07 Juin

Marie-Lys Bibeyran devant la Cour d’Appel de Bordeaux pour faire reconnaître la maladie professionnelle de son frère, une maladie liée « aux produits de la vigne »

C’est le combat de sa vie, un combat du pot de terre contre le pot de fer. Pourtant elle ne lache rien. Depuis le décès de son frère Denis, ouvrier viticole, Marie-Lys Bibeyran se bat pour faire reconnaître que le cancer qui l’a emporté était du aux traitements récurrents dans la vigne, des traitements avec des pesticides.

Marie-Lys Bibeyran annonce que son frère aurait eu 55 ans aujourd'hui © JPS

Marie-Lys Bibeyran annonce que son frère aurait eu 55 ans aujourd’hui © JPS

Ce matin, dès 8 heures, ils étaient une vingtaine de personnes à venir soutenir Marie-Lys Bibeyran devant la Cour d’Appel de Bordeaux. Son frère, Denis Bibeyran a déclaré un cancer des voies biliaires intra hépatiques (cholangiocarcinome) en novembre 2008. Il travaillait dans les vignes depuis plus de 30 ans, et y effectuait des traitements de pesticides depuis plus de 20 ans.

Il décéda finalement en octobre 2009, sans avoir eu de réponse à sa question de savoir si sa maladie était liée aux « produits de la vigne ». Sa sœur Marie-Lys Bibeyran, a repris le combat et engagea en juin 2011 une procédure en reconnaissance post mortem de maladie professionnelle.

Mon frère est né le 7 juin 1962, on est le 7 juin 2017, il aurait eu 55 ans aujourd’hui, le fait que cette audience se tienne le 7 juin, ce n’est pas un hasard, aujourd’hui mon frère a rendez-vous avec son statut et cette reconnaissance de victime, ainsi que l’ensemble des victimes des pesticides », Marie-Lys Bibeyran.

IMG_5623

Autour de Marie-Lys Bibeyran, des responsables d’Europe Ecologie les Verts, dont Pierre Hurmic célèbre avocat bordelais, mais également d’autres militants de Générations Futures, ou d’Alerte aux Toxiques comme Valérie Murat, qui a perdu son père également atteint d’un cancer à cause de l’utilisation de pesticides :

Il faudrait une obligation légale déjà et bannir les pesticides les plus dangereux, ça ce n’est même plus moi qui le dit aujourd’hui c’est le rapport de l’ONU, qui est sorti e début d’année, et qui est un rapport accablant sur l’agro-industrie et l’utilisation des pesticides, qui est solution qui ne peut pas être viable à long terme », Valérie Murat parole de l’association Alerte aux toxiques.

Après la confirmation par le Tribunal des Affaires de Sécurité Sociale des décisions de rejet des deux Comités Régionaux de Reconnaissance de Maladie Professionnelle, Marie-Ly Bibeyran a poursuivi son combat devant Cour d’Appel de Bordeaux. Celle-ci  a ordonné par une décision du 16 avril 2015, une expertise sur pièces. Une expertise qui va être examinée scrupuleusement par la Chambre Sociale de la Cour d’Appel de Bordeaux.

IMG_5656

L’audience qui s’est tenue en fin de matinée en environ une demie-heure n’a pas permis de dire quelle sera la position de la Cour, chacun des avocats a évoqué leur axe d’attaque et de défense, mais la Cour va répondre au fond à chaque argumentaire des conclusions déposées fin mai par les deux parties.

Me François Lafforgue, pour la famille Bibeyran, a regretté que la maladie ne figure pas parmi la liste des maladies déjà reconnues, tout en soutenant que son cancer soit de la même famille que l’un de ceux visés par le tableau. Son argumentaire vise dès lors à prouver « un lien de causalité direct et essentiel » :

  • « un lien essentiel », en prouvant d’abord que « Denis Bibeyran, n’était pas exposé à un facteur de risque extra-professionnel, ne fumant pas, et n’étant pas alcoolique, devenant malade à seulement 46 ans alors que ce type de pathologie apparaît d’habitude à 60 ou 70 ans. »
  • « un lien direct » : « oDenis Bibeyran était-il exposé aux pesticides, oui assurément ! L’étude lancée par Générations Futures révèle une enquête accablante : les salariés viticulteurs étaient particulièrement exposés aux pesticides, 11 fois plus que les riverains », selon les analyses qui ont été faites de traces dans leurs cheveux et « + de 45%d ces pesticides trouvés dans les  cheveux sont cancérogènes. »
Me François Lafforgue, l'avocat de la famille Bibeyran © JPS

Me François Lafforgue, l’avocat de la famille Bibeyran © JPS

Me Lafforgue a regretté que l’une des propriétés où Denis Bibeyran n’ait pas donné la liste des produits qu’il avait utilisé avant les années 2000, toutefois il a précisé que l’activité de traitement dans le bordelais était entre 11 et 15 traitements par an, donc bien évidemment il a utilisé des pesticides. Il n’était pas non plus dans une cabine fermée, il a travaillé dans des « bobards » en diffusant ces pesticides. »

L’avocate de la Mutualité Sociale Agricole, Me Françoise Pillet, n’a pas souhaité répondre à nos questions. A l’audience, elle a rappelé que : « la maladie de Mr Bibeyran ne figurait pas au tableau des maladies professionnelles, par deux fois les Comités Régionaux de Reconnaissance des maladies Professionnelles ont statué pour dire que cela n’était pas reconnu comme maladie professionnelle ». « Par ailleurs, les analyses des calendriers de traitements de 2000 à 2008 ne mettent pas en évidence qu’il était soumis aux pesticides organo-chlorés. » L’avocate a demandé la confirmation du jugement du TASS.

Si  la reconnaissance à titre post mortem du statut de victime à Denis Bibeyran, intervenait, il s’agirait d’une décision qui pourrait faire jurisprudence. La Cour d’Appel rendra son arrêt le 21 septembre prochain.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl et Sylvie Tuscq-Mounet, montage Christophe Varone :

04 Juin

Vous l’attendiez ? Voici le Palmarès des Oscars des Bordeaux Rouge 2017

Histoire de ne pas être en reste cet été, et pour animer vos soirées, vous pourrez toujours vous référer aux petits Bordeaux qui ont été récompensés aux Oscars des Bordeaux Rouge 2017. Voici le palmarès des 6 cuvées du millésime 2015 primés parmi 33 finalistes.

Les vainqueurs des Oscars des Bordeaux Rouge de

Les vainqueurs des Oscars des Bordeaux Rouge de l’été © Muriel Meynard

62 dégustateurs pour un jury, composé de  conseillers en vins d’une enseigne de Grande Distribution Belge, d’œnologues et de professionnels de la région de Bordeaux. 

La finale des « Oscars des Bordeaux Rouge 2017 » a eu lieu mardi dernier, le 30 mai à Bordeaux.

Ce sont 6 cuvées du millésime 2015 en AOC Bordeaux Rouge qui ont sélectionné à l’aveugle parmi 33 finalistes, et les 6 s’affichent à moins de 10 €.

And the winners are :

  • Château Lamothe-Vincent « Intense » – 6,90 €
  • Merlot du Château Sainte Barbe – 6,50 €
  • Château Le Bonalguet – 7 €
  • Château Motte Maucourt « Elevé en Fût » – 6,50 €
  • Cheval Quancard Réserve – 7,50€
  • L’Envolée de Lionne – 7,80€

(L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération)

29 Mai

Clap de fin au Mouton Cadet Wine Bar avec les membres du jury du 70e Festival de Cannes

C’était hier soir la dernière séance au Mouton Cadet Wine Bar. Un clap de fin pour cet endroit aussi mythique qui aura vu défiler de nombreuses stars et notamment le jury du 70e Festival de Cannes présidé par Pedro Almodovar.

Les membres du Jury du 70e Festival de Cannes emeés par © Mouton Cadet Wine Bar

Les membres du Jury du 70e Festival de Cannes emmenés par Pedro Almodovar © Mouton Cadet Wine Bar

Ce 70e Festival de Cannes a une fois de plus été à la hauteur de l’événement avec un prix d’interprétation féminine méritée pour Diane Kruger, pour son rôle dans « In The Fade ». La comédienne a rendu un émouvant hommage aux victimes des attentats du monde entier. L’autre prix d’interprétation masculine revient à Joaquin Phoenix pour « You Were Never Really Here » , quant à la Palme d’Or, elle est revenue à Ruben Östlund pour son film « The Square »

Les membres du jury de ce 70ème Festival de Cannes se sont retrouvés comme le veut la tradition au Mouton Cadet Wine Bar en guise de clôture, avec en terrasse la photo de famille. rendez-vous à l’année prochaine.

25 Mai

Côté Châteaux dépasse 1 million 500 000 pages lues

C’est un nouveau cap. Créé il y a un peu plus de 3 ans, le blog Côté Châteaux continue de vous informer, au jour le jour, sur l’actualité de la vigne et du vin. Un nouveau succès, une belle fréquentation qui témoigne de votre intérêt pour ses posts. En direction désormais des 2 millions, Côté Châteaux vous dit « un grand merci ».

Guy Charneau et Jean-Pierre Stahl (Côté Châteaux) © JS

Guy Charneau et Jean-Pierre Stahl (Côté Châteaux) © JS

1 million, c’était l’an dernier, lors de la Fête du Vin à Bordeaux. 1 million 500000, c’est à l’aube de Vinexpo Bordeaux. Bordeaux, toujours Bordeaux, continue de faire rêver, avec les Parisiens qui vont déferler encore plus nombreux dans la Capitale du Vin à partir du 2 juillet, avec Bordeaux à 2 heures de Paris en TGV.

Le blog se veut le reflet des terroirs et de l’actualité, bonne ou mauvaise, comme le très difficile épisode de gel, pour lequel Côté Châteaux a été le premier à vous informer et à consacrer 16 billets dans sa nouvelle rubrique « Vin…tempéries » et reportages sur le terrain. D’où une pointe avec 86846 visiteurs au mois d’avril. C’est aussi de nouvelles tendances sur le bio à Margaux, de l’insolite avec cette Américaine qui réserve une énorme surprise à son mari à la Cité du Vin, des informations exclusives ou de première main que vous partage le blog du vin.

Capture

CaptureCôté Châteaux accompagne et relate tous les grands événements de Bordeaux comme Vinexpo du 18 au 21 juin à venir ou encore le Week-End des Grands Crus, ce samedi 20 et dimanche 21 mai. Il y a croisé notamment le célèbre photographe et ami Guy Charneau, auteur du fabuleux livre « 1855 Bordeaux les Grands Crus Classés » qui a gentiment donné ses impressions sur le blog :

Côté Châteaux, je le suis tous les jours. Ce blog est une mine d’informations aussi bien pour les amateurs que pour les professionnels du vin », Guy Charneau journaliste reporter-photographe.

B

Stéfaan Ooms, Karla Torres et Côté Châteaux © Guy Charneau

Et ce grand reporter photos d’ajouter : « Grâce à Jean-Pierre, et après ces 1,5 millions de pages lues, nous allons encore avoir plein de choses à découvrir et à goûter. Il y a des choses que l’on fait ensemble (je précise des reportages), d’autres que je fais moi et toi tu en couvres d’autres. Par exemple, je pars pour les 40 ans des Côtes du Roussillon Village avec un dîner à 4 mains avec Franck Seguret et Michel Portos, je suis fan de ces vins… »

Autre fidèle lectrice depuis la création du blog fin décembre 2013, Karla Torres, une Mexicaine installée à Bordeaux depuis 2009, bien connue à l’IPC Vins, croisée aussi lors du Week-End des Grands Crus : « j’aime bien ce blog, il écrit super sur le vin, on peut faire un voyage grâce à lui dans le vignoble. »

Bon, après tout cela, on ne va pas s’arrêter en si bon chemin, Côté Châteaux va continuer de vous informer, car il a cela dans les tripes, et vous donne rendez-vous pour voir un joli magazine, dimanche 28 mai à 19h sur France 3 Aquitaine, et sur le blog d’ici là : « la Cité du Vin fête son 1er anniversaire: 400 000 visiteurs, pari gagné ! »

24 Mai

Margaux, une appellation qui tend de plus en plus vers le bio ou la biodynamie

C’est une tendance forte chez les crus classés de Bordeaux, on expérimente de plus en plus des parcelles en bio ou biodynamie. A Margaux, l’appellation depuis 5 ans a pris conscience de l’utilité de la biodiversité dans le vignoble. Ce sont aujourd’hui 180 hectares qui sont conduits en bio ou biodynamie. 

G

Gonzague Lurton à la tête du syndicat viticole de Margaux et du château Durfort-Vivens a su lancer une véritable réflexion à Margaux  © JPS

Le château du Tertre, 5e cru classé de Margaux, une propriété de 54 hectares, chargée d’histoire. Tout débute en 1734 avec un dénommé Pierre Mitchell, qui fut le plus gros fabriquant de bouteilles à Bordeaux, et même inventeur du magnum. C’est lui qui a créé le château et a donné la dimension au vignoble. Dans les années 60, la propriété longtemps dans la même famille a changé de mains pour être acheté par la famille Gasqueton, suite au gel de 1956, dans un contexte économique difficile.

Le château du Tertre bati au début du XVIIIe à Arsac © JPS

Le château du Tertre bâti au début du XVIIIe à Arsac © JPS

Une famille qui a redonné vie et a replanté 6300 pieds à l’hectare, 1/3 de mrlot, 1/3 de cabernet sauvignon et 1/3 de cabernet franc. Un domaine racheté en 1997 par Eric Albada-Jelgersma, un homme d’affaire hollandais également propriétaire du château Giscours. Celui-ci a trouvé le château dans un piteux état, il s’est atelé avec ses équipes techniques à complanter, replanter plus densément à 10000 pieds par hectare.

IMG_5357

Aujourd’hui ce vignoble est conduit pour moitié en bio et l’autre moitié en biodynamie. Les sols sont travaillés sans herbicides, on croit ici en la confusion sexuelle en guise de protection insectide, on laisse aussi s’installer quelques mauvaises herbes, avant de les arracher, mais en tout cas on n’utilise pas de pesticides.

Frédéric Ardouin, directeur technique du château du Tertre © JPS

Frédéric Ardouin, directeur technique du château du Tertre © JPS

« On est arrivé à la biodynamie par conviction, ce n’est pas par croyance, pour moi c’est quelque chose de très très différent, »explique Frédéric Ardouin directeur technique du château du Tertre . « Conviction qu’il fallait faire quelque chose pour l’environnement, quelque chose pour les hommes qui travaillent avec nous, pour les protéger, pour protéger leur santé, et puis également pour protéger le consommateur également, c’est-à-dire obtenir un vin hautement qualitatif sans résidus de pesticides. »

De quoi faire de bonnes tisanes : presle, ortie, osier au château du Tertre pour une culture en biodynamie © JPS

De quoi faire de bonnes tisanes : prêle, ortie, osier au château du Tertre pour une culture en biodynamie © JPS

Prêle, ortie, osier, toutes ces plantes vont servir de tisane pour soigner la vigne ou prévenir des maladies. « Ce sont des plantes qui ont chacune des vertus différentes. Et en fonction du millésime, du climat, de la pression des maladies, on va utiliser ces tisanes en complément de l’apport de cuivre et de soufre, » complète Frédéric Ardouin.

Sur l’appellation Margaux, on compte 65 récoltants, dont 21 crus classés. Dans une conscience collective et pour répondre aussi à la demande de plus en plus grande du consommateur, 20% des surfaces sont conduites en bio ou biodynamie.

Au château Durfort-Vivens, on a été parmi les premiers dans le Médoc après Pontet-Canet © JPS

Au château Durfort-Vivens, on a été parmi les premiers dans le Médoc après Pontet-Canet © JPS

Pour Gonzague Lurton, le président du syndicat viticole de Margaux : « Moi j’ai été surpris, il y a quelques années, quand pour la 1ère fois, alors que je présentais mon vin, on m’a dit « est-ce qu’il y a des pesticides dans votre vin », alors que je n’avais jamais réfléchi au vin de cette manière là. Et on s’est rendu compte que c’était devenu une inquiétude sociale. Il fallait y répondre, c’est pour cela qu’à Margaux tout le monde en est conscient, c’est pour cela qu’on est parti dans cette démarche syndicale. »

Gonzague Lurton à la tête du syndicat viticole de Margaux et du château Durfort-Vivens a su donner une impulsion à tous © JPS

Parmi les grands crus classés de Margaux, on compte Durfort-Vivens (2e cc), mais aussi château Palmer (3e cc) qui a expérimenté en 2008 la biodynamie et y est passé totalement en 2013. Il y a aussi château Ferrière, (3e cc),  propriété de Claire Villars, qui a été certifié en bio en 2015, une démarche qui s’inscrit aussi dans le respect de la vigne et des hommes…

Le château Ferrière est certifié bio depuis 2015 © JPS

Le château Ferrière est certifié bio depuis 2015 © JPS

« On arrive à reconstituer ce terroir grâce à cette fraîcheur, cette tension, cette minéralité, on garde plus les qualités du sol qui vont s’exprimer après dans le vin », explique Gérard Fenouillet, directeur technique de château Ferrière.

Gérard Grenouillet et Claire Villars-Lurton © JPS

Gérard Grenouillet et Claire Villars-Lurton © JPS

Et Claire Villars-Lurton de compléter : « C’est des vins qui ont plein de vie, mais en plus on gagne en qualité « tendu », on a un vin qui reste super tendu, super concentré, mais avec une très belle définition, un très beau soyeux. »

Ces vignes tenues en bio ou biodynamie nécessitent souvent plus d’attention et de passage. Toutefois la technologie va permettre avec des drones de cibler au mieux les traitements. Tous reconnaissent malgré tout qu’il y a un risque, notamment quand il y a une grosse attaque de mildiou, comme en 2016 au château Dufort-Vivens, où la récolte a été moins importante avec 35 hectos à l’hectare, là où les autres en ont eu 50.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Marc Lasbarrères, Cécile Lagaüzère, Eric Delwarde et Emmanuel Cremèse :

22 Mai

Audrey Bourolleau, ancienne déléguée générale de « Vin & Société » devient conseillère auprès du Président Emmanuel Macron

Audrey Bourolleau, déléguée générale de Vin & Société depuis novembre 2012, a quitté le 2 mai dernier ses fonctions. Elle devient « conseillère agriculture, pêche, forêt et développement rural » à l’Elysée, auprès du Président Macron. Elle avait par ailleurs occupé le poste de directrice des Côtes de Bordeaux de 2010 à 2012.

Audrey Bourolleau de Vin et Société, Yann Schÿler négociant et propriétaire de château Kirwan, et Yann Le Goaster de la Fédération des Grands Vins de Bordeaux © JPS

Audrey Bourolleau de Vin et Société, Yann Schÿler négociant et propriétaire de château Kirwan, et Yann Le Goaster de la Fédération des Grands Vins de Bordeaux lors de Vinexpo 2015 © JPS

C’est un visage bien connu de la place de Bordeaux puisqu‘il y a moins de 7 ans, Audrey Bourolleau était encore directrice de l’Union des Côtes de Bordeaux, succédant à Christophe Château, aujourd’hui directeur communication au Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux.

Audrey Bourolleau, avait rejoint Vin & Société en tant que Déléguée Générale, afin de mettre en oeuvre les actions sociétales et politiques de la filière viticole, une filière forte de plus de 500000 emplois en France.

Aujourd’hui Vin et Société rend hommage au travail qu’elle a accompli par la voix de Joël Fargeau, Président de Vin & Société : « Audrey Bourolleau a conçu et mis en oeuvre le volet consommation responsable, éducation et oenotourisme de Vin & Société. Elle a en particulier lancé le portail de la prévention en ligne, piloté la 1ère campagne d’information sur les repères de consommation en décembre 2015 et impulsé le programme 1 Minute, 1 Vignoble. »

Et de poursuivre : « A mes côtés Audrey Bourolleau a oeuvré avec talent, faisant de Vin & Société un véritable acteur de référence au service des 500000 acteurs de la vigne et du vin. Je lui souhaite plein de succès pour sa nouvelle mission. »

Durant la campagne présidentielle, Audrey Bourolleau était aux côtés d’Emmanuel Macron pour tous ses déplacements sur le thème de l’agriculture, elle était devenue la référente agricole pour le mouvement En Marche, un instant il se murmurait qu’elle aurait pu occuper le poste de Ministre de l’Agriculture. Le programme agricole a été élaboré par le président élu avec sa conseillère mais aussi « construit avec 3000 agriculteurs, en prise avec les réalités du terrain. Les deux sujets principaux de nos agriculteurs sont le prix et les normes, le changement de méthode est de co-construire avec les gens de terrain » précisait-elle à l’aube de la victoire d’Emmanuel Macron.

Côté châteaux lui souhaite bonne chance pour ce poste qui ne sera pas de tout repos avec un monde agricole toujours en crise. Toutefois le savoir-faire français avec ses IGP, AOC ou AOP et autres labels rouges reste l’un des meilleurs au monde. Nul doute que le monde de la viticulture très éprouvé ces dernières semaines à cause du gel sera au coeur de ses préoccupations et de celles du Président de la République : « il faudra qu’on travaille sur les mesures d’accompagnement de crise sur les aléas climatiques et d’avoir la capacité à se projeter : la négociation d’une assurance climatique devient essentielle et urgente » confiait-elle à AgriTV à l’aube de l’élection d’Emmanuel Macron et après le terrible épisode de gel fin avril pour lequel elle avait adressé un « message de solidarité » avec les agriculteurs et viticulteurs frappés par le gel.

11 Mai

Un rendez-vous pour « oenogeek » : le Vinocamp Bordeaux, c’est ce vendredi à Darwin

C’est demain le lancement de la 26e édition du Vinocamp de Bordeaux, dans les halles de Darwin Ecosystème, en partenariat avec le CIVB. Au coeur des échanges et débats, le développement durable. « Consommer, produire, vendre et communiquer : quels enjeux et possibilités ? »

Capture

Il va y avoir de l’effervescence demain côté rive droite de la Garonne. C’est en effet dans les halles de Darwin Ecosystème que va se tenir la 26e édition du Vinocamp.

C’EST QUOI UN VINOCAMP ?

Ce sont des évènements communautaires autour du vin et du web. Ils se tiennent tous les 3 mois en région. C’est une journée d’ateliers et une journée dans les vignes pour se rencontrer et avancer ensemble. On y trouve des start-ups, des créateurs,des entrepreneurs innovants. Le but, finalement est de faciliter les échanges pour la filière vin. . Né de l’émergence des réseaux sociaux, les problématiques qui y sont soulevées touchent au marketing, la technologie, le web, le commerce… et imaginent la place du vin de demain.

DEMANDEZ LE PROGRAMME :

vinocamp

05 Mai

Elan de solidarité : la maison de négoce Jean-Pierre Moueix annonce une hausse de 100 € du tonneau pour soutenir les petits vignerons

Christian Moueix, Edouard Moueix et Laurent Navarre, négociants à Libourne, ont envoyé une lettre à leurs fournisseurs leur annonçant une bonne surprise : une hausse de 100 € des prix du vin en vrac de la récolte 2016, pour les accompagner dans l’épreuve difficile du gel, qui vient de les toucher de plein fouet. Interview de Christian Moueix, consacré « vigneron du mois » par Côté Châteaux.

A gauche une branche fructifère pas impactée, à droite un peu touchée par le gel © JPS

A gauche une branche fructifère pas impactée, à droite une autre touchée par le gel, qui va dépérir © JPS à Saint-Emilion

Quand la nature s’arrête, l’être humain s’arrête aussi…Le vigneron se prend la tête entre ses mains, comme pour se dire, ce n’est pas possible…un genou à terre…à regarder le désastre.

Le négociant, lui est aussi touché, car au fil des années, il est l’accompagnateur, le revendeur de ce produit de la terre, et il sait, oui il sait combien cela risque d’être une mauvaise passe pour le vigneron. Alors, lui aussi s’arrête, et dans cette lueur d’intelligence, il se dit que pourrais-je faire pour aider mon compagnon vigneron, sans qui je ne serais finalement pas là ?

Cette homme qui a eu cette vision d’aider, d’augmenter quelque peu le prix du tonneau, c’est Christian Moueix, négociant à Libourne, mais avant tout vigneron lui-même. « J’ai fait un grand tour de la région durant le wek-end du 1er mai et cela m’a révélé un désastre ».

« Je suis vigneron dans l’âme, avant d’être négociant, et je peux vous dire que

C’était triste à pleurer de voir ces vignes dévastées et en particulier dans la plaine de Saint-Emilion », Christian Moueix

Christian Moueix et son fils Edouard Moueix © château La Fleur Pétrus

Christian Moueix et son fils Edouard Moueix © château La Fleur Pétrus

« Vous savez, mon père est arrivé à Saint-Emilion, il y a 80 ans, et depuis on achète beaucoup de vins de Saint-Emilion, notre maison s’appelait d’ailleurs la maison de négoce des vins de Saint-Emilion, et cette région est sinistrée… On n’est pas insensible à leur malheur… »

Aussi Laurent Navarre, Edouard Moueix et Christian Moueix, respectivement directeur général,  directeur général délégué et président des Etablissements Jean-Pierre Moueix ont co-signé une lettre, datée du 2 mai, et qui s’assimile à un bel élan de solidarité, un geste du coeur, un geste humain, dont voici la teneur :

« Vous êtes tous plus ou moins sévèrement touchés, et la perte financière se double de sentiments de désespoir et d’injustice. »

« En tant que négociants en vins, nous avons eu le privilège d’acheter en vrac tout ou partie de votre bonne récolte 2016, aux prix du début de cette campagne.

« La seule conséquence positive de ce gel sinistre sera un raffermissement des cours, dont vous ne pourrez pas même bénéficier. En conséquence, il nous semble juste de rectifier les bordereaux vrac des vins de la récolte 2016 -enlevés ou non enlevés – en ajustant le prix initial pour tenir compte de cette hausse accidentelle. Nous souhaitons donc -en accord avec  votre courtier et quelque soit l’appellation concernée- majorer de 100 € le prix de chaque tonneau déjà acheté »  

Une lettre relayée dès le lendemain sur les réseaux sociaux et notamment par  le château Grand Tuilliac Elegance qui commente : « Je ne reviendrais pas sur les situations plus ou moins dramatiques que nous allons devoir affronter, mais plutôt sur l’attitude HUMAINE, RESPECTUEUSE, PROFESSIONNELLE et GENEREUSE, d’un de nos Négociant local: Les Etablissements JEAN PIERRE MOUEIX ».

Et Christian Moueix de continuer à m’expliquer : « quand on a acheté du 2016, il était au prix de l’époque, on ne savais pas qu’il n’y aurait pas de récolte pour certains en 2017 et peut-être moins en 2018,

Je trouve normal d’avoir eu ce geste symbolique, ce geste de solidarité », Christian Moueix.

« Depuis les prix du 2016 ont commencé à augmenter quelque peu de 10 à 20 %. Et de continuer à dépeindre le vignoble de Saint-Emilion, aujourd’hui, une semaine après le gel : « le plateau de Saint-Emilion est particulièrement indemne, et quand on regarde en bas de Saint-Emilion, c’est morne plaine, c’est dur de voir ce coup du sort sélectif. On n’est pas du tout insensible à ce qui s’est passé. »

Bravo pour cette belle initiative que Côté Châteaux se devait aussi de souligner.

03 Mai

Gel à Bordeaux : la Chambre d’Agriculture considère que plus de la moitié du vignoble a été sévèrement touché.

La Chambre d’Agriculture de la Gironde et ses équipes de terrain sont fortement mobilisées depuis les épisodes de gel à recenser les parcelles touchées et venir en aide aux viticulteurs. Ce mercredi, ils sont une fois de plus sur le terrain et ils ont mis en place un numéro d’appel pour toute question des viticulteurs.

Les dégâts du gel dans le blayais © Jean-Pierre Stahl

Les dégâts du gel dans le blayais © Jean-Pierre Stahl

> Accompagner les viticulteurs

Une mission d’évaluation se rendra demain, mercredi, sur le terrain.

Une réunion de crise se tiendra, vendredi 5 mai, à la Chambre d’Agriculture, avec tous les acteurs concernés afin de dresser un bilan plus complet des dégâts et appréhender les mesures à mettre en œuvre pour venir en aide aux viticulteurs et agriculteurs.

La Chambre d’Agriculture invite les agriculteurs du département à déclarer les dégâts subis directement en lignesur www.gironde.chambagri.fr afin d’évaluer de façon précise l’étendue du sinistre. Un numéro d’appel a également été ouvert pour répondre à leurs questions : 0800 002 220 (coût d’un appel local).

> Un premier bilan

  • Médoc : la moitié des surfaces est touchée de façon significative. Les zones intérieures sont très touchées alors que les parcelles de bord de Gironde ont été plus épargnées. Le Sud Médoc est tout particulièrement atteint ; sur de nombreuses zones, les dégâts atteignent les 80 voire 100%.
  • Haute-Gironde (Bourg-Blaye) : ces secteurs, cumulant les dégâts dus aux 2 épisodes successifs, sont particulièrement atteints.
  • Libournais : sur l’ensemble de la zone, nombre de parcelles sont touchées de 80 à 100%. Les zones situées autour des communes de Montagne et Saint-Christophe des Bardes ont cependant été épargnées.
  • Entre-Deux-Mers : de gros dégâts sont à déplorer dans la plaine de la Dordogne et de nombreuses parcelles sont très touchées dans l’ensemble de l’Entre-Deux-Mers.
  • Graves-Sauternais : de nombreuses parcelles sont détruites dans le Sauternais. Dans le reste de la vallée de la Garonne, un grand nombre est atteint à plus de 50%. Pour la plupart, la totalité de la récolte est perdue.

Avec chambre d’agriculture.

02 Mai

Bordeaux panse ses plaies : paroles de vignerons touchés par le gel

4 jours après les épisodes de gel à Bordeaux, Côté Châteaux a rencontré les vignerons des appellations de Blaye-Côtes de Bordeaux et de Fronsac Canon-Fronsac, deux appellations pas mal touchées, comme d’autres, par le gel. Tour d’horizon et notes d’espoirs.

Freddy et Benoît Latouche du château Camille Gaucheraud © Jean-Pierre Stahl

Freddy et Benoît Latouche du château Camille Gaucheraud © Jean-Pierre Stahl

Tout n’est pas rose en ce moment chez nos amis viticulteurs, surtout chez ceux qui en quelques jours ont vu leurs parcelles passer du vert au marron.C’est en effet quelques paysages de désolation, quasi-lunaires, qui s’offrent à vous quand vous sillonnez les différentes appellations de Bordeaux. Mais pour être tout-à-fait juste, vous alternez souvent de zones très vertes, vertes, ou encore moyennement vertes à des zones souvent marrons ou même grises, comme si l’automne était déjà là.

A Saint-Vivien-de-Blaye, au château des Graves, 80 à 90 % des vignes ont gelé © JPS

A Saint-Vivien-de-Blaye, au château des Graves, 80 à 90 % des vignes ont gelé © JPS

A Saint-Vivien de Blaye, au château les Graves, Jean-Pierre Pauvif est l’un des viticulteurs les plus durement touchés avec 80 à 90 % impactés par le gel, cela s’est passé en 3 matinées pour lui, et malheureusement il n’est pas assuré :

Sur 18 hectares, il reste 2 hectares intacts, le reste est touché entre 80 et 100 % », Jean-Pierre Pauvif vigneron en Blaye – Côtes de Bordeaux.

Michaël Rouyer, directeur du syndicat de Blaye et Jean-Pierre Paivif du château des Graves © JPS

Michaël Rouyer, directeur du syndicat de Blaye et Jean-Pierre Paivif du château des Graves © JPS

« Le vin, il n’est pas là, la récolte 2017 elle ne sera pas là, on est sur une propriété qui a gelé ici à 80 % », commente Michaël Rouyer, directeur du syndicat viticole de Blaye en Côtes de Bordeaux.; « c’est dramatique, on est très inquiet et on va tout faire, nous inter-profession et syndicats viticoles, pour soutenir nos vignerons. »

Sur les 430 vignerons de l’appellations, 50 ont fait la démarche de se signaler gelés au syndicat, mais ces chiffres ne sont pas définitifs, c’est surtout la chambre d’agriculture qui est chargée de remonter ces informations qui seront transmises au CIVB d’ici vendredi pour l’ensemble des 60 appellations de Bordeaux.

Dans les Côtes de Bordeaux, Stéphane Héraud confirme que 50 à 80 % des surfaces des 5 appellations sont touchées par le gel.

A Laruscade, 90% touchés ici © JPS

A Laruscade, 90% touchés ici au château Camille Gaucheraud © JPS

A Laruscade, au château Camille Gaucheraud, c’est le même topo, 90 % ont été gelé à cause des ces -3,1°C enregistrés jeudi au petit matin. Les frères Latouche, Benoît et Freddy, avaient eux pris une assurance en cas de coup dur. Celui-ci est arrivé la semaine dernière, ils nous montrent l’impact sur le raisin dont les grappes étaient déjà en formation (à l’état de mini-grappes bien sûr). Comme tous ces vignerons, ils espèrent une repousse et que la nature reprenne ses droits, même s’ils savent qu’ils ne pourront compter que sur très très peu de volume.

« Normalement cela doit tomber tout seul, ça a déjà commencé, cela doit tomber tout seul » affirme Freddy Latouche, et son frère, Benoït, d’ajouter : « on va laisser faire la nature, on pourrait faire passer des gens, mais cela a un coup supplémentaire, vu ce qui nous arrive. »

Xavier Buffo constate les dégâts sur les jeunes plants de blancs du château de la Rivière © JPS

Xavier Buffo constate les dégâts sur les jeunes plants de blancs du château de la Rivière © JPS

En AOC Fronsac, si les coteaux du châteaux de la Rivière ont été épargnés, les 2 hectares de jeunes plants de blancs en contrebas ont été meurtris comme le constate Xavier Buffo, directeur général du château de la Rivière:

IMG_4919

« On avait laissé deux bourgeons qui auraient fait la prochaine latte, ces bourgeons visiblement sont morts, et il faudra espérer que le pied, probablement reparte de la base, on aura perdu une année, Xavier Buffo du château la Rivière »

Benoît Manuel Trocard devant ses vignes éprouvées par le gel : allez ça va repartir © JPS

Benoît Manuel Trocard devant ses vignes éprouvées par le gel : allez ça va repartir © JPS

Ce sont ainsi 80 % des surfaces à Bordeaux qui ont été plus ou moins touchées (de 5% à 100%), ce qui en fait le plus gros épisode de gel depuis 1991; Benoît Manuel Trocard, qui gère château Couraze pour un groupe danois a vu les 95 % de ces 2 hectares de vignes gelés. Il espère malgré tout pouvoir faire 10-15 hectos si la nature est généreuse.

Je savais pertinemment que cela pouvait nous arriver tot ou tard, mon père a eu le gel de 91, il le connaît bien, il a mis 2 ou 3 ans pour s’en remettre, mais à Bordeaux on s’en est toujours remis. » Benoît-Manuel Trocard  château Couraze.

Le château Camille

Le château Camille Gaucheraud a fort heureusement un peu de stock et de la réserve Ÿ JPS

Certains vignerons vont pouvoir passer ce mauvais cap, d’autres non. Ceux qui avaient un peu de stock avec les 2015, 2016 voire encore du 2010 comme me l’explique Benoît Latouche vont pouvoir continuer à fournir du vin à leurs clients car c’est tout l’enjeu de conserver des marchés acquis parfois après plusieurs années de démarchage. Il y a aussi la réserve qu’ils ont pu se constituer les années fastes comme en 2015 ou 2016, c’est le surplus autorisé au-dessus du quota établi par le cahier des charges de l’appellation, une réserve qu’il est possible d’utiliser en cas d’année noire comme avec ces événements climatiques : « si la nature a été généreuse, si on a eu 5 hectos de plus (par rapport aux 52 du cahier des charges), on peut les mettre en réserve, et aujourd’hui on est content par rapport à ce coup dur qui vient de nous arriver de dire : c’est déjà ça de vin qu’on va pouvoir vendre. »

Et comme pour exorciser ce malheur ou garder le moral, Nicolas Pons à Lignan-de-Bordeaux a posté sur facebook sa chanson « ma vigne est folle mais j’en suis fou » histoire de traduire la pensée de tous ses confrères : la vigne on l’aime…malgré tout.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Thierry Julien, Boris Chague et Thierry Culnaert: