28 Oct

Covid-19 : les restaurateurs bordelais redoutent un nouveau confinement…

Ce soir à 20h, le Président Macron va annoncer des mesures plus restrictives, pour éviter que l’épidémie ne continue sa progression fulgurante. Un possible reconfinement de 4 semaines a été évoqué ces dernières heures, ou un confinement partiel. Les restaurateurs bordelais interrogés aujourd’hui redoutent de devoir à nouveau fermer leur établissement. Tour d’horizon.

Attablés en terrasses de bars ou de  brasseries bordelaises, les clients profitent en ce mercredi des derniers instants avant l’annonce d’un possible reconfinement (4 semaines) ou d’un confinement partiel (week-end avec couvre-feu les soirs en semaine). La fatalité et la résignation sont bien là comme en témoigne cette cliente :

Il va falloir s’adapter à nouveau, on n’a pas le choix, c’est difficile oui, c’est difficile, c’est vraiment une privation de nos libertés, évidemment », une cliente bordelaise.

Pour le café du Port, un établissement réputé de Bordeaux qui existe depuis 30 ans au pied du Pont de Pierre, c’est un nouveau coup de massue

Jean-Marie Geilh, propriétaire du Café du Port © JPS

On va repartir comme au mois de mars avec une fermeture précipitée et de la marchandise et des stocks qu’on va être obligé de jeter ou de distribuer à tout le monde, avec de la perte financière qui va nous tomber dessus pour la deuxième fois dans l’année, et qui va mettre à mal nos sociétés », Jean-Marie Geilh propriétaire du Café du Port

Au Bistro du Sommelier, on espère encore que les mesures annoncées permettent un service le midi au moins : « on ne sait pas encore trop ce qu’il va se passer, si on va être confiné ou à moitié confiné…donc c’est très compliqué pour nos entreprises à stocker; on travaille à flux tendu depuis plusieurs jours…

Hervé Valverde, patron du Bistro du Sommelier © JPS

Si c’est une fermeture partielle, on s’est préparé, on fera (pour le soir) des plats à emporter depuis ici, les gens pourront commander depuis notre site internet ou sur Facebook, et si c’est une fermeture totale, on fermera on va s’adapter, on ne va pas être hors la lori on va accepter » Hervé Valverde du Bistro du Sommelier.

Là aujourd’hui je suis mieux préparé qu’il y a 6 mois, j’ai un peu moins de stocks, je vais au marché tous les matins, je peux y aller aussi l’après-midi, et j’attends, je suis comme tout le monde… », complète-t-il.

Bastien Demary et Christophe Lagarde en cuisine du Bistro du Sommelier © JPS

En cuisine, ça chauffe, l’ambiance est toujours celle de fourneaux qui bruissent de jolis petits plats et de viandes qui mijotent ou qui grillent, le chef Christophe Lagarde dépeint l’ambiance « un petit peu anxiogène, comme depuis le début du déconfinement »

On ne sait pas ce que l’on va devenir, c’est un peu pénible. S’il ne nous annonce pas un confinement on va essayer de proposer de la vente à emporter, et prolonger le service du midi pour essayer de glaner quelques couverts à droite et à gauche », Christophe Lagarde chef du Bistro du Sommelier

Porte-parole des restaurateurs, Marc Vanhove qui a lancé son concept de Bistro Régent (3 restaurants historiques à Bordeaux ilm y a 10 ans) et des restos franchisés(146 en France aujourd’hui) s’en fait pour ses 1800 salariés avec ces mesures très restrictives et brutales:

Marc Vanhove, créateur des Bistro Régent © JPS

La casse avait été annoncée, on avait dit entre 30 et 40%, là je pense on va approcher les 40-50% et surtout si cela se renouvelle après le mois de décembre » Marc Vanhove.

Et de poursuivre : « car en décembre on va relâcher tout le monde, mais au mois de janvier ou février, comme cela va remonter, on pourra pas stopper, ils seront obligés de reconfiner un mois pour recalmer l’épidémie…Et là cela va être un coup de bâton sur la tête des plus faibles qui seront affaiblis et malheureusement il y aura de plus en plus de fermetures et de  chômeurs sur le tapis… »

Viticulture: une vendange mondiale stable en 2020, mais « sous la moyenne » (OIV)

La production mondiale de vin devrait être globalement stable en 2020, selon l’Organisation internationale de la vigne et du vin (OIV) qui s’inquiète de l’impact du changement climatique sur la vigne, les vendanges 2020 s’inscrivant « sous la moyenne » des cinq dernières années. Pour l’année 2020, l’OIV, basée à Paris, estime la production mondiale de vin à 258 millions d’hectolitres, après 256 Mhl en 2019.

Image d’illustration © JPS

« Pour la deuxième année consécutive, le volume de production peut être défini comme « sous la moyenne », ce qui n’est pas nécessairement une mauvaise nouvelle pour le secteur viticole étant donné le contexte actuel où les tensions géopolitiques, l’épidémie de Covid-19 et le changement climatique ont généré un très haut niveau de volatilité et d’incertitude sur le marché mondial du vin » a déclaré l’Espagnol Pau Roca, directeur général de l’OIV, lors d’une présentation des chiffres annuels.

L’OIV anticipe en effet une baisse des ventes de vin de quelque 10% sur la planète cette année, marquée par les circonstances exceptionnelles de la pandémie et du confinement qui ont fermé tous les restaurants du monde quasiment en même temps, et des taxes américaines sur plusieurs vins européens.

Dans l’Union européenne, la récolte est estimée à 159 Mhl, soit 5% de plus qu’en 2019, avec un recul de 1% du premier producteur mondial, l’Italie, à 47,2 Mhl, une très légère progression de 4% en France (43,9 Mhl), le deuxième mondial, et un bond de 11% en Espagne (37,5 Mhl), le troisième.

La production de chacun de ces pays -qui représentent à eux trois 49% de la production mondiale de vin- est en dessous de leur moyenne quinquennale respective 2015-2020, souligne l’OIV.
Ceci résulte aussi bien de conditions météorologiques favorables au printemps et en été pour la vigne, que de mesures de régulation du marché en amont, certains vignobles ayant volontairement réduit leurs volumes pour ne pas trop affecter les prix déjà tirés vers le bas par la crise du Covid-19.

OURAGANS, SECHERESSE ET FEUX DE FORETS 

L’OIV souligne aussi l’impact des ouragans, sécheresses et feux de forêts dans plusieurs régions du monde, qui ont affecté beaucoup de domaines viticoles. Principale victime des aléas climatiques cette année, l’Argentine qui a vu sa production baisser de 17% par rapport à 2019 et de 13% par rapport à la moyenne quinquennale, à 10,8 M hl, en raison du phénomène El Nino.

En Amérique du Sud, le Chili qui accuse un recul de 13% de sa production 2020,à 10,3 Mhl, a lui aussi souffert de la sécheresse. Quant à l’Australie, elle a subi un fort déclin de sa production viticole, à 10,6 M hl (-11% par rapport à 2019 et -16% par rapport à sa moyenne quinquennale): « Les sécheresses ont réduit les rendements, et durant les incendies qui ont eu lieu à la saison des vendanges, les fumées ont souillé les grappes » explique l’OIV.

Idem aux Etats-Unis: Si les premières estimations de l’OIV, basées sur celles du ministère américain de l’agriculture (USDA) tablent sur une production américaine de vin de 24,7 Mhl en 2020, soit une hausse de 1% par rapport à celle de 2019, l’OIV prévient que ce chiffre pourrait être « revu significativement dans les mois à venir » lorsque « les effets réels des feux dans les vallées viticoles de Napa et Sonoma seront évalués ».

En revanche, l’Afrique du Sud, qui avait beaucoup souffert de la sécheresse et du manque d’eau les deux années passées, a vu sa production « revenir à la normale »,
à 10,4 Mhl, une hausse de 7% par rapport à 2019. M. Roca ne « pense pas » qu’à long terme le changement climatique « affectera » les volumes mondiaux de production de vin, car « une région en compensera une autre », a-t-il dit lors de son intervention.

La hausse de 2% de la production de vin en Russie, a été soulignée par l’OIV, le Russe devenant une de ses langues officielles. « C’est bien qu’ils deviennent producteurs, ils entrent au club des producteurs et consommateurs ! » a lancé M. Roca.

AFP