Bientôt 50 ans pour le diplôme universitaire d’aptitude à la dégustation créé à Bordeaux. Ce mois-ci, ses anciens élèves fêtent les 40 ans du DUAD’s club… L’occasion pour Côté Châteaux de vous faire découvrir cette formation que suivent de nombreux salariés du monde du vin ou des personnes en reconversion professionnelle.
« Il n’y a pas de dégustateur inné, cela s’acquiert avec l’expérience ! », selon Axel Marchal le responsable du DUAD, ce fameux diplôme universitaire d’aptitude à la dégustation. « Qu’est ce que vous percevez ? » « De l’acidité… Il y a un peu d’amer… » commente Axel Marchal, faisant déguster dans un premier temps une série de 3 solutions à base de catéchine, d’alum de potassium ou de sulfate de quinine….
Ses 30 élèves sont en fait des salariés dans le monde du vin ou pour certains, comme Clément Beriot, informaticien à Paris en reconversion professionnelle.
« Je reprends un domaine familial, on a 3,5 hectare de vigne, et la propriété était à mon arrière-grand-mère, » explique Clément Bériot qui va rejoindre le château familial Trigant en Pessac-Léognan. « Je travaille pour le château Haut-Bailly, du coup tous les collègues qui ont fait le Duad, m’ont encouragé à faire cette formation », commente Qin Jiang commerciale Chine pour le château Haut-Bailly à Léognan.
Cela fait 20 ans que je goûte du vin et c’est la dimension technique de la dégustation qui m’intéresse », selon Jérôme Gagnez chroniqueur vin d’ « On va déguster » le dimanche entre 11 et 12h sur France Inter.
En 175 heures, ils vont acquérir une expertise à force d’exercices pratiques d’olfaction et de dégustation analytique et descriptive…
Il va y avoir une nécessité de mettre des mots sur ses perceptions, et donc il faut arriver à avoir un vocabulaire qui puisse être entendable par d’autres, et quitter le domaine du « j’aime, j’aime pas » pour aller vers la reconnaissance et la description de ce que l’on perçoit » Axel MARCHAL
En amphi, ils ont parfois les mêmes cours que des oenologues pour acquérir les bases chimiques. Le but ultime est de trouver l’équilibre du vin entre ces sensations positives comme le corps, la charpente ou la structure ou et ces sensations négatives comme l’amertume, l’âpreté ou l’astringence.
« Qu’est ce qui fait l’arôme du vin, qu’est-ce qui fait son goût, qu’est ce qui fait la perception de l’astringence et après on ira vers comment ces perceptions sont modulées par la vinification, l’élevage du vin, quel est l’incidence des pratiques viticoles », commente Axel Marchal.
Certains de ses anciens élèves sont devenus eux-mêmes formateurs comme Isabelle Negrier. Elle anime des sessions d’initiation et de découverte des goûts à l’école du vin de Bordeaux. « Au niveau de nos familles aromatiques (11) on a notamment la famille animal, avec des notes de gibier, de viande, de cuir; de fourrure… »
Il y avait tellement d’aprioris, d’idées reçues sur le vin que je me suis dit c’est cela que je veux faire, je voudrais faire de la formation, à mieux former les gens pour mieux savoir parler du vin », Isabelle Negrier de l’Ecole du Vin
Tout au long de leur carrière, dans le négoce ou dans un syndicat viticole, ils ont eu ainsi davantage confiance en eux pour s’exprimer, vendre et décrire les vins…
« J’étais responsable des achats de vins, notamment des grands crus, des dégustations de primeurs, « qu’est-ce qu’on peut en faire », de vieux millésimes, de petits vins et quels bons vins sélectionner, quel client aime tel vin, c’est aussi un échange avec le client », commente Joost van der Erve, néerlandais installé à Bordeaux depuis 40 ans dans le négoce du vin et aujourd’hui à la tête d' »Erve Wine ». « J’ai gouté énormément de vin, plus orienté Bordeaux et Bordeaux Sup forcément, on faisait cela en équipe et je pense avoir formé aussi les membres de mon équipe… », comment Catherine Alby ancien responsable de la communication du syndicat viticole des Bordeaux et Bordeaux Supérieur.
Ce DUAD donne les clés de ces moments d’échange et de partage autour de la dégustation. Il compte près de 1500 diplômés à ce jour.
Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl et Guillaume Decaix :