05 Fév

A J-5 de Vinexpo et Wine Paris, Rodolphe Lameyse commente le nouveau salon parisien : « sur 2020, on fait un vrai coup ! »

Sans détour, Rodolphe Lameyse le directeur général de Vinexpo s’exprime pour Côté Châteaux sur le futur grand salon du vin et des spiritueux qui va s’ouvrir à Paris et qui pourrait concurrencer à l’avenir ProWein. Malgré l’absence des Chinois, le patron de Vinexpo positive « tous les voyants sont au vert ». Il y a des inquiétudes sur Vinexpo Hong-Kong qui jusqu’ici est maintenu en mai… mais pourrait être reporté à cause du coronavirus… Dans Parole d’Expert, il dévoile aussi à Côté châteaux ce que sera le prochain Vinexpo Bordeaux en 2021.

Rodolphe Lameyse, le directeur général de Vinexpo, sur le départ pour Vinexpo Paris © JPS

LE SALON DE HONG-KONG MAINTENU EN MAI…

Jean-Pierre Stahl: « Bonjour Rodolphe Lameyse, comment ça va Vinexpo, avec l’actualité ?

Rodolphe Lameyse : « Là, je suis en apnée. Quand je suis arrivé, Vinexpo Hong-Kong fonctionnait bien, c’était même le salon qui marchait le mieux; là avec ce qui se passe, cela a refroidi beaucoup de gens, depuis 10 jours c’est de la folie… Vinexpo a toujours connu des crises, on a connu le SRAS, mais là on est plongé au coeur du réacteur… Personne ne sait quand il y aura le pic de l’épidémie, là on parle peut-être d’avril… On a des inquiétudes… Pour le moment le salon de Hong-Kong est maintenu en mai, mais si les choses devaient durer j’ai éventuellement prévu un scénario de repli sur le mois de juillet. L’autre salon de Chengdu a été annulé, il n’y a plus que Vinexpo et dans le contexte économique de commercialisation des vins, on a besoin d’un salon… La semaine prochaine on va discuter avec nos clients, c’est un peu comme en bourse, ils détestent l’incertitude. Franchement, c’est dur. »

VINEXPO ET WINE PARIS DANS LES STARTING-BLOCKS

JPS: « On est à l’aube de Vinexpo Paris et Wine Paris qui vont se tenir ensemble du 10 au 12 février, comment cela s’annonce-t-il ? »

Rodolphe Lameyse : « Cela va être canon, cela va être super. On a 2 800 exposants et on va faire 30 000 visiteurs. Depuis qu’on a annoncé qu’on allait se marier, tous les voyants sont au vert, en parts de marchés c’est un travail de professionnels. Sur 2020, on fait un vrai coup, ce qui est visible ce sera sur 2021. Je connais le business des salons, cela va être un super moment professionnel, on va faire la différence par rapport à ProWein, mais on ne va pas les dépasser tout de suite ! Et ce n’est pas dit que l’on veille arriver à 60 000 visiteurs comme ProWein, car il y a d’autres problèmes après à gérer.

« En tout cas entre Wine Paris et Vinexpo Paris, on est très complémentaire, ce mariage est bénéfique, c’est un formidable accélérateur. »

VINEXPO BORDEAUX 2021, UN SALON QUI VA AVOIR UN NOUVEAU VISAGE

JPS : « Venons-en à Vinexpo Bordeaux… »

Rodolphe Lameyse : « A Bordeaux, l’objectif c’est d’avoir une manifestation complètement disruptive: un vrai rendez-vous de l’industrie du vin et des spiritueux.Ce sera la marque iconique mais avec de nouvelles tendances. Il y aura une unicité de lieux dans le centre de Bordeaux…

JPS : « Cela veut dire fini le parc des expositions ? »

Rodolphe Lameyse :« on y fera peut-être un événement, mais la forte dynamique sera dans le centre de Bordeaux : à la Cité Mondiale, au Hangar 14, à la Cité du Vin, au Palais de la Bourse, sur les Quinconces, au Grand Hôtel, bref dans le Triangle d’Or de Bordeaux, c’est quelque chose qui a du sens !« 

JPS : « C’est une révolution ? »

Rodolphe Lameyse : « C’est inclusif, disruptif et immersif. Immersif car dans la ville avec différents univers: par exemple un espace rosés avec que des rosés… C’est une dynamique avec plus de off, car on s’est rendu compte à travers le off que les châteaux font partie de la production. On souhaite que les soirées soient plus ouvertes et pas que pour les initiés. On a une volonté dans la continuité de ce que l’on avait fait avec le Grand Tasting d’ouvrir à la population. Vinexpo va battre en coeur de ville du 1er au 4 juin. On déjà réalisé l’affiche qui sera à Vinexpo Paris, elle est très jolie, très élégante. Nous sommes prêts pour une nouvelle aventure, sans aucun doute. »

03 Fév

La Cité du Vin : 4e musée le plus visité en province

En 2019, la Cité du Vin à Bordeaux a accueilli 416 000 visiteurs. Une assez bonne fréquentation qui la place en 4e position des musées les plus visités, en faisant abstraction de ceux de Paris et de sa couronne (l’Ile de France). Elle se place ainsi juste derrière le Musée des Confluences de Lyon, le Louvre Lens et le Mucem de Marseille.

Côté Châteaux vous en parlait il y a quelques temps déjà, la Cité du Vin a eu une fréquentation de 416 000 visiteurs en 2019, des visiteurs représentant quasiment l’intégralité des pays du monde car issus de 178 nations. Ce qui a permis également à la Cité d’arriver au nombre symbolique d’ 1million et demi de visiteurs depuis sa création. Un visitorat encore en dessous du nombre de 450 000 avancé avant son lancement en 2016 et qui était de 445 000 en 2017 et 421 000 en 2018.

« C’est une grande satisfaction pour toute l’équipe de la Cité du Vin qui, chaque jour, accueille les visiteurs et a à cœur de leur proposer une expérience inoubliable. Se positionner parmi les musées les plus visités après seulement 3 ans d’ouverture est une belle récompense, » commente Solène Jaboulet, directrice marketing et communication. 

La part de visiteurs étrangers a augmenté de 20% et représente aujourd’hui 46% du visitorat. Parmi les plus nombreux, les Britanniques, Américains et Espagnols, devançant Italiens et Allemands.

01 Fév

A Sauternes, ça bouge en ce début d’année…

Tempête dans un verre d’eau ? Non, dans un verre de Sauternes. Alexandre de Lur Saluces a écrit fin décembre une lettre ouverte qui vise sans le nommer le propriétaire du château Lafaurie-Peyraguey, Silvio Denz, qui a fait bouger les lignes dans le Sauternais. Imaginant avec David Bolzan le Sweet’Z un verre de son second vin accompagné de glaçons et d’un zeste d’orange, pour l’apéritif dans le but d’amener par la suite de nouveaux consommateurs vers les grands vins de Sauternes. Ce qui est fort judicieux mais n’est pas du tout du goût d’Alexandre de Lur Saluces.

Adrien Cascio, le chef sommelier du château Lafaurie-Peyraguey avec le Sweet’Z © JPS

Même si le Sweet’Z a pu déconcerter au début, il s’est fait accepter de bon nombre, qui ont trouvé l’idée originale…et l’ont encensé. Début décembre, le château Lafaurie-Peyraguey a aussi lancé à l’occasion de son marché de Noël un vin chaud à base de Sauternes. Franchement, j’ai eu l’occasion de tester les deux, c’est bluffant et bon. Par ailleurs, ces initiatives ne modifient en rien la dégustation de haut niveau du premier vin ou second sans rien y ajouter.

Mais c’était sans compter l’un des gardiens du temple qui ne l’a pas entendu de la même oreille : Alexandre de Lur Saluces. Un grand nom, puisqu’actuellement propriétaire de Fargues et anciennement de château d’Yquem, depuis plusieurs siècles.  Par cette lettre que je vous restitue in extenso « qu’arrive-t-il au Sauternes ? », il interroge le consommateur et le monde du vin, et interpelle son nouveau voisin (enfin voisin depuis 2014 tout de même) et dont le château a aussi fêté ses 400 ans d’existence aussi.

Lafaurie-Peyraguey a répondu aussi tout comme ses voisins qui partagent avec Lafaurie-Peyraguey ce renouveau du Sauternes. Ils ont même créé un club des 5 qui fait bouger les lignes. Combat des anciens contre les modernes, ou querelle de bon voisinage, à vous de vous faire votre opinion. Tous sont en tout cas légitimes à se faire entendre, n’y-a-t-il qu’une seule vérité à Sauternes ? A vous de juger, sans doute que non.

Le château de Fargues, propriété d’Alexandre de Lur Saluces © JPS

« QU’ARRIVE T-IL-AU SAUTERNES ? » PAR ALEXANDRE DE LUR SALUCES

« Vous venez d’arriver dans cette appellation mythique, et c’est une bonne chose que cet intérêt, mais vous semblez convaincu qu’en l’état, elle n’a aucun avenir. Que ce vin appartient au passé. Vous voulez donc l’améliorer par différents subterfuges : des glaçons dans les verres, des zests d’orange ou de citron, de l’eau pétillante etc…

Votre idée n’est pas nouvelle : déjà, avant la première guerre mondiale, ce vin affrontait une crise qu’on cherchait à conjurer en… « champagnisant » le jus récolté en Sauternais. Entre les deux guerres, apparut une autre solution : les cocktails qui faisaient fureur aux Etats-Unis. Là aussi, échec et mat ! Vous savez donc ce qui arrivera à votre expérience malgré tous les « oui mais nous… »

En réalité, vous n’avez pas cru nécessaire d’apprendre l’histoire du Sauternes, vous êtes pressé.

Avec un peu d’observation vous sauriez comment Yquem et ceux quil’entourent, les premiers et seconds crus de Sauternes, les devanciers du 19e, 20e siècles, avaient choisi une politique de sélection extrêmement rigoureuse pour élaborer le vin qui a pris le nom de cette commune. Par la suite cette très exigeante façon de récolter a inspiré les décrets définissantl’appellation auxquels mon prédécesseur, alors Président de l’Union desSyndicats des vins de Sauternes et Barsac, avait travaillé.

A ce titre il a combattu toutes les déviances organisées pour contourner la réalité unique mais nécessaire, extravagante, de l’élaboration des vins de Sauternes avec ses vendanges par tries successives. Parmi les substituts essayés, il y eut longtemps la chaptalisation que mon grand Père fondateur du syndicat de Sauternes et ensuite mon oncle, ont combattu en souhaitant la limiter, pour raisons sociales, à quelques vignobles non classés.

L’emploi du sucre ajouté à la vendange avant fermentation n’a jamais« amélioré » le vin, il l’a banalisé et décrédibilisé. Elle est interdite., c’est une excellente chose qui va dans le sens de la qualité.

Par contre avec la « mixologie » terme qui recouvre des artifices, vous vous êtes mis sur une voie de garage avec une énergie qui sera terrible à la rencontre du mur. Et votre réputation risque d’être atteinte.

Sans doute pensiez-vous à un choc comme moyen « marketing » pour secouer le consommateur. Je vous en souhaite bonne chance. Il n’est pas si idiot, il ne se laissera pas manipuler. Il reviendra au vin d’origine, issu duchoix qu’avait distingué Françoise-Joséphine d’Yquem. Elle a eu l’intuition de demander à ses vendangeurs de sélectionner les raisins attaqués par la pourriture du champignon Botrytis cinerea. Ce parasite existe dans tous les vignobles du monde mais à Sauternes il permet d’obtenir un vin exceptionnel.

Elle a choisi la route la plus contraignante parce que c’était celle qui avait le plus d’avenir. Avec les crus voisins d’Yquem, elle a préféré la voie la plus difficile. On dit aujourd’hui « innovante ». Plus de travail, moins de vin. La loi limite nos rendements à 25 hectolitres à l’hectare. Après sélection les crus les plus recherchés, ne parviennent jamais à ce rendement équivalent à 3333 bouteilles (de 0.75l). à l’hectare. Pour obtenir la meilleure qualité ils parviennent, ces dernières années, à environ 17 hl/ha quand la nature et la météo sont généreuses soit 2266 bouteilles. Sur 20 ans, pendant lesquelles sont inventoriées toutes les catastrophes, gel, grêle, sécheresse, maladies, je table sur 1200 bouteilles avec 6500 pieds de vigne à l’hectare. Un verre par pieds de vigne.

Votre argument alors est de dire que le prix de la moindre bouteille revient à un chiffre que les amateurs n’entendent pas débourser.

Vous avez raison notre vin est très cher à produire. Comme une montre d’exception, un bijou rare, le caviar, l’eau au milieu du Sahara…Et là il y a un autre obstacle que vos cocktails ne permettront pas de franchir. C’est un obstacle commercial et un problème de promotion. C’est aussi un choix », Alexandre de Lur Saluces.

Votre obstination à croire que le Sauternes doit être dégusté avec des additifs pour l’améliorer, alors qu’il le dénature, serait mieux utilisée à la promotion de la vérité du vin de Sauternes, le vrai, l’authentique, l’original qui a été très mal transmis ces dernières années.

Il y a plus grave. Vos interventions médiatiques sont un camouflet pour tous ceux qui nous accompagnent avec leur collaboration dans nos vignes, et dans nos chais, qui vivent le Sauternes, qui vivent du Sauternes, qui habitent le Sauternais. Il y a de l’arrogance à prétendre « améliorer » notre vin de Sauternes. Comment, par exemple, attendre de nos vignerons, nosvendangeurs de s’investir pour que coule des pressoirs un jus sélectionné avec tout le temps et le soin nécessaire s’ils soupçonnent qu’en définitive,leur travail servira à faire du vin chaud pour calmer la toux hivernale.

Nos vendangeurs ne travaillent pas seulement avec leurs muscles mais aussi avec leur tête et leur cœur. Eux comme les consommateurs ont droit au respect.

Un conseil : il vaut mieux écouter les amateurs, les vrais, avant de savoirce qu’il faut leur offrir.

Il ne faut jamais oublier que le Sauternes est né de l’enthousiasme d’amateurs raffinés qui venaient en précurseurs de l’ère de l’oeno-tourisme, visiter les chais et offraient des prix très élevés pour obtenir l’achat d’une barrique de vin, accidentellement transformée par l’action du Botrytis.

Le vin de Sauternes ne mérite pas une amélioration mais une protection, celle qu’on accorde aux témoins d’une civilisation ».

Alexandre de Lur Saluces 24/12/19

Les châteaux Rayne-Vigneau et Lafaurie-Peyraguey se font face à Bommes © JPS

LA REPONSE DU CHATEAU LAFAURIE-PEYRAGUEY

« Les grands vins de Sauternes pluri-séculaires ont vécu bien des moments forts et ont toujours su relever les grands défis collectifs.

Le monde actuel pousse chacun à se remettre en question et Sauternes ne compte pas échapper à la règle.

Le Château Lafaurie-Peyraguey 1er Grand Cru Classé Sauternes, a fêté ses 400 ans en 2018. Il a fait l’objet d’une impulsion sans précédent grâce à Silvio Denz, grand amateur de liquoreux, qu’il a acquis en 2014.

La quête d’Excellence a été immédiate et lui confère plus que jamais une place de choix dans l’élite des grands vins.

Après d’importants investissements et de travaux de rénovation le Château, doté d’un Hôtel (Relais et Châteaux) et d’un Restaurant correspondants à la majestuosité des lieux et de son rang, a donné à Sauternes sa première table étoilée.

Alliant l’univers de l’Art de la table et la décoration Art Deco grâce à la cristallerie Lalique, le restaurant est le seul endroit au monde offrant à la dégustation autant de crus de Sauternes et Barsac, classés et non classés, petits et grands.

Cette recherche de l’Excellence a vu aussi le jour avec nos pairs.

L’ivresse du collectif est une sensation qui galvanise et incite à l’action. Nous avons donc participé activement à des groupes de valorisation notamment du terroir en nous alliant à nos voisins (Les 5 Premiers), initiative sans précédent dans l’histoire de Bordeaux. Mais aussi pour la région (Ambassadeurs du Sauternais) ou encore à « Sauternes Fête le vin », réunion festive et populair .

Le Sauternes est sans nul doute l’un des plus grands vins au monde, le plus émotionnel assurément.

Comme ses pairs, il doit trouver sa place dans notre mode de vie contemporain. Sans client point de salut.

Tout comme ses arômes, il a la chance d’offrir de multiples facettes, de multiples possibilités si on le propose au bon moment (fromages, viandes blanches, entrées adaptées etc ) et pas seulement sur le -toujours délicieux- foie gras et sur le -souvent trop oublié- dessert .Notre Chef étoilé Jérôme Schilling a beaucoup œuvré dans ce sens et propose un choix d’accord mets-sauternes unique au monde .

Le temps passé à table a diminué très sensiblement en 20 ans. Réjouissons-nous donc de participer à l’APERITIF, nouveau terrain de jeu où nous retrouverons …le champagne, autrefois compagnon de fin de repas.

Le Sauternes peut revendiquer une longévité légendaire mais tout le monde doit savoir que l’amateur impatient peut aussi en profiter…

Qu’il soit bu jeune, frais, très frais, frappé pour accompagner toute sorte de nourriture bien pensée, salée, amère ou acidulée en favorisant les contrastes. Avec Sauternes tout devient possible.

Les procès en sorcellerie ont vécu. La tradition doit perdurer dans la bouteille et la modernité peut exister dans les modes de consommation.

Accepter une évolution des choses nous permettra de faire perdurer nos valeurs, notre tradition. Ne nous trompons donc pas de débat, ni de combat. » David Bolzan de Lafaurie-Peyraguey

L’usure du temps n’est pas la seule stratégie qui s’offre à nous .C est à nous de proposer, de créer, d’agir en évitant les positions de posture. Les leaders doivent assumer leur statut. C’est un devoir.

S’agissant de la vente et de la promotion, le négoce bordelais amateur de nos Grands vins a bien un rôle primordial à jouer… il faut comprendre ses rouages, ses spécificités et l’accompagner … en le motivant. Sans lui point de salut.

C’est lui qui nous mènera encore et toujours au consommateur d’aujourd’hui, jeune et moins jeune, friand du bon et du beau.

Ce négoce bordelais nous aide à construire nos marques chaque jour, autour de nos terroirs. Le Territoire de Marque est complémentaire du Terroir de Marque car il en est son prolongement contemporain. Il ne faut pas les opposer.

Depuis 3 ans un florilège d’articles sur notre région de Sauternes font apparaître des noms comme Renaissance, reconquête …

Un vent de renouveau, salutaire et enveloppant, nous incite à nous réunir. Travaillons ensemble, partageons nos idées et nos savoir-faire, allons chercher chez l’autre ce qu’il a de meilleur, sans le stigmatiser, et nous redonnerons à cette belle région et ses grands vins le dynamisme dû à son rang.

L’Union sacrée est souhaitable à Sauternes, notre région le mérite, nos acteurs le réclament ».

David Bolzan, Directeur Général Château Lafaurie-Peyraguey

LA POSITION DU CHATEAU HAUT-BERGERON

« Trop sucré ! trop cher ! je ne sais pas à quel moment le déguster ou encore j’ai découvert d’autres liquoreux très fameux … les excuses ne manquent pas pour que notre Sauternes, pourtant si réputé dans le monde entier ne soit plus ou trop peu consommé …Sans nul doute, les générations qui nous ont précédées ont su prodiguer une communication massive pour qu’autant de monde sur notre planète ait entendu parler, voire déjà dégusté nos vins.

Aujourd’hui nos consommateurs ont changé, leurs goûts et leurs habitudes aussi, des consommateurs sûrement plus volages face à une offre sûrement trop diversifiée.

Il va de soi que les Sauternes doivent garder leur identité et continuer à être appréciés pour ce qu’ils sont, pour leur richesse leur fruit et leur élégance.

Cependant l’image de notre prestigieux nectar doit j’en suis persuadé être réellement dépoussiérée pour regagner un jour peut-être le haut du tableau.

Nous ne devons en aucun cas, toutes proportions gardées, nous priver de tous les efforts réalisés par certains opérateurs de notre Appellation ! » Patrick Lamothe de Haut-Bergeron.

Glaçons, zest d’orange ou de citron, cocktail divers et variés, nous ne devons rien négliger à partir du moment où nous créons et proposons des passerelles à la consommation de nos produits d’origine. Nous devons être opportunistes et travailler avec notre époque, nous devons innover, séduire et donner envie

Il n’est pas question de renier nos origines mais bien de se réconcilier avec nos consommateurs jeunes et moins jeunes en leur offrant surprises et renouveau sans quoi nous risquerions de nous exposer à court terme à une parfaite indifférence ».

Patrick Lamothe Co-propriétaire Château Haut-Bergeron

Laure de Lambert Compeyrot face à des grappes botrytisées lors de ses tries d’octobre © JPS

« QUELLE CHANCE DE NOUVEAUX ARRIVANTS » SELON LE CHATEAU SIGALAS-RABAUD

« A Paris nous étions une famille comme les autres mais en vacances nous entrions dans un autre monde. Les vacances chez mes grand mères, Marie-Antoinette de Sigalas, Marquise de Lambert des Granges propriétaire d’un premier cru classé depuis 6 générations et Marguerite de Folin propriétaire à Pomerol depuis 25 générations. Cela ne signifiait rien pour nous juste des parenthèses de bonheur. Celles qui structurent notre personnalité.

À Sales, nous parcourions la propriété de la vigne à la bambouseraie, observant à la loupe les inoffensives araignées rouges, nous émerveillant devant le raisin qui «verre», nous extasiant sur la pousse des bambous en notant chaque jour précisément les cm gagnés dans un cahier de vacances.

À Sigalas, en robe à smocks nous faisions la révérence aux amies poudrées de la sémillante Marie-Antoinette. Une ravissante aiguière en cristal ciselée trônait sur la table à thé emplie d’un liquide d’or. Avant leur partie de poker, les grandes dames des châteaux voisins se délectaient du breuvage doré, dans de petits verres en cristal de bohème du 18ème siècle le tout accompagné de quelques petits fours de Jaeger, Le pâtissier bordelais de l’époque, incontournable mais aujourd’hui disparu.

Loin de Bordeaux pendant longtemps, je suis revenue sur le tard. J’ai aimé retrouver cet art de vivre, ce raffinement, cette culture. Héritiers tout autant qu’entrepreneurs, avec mon mari nous avons décidé de nous y investir et donc d’investir.

Jaeger n’existe plus, les ravissants verres sont exposés dans une vitrine chez ma tante et les charmantes voisines poudrées ont été remplacées par la nouvelle aristocratie : les entrepreneurs visionnaires. Ils aiment notre patrimoine culturel, la beauté de nos paysages, la grandeur de nos vins. Ils ont adopté notre art de vivre, nous le vivons avec eux.

Quelle chance ! De nouveaux liens se tissent, des idées s’échangent, on dine chez les uns, on échange des whattsapp, on rit, on travaille, on avance, on se remet en question. Ensemble on relève les nouveaux challenges de notre nouveau millénaire.

Dans ma famille la tradition d’accueil est une valeur fondatrice. En retour nous bénéficions des apports de « ces nouveaux entrants ». La confrontation de nouvelles idées, le dialogue bienveillant qui instaurent des ponts entre personnes, entre générations. Dialogue respectueux qui permet de relever nos différents enjeux, les nouveaux modes de culture de la vigne, les attentes des nouveaux marchés, la conquête des jeunes consommateurs, le passage aux générations suivantes. Le flambeau de la tradition dans le sens étymologique du terme transmettre, premier sens latin de tradere. Transmettre un patrimoine vivant, transmettre un art de vivre. Un art de vivre de notre temps.

Ces vins de Sauternes si modernes et tellement délicieux ne seraient-ils pas démodés aujourd’hui dans leur aiguière ? Une vieille dame poudrée de 1970 arrivée dans notre siècle porterait-elle la même robe ? En conservant son élégance intemporelle, ne pourrait-elle s’accorder un « zest » de fantaisie ? Notre nouvelle cuvée le « 5 sans soufre ajouté » n’est-elle pas un vin innovant de son temps ?

L’innovation des modes de consommation vient-elle abimer l’élixir, ou le parer d’atours nouveaux ? Une fantaisie n’est en l’occurrence aucunement un manque de respect ni pour nos grands vins ni pour les générations précédentes », Laure de Lambert Compeyrot Sigalas Rabaud.

Ces anciens si précieux qui nous ont transmis ces valeurs d’excellence, la recherche de la précision, la rigueur nécessaire les soucis du détail, tous ces outils nécessaires à l’élaboration de nos grands vins de Sauternes pour qu’ils traversent le temps.

Les temps changent, les générations se suivent, les modes de vie changent mais les valeurs restent. Ne serait-ce pas là l’essentiel ?

Mes amis, mes enfants, mes parents, nos clients fidèles aiment nos vins d’or en cocktail à l’apéritif, sur le fromage, les épices ou l’incontournable poulet du dimanche. Ces approches nouvelles n’excluent pas les modes de consommation plus traditionnels. Les modes de consommation plus traditionnels n’excluent pas ces approches nouvelles.

Bordeaux s’est toujours enrichie par des arrivants de l’extérieur, avec leurs technologies, leurs visions, leur travail ; les hollandais au 18ème siècle avec leur allumette hollandaise, les commerçants anglais, allemands ou corréziens.

N’est-ce pas une chance pour nous ? »

Laure de Lambert Compeyrot Propriétaire Château Sigalas Rabaud

Le château Rayne-Vigneau © JPS

LE POINT DE VUE DE RAYNE VIGNEAU

« Avoir un verre à la main, sur la terrasse jouxtant le chai, admirer les vignes du Château de Rayne Vigneau qui dominent la vallée du Ciron depuis l’an 1635 et prendre du plaisir. Regarder ce terroir immuable, puissant et intemporel. Observer le raisin murir lentement au fil des saisons, patiemment, en respectant le rythme de la nature, et recueillir le miracle de Sauternes : la pourriture noble. Ainsi va l’élaboration des vins de sauternes au Château de Rayne Vigneau, comme le font tous ses voisins.

Prendre du plaisir à boire ce vin, à découvrir l’excellence recherchée par le travail des hommes, des équipes du Château de Rayne Vigneau, et toucher du doigt cette infinie complexité qui existe dans nos vins. Être touché par la délicatesse d’un Madame de Rayne à l’apéritif, son élégance, sa finesse. Et peu importe si l’on n’est habillé comme il se doit, peu importe si on ne le consomme pas comme il y a 30 ans ou même 60 ans, parce que finalement, un grand nombre des consommateurs de sauternes, qui aiment et boivent ce vin, n’étaient pas nés il y a 60 ou même 30 ans. Et ils se l’approprient, ils inventent les instants de consommation et surtout font vivre ce vin légendaire de Sauternes.

Il faut continuer à s’unir, savoir se regrouper pour encore mieux travailler. Nous le faisons, aujourd’hui, régulièrement, avec quasiment la moitié des 1er Grands Crus Classés. Ainsi naissent de nouvelles dynamiques, différentes, originales et efficaces.

Il faut regarder avec bienveillance le travail de chacun et le respecter, faire de nos différences une force » Vincent Labergère Rayne Vigneau.

Avancer, évoluer, poursuivre sont des mots qui résonnent aujourd’hui sur ce territoire de Sauternes. L’imagination des hommes, l’envie de partager, de faire découvrir nos paysages, leur beauté, sont des moteurs extraordinaires pour dynamiser notre appellation, écrin d’un vin unique au monde ».

Vincent Labergère Directeur Général Château de Rayne Vigneau

L’AVIS DU CHATEAU DOISY DAENE

« Aux confins du parc naturel des landes de Gascogne, bordée par le fleuve Garonne et traversée par le cristallin Ciron c’est dans l’appellation Sauternes et Barsac que depuis plusieurs siècles des vignerons passionnés prennent tous les risques pour produire un vin unique.

Quand on regarde vers l’Est, se dressent en fond d’écran les Côtes de Bordeaux qui donnent un panorama unique à notre vignoble.

En 1855, cette région a été proportionnellement la plus classée de tout le vignoble Bordelais. Château d’Yquem, icone mondiale illustre cette excellence et honore notre région.

Notre Famille cultive la vigne depuis 1794 dans le sauternais. Ce n’est qu’en 1924 que mon arrière grand père a pu acquérir à force de labeur dans des appellations moins nobles un petit Cru Classé : Château Doisy Daëne. Se sont depuis succédées 4 générations : Georges l’artiste, Pierre l’inventeur, Denis le chercheur et enfin ses fils ( Fabrice et Jean Jacques ) depuis 2004.

Notre génération depuis près de 15 ans guidée par l’innovation et la passion s’attache à hisser nos domaines familiaux au plus haut niveau de qualité. Des investissements d’une vie sont réalisés pour nous dépasser sans cesse tant dans le domaine du goût du vin que de l’empreinte que peut laisser notre activité. Au-delà de tous ces efforts, nous habitons nos domaines ce qui à mon sens est la plus crédible des certifications environnementales et certainement la plus belle preuve d’amour.

Depuis une décennie, nous assistons à l’arrivée de nouveaux acteurs qui croient en notre région et j’avoue être stimulé et rassuré par ces nouvelles ambitions.

Toutes les idées et les énergies guidées par le bon sens sont les bienvenues. Les changements se font rarement dans le silence et les idées nouvelles souvent raillées.

Notre famille en a fait l’expérience en produisant le premier vin blanc sec dans un cru Classé. C’était en 1948, à l’époque, son instigateur, Pierre Dubourdieu notre grand père avait été lourdement critiqué y compris par les plus hauts étages du Classement. Il croyait cependant à l’identité forte d’un vin issu exclusivement du cépage sauvignon sur le calcaire de Barsac.

70 ans plus tard, Château Doisy Daëne « grand vin sec » est vendu en quelques heures en primeur à un niveau de valorisation plutôt honorable. Nous avons pu ainsi garder la production de vin liquoreux a son plus haut niveau de qualité sans que la sélection menace notre équilibre économique.

Nous retenons donc que la vivacité des critiques d’un projet est généralement un bon indice de réussite future !

C’est avec cette culture de l’innovation et de l’ouverture que nous accueillons les nouveaux projets chaleureusement dès lors qu’ils peuvent nous aider à valoriser le travail des femmes et des hommes de notre appellation qui œuvrent chaque jour.

Si les vins de Sauternes et Barsac peuvent sortir de leur torpeur en servant les plus jeunes d’entre eux sur glace avec un zeste d’orange ou associés en cocktail à des spiritueux, pourquoi hésiter ? pourquoi émettre des réserves ? En quoi est-ce un sacrilège ? Jean-Jacques Dubourdieu Doisy Daene

L’engouement des plus grandes distilleries d’Ecosse ou des Antilles pour nos fûts usagés afin de réaliser des « Sauternes Finish » pour leur marques premium n’est-il pas un signe ? Cette association n’est-elle pas vertueuse ?

Un alignement de planète est en marche à Sauternes et Barsac, de nombreux projets oenotouristiques viennent donner de la valeur à notre travail, d’autres sont sur les rails et cet ensemble d’énergies, de volontés, de passions joue déjà un grand rôle dans la renaissance de la région.

Nos vins liquoreux sont nés d’une expérience, voire d’une forme de résilience : nous avons anobli un champignon qui est un ennemi dans tous les vignobles du monde. Nous sommes des funambules de la viticulture qui se sont adaptés pour sans relâche perpétuer cette dangereuse et passionnante aventure.

Sans doute, chez nous, comme cela a déjà été le cas dans notre histoire, il faudra que tout change pour que tout continue ».

Jean-Jacques Dubourdieu Co-Propriétaire Château Doisy Daëne

LA POSITION DU MAIRE DE SAUTERNES

« Maire de Sauternes depuis 25 ans Président de l’Association des Ambassadeurs de Sauternes chargée de promouvoir notre vin et notre territoire non seulement sur place mais à travers le monde entier en honorant des personnalités jugées dignes de nous représenter.

Arrière-petit-fils, petit fils, fils et père de vignerons Je suis un ardent défenseur de notre noble et délicieux produit qui n’est en aucun cas galvaudé par un mode de consommation différent et plus moderne à condition bien sûr de ne pas faire n’importe quoi.

Il n’est pas aberrant de déguster des Sauternes, à condition qu’ils soient jeunes sur de la glace, rehaussé avec un zeste d’agrume rappelant la typicité de ce vin

N’est-ce pas une approche pour emmener les jeunes générations à aimer ce vin pour ensuite les faire aller plus loin et déguster à l’état naturel des Sauternes plus élaborés et plus vieux Mon expérience dans différents milieux et dans le monde a fait que je sois persuadé que les initiateurs de ce concept ne se sont pas trompés, preuve, ils sont copiés par les plus grands.

Essayez avant de juger. Bonne dégustation. »

Jean-Michel Descamps Maire de Sauternes.

Une chose est sûre, Sauternes ne dort pas, et continue de faire parler, son vin mérite bien évidemment d’être mieux connu, dégusté et apprécié à la fois d’un public de connaisseurs mais aussi de nouveaux consommateurs. A eux de juger et de se faire leur propre opinion. Il y a tellement de belles choses à découvrir à Sauternes.

Brexit : « it’s just a goodbye… »

Allez à minuit, on ne les appellera plus nos frères européens, mais nos voisins anglais. J’en connais de nombreux qui n’ont pas voulu cela, mais bon le peuple britannique a voté et il faut le respecter. Ce n’est qu’un au revoir, on ne va tout de même pas remettre des considérations hostiles vis-à-vis de nos amis anglais, alors que depuis plus d’un siècle c’est l’entente cordiale.

Ce soir, le Royaume Uni ne fait plus partie de l’UE © France Info

Le drapeau britannique, l’Union Jack vient d’être descendu au pied du Parlement de Bruxelles… La Grande-Bretagne ne fait plus partie de l’Union Européenne. En Angleterre, ce sont des scènes de joie, « We’re out » peut-on lire au fronton du 10 Downing Street.

C’est historique pour de nombreux Anglais, un séisme pour d’autres, un crève-coeur aussi… Il y a eu ce référendum du 23 juin 2016 où 51,9% ont voté pour partir « to leave » Europe ! Il y avait un mouvement de fond, les gens n’acceptaient plus l’Union européenne commente encore ce soir des spécialistes sur les chaînes infos, mais quand on voit la difficulté avec laquelle les gouvernements anglais ont cherché par la suite à se sortir de ce bourbier, David Cameron y a laissé son costume, Theresa May son tailleur et qui sait peut-être Boris Johnson va y laisser sa mèche blonde. Tiens une mèche qu’il partage avec son nouvel ami américain, le Président Donald Trump, on se demande bien qui va tirer les ficelles…

Une chose est sûre, le peuple a voté et il faut respecter le résultat des urnes, même si la majorité n’était pas écrasante.

Parmi mes amis britanniques, certains ont le coeur gros à l’instar de Gary Shelley, un ami Londonien, bien connu à Bordeaux et amoureux de la France : « je me sens plutôt mal, comme une incompréhension envers ma patrie. Je pense que le Brexit a donné aux pires imbéciles, incompétents, avares et ambitieux, la possibilité d’avoir un job qu’ils n’auraient jamais du avoir. Et maintenant, ils dirigent le pays. Je n’ai pas envie de quitter l’Union européenne, j’ai envie de quitter la Grade-Bretagne…Le Brexit est peut-être le seul moment de l’histoire ou un pays s’est créé un embargo pour lui-même. »

Après 47 ans d’amour plus ou moins intense avec l’Europe, la Grande-Bretagne jette l’ancre et se retrouve alone aboard, et pourtant ce n’est plus une île, un tunnel, un cordon ombilical a bien été créé entre elle et la France, ce qui prouve les liens étroits qui nous lient, un tunnel créé du temps de François Mitterrand et de Margaret Thatcher en 1984. Remember.

Durant un an, il ne devrait pas y avoir d’énormes changements, mais reste à savoir si des visas vont être à nouveau instaurés pour chaque visiteurs et notamment les anciens amis de l’UE ? QUID du reste de l’économie, a priori des accords bi-latéraux que la Grande-Bretagne s’est déjà empressé de négocier ou signer avec certains pays (les USA font les yeux doux pour mieux en profiter), et peut-être avec ses anciens alliés, les 27 autres étoiles de la bannière bleue. Pour Sheila Lawlor directrice du groupe de réflexion Libéral Politea,  » c’est important pour nous pour nous refaire une économie… »

Une association de français en Grande-Bretagne redoute : « notre crainte des gens vont se retrouvent sans papier après la date de 2021 » selon Nicolas Hatton président de The3Million.

Ce qui pose problème se sont aussi les autres pays qui composent de Royaume-Uni, quid de l’Ecosse, et de l’Irlande du Nord qui étaient majoritairement contre le Brexit… »On a un énorme problème avec l’Ecosse,  est-ce qu’elle va rester dans l’Union européenne » confie ce soir Denis Mac Shane, ancien Ministre des Affaires Européennes du Parti Travailliste. Pas simple l’affaire…

En tout cas, le monde du vin français et bordelais s’interroge aussi, un monde malmené en ce moment à cause des marchés chinois, Hong-kongais et américain en berne. Et si la Grande-Bretagne, autre énorme marché venait aussi à poser des droits de douane plus importants, on n’ose pas y croire. Sans compter le champagne dont nos amis sont très friands. Il ne leur reste plus qu’à en planter en Angleterre… Allez, même si on est des froggies, on ne vous en veut pas, faites donc un petit référendum dans quelques mois et revenez dans cette Europe qui a montré sa solidité et qui depuis des années est le ciment d’une paix bien réelle, alors que toutes ces nations européennes ont été en guerre pendant des siècles. « Cheers » tonight and « be careful with the hangover ».

30 Jan

L’INAO prévoit de revoir la carte de l’appellation Bourgogne…Attention aux mécontents…

 C’est une petite tempête qui s’annonce et déplaît aux viticulteurs bourguignons. Ceux-ci ne digèrent pas le projet de révision de l’aire géographique de l’AOC Bourgogne. 64 communes en seraient exclues. Par la même occasion, certains vignobles du Beaujolais seraient désormais en Bourgogne… Cela risque de créer un petit séisme.

Vignoble de Bourgogne sur les hauteurs de Dijon © France 3 Bourgogne

Sur les hauteurs de Dijon, Manuel Olivier a planté 2,5 hectares de vigne. Il prévoit d’en planter d’autres cette année. Sauf que une partie de ce vignoble pourrait perdre le droit à l’appellation BourgogneLes vins produits y seraient déclassés sous le nom de « coteaux bourguignons », beaucoup moins rentable.

Concrètement, cela peut diviser le prix par deux… le prix de la bouteille finale par deux, le prix de la pièce par deux »Manuel Olivier vigneron.

Le Dijonnais n’est pas la seule zone concernée. Plusieurs vignobles sont visés par le projet de l’INAO… En gros, tous ceux situés au nord de la région comme le châtillonnais, le chablisien, le jovinien ou le tonnerrois pourraient ne plus bénéficier de l’appellation Bourgogne.

Pour Thiébault Huber, responsable viticole: « cette appellation, c’est notre socle ».

On est 4500 vignerons. Près de 50% ont 100% d’appellation Bourgogne, et 90% ont au moins une appellation, tout le monde est concerné » Thiébault Huber.

L’appellation remonte à 1937, quand l’INAO a créé de très nombreuses appellations un peu partout en France. Le souci, c’est qu’à l’époque la délimitation du vignoble n’a pas été terminé, et l’INAO veut achever le boulot aujourd’hui, ce qui risque de faire quelques mécontents… Il pourrait inclure dans l’appellation Bourgogne certaines communes du beaujolais, au détriment de 64 communes de Bourgogne. Alors là, cela serait une mini-révolution…

« Qu’au moins les vignerons restent en Bourgogne, qu’on ne dise pas aux vignerons de Chablis ou de Châtillon, eh bien non tu ne fais plus partie de le Bourgogne…. »

On a deux identité, on peut dire vive le Beaujolais vive la Bourgogne, mais attention à ne pas faire du Bourgogne dans le Beaujolais ! »

Les Bourguignons comptent bien se faire entendre et vont se rendre le 6 février au siège de l’Inao, cela risque d’être animé et on le comprend. Ils ont aussi lancé une campagne d’information sous forme humoristique et une pétition qui a déjà recueilli 3.000 signatures. 

Avec France 3 Bourgogne et Muriel Bessard.

Regardez le reportage de mes confrères Muriel Bessard et Guillaume Desmalles:

29 Jan

27e Mondial du Vin Bio: une fréquentation en hausse de plus de 10%

Le 27e Mondial du Vin Biologique a refermé ses portes, sur un bilan plutôt positif. Du 27 au 29 janvier, ce sont 6850 professionnels qui sont sont venus rencontrer les 1300 exposants réunis à Montpellier. Une augmentation de 10,5 % par rapport à l’an dernier qui témoigne de l’essor de la filière.

Lundi 27 janvier, à l’ouverture du salon Millésime Bio © C.Monteil / FTV

DE PLUS EN PLUS DE VISITEURS

Le bio a le vent en poupe ! Ce n’est pas moi qui le dit mais les chiffres qui en témoignent. Ce sont en effet 6850 visiteurs qui ont fréquenté ce salon, 10,5% de mieux que l’an dernier et parmi eux de nombreux professionnels de la GD (grande distribution), des cavistes. et représentants de CHR…

« Cette fréquentation en hausse de 10,5 % au global et de 8 % au niveau des visiteurs internationaux est une preuve concrète de la tendance de fond du marché, avec une hausse constante du nombre de consommateurs de vin bio, alors que le marché global du vin est en baisse », a commenté Nicolas Richarme, le président de Sudvinbio.

UN INTERET DES ACHETEURS ETRANGERS

Parmi les pays bien représentés au niveau visitorat : l’Australie, la Chine, le Canada, les USA , le Royaume-Uni et l’Europe. Anticipant ce succès, un 5e hall avait été ouvert, permettant la venue de 100 exposants supplémentaires. Tout le monde avait le sourire paraît-il à la fin du salon. Prochain salon Millésime Bio : les 25, 26 et 27 janvier 2021.

Regardez le reportage de mes confrères de France 3 Montpellier : 

 

Laurent Boillot, nouveau président de la Maison de Cognac Hennessy

Arrivé en novembre 2019 dans la Maison Hennessy, Laurent Boillo a pris vendredi ses fonctions effectives de Président. Il succède ainsi à Bernard Peillon, désormais Président non-executif de la Maison Hennessy et conseiller de Philippe Schaus, Président de Moët Hennessy, jusqu’à sa date de départ à la retraite le 31 juillet 2020.

Laurent Boillot à gauche sur la photo avec Bernard Peillon © Maison Hennessy 

Ce n’est pas une surprise car la nomination de Laurent Boillot avait été annoncée en octobre 2019, avec une période de passation de neuf mois entre les deux présidents. L’annonce a été faite la semaine dernière à Cognac, auprès des 1 600 partenaires viticulteurs de la Maison, et des 1 000 collaborateurs à l’occasion des cérémonies des vœux de la Maison et en présence de Philippe Schaus, Président de Moët Hennessy. 

« C’est avec une profonde joie que j’ai accepté de prendre la relève. Depuis mon arrivée, je n’ai cessé d’être impressionné par la culture de l’excellence, l’esprit de conquête, l’engagement et le savoir-faire, qui règnent au sein de la Maison » a commenté Laurent Boillot.

Dans la poursuite du chemin tracé par Bernard Peillon, j’aurai à cœur que nous continuions de faire rayonner la Maison et la menions ensemble vers de nouveaux sommets » Laurent Boillot

Pour cette occasion, tout un symbole puisqu’un assemblage a été réalisé représentant les 8 générations de la Famille Fillioux avec les noms des 17 dirigeants de la Maison Hennessy depuis 1765, gravés sur la création Hennessy 8.

28 Jan

Taxes Trump : les vins de Bordeaux réclament des aides au gouvernement pour soutenir la filière en crise

C’était hier un moment rare à Bordeaux. Toutes les instances représentatives de Bordeaux ont tenu un point presse hier pour alerter sur le coup d’arrêt du marché des vins de Bordeaux vers les USA, depuis la mise en place de la taxe Trump de 25% sur les vins français: -24% en volume, -46% en valeur. La filière réclame la mise en place d’un fonds de 300 millions d’euros pour soutenir la filière aux Etats-Unis.

© Nicolas Pressigout France 3

« Chaque jour qui passe est un nouveau drame, c’est extrêmement urgent, nous avons notre quai d’expéditions avec des conteners prêts à partir pour les Etats-Unis et des clients qui nous disent retardez l’expédition, donc on ne facture plus, donc oui on perd le chiffre d’affaire tous les jours », précise Georges Haushalter vice-président du syndicat des négociants de Gironde.

Georges Haushalter, qui connaît bien le marché anglo-saxon avec son entreprise la Médocaines des Grands Crus était également l’invité ce matin de France Bleu Gironde :« c’est une perte colossale, très important car le marché américain est le 2e marché à l’export, pour les vins de Bordeaux, il représente 4,5% en parts de marchés, alors que les vins Italiens représentent 9%… Progressivement, nos vins disparaissent des linéaires et sont remplacés par des vins italiens. Aussi nous appelons à la création d’un fond de compensation si cette part s’arrête…Il y a une urgence des mesures à prendre..3. Et de commenter également l’impact de cette hausse de 25% de taxes sur les vins français dans la tête des américains: « on fait des efforts, propriété et négoce, mais cela a un effet très négatif » et de donner l’exemple d’un vin qui passe de 15$ à 20$  avec la nouvelle taxe ou même si un vin français ne vient à pas trop augmenter « le consommateur américain pense qu’il paie de toute manière la taxe » et se détourne des vins français…

De son côté le président du Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux, Bernard Farges : « il y a urgence dans tous les vignobles français, tous les vignobles sont touchés par la taxe sur les vins français…Une taxe de 25% sur la valeur du produit lorsqu’il rentre sur le territoire américain, taxe en place depuis le 18 octobre et qui est liée à un conflit qui n’est absolument pas le nôtre, entre Airbus et Boing, les Européens ont subventionné Airbus, ils ont été sanctionnés pour cela, mais c’est avant tout la filière viticole qui est sanctionnée…

Nous sommes en rage et nous constatons aujourd’hui les effets sur notre marché américain important et en terme de valeur  et de volume, c’est un marché qui est en train de s’effondrer, » Bernard Farges président du CIVB.

UN CONTEXTE DES PLUS DIFFICILES

« Nous constatons une baisse d’au moins 25% en volume sur le mois de novembre, nos amis provençaux sont à -50%, il n’y a pas d’autre marché aujourd’hui qui puisse compenser cette baisse de commercialisation, ce n’est pas vers la Chine qu’on peut compenser car elle est en régression, Hong-Kong est en train de s’arrêter et nous avons de grosses inquiétudes sur le Royaume-Uni avec le Brexit et le marché européen est en diminution aussi… »

« Ce n’est pas la qualité des produits français qui sont en jeu, ce n’est pas le prix des vins français qui est en jeu, c’est juste un sujet de guerre économique qui n’est absolument pas le nôtre, donc nous demandons une compensation qui vienne permettre de réduire de 25% le prix de nos vins exportés, pour neutraliser cette taxe là, un fond mesuré à hauteur de 300 millions pour que les vignerons de Provence, de Vallée du Rhône ou de Bordeaux puissent baisser leurs prix et les négociants aussi pour neutraliser la taxe et faire en sorte que les consommateurs américains n’aient pas à payer plus cher les vins français, sinon ce sont nos amis italiens, argentins ou américains qui en profiteront…bien sûr et ils en profitent déjà. »

Regardez le reportage de Elise Galand et Nicolas Pressigout :  

27 Jan

Christopher Coutanceau, Glenn Viel et Kei Kobayashi, les 3 nouveaux chefs 3 étoiles

Le Guide Michelin a dévoilé en cette fin d’après-midi les noms des 3 nouveaux chefs qui décrochent 3 étoiles : Kei Kobayashi premier Japonais à recevoir trois étoiles en France, mais aussi Glenn Viel en Provence et Christopher Coutanceau, le cuisinier pêcheur de La Rochelle.

Stéphane Carrade, le chef du skiff Club décroche une deuxième étoile au Pyla et Christopher Coutanceau une 3e à La Rochelle, lors de Bordeaux So Good en 2017 © Jean-Pierre Stahl.

Le chef Kei Kobayashi, installé à Paris, est devenu lundi le premier Japonais à se voir décerner trois étoiles en France par le guide Michelin qui a distingué au total trois nouveaux chefs avec la récompense suprême dont Glenn Viel qui a retrouvé cette 3 étoile pour l’Oustau de Baumanière en Provence (étoile perdue en 1990) et Christopher Coutanceau à La Rochelle (Ouest).

Christopher Coutanceau, le cuisinier pêcheur comme il se définit, rejoint dans la région Nouvelle-Aquitaine le célèbre Michel Guérard qui conserve ses 3*** pour ses Prés d’Eugénie.

« Trois étoiles viennent récompenser l’étincelant parcours de Kei Kobayashi, premier chef japonais à obtenir la récompense suprême en France, de toute l’histoire du Guide Michelin », a affirmé le guide rouge sur son site internet.

 

D’HEUREUX PROMUS, QUELQUES OUBLIES

L’équipe de l’Oiseau Bleu, qui obtient une étoile au © Guide Michelin, avec François Sauvêtre et Frédéric Lafon

Parmi les petits nouveaux et promus, bravo à ceux qui décroche une étoile comme l’Oiseau Bleu (Frédéric Lafon) à Bordeaux Bastide, le Solena à Bordeaux Mériadeck, Tentazioni gastro italien à Bordeaux, Claude Darroze à Langon. Bravo au talentueux Stéphane Carrade qui gratte une deuxième étoile cette année pour le Skiff Club , restaurant gastronomique  de l’Haïtza au Pyla. Dommage pour Jérôme Schilling qui méritait vraiment une deuxième étoile au restaurant Lalique au château Lafaurie-Peyraguey (propriété de Silvio Denz), comme le talentueux Ronan Kervarrec qui espérait aussi décrocher une 3e étoile à l’Hostellerie de Plaisance, propriété de la famille Perse (château Pavie), ces deux derniers conservent respectivement une et deux étoiles. Une pensée pour le sympathique chef Michel Trama qui passe de deux à une étoile à l‘Aubergade Michel Trama à Puymirol.

Cette année, le Guide Michelin a ainsi consacré 628 tables étoilées, 4 de moins que l’an dernier, mais 18 nouveaux restaurants étoilés à Paris.

Retrouvez ici la liste des nouveaux étoilés 2020 du Guide Michelin

26 Jan

Jean-François Janoueix : la Corrèze au coeur…

Voici le portrait de Jean-François Janoueix, un pur Corrézien en terre de Saint-Emilion. Je vous propose de le retrouver demain soir à 20h15 sur la chaîne NOA pour le N°13 de Côté Châteaux spécial Corrèze. Un numéro tout en saveurs et un bon bol d’air. Avec ce personnage truculent Jean-Janoueix 84 ans.

Jean-François Janoueix propriétaire du château Haut-Sarpe © JPS

Qui dit Corrèze, dit forcément Corrèzien en terre de Bordeaux ! On compte de nombreuses familles qui sont venues s’installer dans le Bordelais, le Libournais, … Parmi elles, les Janoueix avec Jean-François Janoueix, 84 ans, un personnage truculent, haut en couleurs, des couleurs oui mais celles de sa Corrèze…

Il me montre sa robe de confrérie « ça cela explique très bien les Corrèziens venus à Saint-Emilion et à Pomerol. C’est là où les Corrèziens ont les plus grands vignobles, on bat les Rothschild, on vend du vin plus cher que celui que vendent les Rothschild dans le Médoc… » On sent la fierté de celui qui avec sa famille a réussi, à la force du poignet comme on dit. Son grand-père a commencé à vendre du vin et démarcher à vélo et en train…Son père a continué à vendre dans le Nord, la Berlgique, en Normandie, en Bretagne, …avec une camionnette, et lui en avion comme il dit.

« Ah des souvenirs, j’en ai ! Je garde, vu mon âge l’histoire des Janoueix pour dans 50 ans... » Et de me montrer tous ses albums avec son grand-père Jean Janoueix, le premier arrivé, puis son père Joseph, et lui, on en est même à la 5e génération de Janoueix ! Une famille qui se réunit tous les ans le 15 août en Corrèze, et de poursuivre en montrant ses albums sur les vendanges…« J’ai 4 livres comme celui-là… Regarde, 1962…une vendangeuse qui restera en Gironde et deviendra en 1963 mon épouse… »

Une véritable « Corrèze connection » issue de Meymac: « on a eu jusqu’à 5 banques à Meymac, même des fabricants de bouchons, cela a enrichi le pays, c’était colossal… » Et de s’arrêter aussi et bien sûr sur celui qui disait « c’est loin mais c’est beau » quand il sillonnait sa Corrèze et sa France, Jacques Chirac, aussi en photo : « il est venu ici comme Bernadette »…e

Les fameuses camionnettes avec lesquelles la famille livrait…JPS

Et de montrer ses voitures de collection, de vieilles camionnettes « une Citroën de 1924 et une Delahaye de 1928 » avec lesquelles son père Joseph Janoueix faisait les livraisons, « tu vois tout cela je garde tout, et elles marchent, chaque fois qu’on fait des mariages ou qu’on reçoit des clients… »

Quand on conserve le passé, on conserve l’amour de nos grand-parents, de nos parents et par ce passé ils vivent encore » Jean-François Janoueix

On ne l’arrête pas Jean-François « là ce sont mes moutons corréziens, et là le coq Sarpinus, un brama de 4?6 kilos, je l’ai échangé au concours agricole de Paris contre 12 bouteilles de Saint-Emilion…Tout ce qui est là vient de la Corrèze, de mes tantes, de mes cousins, ils me disaient, jean-François comme cela tu penseras à nous… »

Jean-François Janoueix avec son épouse Françoise, vendangeuse rencontrée en 1962, qu’il a épousé en 1963 © JPS

Enfin, arrive la dégustation des vins de 2 de ses nombreuses propriétés Haut-Sarpe 2015 et Castelot 2010: « le Haut-Sarpe, c’est un vin de rôtis un vin de chasse…ça passe tout seul…

Moi ce que j’aime dans le vin, c’est la rémanence, c’est le souvenir » Jean-François Janoueix du château Haut-Sarpe

« Quand on a reçu Maurice Druon, on voulait ouvrir une belle bouteille, et mon fils avait acheté chez Sotheby’s un Haut-Sarpe de 1904… J’ai goûté les plus grands vins du monde, j’ai eu cette chance-là… » Et de porter un toast: « à la Corrèze et merci de ce que vous faites pour la Corrèze et les grands vins de Bordeaux… »

A voir le portrait de Jean-François Janoueix dans le Côté Châteaux n°13 Spécial Corrèze ce lundi 27 janvier à 20h15 et 23h15 sur NOA

Regardez Côté Châteaux N°13 Spécial Corrèze, réalisé par Jean-Pierre Stahl et Sébastien Delalot, avec notamment le portrait de jean-François Janoueix :