Une année pas facile pour les différentes appellations qui font du liquoreux. Après une belle attaque de pourriture aigre, cet après-midi un peu de grêle s’est invitée sur Barsac, Cérons et à quelques autres endroits en Sauternais. Mais rien de dramatique toutefois, la pourriture noble est bien plus forte que tout. Que vive le botrytis cinerea…
Au cours de mes reportages depuis une semaine sur Bommes, Sauternes ou Cérons, j’ai pu observer un travail bien plus considérable que certaines années chez nos amis liquoreux. Ceux-ci sont coutumiers des tries, notamment des tries de nettoyage, mais cette année il y avait beaucoup de aigre, quand les vendangeurs ouvraient les grappes, au point de ne conserver que quelques grains et de jeter parfois presque la grappe entière. Mais c’est la dure loi du genre, car il n’est pas permis de garder le « aigre », c’est le « noble » qui est intéressant, le pourri confis, le botrytis chinera, avec ces raisins de type corinthe qui sont intéressant pour leur concentration, leurs arômes et le sucre.
Avec ce qui est tombé cet après-midi, l’inquiétude pouvait être de mise, certains partageant une photo de grêle légère mais grêle tout de même et n’ayant pas encore tout rentré. D’autres prévoyant ces fortes pluies et orages menaçant à partir de ce lundi ont activé les vendanges en fin de semaine, comme château Guiraud, que j’ai pu suivre samedi à Sauternes, Guiraud qui avait connu la terrible grêle en 2018, ne faisant pas de 1er vin. D’où la décision de Luc Planty d’activer la récole.
Joint par téléphone, ce soir, Vincent Labergère directeur de Rayne Vigneau m’a confié avoir reçu un petit « amas d’eau ». « Nous avons eu un gros coup de vent et une grosse pluie derrière. Prévoyant cela, nous on a coupé de très jolies choses jeudi, vendredi et samedi. On a coupé de l’aigre, mais il y en avait beaucoup moins sur nos plus beaux terroirs. Là cette pluie va relancer le botrytis et jeudi on va repartir sur un travail normal. »
Eric Pothier du château Pick-Laborde à Preignac me confie ce soir : « cela a été d’une violence, assez remarquable…Une énorme giboulée en 10 minutes, on a pris 10 millimètres d’eau, on était pourtant en pleine concentration de raisins, cela devenait magnifique, là on est un peu frustré. Je ne pense pas qu’on ait pris beaucoup de grêle, un peu à Barsac, mais plutôt une énorme averse, le raisin est très fragile en ce moment donc on va voir comment cela va évoluer. »
Au final, de la « petite grêle avec beaucoup d’eau, pas d’impact sur les raisins, les grêlons glissent sur les fruits », selon Daniel Detrieux .
Bon courage à nos amis producteurs de ces grands liquoreux, qui font sans nul doute des vendanges bien plus compliquées que les vendanges pour produire blancs secs, rosés et rouges. Que vive le botrytis, que s’exprime la pourriture noble, diantre les cieux n’auront raison de ce raisin qu’un savoir-faire ancestral a figé dans le subconscient des amateurs de vin. Carpe Diem.