Chaque fin de mois, le château Carbonnieux à Léognan propose une formule visite du domaine et alliance Vins et Fromages. Une visite effectuée par le propriétaire lui-même, avec notamment Philibert Perrin, et un atelier Vins & Fromages animé en tandem avec un fromager de Léognan.
Philibert Perrin, en pleine visite de son célèbre chai de vins blancs © JPS
En ce dernier samedi de septembre, Philibert Perrin accueille les participants de son « Alliance Vins&Fromages », une formule lancée depuis deux saisons et qui en moyenne rassemble une douzaine de personnes.
Le château Crabonnieux, l’un des plus anciens châteaux de graves, remonte au XIIe siècle © JPS
Tout commence par la visite du domaine où Philibert Perrin explique « à Carbonnieux, nous avons 45 % de blancs et 55% de rouges, nous sommes les seuls de l’appellation Pessac-Léognan à avoir autant de superficie en blanc : 41 ha »
Et de poursuivre tout en se rendant au chai de rouges, « nous produisons 500 000 bouteilles les bonnes années, tout confondu ».
Cette année, les blancs étaient un peu en retrait avec une production de 38 hecto à l’hectare, l’ensemble des blancs et des rouges sont vendangés à la main. On a fini les merlots également et il reste les cabernets sauvignons à vendanger. »
Dans la partie réception de vendange © JPS
Dans l’immense bâtisse, « ici c’est la réception de vendange : les raisins sont transportés jusq’aux tables de tri et derrière vous avez ce gros pressoir pneumatique qui presse très lentement pour obtenir des jus très clairs et très purs, pour respecter le fruit. L’opération est réalisée sous vide pour protéger de l’oxydation sous gaz inerte (azote et CO2).
Dans l’assistance, il y a notamment Laure et Vincent de l’Isle St Georges près de la Brède : « on aime bien le vin, et pour ne pas s’en cacher, j’aime aussi beaucoup le fromage. C’est un cadeau qu’on m’a offert pour lier l’utile à l’agréable »,explique Laure très enthousiaste.
La visite se poursuit par le chai de rouges: « un élevage de 14 à 16 mois, tout dépend le millésime, et 12 mois pour le second vin… On a recours à 11 tonneliers entre les blancs et les rouges, 95 % des tonneaux viennent de chênes de l’Allier. Chaque tonnelier a sa façon de travailler, on a en général une chauffe moyenne. Et on organise aussi une fois l’an une dégustation à l’aveugle par les tonneliers qui se notent. Ca nous permet de réduire l’écart entre les tonneliers. »
Puis viennent d’autres explications dans le chai de blancs, avec chose étrange quelques barriques de 400 litres: « elles boisent deux fois mois que les 225 litres » raconte Philibert Perrin. « Les barriques neuves sont réservées aux sémillons, puis la 2ème année aux sauvignons… » Un détour par la remarquable collection de vieilles voitures du début XXe s. qu’avait constitué Anthony Perrin, le père de Philibert, Eric et Christine, actuellement à la tête du domaine. Puis une explication devant la cave des vieux millésimes avec la plaque commémorant le passage à Carbonnieux de Thomas Jefferson avant qu’il ne devienne président des Etats-Unis d’Amérique.
3 vins de Carbonnieux, 2 blancs et 1 rouge, pour déguster ces 5 variétés de fromages © JPS
Ce petit tour qui aura duré trois quarts d’heure se termine par l’atelier proprement dit, mais pas n’importe quel atelier ! Les participants sont attablés, avec en face d’eux une assiette de 5 fromages et 3 verres… « on s’est installé autour d’une table avec une présélection de fromages… L’objectif étant de vous faire découvrir le meilleur accord avec un Tour Léognan 2014, un Carbonnieux 2012 toujours en blanc et un Carbonnieux rouge 2010 »
Et Philibert de combattre cette vieille idée reçue : « Un vin rouge jeune tanique avec du fromage, ce n’est pas le meilleur des mariages, en Suisse, dans le Jura ou dans l’Est on n’hésite pas à servir des vins blancs avec le fromage. »
A ses côtés, Véronique Lafitte, qui tient une fromagerie avec son mari Thierry à Léognan, elle co-anime avec lui ces ateliers chaque mois: « je vous ai sélectionné des fromages au lait cru, les plus prestigieux de notre terroir : un St Nectaire d’Auvergne, avec des arômes floraux, fruités, tous ces fromages sont des AOC avec des cahiers des charges très rigoureux ! » précise-t-elle. Un St Nectaire servi avec le Tour Léognan (2/3 sauvignon 1/3 sémillon) qui révèle le fruit et l’équilibre.
« Sur le comté, un grand classique (20 mois d’affinage) qu’on sert souvent avec un vin jaune du Jura, fruité, floral, minéral, très riche en goût », le mariage se fait avec le second vin blanc mais aussi avec le Carbonnieux blanc 2012. Et Philibert Perrin complète : »Il est beaucoup plus concentré, on ressent le terroir, il est beaucoup plus minéral que le Tour Léognan, c’est un vin de gastronomie, on va le marier avec beaucoup de choses des plats travaillés, des St Jacques, des viandes blanches et tout un panel de fromages ».
Entre l’Ossau Iraty le brebis basque, le Galletout chèvre du Lot et la Fourme d’Ambert, pâte persillée d’Auvergne, on ne voit pas le temps passer entre ces explications et ces conseils très pointus. En 3/4 d’heures voire une heure de plus, on voyage à travers la France des fromages et le savant mariage avec ses vins. « Pour le camembert, c’est vrai qu’on sert traditionnellement du rouge avec », Philibert en convient, tout comme sur la Fourme d’Ambert, le mariage avec ce Carbonnieux 2010 est très juste dans l’équilibre gustatif, mais d’une manière générale :
Véronique Lafitte, fromagère, et Philibert Perrin, propriétaire de château Carbonnieux © JPS
« Nous pensons que sur la plupart des fromages, les vins blancs vont mieux que les rouges » conclue Philibert Perrin. Il est donc grand temps de réviser ses classiques !