Portrait croisé de deux vigneronnes à l’occasion de la journée du 8 mars consacrée aux droits des femmes. Lucie Mançais du château Bois de la Gravette à Moulis et de Julie Mercier de la Grande Clotte à Lussac incarnent ces nouvelles générations de femmes impliquées dans la filière vin à Bordeaux, elles sont sur le pont tout au long de l’année et pas seulement une journée.
A seulement 24 ans, Lucie Mançais est l’une des plus jeunes vigneronnes du Médoc. Elle s’est installée en 2020 au château Bois de la Gravette grâce à un bac pro viticulture-oenologie. « A la base j’étais partie pour faire prof de sports et puis j’ai arrêtée, mes grand-parents avaient des vignes, je voulais travailler dehors, être libre, être mon propre patron, et faire du tracteur j’adore… » commente Lucie Mançais.
Confrontée au gel et au mildiou l’an dernier, Lucie qui travaille seule ses 4 hectares de vigne n’a pas peur de ce dur labeur dont on disait autrefois que c’était un métier d’homme. « Regardez, je suis là moi, j’y arrive… Ce n’est pas que c’est très rude physiquement car déjà on est bien équipé avec les sécateurs électriques, mais heureusement par moment j’ai mon papa qui vient m’aider car faire tout toute seule, c’est chaud, c’est compliqué… »
Un domaine hérité de sa mère, une passion familiale venu de ses grand-parents… Dans ce Médoc, elle a trouvé ses marques en viticulture bio et en réalisant ses propres cuvées originales… « Le fait d’être une fille, cela aide, cela pousse à la curiosité, donc cela je pense que c’est un atout dans une installation… Je sors des sentiers battus, je fais des choses qui m’amusent avec des noms rigolos, des couleurs vives, il faut que cela pète…Je fais exactement ce que j’ai envie… »
En Lussac Saint-Emilion, Julie Mercier, 33 ans, est ingénieure oenologue, tout comme son mari. En 2016, ils ont racheté la Grande Clotte (après un projet mené avec la Safer) et restauré le domaine. « Nous en tant qu’ingénieurs oenologues, quand on a vu cela on a dit : c’est bingo, car on a tous les batiments pour trouver une maison pour nous, pour développer l’oenotourisme, et en même temps on a un outil de production de fou qui va nous permettre sur un super terroir de faire des très très bosn vins. »
Vigneronne et femme enceinte, elle se fait aider par Monique, durant 16 semaines….« j’ai le droit à une remplaçante, Monique, qui est là pour m’aider pour me remplacer quand je ne peux pas aller dans les vignes, et donc cela aide énormément et soulage énormément la charge mentale… »
Touche féminine supplémentaire, ses 2 chambres d’hôtes qu’elle a voulu créer à son image pour favoriser l’oenotourisme, elle a d’ailleurs reçu un prix à l’automne dernier un Best Of Wine Tourism : « le but c’est de vraiment faire rester les gens sur la propriété, pour vraiment que les gens comprennent notre passion, la partagent avec nous…Et repartent avec une idée de ce qui est le métier de vigneron… »
Une propriété viticole menée de concert tant au niveau production que commercialisation par le vigneron et la vigneronne : « on est hyper complémentaire, Mathieu est plutôt chai, moi plutôt vigne, mais sinon on est vraiment interchangeables…. »
Julie et Mathieu produisent 50 000 bouteilles à l’année et voient leur développement oenotouristique en plein essor…
Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Pascal Lécuyer et Emilie Jeannot :