27 Oct

Michel Pastoureau, lauréat 2020 du Prix Montaigne de Bordeaux

C’était hier soir la cérémonie de remise du prix littéraire Montaigne de Bordeaux par le maire Pierre Hurmic et Jean-Pierre Rousseau Grand Chancelier de l’Académie du Vin. Michel Pastoureau a été consacré lauréat 2020 pour son ouvrage « jaune histoire d’une couleur ».

Jean-Pierre Rousseau, Michel Pastoureau et Pierre Hurmic © Frédérique de Lamothe

Cette année le prix littéraire Montaigne de Bordeaux récompense Michel Pastoureau, professeur à la Sorbonne et à l’école pratique des Hautes Etudes où il est titulaire de la chaire d’Histoire de la symbolique occidentale. Mondialement connu pour ses travaux sur l’histoire des couleurs en Occident et ses ouvrages et travaux sur les significations de l’héraldique, sur les blasons et les armoiries, Michel Pastoureau remporte ce prix littéraire pour « Jaune, histoire d’une couleur. » Un prix qui consacre les valeurs d’humanisme, de tolérance et de liberté, chères au célèbre écrivain bordelais et autre Michel, Michel de Montaigne, maire de Bordeaux de 1581 à 1585. Pierre Hurmic s’en souvient…en tant que juriste bien sûr.

Michel Pastoureau montre dans son ouvrage comment cette couleur « Jaune » était considérée comme quasi sacrée sous l’Antiquité grecque et romaine, étant synonyme de lumière et de prospérité. Dès le Moyen-Age, elle devient une couleur plus ambivalente et commence à s’apparenter à la maladie, à la félonie lorsqu’elle tire vers le vert tandis qu’elle reste un signe de pouvoir lorsqu’elle se rapproche de l’or ou du miel. Le déclin se poursuit à partir du XVI° siècle mais le jaune conserve cette ambivalence jusqu’à aujourd’hui encore. Richement documenté et illustré, le livre de Michel Pastoureau qui complète l’histoire qu’il a consacré au bleu, au noir, au vert et au rouge plonge le lecteur dans l’histoire culturelle de l’Occident.

Cette cérémonie s’est parfaitement déroulée dans le contexte de crise sanitaire avec une jauge maximale de 40 personnes présentes et sous une pluie abondante extérieure qui aurait plu au Président Hollande…Le lauréat s’est vu remettre par l’Académie du vin une vingtaine de caisses de Grands Crus de Bordeaux, tous membres de l’Académie du Vin de Bordeaux, histoire de refaire sa cave non pas de « jaune » maius plutôt de « rouge ». Félicitations.

Les vignerons français ne trinquent pas à la santé de Donald Trump

Un an après les taxes Trump sur les vins français, les viticulteurs n’ont toujours pas encaissé ces pertes liées aux droits de douane. Un coup de massue qui s’est traduit par une perte de 500 millions d’euros. La donne va-t-elle être changée avec les élections américaines qui approchent…

 

Donald Trump et Emmanuel Macron avaient déjeuné ensemble à Biarritz avant le début du G7 à l’été 2019 © F3 Aquitaine

Au domaine Serge Laloue, une propriété viticole de la vallée de la Loire, trois palettes de cartons de vin sont prêtes à partir aux Etats-Unis. Une adresse dans la banlieue de Boston, « Haverhill, MA », barre en grosses lettres une étiquette verte. « Le vin de Sancerre se vend très bien aux Etats-Unis », confie à l’AFP la propriétaire, Christine Laloue. Pourtant, comme la plupart des viticulteurs français, elle n’a pas digéré le coup de massue reçu mi-octobre 2019 lorsque l’administration Trump a appliqué « brutalement » un droit de douane de 25% sur les vins français en bouteille, non effervescents, de moins de 14 degrés, risquant de faire grimper les prix pour les consommateurs. L’épisode a choqué Mme Laloue. Fin septembre, un chargement de son vin avait quitté la France en bateau pour les Etats-Unis à un tarif négocié. A l’arrivée au port, le 18 octobre, premier jour d’application de la nouvelle taxe douanière américaine, son prix avait pris 25% de plus.  Un souvenir « aberrant » pour la viticultrice: « Les relations commerciales, ça ne peut pas être ça », s’insurge-t-elle, « personne ne peut travailler dans ces conditions-là ».

La taxe, combinée à la pandémie de Covid-19, a torpillé les ventes: les importations américaines de vins français ont chuté de 50% sur les dix premiers mois de 2020, selon la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux français (FEVS). Sur l’année, la Fédération estime le manque à gagner à plus de 500 millions de dollars. Un coup dur: les Etats-Unis sont le premier pays de consommation des vins français, hors France.

– « Hérésie » –

Les vignerons hexagonaux estiment être les « victimes collatérales » d’un conflit qui ne les regarde pas, souligne Aurore Dezat, également viticultrice dans le Cher, au Domaine des Chasseignes. La taxe, appliquée en rétorsion à un conflit commercial portant sur le niveau des aides publiques, concernait en effet Airbus et Boeing. En Europe, les vins allemands, espagnols et anglais ont aussi été ciblés par Washington, qui a ainsi « puni » la viticulture des quatre pays fondateurs d’Airbus. De même que les producteurs d’huile d’olive espagnols, de fromage italiens, et de whisky britanniques. Une taxe de 15% frappe aussi avions et pièces aéronautiques européennes. « La taxe crée de l’incertitude, car elle est renégociée tous les six mois, et à chaque fois, on ne sait pas du tout à quelle sauce on va être mangé. Cela crée de l’incertitude sur les embauches, les investissements, la vie du domaine en général. C’est assez compliqué et on tremble chaque fois que la date arrive », ajoute Mme Dezat, qui vend 60% de son vin aux Etats-Unis.

Pour faire face, certains se sont mis à exporter leur vin en vrac, par bateau, car ainsi, il n’est pas soumis aux taxes.  « Laisser partir du vin en vrac pour être mis en bouteille
aux Etats-Unis, franchement c’est une hérésie », s’énerve Christine Laloue. « La mise en bouteille, notamment du Sancerre, est une opération fondamentale pour la qualité du vin ».

– « Perdant-perdant » –

En parvenant à « diviser les pays européens entre eux » Trump, réputé ne pas boire d’alcool lui-même, « a gagné » la partie, se désole un expert viticole français. Néanmoins, après un an de pénitence, le dégel est peut-être amorcé. L’OMC, qui avait autorisé Washington à taxer des produits européens à hauteur de 7 milliards de dollars par an, vient en effet d’autoriser à son tour l’Union européenne à prendre aussi des mesures de rétorsion contre les Etats-Unis pour ses aides publiques à Boeing, à hauteur de 4 milliards de dollars par an.

Dans cette perspective, l’Europe a déjà dressé une liste de produits qui pourraient être taxés: avions de ligne produits aux Etats-Unis, tracteurs, patate douce, arachides, jus d’orange congelé, tabac, ketchup ou encore saumon du Pacifique, selon une liste actualisée obtenue lundi par l’AFP.

Même s’ils ne trinquent pas à la santé de Trump, les viticulteurs français ne souhaitent pas pour autant que l’Europe fasse monter les enchères, et taxe à son tour les vins américains. « Pour nous les taxes, qu’elles soient d’un côté ou l’autre de l’Atlantique, c’est perdant-perdant », explique un responsable des exportateurs viticoles qui requiert l’anonymat. « Nous appelons à ce que UE et USA négocient, et dans l’intervalle,nous demandons une suspension des droits de douane américains en vigueur ».
 
Avec AFP