29 Oct

Pensées émues pour Bernard Lartigue du château Mayne-Lalande

Disparition à 71 ans  de Bernard Lartigue, une figure emblématique de Listrac, propriétaire du château Mayne-Lalande et ancien président de l’appellation. Certains qui l’ont bien connu témoignent et évoquent un vigneron humaniste. Dernièrement, il avait montré toute sa générosité en accueillant des personnels soignants dans ses chambres d’hôtes, personnels engagés sur le front du coronavirus lors du démarrage de l’épidémie.

Bernard Lartigue avec son chien

Hier Frédéric Lot, mon ami, président de la SAS E-Studioz-groupe Ozco et ancien de Millésima, a posté sur Facebook ce bel hommage que je me permets de relayer, tellement il est poignant :

« Il est parti en automne, lui qui aimait particulièrement, avec le printemps, ces deux saisons pour les belles lumières médocaines et listracaises en particulier.
Bernard Lartigue, homme affable comme ses vins, viscéralement attaché à ses vignes de Listrac, figure médocaine attachante du vin, fervent ambassadeur et donc défenseur de l’appellation Listrac – que sa famille et lui honoraient depuis plus de 6 générations – a tiré prématurément sa révérence.
Château Mayne Lalande, c’est lui. Remodelé de toute pièce par ses soins, démarrant en 1975 et signant son premier millésime en 82 (y’a pire!) , la propriété de 20 hectares était sa fierté. Il y puisait non seulement l’énergie, le sens terrien médocain qui ne l’a jamais quitté (lui qui se définissait comme un agriculteur heureux), le sens de l’hospitalité (incarné dans ses chambres d’hôtes « Les Cinq Sens »), le goût et la passion des gens, l’amour du terroir, la passion du « Sang de la vigne » tirée des ceps de Cabernet (son cépage préféré). Un chic type, passionnant, passionné, un vrai gentil sans manquer de caractère.


« Je garderai de très bons souvenirs, ceux nourris lorsque nos routes se sont croisées maintes et maintes fois sur le théâtre des dégustations primeurs ou lors de quelques déjeuners presse ou plus informels. Avoir du Mayne Lalande en cave, c’est avoir Bernard Lartigue chez soi! (ce qui marche aussi avec de nombreux autres vins indissociables de leur propriétaire). Là, je pense aux inoubliables 88, 90, 96, 2001, 2004, 2005, 2010, 2012 que j’ai eu le plaisir d’avoir en cave. Chaque bouteille de Mayne Lalande est indissociable du personnage, exprimant la faconde, l’authenticité, le franc-parler, l’amabilité, l’amitié, la simplicité sinon l’humilité, la droiture (le cabernet sauvignon jouant pleinement son rôle ici). Bernard Lartigue était – et j’en suis sûr, pas seulement à mes yeux – tout ça à la fois ».


« Il disparaît à l’âge de 71 ans.
Mes pensées, en cet instant, vont à ses proches et ses collaborateurs ».
Frédéric Lot.

Pour Loïc Siri, proche du vigneron de Listrac, voici un autre message touchant qu’il a publié aussi hier :

 « ADIEU L’AMI
Quelle vie tu as eu, quelle fougue, quel enthousiasme.
Derrière mon objectif j’ai été le premier spectateur de ta vie de vigneron, aussi un des derniers.
Il y a peu encore, je te chahutais pour que tu prennes la pause.
Je quitte l’ombre de mon métier pour te témoigner avec toute mon affection, tout ce que tu m’auras apporté.
J’ai saisi tes émotions, mesuré tes regards, pas que dans l’objectif, une complicité joueuse et affectueuse s’était installée.
J’ai commencé une vie de vigneron, tu m’as paternellement écouté, conseillé.
J’ai eu un véritable bonheur à mettre en lumière par la photo et l’écriture, cette nature exigeante et généreuse qu’était la tienne
Je sais exactement ce que tu aurais dit en lisant ce texte.
J’ai le timbre de ta voix gasconne, tes traits d’humour goguenards qui raisonneront longtemps.
J’ai perdu mon papa vigneron il y a trois ans, je n’ai jamais reçu la même écoute, la chaleur, l’attention sincère que tu m’as accordées.
Il n’y a pas pas une fois, pas une seule où je n’ai pas eu de la joie à venir au Mayne.
Tu auras rendu ma vie plus riche et heureuse, Bernard, je pense ne pas être le seul.
Oui bien sûr je retiendrai ton talent indefectible de vigneron, mais surtout cette humanité rare qui se voyait en tout chez toi: une chaleur rayonnante qui m’accompagnera toujours.
Je suis bien triste ce soir, mais même si cette étape avec toi se termine, elle a été fantastique.
Merci l’ami
Adieu
MAIS À PLUS TARD. … » Loïc SIRI