C’était hier soir le retour des Masterclass en plein coeur de Bordeaux. La Vinothèque accueillait Céline Villars-Foubet propriétaire des châteaux de Camensac et de Chasse Spleen pour une rencontre-dégustation d’1h30 avec une trentaine de passionnés.
C’est un moment privilégié et assez exceptionnel pour tous ces amateurs de grands vins… Participer à une masterclass avec la propriétaire de Camensac et de Chasse Spleen, deux noms de grands châteaux du Médoc, un 5e cru classé en Haut-Médoc et une pépite de l’AOC Moulis, que Julien Doré a mis en avant en 2014 dans « Paris-Seychelles »
Tiens 2014, c’était justement le millésime que Céline Villars-Foubet avait décidé de faire déguster, moins recherché que les 2015 ou 2016, mais un millésime tout-à-fait honorable. « Depuis 2000 avec mon mari Jean-Pierre, nous avons eu l’idée de mettre une citation d’écrivain sur la bouteille: de 2000 à 2005, des citations de contemporains de Beaudelaire et depuis 2006, des écrivains vivants. Sur cette bouteille de 2014, Frédéric Beigbeder y a inscrit: « le chasseur de Spleen finit par collectionner des trophées de un mélancolie. »
Pour cette Masterclass, ce sont une trentaine d’amateurs, de connaisseurs et de passionnés de grands crus qui se sont retrouvés au 1er étage de l’immeuble de la Vinothèque de Bordeaux, juste au-dessus de la fameuse cave, située à deux pas du Grand Théâtre. « Je suis ravie de commencer la saison avec vous qui êtes venus si nombreux », commençait Céline Villars qui se présente notamment comme la soeur de Claire Villars à la tête de Ferrière et belle-soeur de Gonzague Lurton du château Durfort-Vivens. Avec sa famille, ils sont présents et propriétaire dans les 10 appellations du Médoc, pas mal…La réussite de sa famille remonte après guerre: « mon grand-père était pinardier, il était négociant chez Ginestet, il a commencé à acheter Haut Bages Libéral, Ferrière, Gruaud Larose, Citran…J’ai hérité de Chasse Spleen et j’ai pu acheter la moitié de Camensac. A partir de 2005, on a commencé à réveiller la belle endormie, Camensac était très visible dans les supermarchés, on a amélioré la qualité avec ce fabuleux terroir où l’on a deux types de graves; on allie différents types de caractères, si on a 68 hectares en production (sur un domaine de 75) on dénombre pas moins de 150 parcelles en HVE3. »
« Camensac en gascon signifie le chemin qui mène à l’eau » (car il y avait à cet endroit beaucoup de jalles qui menaient à la Gironde) , commentait Céline Villars-Foubet, mais ce soir-là nos aficionados préféraient trouver le chemin qui mène à la dégustation de ses 5 vins : la closerie de Camensac 2014 (second vin du château) pour débuter « c’est the rapport qualité-prix » dit-elle avec un assemblage 70% cabernet-sauvignon et 30% merlot issus de jeunes vignes, puis château Camensac 2015 « extrêmement solaire, un grand millésime de garde, encore trop jeune pour être apprécié », mais qui dévoile déjà « une trame tannique assez fine, une texture soyeuse, velours… »
Une soirée riche en échanges et notamment sur l’essor des propriétés viticoles bordelaises qui finalement est assez récent comme aimait le rappeler Céline Villars-Foubet hier : « la prospérité à Bordeaux est relativement récente, depuis les années 90, avec aussi des phénomènes cycliques de crises… Le millésime 90 était l’un des meilleurs et pas très cher, à partir du 95 et avec aussi le 96, on a eu 2 grands millésimes successifs, puis le 2000 avec ses 3 zéros qui a attiré les convoitises et le commerce. Depuis cette époque, on a investi, refait les châteaux et les jardins. »
Le lien est tout trouvé avec 2009 de Camensac, un millésime opulent, très rond, fruité avec ses tanins soyeux et fondus, un millésime qui a fait plutôt l’unanimité dans l’assistance: « 2009, c’est le meilleur, j’aime bien les vins vieux, même si le 2015 n’est pas mauvais (pour ne pas dire bon, mais à attendre), c’est un millésime plus rond, velouté, à boire aujourd’hui et à acheter ça s’est sûr », me confiait Yannick Terrasse, un client fidèle venu de Saint-Morillon, avec son épouse Céline. Pour Madeleine Gaschignard de Bordeaux, « j’ai aimé le 2009, bien équilibré, des tanins souples, rond, très bon, avec un nez de vin vieilli, de cuir et fruits mûrs, une texture ultra souple, comme le 2015 beaucoup de fruits rouges… »
Autre moment exquis, avec la dégustation en avant-première de ce Chasse Spleen 2018 en blanc, tout juste mis en bouteille et que l’on va retrouver lors de la foire aux vins de la Vinothèque, un blanc sec très fruité avec ses notes d’agrumes, assemblage de 55% de sémillon, 45% de sauvignon et 5% de muscadelle.
Il y a un réel engouement autour de ces Masterclass, dont le succès ne se dément pas notamment à chaque Bordeaux Tasting en décembre avec Terre de Vins. La Vinothèque de Bordeauxsouhaite pérenniser ce modèle et en faire un réel rendez-vous: « on souhaite en faire une par mois, cela crée des liens avec les châteaux, cela démystifie et en plus en fait cela sur un format court d’une heure… », mais qui peut déborder avec la passion mutuelle des uns et des autres. « On a fait déguster Cos d’Estournel, mais aussi Léoville Barton avec Liliane Barton qui nous avait fait l’honneur d’être là, la dernière fois c’était très sympa avec Jean-Jacques Dubourdieu (le fils de Denis Dubourdieu) qui a fait déguster Reynon, Floridène et Daisy Daëne, là c’était un côté un peu plus technique, plus vigneron, capable de dire il faisait tel temps tel mois de septembre… »
Bref que de belles rencontres et des moments de partage et de plénitude que Côté Châteaux aime vous faire découvrir.
Les Masterclass de la Vinothèque de Bordeaux, une fois par mois, renseignements: 05 56 52 32 05