Après 4 ans d’absence, Vinitech-Sifel fait son grand retour mais le contexte économique est difficile entre la hausse du prix des matières premières, des équipements et une crise commerciale qui touche une partie des vins de Bordeaux.
Les visiteurs sont bien présents et montrent de l’intérêt, de là à investir… Certains le font bien sûr, d’autres sont dans l’attente ou essaient de trouver d’autres alternatives , le tout dans un contexte économique tendu.
Pour Benjamin Sichel, vigneron et co-propriétaire du château Angludet : « aujourd’hui on est toujours dans la recherche de mieux travailler les sols , dans la recherche d’un travail plus précis avec de nouveaux matériels et si ça le fait l’investissement en vaut la chandelle en général.«
« C’est compliqué maintenant d’avoir des machines neuves, on va beaucoup sur l’occasion, plus facilement que sur du neuf« , commente à son tour David Simonnet du GAEC Rousseau-Pallard dans le Lot-et-Garonne.
Depuis la guerre en Ukraine, tous les prix ont augmenté : l’inox pour les cuves, l’aluminium pour les capsules de bouteilles, et même les barrique en chêne… D’ici 2024, leur coût pourrait augmenter de 30% d’où la création à la tonnellerie Baron d’un marché de l’occasion en ligne ReOaked, lancé pour Vinitech.
« Un fût qui se vendait 750€ pourrait se vendre aux allentours de 1000€ le fût de 225 l en chêne français, le marché des fûts d’occasion va aussi muter. Il va falloir mieux valoriser pour les vignerons pour compenser la hausse des fûts neufs. Car en fûts neufs, on perd des clients ». «
Pour les bouteilles à 10-15€, c’est très difficile d’utiliser du fût neuf clairement. Aujourd’hui toute la clientèle haut de gamme à 50-60€ peut encore se payer des fûts mais plus ça va plus le panel d’acheteurs potentiels de fûts neufs va se réduire… »commente Lionel Kreff directeur commercial de la tonnellerie Baron.
Depuis plusieurs mois, les 3 gros fabricants de bouteilles en verre produites à partir de gaz travaillent à flux tendus... Leurs distributeurs du coup ressentent également la forte pression du marché pour fournir les vignerons…
Le but c’est d’avoir beaucoup de stock et on essaie de monter des stocks, mais bien entendu c’est difficile parce qu’il n’y a pas de bouteilles sur le marché….Mais on fait le maximum pour avoir du stock et livrer nos clients dans les meilleures conditions », commente Eric Citone Pdg de Berlin Packaging (basé à Nice) qui distribue 100 millions de bouteilles sur le marché bordelais.
Il y a 10 ans, Bordeaux produisait plus de 5 millions d’hectolitres et en commercialisait autant. Aujourd’hui, ce sont moins de 4 millions commercialisés, avec une production qui s’est rapproché des 4 millions aussi du fait des aléas climatiques. Néanmoins la filière a besoin d’y croire.
« C’est absolument nécessaire d’investir, on va vers une viticulture de plus en plus précise, avec de plus en plus d’exigence…Le contexte nous oblige aussi à nous projeter vers l’avenir… », selon Allan Sichel, président du Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux.
Le marché le plus touché actuellement est celui des vins en vrac où l’activité est à l’arrêt. Sur ce secteur, les petits vignerons vont manifester mardi prochain à Bordeaux. Ils réclament des primes à l’arrachage…
Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Guillaume Decaix, Stéphanie Plessis :