre pour honorer leur étiquette. »

Finalement pour ceux qui sont venus aux primeurs, « ils sont agréblement surpris car il y a eu une information assez précoce et juste de la situation. »

C’est un vin léger, qui manque de puissance, de soleil. Mais quand les vins sont légers, ils sont plus faciles à goûter. Les gens qui ont fait des extractions softs, des élevages moins boisés ont tiré leur épingle du jeu. » Stéphane Derenoncourt

Et Stéphane Derenoncourt de continuer: « c’est une millésime assez moyen. Il a demandé beaucoup d’investissement dans la vigne et un peu de chance. C’est la froideur du printemps qui a condamné le millésime. Ce qui fait le Bordeaux ici c’est l’été indien, mais on ne l’a pas eu… »

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Jean-Luc Thunevin, propriétaire de château Valandraud et négociant @ Jean-Pierre Stahl

Malgré tout Stéphane Derenoncourt est satisfait des vins présentés et notamment des petits comme Jean Faux dans l’Entre Deux Mers. Au niveau fréquentation, » il y a eu plus de monde que ce qu’on croyait. On était blindés dimanche et hier lundi ».

Dans le centre de Saint-Emilion, aux primeurs chez Thunevin, dans son célèbre garage (cf « les vins de garages »), il y a un dédale de petits et plus grands producteurs qui présentent leur 2013.

L’ami de Robert Parker nous dit  « c’est un peu bizarre des primeurs sans Parker ». C’est la première fois depuis le début des années 80 qu’il n’est pas venu, il faut dire qu’il a fait une tournée en Asie, toutefois, nous confie-t-il, « il devrait passer en mai… »

Est-ce que nos clients vont vouloir l’acheter en primeurs ? Ca on peut s’imaginer que ce sera difficile voire impossible, sauf pour les 30 à 50 grandes marques. Pour la qualité des vins, il y a longtemps qu’à Bordeaux on sait faire avec des petits millésimes. » Jean-Luc Thunevin, propriétaire de Valandraud et négociant en vins

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Des thés fabuleux de la région de Pu’Er en Chine également à la dégustation chez Thunevin Jean-Pierre Stahl

 Les Chinois, et certains américains, ont déjà annoncés ne pas être intéressés par ce 2013 en primeur. Reste à lui souhaiter une destinée qui pourrait s’apparenter au 2007. Il avait également été décrié à l’époque, on disait « ah ces années en « 7 » comme 1997 ! » Aujourd’hui, c’est un millésime que l’on redécouvre, pas si mal au contraire. A la différence près: les professionnels annoncent qu’il faudra boire vite le 2013 ! Mais pas façon alcool de riz !

Et pour ceux qui recherchent l’étonnement en 2013, on pouvait également le trouver chez Thunevin, où de sympathiques chinoises qui manient bien la langue française proposaient de fabuleux thés de la région de Pu’Er à la dégustation.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl et Didier Bonnet.

28 Mar

Caroline Frey du château La Lagune: « je ne présente pas d’échantillon en primeur »

Tiraillée depuis plus d’un mois sur le fait de sortir ou pas de premier vin pour « La Lagune », Caroline Frey ne présente pas son millésime 2013 pour la semaine des primeurs. Elle n’a pas encore fait d’assemblage, et se laisse encore un peu de temps, « fonction de mon feeling ». Elle peut sortir un 2013 d’ici quelques semaines, ou pas…

lagune 2Après Malescasse (Cru Bourgeois en Haut-Médoc), Gaubaude-Guillot (en Pomerol), qui ont annoncé qu’ils ne sortaient pas de premier vin cette année car la qualité n’était pas au rendez-vous, La Lagune s’interrogeait et continue à le faire.

Caroline Frey, oenologue reconnue de Bordeaux, et propriétaire de ce 3ème cru classé de Bordeaux (en AOC Haut-Médoc), avoue ce matin, à ma question de savoir si elle allait sortir un premier vin ou pas pour le prestigieux château La Lagune: « non, non, je n’ai toujours pas pris la décision. »

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La Chartreuse du Château La Lagune, 3ème cru classé de Bordeaux © Château La Lagune

J’ai préféré zapper la dégustation, je ne présente pas d’échantillon en primeur« , dixit Caroline Frey.

Et d’ajouter: « Cette année, c’est compliqué, très tardif, les vins bougent beaucoup d’un jour à l’autre. Celà me laisse le temps de faire, de faire en fonction de mon feeling. »

27 Mar

Pontet-Canet 2013: son prix est à peine sorti, que déjà le millésime est vendu !

Pour les primeurs 2013, il a dégainé le premier. Grand bien lui en a pris. Hier, Pontet-Canet, 5ème cru classé de Pauillac, a sorti son prix: 67,40 euros, le même que le 2012. Les acheteurs se l’arrachent.

Le château Pontet-Canet, 5ème grand cru classé 1855 de Pauillac © Château Pontet-Canet

Alfred Tesseron, le propriétaire du château Pontet-Canet, est un homme au nez creux. Ce n’est jamais facile de dégainer le premier, d’annoncer un prix qui serait trop fort ou trop faible. Lui, a tranché: 60 euros prix de sortie, 67,40 euros ttc, le même prix que l’an dernier pour le millésime 2012.

Pour cette sortie de prix si tôt, c’est un peu une première…D’habitude, les prix sortent un mois, un mois et demi après la semaine de dégustation des primeurs. « On sort, quand on le sent », précise Alfred Tesseron. Y avait-il urgence ? « Pas du tout », me rétorque-t-il. « On a la chance d’avoir tout le monde du vin qui vient la semaine  prochaine, et il s’est écrit pas mal de choses (cf le « Bordeaux bashing »). Moi, je suis sûr de mon vin, du travail que l’on a fait. »

Au centre, Alfred Tesseron, le propriétaire du château Pontet-Canet © Château Pontet-Canet

« Au printemps, on a eu de la coulure (fleurs non ou mal fécondées qui tombent ou coulent) et du millerandage (fécondation imparfaite de la fleur qui donne des petits fruits, alors que d’autres se développent normalement). Jean-Michel Comme, régisseur de Pontet-Canet, n’a pas lâché de l’été, il a cru au millésime jusqu’au bout ! »

Et de continuer: « On n’a pu vendanger que des petites quantités, mais bonnes. Au lieu de livrer des caisses de 12, c’est des caisses de 6… »

On a sorti notre prix hier matin. Hier soir, on avait vendu 80 % de la récolte ! » selon Alfred Tesseron, propriétaire de Pontet-Canet.

En portefeuille, plus de 80 % ont été confirmés, et ils ont demandé environ 28 % supplémentaires. L’affaire est terminée. »

Et d’ajouter avec bonheur: « ça montre une chose, quand on fait du bon vin, il y a des acheteurs ! Ca montre la confiance qu’ont les gens en Pontet-Canet »

« Tous les articles qu’on a pu lire sur le 2013, c’est dommage ! »

Et Alfred Tesseron de donner les caractéristiques de son 2013: « il est équilibré, c’est un vin qui a du fond. Franchement, j’en suis très fier, car ce n’était pas une année facile ! »

 

23 Mar

Adriana en guest star des primeurs de Saint-Emilion

Le mannequin Adriana Karembeu est l’invité mercredi 2 avril du château Beauséjour Bécot, 1er grand cru classé de Saint-Emilion.

CaptureElle l’avait promis. Elle tient promesse.

L’an dernier, Adriana Karembeu était invitée au château Marojallia pour les vendanges par Philippe Porcheron.

Elle avait eu l’occasion de rencontrer le célèbre oenologue Michel Rolland. Ce dernier avait pu remarquer tout l’intérêt que portait le mannequin au vin. Aussi, l’a-t-il invitée pour les primeurs au château Beauséjour-Bécot, 1er cru classé de Saint-Emilion, où il va présenter avec Dany Rolland les vins des propriétés pour lesquelles ils collaborent.

Un nouveau coup de foudre se serait produit entre Adriana et le vin…de Saint-Emilion.

 

22 Mar

Attention à la flambée des prix !

Les prix des vins de Bourgogne subissent une hausse de 32 % et les Bordeaux de 20%, selon le ministère de l’agriculture (référence: prix du tonneau de 900 litres). En cause, la faible récolte du millésime 2013 due à une météo des plus défavorables.

Les très mauvaises récoltes de 2013 se traduisent par une flambée des prix de la plupart des régions viticoles pour le vrac. Les « Bourgogne » enregistrent une augmentation de plus de 30% de leurs prix, tandis que les « Bordeaux » connaissent une envolée de 20%, selon les chiffres fournis par le service statistique du ministère de l’Agriculture, Agreste.

Les vendanges 2013 se sont en effet déroulées avec deux à trois semaines de retard, après les pluies et le froid de juin. Ce printemps exécrable, suivi d’orages de grêle pendant l’été et de précipitations pendant les vendanges, a affecté les volumes.

Dans le détail, d’août à janvier, les prix des vins avec appellation ont bondi de 18% sur un an, et de 25% comparé à la moyenne des cinq dernières années (2008-2012). Une hausse qui s’explique surtout par « les faibles disponibilités de début de campagne » (- 6% sur un an), explique Agreste.

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Hervé Grandeau, Président des Bordeaux et Bordeaux Supérieur © Jean-Pierre Stahl

Pour Hervé Grandeau, le Président du syndicat viticole des Bordeaux et Bordeaux Supérieur, interrogé par Challenges: « le cours du tonneau de 900 litres est descendu de 1.200 à 800 euros pendant la crise financière de 2008-2009. Et comme nous avions trop de stocks, les 2009 et 2010 ont été bradés. Mais aujourd’hui, la donne a changé. Pour éliminer ce surstockage, les vignerons bordelais ont mis en place une politique de baisse des rendements »

 A cela est venu s’ajouter la faible récolte de 2013, ce qui s‘est traduit par une chute de 30% de la production. Du coup, l’offre de vin en vrac est inférieure à la demande. Il est donc logique que les prix remontent à 1.200 euros le tonneau, soit le niveau de la fin des années 2000″ selon Hervé Grandeau des Bordeaux et Bordeaux Supérieur.

Il faut dire qu’avant, avec ces cours descendus à 700-800 euros, les petits vignerons qui vendaient en vrac, vendaient malheureusement à perte. C’est donc un juste retour des choses, mais pour combien de temps ?

Les cours des autres vins – avec indication géographique protégée et sans indication géographique (IG) – montent aussi, mais dans une plus faible mesure, de 6 à 11%. Les vins blancs sans IG connaissent dans cette catégorie la plus forte augmentation (+14%).

Ainsi, selon la dernière estimation d’Agreste en novembre, la récolte 2013 reste extrêmement basse, à 42,3 millions d’hectolitres, soit légèrement supérieure (+2%) à celle de 2012 mais en dessous de la moyenne des cinq dernières année (-7%).

Fabrice Bernard et Patrick Bernard de Millésima © blog millesima

Cette semaine, à l’occasion de la « grande dégustation » des 2012, Patrick Bernard, le patron de Millésima (leader de vente en ligne) a fait cette précision à moins de 10 jours de la folle semaine des primeurs à Bordeaux (où 6 000 professionnels du monde du vin et toute la presse spécialisée seront conviés à déguster le 2013) : « les prix devraient baisser« , concernant les grands Bordeaux présentés en primeurs.

Et d’ajouter « ll est très clair que le marché des 2013 ne sera malheureusement ni en Asie ni aux Etats-Unis. Nos clients de Hong Kong nous ont fait savoir que ce millésime ne les intéressait pas. Et les Etats-Unis, où nous avons près de 20 000 clients, nous ont prévenu que l’intérêt serait très très limité. » a annoncé Patrick Bernard mardi dernier.

 

Sources AFP, Agreste, Sud Ouest et Challenges.